Hate Eternal est l’un des grands défenseurs du death floridien, qui comprend des ténors tels que Death, Morbid Angel et Obituary. Hate Eternal a la particularité de pousser la technique propre au genre à son paroxysme et au bénéfice de la brutalité, et surtout de ne pas dévier ne serait-ce que d’un pas de sa formule originale. Hate Eternal est ce qu’on pourrait appeler un groupe de puristes, des musiciens intransigeants et amoureux d’un style singulier. Infernus (2015) l’illustrait parfaitement et leur dernier effort, Upon Desolate Sands, poursuit dans cette approche immuable de la musique.
Ce qu’Upon Desolate Sands apporte de nouveau, c’est une meilleure production que ses prédécesseurs. Hate Eternal sonne massif que ce soit sur les riffs de l’outro apocalyptique martelée de « The Violent Fury », la véritable marche furieuse qu’est « Nothingness Of Being » ou le très heavy et révérencieux « For Whom We Have Lost ». Les guitares d’Hate Eternal ont un cachet typé death des années 90, presque « magmatique » dans la fournaise qu’elles délivrent, mais conservant la précision des productions plus contemporaines. Eric Rutan, le chanteur-guitariste-leader impliqué dans la production justement, rend parfaitement justice à un riffing infatigable, qui ne se permet pas le moindre répit. « All Hope Is Destroyed » serait un fracas insondable pour l’auditeur si le traitement du son n’était pas clinique. Le riffing syncopé hérité du thrash a de quoi faire pâlir les apprentis. « All Hope Is Destroyed » est une sorte de « shoot » haineux et viscéral, d’une vélocité parfois extrême. Dans l’ensemble, Upon Desolate Sands a ce culte de la vitesse et de l’intensité qui doit beaucoup au monstre physique derrière les futs qu’est Hannes Grossmann (Alkaloid, Blotted Science, ex-Obscura, ex-Necrophagist). Ce dernier ne cesse de blaster, même lorsque les guitares ralentissent pour appesantir l’atmosphère, à l’instar de « Nothingness Of Being », très Morbid Angel dans l’âme, où la double grosse-caisse file à une allure infernale. Sur le plan rythmique, Upon Desolate Sands est diabolique.
Tout n’est pas qu’une course effrénée et une surenchère de violence. Hate Eternal parvient à instiller de la tension dans ses compositions, par ses accords et mélodies dissonantes. « Dark Age Of Ruin » nous fait miroiter des terres dévastées, une ruine totale et cataclysmique, avec des plans aux harmonies « tordues » que n’aurais pas renié un Patrick Mameli (Pestilence). « Vengeance Striketh » transpire la haine et la rage, ainsi que l’entrain guerrier. Hate Eternal ne construit pas des compositions à la brutalité anodine, il parvient à évoquer tout un lexique du désespoir et de la destruction. En outre, Upon Desolate Sands voit le groupe s’adonner à quelques (très) rares passages plus ambiancés ou mélodiques. « Upon Desolate Sands » nous transporte directement dans la chaleur suffocante du désert avec ses arrangements de voix orientales. « Portal Of Myriad », titre qui relate les forces divines, mythologiques et magiques, profite d’un solo et de mélodies aux teintes ritualistiques qui permettent à l’auditeur de reprendre ses marques dans le déferlement de violence qu’est Upon Desolate Sands. « For Whom We Have Lost » est d’ailleurs le seul titre à se détacher de la recette monolithique d’Hate Eternal. Ce titre instrumental est paradoxalement le plus éloquent de l’album et vient le conclure en soutenant le postulat suivant : notre décadence est irrémédiable, la noirceur phagocytant toutes choses. D’une certaine manière, Upon Desolate Sands se termine sur une note mélancolique presque émouvante.
Upon Desolate Sands est le digne successeur d’Infernus, et du reste de la discographie d’Hate Eternal. Il va légèrement plus en profondeur, avec une production plus léchée et un jeu de batterie titanesque. La fidélité d’Hate Eternal envers ses origines est louable. Le groupe n’expérimente pas, ne cherche pas l’innovation à tout prix. Il privilégie l’application experte dans le genre qu’il affectionne. De fait, Upon Desolate Sands contient 39 minutes de violence noire, technique, qui ne connaît aucune nuance, ou presque, mais concoctée avec une certaine classe.
Chanson « All Hope Destroyed » en écoute :
Chanson « Nothingness Of Being » en écoute :
Chanson « What Lies Beyond » en écoute :
Album Upon Desolate Sands, sortie le 26 octobre 2018 via Season Of Mist. Disponible à l’achat ici
Eric est un maitre dans son genre .
Du massif en effet ,jamais déçu par ce groupe qui entretient la flamme du death metal floridien, quelle aisance et technique hors du commun, HAIL TO THE DEATH METAL GODS ????????
Super massif, en effet!