
Festival : Hellfest 2009
Lieu : Clisson
Date : 19-06-2009 (vendredi)
Public : 18 000 personnes environ

Orakle
Lourde tâche que celle d’ouvrir un festival de l’envergure du Hellfest. Le poids des pointures à venir doit certainement se faire écrasant et chauffer des festivaliers sur la réserve ne doit pas être évident. Il est 11h du matin, Orakle s’apprête à combattre le jour. En effet, le black metal clair obscur du combo d’Angervilliers sied mieux aux nuits étoilées qu’aux matinées humides. Pourtant, lorsque l’oracle daigne s’ouvrir, une certaine magie opère. Par intermittence, un voile ténébreux, perdu à cheval entre rêve et cauchemar, parvient à masquer la lumière qui tente de pénétrer dans l’enceinte. Orakle propose une musique à la maîtrise mature mais qui pourtant gagnerait à développer plus de sa personnalité. L’ombre d’Arcturus et d’Emperor n’est en effet jamais bien loin. De même, un peu plus de travail sur la présence scénique et un charisme serait à développer. Une fois ces quelques barrières tombées, assurément, la magie sera complète. Le groupe étant encore jeune, avec seulement deux albums à son actif, il y a fort à parier qu’Orakle saura combler ses petits défauts. Sp – Se

Gokan
Gokan n’a, lui non plus, pas la tâche aisée lorsqu’il pénètre sur la grande scène du Hellfest. En effet le combo nantais s’est vu octroyer le droit de fouler les planches de Clisson à la dernière minute. La situation géographique du groupe facilitant leur accession rapide au site du festival. Le malheur des uns fait donc le bonheur des autres puisque c’est le forfait de Bring Me The Horizon qui permet au Gokan de s’exprimer devant le plus grand nombre. Le combo évolue dans un death metal teinté de hardcore. Une musique que l’on qualifiera de classique qui ne révolutionnera sûrement pas le genre mais qui a le mérite d’extraire le public clissonnais de sa torpeur matinale en évacuant ses dernières ( ?) vapeurs d’alcool. La musique des Gokan facilite le headbanguing et, au final, on se doit de souligner que si le groupe ne met pas en avant des compositions extraordinaires, il parvient à prendre tout l’espace de la grande scène du Hellfest. Ce qui est déjà une sacrée victoire pour cette jeune formation qui a vu le jour en 2005. Do – Se

Squealer
On change de scène pour assister à la prestation des Squealer. Un groupe de heavy qui vient « revivre ce que l’on a vécu par le passé » comme le souligne son chanteur, Pascal Bailly. Une petite intro au clavier et ça démarre pour trente minutes d’un show où l’on ne dégagera aucune longueur. L’enthousiasme de Pascal et de ses collègues fait plaisir à voir et c’est avec une joie non dissimulée que le public du Hellfest savoure les tubes de cette formation qui a connu son heure de gloire dans les années 80. On peut souligner la très bonne prestation de tous les membres de Squealer qui n’hésitent pas à participer aux backing vocals pour un très bon rendu. « What You Gonna Do » se révèle être un sacré morceau dont le refrain vous restera dans la tête pendant de longues heures ! Seul bémol sur la prestation des Squealer : un son global moyen. Do – Se

Melechesh
On raconte que Melechesh a dû fuir Jerusalem, sa terre natale, car les « autorités » religieuses faisaient trop de pression sur ces derniers… On peut comprendre que le black metal, qui plus est largement inspiré ici par la mythologie sumérienne, peut froisser les plus orthodoxes. Mais faire jouer un groupe de black metal à l’heure de l’ami Ricoré, n’est-ce pas là la véritable hérésie? Quoi qu’il en soit, le groupe a un très bon son et le public accueille à bras ouverts gammes orientales et folklore mésopotamien. Le leader guitariste et chanteur, Ashmedi, est décidément matinal, en atteste la fureur avec laquelle il éviscère sa guitare. Certes la voix est très monocorde, mais leur set énergique gagne la foule à l’haleine encore fétide. Le groupe n’a d’ailleurs pas fait les choses à moitié: il nous propose une bonne flambée de titres de Emissaries, dernier album en date et excellent opus. On se fait donc plaisir avec « Deluge Of Delusional Dreams » et « Ladders To Sumeria » entre autres. Et avec « the last song for tonight… euh today! » comme le lance Ashmedi, « Rebirth Of The Nemesis », les Kings Of Fire (« Melechesh » en Hébreu) prouvent que le public métalleux apprécie justement ce bon bol d’air frais musical, et ce dès le début du jour – enfin, il est quand même 13h… Fu – Se

Karma To Burn
Le soleil est finalement de retour lorsque Karma To Burn entre en scène. On aura chaud tout au long de ce set de stoner instrumental explosif. La musique des Karma To Burn sort directement d’une usine à riffs où s’active le trio. Le batteur, Rob Oswald, a une excellente frappe derrière son kit simpliste. Richard Mullins et William Mecum, respectivement bassiste et guitariste, balancent des gros riffs qui font mouche. Leur complémentarité est exemplaire et le trio groove du tonnerre. Donner les titres des morceaux joués est ici délicat. Comment se rappeler du nom des chansons quand elles sont simplement nommées sur album par des numéros ?! On regrettera quand même l’absence de titres du premier album qui, contre la volonté des musiciens, comportait un chanteur. Où est donc passé un hit comme « Twin Sisters And Half A Bottle Of Bourbon »? Cette fameuse chanson reprise (forcément) à la sauce instrumentale sur le deuxième album du groupe sous le pseudonyme de « One ». Mais bon, on ne leur en voudra pas trop. Le set est suffisamment accrocheur pour intéresser le néophyte et satisfaire le connaisseur. Cl – Se

Girlschool
Bruits de Harley mélangés à des guitares saturées en guise d’ouverture : pas de doutes ce concert des Girlschool s’annonce bien ! Les amies des Motörhead (une tournée avec les deux groupes est d’ailleurs prévue en Angleterre en novembre) commencent d’ailleurs leur set par un rythme de batterie se rapprochant très clairement du morceau « Overkill » des anglais. Mais malheureusement de gros soucis techniques viennent saborder le démarrage du set et, pendant de longues minutes, les techniciens du combo londonien s’affèrent sur la guitare de Jax Chambers. Cette dernière garde le sourire et plaisante même avec le public en affirmant « c’est un record du monde, j’ai réussi à casser mon ampli sans avoir joué une seule note ! » Bref, comme vous le notez justement, ce concert des Girlschool est placé sous le signe de la bonne humeur et le fait qu’Enid Williams, la bassiste du combo, éprouve pour sa part des difficultés au chant ne change rien à la donne…Côté son on retiendra surtout le titre « Spy », tiré de Legacy , le dernier Girlschool où figurent d’ailleurs en guests Dio et Tommy Iommi. Le mot « Girlschool » peut donc briller sur le haut de la scène : le public est clairement satisfait de la prestation des quatre filles. Ces dernières faisant partager avec joie un heavy pourtant pas forcément inoubliable…Mais, vous le savez, les anglais sont de plus en plus nombreux à venir au Hellfest donc c’est sous les vivat de la foule que la formation quitte la scène. Do – Se

Taake
Taake investit la scène sous l’ombre de la Rock Hard Tent. Cette pseudo obscurité est toujours mieux qu’un grand soleil pour apprécier leur black metal. Ils sont cinq et le corpse paint est de rigueur pour jouer leur musique épique, un peu à la Satyricon, avec des soli qui sentent bon le rock n’roll. Le son est correct et permet vraiment d’apprécier le très bon black de cette formation norvégienne. De plus, les membres du groupe sont très expressifs. Hoest, le chanteur torse nu, exibe ses tatouages dont une croix inversée en plein sur son abdomen. Le bassiste nous fait de beaux hélicos pendant que les guitaristes sont concentrés sur leurs manches. Derrière, le batteur martyrise sa double pédale et, pour une fois, elle n’est pas surmixée. Le public présent en masse apprécie à sa juste valeur les morceaux dont certains extraits du dernier album. Un peu à l’écart de la foule, on peut même croiser Gaahl (God Seed) en compagnie de son nouveau chéri ! Rubrique people mise à part, Taake est l’une des sensations black metal de ce Hellfest 2009. Cl – Se

God Forbid
Dans le New Jersey, une parole sage instaure qu’il est bon pour le transit intestinal de s’infliger un bon coup de thrash mélo après un kebab rachitique et hors de prix. Voilà qui tombe bien, les américains de God Forbid sont là pour ça. L’intro est pompeuse et grandiloque à souhait, voilà qui aide à oublier le mouton pas cuit. Et dès le deuxième morceau du groupe, notre ami Byron, leur frontman à dreadlock, ordonne le « jump » : et une deuxième bonne chose pour la digestion ! Certes l’estomac se noue quelque peu lorsque notre Doc’ commence à chantonner… mais notre intestin grêle peut se rassurer: ses cordes vocales capricieuses s’échauffent et dès « Empire Of The Gun », le chant clair devient entraînant. Byron continue de son côté à chauffer le public et on a droit au premier circle pit du Hellfest. Le vocaliste noir de peau se fait même épicurien et nous souhaite de bien profiter de la vie avec de la bière, de l’herbe (goddamn electric?), le tout avec, en guise de fond de scène, une statue de la liberté amputée d’un bras. Doit-on y voir que lorsque la liberté n’a plus son flambeau, le seul guide est un hédonisme populacier? Mystère… Au final, le groupe nous quitte sous les applaudissements; l’Epicure du simplet plaît (saint-plaie-plaît) et le public apprécie le mélo-thrash des américains, un style qui devient néanmoins vraiment commun ces temps-ci. Fu – Se

Backyard Babies
On attendait un grand set des Backyard Babies. Et force est de constater qu’un certain sentiment de frustration se dégage de nos rangs après la prestation du combo. Pourtant les hits sont de sortie. Le petit dernier des Backyard Babies, leur album éponyme, recèle en effet beaucoup de pépites rock/punk. Le morceau « Degenerated » en étant un bon exemple. Mais sous un soleil de plomb les Backyard ont dû mal à transmettre des émotions particulières. Dregen, le deuxième guitariste du combo, est le plus dynamique et bouge du mieux qu’il peut. Mais ce dernier, bien que très mobile, paraît dans ce monde et, à l’instar de ses collègues, sous l’effet de différentes substances…Le public est, pour sa part, réceptif et n’hésite pas à applaudir en remerciements un groupe qui, à l’instar de beaucoup d’autres, fait vraiment la différence dans l’intimité d’une salle. Do – Se

Blockheads
Et voilà la crème du grindcore à la française ! Nancy ?uvre aussi bien pour le grind que pour l’oxymore: concernant Blockheads, on associe le simple et l’efficace, on réunit bordel et organisation, succès et sobriété. Pas besoin d’un papier du « spécialiste » Man?uvre, main d’?uvre de l’épiderme du metal. Pas besoin de fabriquer un nouveau Crüe Fest (nom d’une scène du Hellfest en « hommage » aux Mötley Crüe) pour donner de l’importance aux tabloids et aux make-up du metal, injection d’un peu de bling-bling dans la sphère de l’humilité. Non. Avec Blockheads, on reste sobre, et c’est tragiquement pour ça que les grindeux continuent à jouer dans des tentes, sous une odeur générale de pisse, de sueur et de merde. « Vous en demandez pas trop ? Alors autant vous faire jouer dans les écuries ». Blockheads: ici, tout le monde hurle, personne ne joue au poseur. Mais on se permet néanmoins d’autres délires: Xav’ imite Lee Dorrian (Cathedral, ex-Napalm Death) en se pendant avec son fil de son micro. Après une intro dégoulinante de sludge, on accélère et « Despair », « Greed » ou encore « Buenos Aires » sont crachés par les vieux potes des Mumakil. On se fait même plaisir en reprenant « Horrified » des très influents Repulsion. Après un show énergique (on attend encore de voir les Blockheads statiques), le groupe nous laisse. Et, bien que Xav’ avait la voix sacrément esquintée, on a enfin eu un groupe qui nous a fait comprendre pourquoi cette scène s’appelait la Terrorizer Tent. Fu – Se

Destroyer 666
Destroyer 666 est un groupe australien qui officie dans l’underground black/thrash depuis près de quinze ans. Les Destroyer 666 se produisent à la même heure qu’Eyehategod. Ce dernier joue sur la Mainstage 2 et si Destroyer 666 est certes culte pour les fans d’extrême, il reste quasi inconnu pour un grand nombre de métalleux. L’affluence est donc plutôt moyenne en ce milieu d’après-midi sous la Rock Hard Tent. Le concert attaque à toute vitesse, la musique oscille entre riffs épiques et plus rock’n’roll. Le tout accompagné par un jeu de batterie typique du thrash avec, bien évidemment, des blast beat. Pour ceux qui s’attendaient à une sorte de Venom : c’est raté. Quelques passages mid-tempo et la voix de Warslut se rapprochent du groupe précédemment cité. Cependant, le reste de la musique fait bien plus penser au Gorgoroth et Marduk du milieu des années 90. Les soli de Shrapnel ne sont pas très impressionnants et connaissent quelques soucis techniques (larsen). Mais ces soli collent à la musique basique et un peu clichée du groupe. Seule la chanson “I Am The Wargod (Ode To The Battle Slain)”, extraite de l’album Phoenix Rising, sort du lot avec son intro plus douce et son rythme assez lent. En résumé : Destroyer 666 est un bon groupe live car la musique est bien retranscrite. Le groupe est carré et il ne faut pas lui en demander plus… Se – Se

Eye Hate God
Quand il parle de la scène de Nola, l’ouvrier de la presse ne peut s’empêcher d’employer les mots « bayou », « crasseux », « marécageux », « malsain » et bien-sûr, « bluesy ». Devrons-nous tomber dans la redite avec Eyehategod, un groupe ô combien mésestimé? Encore un combo qui n’a pas compris combien le fard et la fellation sont importants pour réussir. C’est aussi sûrement pour cela que la Nouvelle Orléans est une pute agonisante… quoi qu’il en soit, cela doit faire à peu près neuf ans qu’Eyehategod n’est pas repassé en France, et c’est d’abord un maigre accueil qui se presse face à eux. Après une intro bien à eux (un concentré de bruits de larsen et de guitares couinantes), le groupe lance un medley réunissant « Blank » et « Shoplift ». Mike Williams est complètement saoul; tenant à peine debout, ses airs pathétiques (au sens le plus pur du terme) miment ce qu’est le sludge: du hardcore crade, lent et sudiste. Le clou du set sera probablement cette jolie surprise: Jimmy Bower (ici guitariste) qui se fait remplacer, le temps de quelques riffs, par son ami Phil Anselmo. Voilà qui montre combien Nola possède une scène métalleuse des plus soudées. Fu – Ol

Nashville Pussy
Dans le trip rock n’roll : je demande Nashville Pussy ! Le combo américain originaire de la ville d’Atlanta vient présenter au public français From Hell To Texas, son dernier album. Nashville Pussy c’est Blaine Cartwright au chant, certes, mais c’est aussi (et surtout) la formidable Ruyter Suys à la guitare. Cette dernière, par son attitude scénique, fait souvent penser à Angus Young. Ruyter assure le spectacle à elle seule avec ses soli enflammés et sa capacité à se rouler par terre à l’image du fantastique guitariste cité précédemment. Mais on a quand même connu Ruyter encore plus dynamique et le groupe a tendance à se reposer un peu trop sur son sens du spectacle…Car mise à part quelques éclairs de Ruyter, et même si les Nashville envoient bien la purée (ce qui n’est pas négligeable) leur prestation d’ensemble manque de relief et de surprise. Les chansons « Come On, Come On » ou « Speed Machine » faisant, malgré tout, toujours plaisir à nos délicates oreilles. Do – Se

Soilent Green
Nola part 2: Soilent Green ! Des quatre groupes de la Louisiane présents au Hellfest, Soilent Green est probablement le plus brutal. D’ailleurs le mag Rolling Stone ne dit-il pas que Soilent Green fait partie des dix groupes les plus heavy du moment ? Ben, le beugleur, est en grande forme et le montre: ses vocaux bien caverneux résonnent dans le Terrorizer Tent. Se gargariser à l’eau des marais tous les matins, voilà l’astuce. La petite tragédie de leur set sera probablement cette minute sans guitare, mais nos larrons ont survécu à deux accidents de van, ils ont donc vu pire. Leur titre « It’s Was Just An Accident » peut en témoigner, certes ironiquement. « Antioxydant » nous donnera une de ces vues originales comme en regorge le Hellfest: une poupée gonflable qui slam. Un dernier titre, « Sewn Mouth Secrets », et c’est le frontman qui fait sa plongée. Un set excellent, et un hommage obligé à Brian Patton, qui vient d’enchaîner deux sets: le monolithe Eyehategod et le nerveux Soilent Green. Fu

Misery Index
Misery Index est très attendu par la branche extrême des fans du Hellfest. Tout le monde est à bloc et explose dès les premières notes du concert. Les festivaliers sont surexcités et, d’entrée, on assiste à des circle pits de folie. La double grosse caisse est à fond. Par conséquent, on entend beaucoup moins les guitares, même si Sparky Voyles et Mark Kloeppel s’en donnent à c?ur joie. Le premier ressemble un peu à un Dimebag Darrell qui aurait troqué sa barbichette rose contre une grosse barbe à poils blanc ! Sparky fait virevolter sa guitare tout en promenant ses mains sur le manche avec une grande dextérité. Son compère, en plus de jouer des riffs ultra techniques, se met parfois à chanter en alternant avec le bassiste/chanteur (une habitude dans le milieu extrême) Jason Netherton. Les chansons comportent aussi des moshparts qui font headbanguer le public. Ce dernier peut donc se livrer à son défoulement favori avec plaisir… Cl – Ol

Buckcherry
Fort de quatre albums exemplaires, s’adonnant à un hard glam de haute volée, les Buckcherry font honneur à la Crüe Fest Stage. Malheureusement peu réputé en Europe, ce groupe a pourtant connu son heure de gloire au pays de l’oncle Sam grâce a son premier album éponyme sorti en 1999 et plus particulièrement son tube « Lit Up ». A tel point que certains voyaient en ces jeunes loups les nouveaux Guns’N Roses. Tatouages au vent, le charismatique Josh Todd arbore une dégaine à la sculpture fine et marquée. Dès l’amorce de la prestation il apparaît clairement que Buckcherry n’est pas en terrain conquis. Le public reste immobile, attentif, l’air légèrement amusé. Face à lui, un pantin se désarticule comme pendu aux cordes des guitares. Josh Todd ne s’économise pas. Josh Todd a la classe, même s’il affiche un air légèrement agacé lorsque le public ne suit pas sur le fameux single. Là où dans sa patrie d’origine le refrain au texte provocateur aurait tôt fait d’engendrer un massif « I love the cocaïne », ici c’est le flop. Pourtant Josh insiste et profite d’une accalmie pour inciter la foule à scander des « cocaïne » : le succès est bien timide. Malgré tout, à mesure que le set avance, une frange du public prend ses repères et se laisse emporter par la déferlante hard glam. Comment ne pas succomber à cette rythmique digne de la paire Sorum/McKagan ? Comment ne pas apprécier ce duo de guitaristes hauts standing, crachant leurs flammes sur une fosse déjà brûlée par le soleil ? Le set se clôt sur un autre morceau phare de la discographie du groupe : le très sexy « Crazy Bitch », précédé d’un jam posant l’atmosphère et mis en scène par l’attitude particulièrement sexuelle de Josh. Une prise de contact tiède qui, espérons-le, se réchauffera avec le temps. Buckcherry a le talent, au public de trouver le c?ur et les oreilles pour l’accueillir. Sp – Ol

Torche
Torche est un putain de groupe ! Désolé pour cette grossièreté initiale mais, quand même, allez jeter une oreille sur le MySpace des américains pour constater avec nous que les compositions de cette formation déboîtent. Torche c’est une sorte de Queen Of The Stone Age avec un côté pop un peu plus prononcé. Le trio a littéralement mis le feu à la Terrorizer Tent. Steve Brook n’y est indiscutablement pas étranger. Frontman plein de charisme, Steve balance ses riffs pleins de groove à une assistance motivée. Jonathan Nuñez, le bassiste, n’est pas en reste puisque notre homme n’arrête pas de headbuanguer à s’en rompre les cervicales. Torche c’est donc la première claque de la journée avec notamment la mise en avant de percussions qui apporte une touche tribale à cette musique aux relents stoner. Signalons d’ailleurs que le groupe est très proche des Kylesia (une autre formation ayant joué au Hellfest cette année) puisque les deux formations tournent ensemble en Europe. Pas étonnant, dans cette optique, de constater certains points communs entre les deux formations. Les deux plus marquants étant des compositions intenses de grande qualité (bien que plus courtes pour Torche) avec un penchant naturel pour les percussions. Un des deux batteurs de Kylesia venant d’ailleurs rejoindre le groupe sur scène pour un très bon moment de tribalisme. Un grand concert. Do

Samaël
On peut légitimement reprocher à Samaël un certain manque de cohérence. En effet Above, le petit dernier du groupe, n’avait, par exemple, pas été prévu pour sortir sous le nom Samaël…même si cela a finalement été le cas. On ne savait donc pas à quoi s’attendre en live de la part d’un groupe qui nous réserve toujours des surprises et que l’on a, en conséquence, souvent du mal à suivre. Mais sur le concert de vendredi dernier, on se doit de souligner la recherche de clarté de la formation suisse. Axée sur les morceaux agressifs de sa discographie, les Samaël ont pendant quarante-cinq minutes livré au public du Hellfest un show carré accompagné d’un très bon son. Vorph, particulièrement en verve, a montré l’étendue de sa panoplie vocale. Notamment sur un titre comme « Rain » jamais évident à retranscrire sur scène. « Into The Patengram », « The One Who Came Before » ou encore le début du set sur “Under One Flag” furent de très bons moments. « Slavocracy » et ses danseuses apportant une touche érotique appropriée à la musique du combo. En d’autres termes nous avons assisté à un super concert des suisses même si, comme toujours, la grande discographie du combo ne permettra jamais de satisfaire tous les fans. Surtout sur un show aussi court. A revoir donc…et très vite ! Do – Ol

Kylesia

Grosse affluence sous la Terrorizer Tent. Que ce soit grâce au bouche à oreille ou par curiosité, il faut croire que tous se sont passés le mot pour assister à la sensation sludge du moment, Kylesa. Il faut dire que depuis l’avant-dernier album le groupe s’est offert le luxe inhabituel d’un second batteur. En effet, au centre de la scène la double batterie – siamoise pourrait-on dire – interpelle de suite. Les deux batteurs entrent en scène par les côtés. Chacun rejoint son espace. Puis, c’est par un rythme tribal que démarre la prestation. Autant le dire tout de suite, la puissance dégagée par les deux frappeurs est poignante. A leur tour, Phillip Cope à la basse et Laura Pleasants à la guitare, ajoutent leur texture sonore à ce « Scapegoat » d’ouverture. Chez Kylesa, le chant, c’est comme la batterie : ça marche par deux. D’un coté la demoiselle se fait sauvage avec des cris hardcore déchirants. De l’autre son voisin de scène assène des grognements dans un style plus caverneux. Une bonne complémentarité, enrichissant à merveille le sludge psychédelique proposé ici. Kylesa dégage une énergie assurément enivrante et hypnotique. Certains sont surpris en transe, emportés par les mélodies lancinantes de « Only One » ou le déjà classique « Unknown Awarness ». On notera vers la fin un solo de batterie particulièrement captivant et mettant en avant la synchro impressionnante des deux frappeurs. Kylesa, une affaire à suivre de très près. Sp

Voivod
Avec le très bon Infini, Voivod vient tout juste d’immortaliser ce qui pourrait bien être ses ultimes paroles. Peut-être est-ce l’une des dernières fois où le nom de Voivod apparaîtra à l’affiche ? Pour débuter son set, le quartet sort la carte d’identité : le punk « Voivod » déferle en trombe sur une foule de fans particulièrement réceptifs. Denis « Snake » Bélanger sait y faire pour mettre le public dans sa poche. Le blondinet frisé n’hésite pas à prendre la foule à partie, en français et avec un capital sympathie des plus irrésistible. D’ailleurs, il profite d’une de ses nombreuses interventions pour prévenir que ce soir quelques surprises sont justement à prévoir. La première est déjà là, démasquée par les fans les plus anciens, mais sous les yeux déçus des petits nouveaux n’apercevant pas Jasonic derrière sa basse. En effet, l’ex bassiste de Metallica a laissé sa place à Blacky, bassiste historique revenu rendre hommage à son ex collègue malheureusement disparu en 2005. Piggy n’est plus là, mais il est dans tous les esprits. « Soyez certains qu’il nous regarde de la haut » affirme Snake en pointant son doigt vers le ciel lumineux. C’est Dan Mongrain, compatriote québécois et guitariste du groupe Martyr qui a enfilé les baskets de Piggy. Lui-même fan de l’OVNI canadien, Dan fait honneur à la mémoire de son prédécesseur en prenant soin de ne pas altérer son ?uvre. En milieu de set Snake annonce l’arrivée d’un invité très spécial : Eric Forest, chanteur de Voivod entre 1994 et 2001, venu tout spécialement pousser la chansonnette en duo sur « Tribal Convictions ». Une belle leçon d’humilité que de voir ces deux chanteurs, que l’histoire à en quelque sorte rendu « rivaux », se donner la réplique, s’embrasser comme deux vieux copains et même s’amuser à faire la ronde comme des imbéciles ! Ambiance bon enfant garantie. La dernière sucrerie arrive en bout de parcours avec la fameuse et très personnelle reprise du « Astronomy Domine » de Pink Floyd. Un titre qui envoie l’assistance contempler les étoiles, la dernière demeure d’un musicien unique en son genre. Sp – Se

Papa Roach
Comme on traîne des pieds pour aller voir ce groupe de seconde zone de la minable apogée du néo-métal…Papa Roach aurait dû mourir, les mecs auraient dû splitter ou tomber dans la drogue… et finalement non, ils ont glissé sur les modes: du néo-métal à la mode émo-rock à minette (pléonasme?) stylé BB Brunes, il y a un gouffre qu’ils ont traversé d’un pas. Voilà comment ils ont survécu. Et hop, on garde son identité en intitulant son dernier album « Metamorphosis », un peu comme les boys bands nomment leur come back « résurrection » ou « renaissance ». Et voilà qui renverse la donne: dès la première pulsion, on s’aperçoit qu’on est là face à l’un des shows les plus vitaminés de la soirée. Les mimiques du chanteur rappellent de plus en plus la bouille de Dero, le frontman de Oomph! Autre clin d’oeil: un petit « Hey! Oh! Let’s go! » lancé au public! Le vocaliste à ressort incite même le public à splitter pour faire un braveheart… pas très puissant cet affrontement! Mais finalement, Papa Roach s’en tire bien: les vieux pontifes reconnaissent l’énergie, les die-hard fans la sentiront (peut-être) back stage…hum, hum. Fu – Ol

Wasp
S’il y a bien un groupe que nous souhaitions voir au Hellfest 2009: c’est vraiment WASP. Blackie Lawless est une des figures majeures de notre style musical et WASP fait tout simplement partie des groupes cultes de la scène heavy. Donc les voir sur scène est une expérience qui, forcément, a pour conséquence une attente très forte. Blackie, c’est avant tout une voix incroyable et un vrai charisme. Ce dernier n’a, malgré la prise de poids, pas baissé au cours des années et même si le physique de Blackie se rapproche d’un certain Al Jourgensen…sa mobilité sur scène est cent fois supérieure ! Notre homme bouge bien et sa prestation scénique est de qualité. Mais, pour être honnête, un bémol subsiste sur sa voix car même si Blackie chante juste, l’émotion et la profondeur que l’on peut retrouver sur les albums du groupe ne sont pas vraiment présents ce soir. Dommage. Pourtant les tubes sont de sortie « Wild Child », « I Wanna Be Somebody », « The Idol », « L.O.V.E. Machine » « Take Me Up » et bien d’autres : la set-list proposée par les américains est variée et sait trouver l’amalgame juste entre fureur et plages moins rapides. Le son, comme énormément de concerts ayant eu lieu sur les deux scènes principales cette année, laisse à désirer. Un peu comme les horribles bottes blanches du sieur Lawless …mais ça c’est une autre histoire ! En moins d’une heure les WASP ont convaincu l’assistance du Hellfest mais on s’attendait à encore mieux de la part de cette formation qui doit vraiment être considérée comme l’une des meilleures dans son genre. Do – Ol

Down
Décidément Wasp ne veut pas en découdre et Down s’impatiente. La (nouvelle) bande à Anselmo démarre et nous avons donc le plaisir d’assister à un combiné peu comestible de stoner barbouzeux et de guitar-hero à make-up. Le groupe a déjà le public dans sa main lorsque Phil dédie « Lifer » à Dimebag. Pour la petite histoire entre les deux comboys from Hell, lisez donc le report du Doc’ sur le concert de Down à Caluire, près de Lyon. Une setlist honorable sera délivrée, et ce bien que le son des grattes soit trop présent (certes du stoner de nom de Dieu Iommi, mais là ça grésille un peu trop quand même). Manquent à l’appel quelques excellents « tubes » du dernier album: pas de « I Scream », pas de « On March The Saints » ni de « Never Try ». Par contre, un gros cheers pour « Nola Is A Dying Whore », un énorme cheers pour « N.O.D. » et les déjà cultes « Stone The Crow » et « Bury Me In Smoke ». Le meilleur moment? Non, ce ne sont pas les gros plans sur Kirk et sa face moitié bûcheron bourru moitié nounours mal luné. Ce n’est pas non plus l’arrivée de Joey La Caze à la batterie pour jammer sur « Bury Me In Smoke ». C’est tout simplement Phil Anselmo à lui seul: notre grand pilier du metal n’est pas complètement pété, il a bonne mine et sa crête lui donne fière allure. Et que dire de son petit « Stairway To Heaven » a cappella en guise d’au revoir? Down, trois albums et déjà gravé dans la pierre. Fu – Se

Entombed
LG Petrov et ses hommes prennent d’assaut la Rock Hard Tent pour trois quart d’heure de death old school à la suédoise. Notre homme est très en forme et sait haranguer la foule comme personne, se plaçant souvent à une extremité de la scène. S’agenouillant même parfois pour être plus proche du public. D’ailleurs, ce dernier répond bien à la prestation du groupe qui pioche des titres dans les nombreux albums de sa longue carrière. Les classiques sont passés en revue comme « The Voice » à l’instar des nouveaux morceaux issus de « Serpent Saints ». Son titre éponyme étant d’ailleurs excellent. Le pit s’en donne à coeur joie sur les titres les plus violents et on peut voir de nombreux slammers passer sur la foule et finir de l’autre côté de la barrière. Oui vraiment : le death metal old school à la suédoise est défendu avec ferveur ce soir par l’un de ses plus dignes représentants. Grosse prestation des Entombed. Cl – Se

Pig Destroyer
20h50 : Le trio américain de grindcore Pig Destroyer, formé en 1997, débarque sur scène. Les Pig Destroyer ont un son unique et la particularité de ne pas posséder de bassiste. Fait étonnant : la Terrorizer Tent n’est pas très remplie et l’ambiance bien moyenne car très attentiste. Le fait de distinguer à peine les visages du chanteur et du guitariste n’arrange pas la situation. Le grindcore proposé par Pig Destroyer traduisez « Tueur de flics » est particulièrement aggressif et repousse les limites du genre à chaque album mais également sur scène. Malheureusement, la prestation du combo reste très figée et la communication avec le public hyper réduite. Les musiciens donnent même l’impression de jouer un peu dans leur coin. Ce set des Pig Destroyer est donc réservé à un public averti et spécialisé. Note spéciale pour le guitariste (Scott Hull) qui a une dextérité impressionnante avec sa main gauche. Ol – Ol

Anthrax
Dans cette édition 2009 du Hellfest, Anthrax figure parmi les groupes les plus attendus au tournant. Après l’éviction du charismatique John Bush pour une reformation en pétard mouillé avec Belladonna, Anthrax a été contraint de se trouver une nouvelle voix (voie?). Le nom de Corey Taylor plana pendant un temps, puis c’est un jeune inconnu, Dan Nelson, qui fut désigné au commandement de l’arme de destruction massive. Scott Ian avait lui-même avoué vouloir reprendre les choses où ils les avaient laissés avec le génial We’ve Come For You All. Force est de constater que Dan apparaît aux oreilles comme un John Bush deuxième du nom. Le jeune chanteur impressionne par sa voix très mature et un charisme déjà bien affirmé. Les fans de la seconde période d’Anthrax se voient rassurés. D’autant plus lorsqu’ils entendent le nouveau titre « Revolution Screams », une boucherie ravageuse affublée d’un refrain très accrocheur. Mention particulière à un Charlie Benante bluffant (quel impressionnant roulement de caisse clair !). Dommage, par contre, que la grosse caisse ait été mixée si forte. Autre point noir : où sont passés les titres de l’aire John Bush ? Unique rescapé de cette époque bénie : le tube « Only ». Quand au reste du set, début sur « Indians », fin sur « I Am The Law » et au milieu, pèle mêle, « Caught In A Mosh », « Mad House » et pas moins de trois reprises : les déjà fameuses « Got The Time » et « Antisocial » ainsi que le « New Noise » des Refused. Malgré une set list trop orientée sur la première période discographique, les hymnes sont là et Anthrax fait le show. Rien que pour ça, le plaisir est immense. Sp – Se

Repulsion
Repulsion remplace au pied levé Deicide, qui annule pour la seconde fois sa participation au Hellfest. Les américains n’ont beau avoir sorti qu’un seul vrai album, Horrified en 1989 (quel galette les amis !), le groupe a un statut ultra culte pour la scène grindcore. Le concert ayant commencé vingt minutes avant l’heure annoncée, beaucoup de fans auront loupé les premiers morceaux. Le son est brouillon mais bon…on a tendance à penser que c’est propre au genre ! Malgré le statut du groupe il y a peu de monde sous la Rock Hard tent car, dans le même temps, Anthrax déchire tout sur son passage. Cependant le public présent est très réactif malgré l’abondance désagréable de stroboscope. Le titre « Six Feet Under » est annoncé par Scott Carlson (chant/basse) comme « joué par le guitariste le plus rapide au monde » (pourquoi pas…) et agrémenté d’un sobre solo sur sa Flying V. Sorte de mix entre Motörhead, Venom et Napalm Death le concert sera sympa mais un peu ennuyeux vu la linéarité du style. Malgré tout, mention spéciale à un Scott très à l’aise avec le public ! Se – Se

Jarboe
On a beau être professionnel, on reste des métallurgistes et l’affect vient nous titiller. C’est vrai quoi ! Si vous deviez choisir entre voir deux des forgerons du heavy metal et Jarboe, vous opteriez pour qui ? Heaven And Hell avec Iommi et Butler ou le trip psy(chédéli)co-expérimental? Du coup, on arrive à dix minutes de la fin du set de l’envoûtante demoiselle. Sa heavenly voice fait bien sûr penser à Lisa Gerard, mais Jarboe n’est pas Dead Can Dance. C’est bien du metal. Il y a aussi cette une profondeur sonore des plus inquiétantes qui transforme le Terrorizer Tent en catacombe pour vieux cénobites. Mais la force de Jarboe, c’est d’allier ces nappes de voix, qui partent en échos sans fin, à des rythmiques tribales. Des percussions qui évoquent le jeu d’Igor Cavalera voire de Mike Bordin. Imaginez Louisa John Krol chantant sur No Curaçao Dos Deuses. Dix minutes après, nous étions chez les disquaires ambulants pour cueillir la merveille. Amateur d’ambiances, Jarboe est une étape obligée sur la longue voie qui mène vers un nouvel orphisme sonore. Fu

God Seed
L’appellation « Gorgoroth » étant finalement attribuée à Infernus, guitariste originel du groupe, c’est sous le nom de God Seed que la bande à Gaahl effectue son concert. Le ton est donné avec l’installation de deux acteurs (une femme et un homme) entièrement nus, cagoulés et attachés à deux croix. Chacun situé sur un bord de la scène… Le son est étonnamment propre et la batterie, contrairement à beaucoup de groupes d’extrême, sonne naturellement. Gorgoroth ayant toujours reçu des critiques pour un son particulièrement mauvais en live. Ce soir ce n’est donc pas le cas et la set list est principalement axée sur des titres mid-tempo. Le groupe est un peu poseur. Tous ayant un regard totalement halluciné, sauf King le bassiste plus « déconneur ». Même si cela reste relatif : notre homme ayant un jeu de scène proche de celui d’Abbath (Immortal). Gaahl a, pour sa part, une présence particulière : à la fois proche mais lointain dans son regard. Etrange. Sa voix est un peu lassante à la longue surtout qu’elle a moins d’épaisseur que sur album. Le groupe ne communique pas du tout avec le public : même pas de « bonjour » ni de « au revoir », et rien entre les morceaux. Dans les faits, c’est tant mieux car cela colle parfaitement avec l’atmosphère de leur musique. Les vieilles compos bénéficient d’un vent de fraîcheur avec un jeu plus rapide et plus propre que sur les productions audio du combo. Parmi les meilleurs morceaux on peut citer : « Carving A Giant », « When Love Rages Wild In My Heart » et “Revelation Of Doom”. Le groupe aura vraiment fait une bonne impression ce soir. Est-ce un hasard ou bien est-il en train de devenir un très bon groupe live ? Se – Se

Heaven And Hell
Heaven And Hell, ou Black Sabbath pour les intimes, fête la sortie d’un album acclamé par la presse et le public. D’ailleurs, la bande à Iommi est l’un des rares groupes à mettre tout le monde d’accord. Il n’est donc pas surprenant de constater la grande affluence devant la scène ornée de deux portails funèbres. Visuellement, l’attention est d’abord portée sur la batterie monstrueuse de Vinny Appice. Une batterie ornée de toms et cymbales situés à des endroits totalement improbables. Une disposition qui permet à Vinny de faire le show, l’obligeant à se contorsionner pour atteindre certains éléments. Mais l’homme vers lequel tous les regards sont bien vite braqués n’est pas lui. Ni même les pourtant légendaires Geezer Butler et surtout le grand Tony Iommi. Non, tous n’ont d’yeux que pour Ronnie James Dio. « C’est lui le boss », se dit à lui-même un festivalier. En effet, c’est lui le boss. De par son charisme, sa classe, son talent, sa voix divine, sa taille… heu non pas sa taille… Dio est le vieux chien qui ferme le clapet à tous les jeunes chiots. A plus de 70 ans, la perfection conservée de son organe vocal est un mystère. Deux titres seulement viennent représenter The Devil You Know : le déjà culte « Bible Black » et « Fear ». Mais avec une heure de disponible et un répertoire touchant les cieux, impossible de ne pas faire de concession. Arrêtons de chipoter et profitons des instants magiques que sont « The Mob Rules », « Children Of The Sea », « I », « Time Machine », « Falling Off The Edge Of The World », « Die Young » et le monumental « Heaven And Hell ». Un morceau éponyme intense, incrusté d’un long solo dont seul Iommi a le secret. Le jeu théâtral de Dio prend ici toute sa dimension. A la reprise du dernier couplet, le visage éclairé par une unique lumière rouge, le petit frontman se change en diable et laisse échapper un cri horrifique. Effet surprenant et saisissant. Une prestation inoubliable et sans fautes. Sp – Se

Saint Vitus
La présence de Saint Vitus, annoncé après la défection d’Edguy, est une preuve supplémentaire que cette édition du Hellfest aura mis un point d’honneur à mettre en avant la scène stoner/doom, une scène trop stéréotypée, pourtant véritablement passionnante. Un gros bon point pour la programmation du Hellfest 2009. Et les doomsters ne s’y sont pas trompés, venus ce soir en masse soutenir l’un des parrains du style et son frontman Scott « Wino » Weinrich, figure emblématique de cette scène. Après la grandeur épique de Heaven And Hell, Saint Vitus revisite l’esprit du Black Sabbath des débuts. La lourdeur et les ambiances 70’s sont de mise. Une teinte psychédélique en plus, renforcée par des couleurs vives vomises de l’écran géant. Effet champignon hallucinogène assuré. Cependant, ici, on parle bel et bien de doom et la lenteur prime : speed kills énonce l’écran. Alors, à minuit, la fatigue se faisant sentir, une partie du public tombe comme un nuage de mouche. Seuls les amoureux de sensations lourdes restent et savourent à sa juste valeur l’eau bénite de Saint Vitus. Ce dernier a bien pris soin d’honorer leur confiance et interprète la quasi-totalité du mythique Born Too Late. Qu’importe les autres, laissons les dormir. Sp – Ol

Mötley Crüe
En voyant le décor se construire sur la Crüe Fest Stage, tous pressentent le gros show à l’américaine des Mötley Crüe. Le son agressif d’une Harley retentit dans la sono et c’est à la tombée du rideau que « Kickstart My Heart » déboule en trombe sous l’euphorie des glameurs. Môtley Crüe : c’est quatre personnalités distinctes. Vince Neil, même si certains peuvent être agacés par sa voix nasillarde, réalise une vraie performance physique. Le blondinet arpente la scène de long en large et sans relâche. Difficile à suivre ! Tommy Lee n’hésite pas à sortir de son kit pour venir taquiner la foule. Nikki Sixx joue la carte du charisme et de l’élégance. Quant à Mick Mars, malgré une maladie qui diminue ses mouvements, il se venge par le biais de soli hargneux et redoutablement efficaces. Les saints de LA enchaînent une palette de tubes sous un décor chaotique et un déluge de lumières : « Wild Side », « Shout At The Devil », « Live Wire », « Look That Kills », « Primal Scream ». Même le petit dernier se fait remarquer grâce aux mémorables « Saint Of Los Angeles » (quel titre !) et « Motherfucker Of The Year ». Une sélection tout simplement irrésistible, à la limite de l’indécence. A ce propos, une partie de la gente féminine se laisse aller et quelques mamelons font surface. Avec Mötley Crüe le show est autant sur scène que dans le public. En rappel, Tommy Lee s’installe derrière un piano et débute les accords d’une des plus belles balades du hard rock, « Home Sweet Home », repris à tue tête par les fans. On peut leur reprocher une attitude de sales rock stars mais Môtley Crüe, sur scène, assure avec des hymnes à la pelle. Peu de groupes peuvent prétendre à tant de talent. Sp – Ol
