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Interview   

Hangman’s Chair : le spleen de Paris


Hangman's Chair

Les Parisiens de Hangman’s Chair semblent être résolument dans une phase ascendante : après un dernier album très remarqué fin 2015, This Is Not Supposed To Be Positive, le groupe a enchaîné les lives et on le retrouve à l’affiche de nombreux festivals prestigieux, allant du Hellfest au Desertfest (édition belge) en passant par le Roadburn aux Pays-Bas. Venant du milieu hardcore – le combo s’est formé sur les cendres d’Es La Gerilla et partage des membres avec, entre autres, L’Esprit Du Clan et Arkangel –, le quartet est parvenu à imposer sa rugosité et sa mélancolie très urbaines dans la scène doom/sludge grâce à un son lent tout en clair-obscur qui emprunte autant à Saint Vitus ou Type O Negative qu’à Acid Bath ou Alice In Chains.

C’est au Roadburn justement, Mecque européenne du doom, que nous avons eu l’occasion de discuter avec Julien (guitare), Medhi (batterie) et Clément (basse), peu après leur set dans un Extase plein à craquer. L’occasion pour nous de faire le point sur le dernier album en date, mais aussi plus généralement sur leur carrière, passée et à venir ; sur leurs inspirations et collaborations musicales, esthétiques et amicales ; bref, de les laisser mettre à jour un univers unique, sombre et éminemment parisien.

Hangman's Chair

« Si en nous écoutant tu sens la pisse de Gare du Nord, c’est très bien ! »

Radio Metal : Pour commencer, qu’est-ce que ça représente pour vous de jouer au Roadburn ? J’imagine que pour un groupe comme le vôtre, c’est un achèvement en soi…

Julien Chanut (guitare) : Comme tous les groupes de notre style, ça faisait assez longtemps que nous tournions autour. Nous avions envoyé nos albums, nos labels aussi, nous connaissions des gens qui avaient recommandé le groupe à Walter [Hoeijmakers, programmateur du Roadburn], mais ce n’était pas le bon moment. Et puis cette année, avec le buzz autour de This Is Not Supposed To Be Positive, nous avons finalement reçu le mail. Nous sommes super contents, c’est vraiment le type de festival idéal pour nous.

Votre set s’est bien passé ? La salle était complètement remplie…

Medhi Thépegnier (batterie) : En arrivant ici, j’étais étonné parce que je ne savais pas trop où nous allions jouer – je ne connaissais pas l’Extase [nouvelle salle ajoutée pour cette édition], j’étais déjà venu mais je n’avais vu que le Cul-de-Sac, la Green Room et la mainstage – et puis nous sommes passés devant et je me suis dit : « OK, c’est aussi un rade… » Mais en fait je suis super content, là, nous sortons juste des backstages et nous venons de voir le monde qu’il y avait…

Julien : On voit tout de suite que c’est vraiment un autre public, un public d’initiés : les gens ne viennent pas pour picoler mais pour apprécier la musique. Ce cadre-là est parfait, surtout dans notre cas où parfois le public a tendance à ne pas comprendre notre musique parce qu’elle est très lente. C’est vraiment le milieu où nous devons être.

Justement, vous êtes du milieu hardcore à l’origine. Comment vous sentez-vous dans ce milieu doom/stoner ? Et plus généralement, comment êtes-vous passés de l’un à l’autre ?

Medhi : Pour nous en fait il n’y a pas eu de changement. Nous nous sommes toujours sentis bien où nous étions, et l’évolution s’est faite sur les années. Bien sûr, en grandissant nous étions surtout dans la scène hardcore-punk des années 90 mais à côté de groupes comme les Bad Brains, Cro-mags, Leeway et j’en passe qui nous ont fait grandir, nous nous rapprochions petit à petit de choses plus lentes.

Julien : Et même dans la scène des années 90, il y avait des choses très lentes… Section 8, même Life Of Agony par exemple…

Medhi : La scène de Brooklyn, Life Of Agony, Type O Negative, c’était quand même déjà très doomeux, très inspiré de Black Sabbath. Après, c’est venu tout seul ; même des groupes comme Saint Vitus eux-mêmes ont été très influencés par Black Flag esthétiquement et musicalement, donc nous avons immédiatement accroché. C’est venu avec l’âge, en fait. Nous avons commencé à faire des concerts à quatorze ans, mais nous avons toujours adoré des choses très lentes, un peu obscures, donc l’évolution s’est faite naturellement. Après la fin de notre ancien groupe [Es La Guerilla], ça allait de soi de faire quelque chose de vraiment lent, chanté, obscur.

Julien : Mais nous écoutons toujours tous ces groupes, nous sommes toujours hardcore ! Je me sens toujours comme l’adolescent hardcore que j’étais. En réalité nous écoutons très peu de metal, de trucs durs, les seuls trucs durs que j’écoute c’est vraiment des choses que nous écoutions quand nous étions ados. Nous écoutons aussi beaucoup de néo-folk à la Blood Axis, à la Der Blutharsch, pas mal de hip-hop aussi…

Medhi : Nos influences restent très larges. Nous avons grandi au milieu de tout ça, donc… Peut-être que d’ailleurs les gens ne savent pas trop où nous mettre. Musicalement ou même quand ils nous rencontrent, il y a comme un flou. Nous ne portons ni pattes d’eph’ ni casquette à l’envers. Nous avons toujours joué là-dessus.

Julien : Le cul entre deux chaises, toujours !

En effet, on entend bien dans votre musique que vos influences sont très variées et vont bien au-delà de Black Sabbath et consorts, mais je trouve justement que sur votre dernier album, This Is Not Supposed To Be Positive, elles sont mieux fondues, comme si vous les aviez mieux digérées, et que vous vous sentiez plus libres, plus affranchis…

Oui, j’ai l’impression que nous arrivons enfin à faire ce que nous voulons faire depuis le début. Il faut quand même quelques années à un projet pour arriver à maturation… Le projet vient de Medhi et moi à l’origine, mais il faut réussir à s’entourer des bonnes personnes pour parvenir à faire ce que tu as en tête, et là, j’ai l’impression que nous sommes enfin arrivés à ce stade-là. Même au niveau du son, au niveau du matos, nous comprenons mieux peu à peu où nous devons aller, et en effet, plein d’influences entrent en jeu. Avant, nous avions un son très saturé, beaucoup plus brut, mais pour cet album nous avons pu affiner beaucoup de choses grâce à du nouveau matériel que nous avons pu nous acheter…

L’une de vos caractéristiques, qui vient sans doute de votre passif hardcore et du fait que vous ayez, comme vous le dites, le cul entre deux chaises, c’est la dimension très urbaine de votre son. Un ami coreux me faisait justement remarquer que c’est rare dans le metal, qui se rattache plus volontiers à la forêt pour le black ou aux marécages pour le sludge par exemple…

Je pense que quelqu’un qui vient du hardcore voit des choses dans notre musique que les autres gens ne perçoivent pas nécessairement. Là où certaines personnes vont entendre une influence de The Cure, quelqu’un qui vient du hardcore entendra tout de suite ce côté froid, rythmé, et comprendra immédiatement ce que nous voulons exprimer.

Medhi : Pour moi, ce truc de la ville vient vraiment de Type O Negative. Il y a un côté très urbain dans ce qu’ils font, très mélodique, doom, un peu sale, un peu obscur…

Julien : Tu sens toujours New-York et Brooklyn dans leur musique.

Hangman's Chair - This Is Not Supposed To Be Positive

« Le milieu doom typique, c’est une sorte de temple… C’est policé, il y a des règles. Nous n’avons jamais vraiment réussi à y entrer, mais avec cet album, j’ai l’impression que nous y avons été acceptés. »

De la même manière, quand on écoute votre musique, on sent Paris et le RER B !

Medhi : [Rires] Tu sens la Gare du Nord ! Si en nous écoutant tu sens la pisse de Gare du Nord, c’est très bien !

Julien : C’est intéressant que les gens arrivent enfin à voir ça. C’est ce que ça a toujours représenté pour nous, mais peut-être que sur cet album, c’est plus clair.

Medhi : Surtout que le milieu doom typique, c’est une sorte de temple… C’est policé, il y a des règles. Nous n’avons jamais vraiment réussi à y entrer, mais avec cet album, j’ai l’impression que nous y avons été acceptés, même si notre musique sent le pavé ! Il y a une compréhension d’une part et de l’autre et nous sommes très contents. C’est comme si avec cet album, les gens avaient enfin compris la thématique que nous avons depuis le départ. C’est l’identité que nous nous sommes forgés, c’est ce que nous sommes, nous ne nous sommes jamais donnés un genre, et les gens le voient aujourd’hui avec cet album-là, y compris les professionnels et les labels. Ce n’est pas pour rien que c’est cet album qui nous a ouvert les portes du temple qu’est le Roadburn.

Vous avez conservé ce côté très parisien même après avoir sorti il y a quelques années un album intitulé Leaving Paris : ça n’a pas marché, vous y êtes toujours ?!

Julien : [Rires] Ça n’a pas marché, non !

Medhi : Le titre, c’était surtout pour faire un petit clin d’œil au film Leaving Las Vegas, que nous aimons beaucoup…

Julien : Nous avons voulu en faire une version parisienne. Même si nous n’avions pas été nés à Paris, nous aurions sans doute utilisé cette esthétique ! Mais comme nous y sommes nés en effet, c’est ce que nous utilisons, c’est notre environnement, c’est tout ce que nous connaissons. Et comme nous voulons que ça sonne vrai…

Medhi : Paris a une belle histoire, il y a de quoi faire ! C’est très riche. Nous jouons là-dessus, ça nous inspire énormément.

Comment s’est passé votre collaboration avec Dave Decat, qui a réalisé l’artwork de vos deux derniers albums, Hope///Dope///Rope et This Is Not Supposed To Be Positive, et qui clairement contribue à cette esthétique très parisienne, très début du 20e siècle que vous avez ?

Julien : Nous nous connaissions depuis un moment car il vient lui aussi de la scène hardcore, Kickback, etc.

Medhi : Ça faisait un moment que nous connaissions ses œuvres, ses influences, et que nous voulions bosser avec lui. En effet, il est très influencé par le Paris des voyous, du début du 20e siècle, des années folles… Nous étions subjugués par ce qu’il faisait, nous avons voulu travailler avec lui dès notre premier album. Ça n’a pas pu se faire mais nous sommes restés en contact, et nous avons bossé avec un petit jeune qui s’est justement inspiré de son style ! Mais lorsque nous avons vraiment commencé à travailler avec lui, ça s’est décanté tout de suite. Il comprend parfaitement ce que nous voulons faire.

Julien : On pourrait croire qu’il s’est un peu mis dans notre peau, mais ce n’est pas le cas, il avait déjà tout ! Pour Hope///Dope///Rope, la pochette finalement il l’avait déjà parce qu’il avait fait des séries sur les Apaches et sur les vieux journaux du genre Le nouveau détective, L’œil de la police, ces magazines de faits divers du début du 20e siècle…

Medhi : Nous, c’est notre passion, nous adorons toutes ces histoires de faits divers parisiens ! Nous sommes donc vraiment sur la même longueur d’onde. À chaque fois, lorsque nous sommes arrivés chez lui avec notre album, tout s’est décidé très vite.

Julien : Pour This Is Not Supposed To Be Positive, nous avions seulement l’idée de la guillotine, or il avait déjà fait ce dessin pour un projet de magazine qui s’appelait Le couperet… Nous l’avions probablement déjà vu, d’ailleurs ! À chaque fois, nous allons directement chez lui à Bruxelles où nous passons une nuit à travailler ensemble. Encore une fois, c’est venu de manière très naturelle, il a simplement retravaillé ce dessin de guillotine en gardant les couleurs d’origine. Cette guillotine fuchsia, ça ressemble tellement à notre musique ! À la fois dure et obscure mais avec cette voix claire chantée… Je pense toujours à ce que c’était d’écouter de la musique quand j’étais ado. Il n’y avait pas encore les mp3, donc quand tu écoutais un album, tu avais la pochette sous les yeux, que ce soit un vinyle ou un cd, et les couleurs, le dessin influençaient la perception que tu avais de la musique. C’est exactement ce qui nous a touchés là-dedans.

C’est aussi lui qui vous a apporté le personnage d’Anatole Deibler ? En plus de sa présence sur la pochette, il y a une référence à lui dans le titre de la dernière chanson…

C’est venu de Dave mais ça aurait pu venir de nous aussi, c’était cohérent. Parfois, pour les interludes il faut être un peu imaginatif pour qu’il y ait quelque chose qui ressorte. Là, Anatole Deibler collait parfaitement.

Medhi : En lisant un peu sur lui, nous sommes tombés sur cette phrase (« Le rouge pour le sang, le bleu pour la grâce ») et nous l’avons trouvée parfaite. Le morceau en question allait être soit une intro soit le dernier morceau si nous le gardions en entier ; en studio, ça a été très vite décidé. Et du coup son titre s’est imposé, cette phrase était parfaite.

Julien : Et puis le rouge pour le sang et le bleu pour la grâce, ce sont nos couleurs en plus, c’est Paris !

Hangman's Chair

« Nous ne voulons pas nous apitoyer sur notre sort, c’est pourquoi nous essayons toujours de passer par l’intermédiaire d’une tierce personne dans nos lyrics. »

Il y a quelques années, j’étais à un de vos concerts à la Flèche d’Or à Paris et vous projetiez sur scène, sur trois écrans triangulaires qui reproduisaient l’intérieur de la pochette de Hope///Dope///Rope, des images d’archives et de journaux qui parlaient de criminels et/ou délinquants du début du 20e siècle. C’est aussi quelque chose que vous aviez fait avec Dave Decat ?

Medhi : À l’époque, nous avions mis ce triptyque dans la pochette donc pour la scéno, nous avions décidé de partir sur un triptyque aussi avec de la vidéo. Nous avons fait quelques dates comme ça. Mais ce n’est pas avec Dave que nous avons travaillé là-dessus, nous l’avons fait nous-même à partir d’images d’archive d’époque avec la collaboration de la réalisatrice du clip de « Dripping Low ». C’est elle qui nous avait fait cette scénographie, nous avions trouvé ça super.

Julien : Ça faisait partie du concept Hope///Dope///Rope. C’est vrai que là on l’a un peu lâché, c’est tout un travail de faire ça et puis on est passés un peu à autre chose. Mais ça nous passionne vraiment les trucs genre L’œil de la police, les illustrations sont magnifiques et puis à force de les lire, tu te rends compte que tous ces faits divers sont les mêmes que ce que tu vas retrouver aujourd’hui. Il y a quelque chose de cyclique là-dedans qui est génial. Les Apaches qu’il y avait à l’époque, c’est les cailleras de maintenant. On a l’impression que c’est quelque chose de complètement fou les cailleras, mais non, c’est exactement la même chose qu’il y a un siècle.

Il y a quelque chose de très cinématographique dans votre musique. Vous parliez de Leaving Las Vegas plus tôt, mais en plus vous utilisez des samples de film, et puis les paroles sont toujours très narratives, rarement à la première personne, il est plutôt question d’un « il » voire d’un « elle » comme si vous vouliez mettre un peu de distance… C’est une démarche volontaire de votre part ?

Julien : Exactement. Nous ne voulons pas nous apitoyer sur notre sort, c’est pourquoi nous essayons toujours de passer par l’intermédiaire d’une tierce personne dans nos lyrics… Et ce côté cinématographique vient sans doute aussi des interludes où on a des ambiances à la Dead Man, à la David Lynch… Ce sont des choses qui nous inspirent aussi. Nous concevons nos albums un peu comme des films. Il y a une intro, un développement, une fin. Nous l’avons toujours ressenti comme ça plutôt que comme une succession de morceaux. Il faut l’écouter dans l’ordre, que ce soit cohérent, que ce soit un tout, ce qui en effet, fait un peu film, ou concept album comme les Pink Floyd en faisaient.

Medhi : Tout se rejoint ! À partir du moment où tu te mets à écrire de la musique où tu racontes des histoires, où tu joues sur une imagerie et une esthétique particulières… Le cinéma nous inspire bien sûr, notamment le cinéma de l’époque, et nous infusons tout ça dans nos samples, dans nos histoires, ça habille notre musique sans jamais être gratuit, tout reste construit et lié.

Vos deux derniers albums s’achèvent sur un sample justement qui s’est à chaque fois révélé un peu prophétique ! Dans Hope///Dope///Rope (sorti en 2012) il y avait celui de Joe Coleman qui parlait (en autres) d’Ebola, d’épidémies, de perversions et de crimes et à la fin de This Is Not Supposed To Be Positive sorti fin 2015 il y en avait un autre qui parle de la permanence de Paris… Qu’est-ce que ça vous fait ?

Ah oui, tiens…

Julien : Pour le premier, j’étais en train de regarder le DVD de Joe Coleman dont je suis très fan, et quand j’ai entendu ce prêche je me suis dit : « C’est génial, c’est exactement ce que je pense de l’humanité ! »

Medhi : Nous étions prêts à le mettre quelque part dans l’album, il ne fallait pas rater l’occasion, et le dernier morceau étant un instrumental, ça s’est un peu imposé naturellement. Un discours comme ça, il faut le mettre sur un instrumental !

Clément Hanvic (basse) : Rien n’est jamais vraiment calculé, mais ça tombe souvent bien en fonction des influences du moment, etc.

Medhi : Pour un sample sur Leaving Paris, nous étions en train de regarder un documentaire belge de l’époque qui s’appelait « Allo police », et ces mots étaient juste parfaits. C’est le genre de truc qui se passe lors de la conception d’un album… Dans This Is Not Supposed To Be Positive, nous avons aussi mis un extrait d’un reportage belge où on voit une espèce de dépravé tatoué qui parle de ses tatouages… À la belge !

Julien : Nous sommes vraiment inspirés par tous ces documentaires, les trucs très réels, les films, aussi. J’en regarde plein et j’ai toujours un petit carnet avec moi où je peux noter : « Ça, je me le garde pour cet album » etc. Et puis la Belgique et surtout Bruxelles, c’est un peu notre deuxième maison, ça nous inspire beaucoup aussi. Mais pas autant que Paris !

Pendant le concert, vous avez dédié « Ain’t Living Long Like That » à Selim Lemouchi, à qui vous avez aussi dédié votre dernier album et votre dernier split. Vous étiez proches ?

Medhi : Oui, c’est d’ailleurs un peu grâce à lui que nous sommes là aujourd’hui… Il avait fait écouter notre album précédent à la prod en leur disant : « C’est de la bombe, vous devriez les programmer ! » Nous étions très proches, donc c’était normal de lui dédier un morceau ici. Farida devait chanter sur un titre mais comme elle a eu un souci de santé, elle n’a pas pu venir… Mais il y a de fortes chances pour qu’elle enregistre un morceau avec nous sur le prochain album. Nous ne sommes pas très featuring, mais une voix comme la sienne serait parfaite avec notre musique, et puis avec l’histoire qu’il y a autour… Selim a été important dans la vie d’Hangman’s Chair et dans notre vie à tous.

Clément : Avant que se passe ce qui devait se passer, il nous avait demandé – surtout à Medhi – de participer à son projet Selim Lemouchi & His Enemies…

Medhi : Nous étions très proches, nous avions une relation très forte. Du coup c’était important de lui dédier au moins ce morceau.

Clément : C’est dommage que la collaboration avec Farida n’ait pas pu se faire, mais dans le futur, sur album sans doute… Ce serait logique, tout simplement.

Hangman's Chair

« Tout doit être en cohérence, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser un aspect de côté. Il faut que nous travaillions avec les meilleurs. »

Justement, pour la suite, qu’est-ce que vous avez prévu ?

Là, on va se bourrer la gueule ! [Rires]

Mehdi : Nous sommes en train de tester deux studios en ce moment, d’essayer deux ou trois morceaux par rapport à un ingé son… C’est bien avant de se lancer dans un album.

Julien : Il y a forcément un album qui va se faire mais avant, nous voudrions faire quelques splits. Là, nous sommes en discussion avec un groupe japonais, Greenmachine, que nous avons rencontré au Japon cet été avec Arkangel [ndlr : où jouent Julien et Clément]. Ce sont des mecs un peu dans notre style, et ils sont chauds pour faire un split avec nous, ce qui est parfait parce que ça nous fait une bonne connexion pour jouer là-bas et eux pour venir ici. Nous allons sans doute faire quelque chose aussi avec Wolvennest, le nouveau projet de Michel, le guitariste de Arkangel qui joue aussi dans La Muerte et Length Of Time. Ça sonne très Mongolito, très Der Blutharsch, ils ont d’ailleurs prévu un featuring avec Der Blutharsch justement. Là, ce serait peut-être même plus qu’un split, une vraie collaboration où nous ferions un morceau ensemble. Leur musique est très ambiante et nous sommes un peu dans ce délire-là aussi.

Clément : À côté de ça, nous allons aussi ressortir nos deux derniers albums sous forme de picture discs, de très beaux objets réalisés par un mec que nous avons rencontré récemment et qui a un label qui s’appelle Knives Out Records. Ce sera même mieux qu’un picture disc, ce sera vraiment un très joli objet plié en carton en édition très limitée. Il fait des choses incroyables, nous nous sommes bien entendus, donc il va nous faire ça. C’est important pour nous la cohérence, nous voulons faire de la bonne musique avec une bonne image.

Julien : Nous travaillerons toujours comme ça. Tout doit être en cohérence, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser un aspect de côté. Il faut que nous travaillions avec les meilleurs. C’est pour ça que nous bossons avec Dave Decat : nous ne sommes pas forts en PAO, donc il le fait pour nous.

Clément : Nous nous entourons toujours de gens qui comprennent notre univers. C’est super important. Nous ne choisissons pas un graphiste seulement parce que c’est un bon graphiste, ou un ingé son parce que c’est un bon ingé son : nous prenons des gens qui en plus de ça, comprennent notre univers. Ça, c’est l’essentiel.

Par contre vous avez changé de label. Avant, vous étiez sur Bones Brigade…

Julien : Nous sommes assez fidèles, nous aimons bien rester avec les mêmes personnes… Pour Hope///Dope///Rope, Nico de Bones Brigade nous avait dit : « Je veux bien vous le sortir l’album, mais je ne peux faire aucune promo, je ne peux plus m’occuper de groupe. » Maintenant il est driver pour des tournées, etc., mais nous étions tellement en galère que nous nous sommes dit : « Sors-le juste, ça va ! » Du coup, aucune promo, rien du tout, et l’album est vraiment passé à la trappe. Nous étions un peu dégoûtés, nous estimons qu’il méritait plus d’attention. Et nous nous sommes dit que pour le nouveau, là, il fallait vraiment aller démarcher.

Medhi : Et puis ça va, nous ne sommes pas passés sur un label énorme, nous sommes chez Music Fear Satan désormais. C’est un peu plus important, nous ne faisons pas de projet de carrière ou quoi que ce soit, mais si nous pouvons monter tranquillement marche par marche en restant avec des gens intègres, tant mieux.

Clément : Et puis être chez un gros label et être perdus dans un catalogue plutôt que d’être avec un indépendant vraiment indépendant qui se bat un peu pour ton truc… Pour le coup, Music Fear Satan a son magasin sur Paris, on va voir le mec quand nous voulons, il est motivé… Et nous sommes super contents de son travail. Travailler avec des gens comme ça, ça nous va bien. Si on nous propose un contrat de fou ailleurs nous irons, évidemment, mais tant qu’on ne nous propose pas un truc vraiment alléchant, nous resterons avec des gens comme ça.

Julien : Je n’ai pas l’impression que nous soyons fait pour faire des tournées énormes, etc., nous n’avons plus l’âge ! Nous ne sommes pas vieux, nous avons 35-36 ans, mais bon…

Clément : Et puis de toute façon, vu notre style de musique, quand on vient de France, tout est compliqué… C’est juste quelque chose que nous avons envie de faire. Moi, j’ai envie de faire de chouettes concerts comme celui d’aujourd’hui de temps en temps, même si sur la tournée, là, nous en avons fait quelques-uns qui étaient moyens voire pas terribles… Nous avons tous un travail à côté, nous ne vivons pas de notre musique, donc faisons de vrais concerts, des trucs qui animent notre vie ! Nous avons tous une vie à côté, nous ne sommes pas prêts à tout lâcher pour ça. Nous ne sommes pas carriéristes.

Julien : J’ai l’impression que c’est ce qui fait que notre musique est bonne : nous avons nos trucs à côté, nous ne faisons pas que ça, ce n’est pas notre boulot. Nous ne sommes pas au boulot, là, nous sommes là pour la passion !

Clément : Même avant que ça grimpe un peu ces derniers temps, juste répéter ensemble ça nous suffisait. Si ça grimpe un peu, tant mieux, mais nous faisons de la musique pour nous. Si les gens s’en foutent tant pis, si ça marche un peu tant mieux. Que ça marche ou pas, peu importe.

Interview réalisée en face à face le 14 avril 2016 par Chloé Perrin.
Retranscription : Chloé Perrin.
Photos : Leo KS.

Page Facebook officielle de Hangman’s Chair : www.facebook.com/hangmanschair



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