Inutile de dire que l’attente est grande : la sortie imminente du nouvel opus de Ghost, Prequelle, tient énormément de monde en haleine. Il faut dire que le succès retentissant de Meliora (2015) a propulsé Ghost dans les hautes sphères du heavy/rock, jusqu’à en faire l’une des grosses têtes d’affiche de festival (on se souvient du show spécial du Hellfest 2016). Depuis, l’identité de l’homme derrière Ghost, le chanteur/multi-instrumentiste Tobias Forge, a été révélée. Ce dernier a mis d’ailleurs un terme à la lignée des Papa Emeritus, Prequelle voit l’apparition d’un autre représentant de l’ordre religieux, le Cardinal Copia, afin de ne pas faire sombrer la formation dans une sorte de « pilote automatique ». Nouveau cycle, nouveau line-up, de quoi s’interroger sur la faculté de Ghost à continuer sur la lancée de Meliora. Mettons un terme au suspense d’emblée, Prequelle confirme le statut désormais immense de Ghost sur la scène contemporaine.
Il faut dire que Ghost n’a pas lésiné sur les moyens. La production est une fois de plus irréprochable en tous points, on pourrait presque la qualifier de « grand public » vu sa propreté. Elle est ici l’œuvre de Tom Dalgety (Opeth, Royal Blood), rejoint au mix par nul autre que le légendaire Andy Wallace (Nirvana, Slayer, Bruce Springsteen, Faith No More, Linkin Park…). Ghost a désormais pleinement conscience de son statut, Prequelle a d’ailleurs en tête les futures performances live du groupe qui répondront toujours à un certain sens du spectacle. Pour autant, Prequelle n’embrasse pas des thématiques légères. Tobias Forge a déjà évoqué de nombreuses fois la tonalité grave de l’opus, influencée en partie par les décès de Lemmy Kilmister, Ronnie James Dio ou encore Prince et David Bowie. Prequelle évoque la mort mise en contraste avec la volonté de rester vivant à tout prix, si ce n’est une aspiration à l’éternité (« Life Eternal » qui en dit long en clôturant l’opus). Ceci est développé conjointement à une approche plus directe dans le son et la composition, à l’instar de ce que le single « Rats » propose d’emblée avec son introduction de batterie et son riffing rapide ainsi que son outro très lourde. Comme déjà mentionné dans notre track by track de l’album, la structure du titre est plus classique et se distingue en cela des élans progressifs de Meliora. Il y a toujours ce sens inné de la mélodie, une recherche de la simplicité et de l’accroche qui se perçoit dans le refrain et plus encore dans le pont aux leads de guitare mélancoliques.
Cette formule, riff hard et refrain lumineux est le point central de Prequelle. Elle illustre justement le concept de Tobias Forge, « le besoin de lumière pour voir l’obscurité ». « Faith » s’ouvre justement par un riff plombé en binaire qui sert à mettre en valeur un refrain très aérien, repris une nouvelle fois avec une voix « maléfique », à nouveau preuve de l’ambivalence de Ghost et de son goût prononcé pour la théâtralité. La conclusion du titre, faite d’orgue et de chœurs n’est pas là pour le démentir… Le refrain de « See The Light », « Drink me, eat me, then you’ll see the light », va également dans ce sens. Derrière les airs de pseudo-ballade (rappelant d’ailleurs quelques lignes vocales pop très proche de Steven Wilson sur To The Bone (2017)) lorgne une composition rock très énergique avec encore une fois une attention scrupuleuse portée sur les mélodies. Le pont de « See The Light » harmonise leads de guitare et synthétiseur pour un résultat galvanisant, d’aucuns diraient presque envoûtant.
Effectivement, l’orientation musicale qu’a choisie Tobias Forge pour Prequelle renforce cette accessibilité faisant partie de l’ADN de Ghost et qui s’incarne dans les accroches mélodiques omniprésentes (y compris les solos diablement chantants) et les rythmiques simples à appréhender. Le rythme hard rock classique et les touches glam, kitsch mais assurément fun, de « Dance Macabre » sont consternantes d’efficacité. Ça paraît académique sans l’être réellement et il faut plusieurs écoutes pour constater la profondeur des arrangements, que ce soit des voix doublées, des lignes de basses racées, la reverb des toms… Ghost ne s’est d’ailleurs pas montré frileux en matière d’orchestration. « Pro Memoria » et son introduction très cinématographique faite de violons évolue vers des mélodies de piano très douces pour se muer en titre pop, tandis que « Witch Image » profite de plages de flûtes et de mellotron.
L’aisance dans la composition de Ghost se perçoit en outre sur les deux plages instrumentales de Prequelle, « Miasma » et « Helvetesfonster ». La première s’ouvre par des nappes discrètes de synthétiseurs qui rappellent évidemment le travail de Vangelis et qui a orienté toute la synthwave actuelle, avant d’exploser via une succession de solos, dont un saxophone complètement débridé. « Helvetesfonster » (à traduire par « Fenêtres sur l’enfer ») nous prend de court avec son appel à la folk traditionnelle et au prog 70s. Le titre prend des allures de bande originale d’une histoire fantastique lugubre avec son enchevêtrement d’arpèges de piano et ses synthétiseurs très évocateurs. Ce sont d’ailleurs les tonalités celtiques dans le final du titre qui, en fin de compte, incarnent le mieux le contexte moyenâgeux dans lequel Forge a voulu placer l’album (on pense aisément à « The Bard’s Song » de Blind Guardian). Finalement, les titres instrumentaux de Ghost font office de démonstration du talent de Tobias Forge et ses goules lorsqu’ils ne sont plus subordonnés au chant du premier. Ghost montre ainsi deux facettes plus ou moins disjointes (là où elles se mélangeaient clairement dans Meliora) mais qui se compensent l’une et l’autre : celle d’une forme d’audace musicale et celle d’un quasi-culte de la mélodie et du refrain enivrant. Inutile de rajouter que le groupe possède également un sens de la narration qui se perçoit par l’écoute même, puisque Prequelle se conclut par les chœurs lyriques scandant « Forever » du morceau le plus exubérant, mais aussi le plus touchant, de l’opus, « Life Eternal ». Ainsi, Ghost rappelle qu’il entretient toujours une sorte de rapport avec l’approche glorieuse du chant religieux et sa fonction fédératrice.
Prequelle est moins « chaloupé » que Meliora, dans le sens où les compositions ont tendance à immerger plus directement l’auditeur. Pourtant il y a toujours ce souci de créer une atmosphère, rôle premier de l’introduction « Ashes » et ses chœurs d’enfants lugubres à souhait. S’il paraît plus accessible au premier abord, le dynamisme de Prequelle souligne davantage les antagonismes de la musique de Ghost. Tout est question d’alternance entre une forme de violence et son remède, la lourdeur ou l’intensité d’un passage et la mélodie éthérée qu’il fait naître, ou des thématiques sinistres illustrées avec légèreté (« Dance Macabre » qui évoque des gens faisant la fête dans l’Europe des années 1340, conscients que la peste va finir par les emporter). Si Prequelle initie une nouvelle ère pour Ghost, il ne remet pas en question les fondements du groupe : accessibilité et théâtralité. Prequelle ne déstabilisera personne, Ghost ne perçoit pas l’innovation comme un changement radical, plutôt comme une somme d’ajustements et de réponses à de nouvelles problématiques. Quoi qu’il en soit, Ghost a conservé le cap et ne risque pas de perdre ses ouailles. Bien au contraire, Prequelle est un formidable outil de prosélytisme.
Clip vidéo de la chanson « Rats » réalisé par Roboshobo :
Album Prequelle, sortie le 1er juin 2018 via Spinefarm/Loma Vista Recordings. Disponible à l’achat ici
NB : Nous vous rappelons que L’Intégrale Ghost By Radio Metal, un livre de 144 pages que nous avons consacré à Ghost, est actuellement disponible dans la boutique en ligne de Radio Metal.
Faut pas le prendre mal c’est un nid de troll ici ^^
oups je voulais répondre à @Fikmonskov 🙂
QUOI ??? Des trolls ici ? Et on ne m’a rien dit ?!
(Hum…)
Noraj amigos x)
Je dois avouer qu’il y a des chansons que j’aime bien.
😀
J’adore 😀
(Ce n’est pas moi qui ai posté ce message, certains l’auront compris en cliquant sur le lien 😉 )
Alors que pour une fois je m’étais retenu de commenter 😀
J’ai pas compris là ?
Quelqu’un a usurpé mon identité pour me faire dire un truc que je ne pense évidemment pas : ma haine de Ghost est apparemment bien connue sur ce site.
Ici, c’était rigolo. Par contre le mec a refait la même chose ailleurs et c’est moins marrant parce que ça veut dire qu’effectivement ça va embrouiller les choses. Et j’aime pas tellement l’idée que quelqu’un s’exprime à ma place, en plus.
Keep cool, il a posté ses comm’ l’un après l’autre et depuis plus rien, ça faisait partie de la plaisanterie 🙂
J’espère bien, oui 🙂
Si ça s’arrête là, je confirme que j’ai bien ri et félicite le troll sincèrement 🙂
évidement il y en aura pour tous les goûts. Certains détesteront, d’autres (dont moi) adoreront. Je trouve l’album juste parfait.
Mais c’est souvent le problème de la critique.
C’est super subjectif et on est en droit de se demander si elle est vraiment constructive. Bon après chacun est libre de donner son avis mais en général, les débats sont stériles puisque c’est une question de goût.
Voilà
Perso, c’est une IMMENSE déception cet album.
Les extraits live m’avaient fait craindre le pire, j’ai acheté quand même l’album les yeux fermés…
et voilà typiquement le genre de truc qui va prendre la poussière.
La prod est nickel, superbe, mais les compos manquent de riffs, de niak, de bollocks.
Voilà le groupe empêtré dans la vase pop, dans le sirupeux, alors qu’il y avait de super passages costaud sur Meliora (leur meilleur effort, à mon goût).
Suivant ce groupe depuis ses débuts, je surveillais chaque nouvelle sortie et craignais le premier faux pas, me demandant toujours QUAND le père Forge ferait une sortie de piste… car j’adore littéralement tout ce qu’il a proposé jusque là, ce qu’il a su créer.
Mais là, quelle déconvenue !!!!!!!!!!!!!!!
:-((((((((((((((((((
Il fallait bien que ça arrive…
eh bien je vais écouter les albums précédents et espérer que le prochain album aura un peu plus de patate.
SAD !
Pour faire simple : L’album est un Chef d’Oeuvre.
Je n’ai pas du avoir la bonne version de l’album…celle que j’ai écoutée est…ennuyeuse à mourir (hormis l’énorme Rats).
L’album est très bon bien que je ne m’attendais pas à un disque aussi calme. Hormis rats et faith les autres titres sont doux.
C’est une bonne surprise
… i want it aaaaaall … and i want it noooooow
pouiiii pouiii pouiiiiiiiiiiiii pouiiiiiiiiiiiiiiii
Merci Thibaud pour ta Chro.
Tu me donnes une grosse envie d’en tartiner jusqu’à plus fin au petit matin du 1er juin…
« faim » 😉
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Oui.
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