Toute vraie culture est-elle perdue, ici, dans cette bonne vielle France ? Y a-t-il encore une chance pour que soit rattrapée cette chose qui semble lui faire défaut ? Cette chose que l’on nomme, au mieux, « ouverture d’esprit » qui semble malheureusement manquer à notre chère patrie… Pourtant vue à travers les yeux du reste du monde, France, tu es une terre de culture, de savoir et d’art. Mais ce bien beau tableau a pris la poussière. Ne reste aujourd’hui qu’un certain goût prononcé pour le mauvais goût. Ou l’absence totale de goût.

France, réveille-toi ! Tu écoutes de la soupe, tu dérives dans les bas-fonds de la culture en prônant corps et âme une vieille culture révolutionnaire, qui un temps fut utile, mais qui aujourd’hui claque derrière tes talons à chacun de tes pas, produisant un son rappelant encore et toujours celui du passé. Voilà pourquoi, très vraisemblablement, tu ne verras jamais un Gojira représenter ton drapeau tricolore à l’Eurovision.

La culture française est, en surface et sur toute son étendue, aussi plate et lisse qu’une pucelle de six ans. Là est le véritable problème. Plus particulièrement : la France manque d’une réelle culture rock – qui, au final, serait presque en adéquation avec la pensée révolutionnaire sous-jacente de la France moderne. Loin est l’époque des Trust et autres Téléphone qui étaient alors les solides fers de lance d’une invasion rock en Hexagone, connue et reconnue au-delà de nos frontières. Bien que Téléphone soit resté très franco-français, Trust faisait chanter « Antisocial » à un public anglophone et tout deux apportaient un courant d’air frais artistique, porteur de valeurs et dans l’ère du temps. Car le rock a toujours réussi à se fondre dans les différentes époques qu’il a connu, accouchant même de quelques bambins symboles d’une société et de ses grandes évolutions (comme dans les psychédéliques et libertaires années 60). Malheureusement, quand on parle désormais de rock en France on pense BB Brunes, quand on ne pense pas à quelques vieux yéyés, c’est vous dire où l’on en est…

Et quand on constate que l’artiste actuellement en haut des ventes iTunes en France brille par une philosophie tournant autour de sous-vêtements cédant au premier vent, de défécations et de trou, on se dit que la culture musicale française est en mode ‘Off’ depuis sacrément longtemps désormais ! Car ce n’est décidément pas neuf. Point histoire : « La Danse Des Canards » est le titre ayant occupé le plus longtemps le Top 50 dans notre pays. Un classement dont l’histoire a plus été marquée par des « artistes » comme Vincent Lagaf, Licence IV et consorts que de vrais bons groupes électrisés et électrifiant, porteurs d’un vrai message, ne serait-ce que musical. Actuellement, il faut même descendre à la quarante-cinquième position pour y trouver du rock avec Shaka Ponk. Rien à voir donc avec les charts américains où s’installe plus facilement et durablement les représentants et héritiers d’une culture rock bien ancrée, reconnue et récompensée.

Et que dire de ce concours Eurovision où chaque année on envoie des chanteurs ou chanteuses de notre pays au casse-pipe, chair à canon des profondes tranchées de l’humiliation du bas du classement de cette compétition continentale. Et certains en ont ras-le-bol. Marre d’envoyer au front, année après année, ces artistes au nom du non-goût français qui n’apprend pas de ses erreurs, tapant systématiquement dans son image de musique vieillotte ou dans le décalé, mais plus souvent à côté. C’est pour cela que depuis quelques jours traîne sur la Toile une pétition vouée à propulser (au même titre que Gronibard) Gojira sur la guillerette scène de l’Eurovision 2014 afin de défendre nos couleurs. Après tout, ne serait-il pas temps de changer cette routine où l’on envoie un artiste relativement chiant chanter dans une langue à laquelle le jury ne pige pas une broque et ne va donc pas imprimer la moindre des subtilités collées sur des arrangements sans originalité ? Alors simple coup dans le vent ou véritable prémisse d’un chamboulement culturel, cette pétition veut au moins rappeler la pantouflardise intellectuelle actuelle du pays des Lumières et qu’envoyer Gojira à l’Eurovision serait une belle preuve que la France a aussi le feu aux tripes pour se propulser dans les hauteurs de la musique européenne.

Et même si Gojira n’a pas besoin d’un Eurovision pour faire valoir sa notoriété acquise dans son propre pays suite à l’engouement qu’il a créé à l’étranger. Car le combo death landais n’a véritablement percé en France qu’après avoir planté son drapeau hors de nos frontières et notamment sur le marché américain. Un triste constat… Un talent français ne peut être reconnu comme tel par les siens tant que des oreilles étrangères s’y soient aventurées, l’ait adopté et couronné. Donc, placer ce quatuor à l’avant-garde de nos talents nationaux, serait la chose la plus révolutionnaire qu’on ait vu dans le paysage culturel français depuis bien longtemps.

Mais faut-il y croire ? Avec un bon buzz sait-on jamais ? Vous pouvez toujours essayer de provoquer cette révolution. Ce n’est pas ici que vous trouverez des barrières à votre ambition.

Article rédigé par Alastor et Animal