Au menu cette semaine, je vous propose le charismatique Vincent Cavanagh. Anathema est un groupe classieux, qui joue une musique « pour le cœur, pour l’esprit ». Ce sont les propos de Vincent qui, vous pourrez le constater en fin de vidéo, parle de mieux en mieux notre langue. Une entrevue où le chanteur aborde les tentations culinaires de la vie parisienne, le végétarisme et l’abstinence d’alcool de son frère Daniel, la différence entre le catering en Angleterre et en France et ce concert très particulier à Montréal, l’année passée, en première partie de Blackfield.
Stay Hungry. Stay Metal.
Gilles LARTIGOT « The Heavy Metal Cook »
Gilles Lartigot : Vincent, merci beaucoup d’être là avec nous au Hellfest.
Vincent Cavanagh (chant) : C’est bon d’être là !
Parlons nourriture !
Je t’applaudis et je t’appuie dans ce que tu fais, dans ton combat contre les fast food. Je vis à Paris et il y a beaucoup de tentations. C’est incroyable ! Je vis à côté d’un chocolatier « Jeff de Bruges ». En face il y a « Les caves de fromages » et des boutiques avec du foie gras, du vin et puis il y a aussi des plats préparés, des pizzas, des kebabs et tout ce genre de choses. Alors que je traverse la rue pour aller à la banque par exemple, c’est tout un tas de tentations qui m’appellent… Je sens toutes ces odeurs et je me dis « Résiste ! Résiste ! ».
Je sais qu’il est très difficile en tournée de manger sainement, comment gères-tu cela ?
Ne jamais tourner en Angleterre ! Car c’est le pire pays pour la nourriture. Je suis Anglais, alors j’ai la légitimité pour le dire. Peut-être que lorsque tu es dans un groupe très important, tu as ton propre camion de catering et tu peux avoir tout ce que tu veux. Mais nous, nous n’avons pas ça. Nous n’avons même pas de catering dans la salle. On nous donne 10 livres pour acheter de la nourriture à l’extérieur. Mais nous sommes en centre-ville et que trouve-t-on ? Des fast food uniquement. Il n’y a même pas de supermarché à proximité. Je ne mange jamais avant mais toujours après le show, après avoir chanté, donc passé minuit, qu’est ce que l’on trouve d’ouvert à deux heures du matin ? Pizzas, Kebabs. Alors, tu vois, c’est vraiment difficile !
Mais ! Si tu tournes en France, alors c’est une toute autre histoire ! On a fait une tournée « back to back », une semaine en Angleterre, une semaine en France. La semaine en Angleterre, on mangeait de la merde (en français dans le texte). En France, c’était « Whaou ! ». Pour notre premier concert de la tournée au Splendid, à Lille, même le petit-déjeuner était fantastique ! Le buffet était dressé. C’était magnifique ! Et on était tous ensemble, le groupe, l’équipe, tous unis. J’apprécie beaucoup l’affect qui se dégage de ça, l’attention que vous portez en France aux détails, à la présentation et aussi à la santé. A Toulouse, au Bikini, c’était génial aussi ! Comme partout ailleurs également. C’était vraiment bon. Je veux remercier les français pour ça, pour la qualité de leur nourriture.
Tu as un plat préféré ?
J’aime la nourriture épicée. Forte, piquante. J’aime beaucoup la nourriture Indienne. A la maison, je mange très rarement de la viande. Ma compagne est végétarienne. Elle est vraiment très en santé.
Toi aussi.
Ça peut aller. Mais il faut que je fasse plus d’exercice. Je sais que c’est important. Mon frère Danny est très préoccupé par sa santé. Il est aussi végétarien. Il est très en forme également. Ce n’est pas uniquement pour des raisons esthétiques mais c’est surtout pour se sentir bien, pour se sentir physiquement en santé. Il y a une chose importante que je veux te dire, Danny ne boit plus d’alcool depuis 5 ans maintenant. C’est une bonne chose. Moi, je ne le suis pas, je bois quelques verres de temps en temps. Mais il faut surveiller ça. L’alcool a un effet sur tout tu sais. Regarde-toi lorsque tu as bu beaucoup de mauvaise bière bière ou lorsque tu as pris n’importe quelle autre substance… Ce n’est pas bon pour nous, pour notre organisme. Notre sang transporte ces toxines dans tout notre corps et ça nous rend fatigués, plus vieux que notre âge.
Parles-moi de ce concert du 23 Mai 2011 à Montréal, en première partie de Blackfield. (ndlr : entretien réalisé le 19 juin 2011 au Hellfest)
Montréal, c’était le meilleur public de notre tournée nord-américaine. New York était incroyable, toutes les autres dates également, mais Montréal, je ne sais pas d’où ça vient, peut-être quelque chose dans l’air… Tu pouvais le sentir. C’était une date très spéciale, pour plusieurs raisons, comme tu le sais… (ndlr : le père de Steve Wilson est mort ce jour-là. Blackfield a quand même joué le soir-même et a réalisé une prestation magique. Le public n’était pas au courant du drame qui s’était déroulé quelles heures plus tôt…). J’ai beaucoup de respect pour Blackfield et pour Steven Wilson. Ils nous ont très bien traités lors de la tournée. Ils ont partagé leur bus avec nous et nous ont fait nous sentir à l’aise. Nous connaissions le road crew parce que c’est aussi le notre quelquefois. Ce soir-là, nous avons du improviser à la dernière minute, avec seulement deux guitares acoustiques : taper le rythme sur la guitare avec des pédales de loops, jouer les chansons, improviser des trucs atmosphériques…
En effet c’était très spécial et le public était très réceptif.
Oui. Très réceptifs. Je crois honnêtement que lors d’un concert nous sommes tous là pour les mêmes raisons. Nous sommes unis, tous ensemble et nous voulons passer la meilleure soirée qui soit. C’est la même chose en festival. Les gens sont là pour avoir du bon temps et être ensemble, via la musique. Tout le monde est impliqué. Si l’on prend l’exemple du concert à Montréal, que ce soit le personnel local, le staff du bar, les agents d’entretien, le staff du catering… Tout ce monde est uni et veut passer une bonne soirée pour rentrer ensuite chez lui, heureux. Ça inclut le groupe également. C’est d’ailleurs, la seule façon de faire. Alors il faut respecter tous ce gens comme eux nous respectent. Un respect mutuel. C’est comme ça que ça doit se passer. C’est la même chose avec le public, il se crée comme une alchimie. Je le sens. Et je donne beaucoup. Je donne tout ce que j’ai. Je suis très ouvert à ça, tu le sais. Et honnêtement, qu’il y est 15 ou 15 000 personnes, c’est la même chose pour moi.
Merci Vincent. J’ai une recette pour ta compagne. C’est une recette végétalienne. C’est mon Powercake. Quelques tranches avant de monter sur scène et tu as assez d’énergie pour toute la durée du concert. C’est fait maison.
Alors je vais le faire moi-même. Je te fais confiance.
VEGAN POWERCAKE :
Pour l’occasion, j’ai donc concocté une version végétalienne du Powercake.
1 tasse de farine de Blé complet biologique
1 tasse de farine d’avoine biologique
1 tasse de farine d’épeautre biologique
1 de tasse de raisins secs noirs
1 tasse de compote de pomme fait maison
1 tasse de lait d’amandes fait maison
3 bouchons de Rhum brun
1/2 c. à soupe de poudre à pâte
1 c. à soupe de cannelle en poudre
(1 tasse = 250 ml)
Mettre les raisins dans une casserole. Verser de l’eau à hauteur des raisins. Porter à ébullition et retirer du feu. Réserver 10 à 15 minutes, le temps de la recette. Mélanger les 3 farines dans un grand bol. Ajouter la poudre à pâte, la cannelle, la compote de pomme, le lait d’amande et le rhum. Mélanger le tout. Ajouter les raisins. Mélanger de nouveau avec vigueur pour donner une bonne texture à la pâte. Préparez votre moule avec du papier sulfurisé. Verser la pâte dans un moule à cake. Mettre au four à 375° F (175°C) pendant 25 minutes environ.
Des sous titres ou une transcription écrite sous l’article serait pratique pour les attardés de la langue anglaise comme moi 😀 .
[Reply]
@ Doc’ : Merci ! Plus rapide que l’administration française le doc’ tu devrais être fonctionnaire 😀 .
Une interview que j’attendais avec impatience depuis le teaser de l’an dernier. 😉
Sacré veinard d’avoir pu t’entretenir avec lui. Ce gars cumule selon moi toutes les qualités qui en font un artiste d’exception : sympathie, sincérité, modestie, lucidité. Et ton interview ainsi que celle publiée récemment sur le site confirment mon ressenti. 😉
[Reply]