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Interview   

Hangman’s Chair trace sa route


Depuis la sortie de A Loner, leur sixième album, il y a environ un an (interview avec Mehdi Thepegnier toujours dispo ici), les membres de Hangman’s Chair n’ont pas chômé : c’est sur la route qu’ils sont allés défendre cet hymne à la solitude, que ce soit en tant que tête d’affiche, sur les scènes de grands festivals européens, ou en première partie des Anglais de Paradise Lost. Et le quatuor ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : il va reprendre la route dès ce mois de mars en compagnie d’Igorrr, Amenra et Der Weg Einer Freiheit. De quoi faire découvrir son doom mélancolique teinté de cold wave au-delà des frontières de la France, où en près de vingt ans de carrière, Hangman’s Chair a eu le temps de faire ses preuves.

À l’occasion de cette nouvelle tournée, le groupe propose un petit documentaire qui revient sur sa genèse et celle de son dernier album. Un portrait aux allures d’introduction réalisé par Kendy Ty, à qui l’on doit le clip de « Loner », l’un des extraits du dernier album, qui retrace le chemin qui a mené les musiciens de la grisaille et de l’ennui de la banlieue parisienne aux scènes de toute l’Europe. Nous en avons profité pour faire le point avec Julien Chanut, le guitariste du groupe, qui revient sur le parcours de Hangman’s Chair, et sur et les joies et les déboires de la vie sur la route…

« Ça prend son temps, et c’est vrai que nous avons toujours pris notre temps pour arriver là où nous voulions – doucement mais sûrement. »

Radio Metal : A Loner est sorti après le confinement qui a été compliqué pour tout le monde et, surtout, c’est votre premier album chez Nuclear Blast. Avec le recul, qu’en penses-tu ?

Julien Chanut (guitare) : Pour nous, le confinement s’est plutôt bien passé parce que nous avons eu le temps nécessaire pour bien préparer cet album. Ça fait donc un an que l’album est sorti. C’est la première fois que nous faisons autant de clips et qu’il y a autant de budget grâce à Nuclear Blast – ça fait partie des gros changements. De même, nous n’avons jamais autant tourné ! Nous avons fait une tournée tout seuls en France et quelques dates en Europe, et nous avons fait des dates avec Alcest et Celeste, qui sont aussi sur le label. Ensuite, nous avons eu notre plus grosse tournée jusqu’à présent, avec Paradise Lost. C’était un mois et demi sur toute l’Europe. Ça faisait partie des choses que nous n’avions jamais faites. Maintenant, nous repartons un mois et demi pour faire le même type de dates, sauf que ce sera dans de plus grosses salles, avec Igorrr, Amenra et Der Weg Einer Freiheit. C’est vraiment le fait d’être sur Nuclear Blast qui nous a donné toutes ces opportunités. Ils ont ouvert un bureau à Paris, avec Jérôme Riera qui nous suivait depuis assez longtemps. C’est le bureau européen qui nous avait signé à l’époque, et maintenant, c’est Jérôme qui nous récupère, avec Myriam [Silberstein] qui travaille aussi là-bas. C’est sûr que ça facilite beaucoup de choses. Tu as les gens de visu, la communication est facilitée et ils sont vraiment derrière nous. Nous avons une grosse force de frappe grâce à eux.

Est-ce que ça a changé votre rapport à votre public de pouvoir le rencontrer plus largement et plus souvent en tournée ?

En France, nous commençons à avoir une petite fanbase, donc nous pouvons nous permettre de tourner en tête d’affiche. C’est plutôt une affaire qui roule. Par contre, pour ce qui est de l’Europe, là, nous sommes vraiment en développement ; c’est pour ça que nous devons tourner avec des groupes comme Alcest ou Paradise Lost. C’est vraiment ce qui va nous ouvrir au reste de l’Europe. C’est assez important, et puis c’est l’évolution que nous voulions, surtout. Nous étions restés pas mal dans le truc franco-français, nous avions un label français, et c’est vrai que nous avions peut-être un peu de mal à nous exporter. Après, il n’y a pas eu non plus un gros boum, mais je vois que ça commence à changer. Ça prend son temps, et c’est vrai que nous avons toujours pris notre temps pour arriver là où nous voulions – doucement mais sûrement. Bien sûr, nous sommes plutôt contents !

Comment avez-vous eu l’idée du petit portrait-documentaire que vous proposez à cette occasion ?

Je crois que c’est Nuclear Blast qui nous a soumis l’idée. Ils voulaient avoir du contenu vidéo, parce que c’est vrai que les groupes font beaucoup ça. Nous ne sommes pas trop médias, pas trop réseaux, et nous ne voulions pas faire quelque chose de trop promotionnel où nous parlerions devant une caméra comme pour une interview. Nous ne sommes pas très forts sur ce point-là, mais ils voulaient quand même du contenu vidéo. À cette époque-là, nous venions de faire le clip de « Loner », celui qui fait un peu documentaire, réalisé par Kendy Ty que je connais depuis une vingtaine d’années. Il est autodidacte ; il a commencé par faire des portraits de gens qu’il connaissait et après, ça s’est étendu à des gens vraiment inconnus ou des amis d’amis. C’est toujours des petits portraits de deux ou trois minutes parce qu’il aime bien les choses assez concises. Donc quand Nuclear Blast nous a demandé de faire du contenu vidéo, nous nous sommes dit pourquoi pas, et que nous pourrions faire quelque chose qui nous ressemble, c’est-à-dire pas dans cette logique promotionnelle, mais quelque chose d’un peu plus – même si je n’aime pas ce mot – arty, avec du sens derrière.

Nous avons proposé ça à Kendy, et il était super chaud parce que c’est vraiment là-dedans qu’il excelle. L’idée était de présenter le groupe en parlant de sa genèse. Comme vous pouvez le voir, il y a des images à l’ancienne, des gens qui ont fait partie d’anciens line-ups ou d’autres groupes que nous avions. Ça parle aussi beaucoup de ma relation avec Mehdi – c’est un peu le noyau dur du groupe –, de notre enfance, parce que nous avons grandi ensemble. Il est arrivé en France à l’âge de onze ou douze ans, en sixième et c’est là que nous nous sommes rencontrés. Il y a toute une histoire autour de ça et c’est ce que nous voulions décrire dans le portrait. Ensuite, il y a la genèse d’A Loner. Tout ça englobait ce que nous voulions faire, de manière assez concise parce que nous ne voulions pas que ce soit trop lourd. Nous avons filmé ça il y a un an et nous ne savions pas trop comment le sortir, parce qu’il fallait aussi qu’il y ait un sens. Il est un peu tombé aux oubliettes, je t’avoue, parce que nous sommes partis en tournée, nous avions d’autres trucs en tête. Quand Nuclear Blast nous a dit que ce serait bien d’avoir quelque chose pour fêter la première année de l’album – c’était début février –, nous nous sommes dit : « Pourquoi pas sortir le portrait qui est dans nos cartons ? » Ça avait vraiment du sens parce que ça explique à la fois la genèse d’A Loner et celle d’Hangman’s Chair.

« Ce qui me rend le plus fier, c’est de continuer à faire de la musique, que ça marche ou pas. En ce moment, ça marche plutôt bien, il y a beaucoup de positif, mais avec notre parcours, je sais que ça peut redescendre aussi vite, donc nous profitons vraiment de tout ce qui nous arrive en ce moment. »

On dirait que c’était un peu l’occasion de faire un point sur votre parcours et votre carrière. Ça fait un peu plus de quinze ans que le groupe existe…

Oui, c’était en 2005, donc ça fera bientôt vingt ans ! Quand nous avons commencé à faire le storyboard du portrait, nous nous sommes demandé où nous pourrions aller, ce que nous pourrions faire. Nous sommes allés dans notre ancienne ville, où nous avons grandi, à Montgeron et Crosne dans le 91. Nous sommes retournés dans des endroits où nous squattions quand nous étions jeunes. Tu vois les bords de gare, notre ancien collège, ça faisait un peu Fréquenstar [rires]. Ça fait du bien parce que ça te fait réaliser que ça fait longtemps que tu es là et que tu continues toujours à faire ça. Ça renforce l’envie de continuer, parce que si nous avons fait tout ça depuis ce temps-là, c’est qu’il y a un sens.

Qu’est-ce que tu penses du chemin accompli ? J’imagine que quand vous étiez ado, vous ne vous projetiez pas dans ce que vous faites maintenant…

Non, pas du tout. Peut-être que nous projetions que ça arrive plus tôt, ou que ça n’arrive pas, je ne sais pas. Je ne me souviens plus très bien. Ce qui me rend le plus fier, c’est de continuer à faire de la musique, que ça marche ou pas, parce que nous savons qu’il y a toujours des hauts et des bas. En ce moment, ça marche plutôt bien, il y a beaucoup de positif, mais avec notre parcours, je sais que ça peut redescendre aussi vite, donc nous profitons vraiment de tout ce qui nous arrive en ce moment. Nous prenons toutes les opportunités parce que nous ne savons pas ce qui peut arriver après. Ça fait presque vingt ans que nous faisons Hangman’s Chair, mais ça fait vingt-cinq voire trente ans que nous faisons de la musique, donc c’est une fierté ! C’est aussi une fierté de ne pas être rentrés dans le cheminement métro-boulot-dodo, de toujours avoir suivi notre passion. Nous avons vu des gens aller et venir dans la musique au cours de notre vie, et nous, nous sommes toujours là. J’en suis fier !

Comment s’est faite la tournée qui arrive, avec Amenra, Igorrr et Der Weg Einer Freiheit ? Je ne sais pas si ce sont des groupes dont vous êtes proches ou que vous connaissez bien…

Nous connaissons un petit peu Igorrr parce que nous avons le même tourneur et le même manager. Ça a un peu facilité les choses. Nous connaissons un peu Amenra parce qu’eux aussi viennent de la scène hardcore – belge, dans leur cas. Nous nous croisions dans les années fin 90 dans des festivals en Belgique, etc. J’ai vu le chanteur [Colin H. Van Eeckhout] il n’y a pas longtemps à un concert, parce que je joue aussi dans un groupe de hardcore belge qui s’appelle Arkangel. Nous nous sommes mutuellement congratulés de pouvoir faire cette tournée ensemble. Ils étaient contents de faire ça avec nous, parce qu’ils savent d’où nous venons et nous savons d’où ils viennent, donc c’est plutôt cool. Nous ne connaissons pas personnellement les gars de Der Weg Einer Freiheit, mais Regarde Les Hommes Tomber ont fait deux tournées avec eux et ils n’en disent que du bien. Ils sont super cool apparemment. Et comment ça s’est fait ? Comme je te disais, nous avons le même tourneur et c’est lui qui a arrangé les choses. Ce qui est marrant dans ce choix des quatre groupes, c’est qu’il n’y en a aucun qui se ressemble. Je pense que le but est vraiment de pouvoir rassembler leurs forces. Un groupe comme Amenra peut gagner du public avec celui d’Igorrr et vice versa. On voit de plus en plus de plateaux et de tournées comme ça, avec des groupes qui n’ont un peu rien à voir. Je crois que c’est ça, le futur des tournées, en ce moment.

Ça change beaucoup de choses pour vous de tourner en tant que tête d’affiche ou dans un line-up comme celui-ci ?

C’est complètement différent. Quand tu es en tête d’affiche, tu as ton show lumière et une heure pour jouer, donc tu as un set spécial, vraiment rodé pour ça. Par exemple, pour cette tournée, nous jouons en premier, un set de trente minutes. C’est assez concis. Il faut choisir les bonnes chansons pour que ce soit intéressant pendant ces trente minutes, car nos chansons sont quand même assez longues. Nous avons vraiment écourté tous les passages entre les morceaux pour essayer d’en faire cinq ou six. Nous allons même commencer avant le temps que nous avons et mettre un sample qui d’habitude fait partie du show, afin de gagner du temps et de pouvoir vraiment profiter des trente minutes. Nous n’avons pas tout notre show lumière, forcément. C’est un peu plus sport, mais les deux exercices sont cool et de toute façon, c’est le jeu. Nous ne sommes pas la tête d’affiche, donc nous allons charbonner comme des fous pour vite débarrasser la scène, etc. Nous avions déjà fait ça avec Paradise Lost, donc maintenant nous sommes rodés à cet exercice.

De manière générale, quelle est l’importance du live pour toi ? Préfères-tu ça au travail en studio ou à la composition ?

J’ai appris à aimer le live, parce que je n’ai jamais été très fan. Ce que je préfère dans la musique, c’est composer, c’est-à-dire tout le travail qu’il y a en amont du studio, le côté créatif de construire un morceau et de mettre les bonnes pièces du puzzle ensemble. Après, il faut être bien préparé pour le studio, et ça m’angoisse un peu à chaque fois. C’est un peu pareil pour les live. Mais au bout d’un moment, tu apprends à aimer ça. Il faut vraiment se mettre en mode soldat quand tu pars en tournée.

« Ça se voit que nous venons de la scène hardcore […]. Les gens sont souvent étonnés de nous voir bouger sur toute la scène, parce que dans ce type de musique, sur scène, c’est d’habitude assez tranquille. »

Vous êtes passés par des scènes assez différentes. J’imagine que jouer devant un public hardcore ou récemment devant celui de Paradise Lost dans des salles plus grandes, ce sont des expériences complètement différentes…

Oui, mais j’aime les deux, tant que les gens sont plutôt réceptifs. Nous continuons à faire des concerts hardcore, parfois. Nous avons fait des festivals, par exemple le Vort’n Vis [Ieperfest] en Belgique où il y a quand même un public assez hardcore, même si nous ne faisons pas vraiment une musique sur laquelle les gens vont se taper dessus… Avec Paradise Lost, ça collait assez bien, tant musicalement qu’au niveau des ambiances. Mais je pense que les gens étaient assez étonnés de nous voir sur scène parce que nous avons une énergie qui est assez différente de celle de Paradise Lost. Ça se voit que nous venons de la scène hardcore, et nous essayons de retransmettre toutes ces émotions – de toute façon, j’ai besoin de vivre ces émotions pour faire un bon show. Les gens sont souvent étonnés de nous voir bouger sur toute la scène, parce que dans ce type de musique, sur scène, c’est d’habitude assez tranquille. Je pense que le changement est plutôt pour le public qui doit parfois un peu halluciner de nous voir…

Quel est ton meilleur souvenir de concert ?

Je vais parler de la tournée avec Paradise Lost parce que c’est ce qui me revient en tête. Nous avons fait des pays que nous n’avions jamais faits, complètement différents, notamment culturellement. Mes concerts préférés sur cette tournée, c’était quand nous étions dans les pays baltes, en Estonie, Lettonie et Lituanie. Il y avait une énergie vraiment différente dans le public, il était beaucoup plus investi. En plus, ce sont des pays frontaliers avec la Russie, donc il y avait une ambiance un peu chargée à ce moment-là. Il y avait des gens qui sont venus nous voir, qui connaissaient Hangman’s Chair et qui se posaient plein de questions, et nous aussi, nous avons pu leur poser des questions sur leur vie. C’était super intéressant et assez prenant, j’ai appris beaucoup de choses, ces pays m’ont mis une grosse claque. Même en se baladant dans les villes – parce que l’après-midi nous avions le temps –, on voit que c’est chargé en histoire. Ces découvertes, c’est vraiment la raison pour laquelle c’est bien de tourner. Je n’aurais jamais eu l’idée d’aller en vacances dans ces pays-là, par exemple. C’est un beau souvenir !

Et ton pire souvenir ou un épisode particulièrement galère ?

Sur cette même tournée avec Paradise Lost, parfois, les conditions n’étaient pas super bonnes. Juste après avoir joué, il fallait que nous rangions notre matos rapidement. Une fois, en Autriche je crois, nous n’avons pas pu ranger notre matos à l’intérieur de la salle, donc il a fallu que nous jetions tout dehors et qu’ils ferment les portes parce que sinon ça faisait du bruit autour. Il pleuvait ce jour-là. Nous étions sous une tente, dans la boue, en train de ranger notre matos. Je te jure que dans ces conditions, le temps paraît super long [rires]. Ça fait partie des mauvais souvenirs, même si maintenant, j’en rigole. Là encore, ça fait partie du jeu.

Quel serait ton concert de rêve, que ce soit en termes de salle, d’affiche ou de spectacle ? Vous aviez fait un show avec Regarde Les Hommes Tomber, par exemple…

Un truc super intéressant pourrait être de jouer en même temps qu’un film. Nous aimons bien la musique de films et même dans nos albums, nous essayons toujours d’avoir quelque chose de cinématographique dans la musique. Je n’ai aucune idée de quel genre de film ça pourrait être, par contre. Un Gaspar Noé ou un truc dans le genre ?

As-tu quelque chose à ajouter pour conclure ?

Nous allons sortir un inédit la veille ou le premier jour de la tournée. Nous avions deux inédits de la session de l’album A Loner : l’un des deux est sorti avant l’album pour le podcast de Joey Starr, et nous avons décidé de sortir l’autre à l’occasion de la tournée. Sinon, nous commençons à bosser sur le nouvel album. Musicalement, ça va suivre ce qui a précédé, comme nous faisons toujours, c’est-à-dire qu’il sera assez lourd, et aura les mêmes influences cold wave et post-punk.

Les dates de la tournée :

10/03/2023 – Forest National – Bruxelles (Belgique)
16/03/2023 – La Rodia – Besançon
17/03/2023 – Le Transbordeur – Lyon
21/03/2023 – Le Bikini – Toulouse
22/03/2023 – Le Rocher de Palmer – Bordeaux
23/03/2023 – Salle Pleyel – Paris
11/04/2023 – L’arche – Villerupt
15/04/2023 – Betizfest – Cambrai

Interview réalisée par téléphone le 24 février 2023 par Chloé Perrin.
Retranscription : Nicolas Gricourt.
Photos : De Bethune (1, 4) & Nicolas Gricourt (3).

Site officiel de Hangman’s Chair : www.hangmanschair.com

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