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Hell ain't a bad place to be   

Heidevolk : Gelderland ain’t a bad place to be


Bienvenue à bord d’Hell Ain’t A Bad Place To Be, la rubrique qui vous fait voyager aux quatre coins du globe pour découvrir le lieu fétiche d’un artiste de la scène. Au programme cette fois-ci, Koen Romeijn et Mat van Baest, guitaristes chez Heidevolk qui sort son nouvel album Wederkeer, évoquent leur amour de la province de Gueldre, aux Pays-Bas, qui fait partie de l’ADN du groupe de viking-folk, tant dans les paroles que dans la musique.

Note : Article paru initialement dans le numéro 13 (février / mars) du magazine Radio Metal. Celui-ci est toujours disponible en commande dans notre shop.

« La province de Gueldre est atypique aux Pays-Bas. Des villes comme Arnhem et, un peu plus au sud, Nimègue, sont parmi les plus vieilles du pays. Quand on s’y promène, on tombe sur plein de vieux bâtiments encore intacts. Ce sont des villes qui ont une histoire très riche et différente de celles de l’Ouest, notamment en raison de l’influence de l’Allemagne – Arnhem est à moins de dix minutes de la frontière. Il y a une partie du pays que l’on nomme le Randstad. C’est la région où l’on trouve les quatre grandes villes – Amsterdam, La Hague, Rotterdam et Utrecht. Celles-ci sont un peu plus modernes et n’ont pas la même origine historique. Tout ce qui se trouve en dehors du Randstad, ce n’est pas la Hollande, ce sont les Pays-Bas.

La Gueldre comprend la plus grande réserve naturelle des Pays-Bas, la Veluwe. Une aura mythique émane de la nature là-bas, surtout lorsqu’on se promène dans des paysages tout violets à cause de la bruyère. C’est l’un des rares endroits du pays à procurer un tel sentiment de paix et où l’on croise encore de la vie sauvage. Aujourd’hui, il y a des loups, des sangliers, des cerfs et toutes sortes d’animaux qu’on ne trouve pas ailleurs dans le pays. C’est assez extraordinaire et c’est quelque chose qu’il faut préserver le plus longtemps possible. Et puis tout le monde sait que notre pays est complètement plat, sauf dans la Veluwe où on a quand même quelques collines. Pour nous, les Néerlandais, c’est extraordinaire, on n’a pas l’habitude ! C’est comme si on était à l’étranger dans son propre pays.

Il faut savoir que les zones naturelles sont assez rares aux Pays-Bas. Si on prend encore la région du Randstad, en gros, les villes se sont étendues et rejointes pour former une sorte d’immense métropole et ça fait au moins une centaine d’années qu’il n’y a plus véritablement de place pour la nature. Les gens qui y vivent n’ont aucun lien à la nature, à part quand ils partent en vacances ou quand ils rendent visite à de la famille un weekend. Certains peuvent même être choqués lorsqu’ils découvrent la Veluwe, genre : « Ouah, c’est vraiment les Pays-Bas ? » C’est tellement beau. D’ailleurs, énormément de Néerlandais, surtout ceux qui vivent dans les grandes villes, cherchent tout le temps à aller en vacances à l’étranger et la plupart ne savent pas que la Veluwe existe, ils n’y ont jamais mis les pieds. C’est un véritable joyau caché. C’est sûrement ce qui explique la fierté des gens de la province de Gueldre, car ça leur appartient, ils chérissent cette région et cette nature.

Sur le plan musical, il y a toujours eu une scène très active à Arnhem. Dans les années 90, il y avait quelques salles qui accueillaient toutes les tournées qui passaient par les Pays-Bas. Tous les groupes de death metal et de black metal obscurs jouaient à Arnhem, en particulier au Goudvishal qui, à l’origine, dans les années 80 et même avant, était une salle punk hardcore culte. Tout le monde voulait jouer là-bas et c’était toujours des soirées de folie. C’est là qu’on se rendait compte que la scène metal d’Arnhem était très différente de celle des autres régions. Il s’agissait d’un petit groupe de personnes, on croisait toujours les mêmes gens, et c’était vraiment des passionnés de metal. Je pense que c’est quelque chose qui est resté. C’est aussi peut-être la raison pour laquelle Heidevolk s’est distingué des autres groupes néerlandais, car nous avons démarré dans un environnement différent et c’est là que sont nos racines.

Lorsque Heidevolk s’est formé en 2002, il n’existait aucun groupe de folk metal ayant un minimum de public aux Pays-Bas. C’était donc une toute petite niche les premières années. Nous ne faisions pas encore partie du groupe, mais notre bassiste Rowan Middelwijk, même si lui-même ne les avait pas encore rejoints à ce moment-là, était déjà proche des membres de l’époque, il coopérait avec eux en participant aux chœurs. L’idée initiale était de former un groupe de metal avec quelques amis et de l’associer à un chœur de voix masculines, façon viking. Il s’agissait de mélanger ces influences pour créer quelque chose de nouveau, tout en puisant son inspiration dans la Gueldre et plus spécifiquement la Veluwe, donc dans la nature, les mythes, les légendes rurales et tout ce qui tournait autour. Ils voulaient raconter toutes ces histoires, c’était l’objectif. Voilà comment est né Heidevolk. Depuis, la scène folk de la région s’est développée, avec des groupes comme Alvenrad ou Sowulo – ce n’est pas vraiment metal, c’est plus comme Wardruna, mais ils sont en train de prendre pas mal d’ampleur –, et peut-être que, modestement, nous y sommes pour quelque chose.

Si tu veux jouer dans Heidevolk, tu dois t’intéresser au folklore et à l’histoire de la Gueldre, mais aussi de l’ensemble des Pays-Bas. Il ne s’agit pas de tout savoir mais il faut avoir cette passion de raconter des histoires et être en phase avec les messages que nous essayons de faire passer. Chaque membre du groupe a ça en lui. Ça fait d’ailleurs partie des premières questions que nous posons à un membre au moment de le recruter ! Si tu regardes l’album Velua, celui-ci est entièrement consacré à la Veluwe, à ses mythes et légendes locales. Après, nous en sommes aujourd’hui à notre septième album, donc on ne peut pas toujours chanter sur exactement le même sujet, ce serait ennuyeux même pour nous. C’est pourquoi nous essayons de trouver une nouvelle thématique à chaque album, comme le nouveau, Wederkeer, dans lequel chaque chanson représente une rune. Nous avions une liste de runes, nous savions avant d’écrire la moindre note de musique que telle chanson parlerait de telle rune, et nous avons ensuite écrit les paroles et la musique sur cette base. L’album précédent, Vuur Van Verzet, c’était plutôt un thème historique. Nous avions par exemple quelques chansons sur la chute de l’Empire romain, mais c’est aussi lié à l’histoire de la Gueldre, car c’est la continuation des histoires racontées sur les albums précédents. Il y aura toujours des liens directs avec cette région.

Le fait que nous nous exprimions en néerlandais dans nos chansons nous donne d’ailleurs la possibilité de partager nos racines de manière naturelle. Ça donne plus de dynamisme et d’émotion aux mots et aux phrases que si nous chantions en anglais. Ce n’est pas forcément une évidence, car nous avons grandi dans ce pays en apprenant l’anglais, notamment par le biais de la télévision, et c’est parfaitement logique de commencer à chanter en anglais quand on fait partie d’un groupe de metal, tout le monde le fait. Ça a donc été un apprentissage, mais au final c’est beaucoup plus amusant et ça confère une plus grande richesse aux textes. C’est aussi une question de feeling et de vibration. Quand tu chantes dans ta langue, ça a des conséquences sur ton cerveau et dans ton corps que tu ne vois pas forcément mais que tu ressens. Par exemple, nous terminons nos setlists avec la chanson « Nehalennia » et dans celle-ci, on retrouve un mot comme « voorwaarts » (« en avant », en français). Quand on crie ce genre de mot, ça a énormément de sens pour nous. Il ne sera donc jamais question de transformer Heidevok en groupe qui chante en anglais, c’est impossible. Des gens l’ont parfois craint avec nos précédents albums, car nous avons deux chansons en anglais, mais c’était simplement parce que nous chantions à propos de l’arrivée des Celtes en Grande-Bretagne. Ça collait à la thématique. Mais, en l’occurrence, le nouvel album est entièrement en néerlandais parce qu’il parle justement de notre province et de notre héritage. »

Transcription & traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Sietse Schoenmakers.



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