Que deviennent-ils ? En début d’année, Gotthard annonçait sa décision courageuse d’aller de l’avant, au risque d’en choquer certains, malgré l’imprévisible décès de son emblématique chanteur Steve Lee. Un personnage dont on peut se demander si l’aura ne va pas finir par peser sur le groupe et notamment sur celui qui aura la tâche de passer derrière lui. Pour tourner la page, les Suisses sortent le DVD ‘Homegrown – Alive In Lugano’ de l’un des tous derniers concerts enregistrés avant le décès de Lee.
Freddy Scherer, le guitariste, était à l’antenne d’Anarchy X jeudi 22 septembre pour nous en parler. Il s’agissait de l’une des toutes premières interviews que donnait le groupe depuis l’annonce de février dernier.
Comment vont-ils ? Comment comptent ils évoluer musicalement ? Qui prendra le poste de chanteur ? Tant de questions à poser, c’était bien trop pour vos deux animateurs préférés. Quelques auditeurs ont donc participé à cet entretien.
Réécoutez l’interview :
[audio:interviews/Gotthard.mp3|titles=Interview Freddy Scherer (Gotthard)]Radio Metal : Comment vas-tu?
Freddy Scherer (guitare) : Ça va pas mal et vous ?
Radio Metal : Ça va très bien ! Nous avons pu écouter le nouveau live de Gotthard qui va sortir et c’est un sacré live. Ça fait plaisir de réentendre le groupe !
Freddy : C’est vrai que c’est un live très spécial avec toute l’histoire qu’il y a derrière, avec la mort de Steve. On l’avait enregistré à la troisième dernière date de la dernière tournée de Need To Believe. En réalité, l’objectif de ce live était de pouvoir faire un break. Nous voulions prendre une année de pause pour se préparer pour le nouvel album et pour un projet acoustique mais malheureusement tout a changé… Le DVD aurait dû sortir en janvier mais on a pensé que c’était de mauvais goût de sortir un live seulement trois mois après la mort de Steve. Par conséquent, on l’a laissé de côté jusqu’à la première date anniversaire de sa mort.
Jusqu’à aujourd’hui, comment cette période qui a fait suite au décès de Steve s’est-elle passée pour le groupe ? Qu’est-ce que vous avez fait ?
Les premiers mois furent extrêmement durs parce que, par exemple, si c’est quelqu’un de ta famille qui meurt, tu as quand même la possibilité de sortir, d’aller quelque part, dans un restaurant ou dans un bar. Ici, il n’y avait vraiment aucune possibilité de fuir parce que, à chaque fois que tu sors de ta maison, les voisins arrivent, que quand tu arrives dans un restaurant, le chef vient te questionner. Les premiers deux, trois mois ont été très intenses. On s’est aussi laissé le temps de parler entre nous quatre, pour dire ce que nous pensions et voir ce que chacun voulait faire, que chacun puisse digérer un peu la situation aussi bien que possible. Deux ou trois mois plus tard, on s’est retrouvé et on a commencé à parler de ce qu’on voulait faire, savoir si oui ou non on voulait continuer ensemble à faire de la musique sous le nom de Gotthard.
Il y avait beaucoup d’aspects à prendre en considération. Premièrement, chacun de nous voulait continuer à faire de la musique, deuxièmement, nous voulions continuer ensemble. Et le plus important, c’est que la famille de Steve, son père, sa mère, sa sœur, nous ont appelé plusieurs fois pour nous dire que ça serait sûrement dans l’idée de Steve de continuer sous le nom de Gotthard et que si lui s’était trouvé dans une situation similaire il aurait sûrement voulu que l’on continue avec le groupe. Avec tous ces éléments, on s’est dit qu’on voulait continuer mais il fallait voir si c’était faisable car vouloir est une chose mais trouver un bon chanteur en est une autre.
On a donc commencé en février/mars à lentement annoncer que l’on cherchait un chanteur. Six mois plus tard, nous sommes proches d’avoir trouvé. Je crois qu’il y a eu près de 450 chanteurs qui nous ont envoyés des mails, des photos, des bandes, etc. Heureusement le management nous a fait une pré-sélection. Ainsi, 150 candidatures sont arrivées finalement arrivées jusqu’à nous. Nous avons invité quinze chanteurs en Suisse dans la salle d’épreuves de notre studio pour passer du temps ensemble, philosopher sur la musique et sur Gotthard. Je dirais qu’on n’hésite plus qu’entre deux ou trois. Les auditions sont finies et un de ceux qui ont fait le déplacement sera notre chanteur. C’est la dernière ligne droite, on est en train de composer des chansons avec eux et on regarde comment ça se passe.
Ce sont des chanteurs connus sur la scène rock/metal ou plutôt des inconnus ?
Il y a les deux : de très connus et d’autres dont personne n’a jamais entendu parler. A l’heure actuelle, on a encore le choix entre deux ou trois chanteurs mais on s’est dit que nous n’allions pas sortir les noms car ça pourrait être embêtant, par pour les moins connus, mais plus pour les plus connus. Je pense que d’ici un mois et demi ou deux mois nous aurons pris notre décision. Pour nous, c’est important car un mois de plus ça ne coûte rien. Un année s’est déjà écoulée, on se laisse vraiment le plus de temps possible. En parallèle, on a commencé à écrire les chansons pour le prochain album, on a débuté il y a deux ou trois mois et pour l’instant on en est à treize ou quatorze morceaux déjà travaillés en studio. On regarde ce qui va se passer. Pour l’instant, l’important pour nous est de prendre une décision et après ça, faire ce disque avec le nouveau chanteur car je pense que c’est très important de le présenter d’abord avec un nouveau produit pour qu’il puisse montrer son caractère. Autrement, si on commençait par le présenter en tournée en interprétant nos anciens titres, tout le monde serait naturellement tenté de le comparer avec Steve et ça serait impossible pour lui de gagner.
Est-ce que vous aviez des critères particuliers en tête pour choisir le nouveau chanteur ?
On avait une liste d’une dizaine de critères et pour nous il fallait qu’il corresponde à au moins cinq ou six d’entre eux. L’élément indispensable est qu’on arrive à vivre avec lui, qu’on s’entende bien, qu’on puisse imaginer rester dans le bus en tournée pendant plusieurs mois, à passer du temps avec lui, à écrire des chansons. C’est pour ça qu’on se laisse du temps. On traîne avec les candidats, on va manger des pizzas, on va boire des bières, on discute, on parle, on écoute ce qu’ils pensent, pour être vraiment sûr. Le côté humain est important. Gotthard n’est pas un groupe qui existe depuis hier, on se soutient vraiment beaucoup, on s’aide alors ça doit être une personne qui corresponde à ce groupe.
Naturellement, la deuxième chose concerne la voix. D’un côté, on ne cherche pas une copie de Steve, mais de l’autre il faut un chanteur qui soit plus ou moins dans son style pour pouvoir continuer à jouer les vieux morceaux tout en ayant bien évidemment son propre caractère. Le mieux, ça serait que physiquement, il ne soit pas trop proche de Steve pour qu’on ne pense pas qu’on voulait une copie de lui car ce n’est vraiment pas le cas. Après, comme je l’ai dit, il faut quand même que le chanteur soit plus ou moins du même âge que nous, dans notre genre de musique avec une voix plutôt rock blues, metal, quelque chose un peu entre les deux.
Le chanteur que vous allez choisir sera dans une position délicate même si vous le présentez par le biais d’un album. Le fantôme de Steve planera forcément un peu au-dessus de sa tête, il sera obligatoirement comparé à lui. N’est-ce pas un peu une position ingrate pour lui ?
On en discute avec eux et ils le savent, et celui qui sera choisi ne le sera pas juste pour un an. Il y a toujours des gens pour qui, même dans cinq ans et même s’il a la même hauteur de voix, voire une meilleure, cela ne changera rien. Steve a ses fans et il y a toujours des gens qui, et ce quoi qu’il arrive, diront que « ça n’est plus la même chose ». La seule chose que nous pouvons faire, c’est faire ce que nous pensons être bien, faire des choses que l’on aime et qui nous conviennent. Si après vingt ans de Steve, pouvoir s’exercer et écrire des chansons avec un autre chanteur, avec une autre voix nous plaît, c’est qu’on est vraiment sur le bon chemin. Comme je l’ai dit : nous faisons de notre mieux ; dans tous les cas peu importe ce que l’on fait, même si c’était Bon Scott qui venait ou je ne sais qui, il y aura toujours des gens pour ne pas l’aimer. Mais on espère que la plupart vont accepter ce changement car la musique restera du Gotthard. Je connais déjà une bonne partie des nouvelles chansons, ça sera très « Gotthard », la marque de fabrique restera.
Quelle a été votre réaction lorsque vous avez auditionné pour la première fois quelqu’un pour chanter les morceaux de Gotthard ?
Je dois dire que là, ça n’était pas une après-midi agréable pour le chanteur, l’ambiance n’était pas très joyeuse. Heureusement, on a réussi à passer outre. On s’est dit : « Imagine les chanteurs qui arrivent dans la salle de répétition et nous voient chacun en train de fixer le sol, ça ne met pas en confiance ». Les candidats sont venus plusieurs fois et on s’y est de plus en plus habitué, et maintenant quand on va dans la salle de répétition, je ne dirais pas qu’on est à 100 % guéri, mais on aime ce qui se passe, on est joyeux, on se regarde et ça bouge. On a repris plaisir à aller jouer. On a tout changé dans notre salle, on a repeint l’entrée en blanc afin d’apporter un peu de joie à l’intérieur, que ça ne soit pas triste. On a tout changé : la batterie, les amplis, etc.
Donc, en fin de compte, vous avez quand même ressenti ce besoin de changement par rapport à votre environnement ?
Oui, absolument. Arrive un moment où tu ne veux plus de ce bordel intérieur, tu veux t’en sortir, tu veux continuer. Tu dois te forcer car c’est très facile de tomber dans un gouffre de tristesse sans fin. Un an plus tard, on y arrive, on n’est pas encore à 100 % mais on s’en approche doucement. Ça recommence à marcher même avec les interviews qu’on fait maintenant ça nous aide. Écrire des chansons, s’exercer, faire des trucs, se distraire, ça aide beaucoup.
Justement, avez-vous eu une appréhension à l’idée de reparler aux médias après l’accident ?
Notre choix aurait été de ne pas parler jusqu’à la sortie du nouvel album. Mais le management nous a dit que ça serait impossible car les médias veulent savoir. On a finalement compris qu’on ne pouvait pas rester caché derrière des portes. On a vraiment fait très peu d’interviews. C’est la première fois aujourd’hui, avec la sortie de ce live on, qu’on redonne plus d’interviews.
Est-ce que tu penses que, musicalement, toute cette période va avoir un impact sur l’album ?
C’est encore un peu tôt pour le dire mais je pense que oui. On transforme un peu cette énergie négative en quelque chose de positif, ce qui veut dire qu’on met plus d’énergie sur le disque quand on joue des instruments. Mais je pense qu’on ne le saura vraiment que dans un an ou deux. Le truc sera de sortir ce nouveau disque, avec ce nouveau chanteur, continuer et refaire un disque après, bref, de tenir sur la longueur. On est très positif et chacun de nous veut le faire, c’est le plus important, mais ça ne sera pas facile. La vie n’est pas toujours facile, mais on prend la chose de manière très positive.
Tu parlais du fait que vous avez été beaucoup pressés par les journalistes pour qu’il y ait à nouveau des interviews. Est-ce qu’à un moment vous en avez un peu voulu aux journalistes ? Les as-tu trouvés indécents dans leur quête d’informations après le décès de Steve Lee ?
C’était assez frappant les premiers jours. J’ai reçu des coups de fils de journalistes qui disaient qu’ils connaissaient certains de mes amis, ils ont essayé de m’atteindre via ces amis pour avoir mon numéro de téléphone personnel, ils cherchaient à savoir où j’habitais, etc. Ils ont fait ça un peu avec chacun de nous et ça, c’était vraiment limite. D’un autre côté je comprends que, en tant que journaliste, c’est ton travail, tu veux savoir, tu essaies de recevoir des informations. Je crois que pendant la première interview qu’on avait faite, environ dix jours après sa mort, on n’avait rien dit du tout, donc ils ont commencé à demander à des gens autour de nous, à des anciens producteurs, à des anciens managers, à des anciens journalistes qui nous connaissaient. Mais pour nous c’était important de ne pas commencer tout de suite après à donner des interviews. Premièrement, on ne se sentait pas du tout prêt pour ça et, deuxièmement, tu réalises tout juste, tu te demandes encore ce qui s’est vraiment passé et tu sais qu’il y aura tout de suite des questions du type « est-ce que vous continuez ou non ? », et à ce moment tu n’as, de toute façon, pas envie de discuter. D’un autre côté, c’est leur job, ils ne nous veulent pas du mal mais c’est comme ça, ça n’était pas quelque chose qu’on voulait absolument faire. Comme je l’ai dit, on voulait plutôt ne rien dire, nous enfermer et faire les choses à l’abri des regards.
Lorsque vous avez annoncé que vous alliez continuer votre carrière avec un nouveau chanteur, avez-vous eu des retours négatifs de la part de fans intégristes qui auraient dit : « Gotthard, c’était Steve Lee et rien d’autre, ils n’ont pas le droit de continuer. », etc. ?
Je dirais que ça arrivait une fois sur vingt ou trente e-mails, donc oui, naturellement. Mais, même là, tu ne savais pas si c’était des fans ou des gens qui ne nous aimaient pas trop dès le départ, donc c’est difficile à dire. Je dirais que c’était à 90% positif. On voit dans notre entourage proche que la plupart des gens espèrent et nous soutiennent mais doutent du fait que ça marche, ce qui est normal. On a autant de chances de réussir que d’échouer. Gotthard fait de la musique depuis vingt ans, on connaît le groupe, on a fait tels et tels disques, ça laisse des traces. Je ne pense vraiment pas que tout va s’écrouler. Si on fait un bon disque avec des bons morceaux, avec un bon chanteur, on pourra réussir.
Pour revenir un peu à l’album live, c’était a priori un album déjà prévu avant l’accident de Steve et son décès. Qu’est-ce qui, à l’époque, vous a poussé à enregistrer des concerts pour un album live dans la mesure où, entre cet album live et le précédent, il n’y a finalement eu que deux albums studios ?
Premièrement, nous voulions nous retirer pendant un an, c’était la première fois qu’on ne voulait pas jouer pendant une année de concerts électriques, et ce surtout en Suisse et en Allemagne. On avait tellement joué ! Nous n’avons jamais fait de pauses dans ces deux pays et aux alentours, on jouait à peu près dix concerts par an, si ce n’est pas plus. On arrivait à un moment où on se disait que c’était trop. Du coup, on s’est dit qu’on allait enregistrer cet album live qu’on voulait sortir en janvier ou février de cette année, ce qui nous aurait donné un peu d’espace pour nous retirer car, comme je l’ai dit, vers l’automne, on voulait faire des concerts acoustiques pour changer un peu et, entre temps, préparer le prochain album qui serait sorti en 2012. Mais la raison principale, c’était vraiment qu’on ne voulait pas faire de concerts électriques pendant un an, surtout en Suisse et en Allemagne, mais en faisant en sorte que les gens puissent quand même avoir quelque chose.
Est-ce que tu penses que, au final, cet album live est le meilleur hommage que l’on puisse faire à Steve Lee car c’est sur scène qu’il était au top de son art ?
Selon moi, Steve s’est amélioré au fil des années. Ça n’était pas un chanteur dont tu pouvais dire qu’il commençait à perdre de la voix. Bien au contraire : il a continué à se développer, à tenir de mieux en mieux jusqu’à la dernière année. Je ne sais pas si tu peux dire que c’est un hommage. Pour moi, vu que ça n’était pas prévu, ça n’est pas ça, mais heureusement, c’est l’une de ses meilleures prestations qu’il ait faites, surtout en ce qui concerne son humeur sur scène. Ça s’entend vraiment.
C’était quelqu’un qui aimait rester à la maison. Lui n’avait rien contre le fait de rester un an à la maison. Il aimait la Suisse, il aimait faire ses tours ici, ses tours à moto, il aimait vraiment autant être à la maison qu’en tournée. Sur ce live, c’était vraiment quelque chose de spécial, la tournée était juste en train de se finir, c’était l’avant-avant dernier concert de la tournée donc Steve était très relax, il était super content – tu l’entends dans sa manière de s’adresser aux gens pendant cette soirée. Je me rappelle que, quand je l’ai vu deux ou trois heures après le concert, quand je l’ai salué pour dire au revoir, il disait : « C’est génial qu’il n’y ait pas besoin de rentrer dans le bus, dans dix minutes je suis dans mon lit », il était relax, il rigolait… C’était vraiment une soirée spéciale, on avait tout nos amis là-bas.
Comme je l’ai dit, ça n’est pas un hommage mais c’est probablement une des meilleures soirées qu’on avait faite et, heureusement, c’est celle-ci qu’on a enregistrée. On l’a immortalisé au top de sa carrière.
C’est vrai que quand on écoute ce live, il est particulièrement en voix. Il est très impressionnant et pour le coup, j’imagine que cet album a ce petit côté authentique dans la mesure où, vocalement, vous n’avez rien pu retoucher en studio. Beaucoup de critiques qui reviennent concernant les albums live concernent la pratique qui consiste à réenregistrer en studio des parties vocales ratées. Mais, par la force des choses, vous n’avez rien pu retoucher.
Absolument. La seule chose qu’on ait dû faire, c’est enlever un peu certains passages de ses speechs entre les chansons car il a vraiment beaucoup parlé pendant cette soirée. Quand tu es sur place pendant le concert, c’est amusant mais tu ne peux quand même pas avoir entre chaque chanson deux minutes de discours donc on a quand même un petit peu coupé des choses là. Mais côté voix, on n’a rien changé, d’ailleurs on ne pouvait pas ! (Rires)
Sur cet album, Steve s’adresse à plusieurs reprises à ses fans dans plusieurs langues, notamment sur le titre « On Top Of The World ». Est-ce que ça a toujours été important pour le groupe de faire tomber les barrières des langues pour se rapprocher au plus près de son public ?
Absolument. L’autre raison, c’est que c’était un concert pour la manifestation Harley-Davidson Swiss Harley Days, donc il y avait beaucoup de Français, d’Anglais, de Belges, d’Allemands sur place. C’est une des raisons pour laquelle il fait les annonces en deux ou trois langues. Mais, naturellement, vu que les Suisses parlent quelques langues de plus que les autres, pourquoi ne pas les utiliser ? Je pense que les gens apprécient, si tu es en Angleterre, tu peux parler en anglais, si tu es en Espagne tu peux formuler quelques mots en espagnol, en italien, vu que de toute façon Lugano c’est la partie italienne de la Suisse, on parle également français, allemand, pas encore japonnais mais ça nous aide.
Le groupe a par ailleurs, dans le passé, enregistré plusieurs titres en plusieurs langues…
On a fait ça deux fois, on a fait « Anytime Anywhere » et « Lift U Up » en espagnol. Le management nous disait de temps en temps que l’on devrait faire des titres dans d’autres langues, que ça serait plus facile, mais on a toujours dit non, on n’en avait pas envie, on chante en anglais. Ils voulaient, par exemple, qu’en Suisse on chante en Suisse Allemand, on a dit : « Jamais de la vie ! ». Et puis on est descendus en Espagne et c’est là que nous a pris cette envie car on y avait des concerts tellement bien, avec une ambiance incroyable ! Plusieurs journalistes ont dit à Steve que ça ne serait pas mal si on pouvait faire au moins une chanson en espagnol.
Sur ce live qui sort bientôt, il y a un inédit intitulé « The Train », d’où vient ce titre ?
On avait prévu de faire des concerts acoustiques à la fin de cette année et on avait gardé de côté deux morceaux : « The Train » et « What Am I? » qu’on avait mis sur le Greatest Hits Of Ballads qui est sorti en décembre dernier. On avait gardé ces deux titres pour ce projet mais, vu que dans les prochaines années il ne sera pas question de savoir si on joue ou non en acoustique, on s’est dit que c’était la meilleure possibilité pour fermer ce chapitre de vingt ans de Gotthard avec Steve. C’est probablement le dernier album qui va sortir avec Steve, sauf si une maison de disques sort encore une fois un autre best-of. Mais en disque régulier, ça sera le dernier, donc c’est la meilleure chose de mettre ce morceau sur ce disque et de fermer le chapitre. Au cours d’interviews, certaines personnes avaient écouté les paroles, ça parle du « train de la vie », que la vie est ce qu’elle est et que tu ne peux pas la changer. Naturellement, comme il est mort après ça, il y a beaucoup de gens qui pensent « si tu écoutes les paroles, c’est triste, il chante qu’il va partir, qu’il va mourir… ». C’est absolument faux. En tout cas c’est le dernier morceau qui a été fait, qui a été terminé en studio. Il y a encore beaucoup de morceaux qui ont été commencés, mais il manque des paroles.
Donc, ça veut dire qu’il n’y a pas d’autres inédits avec Steve au chant que les fans n’auraient jamais entendus…
Oui, mais les paroles manquent. On a écouté tout ce qu’on avait et, de ce qu’on a pu entendre, il n’y a rien qu’on voudrait sortir, qui serait à la hauteur de ce que cela devrait être. Quand il manque un couplet, ça ne vaut pas la peine. Là, je pense que Monsieur Steve ne serait pas très content si on lui disait qu’on allait sortir des morceaux à moitié finis.
Vous n’allez pas faire comme la famille de Jimi Hendrix qui, depuis quarante ans, sort de nouveaux albums.
Oui, c’est incroyable, je ne sais pas dans quelle cave ils ont trouvé ces trucs, je dirais que c’est très gros quand même.
Nicolas [auditeur de Radio Metal] : Dans votre prochain album, vous allez probablement faire une chanson dédiée à Steve, mais comment comptez-vous faire ? De quoi voulez vous parler ? De son caractère ?
On a déjà une chanson que l’on a commencée à enregistrer qui sera sur lui mais ça ne sera pas pour le présenter car on le connaît. Ça sera plutôt une chanson ouverte. Comme il n’est plus là, on voudrait savoir comment il va, où il est aujourd’hui, est-ce que son âme continue à vivre ? Est-ce qu’il est quelque part dans les nuages ? C’est plus une question qu’une déclaration et ça s’orientera vers une ballade mais pas une ballade pop, plutôt une ballade dramatique.
Nicolas [auditeur de Radio Metal] : Vous allez donc faire une chanson plus sous la forme d’une lettre envoyée dont on attend la réponse ?
C’est exactement ça, comme on faisait quand on était petit et qu’on écrivait au Père Noël. (Rires)
Radio Metal : Si ça se trouve le Père Noël, c’est Steve Lee aujourd’hui ! (Rires)
Ouais ! (Rires) Mais c’est vraiment dans cette direction : On l’envoie dans le vide en espérant que peut-être quelqu’un nous entende.
Danny [auditeur de RM] : Pour toi, comment est le paysage culturel rock/metal en Suisse ?
Nous existons depuis vingt ans et c’est en Suisse que nous rencontrons le plus de succès. Je ne considère peut-être pas Gotthard comme du metal mais sûrement comme du hard rock, ça veut dire qu’il y a quand même beaucoup de personnes qui aiment. Il y avait Krokus, Celtic Frost, Coroner et, vu la grandeur de la Suisse, il y a quand même beaucoup de groupes hard et de metal. Je dis toujours que, vu la taille de la Suisse, tu peux faire beaucoup de choses facilement, passer à la radio, etc. TU n’as presque pas besoin de management ou de maison de disque. Naturellement, sortir du pays est plus difficile. Mais, pour chaque nouveau groupe, il y a des clubs où tu peux jouer, il y a des festivals, des radios qui soutiennent beaucoup la musique suisse en général, et je dirais que c’est un bon terrain pour jouer de la musique. Et des groupes de metal comme Celtic Frost, Coroner ou Krokus ont même réussi à sortir de la Suisse.
Radio Metal : Justement, ces groupes ont même marqué le monde du rock.
Absolument. Quand tu lis des interviews de Kurt Cobain ou de Dave Grohl des Foo Fighters, ils disent que Celtic Frost était une de leurs influences. Parfois, tu dois revenir en arrière, ce qui sortait il y a vingt ou trente ans, quand ils étaient gamins, pour comprendre où ils ont puisé leurs influences.
Léo [guitariste] disait que Gotthard avait eu quelques problèmes à une époque pour s’exporter parce que selon les pays, tu n’es pas classé de la même manière dans les rayons de disques. En Allemagne, qui est un pays vraiment metal, Gotthard était presque considéré comme de la pop, alors qu’en France c’est vu comme du metal.
C’est vrai. Quand tu disais que tu étais un groupe de rock, ils ne savaient pas où te mettre. « Oui, mais qu’est-ce que c’est ? Du death Metal ? Du Neo Metal ? Etc. » Non ! On est rock et basta ! Mais c’est vrai que dans les magasins de disques, ils ont toujours leurs catégories selon le genre : le Jazz, le Classique, la Pop, et tu devais te faire tous les rayons pour trouver Gotthard.
As-tu quelque chose d’autre à ajouter ?
On voudrait surtout dire merci pour toutes les lettres, les e-mails qu’on a reçus aussi de la France disant qu’on devrait continuer, qu’ils allaient nous soutenir. Ça nous a beaucoup aidé. On espère vraiment être de retour l’année prochaine et venir jouer en France car c’est vrai que la France est grande. Heureusement, sur la dernière tournée, on a fait quelques dates avec Deep Purple qui ne nous a pas seulement montré Paris. Il y avait quand même des villes comme Nantes, comme Toulouse, Marseille, donc on espère que la prochaine fois qu’on viendra en France, on pourra jouer plus de concerts et pas seulement à Paris.
Une dernière chose : quelle est ta chanson préférée de Gotthard ?
Avec toutes ces chansons, tu ne m’en demandes qu’une ? (Rires) Là, ça change de semaines en semaines, de mois en mois… Je dirais quand même « Anytime Anywhere ».
Interview réalisée le 22 septembre 2011 en direct durant l’émission Anarchy X par Spaceman et Metal’O Phil
Retranscription : Isa
Site Internet de Gotthard : www.gotthard.com
Je viens de découvrir ce groupe. MAIS PUTAIN C’EST ENORRRRRRRRRRRRRRRMMMMMMEEEEEE !!!!!
Je viens de prendre connaissance de cet interview ! FELICITATIONS ! super sympa !! Et on y apprend plein de choses ! Trop cool aussi Freddy ! Merci à toute l’équipe. Rock On !
J’ai adoré cet interview ! je me réjoui d’écouter le nouvel album live ainsi que les futures chansons du groupe gotthard ! une énorme pensée pour Steve Lee,bonne chance pour Marc,Léo,Henna,Freddy ainsi que pour le futur chanteur ! Salutations ensoleillé du Valais …..
Sandrine……
Bravo à Radiométal pour cet interview magnifique et il faut que Gotthard revienne sur le devant de la scène.
Merci
Serge
« Ainsi, 150 candidatures sont arrivées finalement arrivées jusqu’à nous »: petit doublons 😉
je suis râvi que Gotthard aie décidé de continuer malgré la mort de Steve Lee. c’était un de mes chanteurs heavy préféré, je kiffais son style old school! mais la musique de Gotthard aurait manqué à tant de monde, c’est quand même le fleuron du heavy suisse!!
j’ai vraiment hâte de savoir qui prendra la succession, même si c’est évident qu’il ne prendra jamais la place de Steve dans le coeurs des fans. espérons seulement qu’ils lui fassent un bon accueil (s’il le mérite)
bravo pour cette interview je suis suisse et fan de la 1ere heure de ce groupe au grand coeur plus que mythique. la disparition de steve à été terrible pour tous tant pour les proches de steve que pour les fans mais que le groupe sache que leur fans les suivront toujours meme en changeant de chanteur ce seras peut être dur au début mais ils se releveront ils aiment ce qu’ils font et ce groupe a toujours respecter ses fans.
Hello Radio Metal et Nicolas
Merci pour cette interview ( que j’aurais bien aimé faire moi aussi ! )
En lisant les trés bonnes réponses de Freddy j’ai eu plusieurs fois la gorge qui se serrait, d’un coté je suis content qu’ils continuent, meme si j’imagine que ce sera trés difficile pour le nouveau chanteur !
Keep on Rockin !
John ( Fan de Gotthard en France )
Je suis Belge Francophone et je vous remercie pour ce bel article en Français.
Salutations
Serge Stefanczyk
ROCK ON GOTTHARD
J’était vraiment inspiré pour ma question quand même ^^ (celle de Nicolas)
Article édité avec le podcast de l’interview !