Sortis largement vainqueur d’une seconde tournée aux États-Unis en 2013, les Suédois de Ghost, Papa Emeritus II en tête, ont étalonné leur nouvelle renommée sur le Vieux Continent par une série de dates au Royaume-Uni puis en Allemagne avant de rejoindre leur Scandinavie natale pour achever une année de tournée quasi continue. Presque continue, car Papa et ses Goules ont eu le temps de sortir un album acclamé (Infestissusmam) et un EP de reprises sous la coupe productrice et avec la participation de Dave Grohl. L’année 2013 a donc été importantissime dans la carrière des Suédois qui voient désormais toutes leurs dates afficher complet et qui devraient voir la taille des salles dans lesquelles ils se produisent rapidement évoluer.
Ghost obtient en fait en Europe une assise de fans qu’ils avaient déjà aux États-Unis, un pays où le succès leur a souri dès le départ. Toujours pas de date en tête d’affiche en France pour cette tournée, même si le public français avait pu assister aux prêches de Papa Emeritus à l’heure de la messe le dimanche matin au Sonisphère, et plus raisonnablement le dimanche soir sur la MainStage du Hellfest, où la réussite auprès de l’audience avait été au rendez-vous.
Artistes : Ghost – The Oath
Date : 24 novembre 2013
Salle : Bürgerhaus Stollwerck
Ville : Cologne (Allemagne)
Pour une date en France, vraisemblablement parisienne, le dommage sera apparemment réparé au printemps 2014. En attendant, Ghost terminait sa tournée de cinq dates en Allemagne par une soirée au Bürgerhaus Stollwerck de Cologne, où le public allemand bigrement fan du groupe, l’attendait de pied ferme. Concert affichant presque complet, puisque seules quelques places ayant vite trouvé preneur étaient encore en vente, ce sont les Allemands – ou plutôt les Allemands et les Allemandes – de The Oath (à ne pas confondre avec le groupe français), qui ont ouvert les débats sur cette tournée germanique. Oui, car The Oath, un peu à l’image de Crucified Barbara, mise sur le potentiel sensuel de ses deux têtes de gondoles féminines à défaut de proposer une quelconque révolution musicale.
Le constat peut sembler sévère mais reflète néanmoins une forte vérité : la guitariste suédoise Linnéa Olsson, exilée à Berlin et sa consœur berlinoise d’origine Johanna Sadonis, costumes intégraux cuir, dans une version rockeuse d’une Catwoman pas effarouchée, sont, certes, de bien jolies demoiselles avec des intentions sûrement sincères. Mais leur mélange doom / hard rock 70’s porté par une voix plutôt à propos, mais une originalité et une énergie tous deux proches du néant ont fait passer un sale quart d’heure à des Allemands polis mais qui se sont sacrément ennuyés pendant leur show.
En fait, les Colognais ont surtout préservé leurs places dans la fosse pour être au plus proche de Ghost que pour profiter du spectacle ennuyeux et rébarbatif au possible, couplé à un niveau technique proche de l’affligeant, hormis une voix qui pourrait peut-être donner quelque chose dans un contexte musical plus riche. En première partie de Ghost, on s’attendait clairement à assister à un niveau au dessus, surtout avec la richesse de la scène Revival 70’s allemande et scandinave.
Ghost avant de prendre place sur la scène, choisit de mettre en place l’ambiance propice à son arrivée. Bâtons d’encens déposés sur scène, fumée blanche et chant liturgique pendant une bonne vingtaine de minutes avec un fond de scène rappelant fortement la Divine Comédie de Dante… Le décorum théâtral aux allures d’église sataniste a pris possession des lieux et l’effet sur le public est instantané. Une certaine sacralité et une forme de recueillement de l’audience se fait ressentir… Il n’y a pas à dire, les Suédois font bien les choses, et le public français qui n’a pu voir Ghost qu’en festival sera ravi de pouvoir assister à la dévotion de Papa Emeritus et ses sbires car le show est totalement différent. En tête d’affiche, Ghost a le temps de mettre les choses en place et quand les Goules arrivent sur les premières notes de l’introduction Infestissumam, la foule est transportée d’entrée dans cet univers si particulier. Pas de surprise, le plus rock’n’roll des papes arrive sur « Per Aspera Ad Inferi » qui fait trembler les murs d’entrée et hurler le public allemand transi d’émotion devant les premières incantations du frontman.
Oui, Ghost, c’est avant tout un show. Bien sûr, ce ne sont pas les premiers à mettre des masques et à se déguiser. Mais le personnage de Papa Emeritus II dégage un charisme, une assurance et une élégance démoniaque qui touchent et créent une atmosphère délicieusement malsaine. Ce divertissement aux allures satanistes est sûrement l’un des plus réussis de la planète Rock actuelle, et cela n’est pas uniquement dû aux costumes. Car musicalement, Ghost est un groupe qui, sans révolutionner les choses, fait une musique dont l’ensemble est original, et délivrée par des musiciens excellents dans leur art, notamment dans le jeu live. Les deux guitaristes excellent dans les rythmiques et les solos ; la basse-batterie aux allures souvent pop porte superbement le groove en concert ; et le clavier prend toute sa mesure dantesque sur scène. Le moins réussi serait presque le chant, qui est certes comblé par l’attractivité du personnage principal.
Ghost démontre « live » qu’il n’est pas qu’un apparat extérieur. La consistance de ses compositions prend tout son sens sur scène, les morceaux étant joués de manière plus musclée et énergique que sur les albums. Et les mélodies du groupe possèdent un côté fédérateur pour le public avec une grande puissance des refrains qui permet un assentiment général continu jusqu’à l’ultime et essentiel « Monstrance Clock » qui termine le rituel. On découvre également les reprises sur scène, la grandiose « Here Comes The Sun » des Beatles et la très pop « If You Have Ghosts » du dernier EP qui replace indirectement Roky Erickson sur le devant de la scène par cette version à la dimension ultra-accrocheuse. La partie instrumentale « Genesis », clavier 70’s fou en avant surprend et détonne. Tandis que « Secular Haze » et surtout « Zombie Queen » s’installent sous les acclamations du public comme des morceaux à l’intensité et à l’énergie impressionnante, futurs standards du groupe.
Les Suédois auront donc fait chanter pendant plus d’une heure vingt le public de Cologne qui connaît sur le bout des doigts les titres, tant ceux d’Infestissumam que d’Opus Eponimous, alternés tout au long du set. Une grosse ambiance et un verset final (« Come Together – Together As One – Come Together – For Lucifer The Son ») que le public avait envie de chanter a capella à l’infini, même le groupe parti sur la bande qui tournait encore… Une réjouissance outre-Rhin auquel le public français aura bientôt droit et c’est tant mieux, même si l’accueil dans le cœur du public hexagonal n’est sûrement pas encore au niveau de ses voisins européens. Il y a tout intérêt à découvrir le phénomène Ghost en live. Car là s’y révèle un sacré monstre… de scène.
Setlist de Ghost :
Infestissumam
Per Aspera Ad Inferi
Con Clavi Con Dio
Stand By Him
Ritual
Prime Mover
Secular Haze
Here Comes The Sun (reprise The Beatles)
Year Zero
Jigolo Har Megiddo
Elizabeth
Death Knell
Genesis
If You Have Ghosts (reprise Roky Erickson)
Rappel:
Zombie Queen
Monstrance Clock
Photos : Amphisbaena
Quelqu’un peut m’expliquer pourquoi ce groupe de covers fait le buzz?
C’est vrai que deux dans une set list c’est énorme, aucune originalité…
Groupe de covers ?… Quelqu’un peut m’expliquer ?
BLAIREAU.
Mérité !