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Interview   

Ghost Brigade : « Je ne sais pas, peut-être bien »


Ghost Brigade préfère laisser la musique parler d’elle-même, à l’image du très sympathique Veli-Matti Suihkonen, batteur de la formation qui nous avoue, confus, ne pas être à l’aise en interview. Derrière la tristesse musicale qu’il y a dans Ghost Brigade, il n’y a pas de message caché : « il est très difficile d’écrire des riffs joyeux qui sonnent bien ! (rires) Je ne sais pas comment faire ». Ainsi, lorsque Veli-Matti nous dit que le processus de création artistique du groupe est très naturel, on le croit sur parole. Il est également un personnage très humble, avouant ses faiblesses de part et d’autres de l’interview, notamment par rapport au niveau technique requis pour jouer du metal.

Sur le papier, cette interview ne contient pas énormément d’informations pures et dures. Et pourtant, vous en apprendrez beaucoup sur l’esprit de ces musiciens. Notamment dans ces « peut-être » et ces « je ne sais pas » innocents, pieds de nez salutaires bien qu’involontaires à nous autres fans et journalistes et à nos interprétations à outrance (ou, pour reprendre Devin Townsend, à nos déconstructions de cheeseburger).



« (Rires) Je ne sais pas si c’est triste à ce point. Peut-être que c’est comme ça que ça sonne. Les mélodies sont un peu « mélancoliques » et sonnent peut-être triste. Je ne sais pas… […] Mais il est très difficile d’écrire des riffs joyeux qui sonnent bien ! (rires) Je ne sais pas comment faire. Je ne sais pas d’où vient cette tristesse, si c’est dans notre sang ou dans l’eau que nous buvons. C’est comme ça. »

Radio Metal: Until Fear No Longer Defines Us sonne comme la continuité d’Isolation Songs. Etait-il important pour le groupe d’asseoir son identité et de ne pas diverger de ce que vous aviez accompli avec vos deux premiers albums ?

Veli-Matti Suihkonen (batterie) : Oui bien sûr. Enfin, il diffère un peu de nos deux albums précédents. Il est peut-être moins metal, plus orienté rock. Mais tu sais, il y a toujours les mêmes éléments heavy et le même genre de mélodies. Il est différent… mais il n’est pas différent (rires). C’est une autre approche de notre musique mais les éléments de base sont toujours là.

Tu viens de dire que l’album était un peu plus orienté rock. Penses-tu que vous irez plus loin dans cette direction dans le futur ?

C’était comme ça pour cet album mais je ne peux pas prédire l’avenir, où nous allons aller… On verra bien. C’est un peu comme un bac à sable dans lequel nous pouvons jouer avec notre musique. Il est difficile de parler de directions à l’heure actuelle. Là est la beauté de la chose, car tu peux prendre de nombreuses directions différentes et en jouer.

Quel a été l’impact de l’expérience tirée des deux derniers albums sur celui-ci ?

Nous avons peut-être appris à ne pas faire des chansons trop difficiles à jouer pour nous (rires). Les chansons du dernier album étaient plus directes. Bien sûr nous avons aussi tiré une bonne expérience de nos tournées, maintenant nous nous comportons davantage comme une seule entité lorsque nous jouons. C’est comme un processus naturel pour le groupe.

Tu viens de dire qu’une des choses que vous avez apprises est de ne pas faire de chansons trop difficiles à interpréter. Est-ce que cela signifie qu’il y a des chansons sur les deux derniers albums que vous avez eu du mal à jouer ?

Oui, sur scène… Il y a quelques chansons des deux albums précédents que nous n’avons peut-être jamais jouées sur scène car c’était trop compliqué, parce qu’il était trop difficile de les adapter en live. Nous sommes capables de les jouer mais elles ne sonnent peut-être pas très bien. Par contre, nous n’avons pas joué ces chansons depuis un bon moment et je ne peux pas trop dire comment elles sonneraient aujourd’hui.

Quelles sont ces chansons ?

« Concealed Revulsions » est l’une d’entre elles. En fait, nous l’avons jouée une fois lors de notre dernière tournée, mais notre type au mixage nous a ensuite dit que nous ferions mieux de retourner la répéter ! (rires) Ce n’était donc pas très bon… C’est une chanson très difficile, tout du moins pour nous, donc nous ne l’avons pas jouée souvent.

Ghost Brigade est l’un des rares groupes qui possèdent une forte identité musicale. N’avez-vous pas peur de vous reposer sur cet acquis en appliquant cette formule que vous avez créée, de tomber dans une espèce de routine musicale et de, finalement, limiter le processus créatif ?

Je pense que nous avons en effet une forte identité mais elle est apparue en jouant ensemble durant des années. Nous nous connaissons depuis très longtemps, nous sommes amis depuis longtemps et nous avons les même racines, la même histoire… Je ne sais pas trop quoi dire. Nous aimons tous la musique « heavy » mais en même temps des musiques très différentes. Nos influences proviennent aussi de courants musicaux très divers. Je ne sais pas où nous allons ! Nous nous concentrons sur la création de super chansons, des chansons solides, c’est notre objectif principal. Nous ne pensons pas trop aux autres problèmes.

Until Fear No Longer Defines Us est un titre qui parle de lui-même. Penses-tu que la peur soit la caractéristique principale de l’être humain, au point de le définir ?

Bien sûr. Nous avons tous peur de quelque chose. Le sens du titre signifie pour nous « se débarrasser de ces peurs, les combattre. Prends ta vie en main, fais ce que tu veux faire. Réfléchis à ta vie, à comment tu la perçois, et à ce que tu veux faire ». C’est le propos principal. Tout le monde devrait se poser ces questions. C’est ta vie, tu dois essayer d’être heureux, de réaliser tes rêves.

Comment peut-on se débarrasser de ses peurs ?

C’est une très bonne question. Tout le monde a ses propres peurs et je crois que reconnaître cela est un bon point de départ. Tu sais, accepter tes peurs et les combattre, essayer d’être un meilleur être humain.

Qu’est-ce qui te fais le plus peur dans la vie ?

Aujourd’hui, je ne pense pas vraiment à la peur. C’est peut-être une inquiétude. La chose la plus importante dans la vie est la santé. Les problèmes de santé… Tes proches, si quelque chose leur arrivait… Mais moi… Je n’ai pas vraiment peur de moi-même (rires). J’ai peur des araignées ! (Rires) Je devrais peut-être travailler là-dessus.

« Ça a été un peu compliqué de changer de style, du stoner vers le metal où tu dois jouer de façon très précise. […] Peut-être sommes-nous davantage des musiciens de rock’n’roll (rires) ! »

La pochette est aussi très réussie, avec plus de lumière que pour les deux albums précédents où le noir prédominait. Doit-on y voir une symbolique particulière ?

Je crois que la pochette ressemble à la musique de cet album. Si tu regardes l’image, elle est très atmosphérique, sombre, mais il y a aussi de la lumière, des éléments d’espoir. Ce n’est pas seulement à propos de choses négatives qui arrivent dans la vie… Il y a toujours de l’espoir, je pense que la lumière représente ça.

Une des caractéristiques de votre musique est la tristesse. D’où vient-elle ?

(Rires) Je ne sais pas si c’est triste à ce point. Peut-être que c’est comme ça que ça sonne. Les mélodies sont un peu « mélancoliques » et sonnent peut-être triste. Je ne sais pas… Je crois que c’est simplement que nous aimons les mélodies tristes. Nous pensons aussi que les mélodies tristes sont celles qui sonnent le mieux. Nous ne faisons pas trop de mélodies de pop joyeuse ! Enfin… si c’est bien fait… Mais il est très difficile d’écrire des riffs joyeux qui sonnent bien ! (rires) Je ne sais pas comment faire. Je ne sais pas d’où vient cette tristesse, si c’est dans notre sang ou dans l’eau que nous buvons. C’est comme ça.

La tristesse et la mélancolie sont des caractéristiques que l’on peut entendre dans beaucoup de groupes finlandais. Cependant, cela contraste avec le sens de l’humour que nous remarquons souvent chez les Finlandais. Comment pourrais-tu expliquer cela ?

Ouais… Je ne sais pas. Peut-être que cela est dû à nos racines slaves mélancoliques. La mélancolie, la tristesse… Je ne sais pas si cela nous va bien finalement. Nous ne sommes pas des gens si tristes ! Je présume que ce genre de son et de mélodies est dans nos racines musicales. Après, en tant que peuple… Au moins dans ce groupe, nous ne nous complaisons pas dans la tristesse ni rien de ce genre.

J’ai cru comprendre que tous les membres du groupe avaient des goûts musicaux différents. Comment arrivez-vous à converger vers ce style si particulier que joue Ghost Brigade ?

Nous avons un compositeur principal, Wille, qui fait la plupart du travail. Il écrit la plupart des riffs, puis nous répétons et commençons à faire des arrangements ensemble, en tant que groupe. N’importe quoi qui pourrait être approprié à notre musique. Nous prenons des influences à droite, à gauche… Essayer de trouver ce qui sonne cool. C’est à peu près tout, je ne peux pas vraiment expliquer ça. Quand nous avons une chanson, il y a bien sûr des fois ou nous devons passer beaucoup de temps dessus et il y a des fois où tout vient un peu naturellement ! Nous essayons d’incorporer nos propres idées musicales autant que possible à notre musique pour qu’elle devienne intéressante.

Until Fear No Longer Defines Us est votre troisième album en seulement quatre ans, ce qui est beaucoup par rapport aux standards actuels. Êtes-vous un groupe qui a besoin d’un rythme de travail soutenu ?

Nous avons sorti nos albums par cycles de deux ans et c’est généralement le temps qu’il nous faut pour écrire un album, le répéter et l’enregistrer. C’est notre rythme pour faire des albums. Ça a toujours été comme ça.

C’est aussi le troisième à sortir sur le label Seasons Of Mist qui a acquis une très bonne réputation au regard de ses très bons choix de groupes signés. En tant que groupe, êtes-vous satisfait de votre collaboration avec Season Of Mist ?

Oui, tout à fait ! Ils ont très bien fait leur boulot. Il y a eu de la presse et de la visibilité pour nous, nous avons de super concerts, en France, au Hellfest. Nous sommes satisfaits de Season Of Mist, je ne pense pas avoir quelque chose de négatif à dire à leur sujet.

Vous allez donc continuer avec eux ?

Eh bien, notre contrat avec Season Of Mist est aujourd’hui terminé. Nous devons réfléchir à ce que nous allons faire. Nous ne savons pas encore. Nous regardons toutes les options et nous déciderons ensuite ce qui sera le mieux pour nous.

Aujourd’hui, que recherchez-vous dans un label ?

Je ne sais pas. Il serait peut-être plus intéressant de le sortir par nous-mêmes. Je ne sais pas ce qu’il va se passer. Nous nous pencherons sur toutes les options avant de décider.

Vous pensez donc à sortir votre album par vous-mêmes ? Il y a beaucoup de groupes qui font ça aujourd’hui.

Ouais. Et c’est très bien si tu as les ressources pour le faire. Je crois qui c’est la situation idéale pour un groupe qui serait assez important pour être capable de le faire. C’est comme si tu avais tout le contrôle entre les mains du groupe et je pense que c’est très bien. Mais tu sais il y a aussi toujours une demande pour les labels. Je ne pense pas qu’ils disparaîtront de sitôt.

Penses-tu que le contrôle du groupe vous échappe aujourd’hui ?

Non, bien sûr que non. C’est peut-être plus des histoires d’argent. Nous avons notre contrôle artistique, nous faisons notre musique quand nous sommes prêts, quand nous pouvons et quand nous voulons. Il n’y a donc rien de négatif à ce propos.

Mais vous pensez que le label prend trop d’argent, c’est ça ?

N’est-ce donc pas le cas la plupart du temps ?! (rires) Tu sais, c’est leur boulot et il n’y a rien de gratuit. D’un autre côté, je peux comprendre.

« Je suis désolé, est-ce que j’ai répondu à une seule de tes questions ? (Rires) »

Tu dis que rien n’est gratuit mais tu sais qu’il y a beaucoup de fans qui veulent de la musique gratuite aujourd’hui ?

Ouais… J’ai entendu l’histoire à propos de Century Media qui enlève ses groupes de Spotify. Je pense que la situation n’est pas si manichéenne que ça. Je peux comprendre le point de vue de Century Media mais je pense que Spotify est bien et que, pour les groupes plus petits, c’est un bon outil de promotion. Avec ce groupe, nous ne faisons pas vraiment de la musique pour l’argent, alors ça nous ne dérange pas si nos chansons sont sur Spotify, au contraire, c’est même mieux et je pense que c’est le cas pour beaucoup d’autres groupes.

Mais enregistrer un album coûte beaucoup d’argent. J’imagine que vous devez au moins être payés pour récupérer l’argent que vous avez investi dans l’élaboration de l’album ?

Oui, bien sûr. Nous touchons des royalties. C’est le label qui habituellement paie pour les coûts de studio dans un premier temps et c’est ensuite déduit de nos royalties. En règle générale, nous recevons peu d’argent des ventes d’album. Nous gagnons surtout grâce au merchandising.

Guided By Fire était un premier album très mature. Comment êtes-vous si vite arrivés à un tel résultat professionnel et musical ?

Tu as dis professionnel ? (Rires). Je ne sais pas ! Nous avons notre propre histoire. Nous étions dans un groupe de stoner nommé Sunride, notre guitariste, notre bassiste et moi, pendant dix ans. Nous avions donc une certaine expérience de la musique. Nous avions fait plusieurs tournées en Europe Centrale. Les autres avaient aussi leurs groupes. Nous faisons donc de la musique depuis longtemps. Je dois admettre que ça a été un peu compliqué de changer de style, du stoner vers le metal où tu dois jouer de façon très précise. Tu sais ce qu’est le metal (rires). Ça a été un peu difficile mais nous avons produit notre démo. Je ne pense pas que nous ayons répété avant d’enregistrer. Nous sommes simplement entrés en studio et nous avons enregistré. Ensuite nous avons signé notre contrat avec Season Of Mist. Mais ça a vraiment été un long périple pour en arriver à ce point, là où nous en sommes maintenant, parce que c’est difficile de jouer du metal. Peut-être sommes-nous davantage des musiciens de rock’n’roll (rires) ! Enfin, nous avons essayé de faire nos « devoirs », nous avons travaillé dur, et voilà où nous en sommes.

Ce premier album était plus agressif que ses successeurs, est-ce que cela signifie que vous avez moins de colère aujourd’hui ? Que vous la contrôlez mieux aujourd’hui ?

On peut dire ça. Il y a tout de même de la colère et tout plein d’autres sentiments et humeurs dans notre musique. Peut-être que celui-ci avait plus de colère. Avec ce dernier album, nous sommes peut-être un peu plus doux, suaves. Même si il y a des chansons acoustiques, il y a toujours les mêmes éléments dans ce nouvel album. Même si c’est acoustique cela reste des chansons plutôt « heavy ». C’est une forme différente. Il n’y a peut-être plus autant de sentiments agressifs.

Ghost Brigade tournera en septembre en Finlande avant de partir dans d’autres pays européens pour sa toute première tournée en tête d’affiche. Ressentez-vous une certaine appréhension au sujet de ce que nous pouvons considérer comme votre première vraie rencontre avec vos fans ?

C’est toujours excitant. Nous n’y pensons pas tant que ça. On essaie seulement de faire de bonnes chansons et de partir pour les concerts. Bien sûr, c’est très excitant d’avoir notre première tournée en tête d’affiche, avec nos premières parties venues tout droit des États-Unis, Intronaut et A Storm Of Light. Cela va être excitant mais ça ne me préoccupe pas vraiment. C’est bizarre, il y a eu beaucoup de tracas avec ce nouvel album. Nous essayons de nous concentrer sur ce qui est vraiment important. Nous faisons de la musique, des bons concerts, nous rencontrons de nouvelles personnes, des fans, on prend du plaisir. C’est le plus important.

Vos concerts ont gagné une très bonne réputation en retranscrivant visuellement les émotions de votre musique. Avez-vous travaillé là-dessus de manière spécifique ou alors est-ce venu naturellement ?

C’est venu un peu graduellement ! Nous essayons de ne pas trop penser à autre chose que la musique, qui demeure la chose la plus importante pour nous. Je suis désolé, est-ce que j’ai répondu à une seule de tes questions ? (Rires)

Oui, ne t’inquiète pas ! (Rires) Vous allez donner pas moins de neuf concerts en Finlande. On dirait que vous avez déjà acquis une certaine célébrité dans votre pays… A quel point êtes-vous populaires et comment y êtes-vous arrivés en si peu de temps ?

Je ne sais pas si c’est grâce à nos groupes précédents, ou alors grâce à des types de notre entourage, d’anciens groupes. Nous avons aussi eu un peu de presse et d’interviews pour le groupe à un certain moment. C’est peut être que… Tu sais, en général, les groupes deviennent connus en Finlande une fois qu’ils sont allés dans d’autres pays. Après ça, la presse finlandaise et les gens te remarquent davantage et cela peut constituer pour eux un point de départ pour commencer à parler de ton groupe. C’est souvent comme ça que ça se passe.

Interview réalisée en août 2011 par phoner
Introduction par Metal’O Phil

Traduction : Lucas
Site Internet de Ghost Brigade : www.ghostbrigade.ne



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  • Merci pour l’interview même si maintenant je suis encore un peu plus frustrée car mes espoirs de les voir jouer Concealed Revolutions en live(sans doute mon morceau préféré des trois albums réunis) est réduite à peau de chagrin 🙁

    [Reply]

    Vismet

    *Concealed Revulsions

    Après l’instant emmerdeur , je te dirais que ils ne vont pas la jouer maintenant , mais avec le temps , ça sera pas impossible j’imagine ( et j’espère ) .

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