Si vous avez écouté Tracer avant de vous rendre ce soir au Divan du Monde, vous devez vous attendre à une soirée qui remue, placée sous la bannière du metal certes, mais sacrément mâtinée de rock. Si vous avez écouté Slow Motion Disease, excellent dernier album de nos Normands préférés, explosion musicale jouissive, aux guitares inspirées et au chant qui vous transporte, vous vous attendez encore plus à une soirée qui remue. Vos attentes sont légitimes mais force est de constater, au vu du remplissage modeste de la salle, que vous n’avez pas été nombreux à goûter au voyage de saveurs auditives proposé par Headcharger, tête d’affiche de la soirée.
C’est bien dommage car la combinaison d’un tel album et d’un groupe aux prestations toujours sincères et énergiques aurait dû vous inciter à bouger et à obtenir la réponse à la question du jour : qu’auront donc fait les Caennais les plus metalleux de la planète ? Eh bien, ils auront maintenu un équilibre presque parfait. Voyez plutôt en lisant les lignes qui suivent… All night long, s’il le faut.
Artistes : HeadCharger – Tracer
Date : 30 Avril 2012
Salle : Divan du Monde
Lieu : Paris
L’Australie, maintenant vous connaissez tous. Les plus anciens ne jurent que par AC/DC ou Rose Tattoo tandis que les plus jeunes s’éclatent sur Airbourne ou Koritni. Que tout le monde note un nouveau venu : Tracer. Le trio composé d’Andre Wise à la batterie et des frères Brown avec, respectivement, Leigh à la basse et au chant et Michael à la guitare et au chant, ouvre le bal ce soir. Devant un parterre clairsemé et attentif, le groupe offre une prestation honnête, encore quelque peu timide peut-être, avec une setlist basée essentiellement sur Spaces in Between, leur dernier opus. Leur musique est plutôt efficace, mélange de rock et de stoner saupoudré de solos de guitares psychédéliques.
Les Australiens clôturent leur trois quarts d’heure de show sur une reprise de « War Pigs » de Black Sabbath, qui voit guitariste et bassiste jouer en même temps de leur instrument dans le dos. Effet garanti d’autant que, originalité plutôt sympa, le batteur aussi se prête à l’exercice et joue le dos tourné à sa grosse caisse. Pas simple ! Sur ce final à l’envers, le trio conclue donc une très bonne entrée en matière.
Le ballet des techniciens se termine et des écrans apparaissent dans la salle. Un grand sur le devant de la scène, deux plus petits, à l’intérieur, descendant des côtés du balcon. Le groupe va-t-il proposer un spectacle basé sur des projections ? Que nenni ! Nous avons droit à une réclame ! Il n’y aura bientôt plus que dans nos toilettes où nous serons à l’abri de ce fléau. Au moins, cela donne-t-il l’occasion à certains d’exercer leurs talents pour les ombres chinoises. Cornes du diable, doigts tendus et autres formes non identifiées viennent agrémenter le film publicitaire.
Détail remarquable, le backdrop n’est pas aux couleurs de Slow Motion Disease mais affiche The End Starts Here. Étonnant, non ?
Il est à peu près 21h00 quand les lumières s’éteignent et que retentit l’intro far-westisante. La foule n’a pas radicalement grossi mais est largement moins réservée dans son accueil que pour la première partie et les pogos partent assez vite. « Without A Nation » et « 1000 Tides » démarrent le concert en terrain connu avec deux titres issus du précédent opus The End Starts Here. Le groupe, comme à son habitude, enchaîne tambour battant et nous emmène pour une nouvelle passe de deux titres d’affilée à la découverte de son dernier album. « Fires Of Hell » et « Using People As One Of The Fine Arts » passent haut la main l’épreuve du live.
Sébastien interpelle le public. « Est-ce que tu te souviens du deuxième album ? A l’époque c’était donnant-donnant ». Et le groupe d’attaquer « If You Wanna Dance You Gotta Pay The Band » issu de Watch the Sun avant que le très stoner « Do You Think Of Me » termine une nouvelle paire de morceaux issu d’un même album. « Communication Breakdown », reprise dispensable de Led Zeppelin – nous y reviendrons – brise le brelan de paires qu’a asséné HeadCharger sur un public aux anges et qui, fort de la place qu’il a pour s’exprimer, va de pogos en pogos. D’ailleurs, « Do You Think Of Me » avait vu apparaître son premier slammeur.
Sur scène, les musiciens sont très présents et chacun apporte sa pierre et sa sueur à l’édifice. Chacun des musiciens a sa propre identité visuelle, sa façon d’être sur scène et c’est ce qui est intéressant chez ces Normands. Ce patchwork scénique est complété par un plaisir évident d’être là, cela se voit aux sourires des musiciens. Et même si Sébastien pourrait peut-être plus galvaniser le public, un concert d’Headcharger est un chaudron bouillonnant de sincérité, de tripes, de bonne humeur et de rock’n’roll dans lequel le public présent est bien heureux de plonger. Aux absents de ce soir, la prochaine fois, venez goûter.
Le plus speed « Get Naked » enfonce le clou avant que ne reviennent deux titres de Slow Motion Disease. Le titre d’ouverture, « All Night Long » et « Dusty Dreams » avec son intro qui ce soir fait penser à du Sabbath. L’influence du « War Pigs » joué par les Australiens ? Une légère déception sur ces deux morceaux. « All Night Long » est peut-être un petit peu moins enlevé que sur album et la voix casse un peu sur « Dusty Dreams ». Mais il faut être grincheux pour que ces éléments soient perturbateurs et ce qui concerne le public dans l’immédiat est la fin de la première partie du set.
La pause est courte et le groupe revient vite. Les rappels débutent sur la batterie de Matt qui claque en intro de « Up To You ». Seb rendra hommage au public en disant que, contrairement aux poncifs, le public parisien est loin d’être blasé. « Intoxicated » conclura le concert, un tantinet court tout de même, suivi, mine de rien, par du beau monde. Les hommes de Aqme – ils étaient déjà à Dagoba, il faudrait qu’ils bossent un peu aussi, non ?-, Matthieu, le chanteur de Bukowski, et Stéphane Buriez sont effectivement présents.
Nous avions dit que nous reviendrions sur la reprise de Led Zep, nous y voilà. Les HeadCharger ont un sacré bon album en poche, clairement dommage qu’ils ne l’aient pas mis plus en avant. Vous l’aurez remarqué, la setlist est très équilibrée, proposant quatre morceaux par albums représentés. De plus, elle appuie le côté le plus brut, le plus sauvage, indomptable du groupe. En allongeant la durée du concert, en supprimant cette reprise – même si le groupe peut légitimement y être attaché – il y aurait eu de la place pour le superbe enchaînement « The Life Of A… », « …Drifter » et pour ces titres magnifiques moins hardcore, au feeling énorme comme « Spain Summer Sun » ou « Annoying n’Noisy ». Le concert y aurait sûrement gagné en richesse, en saveurs. L’équilibre n’est décidément pas toujours une bonne chose.
Enfin, ce soir, ce n’était pas la foule des grands jours malheureusement pour Headcharger même si les fans présents et le groupe ont été contents. A juste titre. Mais cela pose une question : est-ce que la musique proposée par le groupe, mélangeant, entre autres, structures classiques et voix hurlée assez thrash, n’est-elle pas un hybride trop original pour rallier le plus grand nombre à sa cause ? Ceci dit, tant que cet hybride pondra des galettes de la trempe de Slow Motion Disease et suera sa sincérité sur scène, souhaitons-lui longue vie.
Setlist de HeadCharger :
Without A Nation
1000 Tides
Fires Of Hell
Using People As One Of The Fine Arts
If You Wanna Dance You Gotta Pay The Band
Do You Think Of Me
Communication Breakdown (reprise Led Zeppelin)
Get Naked
The End Starts Here
All Night Long
Dusty Dreams
Rappels :
Up To You
Intoxicated
Photos : Lost
A voir également : galerie photos du concert de Headcharger
Ils étaient en première partie de Gojira et j’ai trouvé ça bien sympa.
C’est pas trop mon genre de musique à la base mais ils étaient plein d’énergie et j’ai passé un bon moment.