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Interview   

Hammerfall : le heavy donne des ailes


Oscar Dronjak est, en toute circonstance, ce qu’on peut appeler un authentique fan de heavy metal, qu’on le retrouve en cuir et chaînes sur scène ou en survêtement rouge du dimanche comme lors de cette interview… Sa rencontre avec le chanteur Joacim Cans a d’ailleurs été une révélation : il n’était pas seul à connaître et vénérer d’obscurs groupes de heavy allemand. On peut dire que c’est avec cette rencontre que l’histoire d’Hammerfall – dont le nom trouve sa source, étonnamment, dans un roman de Stephen King – a véritablement commencé et c’est grâce à ce tandem qu’elle perdure depuis maintenant un quart de siècle. Malgré les années, Oscar n’a pas perdu son âme de fan : en témoigne son émerveillement quand il parle d’avoir réussi à avoir sur sa musique aussi bien Cronos (Venom) que maintenant King Diamond.

Le heavy metal, plus qu’une musique, c’est aussi une force qui donne du courage pour suivre sa propre voire contre vents et marrées, y compris contre « les ‘true metalleux’ qui pensent tout mieux savoir que tout le monde » et pourquoi pas contre une pandémie… A vrai dire, si celle-ci a apporté son lot de problèmes – l’arrêt des tournées, l’incertitude, une forme d’abattement… – elle a aussi eu l’avantage de donner du temps, et le nouvel album d’Hammerfall, Hammer Of Dawn, en est le résultat.

« [Le heavy metal] m’a aidé à vivre ma vie en suivant mes propres règles, au lieu de me conformer à ce que les gens attendent de moi. Pour moi, l’essence du heavy metal est d’être soi-même. »

Radio Metal : Joacim a qualifié la réalisation de Hammer Of Down de « galère ». Je suis sûr que c’est lié à la pandémie, mais peux-tu nous en dire plus sur les difficultés auxquelles vous avez fait face ?

Oscar Dronjak (guitare) : Il y avait de bonnes et de mauvaises choses, je dois dire. Pour Joacim, c’était pire que pour tous les autres. Enfin, personnellement, j’ai essayé de voir le bon côté des choses quand c’était possible. C’était dur parce que nous n’avons fait aucun concert durant les deux dernières années, mais si on regarde le bon côté, nous avions beaucoup de temps pour finir l’album sans stress, ce qui était très sympa pour nous en studio. Nous avons commencé à enregistrer la batterie en mars et les guitares et la basse en avril et mai. Ensuite, nous avions jusqu’à septembre pour enregistrer le chant et faire le mix. Nous avions donc beaucoup de temps entre les deux, ce qui voulait dire que quand nous avons enregistré les guitares et la basse, nous n’étions pas du tout obligés de stresser. Ça a été très bénéfique, je pense, pour préserver l’énergie des prises. Nous enregistrions cinq jours d’affilée, rentrions à la maison pendant le weekend, ne pensions plus du tout aux enregistrements, revenions le lundi matin, l’esprit frais et dispos pour nous y remettre. C’était d’une grande aide, parce que comme un athlète, nous pouvions être au top de notre forme quand c’était nécessaire, au lieu d’essayer d’être au top douze heures par jour comme nous l’avons parfois fait par le passé. C’est donc très sympa, à cet égard. Nous avons aussi tout enregistré dans notre propre studio, donc nous n’avions pas à nous soucier de voir des gens débarquer le lundi pour enregistrer autre chose ou des gens faire des allées et venues, il n’y avait que nous. Evidemment, la situation était très différente pour Joacim. Il n’a su que très tard où il allait faire ses trucs et avec qui. Pour lui, c’était un grand changement par rapport à la normale, mais tous les autres ont fait cet album comme nous avons fait nos quatre derniers albums. Pour lui, le changement était plus important que pour tous les autres.

Tu as déclaré que la musique du single « Venerate Me » « a été composée durant la période la plus sombre et la moins inspirante de la pandémie ». Peux-tu nous en dire plus, en tant que compositeur, sur ces moments de manque d’inspiration que tu as vécus ? Comment es-tu parvenu à trouver l’inspiration et la motivation malgré tout ?

Oui, c’était dur. Quand la tournée mondiale de Dominion que nous étions en train faire a été écourtée… Nous en avions fait environ cinq ou six mois. Normalement, nous tournons pendant deux ans, donc c’était très court. Puis, bien sûr, quand la pandémie est arrivée, nous n’avions rien à faire, tout était annulé ou reporté. Comme je te disais, je suis du genre à essayer de trouver du positif dans toutes les situations, si je le peux, et pour moi, le positif était que d’accord, tous les concerts étaient annulés cet été-là, les festivals et tout, et ça craignait, c’était horrible, mais au moins, pour la première fois j’ai pu passer tout un été en Suède avec ma famille, sans interruption, sans avoir à aller quelque part le weekend prochain ou je ne sais quoi. C’était très sympa. J’ai beaucoup apprécié cet été-là, en fait. Puis l’automne est arrivé, en septembre, octobre, et autant c’était super durant l’été, autant c’était de moins en moins réjouissant à ce moment-là, car tout était… Je crois que durant l’été les perspectives étaient bonnes, et puis tout a fermé à nouveau. A ce moment-là, on ne voyait pas le bout du tunnel avec la pandémie. Je ne savais pas combien de temps ça allait durer. Je ne pouvais pas imaginer que ça aller durer encore un an et demi.

J’avais composé à peu près la moitié de l’album, de mon côté, avant l’arrivée de la pandémie. Donc j’avais déjà bien avancé ; je m’étais mis à composer très tôt, car j’étais d’humeur à écrire des chansons. Je compose les chansons sur la route, par exemple, quand nous sommes en tournée. C’est sympa, parce que je peux utiliser l’énergie et l’adrénaline que je reçois quand je suis sur scène et les canaliser dans la composition. Il y a aussi que quand on est sur la route, on a beaucoup de temps de libre sans rien à faire. Je me suis dit autant utiliser ce temps libre pour faire quelque chose de créatif si j’en ressentais le besoin. J’ai donc composé beaucoup de choses, mais il fallait quand même que je finisse tout fin 2020, qui est la période où « Venerate Me » a été écrite. Normalement, je vois la pulsion créative comme des vagues, ça monte et ensuite ça redescend pendant un temps. On ne peut pas maintenir sa créativité indéfiniment. Tout dépend, ça peut être une semaine, ça peut être deux semaines, peu importe, mais pendant cette période, c’était plus comme des pics à la suite desquels des semaines se passaient sans qu’il se passe rien. J’ai essayé. J’allais au studio et j’étais assis là [se lamentant] : « Il ne se passe rien, je ne suis inspiré par rien du tout », car je savais que nous allions commencer à enregistrer l’album, mais nous n’avions rien d’autre de prévu. C’était fin 2020 et à ce moment-là, je savais aussi qu’il restait probablement encore dix-huit mois avant que l’album sorte, donc je ne pouvais pas non plus me projeter avec ça.

Mais ensuite, c’était intéressant, parce que je suis allé au studio un jour. Je sentais que quelque chose bouillonnait, je me sentais assez bien ce jour-là. C’était un vendredi, je crois. Car j’avais mon studio à côté, il est à quinze mètres de ma maison, sur ma propriété, donc c’est très facile pour moi d’y aller. J’y suis donc allé et j’ai commencé à gratouiller un peu, j’étais là : « Ouais, c’est pas mal ! » Je suis reparti déjeuner, je suis revenu et j’ai fini la chanson en deux ou trois heures. C’est inhabituel pour moi. C’était l’un des bons jours durant cette période sombre. Et je sais que c’était pareil pour Joacim. Nous en avons beaucoup parlé à cette période. C’était très difficile pour lui de trouver l’énergie, genre : « Ouais, putain, allez, on y va ! » Il n’y avait rien de tout ça parce que nous n’avions aucune perspective sur l’avenir et nous n’avions rien pour nous pousser dans cette direction, car à nouveau, il n’y avait que des concerts annulés ou reportés. C’était une période assez sombre, mais elle a aussi produit des moments vraiment lumineux, je pense.

« King Diamond est le genre d’artiste dont soit on se fiche parce qu’on ne supporte pas sa voix, soit on est absolument amoureux pour tout ce qu’il fait, et nous sommes dans ce second cas. Pendant des années, nous nous demandions : ‘Comment quelqu’un pourrait-il ne pas aimer King Diamond ?' »

Plus généralement, quels sont les moments où l’inspiration te vient le plus facilement. Y a-t-il des conditions qui favorisent ta créativité ? Tu as mentionné écrire en tournée : c’est ça les conditions parfaites ?

C’est ce qui s’est avéré ! Je ne m’attendais pas à ce que ce soit le cas, en fait. Pendant longtemps, je disais qu’il me fallait des conditions particulières pour écrire de la musique et qu’il fallait que je sois chez moi au calme et que je n’aie pas à me soucier de me rendre ailleurs. C’est ainsi que j’ai fonctionné pendant des décennies. Durant la composition de Built To Last, il y a deux albums de ça, j’ai réalisé que je n’avais plus le temps de finir toutes les chansons de cette manière. C’était très stressant avant que ne débute l’enregistrement de Built To Last ; j’étais hyper stressé à l’époque. Après ça, j’ai décidé que ça n’allait plus arriver, que j’allais essayer de composer des chansons en continu, au lieu d’attendre la bonne période entre les albums. J’ai commencé à écrire les chansons sur la route déjà à l’époque, vers 2017. J’ai continué comme ça. Voilà où j’en suis maintenant. Il y a cinq ou six ans, j’aurais préféré être à la maison, tranquille à m’occuper de nos affaires. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Je ne sais pas si c’est parce que ça fait longtemps que nous faisons ça, car cette année, ça fait vingt-cinq ans que notre premier album est sorti, ce qui est assez incroyable – un putain de quart de siècle ! Il se peut que ce soit le résultat de cette longévité, mais aussi c’est peut-être juste que cette manière de travailler me convient mieux.

L’expression « battre le fer tant qu’il est chaud » est une très bonne manière de l’expliquer. Disons que je suis en vacances avec ma famille, par exemple, j’emmène quand même ma petite guitare, car j’ai une guitare qui rentre dans ma valise, ce qui est parfait, je peux l’amener partout où je vais. J’ai du matériel qui fait que je peux me réveiller le matin ou peut-être avoir une envie créative dans l’après-midi ou peu importe, je peux m’y mettre quand je veux, au lieu d’attendre, genre : « Je me sens créatif maintenant, mais je dois attendre de rentrer à la maison vendredi » et alors, arrivé vendredi, c’est généralement différent, l’inspiration créative se sera probablement évanouie. Donc j’essaye de l’utiliser autant que possible quand elle arrive, au lieu d’attendre que ce soit le bon moment pour me poser et composer. Donc les conditions parfaites maintenant c’est, je suppose, sur la route ou, en tout cas, quand je fais quelque chose, pas chez moi. Enfin, je peux et j’ai écrit des trucs chez moi. Quand j’ai terminé les chansons d’Hammer Of Dawn, il me restait quelques mois avant de commencer l’enregistrement et je me sentais assez bien. Je suis allé au studio et j’ai écrit des trucs, donc j’ai continué sur ma lancée pendant un moment. Maintenant, depuis que l’enregistrement de l’album est terminé, je n’ai pas fait grand-chose, j’ai très peu composé. Il est d’ailleurs temps que je recommence à écrire, ou au moins à essayer, car j’ai l’impression que nous allons encore avoir beaucoup de temps libre où il ne se passe pas grand-chose et je veux essayer de l’utiliser, si c’est possible.

C’est clairement un album de heavy metal exaltant. Joacim lui-même parlait d’un album « énergique et positif ». Penses-tu que le heavy metal a eu – et a peut-être toujours – un rôle à jouer en ces temps de distanciation sociale et de confinement pour les gens, peut-être en tant qu’échappatoire ou avec les messages positifs que vous véhiculez ? Avez-vous ressenti une responsabilité à cet égard avec Hammer Of Dawn ?

C’est une bonne question. Je n’y avais jamais réfléchi en ces termes, mais je suppose que tout le monde a besoin de quelque chose pour être heureux. Je sais que je suis heureux quand les groupes que j’aime sortent de nouveaux trucs. J’imagine que ça comble un certain vide chez les gens. Nous n’avions rien sorti depuis près de trois ans, donc si vous êtes fan d’Hammerfall, vous aviez quelque chose à attendre avec impatience et je suppose que ça peut aider. Comme je l’ai dit, une grande partie de l’album a été écrite à un moment où, au cours des deux dernières années, nous avions pris beaucoup d’élan. Nous sommes revenus en 2019 de la tournée nord-américaine que nous avons faite avec Sabaton, et c’était vraiment bien. Puis nous avons fait notre propre tournée en tête d’affiche en Europe début 2020, en janvier et février, et ça aussi c’était très bien. Nous avions donc un élan et une énergie, et je pense que cette énergie est très présente dans la composition. Comme je disais quand nous parlions de l’enregistrement, l’énergie de la prestation était assez facile à obtenir, car nous n’avions pas à nous soucier de l’horloge et il n’y avait rien pour nous stresser.

Dans quelle mesure le heavy metal t’a toi-même aidé à traverser les moments difficiles de ta vie ?

C’est une bonne question aussi. Je suis fan de heavy metal depuis que j’ai dix, onze ou douze ans, suivant où on fixe la limite, pour ainsi dire. A bien des égards, ça m’a aidé à ne pas avoir peur de faire des choses qui me rendent heureux et de les faire comme je pense qu’elles doivent être faites. Ça m’a aidé à vivre ma vie en suivant mes propres règles, au lieu de me conformer à ce que les gens attendent de moi. Pour moi, l’essence du heavy metal est d’être soi-même, et nous chantons beaucoup à ce sujet dans les chansons d’Hammerfall. C’est vraiment ce que le heavy metal m’a enseigné.

« Ce qui a été important depuis le premier jour où nous avons commencé à composer pour le premier album, c’est que les chansons comptent et que chaque partie de chaque chanson compte, car au final, peu importe le temps que ça durera, la musique est tout ce qui restera. »

Le chant sur Hammer Of Dawn a été produit par Jacob Hansen. Comment se fait-il que Joacim n’ait pas poursuivi sa collaboration avec James Michael qui a été très fructueuse sur les quatre derniers albums ?

Nous voulions y aller. Nous n’avions simplement pas le droit d’entrer aux Etats-Unis à ce moment-là, or James Michael vit à Los Angeles et c’est toujours là que nous enregistrons. C’était problématique. Nous savions que nous allions enregistrer les instruments ici, mais Joacim ne savait pas où il allait devoir enregistrer ses parties, s’il pourrait se rendre aux Etats-Unis, car ils étaient un petit peu indécis au début de l’été. Je sais que Joacim aime vraiment que tout soit planifié, qu’il n’y ait aucune surprise, « je sais où je serai dans six mois, il va se passer ceci. » Je sais que c’était très dur pour lui, mentalement, de ne pas savoir s’il allait pouvoir y aller ou pas. Quand nous avons réalisé que nous n’allions pas pouvoir enregistrer avec James, il a fallu que nous trouvions quelqu’un capable de nous donner le même résultat, aussi bon que si nous étions allés au Red Level Three, qui est le studio de James.

Nous avions déjà rencontré Jacob avant, très brièvement, quand il était en train d’enregistrer le chant pour l’album de Cyhra à New York. Il se trouvait que nous étions en tournée en Amérique du Nord à ce moment-là, et Jesper [Strömblad] et Jake E de Cyhra étaient à New York en train d’enregistrer avec Jacob. Nous sommes allés à leur studio ou leur appartement, je crois, qu’ils avaient loué, bref, là où ils enregistraient, et j’ai dit bonjour, c’est tout. C’est le seul contact personnel que nous avions eu avec Jacob, mais bien sûr, nous connaissions son CV – il est très long et il a fait des choses extraordinaires. Ce n’était pas du tout la question. Quand on enregistre avec quelqu’un, une chose qui est déjà importante quand on est guitariste, mais encore plus quand on est chanteur : il faut échanger et faire confiance au gars avec qui on travaille. Il faut l’apprécier, ou peut-être pas l’apprécier, mais au moins aimer l’idée qu’il propose et savoir qu’on va dans la bonne direction. Comme je l’ai dit, c’est très important pour le chanteur, parce qu’il utilise tout son corps. Personnellement, je joue juste avec mes doigts ; d’accord, un peu avec mon cerveau aussi, mais le chanteur doit être vraiment en phase avec tout.

Ceci, bien sûr, était à cent pour cent la décision de Joacim. Je l’ai laissé décider parce qu’il sait ce qu’il veut et ce qu’il est prêt à essayer. Evidemment, nous savions que Jacob était très expérimenté, mais nous ne savions pas quel genre de personne c’était. Il s’est avéré être très facile à vivre, très sympa, et c’est un producteur fantastique. Au final, les choses ont été exactement comme nous voulions. Le résultat est très bon, mais c’était plus dur d’y arriver, surtout pour Joacim, rien que pour en arriver au stade où il s’est dit : « Je suis content de ce qu’on est en train de faire. Je trouve que tout sonne super bien maintenant. » C’était la galère, mais au final, il y est arrivé et je trouve que le résultat parle de lui-même.

En parlant de chant, on retrouve celui haut perché caractéristique de King Diamond sur « Venerate Me ». Qu’est-ce qu’il représente pour toi et comment avez-vous songé à le faire intervenir sur ce morceau en particulier ?

King Diamond est un artiste que Joacim et moi avons écouté et dont nous avons été fans depuis notre enfance ou, en tout cas, notre adolescence. C’est le genre d’artiste dont soit on se fiche parce qu’on ne supporte pas sa voix, soit on est absolument amoureux pour tout ce qu’il fait, et nous sommes dans ce second cas. Pendant des années, nous nous demandions : « Comment quelqu’un pourrait-il ne pas aimer King Diamond ? » Encore aujourd’hui, ça reste difficile à croire, on ne peut pas ne pas aimer King Diamond, mais à mon avis il ne sera jamais le plus grand vendeur de tous les temps [petits rires]. D’un point de vue de fan, c’est énorme pour nous d’avoir King Diamond qui participe à l’album. Il faut que je précise que c’est un caméo, bien sûr, pas un duo, il ne chante pas des paroles, mais pour nous, en tant que fans, c’est toute l’idée, c’est ce que nous voulions. Nous voulions pouvoir dire que nous avions King Diamond sur un album d’Hammerfall, c’est tout ; c’était le meilleur truc que nous pouvions imaginer.

« Nous avons toujours créé notre propre monde fantastique basé sur l’époque médiévale plus qu’autre chose. Ce n’est pas parce que nous venons de Scandinavie et avons un marteau que nous chantons forcément à propos de Thor et d’Odin. »

La façon dont c’est arrivé, en fait, c’est que j’avais écrit la chanson « Venerate Me » et je me disais que cette partie, où maintenant il chante, ressemblait à ce qu’aurait fait Mercyful Fate ou King Diamond s’ils avaient écrit cette chanson. Je n’y ai pas pensé plus après ça. Puis, quand nous avons enregistré les guitares six mois plus tard, j’ai mentionné ça à Pontus, plus en plaisantant qu’autre chose : « Ce ne serait pas génial si King Diamond chantait ça ? » en pensant évidemment que ça n’allait jamais arriver. Pontus a dit : « Si je lui demande, je suis sûr qu’il le ferait. » J’étais là : « Tu te fous de moi ?! Tu es en train de dire qu’il y a une chance ? » Evidemment, nous savions déjà que Pontus est l’ingénieur du son des concerts de King Diamond – et ce depuis plusieurs années –, donc ils se connaissent assez bien. Quand il lui a demandé, il a dit : « Pas de souci, je serais heureux de le faire. » Je n’arrivais pas à en croire mes oreilles, pour être honnête ! Je trouvais ça dingue ! Mais tu sais comment ça se passe dans l’industrie musicale, les gens disent oui et après il ne se passe rien. C’est assez commun, je pense, de se mettre d’accord sur quelque chose, mais ça ne se fait pas comme par magie juste parce que quelqu’un a dit oui. Comme je ne voulais pas être déçu, mes espoirs que ça se concrétise étaient très faibles, mais nous avons reçu les fichiers de la part de King.

Il a chanté ce que nous voulions qu’il chante et il a influé sur le positionnement de la voix dans mix et sur le genre d’effets que nous avions, car pour lui, c’était très important que… Car la voix, c’est sa marque de fabrique, tout le monde connaît la voix de King Diamond. Il fallait qu’il valide la façon dont la voix sonnait. Nous ne pouvions pas faire n’importe quoi avec. Bien sûr, ce n’était pas non plus notre intention. Donc il a participé à ça, c’est-à-dire à faire les niveaux dans le mix avec le reste des pistes que nous avions et une fois qu’il était satisfait, nous étions satisfaits. C’est tout. C’était la dernière chose que nous avons faite pour le mix de l’album. Je crois que tout le reste avait été fait avant, la seule chose que nous attendions était ses pistes de chant, nous les avons reçues, nous les avons mises dans le mix, King Diamond a validé et nous avons répondu à ses attentes, nous avons généré les morceaux et c’est tout. C’était la fin du mix. Ça s’est fait vraiment à la dernière minute, mais nous avions travaillé dessus pendant deux ou trois jours, donc nous savions que ça arrivait.

C’est vraiment génial. Nous avons eu Cronos de Venom qui avait fait quelque chose en 2005 pour l’album Chapter V: Unbent, Unbowed, Unbroken, et c’était déjà un jalon pour nous en tant que fans. Et maintenant, nous avons King Diamond, qui marque un jalon encore plus important pour moi en tant que fan. Si tu avais demandé au Oscar adolescent : « Sais-tu que tu vas avoir Cronos et King Diamond sur des albums ? » et non seulement ça, mais en plus à douze ans d’intervalle – ce qui veut dire que j’allais sortir des albums pendant au moins douze ans, sachant que nous en sommes maintenant même à vingt-cinq ans –, je ne t’aurais jamais cru. Je suis surexcité par ça.

Sur ce morceau, Joacim parle du fait qu’« on meurt deux fois. D’abord lors de notre dernier souffle et ensuite quand quelqu’un prononce notre nom pour la dernière fois. Prononcez mon nom et je ne mourrai jamais. » Hammerfall est-il votre manière d’essayer d’obtenir l’immortalité ?

[Rires] C’est probablement la meilleure chance que j’aurais de l’obtenir. Je veux dire que je ne suis pas plus connu pour autre chose, donc je suppose que oui. Je n’y avais jamais réfléchi en ces termes. Ce à quoi j’ai réfléchi et qui a été important depuis le premier jour où nous avons commencé à composer pour le premier album, c’est que les chansons comptent et que chaque partie de chaque chanson compte, car au final, peu importe le temps que ça durera, la musique est tout ce qui restera. Nous nous sommes donc toujours concentrés à cent pour cent sur la musique, afin de nous assurer qu’aucune chanson n’était du genre : « Bah, on s’en fiche. On la sort. » ou qu’il n’y avait pas de parties inutiles dans des morceaux. Nous faisons beaucoup d’efforts pour que les chansons se démarquent et soient aussi bonnes que possible, car je savais depuis le début, comme tu l’as dit, que ceci serait notre immortalité, d’une certaine façon. Enfin, évidemment, au début, je ne regardais pas aussi loin parce que nous ne pensions pas que le groupe marcherait, mais l’engagement envers les chansons était la même. Peut-être que le raisonnement derrière est venu un peu plus tard, mais la composition, ça a toujours été : « On doit rendre ces chansons aussi bonnes que possible. »

« Si Michael Kiske et Weikath peuvent se réconcilier et mettre de côté leurs différends et les mots durs qu’ils ont eus l’un pour l’autre au début et tout au long des années 90, c’est que tout est possible. Et ce sont absolument des modèles pour ça. »

L’album s‘intitule Hammer Of Dawn. Evidemment, le marteau fait partie du nom du groupe et de nombreuses chansons dans votre discographie, et votre mascotte Hector tient toujours un marteau dans sa main. Quel genre de symbole est-ce que le marteau représente pour toi ?

Je ne sais pas vraiment ! Je ne suis pas la personne la plus profonde et réfléchie qui soit, pour être honnête [rires]. Généralement, je ne pense pas à ce genre de chose. J’essaye juste de profiter de la vie, et de m’assurer que les choses se passent comme elles le devraient et que tout va bien. Donc je ne sais pas si ça symbolise quoi que ce soit pour moi. Enfin, Hector a toujours été le sixième membre d’Hammerfall, car il a toujours été là, sur chaque pochette d’album. Je me rends compte qu’avec Joacim et moi, c’est le seul à avoir été là depuis le premier jour ! Aucun des autres gars dans le groupe n’a été sur tous les albums, mais Hector si, ce qui est assez intéressant [petits rires]. Mais le marteau ne symbolise rien pour moi. C’est plus l’arme privilégiée d’Hector, j’imagine.

Te souviens-tu du moment où tu as choisi Hammerfall comme nom ?

Oui. Pas le moment exact, mais je me souviens de l’époque, car surtout quand on est un nouveau groupe, on nous demande toujours : « D’où vient ce nom ? » Enfin, même après quinze ans de carrière, on nous posait encore la question parfois. Maintenant, ça fait un petit moment et c’est plutôt sympa, parce que fut un temps où j’en avais marre qu’on me le demande alors qu’il suffisait de chercher sur Google. Donc je m’en souviens très bien. J’étais dans un groupe qui s’appelle Ceremonial Oath. Nous avions enregistré un album. Nous ne l’avions pas encore sorti ; il est sorti quelques mois plus tard. Avant ça, c’était en avril 1993, je crois, on m’avait demandé de quitter le groupe ; disons que je suis parti involontairement [petits rires]. Je n’avais rien d’autre à faire. Je ne savais plus quoi faire musicalement parce que ce groupe avait été ma vie pendant plusieurs années, mais j’ai réalisé – je pense que c’était un sentiment sous-jacent – que je voulais rejouer du heavy metal – car Ceremonial Oath était un groupe de death metal. J’ai joué du death metal pendant environ sept ans et tout au long de cette expérience, mes principales sources d’influence étaient encore Judas Priest, Accept et tous ces groupes de heavy metal, mais j’ai aussi rajouté Morbid Angel, Decide, Possessed et ainsi de suite à ma palette. Je n’ai donc jamais arrêté d’écouter du heavy metal et j’ai réalisé que c’était probablement le genre de musique que je voulais vraiment faire. J’ai donc décidé de former un groupe de heavy metal. Le but n’était pas juste de former un autre groupe et de voir ce qu’il en adviendrait. Ça allait être un groupe de heavy metal qui s’habillerait et sonnerait comme dans les années 80, c’est-à-dire ce que j’écoutais et j’aimais le plus.

J’ai essayé de trouver un nom. Dans le temps, tous les noms de tous les groupes étaient très compliqués. Ils étaient étranges, peut-être parfois constitués de mots difficiles. On pouvait généralement savoir, rien qu’au nom du groupe, dans quel genre ils officiaient, et c’est ce que je voulais avec Hammerfall : je voulais un nom qui se démarquait, dont le logo était très lisible, et qu’une fois qu’on entendait le nom, on comprenait que ce n’était pas du death metal, du doom metal ou autre, que c’était du heavy metal. Il y a plusieurs choses qui m’ont inspiré le nom. L’une d’entre elles, c’est le groupe Warlord, ils ont un album qui s’appelle And The Cannons Of Destruction Have Begun et sur lequel on retrouve une chanson – je crois que c’est « Lucifer’s Hammer – où ils chantent : « The Hammer will fall on you. » De même, je n’ai pas le pu le vérifier pendant longtemps, mais j’avais dans un coin de ma tête… Car on ne peut pas trouver le mot « hammerfall » dans un dictionnaire. Ça aussi c’était très important. Je voulais un nom que personne d’autre n’avait. Je lisais Stephen King à l’époque – enfin, j’ai lu Stephen King presque toute ma vie. C’est mon écrivain préféré. Il a un roman qui s’appelle Les Tommyknockers. Je l’ai relu sur mon Kindle – car je me suis acheté un Kindle il y a deux ou trois ans. On peut chercher des mots sur le Kindle, quand c’est beaucoup plus difficile avec un livre de poche ou un livre normal, car il faut tout relire. J’ai cherché le mot « hammerfall » et boum, le voilà, je l’ai trouvé ! Je me doutais que c’était de là que j’avais tiré le nom, mais jusqu’à présent je n’avais pas pu le vérifier. Donc j’ai dit plusieurs choses au fil des années, mais je suis maintenant à cent pour cent sûr que c’est de là que vient le nom. Ça a pu aussi être influencé par la chanson de Warlord, mais c’est à cent pour cent du roman de Stephen King Les Tommyknockers que vient le mot Hammerfall.

Evidemment, le marteau peut être vu par les gens comme une référence à Thor, le fils d’Odin, et il se trouve que vous avez une chanson dans l’album qui s’appelle « No Son Of Odin ». En tant que Suédois, dans quelle mesure la mythologie nordique a fait partie de votre éducation ?

C’est de la mythologie, n’est-ce pas ? Ce n’est pas quelque chose auquel les gens – ou alors très peu – croient. On apprend ça à l’époque, comme on apprend à propos des dieux romains ou grecs, comme Athéna, Zeus et tout. Quand on vient de la partie nord de l’Europe ou de Scandinavie, ça joue absolument un rôle. La Norvège, la Suède, le Danemark et la Finlande ont beaucoup plus en commun les uns avec les autres qu’avec plein d’autres pays dans le monde. On peut voir qu’on a le même héritage, ou en tout cas un héritage similaire. Donc c’est clair que ça joue un rôle, mais c’est pour cette raison que la chanson s’appelle « No Son Of Odin », car comme tu l’as dit, les gens voient un groupe suédois, voient un marteau – et bien sûr Hammerfall, le nom du groupe – et ils se disent tout de suite : « Oh, ça doit être un truc lié à la mythologie nordique. » Alors que ça n’a jamais été le cas. Nous avons toujours créé notre propre monde fantastique, pour ainsi dire, basé sur l’époque médiévale plus qu’autre chose – les chevaliers et tout. La chanson s’appelle donc « No Son Of Odin » pour dire ça. C’est une réponse ça : ce n’est pas parce que nous venons de Scandinavie et avons un marteau que nous chantons forcément à propos de Thor et d’Odin.

« Les ‘true metalleux’ qui pensent tout mieux savoir que tout le monde ont décidé que [nous n’étions plus cool] parce qu’avec Renegade nous avions touché un nouveau public, un public d’adolescents qui peut-être ne connaissaient pas le metal, mais qui en ont eu un aperçu avec nous et ont accroché. »

Vous avez une chanson intitulée « Brotherhood ». C’est évidemment un hymne pour vos fidèles fans, mais ça peut aussi renvoyer à ta profonde amitié avec Joacim, tous les deux étant les leaders du groupe. Comment définirais-tu et décrirais-tu cette amitié, ce lien entre vous deux ?

La première fois que je l’ai rencontré était en avril 1996. C’est la première fois qu’il est entré dans la salle de répétition pour répéter avec nous dans l’optique d’un concert. A l’origine, il était censé chanter sur un seul concert parce que nous avions un autre chanteur, Mikael Stanne de Dark Tranquillity, mais il n’était pas disponible pour ce concert, or il fallait que nous le fassions. Nous avons essayé de trouver un remplaçant juste pour ce concert. Nous avions tous déjà vu Joacim avant, il avait un groupe qui s’appelait Highlander avant, mais il nous a été suggéré par un ami commun qui a dit : « Essayez-le, c’est un très bon chanteur. » Nous l’avons appelé et il est entré dans la salle de répétition au moment où j’étais en train de jouer un morceau de Stormwitch sur ma guitare – Stormwitch est un groupe de heavy metal allemand des années 80. Je pouvais compter sur les doigts d’une main les gens qui connaissaient Stormwitch, et je ne parle même pas de ceux qui aimaient. Je n’avais aucun ami qui aimait vraiment ce type de musique à cette époque. Pendant que j’attendais son arrivée, je jouais à bas volume, en gratouillant sur une chanson qui s’appelle « Dorian Gray ». Joacim est entré dans la pièce, je me suis retourné et la première chose qu’il a dite était : « Stormwitch, ‘Dorian Gray’. » J’étais bouche bée [rires]. Je n’arrivais pas à croire que quelqu’un connaissait Stormwich et en plus aimait le groupe ! Ça a été une grande révélation pour moi. Après avoir répété, nous avons commencé à discuter de nos backgrounds musicaux, des groupes que nous aimions et des genres musicaux que nous préférions. Nous avons découvert que nous avions énormément en commun. Evidemment, nous avions des divergences, mais nos backgrounds étaient très similaires concernant ce que nous aimions et nous avions aussi une vision très similaire de ce qu’un groupe comme Hammerfall devait être et de la direction dans laquelle on devait l’emmener. Ensuite, nous avons commencé à écrire des chansons ensemble et là aussi, ça s’est fantastiquement bien passé. Nous avions tout de suite une superbe alchimie.

Au début, nous n’avions aucune aspiration à emmener ça très loin. Nous voulions juste voir ce que nous pouvions faire. Si nous pouvions sortir un album, c’était fantastique. Et si nous pouvions jouer un petit peu en dehors de Suède – nous ne l’avions jamais fait – c’était aussi génial. Puis, bien sûr, ça a commencé à faire boule de neige quand Glory To The Brave est sorti. Mais dès l’instant où nous avons commencé à écrire des chansons ensemble, je pense qu’il avait foi en ce que je faisais. Ça s’est développé au fil des années, bien sûr, mais quand j’avais fini une chanson, il me faisait confiance pour savoir que c’était une bonne chanson. De même, je lui faisais confiance. Je lui passais la chanson et il écrivait les paroles et rajoutait les mélodies de chant, et j’avais foi dans le fait qu’il trouverait ce qui irait le mieux avec – et c’était le cas. Nous avions une confiance et un respect mutuels pour ce que l’un et l’autre apportait. Ça a fait de nous le groupe que nous sommes aujourd’hui, à bien des égards. Je crois que nous ne nous sommes jamais vraiment disputés, genre en se criant dessus et en étant vraiment en colère. Bien sûr, en un quart de siècle, on ne peut pas travailler de façon rapprochée avec quelqu’un sans avoir des désaccords, mais il y a toujours eu ce respect mutuel sous-jacent, nous savons que l’autre sait de quoi il parle.

Nous avons fait une pause en 2012 et je suis revenu avec l’album (r)Evolution. A partir de là, surtout ces dernières années, la relation de travail que j’ai avec Joacim n’a jamais été meilleure. Surtout sur les deux derniers albums, nous avons beaucoup plus échangé sur les chansons, avec les mélodies, les idées, etc. que par le passé. J’aime beaucoup faire ça. Je trouve que c’est une formidable façon de travailler, parce qu’il a de supes idées et de très bons commentaires. Parfois, on a juste besoin d’entendre : « Oui. C’est une très bonne chanson. » Et parfois, on a besoin qu’on nous dise : « Oui, ça pourrait être pas mal, mais si tu faisais comme ça, comment ça sonnerait ? » C’est quelque chose que nous avons beaucoup amélioré ces deux ou trois dernières années. C’est très agréable. C’est tellement plus facile de travailler ainsi.

Quelle serait la chose la plus extrême que tu ferais – ou a faite ! – pour Joacim par amitié, et que tu ne ferais pour personne d’autre ?

C’est une bonne question aussi. Je ne sais pas ce que j’ai fait pour lui [rires]. Tu pourrais lui poser la question. Nous avons une amitié qui fait que s’il a vraiment besoin que je fasse quelque chose, je le ferai. Si je réalise que c’est vraiment sérieux, que c’est vraiment ce dont il a envie, nous le faisons, et rien n’y fera obstacle, pour ainsi dire. En ce sens, c’est une amitié profonde, mais je ne pense pas que nous ayons… C’est intéressant, tu me poses plein de questions aujourd’hui auxquelles je n’ai pas vraiment réfléchi [rires]. Je veux dire que nous avons passé plein de bons moments ensemble, mais je ne pense pas que nous ayons fait des trucs profonds l’un pour l’autre. Je suis sûr que c’est arrivé, mais je suis nul quand il s’agit de me souvenir sur le vif. Il est probable qu’après avoir raccroché ou dans deux ou trois jours, je me souviendrai de plein de choses, mais pour l’instant il n’y a rien qui me vient.

« Ça n’a jamais été cool, populaire ou perçu comme crédible d’être fan d’Hammerfall. […] Des gens pensent encore que c’est un style de musique qui ne doit pas être pris autant au sérieux que d’autres styles de musique, et ça m’énerve au plus haut point. »

Vous allez tourner avec Helloween au printemps. On dirait qu’ils sont à un nouveau sommet de leur carrière après avoir ravivé leur amitié. En parlant de fraternité, justement, penses-tu que ce groupe soit un exemple à cet égard ?

Oui, absolument. Si Michael Kiske et Weikath peuvent se réconcilier et mettre de côté leurs différends et les mots durs qu’ils ont eus l’un pour l’autre au début et tout au long des années 90, c’est que tout est possible. Et ce sont absolument des modèles pour ça. Je pense que c’est lié à l’âge. On gagne en maturité. Quand on est plus jeune, on prend les choses très au sérieux ; tout est très sérieux. Puis on se calme un instant, on prend une respiration, et on réalise qu’on peut gérer les choses autrement. Ils ont connu le sommet de leur carrière ensemble avant de se séparer. Je pense qu’ils se sont tous demandé ce qui se passerait s’ils se remettaient ensemble, s’ils pouvaient retrouver cette magie, repartir en tournée, revivre ces choses et les améliorer. C’est assez évident qu’ils ont réussi tout ça. C’est donc clairement un modèle pour ça.

Tu as déclaré une fois que « ce n’était pas très cool d’écouter Hammerfall avant Renegade. Avec cet album [vous] av[ez] obtenu un tout nouveau respect. » A ton avis, qu’est-ce qui a changé avec cet album ?

En fait, ce n’était pas cool d’écouter Hammerfall après Renegade non plus. Renegade a divisé les fans de la première heure ou ce qu’on peut appeler les « true metalleux » qui pensent tout mieux savoir que tout le monde, et qui ont décidé que [nous n’étions plus cool] parce qu’avec Renegade nous avions touché un nouveau public, un public d’adolescents qui peut-être ne connaissaient pas le metal, mais qui en ont eu un aperçu avec nous et ont accroché. Donc à l’époque, il y avait toute une nouvelle génération de gens partout dans le monde, et surtout en Suède, qui ont découvert le metal. Je ne pourrais pas te dire le nombre de fois où j’ai entendu des gens me dire : « J’ai découvert le heavy metal grâce à vous et maintenant j’écoute ci et ça. J’ai découvert tellement de groupes parce que je me suis mis au heavy metal via Hammerfall. » C’est l’un des plus grands compliments que j’ai pu entendre. J’ai toujours dit, depuis le premier jour, que même s’ils n’aiment pas les guitares heavy ou peu importe les idées préconçues qu’ils peuvent avoir, si les gens donnent une chance au heavy metal, je vous garantis qu’ils commenceront à l’aimer, car le heavy metal a une intégrité. S’ils l’écoutent les oreilles ouvertes, plutôt que fermées, plein de gens deviendront fans de heavy metal. Je ne savais pas comment ça allait arriver ou si ça allait arriver, mais c’est ce qui s’est passé avec Renegade. Pour une raison ou une autre, les « trues » ont commencé à détester Hammerfall, et c’est encore le cas aujourd’hui. Ça n’a jamais été cool, populaire ou perçu comme crédible d’être fan d’Hammerfall. C’est mieux maintenant qu’il y a quelques années, bien sûr, mais je vois encore souvent ça. Je ne sais pas quelle en est la raison, mais des gens pensent encore que c’est un style de musique qui ne doit pas être pris autant au sérieux que d’autres styles de musique, et ça m’énerve au plus haut point.

Il y a dix ans, vous avez sorti un album qui s’appelait Infected, qui commençait même avec une chanson intitulée « Patient Zero » – un terme qu’on a beaucoup entendu ces deux dernières années : était-ce prémonitoire ?

[Rires] Non. Nous ne sommes probablement pas le premier groupe à enregistrer une chanson qui s’appelle « Patient Zero ». C’est juste que nous étions à fond dans les trucs de zombie à un moment donné. C’était quelque chose qui suscitait beaucoup notre imagination. Il se peut que ce thème se soit emparé de l’album un peu plus qu’il n’aurait dû, mais à vrai dire, nous n’avions qu’une seule chanson qui s’appelait « Infected » et un clip pour « One More Time » qui avait aussi des zombies, c’est tout. Le reste n’avait rien à voir avec les zombies, mais quand ils n’aiment pas l’album, les gens le voient toujours comme l’album de zombies. C’est bizarre. Les gens ont parfois l’esprit très étriqué. Avec un peu de chance, ça n’était pas annonciateur de la pandémie que l’on vit actuellement.

En parlant de zombies, je sais que tu as suivi la série The Walking Dead. Quel est ton avis sur le fait que la série principale se terminera avec la saison onze actuelle ?

En fait, je n’ai pas encore regardé la dernière saison. Nous avons regardé la série à la télé ici et ensuite, nous avons vu l’épisode quinze de la saison dix, et il n’y avait pas de véritable fin, genre : « Bordel, qu’est-ce qui s’est passé ? C’est censé être autre chose. » Puis j’ai cherché sur Google : « Oh d’accord, il reste encore un épisode, le seizième qui doit être le final de la saison. » Il n’a pas été diffusé à cause du Covid-19, ils ne l’avaient pas fini. Donc je n’ai pas encore pris la suite, mais je vais bientôt le faire. J’ai regardé la série avec ma copine, nous sommes tous les deux de grands fans. Je trouve qu’il y a eu des hauts et des bas, bien sûr, mais je suppose que c’est le moment d’y mettre fin, car ça fait onze saisons et il y en a eu qui étaient longues, avec plein de choses qui se sont passées. N’ont-ils pas prévu de faire un spin-off d’ailleurs ? J’aime toujours ces trucs apocalyptiques, les histoires de fin du monde où les gens doivent gérer les événements. J’ai lu un livre l’autre jour d’ailleurs, je viens de le finir, ça s’appelle Run. Ça ne parle pas d’une apocalypse zombie ou quoi, mais de quelque chose qui s’est passé, qui a rendu tout le monde très violent et qui les pousse à tuer tout le monde, donc il y a cette famille en fuite. C’est écrit exactement comme un film ou une série télé. Il y a un rythme haletant. Il n’y a pas beaucoup de descriptions des personnages : ils ne passent pas plusieurs chapitres à décrire le background de tel ou tel personnage. C’est un peu superficiel, mais c’est très dynamique et effréné. J’aime beaucoup ces choses. Nous avons regardé un autre film qui s’appelle Mother/Android. Il était sur Netflix ce weekend, je crois. La société a des androïdes qui travaillent pour elle. Quelque chose se passe, les androïdes prennent le pouvoir et tuent tout le monde, en gros, et une nouvelle société émerge. J’aime ces trucs. Je n’en ai pas encore fini avec les histoires post-apocalyptiques. Et si vous vous intéressez aux jeux vidéo, il y en a un million comme ça aussi.

Interview réalisée par téléphone le 2 février 2022 par Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Tallee Savage, Sandra Myhrberg (4) & Robert Tüchi (8).

Site officiel de Hammerfall : www.hammerfall.net

Acheter l’album Hammer Of Dawn.



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  • C’est intéressant, tu me poses plein de questions aujourd’hui auxquelles je n’ai pas vraiment réfléchi!! Donc tu as pose les bonnes questions !!lol

  • Merci pour cette sublime interview ,vraiment de qualité. En tant que passionné d hammerfall ,il est très intéressant d’en savoir plus sur Oscar dronjak, cela change des questions bateaux habituels!
    Bravo!

  • Toujours une mauvaise passe pour hammefall
    Un album encore tres moyen

  • « J’en ai marre que les gens me demandent pourquoi on s’appelle HammerFall, j’en ai marre de raconter cette histoire, du coup je suis bien content que tu ne me poses pas cette question. Alors je vais te raconter pourquoi j’ai choisi d’appeler mon groupe HammerFall. » ?

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