Hegemon poursuit son cheminement avec patience et application et perpétue année après année un black metal essentiel et spontané ; une musique personnelle, imprégnée de science et de philosophie, où se reflète un monde désorienté et désorientant. Sans ne tenir compte de rien d’autre que de leur propre subjectivité, et avec une indépendance intangible, les membres du groupe composent depuis vingt-cinq ans la sombre tapisserie des événements et des idées qui les traversent.
A l’occasion de la sortie de leur nouvel album Sidereus Nuncius, paru chez Les Acteurs De L’Ombre, que ce soit pour interroger les errances de l’histoire humaine ou pour incarner leurs propres réflexions, A. et N. nous décrivent ainsi leur représentation singulière d’Hegemon, véritable extension d’eux-mêmes mis en musique où les symboles personnels s’entrechoquent dans un black metal nébuleux mais radicalement sincère.
« Comme nous le disons depuis vingt-cinq ans : nous n’en avons un peu rien à foutre de tout. Ce qui nous intéresse, c’est de faire de la musique comme nous avons envie de la faire. »
Radio Metal : Pour situer un peu le groupe : qui compose dans Hegemon ? Est-ce une composition à cinq ou y a t-il un leader sur la composition, et comment cela s’est-il passé pour cet album ?
A (basse) : Dans Hegemon nous sommes deux compositeurs principaux : il y a A – donc moi – et F le guitariste. Nous composons quasiment la moitié de l’album chacun depuis The Hierarch. Nous apportons les morceaux déjà maquettés quasiment entièrement – c’est-à-dire guitare, basse et batterie –, puis N pause les voix, et après nous faisons écouter ça aux autres et nous améliorons. Ça se fait comme ça depuis maintenant au moins quinze ans. Au début, c’était moi qui composais les premiers morceaux d’Hegemon, notamment le premier album Chaos Supreme – qui a beaucoup de basses en avant, d’ailleurs –, parce que j’ai formé le groupe avec N, et F est arrivé un peu après. Par la suite F a commencé à composer beaucoup plus, et maintenant nous nous partageons les morceaux, mais au début c’était plus des morceaux à moi.
L’EP Initium Belli marquait les vingt ans de la première démo du groupe et regroupait des réenregistrements issus de celle-ci. Pourquoi avoir voulu réactualiser ce passé « à la sauce contemporaine » ?
Je pense que c’était pour nous une façon de faire beaucoup mieux sonner ces premiers morceaux, parce que la démo avait été enregistrée très sommairement à l’époque. Nous avions enregistré une démo sans optique. C’était peut-être juste pour faire des concerts, sans plus.
N (chant) : C’est même carrément quelqu’un qui nous a dit : « Je peux vous enregistrer des morceaux ? » Nous avons dit : « Oh, bah d’accord ! » Il n’y avait vraiment pas d’objectif du tout.
A : C’est ça. De la démo, nous avions déjà repris « Chaos Supreme » sur l’album du même nom et « Stigmata » sur By This, I Conquer. Nous nous étions dit que, pour leur rendre hommage, ce serait bien de remettre les deux autres morceaux qui avaient un son un peu dégueulasse. Nous en avions aussi un qui n’était pas terminé de 1997, donc nous l’avons terminé. Et puis nous nous sommes dit que nous allions mettre un nouveau morceau, forcément, et une reprise d’un morceau qui avait inspiré le groupe à ses débuts – une reprise d’Immortal que nous avons joué sur scène à nos débuts, ça nous paraissait évident.
Vous ne semblez pas être de l’école qui dit que le son traditionnel du black metal ne doit pas être touché ou retouché. Vous n’hésitez pas à revenir avec les outils modernes. Vous n’êtes pas des « puristes » sur l’approche que vous avez pour votre son…
N : Nous ne nous posons pas de question, en fait. Comme nous le disons depuis vingt-cinq ans : nous n’en avons un peu rien à foutre de tout. Ce qui nous intéresse, c’est de faire de la musique comme nous avons envie de la faire. Nous ne nous posons pas la question : « Le son doit être comme-ci, ou comme ça… »
A : Nous faisons comme nous avons envie de faire les choses, donc si avoir un bon son ce n’est pas être « trve », alors oui, nous ne sommes pas des « trves ». Nous ne sommes pas des puristes, mais ce n’est pas un problème, nous nous en foutons.
Sur les vingt-cinq ans d’existence d’Hegemon, quel regard portez-vous sur votre parcours, sur vos premières œuvres ?
Je pense que nous sommes fiers de tous nos albums. Il n’y en a pas un sur lequel nous avons des regrets. L’évolution s’est faite naturellement et nous apprécions autant les vieux que les nouveaux. C’est la musique que nous avons aimé faire depuis nos débuts, donc je pense que tous nos albums se « valent » pour nous. Je ne pense pas que nous en ayons un préféré à un autre. Enfin, c’est mon avis en tout cas.
N : Nous n’avons jamais composé ou écrit en nous disant : « On va faire des morceaux plus comme ceux-là, ou plus prog, ou moins violents ou… » C’est toujours A et F qui ont fait les trucs comme ils venaient. Nous ne nous sommes jamais souciés d’orienter l’évolution musicale du groupe, elle est venue toute seule. Après, nous faisons le tri évidemment, nous n’allons pas mettre absolument tout et n’importe quoi. Il faut que ça reste cohérent avec ce que nous avons en tête. Tant que nous arrivons à cracher des morceaux comme nous les avons dans la tête, comme nous les ressentons, tout va bien, peu importe l’orientation. Demain, nous n’allons pas faire de la pop, ce n’est pas ce que je veux dire bien sûr, mais nous ne nous posons pas de question.
« Tu t’aperçois que finalement c’est le chaos qui régit la Création, et que sur Terre on a – avec les religions, les sociétés et tout un tas de choses – essayé de mettre tout ça un peu en règle, en carcan. On a plutôt essayé de lutter contre notre part chaotique, notre part sombre, au lieu d’essayer de vivre avec ou de la dompter et d’en faire quelque chose. »
A : J’ai quand même le sentiment que sur notre discographie nous sommes restés, malgré tout, assez constants dans le style que nous faisons. Je n’ai pas le sentiment que nous ayons trop changé. Peut-être que nous avons évolué ? Oui, c’est sûr, mais nous n’avons pas changé fondamentalement. Je pense que nous sommes restés ce que nous étions à nos débuts, c’est-à-dire un black assez mélodique, assez travaillé. Forcément, avec les années ça a été un peu plus professionnel, un peu plus travaillé, mais nous n’avons pas changé d’optique depuis vingt-cinq ans, dans notre musique en tout cas.
N : J’ai l’impression que nous restons toujours sur notre influence première qui est le black scandinave des années 90. Ça nous a tellement marqués que c’est ce que nous avons fait et digéré. Je pense qu’à ce niveau-là nous recracherons toujours des trucs comme ça avec différentes évolutions. Nous ne pouvons pas le renier.
A : Ça fait totalement partie de nos racines, nous en sommes imprégnés, nous ne pouvons pas trop nous en détacher.
Si on cache votre logo et qu’on fait écouter à quelqu’un, il peut facilement croire que le groupe vient de Suède, avec l’aspect mélodique…
Je prends ça comme un compliment ! [Rires]
N : Je prends la Norvège aussi ! [Rires]
A : La Norvège aussi, pourquoi pas, allons-y ! [Rires] Nous ne nous sommes jamais cachés de ces influences. Nous faisons la musique que nous aimons et forcément nous nous inspirons de ce que nous aimons. C’est assez logique.
N : Ça respire la Scandinavie, mais ce n’est pas un choix, c’est comme ça. Nous ne nous sommes jamais dit : « On va faire du Emperor ou du Dissection. » Nous avons fait les choses qui nous impressionnaient. Il faut savoir qu’A et moi-même nous jouions déjà depuis un moment dans d’autres groupes. Nous avons déjà pu faire d’autres choses et expérimenter d’autres influences, et quand nous nous sommes rencontrés, ç’a été immédiat de monter ce projet-là, mais pour faire de la musique. Il y avait zéro objectif. Ce n’est pas de la fausse modestie.
A : Contrairement aux autres formations dans lesquelles nous étions à l’époque, souviens-toi.
N : Oui, nous voulions que ça bouge un peu et au final, il ne reste plus qu’Hegemon. Tout ce qui nous arrive avec Hegemon, ce n’est que du bonus tout le temps.
Vous prenez pas mal le temps entre les albums – par exemple, le nouvel album a mis six ans à arriver –, peut-être pour qu’ils soient aboutis et en phase avec votre vision, ou alors peut être que vous n’avez pas assez de temps dans vos vies personnelles pour vous consacrer à Hegemon. Comment percevez-vous ce projet-là dans vos vies de musiciens ?
A : Comme nous te l’avons expliqué, nous n’avions pas d’objectif à la création du groupe. C’était juste pour faire de la musique parce que nous avions d’autres formations qui tentaient de devenir un peu « professionnelles ». Avec Hegemon, nous ne nous sommes jamais mis de pression, c’est pour ça qu’il y a beaucoup de temps entre les albums. Nous n’avions pas forcément de business plan, de plan de carrière sur ce groupe, donc ce n’était pas grave. Ça pouvait prendre six ans, dix ans, l’essentiel était qu’un album sorte à un moment donné. Nous continuons à nous envoyer des morceaux et à composer mais nous prenons notre temps, parce que nous n’envisageons pas forcément de rendre ça plus professionnel et de rentrer dans l’optique de sortir un album tous les deux ans, de tourner, etc. Ça n’a jamais vraiment été l’objectif du groupe.
N : Nous avons une liberté totale. Nous avons zéro contrainte de label, nous n’avons pas de pression de sortir un album, tourner, sortir un album, tourner, etc. Nous avons aussi nos vies respectives qui sont bien occupées et nous n’avons pas envie de chambouler tout ça. Comme nous ne sommes pas des pros et que nous voulons que les choses soient faites, il nous faut du temps. Comme dit A : s’il nous faut dix ans, le prochain sortira dans dix ans, et si ça se trouve dans trois ans, il y en aura un de fini. Rien n’est jamais déterminé avec nous, la seule importance c’est la musique.
« Nous n’apportons pas de réponse, nous posons juste des questions et nous faisons des constats. Nous ne sommes pas des prêcheurs, nous n’avons rien à expliquer à personne, nous ne détenons pas la vérité, nous n’allons pas dire aux gens de faire comme ceci ou de penser comme cela. Nous ne savons rien. »
Pour parler un peu des thématiques, il y a un fil rouge qui nous semble assez évident : le rapport à l’univers, au cosmos et au chaos. Est-ce que votre démarche est de rassembler un ensemble de spiritualités, de croyances ou de références pour lier tout ça et de faire une confrontation ?
C’est intéressant que tu dises ça parce que ce n’est pas exactement ça, mais tu mets le doigt dessus dans le sens où je suis assez passionné par la théorie du « grand tout », où tout est lié. Nous ne parlons pas spécialement du cosmos en continu dans la thématique de tout ce que nous avons déjà fait. C’est toujours sur le chaos, sur le mal que peut faire régner l’humain depuis toujours sur la Terre, etc. Nous nous sommes juste servis de Galilée et de certains de ses concepts pour prendre un peu de recul et voir tout ça de loin depuis le cosmos, puis faire un lien entre le macrocosme et le microcosme. Tu t’aperçois que finalement c’est le chaos qui régit la Création, et que sur Terre on a – avec les religions, les sociétés et tout un tas de choses – essayé de mettre tout ça un peu en règle, en carcan. On a plutôt essayé de lutter contre notre part chaotique, notre part sombre, au lieu d’essayer de vivre avec ou de la dompter et d’en faire quelque chose. Je pense que c’est ce qui rend folle l’humanité depuis des milliers d’années. On vit à côté de nos pompes, et quand on voit où on en est, en ce moment en particulier, je me dis que nous n’avons pas complètement tort. Mais effectivement nous aimons regrouper tout un tas de choses, c’est-à-dire que nous faisons des liens avec des anciennes croyances, avec des mythes, avec des découvertes scientifiques aussi. Je mets beaucoup de recherches scientifiques dans mes textes, même si ça ne se voit pas forcément. Je conçois que mes textes soient parfois obscurs, pas spécialement dans l’écriture mais dans ce que je peux dire derrière. Parfois il y a deux ou trois niveaux et je me dis qu’il n’y a peut-être que moi qui les capte. A priori peut-être pas, puisque tu as un peu touché le truc, effectivement. Cet album-là c’est un peu le couvercle sur la marmite de la « discographie Hegemon » – superbe métaphore [rires]. Donc oui, tu n’es pas loin du truc, c’est un peu ça.
Tu parlais de Galilée, pour contextualiser aussi le titre de l’album : Sidereus Nuncius – qu’on peut notamment traduire par « le messager des étoiles » –, c’est le titre d’un traité d’astronomie écrit par Galilée, qui est d’ailleurs le premier ouvrage basé sur des observations faites au télescope. C’est aussi l’ouvrage qui va faire commencer l’affaire Galilée, qui va l’opposer à l’Église catholique, car, lui, réfute le géocentrisme. Pourquoi ce nom en particulier ?
Il y a un parcours personnel, mais je ne vais pas m’étendre là-dessus parce que ça me concerne moi et non pas le groupe dans sa globalité, car nous ne parlons toujours que d’Hegemon, mais disons que j’ai toujours été passionné par ces choses-là. Nous avons toujours été passionnés par certains questionnements : l’origine de nos travers, l’origine du monde, l’origine du mal. Je trouvais que Galilée – ça fait partie de mes lectures personnelles entre autres – était une belle porte d’entrée pour aborder ce sujet du chaos d’un point de vue cosmologique, tout en étant un miroir de ce qu’il se passe sur Terre. Un peu comme une fractale : des mondes, dans des mondes, dans des mondes, etc. Et son rapport à l’Église, le fait qu’il ait été lui aussi fondateur dans la lutte contre l’obscurantisme et quelque part dans la fin de l’anthropocentrisme, ça correspond tout à fait au thème d’Hegemon, c’est-à-dire s’affranchir de toute forme d’esclavage, que ce soit politique, économique, religieux, moral, sociétal, etc. C’était un peu le punk ou le black metalleux de l’époque, d’une certaine manière. Il a remis beaucoup de choses en question, et grâce à des gens comme lui, on voit les choses différemment maintenant ; même si tout n’est pas encore bien, c’est déjà mieux. Mais encore une fois, il sert de porte d’entrée au fil rouge.
On ne vous sent pas dans la posture du satanisme cosmique à la Watain ou Dissection, ni dans une vision du cosmicisme selon Lovecraft avec la peur du grand vide. Votre vision est-elle purement scientifique ?
Elle serait un peu philosophique et scientifique. Je reprendrais bien le terme de la fractale : ce que tu peux utiliser pour décrire un microcosme, tu peux l’utiliser pour décrire quelque chose de beaucoup plus grand. Tu parlais de Lovecraft, donc c’est une certaine vision, même si c’est de la littérature y a quand même une démarche derrière, tu parlais de la science, etc., ce ne sont que des parties. Ce sont des branches d’un tout. Nous, nous essayons d’englober un peu ce tout. Nous n’apportons pas de réponse, nous posons juste des questions et nous faisons des constats. Nous ne sommes pas des prêcheurs, nous n’avons rien à expliquer à personne, nous ne détenons pas la vérité, nous n’allons pas dire aux gens de faire comme ceci ou de penser comme cela. Nous ne savons rien. Par contre, nous nous posons en poseurs de questions, en nous disant : « Ça va mal, depuis très longtemps. Voilà où on en est. D’où est-ce que cela peut venir ? Qu’est-ce qu’on peut faire pour que cela change ? » Mais nous n’avons pas d’idées.
A : Nous sommes surtout dans une démarche personnelle. Nous n’essayons pas de nous rattacher à une croyance ou une religion. Nous cherchons par nous-mêmes. Pareil pour la musique : nous ne cherchons pas à être à la mode, nous faisons ce qu’il nous plaît, quand ça nous plaît.
« Nous n’aimons pas être attachés à quoi que ce soit. Dans nos vies respectives et personnelles, c’est exactement comme ça que nous fonctionnons. Hegemon n’est pas une invention, c’est une extension de nous mise en musique. »
N : Pareil pour le satanisme. Nous ne crachons pas sur les satanistes ; chacun fait ce qu’il veut, du moment qu’on nous fout la paix. Dans notre vision des choses, le satanisme c’est juste une extension du christianisme, donc c’est la même daube, ça ne sert à rien. Je ne vénère pas un barbu dans l’espace, je ne vais pas vénérer un bouc sous terre, pour moi c’est aussi con. Nous serions plus proches – sans le côté politique évidement – du slogan « ni Dieu ni maître », en enlevant tout le côté anarchiste : nous faisons ce que nous voulons. Des fois nous nous plantons, et si c’est le cas, ce n’est pas grave, c’est notre problème, nous avons décidé de faire comme ça. Nous n’aimons pas être attachés à quoi que ce soit. Dans nos vies respectives et personnelles, c’est exactement comme ça que nous fonctionnons. Hegemon n’est pas une invention, c’est une extension de nous mise en musique. Nous n’allons pas nous faire chier à raconter des trucs à la con pour faire plaisir à des gens.
Vous parlez du stoïcisme dans le titre « Heimarménè », c’est un terme grec qui désigne l’ordre des choses et qui incarne le destin, pour faire très court. Essayez-vous d’aller vers plusieurs philosophies distinctes pour être tentés de répondre aux questions que vous vous posez ?
Encore une fois nous considérons que c’est un tout. Il y a eu plusieurs écoles au cours de l’histoire, de pensées différentes, philosophiques, religieuses… Même si longtemps philosophie et théologie ont été la même chose, ou en tout cas très proches. « Heimarménè » c’était particulièrement pour parler du destin qui existerait, selon cette philosophie, mais qui n’est que le résultat de toutes tes actions et de toutes les interactions que tu vis. Il n’y a pas de prédéterminisme divin, tout ce qui t’arrive arrive pour une bonne raison, mais découle de tout ce que tu as fait et dit précédemment. Nous trouvons que ça correspond bien à notre façon de voir les choses. C’est-à-dire que chaque geste a ses conséquences et c’est peut-être là-dessus qu’on peut jouer pour changer les choses, même si, encore une fois, nous ne cherchons pas à changer les choses. Je peux très bien parler de ça dans ce morceau-là, et d’une autre philosophie, limite en opposition, dans un autre morceau. C’est l’idée d’avoir un panel de tous les questionnements que l’humanité a pu avoir sur elle-même, son devenir et sa provenance. Pour au final se retrouver à baigner dans la boue et la merde, avec les guerres et tout le reste.
Il y a un peu un paradoxe dans la musique qui est très viscérale et instinctive, qui capte l’auditeur, mais qui porte un contenu thématique très réfléchi qui, comme tu l’as dit, a deux ou trois niveaux de lectures. Comment est-ce que vous abordez cela ? Est-ce que vous pensez la réflexion comme une réponse qui doit venir après la réponse émotive, comme si la compréhension ne pouvait passer que par le passage de l’affect subjectif ?
Non, moi j’écris comme A et F composent, c’est-à-dire que les choses me viennent à l’écoute de ce qu’ils font. Nous maquettons les morceaux, après je m’en imprègne pendant des semaines voire des mois. Je laisse venir les choses. Je ne pose pas de question, je ne sais pas à l’avance de quoi va parler tel ou tel morceau. J’ai une vague idée que je leur expose au tout début, en leur disant que la thématique va être ceci ou cela. Mais ça fait cinq albums que nous parlons plus ou moins de la même chose, sauf que ça a évolué, comme notre musique a évolué, notre façon de penser a évolué, notre culture a évolué, notre connaissance a évolué, etc. Les textes viennent spontanément et ne veulent pas être pédants.
A : Les textes viennent après la musique. Quand nous composons la musique, nous ne savons pas du tout quelle émotion le texte va exprimer ensuite par-dessus cette musique. Nous composons la musique et N s’en imprègne et il trouve les paroles là-dessus. Il trouve les concepts d’après ce qu’il ressent. Nous, à la base, quand nous composons, effectivement, nous ne savons pas dans quelle direction émotionnelle nous allons.
Dans quel état d’esprit étiez-vous pour ce nouvel album, sur la composition ?
Tu veux dire par rapport à la période qu’on vit actuellement ? Si ça a joué sur notre composition ? Je ne sais pas, parce que je crois que les morceaux datent un peu, pour certains.
N : Oui, ils étaient finis d’être composés avant le contexte.
A : Je ne pourrais pas te dire. Nous ne composons pas des morceaux en plein hiver, quand il fait nuit et qu’il pleut, nous ne sommes pas comme ça [rires]. J’ai beaucoup composé pendant des années sur une guitare acoustique, j’avais tout dans ma tête et j’étais sur mon canapé avec la télé sans son, en regardant un film ou ce genre de chose. La composition se fait comme ça parfois. Elle vient comme ça, tu ne sais pas pourquoi, tu vas trouver un riff à ce moment-là, ça arrive naturellement. Sans préméditation aucune.
N : C’est pour ça que nous ne pouvons pas rentrer dans un cadre : sortie, tournée, sortie, tournée, etc. Hegemeon nous appartient personnellement. Nous y mettons tout ce que nous ne mettons pas dans notre vie quotidienne, si en plus il fallait jouer un rôle et une posture, ce serait se trahir, nous ferions de la merde. Ce qui nous intéresse le plus, c’est d’être sincères avec nous-mêmes. Après, les gens accrochent ou pas, ça ne nous appartient plus. Mais quitte à créer, autant que ce soit sincère à deux mille pour cent. Le texte, c’est comme la musique, ça vient comme ça, c’est instinctif, en fonction des émotions que procure la musique. Comme nous jouons ensemble depuis plus de vingt-cinq ans et que nous nous connaissons depuis longtemps, les liens se font tout seuls. Quatre-vingt-dix pour cent de ce que composent F et A ne bouge pas et quatre-vingt-dix pour cent des textes, des placements de voix et types de chant que je propose ne bougent pas non plus. Les dix pour cent qui évoluent, ce sont des petits arrangements parce qu’il y en a toujours un qui a une meilleure idée pour ceci ou cela une fois que nous sommes en studio, pour que ça rentre mieux pour tout le monde. Les choses sont faites très instinctivement.
« Hegemeon nous appartient personnellement. Nous y mettons tout ce que nous ne mettons pas dans notre vie quotidienne, si en plus il fallait jouer un rôle et une posture, ce serait se trahir, nous ferions de la merde. Ce qui nous intéresse le plus, c’est d’être sincères avec nous-mêmes. »
Comment situez-vous ce nouvel album chronologiquement ? En combien de temps l’avez-vous créé ?
A : Je pense qu’il a commencé à être écrit à partir de 2017, juste après Initium Belli, et nous avons mis peut-être deux ans à le composer. Après, le temps que N s’en imprègne, qu’on fasse les arrangements, qu’on cale le studio, etc.
N : J’ai bien passé six mois dessus. Nous avons changé une partie de nos méthodes de travail : pour la première fois, j’ai pu maquetter le chant bien avant le studio. Parce qu’avant, ils découvraient le chant une fois au studio. Nous vivons tous très loin les uns des autres.
A : Nous ne répétons quasiment jamais. Nous travaillons souvent à distance, et à l’époque sans les moyens techniques, nous découvrions la voix de N en studio [rires].
N : Là, j’ai un peu fait des frais et des efforts [rires]. J’ai pu leur montrer ce que j’avais en tête avant d’entrer en studio. Ce qui fait que nous avons pu avaliser tout ça, faire les petits ajustements qu’il y avait à faire. Encore une fois, quatre-vingt-dix pour cent de ce que je leur ai proposé est sur l’album. Le processus est long de toute façon.
Les questions du religieux et du spirituel, pour vous, n’ont finalement pas réellement de sens. Sur la musique, il y a quand même des respirations ésotériques, avec des chants liturgiques. Quelle est la volonté derrière ça ?
A : Dans Hegemon, je pense que nous sommes quasiment tous fans de films d’horreur depuis des années. C’est quelque chose que nous avons toujours un peu utilisé dans nos albums : ces ambiances avec des samples tirés de films d’horreur que nous avons regardés dans les années 80 et 90. Je pense que sur cet album nous voulions plus jouer sur les atmosphères que sur le côté symphonique de The Hierarch. Nous sommes allés chercher des ambiances un peu ésotériques, occultes, dans des vieux films, dans des trucs qui nous inspiraient sur cet album-là. Je sais pas pourquoi, nous sommes partis plus sur ça, peut-être que sur le prochain il n’y aura plus ce côté ésotérique, il y aura peut-être un côté totalement différent. Là, ça s’y prêtait, nous en avons eu envie.
N : Je pense que les voix plus nombreuses comme les chœurs participent aussi de cette atmosphère. C’est des façons de faire, de placer des chœurs comme ça, des chants, etc., de manière très sporadique mais au bon endroit. Il y a une part d’instinct, c’est-à-dire que quand j’écoutais les morceaux, j’entendais ces passages-là dans ma tête tout de suite : cette voix claire, ces chœurs, il fallait que je les essaye. Je pense tout simplement que j’ai enfin bossé suffisamment pour avoir les capacités techniques d’arriver à les produire, alors qu’avant je faisais de la daube et que c’était minable. C’est la réalité, il faut être honnête. Là, on n’est pas loin de ce qui nous attirait au départ. Tu prends le premier Arcturus, Ulver ou Borknagar, c’était des choses qui se faisaient et qui nous ont marqués. Mais je n’étais pas capable de les rendre, ou les morceaux s’y prêtaient moins. Là, ça s’est fait naturellement. Tout comme les samples font partie de notre ADN. Vraiment, dans ma tête quand j’écris et quand j’écoute les morceaux qu’ils composent, ces instants-là s’y gravent et il faut que je les mette ; il faut que je les propose, en tout cas. Parfois ça peut ne rien donner et auquel cas si c’est vraiment minable, ça dégage, mais si ça satisfait tout le monde et que ça apporte quelque chose au morceau… Il faut que ça ait un sens aussi. Ce n’est pas juste pour mettre des chœurs ou pour faire joli. Il n’y a pas d’influence extérieure là-dessus, encore une fois ça vient de nous. Après, nous n’avons rien inventé, le style que nous faisons n’est ni avant-gardiste, ni quoi que ce soit. Comme nous sommes lents, nous avons peut-être vingt-cinq ans de retard, je ne sais pas [rires].
C’est David Thierrée qui a réalisé l’artwork pour le nouvel opus. Il est assez reconnu dans le milieu du black underground, surtout en France. Quelle était votre demande pour cet artwork, qu’est-ce que vous vouliez réaliser ? Quel était le cahier des charges pour l’artwork ?
Ç’a été assez rapide, David est quelqu’un de très talentueux, de très doué, qui comprend vite quand tu lui donnes des trucs de base. Nous lui avons parlé de ce dont parlait l’album et de ce que nous voulions voir représenté. Nous lui avons donné quelques indications et il a très bien concrétisé nos attentes. Ce n’est pas parce que c’est notre pochette, j’essaye d’avoir du recul là-dessus, mais je trouve vraiment que sa pochette est magnifique – si elle n’avait pas été faite pour nous, je l’aurais trouvé magnifique quand même. En plus, elle colle vraiment à ce que nous voulions et aux textes. Cette tour symbolise un syncrétisme de tout ce qui rend les hommes sur terre esclaves, c’est un combo de religion, d’argent, de pouvoir, de politique, de corruption, de tout ce qui rend les gens avides et fous. Les petits personnages sur la pochette se dirigent tous sur cette tour délabrée, alors que le monde part en couilles, tout s’écroule, mais non, ils continuent encore à aller vénérer tel Dieu, tel système capitaliste, économique, tel système de penser, etc. Ca illustrait bien le fait que, même quand ça va mal, on continue à courir vers le précipice. David avait quelques indications auxquelles nous avons tous participé.
« Nous sommes quasiment tous fans de films d’horreur depuis des années. C’est quelque chose que nous avons toujours un peu utilisé dans nos albums : ces ambiances avec des samples tirés de films d’horreur que nous avons regardés dans les années 80 et 90. »
A : Je trouve que si on regarde bien cette pochette, il y a un petit lien, pour les curieux, avec la pochette de The Hierarch de Costin [Chioreanu]. Nous y avons trouvé quelques similitudes et ça tombait bien. Je ne dirai pas quoi, mais y a une continuité.
N : La synchronicité de tout ça fait que nous sommes très contents, c’est cohérent avec le tout, avec la musique.
C’est un jeu de piste que vous lancez là…
A : Pas vraiment [rires], ce n’est pas trop compliqué à trouver. Nous l’avons vu tout de suite. Je ne sais pas du tout si c’était volontaire de sa part, nous ne lui avons pas demandé, mais moi en tout cas j’y vois vraiment la suite de la pochette de Costin.
N : On peut rajouter dans le mystère : musicalement, le pont entre The Hierarch et Sidereus Nuncius, c’est l’inédit qu’il y a sur Initium Belli : « La Mélancolie De l’Abîme ». C’est vraiment ce morceau qui fait le pont entre les deux œuvres. Il clôt The Hierarch mais il annonce déjà Sidereus Nuncius, dans les thématiques, dans la façon de composer, dans les ambiances. C’est un tout. Encore une fois, on revient sur le grand tout.
Au niveau de votre présentation visuelle, vos photos promo sont seulement des ombres, vos pseudonymes sont des lettres. Pourquoi cette volonté de rester vraiment en retrait par rapport à l’entité Hegemon ?
A : Tu l’as dit : l’entité Hegemon. C’est juste ce que nous voulons que les gens retiennent. Nous ne voulons pas qu’ils retiennent que tel ou tel membre ayant fait partie d’un autre groupe joue dans Hegemon. Nous voulions juste que la musique ne vive que par le nom d’Hegemon, et ce depuis le début. Depuis le tout début du groupe nous nous sommes dit que nous n’allions pas rentrer dans un système de promo, photos, etc. et que nous allions rester anonymes pour laisser la musique s’exprimer uniquement. Finalement, nous avons gardé ce concept vingt-cinq ans après et je pense que nous n’en changerons pas.
N : Il n’y a pas de raison. Si ça ne tenait qu’à nous, je pense qu’il n’y aurait même plus de line-up, il n’y aurait même plus de lettre [rires]. Ce qui compte, c’est ce que nous produisons ensemble en tant qu’entité une et indivisible.
A : Tu remarqueras que sur scène, nous n’avons pas de corpse paint ou ce genre de chose. Nous pourrions cacher nos visages, nous ne le faisons pas.
N : Non, nous ne sommes pas des stars qui nous cachons. L’anonymat ce n’est pas pour cacher une starification que nous n’avons pas. C’est juste pour remettre au centre du débat la musique. De toute façon, les gueules que nous avons n’ont aucun intérêt. Quand je regarde les photos de promo de tous les groupes, je me dis qu’il y en a où c’est bien fait, d’autres où c’est moins bien fait.
Vous auriez pu aller jusqu’à la démarche qui se fait beaucoup en ce moment – notamment par Mgla qui va jusqu’à se dé-personnifier sur scène – où l’on ne voit même plus les visages, on ne voit plus rien. Vous n’allez pas non plus jusque-là.
Peut-être parce que nous n’avons pas eu les moyens techniques pour le faire [rires].
A : Non, nous ne sommes pas dans cette démarche-là du tout.
N : Ce serait trop nous mettre en avant, d’une certaine manière, encore. Nous n’avons pas honte de qui nous sommes et de ce que nous sommes, mais ce qui compte c’est la musique. Finalement, ce qu’on voit sur scène ne change rien, c’est un détail.
A : C’est encore se lancer dans un concept particulier de se masquer sur scène. Alors que nous, non, ce n’est pas que nous voulions nous cacher. Sur scène il n’y a pas de problème, nous pouvons montrer notre visage, mais je pense que sur les albums, il n’y a aucun intérêt à mettre nos noms ou quoi que ce soit.
Vous tournez très peu. Sur votre site il y a seize concerts notés depuis votre création. Comment est-ce que vous appréhendez le live ?
Actuellement le live, c’est très simple, ça va être comme pour notre date du Hellfest d’il y a quelques années. Ça va être une résidence, probablement de cinq jours. Nous allons essayer de tous nous réunir et derrière nous pourrons faire des dates, mais nous ne pourrons pas répéter régulièrement. C’est un peu compliqué, je te l’avoue. C’est pour ça qu’il y a très peu de concerts, parce que nous sommes tous très éloignés et ça devient très compliqué de nous réunir.
N : C’est dur de mettre ça en place, pour arriver à nous retrouver. Nous ne voulons pas monter sur scène et faire n’importe quoi ou de mal jouer, parce que nous n’avons pas eu le temps de répéter correctement. Il est hors de question de monter sur scène et de faire un truc tout moisi. Il faut que nous puissions offrir un concert digne de ce nom. Si nous n’avons pas les conditions pour le faire, nous préférons ne pas le faire. Même si nous adorons jouer sur scène !
« Nous ne voulons pas monter sur scène et faire n’importe quoi ou mal jouer, parce que nous n’avons pas eu le temps de répéter correctement. Il est hors de question de monter sur scène et de faire un truc tout moisi. »
Tu as évoqué la date du Hellfest. Comment avez-vous vécu cette réception, ce concert-là ? Parce qu’un concert d’Hegemon c’est quasiment exceptionnel…
A : Je crois que nous l’avons tous très bien vécu. Ça s’est assez bien passé. Comme je te l’ai dit, nous avions fait une résidence de cinq jours avant, et je crois que nous avons fait le concert un mois après la résidence. Nous étions forcément stressés avant de monter sur scène, parce que nous n’avions pas joué depuis au moins deux ou trois ans. Mais nous sommes de vieux briscards, nous avons joué dans pas mal de groupes chacun, nous avons fait d’autres concerts avec d’autres groupes, nous avons un peu l’expérience de la scène aussi, donc nous retrouvons vite nos marques. Au bout de deux morceaux, tu es facilement dedans. C’était une très bonne expérience le Hellfest.
N : Comme dit A, en tant que zikos nous avons fait plus d’une centaine de concerts chacun avec d’autres formations, donc la scène en soi ne nous fait pas peur. Après, c’est d’être capable de délivrer un set bien, intéressant, cohérent et avec de l’honnêteté, de la spontanéité, de la sérénité. Si tu n’es pas serein, ne le fais pas, tout simplement. Il y en a qui y arrivent très bien, nous, nous ne savons pas faire.
Après deux albums sur la branche underground de Season Of Mist, vous êtes passés chez Les Acteurs De L’Ombre. Sans faire offense à nos amis des Acteurs De L’Ombre, c’est plutôt l’inverse qui se fait généralement [rires]. Pourquoi ce choix de label, et comment cela s’est fait ?
Parce que nous ne faisons jamais comme tous les autres, alors nous avons fait à l’envers [rires]. C’est parce que nous n’avions pas de contrat attitré chez Season. Nous n’avions qu’un contrat album par album, donc nous étions libres et, tout simplement, Gérald des Acteurs De L’Ombre nous a contactés, et voilà ! C’est-à-dire qu’avec Gérald, nous nous connaissons depuis plus de vingt-cinq ans. Il nous a contactés tout simplement en nous demandant si nous étions libres. Puisque nous n’avions pas de contrainte, nous en avons parlé à Season Of Mist qui a trouvé que c’était une très belle idée et une très bonne proposition. Nous étions très bien chez Underground Activists de Season, et nous sommes très bien chez Les Acteurs De L’Ombre. La passation s’est faite super simplement, il n’y avait pas de mystère. Les Acteurs De L’Ombre ont quand même un petit plus pour nous, parce qu’il faut être honnête, nous ne sommes vraiment pas un gros groupe qui marche. Même si nous sommes un peu reconnus, en termes de vente c’est assez ridicule. C’est vrai que Season avait peut-être moins le temps de s’occuper d’un petit groupe comme nous, alors que chez LADLO, ils peuvent prendre un petit peu plus de temps pour nous. Ce qui nous va bien. Ça semblait plutôt cohérent qu’un groupe comme nous se retrouve chez eux, parce que nous nous ne considérons pas comme ayant tel ou tel statut, nous ne savons pas, nous nous en foutons. Nous avons un contrat sur un label qui nous plaît, qui est intéressant, qui propose de bonnes choses, qui travaille bien. En plus ce sont des passionnés, ce qui est vraiment très intéressant pour nous, donc vas-y, roule, il n’y a pas de raison.
Une question sur le split que vous avez fait avec le groupe de post-black Nature Morte, dont on avait présenté dernièrement le dernier album Messe Basse. C’est un groupe qui est plutôt récent par rapport à Hegemon, comment cette coopération s’est-elle décidée ?
On va rentrer dans la sphère privée, mais pas longtemps : les membres de Nature Morte, et notamment un, le chanteur/bassiste, est un très vieil ami depuis très longtemps. Ce sont d’anciens briscards aussi, ça fait plus de vingt-cinq ans, quasiment trente ans, qu’ils font de la musique dans d’autres formations, dont je ne dirai pas les noms. C’était plus une question d’aller dans le sens de notre côté iconoclaste dans Hegemon, c’est-à-dire que nous aimons bien aller là où on ne nous attend pas. Donc un vieux groupe qui fait du black assez traditionnel partir en split avec un jeune groupe tout frais qui fait du post-black, c’est bien. Qui en plus a le mérite de proposer vraiment quelque chose de différent. Etant donné que j’écoute moi-même pas mal de post-black tout en n’aimant pas beaucoup de trucs, je dirais qu’ils proposent quelque chose de différent. Ils sont aussi dans un autre système que les groupes traditionnels. Il y a pas mal d’accointances philosophiques avec ce groupe-là malgré la différence, c’est aussi ce qui nous plaisait, avec le côté surprenant. Puis, tout simplement, nous faisons ce que nous voulons en fait, ça ne va pas plus loin. Il ne faut pas chercher du mystère partout non plus [rires]. Mais nous ne l’aurions pas fait avec beaucoup d’autres groupes.
On a parlé du live mais, on ne vous a pas demandé si vous aviez un projet de concerts pour la promotion de ce nouvel album ?
A : Pour l’instant nous allons essayer de nous programmer une résidence, pour le début de l’année prochaine je pense. Puis nous allons essayer d’être prêts en milieu d’année pour faire des concerts. Nous n’avons pas encore de proposition mais en même temps, nous ne sommes pas vraiment prêts, donc ça tombe bien. Je pense que nous commencerons à accepter ou même à chercher nous-mêmes quelques dates d’ici milieu 2022.
N : Nous voyons ça en partenariat avec Les Acteurs De L’Ombre aussi. Ils savent notre position sur les concerts, donc nous allons discuter avec eux et faire en sorte de pouvoir jouer à partir du milieu de l’année prochaine. En espérant que tout se déroule bien pour que nous puissions le faire, mais nous n’avons pas de date précise pour l’instant.
Interview réalisée par téléphone le 23 septembre 2021 par Jean-Florian Garel & Eric Melkiahn.
Retranscription : Aurélie Chappaz.
Site officiel d’Hegemon : www.hegemon666.net
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