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Live Report   

Ghost : la tournée qui tue !


Après un Olympia plein comme un œuf en 2017, c’est dans un Zénith tout aussi rempli que nous retrouvons les Suédois de Ghost pour une tournée mondiale amorcée courant 2018, les ayant vus se balader un peu partout pour promouvoir comme il se doit Prequelle sorti au printemps dernier. Du côté de Lyon, la Halle Tony Garnier accueillait près de 5 000 personnes quelques jours plus tôt pour la toute première date de la tournée. A Paris, le concert, annoncé sold-out depuis plusieurs semaines, semble attendu comme le Messie par la horde de fans prenant d’assaut le moindre centimètre carré de fosse et le moindre siège en gradin.

Malgré les prix plus que prohibitifs (70€ pour un sweat zippé !), la queue ne désemplit pas au stand de merchandising, le groupe proposant des tee-shirts spéciaux pour certaines dates dont la date parisienne, comme il l’avait fait pour le concert de Londres en septembre dernier.

Artistes : Ghost – Candlemass
Dates : 3 février et 7 février 2019
Salles : Halle Tony Garnier – Zénith
Villes : Lyon [69] – Paris [75]

Ce sont leurs compatriotes de Candlemass qui sont chargés d’ouvrir les hostilités. Un beau geste de la part de Tobias Forge d’avoir embarqué ces doyens du doom metal, cette figure majeure qui a tant apporté en matière de riff, même si les plus jeunes ou les moins avertis n’en ont pas forcément conscience, malgré ses 35 ans de carrière. Ce choix, alors qu’il aurait pu se porter sur groupe plus « bankable », démontre surtout le respect et l’admiration de Forge à l’égard de Candlemass – ce n’est pas un hasard si quelques mois auparavant il avait choisi ce même groupe comme backing band pour interpréter « Enter Sandman » devant Metallica et la famille royale de Suède

Ces dates de Candlemass sont un événement à plus d’un titre. D’un côté elles entérinent le retour du chanteur Johan Längqvist, le tout premier qu’a connu Candlemass et qui a marqué la carrière du groupe par sa simple participation au cultissime Epicus Doomicus Metallicus – une des bibles du doom metal –, mais aussi parce que Leif Edling, le maître des riffs lui-même, s’est joint à la partie avec sa redoutable Rickenbacker, alors qu’il a passé le plus clair de son temps ces dernières années chez lui, souffrant d’un méchant syndrome de fatigue chronique (autrement dit, un burn-out). C’est d’ailleurs méconnaissable que ce dernier se présente à nous, avec son chapeau et surtout sa barbe bien fournie, si bien que de nombreux fans ont pu se poser la question si c’était bel et bien lui ou un énième remplaçant. Mais quand Leif s’est finalement emparé du micro pour dire quelques mots, en maître de cérémonie, il n’y avait plus vraiment de doutes à avoir. A noter, comme le guitariste Mappe nous l’expliquait en interview, la date de Lyon était également la toute première où Leif et Johan se produisaient ensemble depuis le retour de ce dernier. Autant dire que les fans sont aux anges.

A propos des fans, on peut remarquer que ces derniers sont bien présents, on sent qu’une (petite) partie du public est tout spécialement venue pour Candlemass. Ce sont sans doute ces derniers qui provoquent quelques remous dans les tout premiers rang, mais force est de constater que le reste du public reste sage, plutôt attentif, respectueux, même si quelques nuques commencent timidement à se délier et quelques pieds à battre le rythme à mesure que le concert progresse. Car difficile de résister à cette science du riff et ces compositions sacrément accrocheuses, partagées avec maestria. Les connaisseurs seront surpris de voir que cette incarnation de Candlemass avec Johan Längqvist ne se contente pas uniquement de dérouler des titres d’Epicus Doomicus Metallicus mais va également chercher dans les trois premiers disques avec Messiah Marcolin, avec « The Well Of Souls », « Dark Reflections » et « Mirror Mirror », sur lesquels le chanteur s’en sort avec les honneurs. Un seul titre du nouvel album, The Door To Doom, pas encore sorti en ce début février : le single « Astorolus – The Great Octopus » qui passe haut la main l’épreuve du live. Et pour finir, deux classiques du premier opus, « A Sorcerer’s Pledge » et l’incontournable « Solitude », sur lequel on retrouve cette voix qui donne des frissons, même si les lignes sont adaptées, Johan n’étant sans doute plus capable de monter aussi haut dans les aigus.

Candlemass aura joué la carte de l’efficacité et de la simplicité. Pas de fioriture, avec un simple backdrop noir et blanc affichant le célèbre crâne transpercé d’une croix, et beaucoup d’élégance dans la gestuelle des musiciens. Johan Längqvist se rapproche au plus près du bord de la scène, jambes fléchies, parfois même accroupi, expressif autant avec son visage qu’avec ses mains, comme pour hypnotiser le public. Et hypnotisés avons-nous été, espérant que cette visibilité leur fera gagner de nouveaux fans et qu’on pourra prochainement les voir en tête d’affiche afin de défendre The Door To Doom comme il se doit.

C’est au son de « Ashes » que le concert de Ghost débute. Plongé dans le noir, le Zenith se remplit des cris d’un public plein de ferveur. La comptine malsaine annonce l’arrivée du Saint Père et les ouailles du Cardinal Copia le savent. L’énorme rideau noir qui dissimule la scène tombe alors, faisant place à un décor somptueux. Un fond représentant des vitraux et un escalier qui scinde la scène en trois parties, deux plateformes en haut et tout le devant de scène. C’est magnifique. Enchaînant sur « Rats » comme sur l’album Prequelle, le Cardinal Copia fait son entrée sous des jeux de lumière splendides. La scène est bien occupée : deux ghoulettes en haut à droite principalement aux claviers, une ghoule à la batterie en haut à gauche, une ghoule à la basse et pas moins de trois ghoules à la guitare, ça fait du monde !

Dire que le public est conquis est un doux euphémisme, à Paris les gradins se retrouvent directement debout à acclamer le bonhomme et sa troupe alors que dans la fosse c’est déjà l’apocalypse. A Lyon, le public est bien chaud également et les gradins permettront également de profiter à sa juste valeur de ce spectacle grandiose. « Absolution », « Ritual », « Con Clavi Con Dio », « Per Aspera Ad Inferi », les titres s’enchaînent sans aucun temps mort et aucun album n’est oublié. Ici se situe l’une des forces de Ghost en live : tout le monde s’y retrouve, quel que soit l’album que l’on chérit le plus. On se rend compte, avec une telle setlist de quasiment deux heures (avec entracte), à quel point la discographie du groupe, avec ses quatre albums et deux EP, est riche et variée : l’enchaînement entre la ballade pop « He Is » et un « Mummy Dust » particulièrement heavy sur ces dates est à cet égard des plus éloquents. Pas le temps de s’ennuyer !

Le Cardinal Copia, très loquace comme de coutume, ravit le public présent avec ses petites notes d’humour coquin toujours bien placées. Les Nameless Ghouls interagissent entre elles et avec le Cardinal pour un rendu très sympathique à voir. Autre point fort de Ghost, savoir utiliser l’espace entier de la scène et magnifier l’ensemble avec des jeux de lumière parmi les plus beaux qu’on ait pu voir dans le metal et qui, tour à tour, donnent un aspect sombre et malsain ou au contraire une lumière vive et joyeuse. Le tout est parfaitement cohérent et bien adapté à chaque morceau. Le son, par contre, est parfois discutable. A Lyon, tout particulièrement, l’instrumentale « Miasma », par exemple, fut clairement gâchée à cause de larsens persistants.

Côté costumes, le Cardinal nous offrira tout au long du concert un défilé de mode digne des plus grands : soutane rouge, costume queue-de-pie blanc immaculé lui donnant encore et toujours son air de souteneur des années folles ou encore costume noir, l’homme se change souvent, toujours pour varier les plaisirs. La fin de « Devil Church » voit deux ghoules se placer de part et d’autre de la scène pour nous offrir un duel « guitaristique » pas piqué des hannetons, l’une donnant dans le solo grandiloquent et l’autre massacrant le début d’un « Stairway To Heaven » sous les rires du public qui sait ce que cette bataille présage : l’arrivée d’un « Cirice » et son intro démentielle. Vient ensuite le très bel instrumental « Miasma » tiré de Prequelle et qui voit venir sur scène Papa Nihil, vieillard dégoulinant coiffé de sa mitre et de sa soutane, pour nous asséner un solo de saxophone, soutenu par des milliers de mains qui donnent le rythme en chœur, avant que le vieil homme ne tombe dans les bras de ses assistants, incapable de tenir plus longtemps debout. Le Cardinal nous revient pour un « Jigolo Har Megiddo » joué en acoustique avec trois ghoules à guitare assises dans les escaliers. Suit une triplette tirée de Prequelle : « Pro Memoria », « Witch Image » et la sublime ballade « Life Eternal » qui voit le Zénith et la Halle se parer de petites lucioles en provenance des téléphones portables du public.

On nous annonce un entracte de quinze minutes, la scène s’éteint alors que la salle se rallume et autour de nous les superlatifs ne manquent pas : « énorme », « super », « trop fort », « incroyable », bref chacun y va de son avis, pour le coup à cent pour cent positif. Il est à noter que cette pause est salutaire. Elle permet aux musiciens de se reposer et de revenir à bloc mais aussi au public de faire une pause car deux heures quinze de concert à la suite aurait sans doute été difficile à digérer. Cette plage de pause permet de se re-focaliser sur le concert.

De retour sur scène, les bougres ecclésiastiques nous prennent directement à la gorge et ne vont plus nous lâcher pendant encore un long moment : « Spirit », « From The Pinnacle To The Pit », « Majesty », « Satan Prayer », « Faith », à peine reprenons-nous notre souffle que la litanie d’ouverture de « Year Zero » nous entraîne dans les bas-fonds d’une messe noire. Franchement, entendre un Zénith plein invoquer le démon sous les « Hail Satan » est une expérience unique et assez singulière. Puis le sample de « Spöksonat » annonce « He Is » qui voit encore une fois les lucioles danser dans les airs et un public chanter en chœur avec le Cardinal. La reprise « If You Have Ghosts » permet à celui-ci de « présenter » chaque musicien et chaque musicienne, détaillant pour chacun leurs qualités et les saluant par le doux nom de « Ghoul ». « Dance Macabre », et son rythme pop imparable, fait se transformer la fosse en vague géante, avec des lumières en mode arc-en-ciel disco, alors que les gradins sont survoltés. Néanmoins, c’est définitivement « Square Hammer » qui fera exulter tout ce beau monde, le public devenant incontrôlable dès les premières notes !

Après nous avoir sommés de ficher le camp, de rentrer chez nous, Le Cardinal Copia nous propose un deal assez osé il faut le dire, à savoir soit un dernier morceau, soit offrir des faveurs sexuelles à chaque personne dans le public. Bien sûr la foule entière réclame le choix numéro deux. Arguant qu’il est déjà assez tard et qu’il doit reprendre la route pour continuer la tournée, le Cardinal Copia nous promet les faveurs sexuelles pour la prochaine fois et c’est sur l’habituel morceau « Monstrance Clock » que s’achève la grand-messe de Ghost.

Le public semble comme hypnotisé et met un peu de temps à sortir, l’énergie déversée par le groupe flotte encore dans les airs. On va voir Ghost parce qu’on aime la musique sur album et on se retrouve à profiter d’un grand spectacle, au sens noble du terme. Ghost est un groupe qui fait beaucoup parler, et ce, depuis ses premiers pas. Adulé ou décrié, on ne peut en tout cas pas lui reprocher de se moquer de son public, car lorsqu’un groupe propose deux heures quinze de show irréprochable avec costumes, mises en scène, décors, jeux de lumière et surtout une telle interaction avec les gens présents, un seul terme doit prédominer : « respect ». Certes, certains fans se souvenant des débuts, plus modestes mais pleins de charme, pourront regretter le côté super production léchée et scénarisée du show, mais ce n’est pas une surprise : Tobias Forge n’a jamais caché que ceci était ce vers quoi il souhaitait aller. Et notre petit doigt nous dit qu’on n’a pas encore tout vu…

Setlist :

Ashes
Rats
Absolution
Ritual
Con Clavi Con Dio
Per Aspera ad Inferi
Devil Church
Cirice
Miasma
Jigolo Har Megiddo
Pro Memoria
Witch Image
Life Eternal
(fin de la première partie)
Spirit
From The Pinnacle To The Pit
Majesty
Satan Prayer
Faith
Year Zero
Spöksonat
He Is
Mummy Dust
If You Have Ghosts
Dance Macabre
Square Hammer
Rappel :
Monstrance Clock

Report : Nathalie Holic (Ghost) et Nicolas Gricourt (Candlemass).
Photos : Nicolas Gricourt (Candlemass).

A voir également :

Galerie photos Ghost.
Galerie photos Candlemass.

NB : Nous vous rappelons que L’Intégrale Ghost By Radio Metal, un livre de 144 pages que nous avons consacré à Ghost, est actuellement disponible dans la boutique en ligne de Radio Metal et sur Amazon.



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  • « à Paris les gradins se retrouvent directement debout à acclamer le bonhomme et sa troupe » A droite de la scène à Paris ce n’était absolument le cas. Le public était bien assis :-(, j’ai tenté une levée sur Miasma mais je me suis senti bien seul, j’étais surement dans le carré senior lol

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  • J’ai adoré le concert à Lyon mais la Halle Tony Garnier devrait être interdite.
    L’acoustique dégueulasse des poutres métalliques a gâché les deux sets.

    Encore merci RM pour vos reportages photos

    [Reply]

    Monodrones

    C’est exactement ce que je me dis à chaque fois que je sors de cette salle. Là le visuel était magnifique mais le son horrible. Malheureusement, Ghost est devenu trop « gros » pour jouer au Transbo ou dans les autres plus petites salles de Lyon.

    Mr Claude

    Bien le son n’était pas si nul à la Halle Tony Garnier.
    Et il est tout a fait possible d’avoir du très bon son (je citerai -M- par exemple) et puis les poutres métalliques renforçaient encore l’atmosphère « travées et nef d’église ».
    Un très très bon concert.

  • Fikmonskov dit :

    « 70€ pour un sweat zippé ! »

    « Quand on pense qu’il suffirait que les gens arrêtent d’acheter pour que ça ne se vende pas… »

    Coluche.

    Qui concluait : « Non mais vous n’êtes pas raisonnable, aussi… »

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