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Interview   

Hardcore Superstar creuse dans son passé un tunnel vers sa liberté


Hardcore Superstar 2015

Il peut parfois être bon de regarder vers son passé, se remémorer ses premiers pas, ses premières motivations, ne serait-ce que pour apprécier le chemin parcouru mais aussi se rappeler de ce qui nous faisait et nous fait toujours vibrer au plus profond de nous-mêmes, alors que le poids des années a pu parfois nous le faire oublier. Mais aussi, le passé, notre passé, au-delà même du plaisir nostalgique, renferme parfois des pépites oubliées. Et c’est là, dans ce passé lointain que HCSS, le nouvel album d’Hardcore Superstar, prend directement sa source. Plus précisément une vieille cassette démo du groupe pré-Hardcore Superstar baptisé Link, vieille de plus 20 ans et qui a été portée à l’attention du bassiste Martin Sandvik par un fan collectionneur fou. C’est ainsi, dans le berceau de cette musique originelle juvénile mais pleine de fougue que le combo suédois a conçu son album le plus « libre » depuis l’éponyme de 2005.

Sandvik nous parle de la genèse de ce dixième album dans l’entretien qui suit qu’il nous à accordé à deux heures du passage du groupe sur les planches du Ski & Rock de Sälen, en Suède. L’occasion de revenir sur cette époque pré-Hardcore Superstar (dont a fait tout de même partie trois des membres actuels) et mieux comprendre d’où vient ce groupe de hard rock qui, comme il l’explique, ne se refuse rien en matière d’expression musicale. A noter que le bassiste est le compositeur principal du groupe avec son acolyte batteur Magnus « Adde » Andreasson, ce qui se révèle pour le moins atypique dans un genre souvent tenu par les guitaristes et chanteurs.

Hardcore Superstar 2015 by Michele Aldeghi

« [A l’époque] nous étions là : ‘Nous serons le plus grand groupe du monde mais nous devons faire ce que nous voulons faire !' »

Radio Metal : Donc tu as un concert ce soir ?

Martin Sandvik (basse) : Ouais, enfin pas ce soir, on joue à cinq heures dans un genre de village de ski en Suède (NDLR : le Ski & Rock à Sälen). C’est dommage parce que c’est une grosse scène en extérieur et il pleut ! Je suis un peu triste parce qu’Imperial State Electric va commencer à jouer là tout de suite et il tombe vraiment des cordes…

Comment est-ce que vous vous préparez à vos concerts ?

C’est différent pour chacun de nous. En général je veux être tout seul. Une heure avant le concert je commence à jouer de la basse pour m’échauffer. Adde joue de la batterie avec son pad d’entraînement ; Il passe presque tout son temps là-dessus. Jocke a trouvé un genre de coach vocal sur YouTube, donc une heure et demie avant le concert, il fait toujours des échauffements avec ce gars. Et puis après, juste avant le concert, lorsqu’on s’apprête à monter sur scène, nous nous prenons toujours un shot de vodka.

Vous venez de sortir un nouvel album qui s’appelle HCSS. Vous avez fait une tournée européenne en mars où vous avez joué presque toutes les chansons de l’album, alors qu’il n’était même pas encore sorti. Aviez-vous hâte de présenter les nouvelles chansons à votre audience ?

Ouais, nous avons parlé de faire ça parce que, généralement, deux d’entre nous vont à Londres pendant trois ou quatre jours pour se poser dans les locaux de la maison de disque et donner des interviews, et deux autres vont quelque part en Allemagne, généralement à Berlin, et au début, lorsque nous avons eu l’idée, nous avons dit : « Faisons une tournée à la place de cette promo que l’on fait habituellement. Partons et faisons une petite tournée pour jouer tout l’album du début à la fin, sans rien jouer d’autre. Et les journalistes pourront venir aux concerts et voir les chansons en live. » Parce que je pense que c’est ça qui nous définit. Nous sommes un très bon groupe de live. Il faut faire l’expérience d’Hardcore Superstar en live ! Mais lorsque nous avons mentionné ceci sur notre page Facebook, les fans étaient là : « Oh, il faut que vous jouiez quelques anciennes chansons ! » Donc je pense que nous avons joué six ou sept vieilles chansons et sept ou huit nouvelles chansons. Et c’est aussi une bonne chose d’essayer les nouvelles chansons, de voir lesquelles fonctionnent le mieux et lesquelles ne fonctionnent pas, parce que parfois nos chansons préférées sont vraiment faciles à jouer dans la salle de répétition mais, d’une façon assez étrange, ça ne marche jamais lorsque nous les jouons sur scène ! Je ne sais pas pourquoi ! C’est donc toujours bien d’essayer les chansons en amont.

N’est-ce pas un peu risqué d’inclure tant de nouvelles chansons que les gens n’ont pas encore entendu dans la setlist ?

Ouais, c’est risqué mais nous avons prévenu avant de partir sur cette tournée que nous allions jouer beaucoup de nouvelles chansons, pour dire que si vous êtes intéressés, vous devriez venir écouter. Et nous avons fait de plus petites salles que lorsque nous faisons une vraie tournée. Et la promotion n’était pas énorme pour cette tournée, c’était plus sur internet. Je pense que la maison de disque a envoyé des informations de presse aux journalistes et ce genre de choses.

Apparemment l’inspiration pour cet album est venue en premier lieu lorsque un fan t’a donné une copie d’une démo que vous aviez enregistrée en 1994. Peux-tu nous en dire plus sur cette histoire ?

C’était vraiment, vraiment marrant parce qu’Adde et moi nous nous sommes retrouvés deux ou trois fois dans mon studio à Göteborg, à essayer de composer pour le nouvel album et nous n’avions rien trouvé de vraiment bon. Et puis, nous avons ce très grand fan en Angleterre, c’est un grand collectionneur de trucs lié à Hardcore Superstar. Il m’a envoyé un email disant : « Oh, j’ai trouvé cette vieille cassette démo du groupe que vous aviez avant Hardcore Superstar ! » C’était moi, Adde et Jocke qui étions dans ce groupe qui s’appelait Link. Il a dit : « J’ai trouvé ça et il y a deux chansons qui sont vraiment très bonnes. » Et il m’a donné les noms et j’étais là : « Oh, ok, c’était il y a un bail… » Je me souvenais des chansons mais je ne les avais pas entendues depuis genre quinze ans ! Je lui ai donc dit : « Peux-tu me les envoyer par mail ? J’aimerais les écouter ! » Et il l’a fait et lorsque je les ai entendues, j’étais là : « Merde, c’est vraiment, vraiment bon ! » Tu sais, lorsque tu es jeune, chaque note c’est presque une question de vie ou de mort, et c’est ainsi que ça sonnait. Ensuite j’ai fait écouter ça à Adde et c’est grosso-modo devenu l’inspiration pour tout l’album. Ca nous a donné l’énergie et la passion, en disant : « Merde, c’est de ça dont il s’agit ! » Tout est une question de musique. C’est vraiment ce qui a déclenché l’inspiration pour nous.

Comment est-ce que ce gars a-t-il bien pu obtenir cette démo ?

Je ne sais pas ! Il y a quelques mois nous avons joué au Whiskey A Go Go, à Los Angeles, et le jour suivant, lorsque je me suis réveillé, j’avais un email de lui et il avait tout le concert, quelqu’un l’avait filmé et il me l’a envoyé et c’était vraiment, vraiment bon ! Et il n’a pas fallu plus de trois ou quatre jours supplémentaires pour qu’il en obtienne un CD. Il a presque tous les concerts que nous avons joués ! Je crois que sur internet il y a un genre de communauté qui s’échange des choses sur leurs groupes préférés.

Quels étaient le contexte et l’état d’esprit du groupe à l’époque, en 1994 ? D’ailleurs, quel âge aviez-vous ?

Je suis le vieux de la bande, donc je crois que j’avais vingt ans, Adde en avait quinze et Jocke dix-sept, nous étions assez jeunes… Je pense que cette démo date de 93 en fait, je sais qu’ils ont dit 94 à la presse… C’était vraiment marrant parce qu’en fait je vivais dans la salle de répétition ! Nous répétions tous les jours et nous sortions dans ce bar rock local à Göteborg tous les soirs. Donc, déjà à l’époque, tout ou presque tournait autour de la musique. Et nous étions là : « Nous serons le plus grand groupe du monde mais nous devons faire ce que nous voulons faire ! » Parce que, je me souviens, nous avons fait deux auditions, l’une était d’ailleurs pour Sony, la maison de disque sur laquelle nous sommes signés aujourd’hui, et ils disaient : « Vous êtes un super groupe mais il faudrait que nous vous mettions en relation avec certains compositeurs et il faudrait que vous sonniez un peu plus comme ci ou ça. » Et nous étions là : « Non, on emmerde ça ! On ne va pas faire ça ! » Nous avons donc ainsi décliné quelques très bons contrats avec des maisons de disques à l’époque parce que nous voulions faire ce que nous voulions !

Hardcore Superstar - HCSS

« J’ai lu des chroniques du nouvel album et ils disaient : ‘Oh mon Dieu ! Ils faisaient des choses bien, pourquoi ont-ils voulu changer ?’ Mais nous devons changer et nous améliorer !' »

Penses-tu qu’il soit parfois important de replonger dans le passé pour se souvenir d’où on vient et se refocaliser sur ce qui a été et est toujours important pour nous ?

Ouais, je pense qu’il est important, au moins de connaître ton histoire et la musique d’où tout provient. Il y a beaucoup de groupes de nos jours qui veulent sonner comme, disons, Led Zeppelin ou, tu sais, ces groupes des années 70 qui étaient vraiment bons, et ils écoutent beaucoup de Led Zeppelin et essaient de sonner pareil mais c’est trop artificiel et trop… Ca sonne trop comme Led Zeppelin et ils finissent par ne faire rien d’autres qu’un pastiche de Led Zeppelin au lieu d’écouter les groupes qui ont inspirés Led Zeppelin pour faire ce qu’ils ont fait. C’est donc pour ça que je pense qu’il est important de connaître son histoire et d’où on vient. De la même façon, il est important de… Nous n’aurions jamais pu écrire une chanson comme « Fly » aujourd’hui. Parce que « Fly » était l’une des chansons [présentes sur la démo], et « Growing Old » en était une autre, et on ne pourrait pas écrire ce type de chansons aujourd’hui parce qu’à cette époque on pensait différemment. Sur « Growing Old », il se passe tant de choses ! Tout le monde joue plein de trucs ! Et pourtant ça reste une bonne chanson ! Et aujourd’hui on ne ferait pas ça comme ça. C’est vraiment difficile d’assembler une chanson lorsque la production est si chargée, avec moi, Vic et Adde qui jouons comme des dingues, et à cette époque, on s’en foutait. Et si nous enregistrions vingt-cinq chansons démo à l’époque, deux s’avéraient bonnes et vingt-trois ne l’étaient pas tant que ça, donc bien entendu, tu t’améliores avec le temps… C’est vraiment important je pense de savoir d’où tu viens.

Apparemment vous avez récupéré plusieurs chansons de cette démo et les avez réécrites. Quelles sont ces chansons et quelles différences y a-t-il aujourd’hui avec les versions originales ?

En fait il y avait quatre chansons. Il y avait « Fly », la ballade épique, et « Growing Old »… Ces chansons sont plus ou moins identiques à ce quelles étaient sur la démo. La seule différence est que nous jouons bien mieux qu’à l’époque, nous sommes de meilleurs musiciens aujourd’hui. Mais pour ce qui est des arrangements, des paroles, etc., ces deux chansons sont grosso-modo les mêmes, si ce n’est que nous avons fait quelque chose de différent pour l’outro de « Growing Old ». Ensuite, le refrain de « Glue » provient d’une vieille chanson également ; c’est à peu près le même refrain. La ligne mélodique de chant dans les couplets est la même aussi mais il y a un autre riff en dessous. Et ensuite, le riff principal de « Touch The Sky » vient aussi de là, mais à l’époque c’était un riff en shuffle alors qu’aujourd’hui c’est un riff droit, et le refrain était complètement différent à l’origine.

D’ailleurs, « Fly » et « Growing Old » possèdent un côté années 70. Est-ce que ça signifie que vous étiez plus portés sur la musique des années 70 à cette époque ?

Nous étions très, très inspirés par Black Sabbath à l’époque ! Je me souviens que nous écoutions beaucoup de Black Sabbath, des années Ozzy, et, en fait, aussi du Jimi Hendrix. Nous jouions beaucoup de chansons de Jimi Hendrix et Black Sabbath. Je dirais que c’était notre source d’inspiration principale à l’époque. Et tu devrais écouter les démos, tu pourrais vraiment entendre à quel point nous voulions sonner comme Black Sabbath ! C’est plutôt marrant !

Ne vouliez-vous pas mettre les démos originales en titres bonus sur l’album, par exemple ?

Ouais, nous sommes justement en train de parler de faire, au moins, un CD que nous apporterons sur la prochaine tournée européenne et que nous pourrions vendre sur le stand de merch, avec toutes les vieilles démos que nous n’avons pas sorti. Je pense que les fans aiment vraiment… En fait, nous avons ressorti la vieille démo de « Growing Old » sur Facebook, il y a genre six ou sept mois !

Comment concrètement ces quatre chansons vous ont inspirées pour faire le reste des chansons de HCSS ? Est-ce que vous avez essayé de vous mettre dans votre état d’esprit de l’époque ?

Ouais, il y avait un peu de ça. Ca a toujours été important pour nous d’avoir une chanson terminée [que nous pouvons utiliser comme référence] pour l’album. Et nous avons toujours eu quelque chose comme ça. Pour le black album, je me souviens que nous avions « Last Forever » qui était finie très tôt et c’était devenu le point de référence. Je me souviens de quand nous avons écrit « Cemetary », je crois que c’était la première chanson qui est venue. A l’époque nous jouions aussi beaucoup de chansons de The Clash, alors nous nous sommes dit : « Hey, ce serait sympa si nous écrivions quelque chose qui serait inspiré par The Clash et le rock n’ roll des années 60 ! » Et maintenant, tu peux entendre ça dans la chanson « Cemetary », les couplets sont un peu à la façon rockabilly et c’était en quelque sorte inspiré par ça. Et c’était ce que nous écoutions et jouions lorsque nous avons fait ces démos. Pour « Off With Their Heads », je me souviens avoir lu de vieilles interviews de Geezer Butler et il parlait pas mal de vieilles musiques qu’il avait l’habitude d’écouter, je ne me rappelle plus des noms des chansons là maintenant mais nous avons été sur Spotify pour écouter ça et ça nous a inspirés pour cette chanson. Nous avons tenté de trouver la liberté en nous pour essayer différentes choses avec la musique. C’est vraiment très dangereux lorsque tu penses, genre : « Oh, nous sommes Hardcore Superstar, nous devrions sonner comme ceci ! Il faut que nous écrivions des chansons comme cela ! » Donc, à la fois, lorsque nous regardions en arrière dans notre carrière avec Hardcore Superstar et même bien avant ça, nous avons développé [notre musique] et regardé en avant. Pour nous, c’est vraiment très important de ne pas faire à chaque fois le même album. Certains fans et personnes qui nous apprécient vraiment, ils… Par exemple, j’ai lu des chroniques du nouvel album et ils disaient : « Oh mon Dieu ! Ils faisaient des choses bien, pourquoi ont-ils voulu changer ? » Mais nous devons changer et nous améliorer ! Parce qu’autrement, je ne crois pas que nous serions encore là ! Je pense que c’est très important.

La chanson « The Ocean » sonne de manière frappante comme une chanson que Jane’s Addiction aurait pu faire, particulièrement par rapport aux lignes vocales de Jocke qui sonnent beaucoup comme Perry Farrell…

Ouais !

Était-ce une influence délibérée ?

Ouais, nous écoutons beaucoup de Jane’s Addiction ! Surtout Jocke, il adore Jane’s Addiction. C’est une mélodique typique d’eux, presque comme une chanson d’enfant. Chaque fois que nous avons une fête dans le tour bus, il y a toujours à un moment donné une chanson de Jane’s Addiction qui passe. Nous sommes donc tous de grands fans de Jane’s Addiction. Lorsque nous avons enregistré cette chanson et l’avons ensuite écoutée, nous nous sommes dit : « Oh merde ! Est-ce que c’est du plagiat ? » Ce n’est pas la même mélodie mais c’est très, très inspiré par eux, c’est le même genre d’état d’esprit.

Hardcore Superstar 2015 by Michele Aldeghi

« J’en ai tellement marre de toute cette musique trafiquée que nous entendons de nos jours. Nous refusons d’être assimilés à ce type de musique. »

Il y a un genre de partie reggae dans « Touch The Sky » où la chanteuse de dancehall Etzia apparaît. Peux-tu nous en dire plus sur comment vous vous êtes retrouvés avec cette partie ?

Adde et moi faisions les imbéciles en studio, notre technicien guitare qui était en studio avec nous était encore dans une autre pièce à travailler sur les guitares, et nous parlions : « Ce serait cool d’inviter un artiste sur l’album ou quelque chose comme ça ! » Nous ne savions pas qui, où ou quand et je crois que Jocke avait déjà posé les lignes de chant sur toute la chanson, et elles étaient vraiment très bonnes. Et Jacob travaillait encore sur les guitares et il écoutait une musique, et nous étions là : « Merde, c’est une super chanteuse ! Qui c’est ? » Et il a dit : « C’est Etzia et elle est de Göteborg ! » « Merde, ça serait super de l’avoir sur l’album ! » Nous l’avons donc appelée et elle est venue au studio. Nous avons parlé de « Touch The Sky » mais nous ne voulions pas décider quoi que ce soit, nous avons dit qu’elle devrait entendre les chansons pour qu’elle puisse décider par elle-même sur laquelle elle préfèrerait chanter. Immédiatement, lorsque nous avons démarré « Touch The Sky », elle était : « Oh, ça c’est cool ! Je veux chanter sur cette chanson ! » Et nous nous sommes éclatés avec elle dans le studio. Elle a aussi demandé à chanter sur « The Ocean ». La première partie du couplet, c’est aussi Etzia ! Mais elle essaie vraiment de copier Jocke, du coup personne n’a remarqué ! Je me souviens de quelqu’un disant à Jocke : « Oh, tu sonnes super bien ! » Et Jocke lui répondre : « Ouais ben, ce n’est pas moi ! » [Rires]

Il y a quelques influences années 70 sur cet album. Ayant également les habituelles influences des années 80 et 90, vouliez-vous parcourir tout le spectre de la musique rock sur cet album ?

D’une façon étrange, nous avons été placés dans le genre sleaze rock. Pas que je n’aime pas le sleaze rock ou quoi, je suis un grand fan en particulier de Guns N’ Roses, c’est l’un des meilleurs groupes au monde, mais nous n’écoutons pas que ce type de musique. Nous écoutons tout le temps plein de musiques et pour nous, il a toujours été important de faire ce que nous voulions faire. Et cette fois, en nous penchant sur ces vieilles chansons sur la cassette démo, nous nous sommes remis à écouter beaucoup de Led Zeppelin et Black Sabbath, tous ces groupes, et d’une certaine manière… Je ne dirais pas que c’était important pour nous de couvrir toutes les périodes, les années 70, 80 et 90, mais peut-être que c’est arrivé parce que nous avons écouté tous les types de musique provenant de toutes les époques. Et je comprends les gens qui disent qu’il y a beaucoup des années 70 dans cet album, nous n’en avons pas tant eu que ça auparavant. Mais je trouve que c’est vraiment, vraiment bien et si tu as le sentiment que nous couvrons toutes les périodes du rock, c’est super !

L’album a été une nouvelle fois produit par le groupe lui-même mais il a été cette fois-ci mixé par Joe Barresi. Comment était cette collaboration ? Qu’a-t-il apporté au son d’Hardcore Superstar ?

Oh mon Dieu ! Il a énormément fait pour cet album ! Adde et moi avons pris l’avion pour nous rendre à Los Angeles et y passer deux semaines pour mixer avec lui… Bon, en fait, nous ne l’avons pas mixé avec lui, nous avons surtout trainé dans les parages, assis à boire des bières, parce qu’il faisait un boulot tellement fantastique ! Joe avait un assistant qui s’appelle Philip [Broussard], et je lui ai demandé : « Est-ce que c’est vraiment ça mixer ? Pour ma part, ça ressemble plus à de la production ! » Parce qu’il faisait tellement de choses lorsqu’il faisait le mixage ! Il a ajouté beaucoup de détails qui sont maintenant vraiment très importants pour l’album. Je suis certain que nous ferons le prochain album avec lui en tant que producteur parce que nous nous sommes tellement bien entendus et nous écoutons, pour une bonne part, et sommes inspirés par la même musique. Il [travaillait sur] plein de tous petits détails mais qui sont tellement, tellement importants pour l’atmosphère des chansons. Toute l’intro de « The Ocean », nous l’avons enregistrée dans son studio à Los Angeles. Nous avons fait pas mal d’enregistrements parce qu’il avait plein de super idées ! C’est un mec fan-ta-stique ! Je veux à nouveau travailler avec lui !

Est-il le meilleur producteur ou mixeur avec qui vous avez travaillé à ce jour ?

Je ne dirais pas le meilleur mais je dirais celui avec lequel nous nous sommes le mieux entendu à ce jour. Mais je trouve que Randy Staub a fait un boulot fantastique sur le dernier album. Et Taubias Lindell, sur Split Your Lip, était très, très bon également. Je pense qu’il est très important, lorsque tu travailles avec des producteurs, que tu ne travailles pas toujours avec le même producteur, tout du moins dans notre cas. Parce qu’il est toujours bon d’avoir un nouveau gars qui apporte de nouvelles idées et qui voit Hardcore Superstar sous un angle un peu différent. Mais je suis plutôt content de tous les producteurs avec lesquels nous avons travaillé. Nous avons beaucoup travaillé avec Roberto Laghi au début ; je crois que nous avons fait quelque chose comme cinq albums avec lui. Et nous allons sans doute retravailler avec lui à un moment donné, quelque part, dans le futur. Mais avec Joe Barresi, il y avait un super feeling. Nous avons pu ressentir ça dès la première fois où nous sommes entrés dans le studio, nous étions là : « Oh merde, ça, ça va être bon ! »

Vous avez baptisé cet album HCSS, soit les initiales d’Hardcore Superstar. Je suppose que si vous n’aviez pas déjà eu un album éponyme vous l’auriez appelé Hardcore Superstar, non ?

Ouais, ouais parce que ça donne un peu la même impression que lorsque nous avions fait le black album, l’éponyme, qui sonnait comme un nouveau départ pour le groupe. Et cet album sonne beaucoup comme un nouveau départ aussi. Nous avons trouvé l’inspiration que nous n’avions… C’est un peu plus un retour aux sources. Il n’a pas ce gros son épais et onéreux. C’est vraiment comme quatre gars jouant ensemble. J’en ai tellement marre de toute cette musique trafiquée que nous entendons de nos jours. Nous refusons d’être assimilés à ce type de musique. Tu n’as pas besoin de jouer, tu ne fais qu’éditer et assembler des chansons ! Et c’est ce que nous nous sommes dit en composant cet album, et c’est peut-être pourquoi il y a un peu d’années 70 là-dedans. Nous avons dit : « nous n’allons pas bidouiller notre musique. Nous allons juste très bien répéter, enregistrer en live et la mixer. » Et nous avons fait ça par le passé. Split Your Lip est plus ou moins un album live en studio. Tu sais, nous vieillissons et c’est important pour nous d’être ainsi fidèles à la musique. C’est important pour nous que ce soit joué avec notre cœur et notre âme. Ce que tu entends dans l’album, c’est ce que nous ressentions lorsque nous l’avons fait, c’est presque comme parler un langage.

Jocke a qualifié l’album éponyme de 2005 de « plus important que [vous] ay[ez] réalisé » parce que « c’est l’album qui a décidé comment Hardcore Superstar devrait sonner. » Comment compares-tu donc ces deux albums ? Penses-tu que HCSS pourrait devenir tout aussi important ?

Ouais mais je pense que si cet album était semblable à un autre album qu’Hardcore Superstar a fait, ce serait le black album. Pas pour les chansons ou le son, mais pour l’atmosphère qui régnait lorsque nous avons fait cet album. C’était la même atmosphère que lorsque nous avions fait l’album éponyme. C’était vraiment : « On se fout de ce que les gens disent. Nous ferons l’album que nous voulons faire ! » Parce que lorsque nous étions en studio cette fois-ci, personne n’a entendu les chansons au préalable, que ce soit à la maison de disque ou autre. Nous avons dit à la maison de disques : « Nous allons terminer les chansons. Nous allons terminer les enregistrements en studio et vous pourrez entendre ça quand ce sera fini. » Lorsque nous avions enregistré l’album éponyme, nous n’avions à l’époque pas de contrat avec une maison de disque, du coup c’est pour ça qu’ils sont assez similaires. Parce que l’atmosphère qui régnait lorsque nous avons écrit les chansons, répété et tout était presque pareil, je dirais.

Hardcore Superstar 2015 by Michele Aldeghi

« Les maisons de disques ont toujours plein d’idées stupides qui n’ont rien à voir avec la musique. […] Nous nous sommes beaucoup disputés avec les maisons de disque avec les années. »

Tu as dit que vous avez fait l’album que vous vouliez faire. Est-ce que ça signifie que par le passé vous n’avez pas toujours fait l’album que vous vouliez faire ?

Bien sûr que si mais c’est… tu sais, nous avons fait des cassettes démo et les avons envoyées à des maisons de disques et elles disaient : « Oh, vous pourriez avoir cette chanson, vous devriez faire ceci avec cette chanson, je n’aime pas la mélodie ou le refrain sur celle-là ou… Celle-ci passera en radio… » Les maisons de disques ont toujours plein d’idées stupides qui n’ont rien à voir avec la musique. Tout ce qui les intéresse c’est vendre la musique. Nous nous sommes beaucoup disputés avec les maisons de disque avec les années.

On peut remarquer un léger changement dans l’identité visuelle sur cet album. Vouliez-vous avoir un peu plus ce côté adolescent, pour ainsi dire, pour vous référer à votre passé ?

Non, la seule chose c’est qu’à l’époque, surtout Adde mais aussi moi et Jocke, nous faisions beaucoup de skateboard. Nous avons toujours eu ce style, tu sais, nous portons des Vans, des pantalons baggy et des t-shirts. Et nous avons toujours adoré tous ces groupes portés sur le skate. Le mec qui a fait la pochette, Jerker [Josefsson], lorsque nous lui avons dit ça, il était là : « Oh j’adore ça… » Alors il a commencé à faire ça et avec tout ce qu’il nous envoyait, nous disions : « Oh merde, c’est vraiment bon ! » Et pour ce qui est des photos, nous avons toujours l’air stupides ! Tu sais, lorsque tu as de grosses sessions photo pour un album, tu vas dans un studio avec un photographe très cher, tu poses et tu as l’impression d’avoir l’air stupide. Ce n’est pas pour nous. Nous avons donc dit il y a quelques années que nous ne ferions plus ça. Nous disons toujours au photographe : « Tu peux prendre des photos genre trois minutes avant le concert et tout de suite après le concert. » Ces photos se révèlent toujours être les meilleures. Donc les photos pour cet album ont été prises quelque chose comme cinq minutes après un concert que nous avons donné en Italie, je ne me souviens plus dans quelle ville. Nous voulons vraiment que ça reste authentique et montrer aux gens ce que nous sommes. Nous ne voulons pas construire… Si tu regardes, disons, les photos que nous avons faites pour Thank You (For Letting Us Be Ourselves), oh mon Dieu, elles sont dégueulasses. Ça coûte un paquet d’argent, ça à l’air stupide, on a l’impression d’être stupides… Désormais, montrons aux gens ce que nous sommes et ce que nous aimons. Et j’aime vraiment la pochette du nouvel album, je la trouve fantastique.

Lorsque nous avons parlé à Jocke il y a deux ans, il nous a assuré que vous pourriez un jour inclure des parties death metal ou faire un album qui sonnerait comme un album de black metal, et il était plutôt sérieux… Est-ce aussi la manière dont tu perçois jusqu’où vous seriez capable d’aller avec votre expression musicale et votre liberté ?

Ouais, bien sûr. Nous en avons justement parlé hier lorsque nous voyagions dans le bus. C’était quelque chose comme deux jours après que l’album soit sorti et nous avons dit : « Oh, pour le prochain, est-ce qu’il faudra que nous fassions quelque chose de plus heavy ? Devrions-nous faire un genre d’album de thrash ? » Si c’est vraiment ce que nous voulons faire, alors il se peut que ça arrive ! [Petits rires] Voilà effectivement à quel point nous sommes libres et ouverts avec la musique. Mais peut-être pas du death metal. Jocke ne… [Il marque une pause et ricane] Il ne pourrait pas chanter ça [rires], tout du moins pas aussi bien.

Toi et le batteur Adde êtes les compositeurs principaux dans le groupe, ce qui est plutôt inhabituel pour un groupe de hard rock. Penses-tu qu’en étant la section rythmique vous avez une approche différente de la composition par rapport aux guitaristes qui généralement composent ce type de musique ?

Ouais, d’une certaine manière, si Adde écrit un riff, ce n’est pas fait de la même manière qu’un guitariste le jouerait. C’est un peu plus rythmique ou… Parce que ce n’est pas ton instrument principal. Donc d’une certaine façon, ouais, c’est sûrement différent. J’aimerais vraiment, vraiment apprendre à jouer du piano. Je peux un peu jouer mais j’aimerais devenir un bon pianiste, donc je m’entraîne chez moi. Et lorsque j’écris des chansons dans mon coin, de nouvelles idées me viennent toujours au piano et je suis genre : « Oh, ça, ça sonne bien ! » Je ne sais pas ce que je joue ; je joue juste ce qui sonne bien. Et ça n’arriverait jamais si je me posais avec ma basse parce que je connais la manière dont fonctionne cet instrument : « Tu peux faire ci et ci, et tu ne peux pas faire ça. » Ce sont donc toujours des idées de chansons ou riffs nouveaux, marrants et différents ou bien, pas des arrangements, mais des structures d’accords que tu ne jouerais pas si tu te posais avec une basse ou, dans mon cas, une guitare. Je pense donc que d’une certaine manière, c’est un peu différent. Ensuite, lorsque Vic [Zino] ou [l’ancien guitariste Thomas] Silver prenaient les riffs et les jouaient, ils étaient toujours genre : « Oh merde, ça c’est étrange ! » Mais ça sonne toujours vraiment sympa lorsqu’ils jouent les riffs. Et Vic dit toujours : « Oh, c’est quelque chose que je n’aurais jamais fait ! »

Est-ce que tu t’inspires d’autres bassistes qui sont aussi connus pour leurs capacités de composition, comme Nikki Sixx, Geddy Lee, Roger Waters, etc. ?

Bien sûr que je les écoute et je suis un grand fan de Mötley Crüe, Rush et Pink Floyd. Bien sûr que j’écoute Geddy Lee et j’ai appris tout ce qu’il a fait ; lorsque j’étais gosse et que je m’entraînais, j’apprenais toutes les chansons et tout. Donc bien sûr, ils sont inspirants. Nikki Sixx n’est pas un si bon bassiste mais c’est un compositeur fantastique. Mais je suis surtout, plus ou moins, inspiré par la bonne musique, je pense.

Interview réalisée par téléphone le 25 avril 2015 par Nicolas Gricourt.
Retranscription et traduction : Nicolas Gricourt.
Photos promo : Michele Aldeghi.

Site officiel d’Hardcore Superstar : www.hardcoresuperstar.com.



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  •  » Parce que je pense que c’est ça qui nous définit. Nous sommes un très bon groupe de live. »

    LEAULE. Tu faisais que des sourires et des likes au Divan du Monde.
    Aucune complicité avec les autres musiciens, tu étais totalement amorphe. Peut-être un jour sans, mais LEAULE quand même.

    Faut revenir à la réalité.

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