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Interview   

Grand Magus ne perd pas le nord


Impressionnante l’ascension qu’est en train d’engager Grand Magus ! Il faut dire que, depuis la sortie de leur premier album éponyme en 2001, le power trio n’a eu de cesse de proposer des perles : Monument, Wolf’s Return, Iron Will et le petit denier, Hammer Of The North. Tous contiennent leur lot de riffs bien sentis et de titres tout simplement mémorables. Alors, même si la dimension doom s’est quelque peu atténuée avec le temps pour quasiment disparaître sur le nouvel album, on ne peut qu’applaudir une telle constance dans la qualité. Pas étonnant, donc, de voir JB et sa meute grimper les échelons jusqu’à signer chez la prestigieuse écurie Roadrunner Records. JB est confiant et croit vraiment en Grand Magus, groupe qu’il a lui-même formé avec son bassiste Fox. A tel point qu’il a récemment préféré quitter les rangs des pourtant excellents Spiritual Beggars, refusant toute concession allant à l’encontre de son bébé.
Nous nous sommes donc entretenus avec Janne « JB » Christoffersson – frontman et chanteur exceptionnel – pour qu’il nous parle, entre autres, de cette période particulièrement cruciale pour la suite de la carrière de Grand Magus


« Nous ne nous sommes jamais considérés comme un groupe de doom. Ce côté lent et puissant venait tout droit de l’influence toujours présente de Black Sabbath. Cependant nous nous sommes dit que nous avions fait le tour du sujet. »

Radio Metal : Votre nouvel album Hammer Of The North sort sous le label Roadrunner. Qu’est ce qui vous a poussés à quitter Rise Above Records et à signer chez Roadrunner? Aviez vous le sentiment que Grand Magus avait besoin de plus de moyens pour évoluer, que Rise Above n’était plus adapté?

JB : Oui, je crois que c’est la réponse la plus rapide. Iron Will était le dernier album fixé dans le contrat avec Rise Above. Chacun d’entre nous avait rempli sa part du marché, c’était donc le moment idéal pour partir. De plus, beaucoup de labels voulaient travailler avec nous, il ne nous restait plus qu’à trouver le plus puissant. Roadrunner s’est naturellement imposé à nous.

Tout vos précédents albums ont été produits par Rise Above Records, dont le créateur est Lee Dorian (Cathedral). C’est quelqu’un de passionné et qui a les pieds sur terre tandis que Roadrunner ressemble plus à une grosse usine. Est-ce que le côté plus humain de Rise Above Records va vous manquer?

Nous verrons bien. Nous avons travaillé avec Rise Above Records pendant dix ans et bien évidemment nous sommes devenus de bons amis. C’était le label idéal pour commencer notre carrière. Nous n’avons que de bons sentiments à leur égard. Maintenant nous sommes arrivés à un point où nous savons parfaitement ce que nous voulons faire musicalement, nous aimerions devenir aussi gros que possible. Cela me paraît naturel que des entreprises professionnelles ressemblent à des usines, on ne peut pas avoir les deux. Mais étant donné mon expérience, je peux vous assurer que si Roadrunner a autant de succès avec la scène metal, c’est parce qu’ils s’intéressent vraiment à la musique et ils savent parfaitement ce qu’il faut faire.

Sur votre page myspace, il y a un article concernant votre signature chez Roadrunner Records disant que c’était pour vous le meilleur moyen d’élever votre musique sur la voie de la perfection. Mais quelle est ton idée de la perfection?

Pour moi la perfection consiste à écrire et enregistrer la meilleure chanson que l’on puisse faire. Nous sommes maintenant dans un environnement dans lequel on peut se consacrer à 100 % sur la musique. Si nous allons dans la même direction que le label je suis convaincu que nous obtiendrons quelque chose de vraiment à part.

Ce qui est épatant avec Hammer Of The North c’est son importante production qu’il n y avait pas pour Iron Will. Aviez vous cette fois-ci un budget plus important?

Oui, complètement!

Lors de votre signature chez Roadrunner Records vous ont-ils proposé ce budget?

C’est bien là la question, nous n’avons pas d’argent. Le contrat portait dans un sens sur le budget. Ils nous ont offert la possibilité de faire mixer notre album par Jens Bogren. Nous avons aussi pu le faire masteriser à New York par George Marino en personne, l’homme qui a masterisé Back in Black! De telles collaborations n’auraient jamais pu être possibles avant!


« Je crois qu’il y a maintenant une envie d’écrire de vraies chansons, le son a moins d’importance. Les gens se sont rendu compte qu’il était plus important d’avoir une super chanson plutôt que d’avoir la batterie la plus puissante ou un son de guitare aussi lourd que possible. »
Hammer of the North a un aspect heavy metal traditionnel. Sur la chanson d’ouverture on peut t’entendre crier comme le ferait Rob Halford et de nombreux riffs semblent venir tout droit de Judas Priest et Dio. Quelle est la raison de cette mise en avant de l’aspect heavy metal de votre musique ?

Lorsque nous étions encore adolescents, cette musique nous faisait vraiment vibrer. C’est d’ailleurs en partie la raison pour laquelle nous avons tous voulu commencer à jouer. Elle a toujours gardé une place importante dans ce que nous faisions. Sur notre troisième album nous sommes allés encore plus intensément dans cette direction, c’était une réaction à l’album Monument qui sonnait véritablement heavy. Nos premiers albums faisaient écho à Black Sabbath et renvoyaient à des classiques de doom metal.

Cela fait longtemps que nous n’avons pas entendu de thèmes doom dans vos compositions comme « Baptised In fire » ou « He Who Seeks… Shall Find ». Vous êtes-vous lassés de ce genre?

Nous ne nous sommes jamais considérés comme un groupe de doom. Ce côté lent et puissant venait tout droit de l’influence toujours présente de Black Sabbath. Cependant nous nous sommes dit que nous avions fait le tour du sujet. Nous souhaitions nous éloigner de ce son et obtenir quelque chose de plus énergique.

On peut facilement établir un rapprochement entre la discographie de Grand Magus et celle de Dio. Il mixait souvent des éléments du heavy metal traditionnel avec du doom. Son dernier album, Master of the Moon, en est une parfaite illustration. C’est également ce qu’il faisait avec Black Sabbath et Heaven and Hell. Te sens-tu proche de la musique de Dio?

Oui, tout à fait. Mon premier grand amour musical fut pour Rainbow et leur trois premiers albums, ainsi que le live, puis les albums de Black Sabbath au temps de Dio et enfin, naturellement, ceux de son propre groupe. Chaque projet dans lequel il s’est investi a toujours constitué une véritable source d’inspiration, sur le plan émotionnel aussi. Dio avait la capacité de vous faire ressentir l’état d’esprit dans lequel il se trouvait au moment de chanter. C’est une influence majeure.

Le Heavy metal est un style qui a déjà 40 ans, ce qui signifie que toutes les légendes vivantes vont petit à petit s’éteindre. As-tu le sentiment de prendre la succession de groupes comme Judas Priest, Dio ou Iron Maiden? Qui selon toi seront les références heavy metal de demain?

J’ai l’impression que nous continuons à faire vivre cette tradition. Il y a quelques groupes que j’aimerais citer comme le groupe suédois Wolf. Ils sont vraiment incroyables, ils incarnent le heavy metal et transmettent la bonne émotion. Il y a tellement de bons vieux groupes, j’ai du mal à en trouver de nouveaux. Je peux toujours écouter les mêmes groupes que lorsque j’étais plus jeune, beaucoup d’entre eux continuent leur carrière. Je crois qu’il y a maintenant une envie d’écrire de vraies chansons, le son a moins d’importance. Les gens se sont rendu compte qu’il était plus important d’avoir une super chanson plutôt que d’avoir la batterie la plus puissante ou un son de guitare aussi lourd que possible. Je pense que c’est de cette façon que le heavy metal traditionnel survivra.


« Dans les légendes scandinaves, le loup joue un rôle proéminent. Il est capable de survivre seul ou de vivre dans une meute restreinte. Nous sommes comme des loups, nous suivons notre chemin en solitaire. »
J’ai lu dans une ancienne interview que tu écoutais beaucoup de death et de black metal. N’as tu jamais pensé à intégrer des éléments plus extrêmes dans les compositions de Grand Magus?

Nous l’avons fait, il y a certains éléments que nous continuons d’inclure comme le tremolo picking sur Hammer Of The North. Cependant, vocalement je ne peux pas chanter comme un chanteur de black ou death metal, lorsque j’essaye, c’est loin d’être convaincant! Je crois que mon point fort est de chanter comme je chante. L’influence vient plus du côté émotionnel que du côté musical. J’écoute beaucoup de groupes scandinaves, mon lien avec ce type de musique reste très fort!

Il semblerait que tu portes une attention toute particulière aux loups, ils sont présents sur trois pochettes d’album de Grand Magus, dont Hammer Of The North. Qu’est ce que cet animal représente pour toi?

Le loup illustre plus ou moins l’esprit du groupe. J’ai toujours été fasciné par cet animal. En grandissant, j’ai pu étudier la façon dont il était représenté dans l’histoire et le type de relation qu’il entretenait avec le genre humain. Dans les légendes scandinaves, le loup joue un rôle proéminent. Il est capable de survivre seul ou de vivre dans une meute restreinte. Nous sommes comme des loups, nous suivons notre chemin en solitaire. Cela est donc devenu un symbole idéal pour nous représenter.

Tu étais très satisfait de l’artwork réalisé par Arik Roper pour Iron Will, pourquoi alors avoir demandé à Necrolord de faire celui d’ Hammer of the North?

La relation entretenue avec Arik Roper était liée à Rise Above. Il a créé l’illustration idéale pour Iron Will. Je dois posséder environ 30 albums avec des artworks réalisés par Necrolord. Lorsque notre agent nous a proposé de travailler avec lui je me suis immédiatement demandé pourquoi je n’y avais pas pensé plus tôt! Son talent artistique est en accord avec notre musique, c’était un honneur de travailler avec lui. Le changement est toujours quelque chose de positif. Qui sait ce qui se passera la prochaine fois? Arik Roper était parfait pour Iron Will mais à l’heure actuelle, Necrolord correspond plus à ce qu’est le groupe.

Le vieux folklore nordique et son histoire sont des éléments très forts chez de nombreux groupes de heavy metal scandinave. Cela semble également être au centre de votre nouvel album. A quel point est-ce important pour toi?

C’est très important. Beaucoup de groupes ne traitent pas des mêmes sujets ou ne jouent simplement pas de la même façon que nous. Lorsque j’étais enfant, mon père me racontait des contes et des légendes scandinaves. Je suis né avec cette culture. Je m’en suis toujours servi pour exprimer à travers un langage poétique ce qui se passe dans la société, mais aussi mes idées sur la vie et la mort. C’est juste quelque chose qui fait partie de moi.

Vous avez filmé votre premier clip vidéo sur le titre « Hammer Of The North ». Penses tu que les clips vidéos peuvent vous permettre de gagner en notoriété?

Oui, c’est pour cette raison que nous l’avons fait. Youtube est un super moyen de rendre un groupe visible et de permettre aux gens de découvrir sa musique. On ne réalise pas des clips vidéos parce que c’est amusant mais parce que les gens ont besoin de nous voir. C’est très récent pour nous, en réalité je préfère jouer en live.


(A propos de son départ de Spiritual Beggars) « J’aurais adoré faire un nouvel album et partir en tournée avec eux. L’unique raison pour moi de ne pas l’avoir fait est que j’ai besoin de me concentrer sur Grand Magus, il y a tellement à faire, notre tour est venu! »

La nouvelle de ton départ de Spiritual Beggars a récemment été annoncée. A quel moment cette décision a-t- elle été prise?

Michael et moi en avons discuté il y a déjà plusieurs mois de cela. Étant donné qu’Arch Enemy venait de terminer leur tournée et qu’Opeth avait du temps libre, il avait l’opportunité d’enregistrer un nouvel album. Je fus obligé de dire que j’aurais aimé faire partie du projet mais je n’en avais vraiment pas le temps.

La principale raison communiquée fut que tu souhaitais te consacrer davantage à Grand Magus. Est-ce vraiment la seule raison de ton départ? N’est ce pas également dû au fait que tu n’étais que le chanteur de Spiritual Beggars, que tu ne pouvais pas exprimer ta créativité comme tu le souhaitais au sein de ce groupe?

Non, la façon dont les rôles étaient répartis dans Spiritual Beggars convenait à tout le monde. C’était vraiment agréable. J’aurais adoré faire un nouvel album et partir en tournée avec eux. L’unique raison pour moi de ne pas l’avoir fait est que j’ai besoin de me concentrer sur Grand Magus, il y a tellement à faire, notre tour est venu! Je ne peux pas me disperser en travaillant avec d’autres groupes. Si je pouvais me dédoubler je le ferais.

Michael Amott a Arch Enemy qui est un groupe de death metal à succès et il semble gérer plutôt bien le fait de jouer dans plusieurs groupes…

C’est son groupe : à ce moment là, Arch Enemy ne lui demandait pas une grande implication, il savait qu’il aurait le temps de se consacrer à autre chose. Cela n’était pas mon cas. J’aurais pu le faire il y a 3 ans mais maintenant l’album doit être enregistré, ça n’est pas plus compliqué que ça.

Que penses-tu d’Apollo le chanteur de Firewind qui t’a remplacé au sein de Spiritual Beggars? L’as-tu entendu interpréter les nouvelles chansons du groupe?

Non, je n’ai encore rien entendu. Nous avons tourné un peu ensemble au Royaume Uni, Apollo est un excellent chanteur! De plus c’est quelqu’un de très agréable, nous avons passé de bons moments. Je ne lui souhaite que le meilleur! Nous nous connaissons tous les deux donc il sait que je suis sincère.

Tu es perçu comme l’un des meilleurs chanteurs de Heavy Metal de ta génération mais j’ai entendu dire que tu n’avais jamais pris un seul cours de chant. Comment es-tu parvenu à avoir une telle voix? Aurais-tu un quelconque conseil à donner à ceux qui veulent apprendre à chanter?

Je n’ai jamais pris la moindre leçon mais peut être aurais-je dû. Je n’ai commencé à chanter qu’en 1996, j’ai juste la chance d’avoir une voix qui ne passe pas vraiment inaperçue. Malheureusement ça n’est pas quelque chose qui se travaille. Le meilleur conseil que je pourrais donner serait de chanter un maximum en live, cela permet de savoir comment se placer vocalement parlant, mais aussi de connaître ses propres limites. Je me souviens lors du premier vrai concert que l’on a donné je me suis complètement détruit la voix dès la première chanson! Il est tout aussi important d’apprendre à se détendre.

Merci JB pour cette interview. J’ai eu l’occasion de voir Grand Magus au Hellfest ; le concert avait lieu le matin, mais ce fut vraiment un grand moment et il y avait quand même beaucoup de monde !

Cela m’a également fait très plaisir, je craignais que tout le monde soit encore en train de dormir. C’était vraiment génial ! La veille nous sommes allés voir Heaven & Hell, ils ont fait un concert incroyable ! De notre côté nous devions partir juste après notre prestation, nous n’avons pas eu le temps de saluer qui que ce soit. En revanche, ce fut un réel plaisir de jouer là-bas.
Entretien réalisé par phoner en juin 2010.
Traduction : Isabelle



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