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Interview   

Gus G : sans peur et sans reproche


Relevé de ses fonctions auprès d’Ozzy Osbourne, après huit années de bons et loyaux services et le retour de Zakk Wylde, Gus G nous revient avec son troisième album solo en seulement quatre ans, sans oublié le dernier album de Firewind sorti il y a un peu plus d’un an. Sans doute que son poste en tant que guitariste du Prince Des Ténèbres n’était pas aussi chargé qu’on pourrait le croire – il le regrette d’ailleurs, comme il nous l’avoue ci-après -, toujours est-il que Gus G n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers.

Changement de format, pour ainsi dire : au lieu de faire appel à une ribambelle d’invités pour jouer et surtout chanter sur son album solo, Gus G a cette fois-ci monté un power trio, s’adjoignant les services du chanteur-bassiste Dennis Ward (Pink Cream 69, Unisonic) et du batteur Will Hunt (Evanescence, ex-Black Label Society). Mais le mieux est qu’il nous explique lui-même comment tout ceci s’est mis en place et nous parle de cet album, Fearless, nommé ainsi d’après sa philosophie de vie intrépide.

« Le projet solo m’aide à vraiment apprécier la puissance et le sens derrière Firewind […]. Plein de gens pensaient […] que ça allait probablement détruire Firewind, mais en fait ça l’a probablement sauvé. Car lorsque je suis retourné auprès du groupe, ça m’avait vraiment manqué et j’y suis revenu avec l’esprit très clair. »

Radio Metal : Tu reviens avec un troisième album solo intitulé Fearless, et cette fois tu as formé un power trio avec Dennis Ward et Will Hunt. Comment as-tu décidé de faire cet album avec un groupe et un chanteur fixe, par rapport à tes deux précédents albums où tu avais plusieurs chanteurs ?

Gus G (guitare) : Je voulais installer mon son et mon style en tant qu’artiste solo, et pour ça, j’avais besoin d’un line-up fixe. C’est ce que j’ai ressenti sur le moment. En plus, j’avais fait les collaborations que je voulais sur les deux premiers albums. J’avais déjà donné dans le côté « invités », ce n’était pas quelque chose de neuf pour moi cette fois. J’ai donc préféré opter pour une seule voix sur tout l’album. En fait, en la personne de Dennis j’ai vraiment trouvé un bon collaborateur, car nous écrivons les chansons ensemble, et il chante tellement bien que ça avait du sens de simplifier les choses et faire ça en power trio, sans trop complexifier. Avec Dennis, nous avons commencé à écrire des chansons il y a deux ans pour l’album de Firewind, Immortal. Nous avons une très bonne alchimie quand il s’agit d’écrire des chansons, donc ça paraissait naturel de continuer à écrire ensemble de la musique pour mon album solo. Je veux dire que je fais la musique et lui s’occupe des paroles et lignes de chant. Pour ce qui est du batteur, j’avais une liste réduite de différentes personnes. Puis l’année dernière j’ai rencontré Will au Musikmesse de Francfort et nous logions au même hôtel, donc nous avons trainé ensemble au bar de l’hôtel, à partager des histoires, etc. Il se trouve que c’est un de mes batteurs préférés. C’est un batteur incroyable, très puissant. Nous nous sommes bien entendus et avons échangés nos contacts, donc j’ai pensé que je devais peut-être lui passer un coup de fil. Je me suis dit que c’était un bon signe que nous nous soyons rencontré comme ça. Je lui ai demandé s’il avait de la disponibilité dans son planning pour en faire partie. Par contre là, sur la tournée, comme il est occupé avec Evanescence, c’est Felix Bohnke [de Edguy] qui le remplace.

Le fait de n’avoir qu’un chanteur cette fois, est-ce que ça pourrait aussi servir de test, pour que les gens se concentrent davantage sur la musique plutôt que sur qui sont les invités ?

Ouais, tu as raison ! Ça se pourrait. Evidemment, balancer des noms connus, ça fait toujours son effet ; les gens aiment aller découvrir des choses quand il y a un mec connu qui est impliqué. Je ne sais pas ce qui va se passer avec ça mais j’espère que les gens pourront écouter la musique au final.

Tu as dit que ta collaboration avec Dennis avait commencé avec le dernier album de Firewind. Mais du coup quelle différence ça fait maintenant de la poursuivre sur ton projet solo ? Comment faites-vous la part des choses musicalement ?

Pour être honnête, c’était un test aussi. Je ne savais pas si ça allait marcher. A un moment donné, j’envoyais des démos à différentes personnes. Enfin, je prévoyais de les envoyer. La première personne était Dennis, je voulais voir ce qu’il en pensait. A ma grande surprise, nous n’avons pas vraiment eu besoin de discuter de ce que devait être le son ou le style, il a vraiment compris ce que j’essayais de faire avec l’album solo et que je voulais vraiment le démarquer de Firewind. Les lignes de chant qu’il m’a renvoyé collaient parfaitement avec ce que j’essayais de faire. Je trouvais que ça se passait très facilement et de façon très fluide entre nous, et nous avons simplement continué à écrire. Voilà comment je vois ça : si tu as une équipe qui gagne, pourquoi la changer ? Donc évidemment c’était un projet et un album très différent de ce que nous faisons dans Firewind, mais j’ai pensé que nous devions tenter le coup. Je veux dire que si la musique n’avait pas fonctionné, alors nous n’aurions pas continué. Mais puisque ça marchait, il n’y avait pas à débattre. Pour être honnête, nous n’avons pas vraiment discuté de la musique, genre « oh, on devrait faire ci ou ça. » Enfin, nous avons eu de petites discussions sur ce dont devaient traiter les paroles, mais les idées étaient là dès le début.

Au début de la première chanson de l’album, « Letting Go », la voix de Dennis sonne incroyablement similaire à Ozzy Osbourne. Est-ce une coïncidence ?

Ouais, je crois que c’est une coïncidence. Je ne sais pas s’il l’a fait exprès ou quoi mais je l’ai moi aussi tout de suite remarqué lorsqu’il m’a envoyé la démo. J’ai plutôt bien aimé et j’ai dit que peut-être nous devrions laisser ça comme ça, car ça me rappelait un peu des choses que nous avions faites sur l’album Scream. Cette ligne de chant me rappelle bien sûr Ozzy mais à la fois, elle a une touche moderne. Je l’aime beaucoup. J’en suis tout de suite tombé amoureux, donc j’ai dit « on garde ! »

Comment comparerais-tu ton expérience avec Dennis Ward, le producteur, par rapport à celle que tu as eu avec Jay Ruston et que tu as, je crois, beaucoup apprécié sur ton album solo précédent ?

Le truc avec Dennis, c’est qu’en plus d’être coproducteurs, nous sommes aussi co-compositeurs. Alors que Jay n’était pas impliqué dans l’écrite et tout. Lorsque nous avons fait Brand New Revolution, nous avons enregistré la moitié de l’album live en studio, donc il nous donnait des directions et autre, mais Jay a surtout marqué son emprunte au niveau du mixage, car en gros, il avait la charge du mixage et moi je produisais. Avec Dennis, nous sommes coproducteurs. Donc nous avons façonné le son et la direction de l’album ensemble. Et notre but était de faire un album de heavy metal qui sonne vraiment gros et épais. Je voulais un gros son de batterie, de grosses guitares. Je voulais que cette production t’attrape immédiatement à la gorge, et je pense que nous y sommes parvenus !

Donc on comprend que Dennis était très impliqué, mais qu’en est-il de Will ?

J’avais déjà écrit la plupart des parties quand Will est arrivé. J’écris tous les rythmes de batterie quand je fais la musique, je programme toute la batterie et tout. Mais j’ai dit à Will d’être lui-même. Je voulais qu’il nous donne son propre style et ses propres contributions. Donc ceci étant dit, je trouve vraiment qu’il a fait un boulot formidable et a élevé les chansons.

Quelle différence ça fait maintenant de jouer en power trio ?

Tout d’abord, ça me sépare vraiment de ce que je fais avec Firewind. C’est une situation différente. Mais aussi, ça me donne plus d’espace sur scène pour courir parce qu’il n’y a pas un gars au milieu [petits rires], donc je peux prendre cette place.

Est-ce que tu fais consciemment un effort important pour séparer Firewind de ton projet solo ?

Ouais, il faut que ce soit différent, autrement quel intérêt de le faire ? Avec Firewind, nous avons déjà notre son et notre style, alors qu’avec mes trucs solos je peux expérimenter, je peux faire tous les autres types de chansons que je ne mettais pas nécessairement dans un album de Firewind. Ça pourrait être une instrumentale de dingue, ça pourrait être des chansons rock, ça pourrait être quelque chose de plus moderne ou des trucs metal qui sonnent un peu plus calibrés pour la radio, peu importe. Firewind est évidemment un groupe de power metal par nature.

« Pour moi, être intrépide est une bonne philosophie de vie. C’est presque comme un mantra. […] La peur est ce qui empêche de gagner et faire ce qu’on veut, et réussir dans la vie. »

Est-ce que ça signifie que tu te sens contraint dans Firewind ?

Le truc, c’est que Firewind en est à un stade dans notre carrière où nous ne pouvons pas trop le changer. Nous savons ce que nos fans aiment et ce qu’ils attendent de nous. Nous avons en quelque sorte peint notre propre tableau et nous pouvons seulement naviguer entre… Nous ne pouvons pas aller trop loin avec certaines choses. Nous avons un certain son et style. Je réalise ce que les fans veulent et ce qui a fait de nous ce que nous sommes depuis le début. Donc je n’aurais pas envie de gâcher ça, je n’aurais pas envie de gaspiller ça pour des envies personnelles, être égoïste et juste dire « oh je veux faire mon truc, je veux écrire une chanson de rock n’ roll maintenant. » Je n’aurais pas envie de faire ça à Firewind, ce n’est pas bien. Voilà donc pourquoi j’ai mon projet solo, pour faire toutes ces choses. Je veux dire que ça a commencé il y a quelques années, pour être honnête, quand j’en avais marre du groupe. Maintenant, le projet solo m’aide à vraiment apprécier la puissance et le sens derrière Firewind et à quel point ce groupe a une base de fans loyaux, et la petite histoire que nous avons désormais. Ça me permet de l’apprécier bien mieux. Comme je l’ai dit, c’est un second exutoire pour moi afin de sortir toutes mes autres idées et à la fois, j’ai toujours mon groupe.

Irais-tu jusqu’à dire que ton projet solo a sauvé Firewind ?

Ouais ! Tu sais quoi ? C’est intéressant que tu dises ça maintenant. Car le premier album était pour moi une expérience cathartique, il fallait vraiment que je le fasse, pour faire sortir des choses de moi et faire une pause avec ce que je faisais avec le groupe, car nous traversions une période très difficile. Donc ouais, peut-être que ça a sauvé Firewind [rires]. Plein de gens pensaient sans doute le contraire à l’époque, ils pensaient que ça allait probablement détruire Firewind, mais en fait ça l’a probablement sauvé. Car lorsque je suis retourné auprès du groupe, ça m’avait vraiment manqué et j’y suis revenu avec l’esprit très clair, je savais ce que je voulais faire. Et je pense que c’est la raison pour laquelle nous avons fait l’un de nos meilleurs albums de notre carrière l’année dernière.

L’album s’intitule Fearless (« intrépide », « sans peur », en français). As-tu le sentiment d’avoir été un peu intrépide musicalement, en touchant à différents styles sur cet album solo ?

Ouais, j’aime bien faire ça. En fait, j’aimerais pousser ça encore plus loin à l’avenir. J’aimerais même essayer de faire des trucs plus bluesy à un moment donné, par exemple. Ou peut-être même des trucs folk ou peu importe. Je ne sais pas, juste essayer différentes choses. Je veux dire que cet album, évidemment, c’est principalement un album de hard rock et metal, c’est assez direct, mais ouais, on peut y entendre plein d’autres facettes de moi-même aussi.

Dirais-tu qu’être intrépide est ce qui t’a donné une carrière ? Je veux dire, penses-tu qu’il faille être un peu intrépide pour saisir des occasions, surtout dans le business de la musique ?

Absolument ! C’est ce qui m’a permis d’arriver là où j’en suis aujourd’hui, le fait que je n’avais vraiment pas peur d’y aller et poursuivre mon rêve musical. J’ai foncé. Pour moi, être intrépide est une bonne philosophie de vie. C’est presque comme un mantra. Être intrépide est une bonne règle à suivre dans la vie, car plein de gens ont peur de faire ce qu’ils veulent dans la vie, ils ont peur d’échouer face aux autres, que ce soit leurs amis, leur famille, leur petite amie ou petit ami, etc. La peur est ce qui empêche de gagner et faire ce qu’on veut, et réussir dans la vie. Bien sûr je ne suis pas en train de dire que je n’ai pas d’insécurités. Tous les humains en ont. Mais ça ne veut pas dire que ça va m’empêcher de faire ce que je veux. Il faut prendre le bon et le mauvais dans la vie. Et je ne crois pas qu’il y ait le temps pour avoir des regrets. Je préfère tenter le coup et échouer, plutôt que de ne rien faire et le regretter quand j’aurais 80 ans assis sur une chaise quelque part [rires]. Il faut être intrépide. On n’a qu’une seule vie, donc on n’a qu’une seule chance.

Malgré tout, quelle est ou a pu être ta plus grande peur ?

[Réfléchit] Probablement la maladie. Pour moi, être en bonne santé est la chose la plus importante. Je ne suis pas du tout hypocondriaque mais lorsqu’on entend parler de toutes ces maladies, le cancer et tout… Maintenant que je suis un peu plus vieux, je vois d’autres gens tomber malade, ou on entend que tel ou tel gars est mort, un gars qu’on connaissait, genre « oh, tu as entendu qu’il était mort ? Il a eu un putain d’anévrisme ou une crise cardiaque. » Récemment certains amis sont décédés. Un de mes parents est tombé malade il y a quelques années. Tu sais, tu relativises. Tu commences à y penser. Il faut vraiment y penser parfois, car comme je l’ai dit, ça fait partie de la même philosophie : on n’a qu’une seule vie. Donc il faut vraiment en profiter chaque jour. Personne ne sais combien de temps il nous reste sur cette planète, pour combien de temps on est encore là, donc il faut vraiment profiter à fond.

Est-ce que ça t’arrive d’avoir le trac sur scène ?

Non, pas tellement. Peut-être si c’est un très gros concert, ou si c’est un concert dans ma ville d’origine et que tu sais qu’il y aura tout le monde dans le public, les cousins, maman, tout le monde [petits rires]. Mais non, pas de trac, plus un peu d’anxiété, mais ça part une fois que je monte sur scène et joue les premières notes, et ensuite ça fait vraiment du bien.

Peut-être la première fois où tu es monté sur scène avec Ozzy…

Ouais, là j’étais complètement terrifié ! Je faisais dans mon froc ! [Rires] Mais je l’ai justement surmonté en étant intrépide. J’y suis allé et je l’ai fait ! Je me suis dit : « C’est ta chance ! C’est pour ça que tu es là. Tu dois juste y aller et le faire. Tu ne peux pas faire machine arrière. » C’est ça l’idée : y aller et faire le job. C’est tout.

Comme c’est un album solo, les gens s’attendent à des guitares effervescentes, ce que l’on peut effectivement entendre partout dans ces chansons, mais d’un autre côté, c’est vraiment prévu pour être des chansons, pas des démonstrations de guitare. Du coup, comment parviens-tu à trouver l’équilibre ? Est-ce quelque chose dont tu te soucies ?

J’y pense constamment, pour être honnête. Tout d’abord, je pense à faire une super chanson. J’essaie toujours de composer une super chanson. C’est pareil lorsque je reçois les lignes de chant de Dennis ou quiconque avec qui j’écris. Les lignes de chant doivent tout de suite me rester en tête. Il faut qu’elles soient accrocheuses. Et ensuite, bien sûr, la seconde partie est que la chanson doit avoir des guitares qui tuent. Ce sont donc les deux choses que j’ai toujours en tête : une très bonne chanson et de bonnes parties de guitare. Je pense comme ça parce que c’est ce que je voudrais… Je me demande toujours : « Qu’est-ce que tu aimerais entendre dans une chanson ? » Je sais que je veux entendre un super riff, un super solo, mais aussi je veux entendre une super chanson. Et pour ce qui est de l’équilibre, je ne sais pas, je suppose qu’on le sait quand c’est prêt. J’essaie différents solos, différentes idées, c’est un sentiment que tu as quand tu sais que quelque chose n’est pas prêt ou si tu as besoin de continuer à travailler dessus. C’est dur à expliquer. Je veux dire qu’il y a eu des fois – y compris sur cet album – où j’ai enregistré les solos en studio, et puis plus tard, quelques mois après, je les ai réentendus et je n’étais pas satisfait, donc je les ai refaits dans mon propre studio personnel. Je me suis posé seul et j’ai enregistré pendant des heures et des heures. Parfois il faut vraiment se pousser pour atteindre son objectif.

« J’étais plus déçu que nous n’ayons pas plus joué [avec Ozzy Osbourne] que le fait qu’on m’ait viré du groupe ; ça, ça devait arriver à un moment ou un autre. »

Les fans t’ont demandé de faire davantage de morceaux instrumentaux. Est-ce vraiment la raison pour laquelle tu en as deux sur cet album ? As-tu spécifiquement répondu à leur demande ?

Exactement ! En fait, j’en ai trois parce que l’édition digipack en a une de plus. Mais ouais, j’ai été motivé par les gens qui me disaient que je devrais faire plus d’instrumentales. Et il se trouve que j’avais d’autres idées de ce genre et j’ai pensé : « Je suppose qu’ils veulent m’entendre jouer de la guitare, parce que c’est ça le but… » [Rires] Donc c’est ce que j’ai fait. En fait, c’est très dur pour moi de faire un morceau instrumental, ça ne me vient pas aussi facilement. J’ai tellement l’habitude de composer des chansons avec du chant en tête que pour les instrumentales, je dois prendre une approche différente. Lorsqu’il n’y a pas de chant, la guitare doit avoir un autre rôle. Elle doit prendre le rôle de la voix. Il faut dire d’autres choses à la guitare. Ce n’est pas juste une question d’avoir des leads ici et là et s’assurer qu’il y a une super solo. Il faut avoir une mélodie clé, différentes parties, et tu peux expérimenter avec différents overdubs et toute sorte de choses. C’est intéressant pour moi. Ça m’a de plus en plus intéressé ces dernières années, donc j’aimerais expérimenter davantage avec les morceaux expérimentaux à l’avenir, on verra.

Est-ce que tu te lances dans la composition en ayant en tête que ce sera soit une instrumentale, soit une chanson ?

Non, généralement tout commence avec une idée et je pense toujours qu’il y aura du chant. Parfois ça ne fonctionne pas avec du chant et je me dis « d’accord, peut-être que je devrais prendre ça par l’autre bout et en faire une instrumentale. » C’est généralement une décision que je prends un peu plus tard. Je ne décide pas tout de suite ce que ce sera lorsque j’écris une idée. Une idée initiale est juste une idée : tu la joues, tu l’enregistres et tu écoutes ce que ça donne. Tu ne sais pas ce que ce sera ou bien à quoi ça conviendra, donc je continue à écrire et je prends une décision plus tard.

Quels sont les ingrédients qui font un bon morceau instrumental ?

Pour moi, c’est une question d’accroche, encore une fois. C’est la même chose que dans une chanson avec de la voix, c’est important que ce soit là même dans une chanson de guitare ou instrumentale. Il faut qu’il y ait un thème clé qui retient ton attention et te reste en tête dès le début.

Est-ce que ça peut te gêner parfois, pour ainsi dire, quand on te voit plus comme un guitare hero qu’un compositeur de chansons à proprement dit ?

Non, ce n’est pas gênant. Je ne suis pas exactement un créateur de tubes [rires], si tu vois ce que je veux dire. Ce n’est pas comme si j’avais dominé le hitparade avec mes incroyables singles. Donc je ne fais qu’écrire mes propres chansons. Si quelqu’un apprécie, c’est cool. Si quelqu’un m’apprécie plus pour mon talent de guitariste, alors c’est aussi le bienvenu et accepté. Je n’ai pas ce genre de complexe.

Vous avez fait une reprise du classique de Dire Straits « Money For Nothing ». Comment en êtes-vous venus à ce choix et quelle a été votre approche ?

C’était simplement une des chansons que j’écoutais quand j’étais gamin et je l’aimais bien. J’ai toujours adoré le riff et je voulais en faire une version plus heavy. C’est aussi simple que ça. Donc mon approche était de jouer le riff sur les cordes plus basses et le faire sonner plus lourd. J’avais la vision de jouer la chanson sur les cordes graves et la jouer à mi-tempo pour obtenir ce groove lent. J’ai essayé, j’ai fait une démo, et nous nous sommes éclatés avec en studio.

Est-ce que Dire Straits a été d’une influence particulière pour toi ? Je veux dire, as-tu étudié leur style de composition et la façon bien particulière que Mark Knopfler a de jouer de la guitare ?

Ils ont des chansons extraordinaires, n’est pas ? Et « Money For Nothing » est l’une de leurs toutes meilleures. J’adore aussi la chanson « Brother In Arms », incroyable. J’étudie tout ce que j’entends constamment, tous les sons. Même si j’entends une chanson de pop à la radio, j’essaye toujours d’analyser ce que j’entends [rires]. Mais je pense que c’est ça les musiciens, ils écoutent les productions, comment sont les arrangements, etc. Mais je dois dire que je n’ai jamais vraiment étudié de près le jeu de Mark Knopfler. Enfin, il a des riffs et solos emblématiques, et ceux-là je les connais, évidemment, mais ce n’est pas une de mes influences majeures ; ce qui ne veut pas dire que je n’apprécie pas. J’adore son jeu mais je ne m’y suis pas plongé en profondeur. C’est juste que j’aimais cette chanson et j’en ai fait une reprise, ce n’est pas plus compliqué que ça. Rien de très profond.

Après huit ans, tu ne fais désormais plus partie du groupe d’Ozzy, Zakk Wylde étant de retour. T’y attendais-tu ?

Oui, je m’y attendais. Je pensais bien que ça allait arriver un jour. Ils sont comme une famille, ils ont une longue histoire ensemble. Zakk est allé et venu dans le groupe d’Ozzy plusieurs fois, donc je savais dès le début qu’il était possible qu’il revienne un jour, donc je ne l’ai pas pris pour acquis.

N’es-tu pas un peu déçu de ne pas avoir eu l’occasion de faire et vraiment contribuer à un second album avec Ozzy ?

Tu sais quoi ? J’étais plus déçu que nous n’ayons pas pu jouer davantage durant les dernières années, plus que le fait de ne plus être dans le groupe aujourd’hui. J’aurais aimé que nous ayons davantage travaillé à un moment donné, mais évidemment il était très occupé avec Black Sabbath et maintenant il fait une tournée d’adieu. Je ne sais pas s’il va faire un autre album ou ce que ça pourrait être. J’ai entendu à un moment donné qu’il composait avec d’autres gens, donc j’ai compris il y a quelques années que probablement ça n’ira pas plus loin avec moi dans le groupe. Donc comme je l’ai dit, je m’y attendais. Mais ouais, pour répondre à ta question, je pense que j’étais plus déçu que nous n’ayons pas plus joué que le fait qu’on m’ait viré du groupe ; ça, ça devait arriver à un moment ou un autre. C’est un artiste solo, alors il peut changer les membres de son groupe. Je n’étais qu’un musicien qu’on a embauché.

Quel bilan tires-tu de toute cette expérience, qu’as-tu appris ?

J’ai appris plein de choses ! J’ai évidemment pu faire ça à un très haut niveau, donc c’était une sacrée école pour moi. Même en étant qu’un musicien embauché par un grand artiste comme lui, tu apprends énormément de choses. J’ai vu comment son équipe fonctionnait. C’était une très belle expérience, très plaisante. Ca a fait de moi un meilleur professionnel, pour être honnête, et un meilleur musicien. Par exemple, il me disait toujours de laisser le concert sur scène. Généralement, les gens descendent de scène et ils sont là : « Oh, pourquoi est-ce que t’as fait telle et telle bourde ? t’as merdé ici… » Lui, il est là : « Laisse tomber ! C’est du rock n’ roll, ce genre de conneries arrive ! » C’était une bonne attitude qu’il avait.

Je sais que la chanson « One More Try » sur ton second album solo était à l’origine une chanson que tu avais écrite pour Ozzy. Y a-t-il des chansons sur Fearless que tu avais gardé pour un hypothétique second album avec Ozzy ?

Ouais, en fait la chanson « Don’t Tread On Me » est l’une des chansons que nous nous avons écrites sur la route Ozzy et moi, lorsque nous étions sur la tournée de Scream. Evidemment la ligne de chant était différente, il avait la sienne, mais c’était ça la musique et l’arrangement. Je savais qu’il voulait l’inclure sur le prochain album, s’il allait en faire un, mais évidemment ça n’a jamais abouti à rien. Lorsque j’ai reçu la nouvelle que nous n’allions plus jouer ensemble, je ne voulais pas jeter la chanson à la poubelle, je voulais la garder, et j’ai donc décidé de l’inclure sur cet album. Nous avons alors refait le chant. La musique est entièrement de moi et le chant et les paroles sont de Dennis. Nous n’avons rien utilisé de ce qu’avait fait Ozzy.

N’as-tu pas envisagé inviter Ozzy pour qu’il chante la chanson ?

Non, pas du tout. En fait, je n’ai pas pensé à lui demander quoi que ce soit, vraiment. Une fois que notre collaboration s’est arrêtée, c’était fini. Je n’ai plus de contact avec lui, je ne lui ai pas parlé depuis un moment.

Interview réalisée par téléphone le 12 avril 2018 par Nicolas Gricourt.
Transcription & traduction : Nicolas Gricourt.

Site officiel de Gus G : gusgofficial.com.

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