Aujourd’hui, rien ne semble pouvoir entraver la progression du Hellfest Open Air, ni les intempéries de 2007, ni les associations catholiques intégristes, ni les politiques, ni même un incendie qui a récemment ravagé une grande partie des bureaux de l’équipe et du stock de merch. Depuis 2006 (et même 2002 avec le Furyfest), doucement mais sûrement, bravant les difficultés, les critiques et autres choix impossibles, mais toujours à l’écoute de son public, le Hellfest a réussi à non seulement s’imposer comme l’un des plus gros festivals d’Europe mais également à révéler le poids des musiques extrêmes dans le paysage culturel français.
Et pour cette édition 2017, qui se tiendra les 16, 17 et 18 juin, c’est une double prouesse que réalise le festival clissonnais : afficher complet sur les pass trois jours en une semaine à peine, sans avoir annoncé le moindre groupe, puis annoncer seulement un mois et demi plus tard l’intégralité de son affiche, en une seule fois. Des choix justifiés par les organisateurs mais vivement critiqués par une frange de la communauté. Et c’est en partie pour répondre à ces critiques, avec la plus grande franchise et le franc-parler qui le caractérise, que nous avons interrogé le fondateur du festival Ben Barbaud.
Pendant deux heures nous avons échangé, sans tabou, sur le succès du festival, ses choix, ses difficultés, son esprit, son rapport aux autres festivals – y compris le Download France arrivé l’an dernier et avec lequel il ne se montre pas tendre -, et son avenir à court (l’édition 2017) et long terme.
Réservez-vous une petite heure, posez-vous tranquillement, car cette interview est très longue, riche et particulièrement instructive.
« Aujourd’hui le vrai problème du fest, c’est qu’il n’y a pas de place pour tout le monde malheureusement. »
Radio Metal : A quelques mois de l’ouverture du Hellfest, j’imagine que le festival commence à se mettre en place petit à petit.
Ben Barbaud : Oui ça se met en place. A travers les années nous avons adopté un rythme de croisière. Mais tu as aussi des nouveautés, pas mal de nouvelles données à prendre en compte. C’est la même équipe depuis plusieurs années mais nous sommes assez sereins. En termes artistique, nous sommes sur les mêmes bases d’années en années avec six scènes et la même organisation. Après, quand je parle de nouvelles données je parle des nouveautés que l’on insère dans le cadre du festival. C’est varié, ça va du changement de catering à la construction d’infrastructures pour les festivaliers. Par exemple, cette année il y a un agrandissement de terrain qui est prévu. Ce dernier nous force à déménager la zone backstage. Il y a également le déménagement de l’espace VIP qui va être un peu plus loin sur le site. A l’échelle du Hellfest, ce sont des ajustements importants car il ne s’agit pas de retrouver un petit terrain pour les artistes et de mettre une tente. C’est l’équivalent de soixante loges à déménager avec un restaurant pour les artistes de 1.500 repas par jour. Donc dès qu’on commence à travailler sur de nouveaux projets ça prend beaucoup de temps, d’énergie et de réflexion. C’est du temps de travail mais c’est aussi pour ça qu’on aime ce métier : ce n’est jamais redondant et ce type de nouveauté remet de la motivation à tous les gars de l’équipe.
Récemment vous avez également dû faire face à un incendie.
Les imprévus comme ça, ce sont des choses qui n’arrivent pas qu’aux autres et malheureusement ça nous est arrivé à nous par un matin de décembre où à mon avis un vieux radiateur à dû rendre l’âme. Et le temps qu’on s’aperçoive qu’il y a eu un départ de feu, il était déjà trop tard. Sachant qu’en plus ce départ de feu s’est déroulé dans le stock de merchandising, là où se trouvent moult enveloppes et cartons qui sont très inflammables. Deux heures après, on avait perdu l’équivalent de 1.000 mètres carrés. Mais bon, on a connu le début de l’organisation du Hellfest qui était dans mon salon, dans ma chambre, etc. Donc évidemment que pour l’organisation de cette année on va se serrer dans ce qu’il nous reste de bureau, parce que sur 600 mètres carrés de bureaux il nous en reste 300. Mais trois cents c’est déjà ça, hein ? Moi j’ai connu des bureaux de 10 mètres carrés quand j’ai commencé donc on n’est pas à plaindre non plus, même si c’est une donnée de plus qu’on doit intégrer à l’organisation.
Comment vous avez géré ça ? Car du coup il y a moins de produits disponibles dans le shop du Hellfest.
Il y a beaucoup moins de choses, ça c’est évident. Car sur ces 1.000 mètres carrés il y avait peut-être deux cents mètres carrés réservés au stockage du merch. Donc il faudra inévitablement du temps pour qu’on puisse reconstruire l’édifice et avoir à nouveau le merchandising dans les locaux. Mais tu sais, pour être tout à fait franc, notre salarié qui gère ces questions du merchandising se trouve actuellement dans les locaux de notre fournisseur, notre imprimeur de T-Shirts. Car ce dernier nous loue pour le moment un certain nombre de mètres carrés de façon à ce que l’on puisse faire survivre le shop sur Internet. Mais on n’a pas assez d’espace pour actuellement avoir le même stock qu’avant. Donc il va falloir patienter plusieurs mois pour qu’on puisse reconstruire l’édifice, qu’on puisse ravoir une surface de stockage suffisante et qu’ensuite la personne qui s’occupe du merch chez nous puisse recommander du stock afin que le site internet soit un peu plus fourni. Ce sont les aléas, c’est un peu chiant. On était bien assuré donc pour le coup il n’y a pas de grosse catastrophe financière. Mais bon c’est clair qu’on aurait préféré faire sans.
Donc cet incendie n’a jamais remis en cause le festival ?
Oh non car ça n’a rien à voir. Aujourd’hui l’organisation du festival se fait avant tout dans l’espace bureautique. Donc même si la totalité des bureaux avait cramé, cela aurait été encore plus emmerdant car il aurait fallu qu’on déménage dans des nouveaux locaux qu’il aurait fallu aménager (ce qui aurait certainement pris du temps), mais cela n’aurait pas été catastrophique non plus. Car un festival aujourd’hui, c’est beaucoup d’habitudes, de données sur Internet, de contacts et c’est une organisation d’équipe. Donc non, un incendie n’aurait pas pu remettre en cause le festival. Un incendie sur les grandes scènes du festival juste avant l’ouverture : ça c’est problématique ! (Rires) Mais tout bêtement les bureaux du Hellfest, ça ressemble à des ordinateurs sur des tables, des chaises, etc. donc cette façon de faire tu la vois un peu partout. C’aurait été emmerdant avec les ordinateurs, les trucs, etc. Mais on avait déjà tout sauvegardé avant que ça brûle donc les données étaient sauvegardées.
Est-ce que ça vous a effleuré l’esprit que cet incendie ait pu être d’origine criminelle ?
Non, à aucun moment. Car simplement le fait de l’horaire, vers midi, prouve que ce n’est pas criminel parce que si quelqu’un avait fait ça à ce moment-là on l’aurait vu passer. Par ailleurs, il faut imaginer que cette salle était sans fenêtres, c’était un espace de stockage avec énormément d’enveloppes, de carnets, etc. Nous étions en plein mois de décembre et le gars qui gère le merch chez nous, il se les caillait et donc il a été prendre un petit chauffage d’appoint à la con des années 80 de type grille pain. Il était tellement vieux qu’il a dû faire des étincelles et le temps qu’on entende la sirène, etc. ça avait déjà pris. Donc non, à aucun moment ça nous a effleuré l’esprit que cela aurait pu être un acte mal intentionné.
Est-ce que cet incendie vous a fait prendre conscience de certaines choses en terme de sûreté ?
En fait ce qui est paradoxal c’est qu’on avait fait passer la visite de sécurité incendie dans les locaux et tout était bien, on avait tous les extincteurs, on avait tout. C’est juste un coup de malchance qui nous est arrivé. Des incendies en France, il y en a des centaines par jour. Après, sur la manière dont ça s’est passé, je ne sais pas. Car ça peut aussi être une multi-prises. On ne sait pas trop ce que c’est, un défaut électrique c’est sûr, mais on ne sait pas exactement quoi. En tout cas c’est un défaut électrique externe et pas interne car l’installation électrique avait été entièrement vérifiée et tout était aux normes. A l’avenir, je pense qu’on sera vigilant sur le type de chauffage qu’on va réutiliser et éviter les grilles pains des années 80 (rires). Mais bon des grilles pains de ce type, plein de gens en utilisent et il y en a même qui dorment avec sauf que 99% du temps il ne se passe rien. Car même lorsqu’il se met à chauffer il n’est normalement pas à proximité de matière inflammable. Donc c’est un coup de pas de chance car on n’était pas dans des locaux désaffectés ou qui craignaient vraiment. Après ça a été très impressionnant. Je n’avais jamais vu un feu de cette ampleur-là partir aussi vite et réduire à néant un bâtiment aussi imposant, mais on n’a pas de remontrances ou quoi que ce soit vis-à-vis du gars qui gère notre merch, qui se gelaient les couilles et qui a juste voulu avoir un peu plus chaud quand il prépare ses paquets d’envois pour les commandes. Ce sont donc des choses qui arrivent.
« Thomas (Jansen, du Wacken Open Air) veut copier sur notre modèle où on est le seul site de festival qui a mis autant d’argent dans sa construction, dans sa réflexion. Alors que le Wacken c’est un terrain à vache qui chaque année est inondé, qui n’est pas agréable pour les festivaliers, et que l’avenir des festivals c’est de donner de plus en plus de confort. »
Passons au festival en lui-même si tu le veux bien. L’édition 2017 a affiché complet en seulement huit jours après l’ouverture de la billetterie ce qui est très impressionnant, d’autant plus qu’aucun groupe n’était annoncé. Même si lors de l’édition 2016, le festival avait également affiché complet avant l’ouverture, est-ce que tu t’attendais à un engouement aussi important ?
La vraie surprise ne concerne pas cette année en fait mais plutôt l’année d’avant quand on a pris la décision de mettre des places en vente sans annoncer l’affiche. Et cette décision avait été prise – malgré le fait que beaucoup de gens ne nous croient pas mais bon c’est comme ça – de façon à ce que justement les ventes se fassent plus lentement. Car justement on s’était dit de façon assez logique « on n’a pas encore annoncé l’affiche, on va pouvoir mettre les places en vente et ça va partir tranquillement, comme ça, ça laissera aux gens qui se plaignaient d’acheter leurs places de pouvoir y’aller plus tranquillement ». Et là on a été hyper surpris parce que quand on avait ouvert les ventes en septembre ou en octobre pour l’édition 2016, en se disant que si on avait ouvert 10.000 billets pour Noel ce serait déjà hyper bien avant d’annoncer la programmation, on avait été complètement pris de court lorsqu’on a vu qu’en l’espace de quinze jours il n’y avait plus de place ! Et c’est pour ça qu’à l’époque on avait tellement pris peur qu’on s’était dit « bon ben on arrête les ventes ! on arrête les ventes ! » parce que le problème c’est qu’on n’allait plus en avoir quand on allait annoncer l’affiche. Donc non, jamais on aurait pu imaginer qu’il y avait un tel engouement pour le festival, même si ça fait un certain nombre d’années qu’on travaille sur le festival, sur la programmation artistique, qu’on essaye d’améliorer le festival et qu’on sent bien qu’il y a une sorte d’effet de mode par rapport au festival. Et que, par voie de fait, une certaine partie des gens s’y sentent bien et ont envie de revenir années après années. Mais jamais on aurait pensé que ça aurait pris une telle ampleur et que surtout ça ce serait passé à pareille échelle.
Par contre oui, à contrario, cette année, une fois qu’on a mis en ligne les places en vente, je ne te dis pas qu’on s’attendait à tout vendre en huit jours, car à la sortie de l’édition 2016 on avait quand même pas mal de commentaires de gens qui avaient trouvé le festival trop bondé, etc. Il y avait des commentaires négatifs, comme tous les ans et c’est bien normal, donc je me disais que peut-être qu’il y avait un petit sentiment de déception cette année chez les festivaliers et que peut-être que les places partiraient vite malgré tout, mais pas aussi vite que huit jours. Donc années après années, on est surpris par l’engouement mais je ne peux pas te dire ce que l’année prochaine ça donnera. Après, on est toujours pris entre les gens qui ne comprennent pas pourquoi on met en vente sans annoncer la programmation et ceux qui le comprennent car c’est un choix. Aujourd’hui le vrai problème du fest, c’est qu’il n’y a pas de place pour tout le monde malheureusement. Par le passé, on nous a souvent dit « oh vous mettez les places en vente mais les gens viennent que pour les têtes d’affiche, nous on peut plus avoir de places alors qu’on est vos festivaliers de la première heure ». Donc on était parti de ce constat-là, en se disant qu’on allait ouvrir la billetterie sans annoncer de groupe et si les gens sont logiques, ceux qui achètent une place de festival sans connaître la programmation, on peut difficilement les taxer de personnes qui ne viennent que pour les têtes d’affiche ou parce que c’est à la mode. Parce que lâcher 200 euros, ce genre de tarif, sans connaître un groupe, il faut vraiment être passionné ou amoureux du Hellfest. Mais là encore malgré cette décision on se fait taxer de « c’est inadmissible, c’est n’importe quoi de mettre en vente sans connaître le programme ». Donc, en fait, malheureusement, on n’arrivera jamais à trouver un modèle qui convienne à tous. Entre ceux qui veulent que ce soit en début de mois parce que y’a la paie, ceux qui gueulent parce que c’est en septembre parce que y’a les impôts. Bref on n’arrive jamais à contenter tout le monde parce que y’a trop de demandes par rapport au Hellfest. Nous on a pris cette décision d’ouvrir sans annoncer la programmation et je comprends que des gens puissent critiquer cette méthode, encore une fois, mais je rappelle que si cette année je n’avais par exemple pas pris cette décision, on aurait mis toutes les places en ventes à l’annonce de la programmation, les places seraient parties super vite encore, et j’aurais entendu plein de festivaliers me dire « c’est dégueulasse, tous les kikoolol qui écoutent Linkin Park ont pris leur place, à cause d’eux moi je peux pas aller regarder Autopsy, etc. » C’est sans fin de toute façon les critiques, donc moi je pars du principe qu’ouvrir la billetterie sans annoncer de groupe, les gens qui achètent leurs places à l’aveugle on peut difficilement les taxer de venir en touriste ou de choses comme ça. Parce que j’ai du mal à croire que quelqu’un accepte de mettre 200 euros dans un billet en ne faisant pas confiance à l’équipe du festival. On a décidé de faire cette méthode, elle peut être contestée et je le comprends, mais malheureusement on ne peut pas contenter tout le monde.
Après, peut-être que le compromis du Wacken, qui annonce toujours une poignée de groupes sans dévoiler les têtes d’affiches, pourrait mieux satisfaire les mécontents et donner un premier aperçu de l’affiche ?
Alors, ça Wacken sait le faire car c’est en août. En effet, certains ont demandé ça et on pourrait confirmer une dizaine de groupes mais le problème c’est que les gens veulent savoir qui il va y avoir en têtes d’affiches et on est sur un modèle artistique qui est différent de celui du Wacken. Car le Wacken est un festival 100% pur metal, ce que n’a jamais revendiqué le Hellfest malgré le fait que beaucoup de gens le cataloguent de la sorte, mais je rappelle qu’ici on est treize salariés et que parmi eux, plus des trois quarts écoutent avant tout du hardcore et du punk. Il y en a quand même qui écoutent du metal, et on en écoute malgré nous aussi, mais la base de notre truc c’est plutôt le hardcore/punk. Donc effectivement on aurait pu aller taper dix ou quinze groupes mais quand Wacken le fait, c’est plus ou moins toujours les mêmes. C’est du Blind Guardian, du Epica, du Accept, des choses comme ça ou alors évidemment de grosses exclues. Mais si moi j’annonce des groupes comme ça je sais pertinemment que tout de suite les festivaliers vont me tomber dessus en disant « ça c’est nul », etc. parce que nous, a contrario du Wacken, on n’a pas un public 100% metal alors que quand moi j’annonce des groupes il faut absolument, si je ne veux pas avoir trop de sentiment de déception chez les festivaliers, que les gens puissent se rendre compte – je parle pour moi – qu’on a fait la programmation de manière équitable comme d’habitude. Parce qu’au Hellfest tu as une scène stoner, une scène punk etc. Tu as énormément de styles de musiques, beaucoup plus qu’au Wacken, même si ce dernier commence à se tourner vers autre chose depuis quelques années parce que je pense qu’ils se rendent compte que le Wacken est plutôt en perte de vitesse et qu’il faut qu’ils se tournent plutôt vers d’autres horizons musicaux.
Mais pour moi, annoncer dix groupes, je sais que je vais faire trop de déçus parce qu’en dix groupes tu ne peux pas afficher une palette séduisante sur tous les styles de musiques que le Hellfest a l’habitude de mettre en avant. Je trouve qu’il y a un impact beaucoup plus fort lorsqu’on annonce une totalité de programmation, c’est mon avis, parce que si dans les dix groupes que j’aurais pu annoncer avant la mise en vente j’avais mis Linkin Park ou machin ça n’aurait fait qu’un seul truc : amener les gens à critiquer, à se moquer, à dire que c’est nul, etc. Et avec dix groupes, je suis sûr qu’on ne peut pas avoir ce sentiment car je suis sûr que des gens ont dû évidemment rigoler cette année quand ils ont vu Linkin Park, je connais un petit peu les metalleux (sourires), mais d’un autre côté tu as le pendant inverse « ah bah ouais mais regarde tu as Autopsy, etc. » et du coup on oublie un peu qu’il y a des groupes qui ne nous plaisent pas. Mais je vois comment les gens réagissent à l’annonce d’une affiche et je vois que c’est très difficile de les contenter. Alors, Wacken c’est quelque chose de très particulier car Wacken c’est très metal et un Wacken ne va jamais annoncer un Linkin Park, ce n’est pas leur truc, à moins qu’ils changent leur fusil d’épaule d’ici quelques années, mais ça ne colle pas avec le modèle qu’ils ont comme festival. Nous on est beaucoup plus ouverts. Les gens ont beau être surpris, bah non moi Linkin Park ça ne me choque pas, pas plus que quand on a fait Kiss. Moi je te dis, je suis quelqu’un qui écoute du punk et moi voir Linkin Park, Kiss ou ZZ Top, ça ne me choque pas plus l’un que l’autre. Après, pour un metalleux, je comprends que ça puisse être un peu plus « choquant » mais voilà on a pris cette décision-là. Elle peut être contestée car, encore une fois, on a tous nos façons de communiquer car chaque festival est différent, alors certes les places sont parties en huit jours sans connaître l’affiche mais sur 50.000 personnes qui ont pris des tickets trois jours, ils doivent un minimum être fans du Hellfest pour l’avoir fait. Et tous les commentaires qu’on peut lire à droite à gauche sur le fait qu’au Hellfest il n’y a plus de metalleux, qu’il y a que des touristes, etc. eh bien, ça me fait doucement rigoler. Car j’ai du mal à croire… Moi je suis clissonnais, je connais les clissonnais, et je peux dire qu’il n’y a pas un clissonnais qui a pris un pass trois jours à deux cents euros pour aller assister à un festival de musique dont il ne sait même pas ce que c’est car ce n’est pas sa passion. Il faut quand même être un minimum passionné et intéressé pour mettre deux cents euros dans un ticket. Ceux qui nous on fait confiance à l’aveugle, c’est quand même eux qu’on doit remercier le plus fortement, car les gars nous font confiance de manière très importante alors que finalement, celui qui gueule parce qu’il n’a pas eu le temps de prendre son billet, car il s’est aperçu finalement que dans la programmation annoncée il y avait des groupes qui lui plaisaient, ah bah ouais, mais ça il fallait nous faire confiance entre guillemets… C’est malheureux à dire « il fallait nous faire confiance » car y’a beaucoup de gens qui vont dire « c’est facile à dire » mais le problème c’est qu’on est pris : il y a plus de demande que d’offre au Hellfest. C’est une grosse problématique mais qu’on ne peut pas gérer car c’est la rançon du succès quoi.
« Le Hellfest est aujourd’hui un événement tendance de type hype mais je sais qu’il y aura une redescente comme tous les festivals. »
Tu parlais du Wacken qui serait en perte de vitesse et justement il n’y a pas si longtemps le Wacken affichait complet extrêmement rapidement, plus vite que le Hellfest, alors que cette année plusieurs mois après la vente des billets le festival n’est pas complet. Comment analyses-tu ce renversement ?
Alors il y a plusieurs données car moi je les connais bien au Wacken, ce sont des copains. Thomas Jansen (ndlr : le créateur du Wacken Open Air), c’est quelqu’un que je connais bien et que j’ai souvent au téléphone et avec qui je discute beaucoup. On a un modèle artistique qui est un peu différent car on n’a pas les mêmes goûts musicaux – car Thomas est un passionné de heavy et que le festival est en fait à l’image de qu’il est et de ce qu’il a eu envie de partager, alors que moi j’ai l’impression que le Hellfest est un peu à mon image et que j’ai des goûts très variés comme je te le disais tout à l’heure, plus tournés vers le punk et le hardcore, ce qui explique aussi des choses dans la manière de travailler le festival, de l’exposer, de booker les artistes, etc. –, donc chacun à sa vision. Thomas sent bien que son festival… Alors tout est relatif quand je parle de « perte de vitesse », hein, car le Wacken ça reste quand même 70.000 personnes par jour et il va les faire, sauf qu’effectivement, il y a quelques années le Wacken vendait tous ses tickets en l’espace de 48H alors que là on est au mois de mars et le Wacken n’est toujours pas complet. Mais déjà il y a une grosse donnée : c’est qu’il a augmenté son prix de place de 30 euros. Car je crois qu’il était à 190 l’année dernière et que là il passe à 220 euros, donc je peux tout à fait comprendre l’idée de Thomas qui est de retrouver de la liquidité. Car je te le dis honnêtement, il veut copier sur notre modèle où on est le seul site de festival qui a mis autant d’argent dans sa construction, dans sa réflexion. Alors que le Wacken, c’est un terrain à vache qui chaque année est inondé, qui n’est pas agréable pour les festivaliers, et que l’avenir des festivals c’est de donner de plus en plus de confort. Et si le Hellfest a investi depuis des années sur le réseau des eaux usées, sur la construction de routes, sur de la pelouse car elle est neuve chaque année : aucun festival ne paie ça. Et les gens s’en rendent compte quand ils viennent au Hellfest : ils disent « oh putain il y a une belle pelouse verte » contrairement à du gravier ou de la boue. C’est quand même plus sympa pour les festivaliers et qu’on le veuille ou non on a beau voir les gros metalleux qui vont dire « nous on s’en fout, on adore la bière et la boue », j’ai souvenir que quand j’avais fait une édition 2007 sous la boue je m’en suis pris plein la gueule, donc j’ai tout suite compris qu’il fallait investir dans le confort des festivaliers. Et je pense que le Wacken commence à la comprendre et commence à se dire qu’investir dans des structures avec un peu plus de scénographie, construire un site avec des routes, avec énormément de réseaux, etc. ça a beaucoup d’avantages pour les festivaliers mais également en termes de confort pour les organisateurs.
Car s’il y a un déluge de trois jours au Hellfest, l’avantage c’est qu’il y a un réseau routier tout autour du site et à l’intérieur du site qui fait que le festival peut jouer. Le Wacken eux, ils sont sous trente centimètres de boue. Et je pense qu’il a été obligé d’augmenter son ticket d’entrée car je pense qu’en termes d’investissement, pour te donner un ordre d’idée, le Hellfest c’est plus de 12 millions d’euros d’investis avec des prêts pour améliorer le confort des festivaliers. Les gens ne se rendent pas forcément compte mais ça coûte cher car à la base ces terrains servaient à faire brouter les vaches et on en a fait, même si ça fait sourire les gens, un « disneyland ». Mais j’ai quand même l’impression, même si certains sont sans doute nostalgiques du côté paysan, vaches avec les pieds dans la boue, que si on vend ces pass aussi rapidement, si justement le Hellfest est devenu un événement de type « the place to be », etc. c’est aussi grâce à tous ces investissements qui ont été fait dans le site afin de rendre le confort des festivaliers plus agréable. Et je pense que le Wacken est dans cet état esprit-là mais tu te doutes bien que pour pouvoir investir douze millions d’euros, on ne peut pas faire un festival à cent euros avec un site d’exception, énormément de décoration, etc. car ça n’existe pas. Malheureusement ça coûte de l’argent de faire tout ça et même si le billet du Hellfest est déjà extrêmement cher, eh bien, malheureusement on ne sait pas faire avec moins. Le Hellfest est aujourd’hui un événement tendance de type hype mais je sais qu’il y aura une redescente comme tous les festivals… Car il y aura une lassitude qui va s’installer chez les festivaliers quand ces derniers auront fait 4 ou 5 Hellfest. « C’est bon on connaît le truc, on va voir ailleurs, le Hellfest est une recette connue et reconnue, bon voilà », c’est là où chaque organisateur doit se remettre en question. Et c’est ce que fait le Wacken pour attirer un nouveau public, pour essayer de fidéliser les gens autour de son événement, est-ce qu’il ne faut pas essayer de changer son image, sa programmation, son accueil… Enfin, c’est énormément de choses et ça nous arrivera aussi quand on va voir que la billetterie va se ralentir et là, ce sera les premiers signes d’un « olala, il faut faire attention, il y a quelque chose qui s’installe chez le festivalier ». Alors est-ce que ce serait de la lassitude car le projet, ils l’ont vu de long en large, que c’est parce qu’on n’est pas à la hauteur en termes d’accueil, pas à la hauteur en termes d’affiche, enfin ça peut être plein de choses. Mais ça peut être fluctuant car, si ça se trouve le Wacken va se rebooster et que le Hellfest va battre un peu de l’aile, c’est logique et classique.
Tu redoutes ce moment où cette hype du Hellfest baissera un peu ?
Non. Non, non, je ne redoute pas car tu sais, la construction d’un festival moi je ne l’ai pas fait dans… On ne pense pas la construction d’un festival comme la construction d’une entreprise ou d’une industrie. Je ne suis pas là pour développer année après année continuellement, c’est avant tout une aventure humaine. Et quand cette dernière s’estompera un peu car il peut y avoir une lassitude des festivaliers mais également des bénévoles, des organisateurs, etc. qui font que l’aventure humaine au bout d’un moment se craquelle et que c’est le signe qu’il faut raccrocher. Mais moi tu sais je n’ai pas l’intention d’organiser le Hellfest toute ma vie. Je pense que quand il y aura les premiers prémices de ce genre de trucs, ce sera sans doute les signes que je dois passer la main. Est-ce que quelqu’un aura d’autres idées et que ces idées seront salvatrices pour le festival ? Si oui, je lui donnerai les clés avec grand plaisir. On ne fait pas un festival avec un plan de carriériste, si tu veux. On essaye de faire du mieux possible, on est une bande de potes et à chaque fois qu’on agrémente le festival de nouvelles structures, décorations, programmations, etc., tant que tout ça continue à nous faire bander, on va continuer. Mais au bout d’un moment ça devient redondant, qu’on a plus d’idées, qu’on est lassé et que le public va le ressentir automatiquement… et là, c’est le début de la fin. Mais tu sais c’est une aventure humaine, un festival. Moi j’ai toujours dit qu’on a soufflé les bougies des dix ans du festival il y a deux ans, je serais très content d’aller jusqu’aux vingt ans mais après les vingt ans moi je pense que je raccrocherai. Hey, je parle à titre perso hein, et pas au nom de l’équipe (sourires). Et peut-être qu’à ce moment-là il y aura une autre équipe bourrée d’idées pour faire revivre le festival. Ou alors ça se trouve dans huit ans le festival sera toujours au top et il suffira juste de ré-appliquer la même recette avec des petites retouches. Je ne peux pas te dire.
« Etant donné qu’il n’y a pas de redistribution, on ne fait pas le même métier – alors, j’aime pas qu’on pense que je crache sur mes concurrents – que le Download ou Live Nation dont le métier est clairement de faire du Chiffre d’Affaires, de générer des bénéfices pour que les actionnaires en profitent. Ce n’est pas la même démarche. »
Mais tu sais, ce n’est pas un plan d’industrie de type entreprise industrielle, comme une boite qui a des objectifs années après années, enfin tu vois ce que je veux dire. Je me plais à le répéter mais il faut savoir qu’aujourd’hui l’organisation du Hellfest c’est une association de Loi 1901, il n’y a pas de bénéfices de redistribués. On est maintenant quinze salariés à l’année qui sont salariés de l’association et ils s’en tiennent à leurs salaires. Que le festival gagne x ou y, il n’y a pas de redistribution. Il n’y a pas d’ambition de générer de plus en plus de bénéfices, de plus en plus de cash. Il y a l’ambition d’en faire pour pouvoir faire de nouveaux projets autour du festival mais étant donné qu’il n’y a pas de redistribution, on ne fait pas le même métier – alors, j’aime pas qu’on pense que je crache sur mes concurrents – que le Download ou Live Nation dont le métier est clairement de faire du Chiffre d’Affaires, de générer des bénéfices pour que les actionnaires en profitent. Ce n’est pas la même démarche. Par contre c’est un métier différent que je respecte tout autant. Il faut bien des gens qui vendent des billets. Alors nous aussi on en vend mais avec, selon moi, une autre démarche.
Du coup tu ne te verrais pas faire ce que fais Thomas Jansen avec le Wacken depuis vingt ou vingt-cinq ans ?
Mais tu sais moi je te parle de ça, de lâcher la main, car je connais mon caractère. J’ai 35 ans cette année et je sais très bien que dès que ça va commencer à m’ennuyer ce truc-là, parce que j’aurais estimé qu’on a déjà fait beaucoup, j’aurais envie d’aller voir ailleurs pour une question de challenge personnel. Mais c’est un truc personnel, ce sera pas « ah bah le Hellfest ça vaut plus rien je m’en vais ! » Thomas lui a un caractère qui est certainement bien différent du mien, il a peut-être des objectifs et il se plait peut-être hyper bien dans son quotidien. Moi je sais que je suis quelqu’un qui aime foncer, j’aime rencontrer de nouvelles personnes, avec de nouveaux projets. Après, dans huit ans, ça pourrait être pour ouvrir une pizzeria ou devenir jardinier, je n’en sais rien. Mais quoi qu’il arrive, si je pars, ce sera pour aller ailleurs que dans le spectacle mais bon je te parle de ça, mais on n’en n’est pas là encore. Aussi j’ai conscience que dans dix ans le festival peut s’arrêter parce que ça ne marche plus.
Tu parlais de l’affiche révélée d’un bloc le 29 novembre. Il ne doit pas être facile de boucler l’affiche très vite tout en retenant les premières confirmations. Est-ce compliqué pour vous de gérer cet aspect ?
C’est toujours compliqué. Après pour les groupes qui jouent par exemple en début d’après-midi, on arrive à avoir des confirmations rapides car la majeure partie de ces groupes sont, comme tu t’en doutes, intéressés par jouer au festival. Après, en ce qui concerne le timing des groupes plus importants et des têtes d’affiche, eh bien, on ne sait pas quand on peut annoncer. Concernant l’annonce du 29 novembre, on a par exemple dû attendre parce qu’Aerosmith voulait attendre que les élections américaines se soient déroulées. Parce que le groupe avait monté l’intégralité de sa tournée européenne, ils ne voulaient pas que la campagne américaine puisse perturber leur campagne de promo sur l’annonce de la tournée. Donc tu vois, il y a énormément de petits faits comme ça sur lesquels on est malheureusement impuissants. Ce sont les têtes d’affiches qui demandent le plus de petits trucs comme ça. Donc après sur le fait d’éviter les fuites, chaque année c’est différent. Il y a des années plus ou moins faciles, il y a des années difficiles. Ça dépend du contexte, des artistes, d’énormément de choses, en somme. Après, on essaye de travailler vite car on est le festival en Europe qui en programme le plus avec 170. Donc c’est vrai, ce sont beaucoup de contacts, beaucoup de coups de téléphone à passer. Après, comme je te le dis les trois quarts des artistes qu’on contacte sont généralement assez friands d’être programmés au Hellfest, donc les négociations sont assez rapides. Avec d’autres groupes, c’est parfois plus compliqué. Après, plus globalement ce qui est plus complexe, c’est d’avoir une affiche homogène qui va plaire au plus grand nombre. Donc d’essayer de respecter une sorte de mixité de l’affiche. Il ne faut pas qu’il y ait trop de black mais qu’il y en ait quand même. Qu’il y ait du stoner, un peu de punk, des têtes d’affiches aussi car chacun à sa propre culture musicale. Il y en a qui connaissent trois milles groupes et d’autres que dix, donc il faut savoir contenter le maximum de monde. C’est un travail mais la programmation est quelque chose qui se fait assez naturellement car quand on est passionnés de ces musiques-là les gens sont passionnés et ça se fait donc naturellement. C’est la partie du boulot que je considère comme la plus facile car ça fait quinze ans qu’on fait ça. Qu’on est tous amoureux de ces musiques-là, qu’on est tous friands de découvrir de nouveaux artistes. Ce qui est le plus long c’est de se mettre d’accord avec les têtes d’affiche, d’autant plus qu’il y a de la concurrence. Car il ne faut pas se mentir, le Download vient d’arriver. Il y a d’autres festivals en Europe qui sont aussi demandeurs.
Ce n’est pas propre au Hellfest mais une partie du public a tendance à râler sur la place de certains artistes dans le running-order. Un groupe comme Haken qui va jouer en 2016 à 11h du matin alors que certains considèrent que leur talent mérite mieux. Ou a contrario un groupe comme Limp Bizkit qui divise la communauté mais qui va être très haut sur l’affiche. Du coup quelle est la place des choix militants, c’est-à-dire la mise en avant des artistes qui sont vos coups de cœur, dans le running-order que vous révélez ?
Je vais te le dire honnêtement, car d’ailleurs c’est une partie intéressante sur laquelle on peut discuter, généralement la construction du running-order, c’est-à-dire des horaires avec le classement par heures, par scènes, etc., c’est la partie la plus casse-tête du festival. Parce qu’on a affaire à des groupes qui ont tous un égo. Donc il faut se mettre d’accord avec un artiste sur un horaire, sur « pourquoi je joue avant lui alors que je vends plus de disques ». Sur « pourquoi ceci, pourquoi cela ». Et en même temps tu as des artistes qui ne peuvent pas jouer à telle heure. Par exemple, avant qu’on s’appelle, je lisais tout à l’heure les commentaires des gens par rapport au fait qu’Emperor joue sous la tente cette année. Les gens ne le savent pas mais ce n’est pas une décision que nous on a prise. C’est tout bête mais ce sont des événements sur lesquels on n’a pas le choix. Emperor a confirmé le Hellfest longtemps à l’avance. Et mon copain du Graspop a voulu les programmer un peu plus tard or ils ne pouvaient les programmer que le vendredi, date à laquelle ils étaient censés jouer sur la main stage au Hellfest. Du coup il a fallu que je m’arrange car Emepror était intéressé par faire le Graspop, ce que je veux bien comprendre. Idem pour Bob du Graspop car je ne suis pas en concurrence avec lui, au contraire. Mais moi j’ai dit à Emperor, « je peux vous bouger le dimanche mais malheureusement c’est un jour où je suis déjà engagé avec les autres artistes sur la Main Stage donc je ne peux vous proposer que la tente » et c’est le groupe qui a validé en disant « ok on ne va pas jouer sur la main stage, on va jouer sous la tente ».
Il faut savoir qu’aujourd’hui, le placement des artistes sur le running-order, c’est à 90% le choix des artistes. Ça nous est soit imposé, soit menacé. Parce que je ne peux pas faire jouer Limp Bizkit à 14H car tu te doutes bien que si je leur dis « vous jouez à 14H » ils vont me dire « ben va te faire foutre moi je viens pas à ton festival ! ». Concernant un Haken, qui je suis d’accord avec toi est un groupe très méritant, il y a des groupes de cet acabit qui jouent le matin ou en début-milieu d’après-midi et qui mériteraient musicalement parlant de jouer plus tard en soirée mais malheureusement, il y a des groupes qui ont des soucis d’égos, de classements entre eux et pour certains groupes il est hors de question de jouer après untel ou untel. Et ce n’est pas des menaces mais tous les ans j’ai des problèmes avec des artistes qui disent « moi je ne souhaite pas jouer avant untel », « eux ils vendent moins de disques que nous ! », « moi il est hors de question ou alors j’annule ». Je me prends même la tête pour cinq minutes ! Un groupe à qui je vais dire « bon écoute tu vas monter sur scène à 23H05 » il va me dire « non c’est 23H sinon j’annule ». Mais j’aurais beau lui dire que ces cinq minutes, je vais être obligé de les enlever à un groupe qui passe avant lui, qui est un groupe qui a besoin de temps de jeu car il est plus petit, eh bien tu as des groupes qui vont te répondre « va te faire foutre, c’est soit ça, soit j’annule ». C’est une vraie prise de tête le running-order, les gens ne s’en rendent pas compte. Ils pensent que c’est nous qui calons les groupes à peu près là où on veut mais ce n’est pas du tout le cas. On a maintenant de plus en plus de deals avec les artistes qui nous demandent avec qui ils jouent, avec quelle place sur l’affiche, avant même d’avoir signé quoi que ce soit. Et nous on est obligé de s’engager avec lui alors qu’en face on nous dit « eh bien écoute je te confirme mais par contre si ce groupe joue après moi, je ne confirme pas ». Donc on essaye de jongler pour faire plaisir à tout le monde, tout en essayant de respecter les fans car j’ai bien conscience que certains artistes jouent tôt, pendant une demi-heure, mais le festival fait quand même appel à pas mal de gros groupes et les gens seraient très, très surpris parfois du comportement que peuvent avoir certains artistes, pas forcément les têtes d’affiche d’ailleurs, mais qui se croient un peu tout permis et qui ne sont pas respectueux des groupes qui jouent avant et après eux et c’est souvent difficile.
« Aujourd’hui, le placement des artistes sur le running-order, c’est à 90% le choix des artistes. Ça nous est soit imposé, soit menacé. Parce que je ne peux pas faire jouer Limp Bizkit à 14H car tu te doutes bien que si je leur dis ‘vous jouez à 14H’ ils vont me dire ‘ben va te faire foutre moi je viens pas à ton festival !' »
Mais vu la stature du festival aujourd’hui, n’avez-vous pas les moyens de vous passer de tous ces groupes pénibles à gérer ?
La majorité des groupes sont plus chiants à propos de la place qu’ils vont avoir sur l’affiche. D’ailleurs je ne t’expliquerai même pas tous les problèmes qu’on a à faire le design de l’affiche ! Où c’est des emails incessants avec tous les groupes de type « mon logo est plus petit que celui-là », « je le veux un peu plus gros », « pourquoi il est plus petit qu’untel alors que je suis plus gros » qu’on s’en sort même pas. Je vais même te dire, on a pensé à enlever tous les logos de l’affiche pour les mettre de la même police pour tous les artistes comme ça on aura plus de problèmes. Il y a un problème d’égo, même chez les petits groupes français ! Chez tout le monde, chez tous les artistes. Aucun groupe ne s’en fout donc se passer des artistes qui souhaitent prendre le dessus, c’est se passer à ce moment-là de tous les artistes, donc on ne met que des groupes d’ouverture ? Et là ils vont dire quoi les festivaliers ? Donc non, on a aussi besoin des têtes d’affiches car j’ai connu le Hellfest « où y’a pas assez de têtes d’affiches », « sans ceci, sans cela ». Donc c’est vachement compliqué. Néanmoins, avec la renommée du festival, on se permet des choix. De rembarrer des groupes en leur disant « nan mais écoute si t’es pas content tu annules et puis voilà ». Donc après on part un petit peu au combat avec l’artiste et maintenant avec la notoriété plus importante du festival, c’est plus rare d’avoir un artiste qui dit « bon bah allez vous faire foutre on annule ! » C’est un rapport de force on va dire. Mais encore une fois, il faut que les gens aient conscience que les positions sur l’affiche, ce n’est pas nous qui les décidons. Car ce n’est pas moi qui ai décidé de mettre Emperor sous la tente, c’est Emperor qui a décidé qu’il devait absolument jouer au Graspop en plus du Hellfest sur le même week-end et que ça nous forçait à changer le jour initialement prévu pour le groupe. Comme pour Body Count qui a joué sur la Warzone il y a quelques années, c’était blindé et tout le monde est venu nous voir en disant « vous êtes cinglés, vous êtes cons ou quoi de faire jouer un groupe comme ça sur une petite scène ?! » et j’ai envie de dire aux gens « mais vous nous prenez pour des cons ou quoi ? » On ne prend pas des décisions uniquement pour vous faire chier. Si aujourd’hui tel groupe est à telle place c’est malheureusement parce qu’il y a des tenants et aboutissants que vous ne maîtrisez pas et qui nous ont forcé à faire ça. Car la Warzone était trop petite pour Body Count, j’en avais bien conscience mais malheureusement on n’avait pas le choix. On essaye de faire au mieux pour contenter tout le monde mais malheureusement ce n’est pas simple.
Il est quand même étonnant que les groupes soient aussi pointilleux sur tout ça aujourd’hui car…
(Il coupe) Oui mais c’est leur image ! Ils savent qu’un événement comme le Hellfest est regardé au-delà des frontières. Car il y a en effet le public présent sur le festival pendant trois jours pour profiter des concerts mais il y a également toute la sphère de fans qui ne vient pas au Hellfest et qui regardent l’affiche, qui va la juger. Et je suis d’accord avec les groupes, il suffit qu’on voie un logo plus gros et on va se dire que ce groupe est plus important. L’image que souhaite se construire l’artiste dans le domaine musical est importante. Sur 170 groupes tu te doutes bien qu’avec tous les égos surdimensionnés que peuvent avoir beaucoup d’artistes, eh ben c’est difficile.
Pourtant, aujourd’hui, pour survivre les groupes doivent plus compter sur les concerts que sur les disques. Un festival leur rapporte beaucoup et c’est en cela étonnant d’être pointilleux de la sorte alors qu’ils ont besoin d’être au Hellfest…
Ah mais oui ! Et c’est là où se situe le rapport de forces entre un festival comme le nôtre qui propose aux artistes de jouer devant du monde. Comme tu le dis justement, la majeure partie des artistes vivent grâce à la musique live plus qu’à travers la vente de disque. Mais aujourd’hui il y a un problème d’image chez les artistes qui se disent qu’effectivement quand on va être affiché sur un festival aussi important que le Hellfest, il faut que notre nom soit bien mis en avant de façon à ce qu’on puisse un peu plus rouler les mécaniques que d’habitude. Donc après, tu sais, c’est toujours un rapport de force entre certains artistes. Moi quand Aerosmith m’appelle et me disent « bah écoute Ben moi je ne suis pas d’accord car mon logo est plus petit que Linkin Park » que crois-tu que je suis obligé de faire ? Alors je suis obligé de fermer ma gueule et de demander à mon graphiste « bon ben est-ce que tu peux m’augmenter le logo ? », le mec me renvoie le logo, moi je l’envoie à Aerosmith qui me répond « ah ouais c’est cool ». Et du coup après qu’est-ce qu’il se passe ? Linkin Park reçoit la nouvelle affiche et Linkin Park dit « ah bah non Ben, notre logo est plus petit qu’Aerosmith » donc on regrossit le logo. Mais comme je le dis aux artistes, si chacun augmente son logo, j’ai plus de place sur l’affiche ! C’est une histoire sans fin et là je te parle uniquement des têtes d’affiche et c’est pareil pour les groupes qui sont sur les petites lignes.
Tu vois, je vais par exemple avoir une ligne où on va avoir dix groupes d’alignés et les gens vont considérer que le groupe qui est à gauche est plus important que celui de droite et j’ai des groupes qui me demandent d’inverser. Alors je leur dit « mais écoutez c’est la même ligne, vous avez la même police de caractère, la même grandeur, etc. ». Mais celui qui est avant sur la grille de lecture, eh bien en termes d’image c’est mieux. C’est sans fin car dès que tu changes quelque chose, ça a des conséquences et un autre vient te voir en te disant « ah ben non moi je suis pas d’accord ». Je te jure que c’est un truc sacrément casse-tête… Et les gens seraient bien surpris de savoir qui nous cassent les couilles le plus. Parce que, petite anecdote, mais les plus gros casse-couilles, je ne donnerai pas de noms de groupes, mais c’est souvent sur les scènes Altar et Temple. Ce sont les pires de tous. Les black metalleux, les death metalleux, on a l’impression que c’est les vrais metalleux warrior qui n’en ont rien à foutre, qui vont dans la boue, etc. « on s’en fout, on pisse dans les tranchées, etc ». Olala… eh bien les gens seraient bien surpris des casse-couilles, mais vraiment des casse-couilles, qu’il y a dans ces groupes-là qui viennent nous faire chier pour des détails où t’as envie de leur dire « nan mais arrête, calme-toi, tu vas jouer devant une tente où il y a 10.000 personnes, ailleurs qu’au Hellfest tu pourrais pas jouer devant autant de monde, donc tu devrais déjà être content ». Tu vois, nous on a un peu ce ressenti devant les groupes qui abusent alors qu’ils ont déjà l’opportunité de jouer devant une foule considérable, alors que les mecs jouent dans des clubs devant 300 pékins… Et les mecs me font chier parce qu’ils aimeraient bien que leur logo soient deux millimètres plus gros, quoi. Et je te jure qu’Altar et Temple on pourrait penser que c’est les mecs qui sont censés être les plus à la cool et tout mais c’est loin d’être le cas. Loin d’être le cas. Et je pourrais t’en donner d’autres des anecdotes en loges, backstage, etc. C’est à mourir de rire.
Tous les ans il y a généralement des annulations, des changements, des ajustements dans l’affiche et il me semblait qu’il n’y en avait pas encore eu cette année. Ceci dit, il reste encore trois mois…
En fait, nous avons déjà eu Wakrat, le groupe du bassiste de Rage Against The Machine, qui devait tourner avec Prophets Of Rage et finalement le groupe a décidé de ne pas venir. Les annulations ont toujours des causes diverses et variées. Généralement un artiste nous confirme une date après que nous lui ayons fait une offre pour venir jouer au Hellfest, et ça devient un élément qui déclenche chez l’artiste l’envie d’organiser une tournée autour du Hellfest. Il va se dire « c’est bon, j’ai décroché une date au Hellfest » et va appeler un agent européen et demander une tournée autour de la date du Hellfest parce qu’il veut faire le Hellfest mais que le Hellfest ne va pas lui payer non plus toute une tournée ! Il faut pour que ce soit rentable pour l’artiste qu’il y ait des dates autour de façon à ce que ça ne lui coûte pas un rond de venir, ce que je peux comprendre. Il ne va pas non plus payer pour venir au Hellfest. Et donc parfois, malheureusement, les artistes nous confirme à nous en nous disant : « ok, c’est bon, on confirme le Hellfest ! » Et après ils se rendent compte que la tournée qu’ils voulaient faire autour des dates du Hellfest, eh bien ils n’ont pas d’offres, ou alors les offres ne sont pas assez importantes pour tenir un budget… Du coup ils nous annulent après. Mais ça peut être ça mais il peut aussi y’avoir d’autres annulations. Par exemple, l’année dernière, Architects, c’est malheureusement la maladie, des soucis de santé, et évidemment quand tu as 170 groupes sur ton panel sur la totalité du festival, forcément ça augmente le risque d’annulations. Et ça, tout les ans on en a connu. Donc là, pour l’instant, il n’y en a pas eu mais je suis sûr qu’il va y en avoir. Il y a aussi les mecs qui loupent leur avions… Enfin tu vois, il y a énormément de cas qui peuvent apparaître et qui font qu’il y a des annulations.
« Je ne t’expliquerai même pas tous les problèmes qu’on a à faire le design de l’affiche ! Où c’est des emails incessants avec tous les groupes de type ‘mon logo est plus petit que celui-là’, ‘je le veux un peu plus gros’, ‘pourquoi il est plus petit qu’untel alors que je suis plus gros’ qu’on s’en sort même pas. »
L’année dernière, Tremonti était prévu de jouer à 12h30. Les mecs deux jours avant le festival nous appellent et nous disent « attendez, on est en Suisse la veille on sera incapable d’être à 12h30 au Hellfest ! » Donc nous on leur dit « attendez les gars ça fait deux mois que vous connaissez l’horaire, moi j’y peux rien… Vous n’avez pas regardé. Oui entre la Suisse et Clisson y’a un peu de route… » Les mecs se sont dit bon bah on va speeder, le problème c’est qu’ils sont arrivés en retard donc ils n’ont pas joué. Bon, on a réussi à les recaser 45 minutes sous la Valley à 1h du matin mais voilà. Il y a énormément de petites sommes de détails comme ça qui font que parfois, oui, une annulation est inévitable. C’est des trucs ce n’est pas nous. Car je peux t’assurer que le groupe Tremonti, deux mois avant ils savaient précisément à quelle heure ils devaient jouer mais je connais les Ricains… Les Ricains, tu sais, ils sont tous un peu comme ça. Quand ils arrivent chez toi ils font les G.I. Joe « nous on est chez nous, on connait le truc » et puis tu te rends compte que le fameux mec qui était chargé d’organiser toute la tournée, il n’a même pas regardé les horaires de son groupe ! Et donc à trois jours du festival il se rend compte que « attends entre la Suisse et Clisson y’a un peu de route là. Comment on va faire si on joue en Suisse à 23h et qu’on doit être à 12h30 à Clisson ? Ça va être chaud un peu ! » Bah oui ça va être chaud mais fallait peut-être en discuter avant parce que nous, du coup, tu nous l’aurais dit avant, comme je te le disais tout à l’heure, j’aurais réarrangé le running-order. Alors ça n’aurait pas été simple parce qu’il aurait fallu que je dise par exemple au groupe qui était peut-être juste après Tremonti « est-ce que tu peux descendre d’un cran et Tremonti jouera après toi parce que Tremonti malheureusement ne peut pas, logistiquement parlant arriver à l’heure prévue. » Alors y’a 99% de chance pour que le groupe après Tremonti m’ait répondu « va te faire foutre »… Parce qu’en plus, tu sais, tu te rendrais compte les groupes à quel point ils n’en ont rien à foutre entre eux… C’est une honte ! Tu sais des fois tu leur explique des trucs en leur disant « Ecoutez les mecs sont en galère, est-ce que vous ne pouvez pas juste échanger le slot de façon à ce que les deux groupes jouent comme ça les fans seront contents ? » … Nan. La majeure partie des groupes entre eux ils n’en n’ont rien à foutre. Mais je suis d’humeur vacharde ce soir [rires].
Nan mais c’est vrai que c’est plein de petites anecdotes comme ça où on se dit que maintenant, c’est notre métier d’organiser, et moi qui suis un fan de musique depuis mon adolescence, tu te rends compte des fois des situations où tu dis « bah putain, nom de Dieu, les fans sauraient effectivement comment parfois certains artistes se comportent… » A contrario, c’est vrai qu’on a parlé beaucoup des artistes qui se comportent pas bien mais, je te rassure, plein se comportent bien, c’est des crèmes, des amours ! Des mecs qui font vraiment ça par passion. Après y’a plein de connards… Y’a vraiment plein de connards.
Tout à l’heure tu as mentionné le Wacken qui a augmenté son prix récemment de 30€, ce qui le rend dorénavant plus cher que le Hellfest …
Le billet du Wacken c’est 220€ et en effet j’entends beaucoup sur les réseaux sociaux « ah ouais vaut mieux aller au Wacken au moins c’est moins cher. » Non, non, non, le Wacken est plus cher que nous. Sur la politique tarifaire effectivement le Hellfest n’est pas le mieux placé mais n’est pas le pire. Il faut savoir qu’aujourd’hui le Sweden Rock en Suède c’est l’équivalent de 260€, que le Download en Angleterre c’est l’équivalent de 240€. Alors oui le Download France est effectivement moins cher mais bon il faut remettre les choses dans leur contexte, le Download France c’est trois scènes cette année, avec trois fois moins d’artistes. Encore une fois je ne suis pas là pour critiquer leur façon d’organiser mais on est bien d’accord que c’est les scènes dans le fond, les bars à droite, les frites à gauche et puis ramener le pognon, basta y’a rien d’autres… Donc on peut comprendre qu’un festival comme le Hellfest, on ne vend pas le même produit entre le Download et nous.
Mais le Wacken qui lui a effectivement une vraie ambiance, l’année dernière est à 185€ donc 5€ de moins que nous, et il s’est rendu compte que voilà… Là ils sont passés à 220€. Parce qu’aujourd’hui mettre en place un accueil digne de ce nom, vouloir mettre de la scénographie, vouloir avoir un festival avec ces qualités proche en terme d’accueil, bah à 185€, il faut bien croire que le Wacken n’avait pas assez d’argent. Et moi je peux t’assurer que les gens ont beau dire « c’est hyper cher, c’est hyper cher ! » ni Thomas Jensen ni moi on est millionnaires, faut pas rêver. Le Hellfest ne génère pas 10 millions d’euros de bénéfices tous les ans, même en 10 ans il n’a jamais généré 10 millions d’euros. Un festival qui se passe bien, l’année dernière, on a pu mettre de côté 400 000 euros sur un budget à 18 millions… Donc ce n’est pas la panacé non plus. Et ces 400 000€ qui ont été mis de côtés et bah ça nous permet de repartir avec un petit pécule et l’année prochaine on va refaire de nouvelles infrastructures, on va repenser un peu le truc. Tiens par exemple, toi tu vas en profiter, vous allez voir le nouveau VIP qu’on a mis en place avec un bassin, avec une vraie tente, avec une vraie déco à l’intérieur, avec énormément de choses. Alors pour plein de gens c’est que de la poudre aux yeux, ça ne sert à rien, on aurait été dans une tente blanche ça aurait été pareille. Bon, eh bien, nous on essaie de faire en sorte de créer un lieu de détente qui soit sympa. Donc voilà, on n’aurait pas gagné 400 000€ l’année dernière, je ne pense pas qu’on aurait pu se permettre de faire un VIP comme tu vas pouvoir le découvrir au mois de juin.
Et justement dans ce prix du billet, 199,50€, c’est quoi exactement ?
Alors attend, 192 exactement car il y a une partie qui va à notre prestataire de billet. Les frais de réservations ne sont pas reversés à l’association tu t’en doute bien. Quand tu payes ton billet 197,50€, 5€ va à digitick, notre partenaire de billetterie. Officiellement le vrai prix qui nous revient à nous c’est 192.
Et donc en 2012 c’était 154€ si je me souviens bien. L’augmentation est due à quoi ? C’est à l’augmentation des cachets des groupes ?
Ah bah oui. Je vais te donner un ordre d’idée : Iron Maiden en 2012 ça devait toucher quatre ou cinq cent milles euros en France et maintenant c’est un million, un millions deux. Tous les groupes ont explosé. Y’a quatre, cinq ans Metallica demandait un million d’euros, maintenant c’est deux à trois millions d’euros. Donc y’a un moment on est organisateur, on est comme tout le monde : on n’a pas le choix. Et si tu veux, les artistes comment est-ce qu’ils fonctionnent ? C’est l’offre et la demande. C’est-à-dire que si y’a des mecs capables de leur donner deux millions d’euros à Metallica et qu’avec ces deux millions d’euros Metallica s’aperçoivent que les billets sont partis en cinq minutes… T’as vu, ils font un nouveau concert en septembre à Berçy, t’a vu le prix des places absolument hallucinant ?! T’as pu constater que tout le monde s’est jeté sur la billetterie et que le groupe à tout vendu en l’espace de 24h. Donc ça va être quoi la finalité de tout ça ? C’est quand ils jouent en septembre, ils vont revenir jouer dans six mois, dans un an. Qu’est qu’ils vont demander au promoteur qui a organisé le concert ? Bah ils vont leur demander plus d’argent. C’est un système d’offre et de demande comme dans n’importe quel marché, je n’aime pas parler comme ça, de marché commercial. Les mecs se rendent compte qu’en demandant plein d’argent les mecs continuent d’acheter de façon très rapide, bah qu’est ce que fait le groupe en contrepartie ? Ils demandent plus d’argent et c’est exactement pareil au Hellfest. Moi quand je négocie avec les groupes, je ne te donnerai pas le montant que j’offre à Aerosmith, mais Aerosmith est venu jouer en 2014. Et quand j’ai essayé de renégocier avec eux cette année, et bah les mecs me disent « Ben, t’a vendu tout en huit jours ? A tel prix du billet ? Bah nous entre 2014 et cette année, on te demande une augmentation de X pour cent. » Et les augmentations sont fortes. Tous les groupes font ça.
Je prends toujours cet exemple. Mon premier festival je l’ai organisé en 2001, c’était Agnostic Front la tête d’affiche. J’avais payé ça 800€. Maintenant Agnostic Front je ne peux pas l’avoir à moins de 5000€ donc ce n’est pas propre à Metallica. Tous les groupes. Parce que comme tu l’a dis très justement tout à l’heure, aujourd’hui, les groupes, leur gagne pain c’est le live. Le live ça fonctionne, ça ne peut pas se télécharger, donc y’a du public et tant qu’il y aura du public qui accepte de payer de plus en plus cher et bah les artistes demanderont d’être payés de plus en plus cher, et nous organisateurs, c’est soit tu acceptes cette augmentation afin d’avoir une affiche qui va plaire aux gens, soit tu fais « fuck » mais si tu fais fuck les artistes ne viennent pas. Faut pas rêver, les artistes ne viennent pas gratuitement au Hellfest. Il faut quand même effectivement leur offrir un bon cachet pour qu’ils acceptent. Et si tu veux, au bout d’un moment, la seule façon de casser cette dynamique, les seules personnes susceptibles de casser cette dynamique d’augmentation des tarifs, d’augmentation des cachets des artistes, c’est le public. C’est-à-dire qu’au bout d’un moment si par exemple cette année Metallica n’avait pas rempli de façon aussi vite ces deux Bercy, certainement le promoteur, il me semble que c’est Live Nation, aurait dit au groupe « nan mais attendez les gars vous m’avez demandé tant d’argent, moi je vais perdre de l’argent à cause de vous parce que mon concert n’est pas plein donc ça veut dire que ce que vous m’avez demandé comme argent ce n’est pas justifié, donc la prochaine fois que vous allez revenir, je ne vous paierai pas un million, je ne vous paierai que 700 000. » C’est à partir du moment où les promoteurs vont se casser la gueule, que les artistes vont baisser leur cachet. Mais pour que les promoteurs se cassent la gueule, il faut que les publics, entre guillemets, arrête d’acheter. Moi si demain le Hellfest à 192€ la place, je n’avais vendu que la moitié des billets, j’irais voir les artistes en leur disant « je ne peux plus vous payez les mêmes prix les gars. Parce que la dernière fois quand j’ai mis les billets à 192€ pour payer vos cachets d’artistes, j’ai pris une grosse baffe. Donc maintenant j’arrête de vous payer ces tarifs-là parce que ça ne fonctionne pas. » Sauf que le problème c’est que ça fonctionne !
« Les plus gros casse-couilles, c’est souvent sur les scènes Altar et Temple. Ce sont les pires de tous. Les black metalleux, les death metalleux, on a l’impression que c’est les vrais metalleux warrior qui n’en ont rien à foutre, qui vont dans la boue, etc. […] Eh bien les gens seraient bien surpris des casse-couilles qu’il y a dans ces groupes-là. »
Ça fonctionne chez moi, ça fonctionne chez Metallica, ça fonctionne chez tout les artistes. Je te dis, moi les premiers concerts que j’ai organisé de hardcore et de punk, quand je payais 800€ c’était une tête d’affiche. Là maintenant 800€ tu ne peux plus convaincre un seul artiste. Et tant que le public dit ok… Moi j’ai connu les premiers concerts que j’organisais dans les cafés, c’était 5€ la place ! Maintenant tu en connais encore un concert où tu peux aller voir Agnostic Front pour 5€ ? Nan ! Ça n’existe plus ! Parce que les artistes, tous ! Je ne suis pas là pour cracher sur Metallica plus que sur un autre, après c’est des problèmes d’échelles. Metallica on parle en millions et puis Agnostic Front on parle en centaines voire en début de milliers d’euros. Mais si tu veux, c’est la même mécanique partout. Donc moi quand j’ai vu le prix des places pour Metallica j’ai dis « putain, les enfoirés, ils ont dû prendre un gros cachet pour mettre aussi cher les places. » Et puis tout est parti en… je te disais 24h mais même pas, en 1h ou 2. Donc tant qu’il y a de la demande tu peux être sûr que le prochain concert de Metallica, ils vont demander encore plus cher au promoteur, donc celui qui organise le concert, et qu’est-ce que va faire celui qui organise le concert ? Il va augmenter ses prix de place. Et tant que les gens paieront, la mécanique va continuer. Jusqu’au moment où, certainement, le public va dire « ouais bah allez vous faire foutre, là c’est pas normal ! » Voilà. Et là, du coup, les artistes ne vont plus remplir les salles et les artistes vont peut-être un jour se remettre en question et se dire « bon bah là peut-être que là on a un peu trop tiré sur la corde. » Et tant que le public accepte de payer, les artistes, il ne faut pas rêver, vont continuer à demander de plus en plus. Mais c’est une mécanique de marché classique. C’est l’offre et la demande. Metallica ils vont faire deux Bercy, tout est plein en 24h, donc Metallica se dit à juste titre, bah oui on aurait dû demander plus cher, les gens auraient quand même acheté et on aurait été encore plus riche. C’est du commerce et je ne critique pas cette façon de faire. Tous les artistes font pareil. Tant qu’il n’y a pas une prise de conscience du public « non, à ce prix là j’arrête d’acheter », l’artiste lui ne se remet pas en question.
Tu parles de Metallica, il y a quelques mois ils étaient venus faire leur promo au Grand Journal de Canal+ et ils avaient lancé un « appel » auprès du Hellfest justement suite à une question posée par le public.
Oui alors, apparemment la question avait été posée par un gars qui était au fan club de Metallica et également au fan club du Hellfest, le Hellfest Cult. Alors moi, je t’avoue que je ne connais pas toutes les identités des personnes qui sont au Hellfest Cult mais le mec a pris la décision de poser cette question. Après, la réponse c’est du politiquement correct, car tu te doutes bien que je connais l’agent de Metallica depuis de longues années. C’est le même qu’Iron Maiden et d’artistes de cet acabit. Donc évidemment qu’il y a des discussions. Après, Metallica c’est un niveau élevé en termes de négociations, il y a beaucoup de concurrence. Comme je te le disais, Live Nation est sur les rangs. Je vais même te dire que depuis cette année Live Nation achète carrément les tournées. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé sur System Of A Down, car évidemment que nous on était intéressé par faire venir le groupe, sauf que quand tu as une société, une multinationale comme Live Nation, qui vient voir le groupe et qui lui dit « moi c’est pas un festival que je t’offre mais vingt festivals en Europe » car Live Nation est la plus grosse société de musique live au monde avec le Download, le Main Square, le Download en Angleterre, en Espagne, c’est énormément de festivals dans l’Europe entière. Donc c’est sûr que quand Live Nation arrive devant System Of A Down, devant Metallica en leur disant « écoutez je vous achète vingt dates », allez je vais te dire genre à un million par date, eh bien quand moi Hellfest j’arrive en solo en leur disant « bah moi aussi je vous propose pareil pour un petit million » eh bien je suis mis à l’écart. Parce que c’est vrai que c’est de plus en plus compliqué pour nous car une multinationale comme Live Nation a des moyens considérables que nous on a pas en tant qu’association indépendante.
J’espère que Metallica acceptera un jour notre invitation à condition qu’évidemment en termes tarifaires ça puisse être réalisable, mais il y a aussi une grande possibilité pour que finalement quand Metallica revient l’été pour faire les festivals en Europe, eh bien il y a aussi une possibilité pour que Live Nation, avec ses dizaines de festivals à travers l’Europe, dise à Metallica « écoutez, on vous achète la tournée en entier et vous ne faîtes QUE les festivals Live Nation ». Et donc nous on est hors de course car tu te doutes bien que je ne peux pas aller offrir les mêmes sommes d’argent qu’une société cotée en bourse qui fait pas loin de trois milliards d’euros de résultat par an. Moi mon économie à côté c’est ridicule. Quoi qu’il arrive je discute avec l’agent, j’essaye de positionner mon festival, voilà. Après ce sont des négociations qui ne sont pas simples. Demeure toutefois la possibilité qu’un jour Metallica dise « bon ben écoute, ok on va faire les festivals Live Nation mais on veut en plus faire le Hellfest », enfin j’en sais rien, tu vois, ça peut arriver. Mais aujourd’hui, tout ce qu’on sait, c’est que Metallica n’était pas disponible quoi qu’il arrive sur les festivals d’été et ne sera pas disponible également l’été prochain en 2018. Bon bah si en 2019 le groupe revient en Europe pour faire la tournée des festivals européens, évidemment qu’on se positionnera. Après te dire que c’est une évidence que Metallica passera au Hellfest, j’ai envie de te dire que malheureusement non car il est peut-être plus probable que le groupe accepte une offre globale de Live Nation et que le groupe se retrouve plutôt au Download ou au Main Square, des festivals estampillés Live Nation, qu’au Hellfest. Et je trouve moi aussi ça dommage car le Hellfest, malgré tout, reste, au jour d’aujourd’hui, la Mecque pour les metalleux et j’espère pouvoir convaincre le groupe que, certes, l’offre financière d’un Live Nation est très importante mais il y a en contrepartie le fait qu’au Hellfest, il y a plus de monde et qu’il reste le plus connu. Qu’en termes d’image pour le groupe c’est important de venir jouer chez nous.
Donc après on essaye de jouer nos cartes mais je t’avoue que nos cartes paraissent parfois bien dérisoires face à la puissance financière de Live Nation. Et ce n’est pas pour critiquer Metallica, loin de là. Metallica c’est une grosse machine et l’argent est un moteur important dans leur décision. Ça peut se comprendre hein ! Il faut arrêter de croire que parce que ce sont des rockstars et qu’ils font de la musique metal qu’on n’aime que… Enfin ce ne sont pas des philanthropes les mecs ! Après, on jouera pleinement notre chance comme on l’a toujours jouée et on verra. Nous, évidemment, on était les premiers déçus quand on a appris que System Of A Down avait accepté l’offre globale pour jouer dans les festivals uniquement Live Nation. On leur a dit « c’est quand même dommage, il va y avoir quand même deux fois plus de public au Hellfest, le Hellfest est quand même beaucoup plus médiatisé que le Download ». Tape « Download Festival » sur Google et tape « Hellfest », tu vas avoir des centaines et des centaines d’articles sur le Hellfest et tu ne vas rien avoir sur le Download. Le Download fait selon moi partie des festivals, malgré une très bonne affiche artistique et une organisation somme toute classique mais relativement bonne, qui n’a pas la même histoire que le Hellfest. Ça manque d’âme, de plein de choses, ce qui fait que les gens ne se fidélisent pas autour de ce projet-là. C’est un peu à l’image d’un Sonisphere : ce sont des événements qui ont une très belle affiche artistique, qui vont attirer un public certain grâce à cette belle affiche, mais ça s’arrête là. Tu n’as pas tout le reste que tu peux avoir sur un événement. Aujourd’hui les événements qui racontent une histoire en France ce sont des événements essentiellement associatifs. Ça va des Vieilles Charrues au Hellfest, en passant par toutes ces aventures humaines qui représentent l’organisation d’un festival. Aujourd’hui le Download, eh bien ce sont des mecs dans leurs bureaux qui, parce qu’ils ont un chéquier illimité, ce sont dit, parce que le metal ça a l’air de marcher, « regarde le Hellfest, eh bien on va organiser un festival de metal nous aussi à Paris, on va prendre les plus gros groupes parce que c’est nous qui avons le plus d’argent, et puis on va espérer faire autant de monde qu’au Hellfest ».
« C’est à partir du moment où les promoteurs vont se casser la gueule, que les artistes vont baisser leur cachet. Mais pour que les promoteurs se cassent la gueule, il faut que les publics, entre guillemets, arrête d’acheter. »
Mais ce que ne savent pas faire des sociétés comme Live Nation, pas qu’eux évidemment car il y a énormément de grosses sociétés de productions privées, c’est avoir la patience de fidéliser un public. Regarde, quand notre association a généré 400.000 euros de bénéfices l’an passé, les 400.000 euros vont directement être réinjectés dans les infrastructures visant à mieux accueillir le public mais si Live Nation gagne 400.000 euros tu penses qu’ils vont les mettre dans l’augmentation des structures ? Non. Ils vont se les mettre dans la poche. Ils vont se les redistribuer. Parce que c’est leur métier. C’est leur métier de générer des bénéfices. Parce que les actionnaires veulent récupérer leur argent, etc. Ce n’est pas du tout la même démarche, alors je ne la critique pas encore une fois, c’est une démarche qui est tout à fait autre. Et donc aujourd’hui l’avantage qu’on aura toujours sur un festival comme ça, c’est de fidéliser un public. Ce dernier se dit qu’il a en face de lui des organisateurs qui travaillent dans leur intérêt, dans leur sens et avec le même état d’esprit. Comme je te disais tout à l’heure, on est quinze ici, ça fait depuis notre adolescence qu’on est fan de cette musique-là. On organise le festival et on prend des décisions en notre âme et conscience en tant que passionnés de cette musique-là. Alors parfois on prend des bonnes décisions et parfois elles sont plus contestables, l’erreur est humaine, mais on le fait vraiment dans l’intérêt des fans. Mais aujourd’hui j’ai tendance à croire que ce n’est pas forcément l’idée directrice de Live Nation de faire plaisir aux festivaliers. Donc ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que leur festival n’arrivera jamais à générer autant de fidélisation qu’un Hellfest. Parce que si les gens au Hellfest sont capables d’acheter à l’aveugle 50.000 places, c’est parce qu’on a su gagner leur confiance durant toutes ces années. Pas sûr qu’une société cotée en bourse comme Live Nation ai la patience de faire tout ça. Donc après, quand on essaye d’exposer ça aux artistes, on essaye de leur dire que venir jouer au Hellfest, il y a les finances mais il n’y a pas que ça, il y a aussi l’image de l’artiste, il y a plein de choses. Parfois on arrive à en convaincre certains, hein ! Tu vois, moi j’étais très content d’avoir réussi à convaincre Linkin Park, même si ce n’est pas mes goûts musicaux, qui a décidé de faire les deux. Rammstein a décidé de faire les deux l’année dernière alors que Live Nation avait la possibilité financière, ils avaient même essayé de le faire, de dire à Rammstein « écoutez on vous paie plus cher mais vous n’allez pas jouer au Hellfest ! » uniquement pour nous barrer la route. Parce qu’évidemment le but d’un Live Nation, c’est d’essayer de nous sucrer les têtes d’affiches de façon à ce que Hellfest au fur et à mesure se casse la gueule et de récupérer de la clientèle. C’est leur méthode. C’est du commerce et le commerce c’est dur. Sauf que parfois, tu as des artistes qui disent « non, nous on préfère faire les deux ». Live Nation va proposer X sommes d’argent et le groupe va dire « écoutez vous me donnez un peu moins et je vais jouer au Hellfest en plus ». Donc ça c’est plutôt bien. Et puis tu as d’autres artistes comme SOAD cette année qui a décidé de ne pas faire ça. Et puis en plus, c’est complètement stupide car quand j’ai vu qu’ils ont annoncé leur tournée, et qu’en plus de faire le Download, ils vont jouer à Arras et tout : c’est complètement stupide d’avoir fait ça. Je l’ai dit au groupe, je leur ai dit « c’est stupide ». Parce que selon moi, depuis le temps qu’ils n’ont pas joué en France, ils avaient en termes d’exposition médiatique beaucoup plus à gagner en jouant au Hellfest plutôt qu’en allant au Main Square et au Download. Mais bon, encore une fois, c’est ma vision des choses. Les artistes font ce qu’ils veulent et les négociations ne sont pas simples.
Tu évoques System Of A Down mais justement qu’as-tu pensé des « fuites » par rapport à l’annonce du Download qui ont eu lieu la veille de l’ouverture de la billetterie du Hellfest ?
Ça c’est des petites guéguerres entre nous. Parce que la « fuite », bien évidemment, on sait d’où elle vient. Elle vient du magazine partenaire du Download Festival, on le connaît tous les deux, Hard Force, avec qui nous on n’est pas partenaire parce que malheureusement on ne peut pas être partenaire avec tout le monde, tu vois ce que je veux dire. A une époque on était en exclusivité avec Violent Solutions et ça nous empêchait par exemple de faire des choses sur votre site avec Radio Metal. Parce que chaque partenaire veut une forme d’exclusivité, ce qui peut se comprendre, et donc c’était une petite pique quand ils ont fait fuiter System Of A Down. Je sais de qui ça vient, ça vient évidemment de Live Nation. C’est une petite guéguerre qui n’est pas méchante, hein, si chacun veut tirer son épingle du jeu. Evidemment faire fuiter SOAD avant notre billetterie, c’était essayer de nous donner un petit coup de poignard dans le dos. Bon ça ne m’a pas surpris. Ce sont des méthodes… Je sais qui est à la tête de Live Nation en France, ce sont les mêmes organisateurs que le Sonisphere il y a quelques années, bon ben voilà, la méthode ne m’a pas surpris. Après ça n’a pas eu un impact… Evidemment qu’on aurait tous aimé que SOAD soit au Hellfest parce que c’est un groupe que les gens attendaient beaucoup et on est tous déçus de pas pouvoir les faire venir mais après, maintenant, je te dis, il faut accepter l’idée que y’a plus fort que nous en termes d’impact financier et qu’on ne peut pas non plus faire des miracles. Et on peut deviner à juste titre que ça va continuer comme ça, qu’on va se heurter dans les années à venir à une déception de voir des artistes qui ne pourront pas venir chez nous parce que Live Nation, le Download, etc. ont demandé des exclus et ont les moyens de demander des exclus.
Ce qui est incroyable parce que tu sais quand même qu’on est sur un modèle économique où le Download, qui l’année dernière a fait à peu près 25.000 personnes par jour, paie à peu près autant – voire plus cher – les groupes que nous. Mais quand tu fais ton calcul et que tu vends deux fois moins de billets que le Hellfest, ça perd des millions d’euros chaque année. Mais ils s’en foutent. Ils s’en foutent car ils sont tellement blindés aux as qu’ils s’en foutent. Le but étant, années après années, de ronger des festivals tels que le nôtre. D’essayer de les priver de leurs têtes d’affiches de façon à ce que nos festivals, au bout d’un moment, se cassent la gueule et qu’au bout d’un moment ils soient tous seuls sur le marché en termes d’offre, et là ils vont se sucrer sur vous, comme ils le font avec Metallica (rires). Je résume un peu le truc mais c’est ça : il s’agit de macro-économie en termes de spectacle vivant et de vente de billets. Mais après, c’est un vaste sujet. Après, tu peux le balancer, j’en ai rien à foutre, je te dis direct. Autant l’année dernière quand le Download est arrivé la première année ils nous ont fait tout un cinéma en nous disant que « non non ils n’étaient pas là pour nous bouffer, pour faire des coups bas, etc. » mais on s’est rendu compte qu’ils nous ont pris pour des cons, comme ils prennent tous les festivals pour des cons. Tu vois, j’étais en train d’en discuter justement avec mon collègue des Vieilles Charrues, ils ont fait croire aux Vieilles Charrues qu’ils allaient avoir les Red Hot Chili Peppers, ils les ont mené en bateau pendant des mois de façon à ce que les Vieilles Charrues soient persuadés qu’ils allaient signer RHCP. Résultat, Live Nation vient de monter un nouveau festival – Loolapalooza à Paris – et c’est eux qui ont pris RHCP. Ça s’appelle, tu sais, dans le jargon du métier de producteur de spectacles : un coup de pute (rires). Donc ils le font à tout le monde. C’est une méthode qui est différente de la nôtre. Après on va s’adapter, je ne suis pas là à pleurer sur mon sort, hein ! Le festival fonctionne bien. J’ai l’impression que tous les investissements qu’on a faits à destination du confort du public portent leurs fruits. Car s’ils investissent de cette manière, c’est qu’on n’a pas dû faire que des conneries en termes de confort du festivalier, de fidélisation et que sur ça, on a quand même pas mal d’années d’avance sur un modèle de type Download. Et donc voilà, on va faire en sorte que ça continue.
« Autant l’année dernière quand le Download est arrivé la première année ils nous ont fait tout un cinéma en nous disant que ‘non non ils n’étaient pas là pour nous bouffer, pour faire des coups bas, etc.’ mais on s’est rendu compte qu’ils nous ont pris pour des cons, comme ils prennent tous les festivals pour des cons. »
On a l’impression que la réussite du Hellfest suscite de plus en plus de réactions négatives sur les réseaux sociaux. Et ce à propos du festival lui-même ou des festivaliers qui y vont. En dehors des critiques qui peuvent être excessives, peux-tu comprendre que certains fans soient nostalgiques de l’esprit des débuts ?
Ah oui, je peux complètement l’entendre. J’ai toujours dit que je peux comprendre que les gens préfèrent l’esprit intimiste de nos débuts. Et que le côté très grosse machine du Hellfest peut lasser des gens. Bon maintenant, ça fait douze ans de Hellfest, donc si j’avais été des premiers Hellfest, certainement que je n’irai plus aujourd’hui car je serais sûrement dans « ouais c’est trop gros, etc. » donc ça je peux le comprendre complètement. Après cracher pour cracher, ça je pense que c’est un phénomène qui est plutôt classique d’ailleurs. Moi j’ai connu l’ascension d’un groupe comme Slipknot qui, quand il a sorti son premier album, j’ai des copains death metalleux qui disaient « oh putain c’est génial c’est quoi ce groupe ? » Puis ils ont commencé à faire quelques couvertures de magazines, à exploser et tout d’un coup, ces mêmes potes trouvaient que c’était complètement nul. A partir du moment où ils ont l’impression que le groupe leur échappe… C’est pareil sur un événement, parce que ça devient trop commercial à leurs yeux, on a souvent tendance à cracher dessus pour se différencier. Parce que selon moi, là on part dans la psychologie, les fans de ces musiques-là – c’est pareil dans toutes les chapelles, que ce soit punk, metal, tout ce que tu veux – on a envie d’écouter cette musique-là pour essayer de se différencier des autres. Pour essayer de se dire « oh ben moi, regarde, je suis un metalleux, je suis pas un gars qui va écouter Maître Gims ou je ne sais pas quoi, je le revendique et j’en suis fier. » Et donc, à ce petit jeu de différenciation, eh bien même quand il s’agit d’un événement interne… Car le festival reste un événement de musiques extrêmes, alors quand j’entends dire que c’est devenu un événement grand public, il faut quand même savoir mesurer sa parole. Quand j’entends les mecs se foutre de notre gueule en disant que l’année prochaine on va faire Christophe Maé ou Maitre Gims, bon, je veux bien être gentil mais il ne faut pas cracher pour cracher. Quand j’entends les gens dire qu’il n’y a que des touristes, attend, je participe au festival chaque année depuis le début, j’ai quand même l’impression de voir encore des mecs avec des cheveux longs, des crêtes et puis des T-Shirts de death metal, hein ! Non, j’ai surtout l’impression que, comme pour un artiste, quand quelque chose a trop de succès, eh bien il y a une certaine frange de fans qui, pour se différencier des autres, commence à se dire « ah ouais mais non ça vaut pas le coup ». Tu verrais le nombre de gens que je chope sur les réseaux sociaux ou autres en train de cracher sur Hellfest, alors que soit ils n’y ont jamais mis les pieds, soit même y’a dix ou douze ans quand on a commencé le festival, les mecs étaient encore dans les jupons de leurs mères, et ne connaissaient même pas ce que signifiaient les mots « metal » ou « punk », bon ben ça prête à sourire. Alors je t’avoue que nous on prend du recul vis-à-vis de ça, car sinon tu passerais ton temps à t’énerver. Quand tu vois des gamins de 16 ans, qui ont découvert il y a un an et demi Napalm Death, et qui viennent te dire que ton festival c’est disneyland et que ça vaut pas un cachou… Eh bien t’as juste envie de lui foutre une grosse tarte dans la gueule au mec ! Ça fait 20 ans qu’on écoute cette musique-là, donc t’as envie de lui foutre une baffe dans la gueule, tu vois ce que je veux dire (rires).
Après, j’ai tout à fait conscience que Hellfest est devenu une grosse machine et qu’il y a des gens qui peuvent ne plus adhérer au projet, soit parce qu’il est trop cher, soit parce qu’il y a trop de monde – moi, rien qu’aller dans un festival où y’a 50.000 personnes, j’ai passé l’âge, entre guillemets, j’exagère mais ce n’est plus mon trip. Je comprends donc aisément quelqu’un qui va me dire « je préfère aller au Fall Of Summer parce qu’on est en plus petit comité, les conditions pour écouter les groupes sont plus cool, je me sens moins stressé, etc. » : tout ça ce sont des arguments totalement recevables et que je comprends complètement. Et quand je discute de ça avec un fan qui m’en parle, eh bien je lui dis que je comprends complètement, je serais à ta place je ferai sans doute exactement pareil. Par contre je ne pense pas que ça serve à quelque chose de simplement décrier le modèle du Hellfest. Le Hellfest c’est un autre modèle, une autre offre, qui peut ne pas plaire aux gens mais de là à cracher pour cracher uniquement pour se la péter… Parce que 90% des mecs qui nous crachent dessus, y’a dix ans ils n’écoutaient même pas cette musique-là, ils connaissaient que de chi. La moitié des gens qui s’expriment ne sont jamais allés au Hellfest, ils ne savent même pas de quoi ils parlent, bon, ça nous fait sourire quoi…
J’ai souvenir d’une petite vidéo d’un mec sur un réseau social, Facebook ou je sais pas quoi, tu sais je ne suis pas très fort là-dedans, qui crachait sur le fest « qui avait que des touristes ». Le mec avait fait une petite vidéo à la mode ou les mecs se permettent de tout commenter à donnant leur avis. Le mec avait fait plein de vues en disant des trucs genre « stop le Hellfest ». Bref le mec est en train de cracher sur le Hellfest parce que c’est devenu trop commercial, trop ceci ou trop cela, le mec la première année qu’il est venu au Hellfest c’est 2014. Or 2014 c’est quoi ? C’est l’explosion du Hellfest. Et pourquoi c’est l’explosion du Hellfest ? Car on a Iron Maiden, Aerosmith et Black Sabbath en tête d’affiche. J’ai envie de dire au mec mais alors là t’es en train de nous cracher dessus parce que le festival est devenu trop commercial, y’a trop de touristes, y’a trop de gros groupes etc. mais finalement la seule fois où tu nous a fait confiance c’est quand y’avait ces groupes ! T’étais où les années où on avait Emperor en tête d’affiche ? Car t’entends beaucoup de soi disant « true black metalleux ou true death metalleux » ou je sais pas quoi, les trous du cul là, qui viennent nous dire « il est où le temps d’Emperor ? » mais le temps où on était que 10.000 vous étiez où les gars ? Parce que mon festival, à l’époque, il n’était pas complet hein ! Je perdais même de l’argent hein ! (rires). Donc on prend tout ça avec du recul même si c’est parfois agaçant parce qu’on est des fans de musique et qu’on se prend parfois dans les dents un certain nombre de reproches qui nous semblent pas du tout justifiés par rapport à toute l’énergie qu’on met…
Tu sais il y a 3.000 bénévoles qui mettent de l’énergie pour faire en sorte que ce festival existe, pour faire en sorte qu’il soit de mieux en mieux. Alors certes peut-être que des gens viendront nous dire « ah la Grande Roue ça sert à rien, on se croirait à Disneyland », peut-être, peut-être. Mais, tu sais, la Grande Roue aujourd’hui ne coûte rien au festival et elle permet de générer des fonds qui vont permettre de baisser le prix du billet. La Grande Roue, c’est 5 euros et les X fois que la roue tourne, ça va engendrer de l’argent qui va rentrer dans les caisses de l’association pour payer les charges. Donc finalement, quand les gens viennent nous dire que la Grande Roue ça sert à rien et ça nous coûte de l’argent, mais non c’est complètement faux, ça en rapporte et ça permet ainsi de baisser les charges. Et donc normalement d’avoir un billet moins élevé. Mais bon, c’est difficile de justifier car les gens ne connaissent pas tous les tenants et aboutissants, mais une chose est sûre : on peut parfois être agacés par des remarques qui nous semblent injustifiées car on met toute notre énergie dans ce putain de projet en essayant de faire les choses du mieux possible. Et parfois tu as des retours qui sont cinglants… Mais bon, on vit dans l’ère numérique où les gens se cachent derrière leur ordinateur, c’est comme ça quoi, il faut faire avec. Mais on est assez sereins. Tu sais, moi quand j’entends dire des gens dire « oh ça ressemble à Disneyland », je le prends plus comme des félicitations que comme un reproche. Parce que j’ai le souvenir d’un Hellfest 2007 où tout le monde m’était tombé dessus car ce festival était le plus mal organisé de la planète, c’était une honte, on ne pouvait pas accueillir les gens comme ça, à entendre les gens tu avais l’impression qu’il fallait que je leur offre des toilettes où ils auraient pu se torcher avec de la soie, etc. Là, depuis des années, le Hellfest est reconnu dans la France entière et dans le monde entier comme étant un festival qui met énormément de moyens pour accueillir ses festivaliers, que ce soit en termes de scénographie, etc. Comme je te le disais, cite-moi un festival qui va dépenser 50.000 euros par an pour que vous ayez une pelouse parfaite quand vous arrivez ? Y’en a pas un autre. Donc tu vois, on essaye de faire du mieux possible pour que quand les mecs arrivent, ça soit propre, nickel, qu’il y ait une armée de bénévoles qui nettoient, etc. – même si on a encore à faire des efforts sur certains trucs –, tu te prends parfois en pleine figure des reproches où tu te dis « putain vous êtes vraiment des enculés », tu vois ce que je veux dire ? Un peu dans le ressenti que tu peux avoir par rapport aux reproches. Mais c’est le jeu.
« Quand tu vois des gamins de 16 ans, qui ont découvert il y a un an et demi Napalm Death, et qui viennent te dire que ton festival c’est disneyland et que ça vaut pas un cachou… Eh bien t’as juste envie de lui foutre une grosse tarte dans la gueule au mec ! »
Justement entre ces commentaires négatifs, les groupes qui peuvent être pénibles et tous ces choix impossibles : comment faites-vous pour garder la tête froide ?
Car c’est une formidable aventure humaine. C’est ça qui nous pousse à continuer, à nous motiver, à nous faire bander. Je pense que plein de gens m’envient d’avoir ce métier là aujourd’hui. Chaque fan de musique pourrait en rêver. Tu vois, je suis avec une bande de potes, tous les matins on arrive, on écoute de la musique à fond toute l’année. Ça fait 12 ans qu’on en vit, on rencontre plein de gens, on travaille avec 3.000 bénévoles qui donnent de leur temps pour faire en sorte que le festival se passe bien. Tu rencontres des gens qui sont motivés, qui ont envie que les choses se passent bien : c’est ça qui donne la force de continuer, ce n’est même plus l’affiche, j’ai envie de te dire. Alors oui, on est content quand on a une sacrée affiche, quand on a réussi à faire venir tel groupe, etc. mais ce qui nous pousse à continuer et qui fait que ce festival est quelque chose de très particulier, et c’est ce qui fait que les reproches dont on a parlé tout à l’heure sont insignifiants, c’est par rapport à tous les retours que l’on peut avoir de la part de tous les gens qui s’investissent dans le projet. Et cette valeur-là elle est incalculable. On a rencontré nos amis, on a rencontré tout le monde, grâce au festival. C’est plus qu’un métier, c’est une vie quotidienne qui est hyper enrichissante et qui nous pousse vraiment à continuer. Quand on est en train d’inventer des nouveaux espaces avec des plasticiens qui vont venir les décorer, on rencontre des nouvelles personnes, on est sur des nouveaux projets. Enfin, c’est ça qui donne envie de continuer l’aventure. Il n’y aurait effectivement que l’aspect avec les artistes de type « ils nous cassent les couilles, ils nous font chier, en plus les festivaliers nous reprochent plein de trucs », on serait déjà découragés. Si on se disait « on fait tout ça pour ça ? » alors que les artistes ne sont pas contents, que les festivaliers ne sont pas contents… Mais non, car on se remet toujours en tête ce qu’on vit, en termes d’aventure humaine, que ça soit entre nous les salariés à l’année ou ce qu’on partage avec les bénévoles – et puis comme je te disais, il ne faut pas penser que tous les artistes sont cons et que les fans sont cons parce qu’aujourd’hui les 50.000 fans qui ont acheté leurs billets à l’aveugle, c’est quand même qu’ils ont, je pense, une image du festival et de l’organisation qui est assez bonne pour avoir acheté comme ça, à l’aveugle. Donc voilà, après il ne faut pas s’arrêter que sur les commentaires négatifs parce que, comme on dit, le mec qui n’est pas content, on l’entend beaucoup, et le mec qui est content, il n’a pas le besoin d’aller le crier haut et fort sur Internet, tu vois ce que je veux dire. Il y a énormément de gens qui étaient festivaliers, qui achetaient leurs billets, et qui à un moment donné, une année nous ont dit « ah bah je veux être bénévole, je veux vous aider » et ces mecs-là, depuis ils n’ont pas lâché. Quand tu leur pose la question « mais t’aimerais pas racheter ton billet et profiter du festival plutôt que de bosser ? » Les mecs vont te dire « ah non c’est dix fois mieux de participer à l’aventure que représente le truc, c’est une autre façon de vivre le festival ».
Tout à l’heure tu parlais des animations, de la Grande Roue, du côté Disneyland metal et…
(Il coupe) Oui, je le revendique. Même si j’ai l’impression que nos décos sont plus têtes de mort que têtes de Winnie L’Ourson (rires) mais bon, je revendique clairement le fait de scénographier le site et essayer de faire un site le plus beau possible. Alors effectivement, il y a peut-être des gens, et je le comprends, qui vont dire que ça ne sert à rien. Et ces gens ont raison, et là on va revenir sur un modèle de plein de festivals, comme le Download, ou je mets des scènes dans le fond, le bar à droite, les frites à gauche et puis effectivement ça va coûter beaucoup moins cher. Et les gens vont te dire « ah bah ouais, on aura vu les mêmes concerts et on préférerait avoir un billet moins cher et le terrain on s’en fout, on préférerait avoir un terrain à vache sans décorations, sans rien ». Après, c’est un parti pris. Et moi le parti pris que j’ai choisi pour mon festival, ça reste quand même le mien car c’est moi qui l’ai inventé, eh bien c’est d’investir massivement dans la scénographie et ce genre de choses. Alors ça peut convenir ou pas mais j’ai quand même l’impression que si aujourd’hui le festival arrive à vendre autant de billets à l’aveugle, eh bien je pense que cette scénographie en fait pleinement partie. Parce que je suis sûr que si demain j’enlève tous les éléments de décoration, si le festival est organisé sur un terrain à vache, là je vais avoir beaucoup de gens qui ne vont pas être contents. Parce que je rencontre beaucoup de gens qui viennent au Hellfest pour l’ambiance, pour le truc, car un festival – je n’arrête pas de le répéter –, ce n’est pas que des concerts, c’est une expérience globale faite de rencontres. C’est ce qu’on a vu sur scène, entendu sur scène, mais c’est également les rencontres qu’on aura faite, c’est également ce qu’on aura vu en termes de scénographie, c’est une expérience globale qui fait que quand tu pars du festival, si t’as une part de nostalgie où tu te dis « putain c’était bien » et que tu as le sentiment d’avoir été coupé de ton quotidien, de ta réalité, eh bien c’est ça notre job, ce n’est pas que de mettre des artistes sur scène. On fait un métier qui, selon moi, est bien différent des festivals classiques, on essaye de recréer un univers. Alors on peut adhérer ou pas, je comprends. Quelqu’un qui dirait « je préfère avoir un billet à 130 balles plutôt que 190 mais pas avoir de déco », bon je pense que ceux qui avancent cet argument c’est essentiellement pour montrer les muscles et dire « moi je suis pas une tapette et je m’en fous de la déco, ça c’est pour les touristes et les kikoolol ». Sauf que je suis sûr que si demain j’abandonne la déco, tout le monde hurle. Et je suis sûr qu’aujourd’hui, toute la nouvelle déco qui arrive au festival, ça génère du plaisir chez le festivalier, de la surprise et les gens ont besoin d’être surpris. J’en discutais justement avec Thomas Jansen et je lui disais que peut-être que le Wacken avait besoin d’un bon coup de lifting pour que quand les festivaliers vont arriver au fest cet été, certes ils feront un peu la gueule pour l’instant car ils ont payé leur ticket trente euros plus cher que l’année précédente, mais s’ils arrivent et que tu vois qu’il y a une belle pelouse, une belle déco, que le festival a entièrement changé, eh bien ils repartiront avec un grand sourire, en se disant « putain les organisateurs ne se sont pas foutus de notre gueule ». Et c’est ça notre job aussi. Après si les gens préfèrent un festival sans rien, il en existe plein. Ce côté disneyland du metal, on fait un gros travail dessus avec des plasticiens et je le revendique, pour moi ça fait partie de la pleine réussite du festival.
« C’est une formidable aventure humaine. C’est ça qui nous pousse à continuer, à nous motiver, à nous faire bander. »
Vois-tu des évolutions par rapport à toutes ces questions de scénographies ?
En fait il n’y a pas de plans spéciaux. Nous on bosse avec énormément de plasticiens dont on trouve qu’ils ont beaucoup de talent. Tout cela nous plaît même si, bien entendu; chacun ses goûts. Il y a des gens qui m’ont dit que la statue de Lemmy, ils ne la trouvaient pas belle, comme j’ai eu des gens qui m’ont dit qu’ils la trouvaient belle. Nous on a des artistes qui travaillent dessus, qui nous proposent des choses. Ça nous parle, on le fait. Mais si tu veux, il n’y a pas de plans en se disant il faut qu’on fasse ceci, il faut qu’on fasse cela. C’est au feeling. Après, tu sais, on en a pas parlé mais pour cette année, on a dégagé 14.000 mètres carrés de surface supplémentaire devant les scènes, ce qui correspond à de la place pour 21.000 personnes supplémentaires (qu’on n’a pas vendu), mais cet agrandissement nous a obligés par exemple à bouger le VIP, ce qui a été l’occasion de le repenser entièrement. Avant, c’était des plasticiens qui décoraient façon mad max, désert, mais là on est parti avec d’autres plasticiens sur un autre délire que je te laisserai découvrir quand tu viendras au mois de juin. Un truc complètement différent, mais voilà quelque chose qui me fait bander, le fait de travailler avec des mecs différents, qui ont des idées, qui tentent de recréer des univers dans le but de surprendre les gens. Moi je veux que toi tu arrives dans le VIP et que tu fasses « wah putain c’est chouette, c’est beau », comme on a fait pour la Warzone. Tu sais, les gens ne s’en rendent pas compte, mais la Warzone on a mis 2 millions d’euros dedans. On ne peut pas nous reprocher de ne pas écouter les festivaliers : il y a deux ans les gens nous étaient tombés dessus en nous disant, à raison, que les conditions de la Warzone n’étaient pas dignes du festival en règle générale. On en avait pleinement conscience, après c’est un problème de finance. On ne s’était pas ré-attaqués à l’aménagement de la Warzone jusqu’ici car on n’avait pas les finances. Lorsque les gens ont commencé vraiment à nous taper sur les doigts en disant « nan mais attendez la Warzone on peut même plus y rentrer, on a l’impression que c’est vraiment la scène annexe du festival dont les organisateurs se foutent », on s’est dit « ok vous avez raison, on va faire quelque chose ». Et tu vois, on avait annoncé aux gens qu’il y allait avoir des changements sur la Warzone mais je pense que personne ne s’attendait à autant de trucs. Et moi, ce qui m’a fait bander, c’est de voir arriver les festivaliers en disant « wah putain les enfoirés ! » que je prends comme un « ah ben putain, ils se sont pas foutus de notre gueule ». Après on peut aimer ou pas la décoration, c’est propre à chacun. Y’en a qui vont dire que ce n’est pas beau, que ça ressemble à un camp de concentration, car l’artistique ça ne se discute pas. Mais tu vois j’étais content que les gens se soient rendus compte qu’on était vraiment là pour les écouter, comme à chaque fin d’édition. Tu vois, on en parle, mais pourquoi on agrandit l’espace devant les Main Stages ?
On avait une organisation depuis dix ans où les artistes étaient derrière les grandes scènes, tout était rôdé. Le fait de déménager 170 artistes plus loin, ça me fait beaucoup plus de travail et j’aurais préféré rester comme avant. Sauf que le reproche numéro un l’année dernière, c’était ce manque d’espace, cette sensation que le site est trop plein, et qu’il y avait aussi trop de queue. Donc tu sais j’ai convoqué les équipes qui bossent sur le festival et j’ai dit, voilà les objectifs pour l’année prochaine. Les gens ne veulent plus faire la queue aussi longtemps, et ils veulent plus d’espace pour ne pas se sentir ratatinés sur le site. Donc le fait de leur donner plus d’espaces nous a obligés à trouver de l’espace ailleurs et ça nous a obligés à balancer le VIP ailleurs. Donc on s’est dit, c’est l’occasion rêvée pour refaire le VIP cette année. Mais si les gens nous avaient reproché un autre truc, et qu’on avait finalement décidé de changer une autre partie du site, eh bien on aurait pas fait le VIP mais une autre partie du site. Y’a pas de plan de décoration du festival, c’est au fur et à mesure suivant les années. L’édition 2017 va se dérouler et nous aurons des retours de festivaliers qui parfois seront négatifs, en disant « telle chose est nulle » et en fonction de ces retours-là on dira eh bien on va dans le sens des festivaliers, et ce même si on ne peut pas contenter tout le monde. Coupe-moi si je me trompe mais je crois que l’année dernière, le reproche c’était avant tout trop de monde sur Rammstein notamment et c’est vrai que sur ce point, il y a vraiment eu l’effet Rammstein car je pense que c’est bien la première fois dans l’histoire du festival qu’un groupe a fédéré toutes les scènes. Car généralement les gens ont pensé l’année dernière qu’on avait vendu 10 ou 12.000 billets de plus, c’est faux. Il y a eu 2.000 personnes en plus par rapport à l’année 2015. Donc il n’y avait pas 15.000 billets en plus et encore moins une billetterie parallèle, tout ça pour s’en mettre plein la poche, comme j’ai pu le lire ! Par contre c’est la première fois de l’histoire du festival qu’une tête d’affiche a attiré autant de monde et quand Rammstein est arrivé sur scène, les metalleux étaient là, les punks étaient là, les skinheads étaient là ; tout le monde était là pour regarder le groupe et là, en effet, la plaine devant les scènes pour regarder le concert est trop petite. Après quand Linkin Park va commencer son set, tu peux être sûr que les punks, etc. ne seront pas là. Ils seront à la Warzone, les blackeux seront à l’Altar, car pour eux, rien à foutre, c’est de la merde. Donc on aura moins ce phénomène de gens qui viennent voir Rammstein. Moi-même j’ai été surpris mais malgré tout, je me suis dis « ok les gens ont ressenti cette sensation de trop de monde, alors on va agrandir le site ». On récupère 7.500 mètres carrés de plus, ce n’est pas rien. On n’a pas vendu un billet supplémentaire par rapport à l’année dernière, je sais que des gens ne vont pas me croire, mais quand j’entends dire « Ben Barbaud a vendu 15.000 billets de plus, tout ça juste pour s’acheter une nouvelle voiture », ça c’est des conneries. Tu sais, je suis réputé dans le monde du spectacle pour dire tout ce que je pense, tu as vu, on a fait une interview, je ne suis pas langue de bois, je n’ai jamais été langue de bois, je parle de mon activité et de mon festival avec passion. Et parfois, quand tu vois les reproches des gens tu te dis « mais merde quoi, putain on donne tout et on entend des absurdités sur des trucs qui sont quand même assez incroyables ».
Dernière question : après toutes ces années et avec le succès qu’a rencontré le Hellfest, justement, aujourd’hui c’est quoi l’esprit du Hellfest ?
Eh bien il n’a pas changé dans sa nature. La première flamme de ce truc-là, quand j’ai monté le festival dans ma piaule, c’est déjà la passion pour ces musiques-là. Moi je suis avant tout un fan de punk et hardcore, donc quand le festival s’est monté au début, à l’époque ça s’appelait le Furyfest et pas le Hellfest, c’était un événement qui avait plus vocation à mettre en avant le punk/hardcore car cela reflétait plus mes goûts musicaux. J’ai commencé à monter ça avec des copains qui étaient tout aussi passionnés que moi, qui participaient en tant que bénévoles. Car je te parle d’une époque où j’étais dans mes études et où je montais le festival plus par passion, car j’avais envie de le faire. Regarde, toi ta passion c’est d’écrire dans un webzine, y’en a d’autres c’est d’être musicien, moi c’était d’être organisateur de concerts. Jamais, quand j’ai commencé à organiser des concerts, je me suis dit « ça va être mon métier, je vais m’en faire une carrière ». Il faut savoir que ça fait douze ans que je suis salarié, enfin que je vis de l’organisation de concerts, mais cela n’a jamais été un but. C’est une conséquence de tout ce qui a été fait autour. Et donc si tu veux, tous les bénévoles qui se sont appropriés le projet et qui font monter la mayonnaise, cela explique pourquoi on ne s’est pas lassé de ce truc-là.
Interview réalisée par téléphone le 28 mars 2017 par Nicolas Gricourt.
Retranscription : Amaury Blanc et Claudia Mollard.
Site Internet officiel du Hellfest : hellfest.fr
Terrible, cet article,
Thank you
L.S.
Merci à radiométal pour cette ITW sans concession, et à tout le crew du hellfest pour la totalité de son engagement.
La réussite du Hellfest tient à la vision d’avenir de son équipe, qui a su déjouer la complexité des mutations de l’industrie musicale et du spectacle, ainsi que de son audace a varié les plaisirs des styles musicaux d’une grosse communauté underground. Son envergure décorative de parc d’attraction, d’affiche crossover d’exception suscite l’admiration, parce que le spectacle qui s’y produit 1 week-end par an est unique et ce n’est jamais le même festival chaque année car il y a toujours du changement, de la découverte, tant au niveau structurel, graphique, musical.
Le Hellfest est hype parce qu’il passe à la TV, que le repli individuel et les contraintes liberticides d’aujourd’hui poussent à un besoin de rassemblement, à une aspiration communautaire. En tant que mélomane l’opulence de son affiche m’attire, son soucis d’amélioration constante pour le festivalier est un gage d’adhésion et de loyauté à ses efforts. La grande majorité des personnes comprennent aisément qu’aujourd’hui cette réussite n’est pas usurpée. Le Hellfest a une indépendance créatrice qui en fait sa singularité pour le moment, chaque année il s’essaye à offrir une vaste gamme d’intérêt afin de fidéliser. Après la trop forte densité de personne est problématique mais l’enfer c’est les autres, et blablabla. Quand régulièrement tu fais 100 bornes pour un concert dans un bar, et que sur réseaux sociaux il est mentionné 300 aiment, 200 participants, et que tu te retrouves avec 15 types, il est bon pendant un week de partager avec + de 50000 gus des concerts à gaver.
Pour moi l’amélioration doit venir avant tout sur l’acoustique désormais.
Mais la base incontestable de l’intérêt n°1 du HELLFEST c’est sa programmation, 6 scènes crossover, quand tu es un mélomane et dans un endroit aussi incroyable, qui respire la passion, la joie, pitinnnnnnnnnnnnnnnnnn mais c’est d’enfer !
PS : Merci par avance pour les crachats et les j’aime bien ce que tu dis mais…
Merci pour cette interview-fleuve, très exhaustive!
Le Hellfest pour moi, ce sera toujours un grand chapeau-bas pour Ben et toute l’équipe des organisateurs et des bénévoles!!! 🙂 🙂 🙂
\m/
Très bon article.
Effectivement, moi je n’ai loupé qu’1 édition depuis le début. J’ai vu le festival grandir ainsi que ce qui l’entoure.
Je peux vous dire que passer 3j au hellfest est un méga plaisir. L’affiche est souvent très bonne et que dire des décorations.
C’est quand même super agréable de se balader sur ce site.
Et acheter son pass sans connaitre, l’affiche, pour moi c’est un gage de qualité. Je l’ai acheté les yeux fermés car je sais que je ne serais pas déçu.
C’est le seul festival à proposer 170 groupes ! on est obligé de trouver son bonheur.
Bravo! et pour les commentaires ou Ben se gave, je trouve qu’il peut car il le mérite. Quelqu’un qui gagne de l’argent, c’est qu’il a bossé pour l’avoir. Ce n’est pas tombé du ciel.
Bravo à l’équipe et continuer comme ça ! FiveFingerDeathPunch !!
MERCI pour cette superbe interview, ça fait vraiment plaisir de sentir le côté humain de Ben et de tous les mecs qui bossent derrière.
\o/
On se voit au mois de juin !!
Il est vraiment bien cet interview.
Ça voudrait même le coup de l’éditer tiens, une petite édition papier sans prétention agrémentée de quelques photos d’archives, des meilleurs comm haineux en postface… les benefs à partager entre les deux assos…
je dis ça comme ça, je suis maquettiste 🙂
Tant qu’il n’y a pas une prise de conscience du public « non, à ce prix là j’arrête d’acheter », l’artiste lui ne se remet pas en question.
La meilleur phrase de barbaud. Moi à ce prix là je viens plus, je peux plus. Et puis si je dois m’excuser à chaque pas parceque j’ai bousculé nounouille assis sur sa chaise de pecheur…
le pass 3 jours pour 2018 devrait franchir les 210€, mais c’est à cause des groupes ils demandent toujours plus. Faut pas les inviter alors.
bon fest à tous
J’ai mis + d’une heure pour lire tout ça. J’en ressort pas mal de point négatif émis par BB mais bon… c’est pas d’aujourd’hui que la critique existe et ça ne sera jamais parfait dès le lendemain. En tout cas, pour ma part ça sera effectivement la 1ère année que je viendrai au Hellfest et j’en suis assez fier (pass 3 jours achété à « l’aveugle »). Je ne me fais pas de soucis de ne pas trouver de soie aux toilettes et si il y a des baffes a distribuer aux gamins de 16ans (Ça fait 20 ans qu’on écoute cette musique-là, donc t’as envie de lui foutre une baffe dans la gueule,…)!!!) j’opterai pour des grands coups de pompes au cul… car si BB parle de 20 ans d’écoute, pour ma part ca sera + de 35 ans et des concerts j’en ai fait en pagaille. Aujourd’hui le paramètre qu’on oublie et pourtant qui se voit c’est que les métalleux on veillit. Qu’ils soient sur scènes ou devant. Et le coté touriste s’en ressort peut être un peu mais bon… ils sont fidèles eux (pour les vieux)!. Alors honnêtement je suis très fier que la musique que j’écoute depuis l’autre siècle soit reconnu à juste titre mais je m’inquiète par contre pour son avenir. Dans 8 (maxi 12 ans) combien de groupes auront disparus. Le vrai métal (le gras, le sale, le lourd…) vit ses dernières années et on le sent bien dans l’interview. L’exigence de certains (groupes et « publics ») et l’envie de bénéfice d’autres auront gain de cause. Question de génération. Alors je dirais : Profitez… profitez… et cassez pas les couilles à ceux qui ont encore une envie et une passion pour la musique que nous écoutons. On en reparlera dans 15 ans (enfin j’espère) et beaucoup regretterons B.Barbaud
« le vrai metal »
cette vaste fumisterie … le vrai metal c’est le metal que t’écoutes pas celui des autres. Shortminded shortseeing.
Si ça fait + de 35 ans que tu écoutes du metal alors du « vrai » metal tu as du en voir psaser un sacré paquet.
Souviens toi comment Death a été accueillit à ses début comparé au « vrai metal » de l’époque, comment Napalm Death a été accueillit à se début également.
Je me souviens d’une époque où Scorpions, Bon Jovi et Guns n’ Roses c’était ça Le Metal (enfin on disait hard rock à l’époque.. ahh Lita Ford..). Tu as du connaitre Blackie Lawless à l’époque où il était un enfant terrible (mais tellement beaux et sombre, bravo mesdames).
Sérieux c’est quoi le « vrai metal » ?
C’est Fatie Lawless ? C’est G€n€ $immmon$ ? C’est Slayer qui est bloqué sur un album depuis 10 ans ? C’est Immortal ? C’est Korn ? Mais surtotu pas TesseracT ?
Le « vrai Metal » c’est surtout l’assurance de cloisonner une musique de niches, de devenir des vieux cons face à des jeunes cons, de reproduire en microcosme tout ce qu’on rejette.
Des jeunes qui croient tout savoir et qui critiquent les vieux ça a toujours existé, on a été comme ça et nos enfants seront comme ça. Et c’est pas en leur foutant sur la tronche que ça changera.
Pardon Pok si je t’ai froissé au sujet du « vrai Metal ». Dans le sens sectaire du terme je présume.
Certes d’autres groupes vont émergés, d’autres genres aussi mais ce que je voulais surtout dire c’est que je doute fort qu’on retrouve des groupes comme certains que tu cite encore au devant de la scène dans 10/15 ans ou + avec un niveau international ou planétaire. Des groupes qui ont réellement galéré pour y arriver et qui sont encore (pour certains) vivants aujourd’hui. Les intérêts personnels et financier prennent le dessus et c’est cela qui va tout bouffer.
Oui j’en ai vu j’en ai connu mais je me souviens pas qu’on discutait du prix d’entrée ou de la déco présente. Un concert c’était un + par rapport au Vynil qui était bien plus important à mes yeux à l’époque. Aujourd’hui c’est le contraire. Et puis les festivals ça n’existait pas tellement (et pourtant j’ai été au Sunrise en 83 ou un seul groupe a jouer pour cause d’intempérie et ça m’a refroidi dans l’expérience festival).
Et « à l’époque », excuse moi, les seuls vieux qu’on voyait c’était les parents qui attendait leur(s) mome(s) à la sortie du concert. Aujourd’hui tu retire tous les gens d’un certains ages aux concerts et… t’a plus franchement grand monde.
Alors oui je m’inquiète de l’avenir du Metal car vu l’interview ci dessus cela me rassure pas au vu de la mentalité de certains.
Cela ne m’empeche pas de partager la musique que j’écoute avec mon fils (qui sera aussi de la partie en juin). Comme quoi…
Pardon pour l’agression aussi. Je t’ai confondu avec un trve. 🙂
J’ai fait exprès de citer des groupes qui sont sur le déclin / en voie d’extinction.
Sauf TesseracT, qui représente justement une partie de l’avenir du Metal. Au même titre que Periphery, Bring Me The Horizon, Five Finger Death Punch, Parkway Drive, etc … S’ils ne se chient pas dessus ce sont ces groupes qui seront les grosses têtes d’affiche vitrines dans 15 ans. Les jeunes du futur les qualifieront de groupes à papa alors que nous on les qualifies de groupes à djeuns 🙂
Tout ces groupes ont déjà émergés, ont déjà une fanbase solide mais, pour une raison qui m’échappe, sont traités comme de la merde (comme Korn et Slipknot il y a 20 ans). Ailleurs ces groupes cartonnent.
Perso je suis pressé que les dinosaures disparaissent enfin (même Iron Maiden et pourtant bordel qu’est ce que je kiffe ce groupe) et laisse la place aux groupes de jeunes qui ONT émergés.
Et je ne veux pas assister à un nouveau Motorhead. Pas envie de les voir au bout du rouleau. Ca me frustre pour Black Sab’ par exemple mais je préfères ça que de les voir en peine.
J’ai l’impression qu’en France on a 15 ans de retard là dessus : il n’y aura plus jamais de « grands groupes » à l’ancienne façon Guns n’ Roses ou Metallica. L’actuel système du Music Business ne le permets pas. Il faudrait arrêter de se focaliser la dessus. Les 30 glorieuses sont loin derrières, il est temps de se tourner vers l’avenir et de lui faire front.
Pour la transition on va avoir des groupes moins « porteurs » type Down, Meshuggah, Rob Zombie, Volbeat ou Airbourne (je ne cite pas Rammstein qui est un peu hors catégorie).
Puis de nouveaux groupes vont apparaître, ils vont prendre le rôle de musiques de djeuns et les actuels jeunes deviendront vieux. Et le cycle continuera.
Pour ce qui est des jeunes vs les vieux, j’ai commencé le metal dans les 80’s et j’avais déjà des « vieux » (pas des grabataires non plus hein) en face de moi. Des mecs qui étaient dans le milieu depuis 10 ans.
et voila. boum. pavé… désolé.
Le « vrai métal », ça n’existe pas. Le metal, surtout en France, est victime d’une bande de snobs qui estiment que sorti de « leur » groupe de new heavy sodcore découvert en avant-première-partie des Destruktated Walrüs au Glaz’Art un soir d’hiver 2006, tout n’est que « gimmick metal » et « sellout » et « poseurs ». On retrouve les mêmes cons bornés chez les jazzeux, les classicos, mais aussi les cinéphiles, les cruciverbistes, les amateurs de tuning… Le résultat, c’est que le metal n’est plus identifié, dans l’opinion, qu’au metal extrême. A telle enseigne que j’ai dû expliquer à un de mes collègues, qui dans sa jeunesse, aimait Black Sabbath, qu’il était donc lui-même metalleux. C’est à cause de ça que toute une jeunesse a grandi sans entendre un solo de guitare.
Eh bien moi j’ai des goûts simples. Je préfère un bon show de Halestorm-avec-un-H qu’un set de merde d’un groupe de Slovènes à la con au fond d’une cave avec 140 décibels en sortie des cabs et un chanteur inaudible. J’assume. Hier j’étais chez Ghost, c’était un putain de bon show. J’ai vu plein de gens dans la salle, et pas seulement des habitués du Black Dog, brailler « from the pinnacle to the pit » à s’en péter les cordes vocales, et c’était bon. Il y avait des petits gamins dont c’était le premier concert, des bobos parisiens, des provinciaux venus découvrir l’Olympia et qui avaient raté Frédéric François et qui avaient pris un billet pour ce truc, et plein de fans de Ghost. Un vrai concert d’un art vivant, pas une réunion d’experts à la noix qui gagâtent au bar sur la meilleure manière de faire un triton à la viole de gambe. Et c’était Ghost.
Tout à fait d’accord avec toi Asp Explorer
(sauf pour Halestorm, mais ça c’est une question de gout perso)
Moi je serais heureux de voir toutes ces légendes disparaitre. C’est triste, mais ils font de l’ombre aux jeunes groupes méritant. J’aurais tendance à dire qu’aujourd’hui c’est encore plus dur d’avoir accès au succès, surtout les groupes ne sont pas chez une bonne maison d’édition ou qui ne font pas quelque chose d’assez « original » pour susciter la curiosité(Caladan Brood, Vektor, Insomnium, Be’lakor et j’en passe des millions). Les groupes classiques ne seront jamais oubliés, et tant mieux, mais la découverte des groupes en est impacté ( utilisez ce site http://www.metalstorm.net/home/ !). Quand toutes les grosses têtes d’affiches seront à la trape, et ça commence (motorhead, black sabb, Twisted sister’s, Motley crue, Dio, bientôt deep purple, AC/DC, judas priest, scorpions etc), les festivals n’auront que des groupes de moins grande envergure mais tout autant talentueux, et qui sait espérons les prix pourront descendre un peu.
J’ai envie de réagir aux commentaires.
De manière générale, vous ne pouvez pas imposez votre point de vue. A croire que certains possèdent LA vérité. Les « moi je trouve tout super » alors vous devez tous trouver que c’est un super fest.
Comme d’autres sont libres d’apporter des critiques.
Internet a défini une règle qui n’est plus tacite. Aucune critique constructive ou non y est toléré. Parce qu’internet, c’est le monde des bisounours, tout le monde se like, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil… FOUTAISES.
Il va falloir que vous gagnez quelques points de Q.I. Il n’y a pas de haters, juste des gens qui pensent différemment et / ou qui ne sont pas d’accord avec vous. Et ils ont toute légitimité à s’exprimer. Il faut arrêter de contre-argumenter avec des y a toujours un « hater pour la ramener / se plaindre ou qu’ils aillent se faire voir »
Ca serait bien faire ceci au HF https://www.youtube.com/watch?v=W_IzYUJANfk Bien qu’on puisse interroger 100 personnes jusqu’a ce qu’on trouve ceux qui vont nous donner ce qu’on attend.
Si en coulisses il y a un concours d’ego entre les groupes, entre les fans, c’est à qui est le plus trVe, et de pointer du doigt les falses.
Je finirais par une citation de Jesus 2 (Les Inconnus)
« vous allez finir par vous aimer les uns les autres bordel de merde »
Pardon Rififi mais, tu commentes depuis quel univers ?? Un univers parallèle ? 😐
« De manière générale, vous ne pouvez pas imposez votre point de vue. A croire que certains possèdent LA vérité. Les « moi je trouve tout super » alors vous devez tous trouver que c’est un super fest » -> où t’as vu quelqu’un dire que parce qu’on aime, les autres sont obligés d’aimer aussi ? Si tu commentes, tu prends le risque d’être critiqué. C’est le revers de la liberté d’expression. Donc tu aimes pas, soit, mais défends ton opinion sans agresser les autres. Parce que sinon, c’est toi qui impose ton point de vue.
« Internet a défini une règle qui n’est plus tacite. Aucune critique constructive ou non y est toléré. » -> tu vis sur quelle planète ? Internet c’est le royaume du troll !! T’es sur un site qui a même cherché à lutter contre le phénomène avec les No comments ??
Le harcèlement en ligne est devenu un délit aujourd’hui tellement ça prend de l’ampleur. La critique est perpétuel en ligne, parce que les gens se cachent derrière l’anonymat de leur écran. Mais au-delà des trolls, la critique passe toujours très bien, si elle est bien formulée. Si tu te sens brimé sur internet, c’est peut être que tu devrais apprendre à communiquer normalement, je sais pas…
« Parce qu’internet, c’est le monde des bisounours, tout le monde se like, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » -> y’a pas que FB et tweeter sur le net. Chu même pas sur que les réseaux sociaux soient si peace que ça.
Franchement on dirait un môme avec un trouble de l’opposition/provocation. Tu peux pas juste laisser les gens se réjouir de l’interview et nous dire ce qui te pose problème sans accuser vaguement à tord et à travers ? Désolé mais je me sens insulté à ballon par un rageux qui veux pas me laisser kiffer le fest, et ça me gonfle. Surtout si c’est pas ce que tu cherches à dire !!
PS : la vidéo est très drôle et très représentatif des tourivaliers dont parle Pok je trouve. Peut être pas les tourivaliers du HF mais quand même
« où t’as vu quelqu’un dire que parce qu’on aime, les autres sont obligés d’aimer aussi ? »
>>> Ceux qui aiment, et critiquent ceux qui n’aiment pas, ils font quoi à ton avis ?
Tout à fait, si je commente ou qui que ce soit, il prend le risque d’être critiqué. MON PRINCIPAL REPROCHE va à ceux qui descendent/insultent les haters (selon eux), car ils emettent une critique négative.
» tu vis sur quelle planète ? Internet c’est le royaume du troll !! T’es sur un site qui a même cherché à lutter contre le phénomène avec les No comments ?? »
>>> La Terre. Mais tu dis n’importe quoi. Les trolls ne règnent pas en maître sur internet. Ils n’y pas d’échangent qu’entre trolls, heureusement que j’ai eu des échanges intéressants avec certains ici. Mais les gens qui viennent critiquer les gens comme moi lorsqu’ils font une critique négative (album, film, série…) Je suis tout de suite de qualifié d’hater. Que je n’ai pas à venir rager sur internet. Alors que je ne rage, j’exprime un avis négatif. Tout le monde ce like en toute hypocrisie (S03E01 de Black Mirror).
Je m’exprime correctement. Je ne peux rien faire si les gens lisent ce qu’ils ont envie de lire. J’en ai éplinglé ici et ailleurs qui me prêtaient des propos. Je les invitais à me montrer dans quelle partie de mon commentaire j’avais pu dire ça. Pfiou, disparition à la San Goku.
« Tu peux pas juste laisser les gens se réjouir de l’interview et nous dire ce qui te pose problème sans accuser vaguement à tord et à travers ? Désolé mais je me sens insulté à ballon par un rageux qui veux pas me laisser kiffer le fest, et ça me gonfle. Surtout si c’est pas ce que tu cherches à dire !! »
>>> La preuve que tu n’as pas su lire mon commentaire, ou l’a pris au 1er degré. Je pense bien à ton mal de vivre mon pauv’ chaton.
PS : vu que certains critiquent une partie touriste des festivaliers, ils seront bon de leur demander qui ils sont venus voir, et constater s’ils sont bien sur l’affiche. Voilà, c’était juste une proposition de petit test marrant.
« Ceux qui aiment, et critiquent ceux qui n’aiment pas, ils font quoi à ton avis ? » -> Ils partagent. C’est l’intérêt de mettre des commentaires sur internet. Sinon tu peux te scotcher la bouche, jeter ton clavier par la fenêtre ou aller vivre dans une grotte.
Les trolls ne vivent pas en maître sur internet justement parce qu’on fait ce qu’on peux pour les « dresser ». C’est justement parce qu’il y a une forte opposition quand quelqu’un dit mal quelque chose de négatif, de péjoratif que les trolls ne sont pas les bien-venus partout. Mais nier que les trolls sont hyper envahissants sur internet, c’est du délire pure et simple. Donc je réitère, sur quelle planète vis-tu ?
Si les gens t’accuses d’être un troll de façon répétitive, tu devrais peut être te remettre en question. J’ai vu un commentaire plus bas d’un mec qui disait (poliment) qu’il n’irai pas au HF parce qu’il préférait les petits fest, qu’il n’était plus intéressé par le mainstream. Et quelle surprise que de constater que personne ne l’agresse !! Tant que tu commentes en présentant les choses comme ce que tu aimes ou n’aimes pas, personne n’a rien à dire. Quand tu portes un jugement sur l’objet de ton commentaire, là ça touche les lecteurs.
« La preuve que tu n’as pas su lire mon commentaire, ou l’a pris au 1er degré. Je pense bien à ton mal de vivre mon pauv’ chaton. » -> Belle démonstration de ce que je te disais plus tôt… Je t’ai très bien lu. Tu n’y dis rien de plus que ce sur quoi je réagis, désolé que ça t’ennui à ce point
tres bon article
pour ma part je viens avec quatre potes depuis 2012 . nous totalisons
240 ans a nous quatre.
decouverte du trash-death et autres delires, fabuleux !!!!
aucune critique a formuler sur ce festival en perpetuel mouvement.
Première expérience l’année dernière, super organisation super état d’esprit, découverte de groupes, festival impressionnant continuez comme ça ??
Super article. Très long mais vraiment très intéressant. Y’aura toujours des rageux à qui tel ou tel chose ne plaira pas, mais y’a vraiment un esprit Hellfest qu’on ne retrouve pas ailleurs, et certainement pas au Download. Pour moi la déco fait totalement parti de l’expérience et j’assume totalement le fait de me sentir bien dans ce « Disneyland pour metalleux ». Cette année encore, la liste des groupes est énorme et on en trouve pour tous les goûts !
le Hellfest est la vitrine et l’ambiance du métal en France et c’est très bien comme pub.
Perso,je préfère me payer 3 à 4 concerts de groupes que j’apprécie vraiment (guitares en scène…) plutôt que de « subir » des groupes que j’apprécie peu et de mettre 220 euros sans alors connaitre qui va jouer, mais c’est peut être aussi du à l’age où on devient de plus en plus exigeant (confort diverse comme pour dormir « paisiblement » ..) et avec un gout musical en évolution au son moins « extrême » et plus recherché…
Tant mieux si la loi de l’offre et de la demande permet de liquider rapidos la billetterie sans connaitre les artistes dans ces conditions mais faudra voir sur la durée…
Sur un air connu… Des vieux…. Hellfest ton univers impitoyaaaaaableueux… Et surtout brillant coup de com pour le côté David contre goliath… Pot de terre bla bla bla…
Le prix est élevé en effet mais coté dépaysement et progra on en a souvent pour notre argent ! Beaucoup de gens se sont plein des gens en pikachu ou en licorne et autre pyjamas. Perso j’ecoute du métal depuis que j’ai 6 ans, mon seul attribut de métalleux c’est ma paire de rangers que je mets en festival. Si des gars veulent se balader en pikachu c’est leur problème tant qu’ils sont tranquilles. Je voit pas en quoi ça en fait des « tourivaliers » (copyraite Pok ;))
Les « tourivalliers » sont des gens qui font pleins de festivals d’été comme d’autres vont au Club Med. Ceux qui enchaînent (par exemple) Rock en Seine, le Hellfest, le NovaRock,le Main Square et Ibiza.
Pas les gens qui se déguisent en fest (par exemple en fest de grind c’est normal d’être déguisé, cette année je me tâte même à venir en costard cravate pour faire contre-conte-emploi). Ni les gens qui viennent pour la 1ère fois. J’ai trainé un ami au Fall of Summer alors qu’il écoute du jazz. Il avait trop la classe avec sa veste bleue ciel XD C’était son 1er fest
Ben il a kiffé et il revient tout les ans maintenant (il a même fait un fest de black metal haha)
instructif..admiratif! merci pour tout
Merci Monsieur Ben! Pour tout
ça fait des années que je m’éclate avec les potes pendant 3 jours (5 avec les voyages en voitures) au Hellfest et je suis pas près de m’arrêter (Hein chérie!?!!)
Et c’est pas grave si Metallica ne vient pas, y’a pleins d’autres groupes à découvrir. Chaque année je me prends quelques bonnes découvertes dans la gueule (Butcher Babies en 2015, Walls of Jericho l’an dernier) Et je revisite mes classiques (Toy Dolls, Testament, OverKill!)
Ne changez rien à l’idée du truc.
Et je n’ai qu’un mot à dire à ceux qui dénigre ce festival: Fuck off!
Merci Monsieur Ben! Et vivement le mois de juin!
Metal up Your Ass Motherfuckers!
Ben, toutes ces anecdotes, ces petits coups de canif dans le contrat, tu vas en faire un livre quand tu auras raccroché, n’est-ce pas ?
En tous cas, belle interview, bravo.
méga long mais instructif : je comprends un peu mieux pourquoi je suis resté coincé sur le chemin de la warzone qui menait aux concerts de Body Count et les ramoneurs! bon maintenant que les travaux sont faits, faites revenir Ice T et ses potes!
et pour le running order de cette année : parfait,surtout le vendredi : Devin townshend/red fang/tagada/behemoth/ramoneurs/obituary/marduk/autopsy, quelle suite diabolique, merci!
pour les critiques, rien de mon coté, à part l’année dernière où j’ai souvent été coincé dans les files à l’entrée!
Continue comme ça, Ben ! Parfois on est pas d’accord avec tes choix, mais sans toi on n’aurait même pas de Hellfest !
On n’aurait même pas de Fall of Summer, ou de Motocultor !
Tous ces petits festivals (que j’adore) se nourrissent de la dynamique que le Hellfest a contribué à créer !
Continuez le plus longtemps possible !
Merci RM pour cette interview…
Et merci Ben…pour tes réponses…et ne change rien ton festival est top…on est tous avec toi…
Merci pour l’article, tjs sympa d’avoir les news du Créateur. Par contre, une petite remise en forme (paragraphes) et des phrases un peu moins décousues seraient pas mal, on est pas obligé d’avoir *tout et exactement* l’audio.
Long Live the Fest !
Et c’est trop vrai que lorsqu’on va au HellFest, on bascule trois jours dans un autre monde, hors de la réalité et c’est kiffant.
Aux râleurs…yol et autre frank, des fests il y en a plein pour tous les goûts, arrêtez de cracher sur le Hellfest et son organisateur qui a totalement raison quand il dit qu’il ne peut contenter tout le monde. Vous en êtes la preuve.
Très belles itw et liberté de ton. Ben Barbaud a réussi quelque chose hors du commun.
Ce quis erait bien c’est d’avoir l’itw des gens de LiveNation 😉
un vrai bon le ben barbaud , j’ ai vraiment pris conscience du gigantisme de toute l’ organisation , lors de la mise en ligne du documentaire sur les infrastructures techniques du hellfest , c’ est à tomber toute la logistique qu’ il faut gérer , et bien des français parviennent a abattre ce travail de titan , faisant du hellfest un des top festival du genre , dans le monde !!! et pour avoir longtemps organisé des concerts locaux , je mesure tout ce qui sépare l’ amateurisme bon enfant , d’ une telle entreprise gigantesque !!!
c’est proprement HELLUCINANT …
quand il dit que c est une asso sans but lucratif qui gère son bouzin, il nous prnd un peu pour des cons quand meme.
il a a titre personnel (et pas associatif) déposé le nom du hellfest et il s en met plein les fouilles grace aux produits dérivés. et quand je dis plein les fouilles, vous n imaginez meme pas.
Et ? Tu crois pas qu’ils méritent salaire après le travail qu’ils font ? Quand on y va on s’éclate non ?
Bon je prends un peu ta déclaration à rebours (c’est exprès pour provoquer), je sais pas combien il gagne ni si c’est justifié, mais tant qu’on parlera pas de salaire maximum en général, je vois pas pourquoi les créateurs et investisseur d’un tel événement n’auraient pas le droit à un revenu. Ca coûte cher un fest comme ça…
bien sur qu ils méritent d en vivre correctement.
c est juste le fait qu il laisse entendre qu ils sont tous de simples salariés du festival.
c est vrai pour tous les autres, mais lui il se gave. il a surement bien raison, mais qu il ne laisse pas penser le contraire.
Ah d’accord, je vois ce que tu veux dire. Ca se défend. Faudrait que je relise pour voir là où il laisse entendre qu’il est comme les autres, parce que ça m’a pas marqué mais…
Enfin en ces termes là, je comprends ce que tu veux dire et j’adhère 🙂
Honnêtement que le HF fasse du blé ou qu’il soit 1901 on s’en bat un peu les burnes non? Si je paye pour ce genre d’évènement c’est que d’1 j’accepte le principe (prix du billet) que de 2 je n’y vais pas à l’aveugle (réputation du HF) et de 3 (et c’est surement le + important) c’est que je vais m’en prendre plein la gueule sur 3 jours. L’année dernière j’ai été au Download pour l’affiche. Cette année je n’y vais pas pour la même raison… Alors profit d’un coté ou pas de l’autre le principal reste quand même les décibels et la satisfaction d’en avoir pour SON argent (économies) et sincèrement que le HF mette un peu de pognon de coté et bien tant mieux pour eux car ils nous le rendent bien.
t as pas bien compris ce que je voulais dire.
que le HF fasse du blé ou soit 1901, on s en fout je suis d accord. c est meme plutot bien qu ils en fassent.
seulement BB laisse entendre qu il est un simple salarié du HF.
il oublie de préciser que lui seul touche les royalties de la marque HF. et c est vraiment ENORME comme pognon.
quand il dit » je sais que des gens ne vont pas me croire, mais quand j’entends dire « Ben Barbaud a vendu 15.000 billets de plus, tout ça juste pour s’acheter une nouvelle voiture », ça c’est des conneries »
oui c est des conneries, et il en raconte tout autant.
il essaie un peu de tromper son monde et de se faire passer pour ce qu il n est pas. effectivement les gens informés savent qu il n a pas besoin de ca pour s acheter une nouvelle voiture.
finalement le mec paie l ISF, grace aux milliers de bénévoles qui lui file un coup de main pendant 3 jours.
« finalement le mec paie l ISF, grace aux milliers de bénévoles qui lui file un coup de main pendant 3 jours » là, t’y vas un peu fort quand même. Source nous tes chiffres parce que sinon, c’est des déclarations en l’air…
Parce que sinon on est d’accord, qu’il se fasse le fric qu’il peut du moment qu’il est honnête à ce sujet. Nous, on prend notre pied là-bas et monter le fest n’est pas une mince affaire, il mérite bien son pécule à l’arrivé.
Yol : si Barbaud a déposé le nom Hellfest c’est aussi un peu pour protéger le bazarre non? le logo le nom le concept tout ceci ça a un prix et d’autres ne se gênerait pas pour récupérer le truc. Maintenant qu’il fasse du blé sur la marque c’est un peu normal aussi. C’est un peu son bébé et on voit bien qu’il n’a plus 20 ans. Et honnêtement si vraiment il voudrait faire du pognon pour sa gueule avec son festival, je suis pas si sur qu’il se ferait chier à investir dans des trucs qui servent que 3 jours (pelouse, déco). En tout cas, que ce soit les bénévoles, les salariés, Barbaud ou tuttiquanti ils ont l’air de s’éclater et leur entreprise marche… c’est le principal et franchement tant mieux pour eux tant mieux pour nous. pourvu que ça dure mais vu l’interview on comprend quand même que le pognon est bien le nerf de la guerre…
« ouvrir la billetterie sans annoncer de groupe, les gens qui achètent leurs places à l’aveugle on peut difficilement les taxer de venir en touriste ou de choses comme ça »
il a pas compris une chose le gars.
c est justement le contraire ! ca montre que les gens ne viennent plus pour la musique et qu ils s en battent de savoir qui ils vont voir sur scene.
ils vont aux hellfest parce que c est cool.
il n y a qu un tres faible pourcentage de vrais passionnés de metal aujourd hui dans le public du hellfest.
c est devenu un truc grand public
c est devenu le disneyland du metal.
Ils viennent parce qu’ils savent que la prog va être bonne. Moi j’ai acheté mon billet 1 an à l’avance, 2 années de suite, et je n’ai pas été déçu. Si je l’avais été lors de la révélation de l’affiche, j’aurais revendu mon billet et n’aurais pas été au fest. Et je pense que tout le monde fait pareil. J’achète mon billet pour le Motocultor chaque année avant la révélation de la prog, et je suis heureux à chaque fois de découvrir les groupes. Je sais que je ne serai pas déçu cette année non plus, vu que je n’ai jamais été déçu, du coup je continue. Normal. Rien de choquant là dedans.
Ouvrir la billetterie sans noms c’est à double tranchant.
D’un côté les metalleux peuvent acheter leurs places tout en faisant confiance à l’orga pour sortir une affiche énorme mais cela ne s’applique pas aux fans d’un seul genre, par exemple les fans de pure black doivent être déçu cette année par la Temple.
Je parle bien de black tradi pas des groupes comme Defheaven ou Skepticism qui sont pourtant trés bon mais n’ont rien à voir avec le sujet sus-mentionné. Du coup le sblackeux tradi se sentent floué/délaissé au profit des fans d’Alestorm (je troll un peu oui). Et ça s’applique à chaque scènes autre que les Main. Du coup le nombre de gens « déçus » augmente d’autant.
De l’autre côté, les gens qui ne viennent pas pour la musique eux s’en foutent et achètent leur pass quoi qu’il se passe parce que c’est hype. Et ça M. Barbaud semble ne pas en tenir compte, alors qu’il a bien conscience de la hype actuelle sur le Hellfest, et les fests en général.
On assiste depuis quelques années à l’émergence de tourivaliers, sorte de touristes des festivals de musiques (Je ne sais pas comment les nommer). Ce n’est pas propre au Hellfest, c’est répandu à tout les fest, même hors de France. Au lieu d’aller à la plage les gens vont en festival. Pas certains que ce phénomène passe. Il va avec la génération Apple-selfie-connectée-lookatmeimfabulous. Les petits festivals de musiques extrêmes sont épargnés pour l’instant car extrêmes justement. C’est ce public qui est surtout visé par LiveNation, il n’y a qu’à voir les prog proposées par cette entreprise.
Et j’avoue que je les considère comme une plaie en festival.
« tourivaliers », c’est très bon, le mot devrait s’ancrer.
Je pense effectivement qu’il y a les deux cas de figure : le type qui va au Hellfest pour aller au Hellfest, et donc qui se fout de la prog / le type qui de toute façon sait qu’il sera content de la prod.
Oublier l’un des deux est en effet réducteur, et donc dommage.
Perso ça ne me gène absolument pas d’acheter mon billet en aveugle car je sais que la prog sera au niveau et je suis sûr qu’il y aura assez de groupe qui me convienne. Encore une fois j’ai bien fait, rien que pour Emperor. Même sous l’Altar, ça va être énorme. Sur un autre festival je le ferais pas par contre.
@franck « il n y a qu un tres faible pourcentage de vrais passionnés de metal aujourd hui dans le public du hellfest »
Qu’est ce qui te fait dire cela? qui a t’il donc face aux scènes? accoudés aux bars? sous les tentes? qui achête donc ces fameux pass 3 jours en moins de 8 jours? être un vrai passionné de métal ça veut dire quoi pour toi?
je crois que c’est toi qui n’a pas vraiment bien compris le principe d’un festival. rien que le terme « festival » devrait déjà t’orienter un petit peu. Sinon dans ce cas là il y a la même populasse dans les concerts (en pire puisque c’est moins cher).
J’ai + de 50 balais et j’écoute du Hard, Metal, Heavy, Thrash, depuis l’age de 15 ans. Cette année ce sera pourtant la 1ère fois que je vais aller au Hellfest (malgré l’achat du pass 3jours « à l’aveuglette »). Je n’ai plus l’age pour les circle pit et autres wall of death… et en toute honnêteté je me fous des têtes d’affiches et qui plait ou ne plait pas, mais par contre je me fous pas des multitudes groupes que je ne connais pas et que je pourrais découvrir au fil des 3 jours.
Avoir la possibilité de voir autant de groupes, de genres en si peu de temps me transcende et je sais d’avance que je ne pourrais malheureusement pas tout voir. Et ceux qui m’interresse un peu + seront sur scène 3/4 heure – 1 heure max !!!
Alors suis je un passionné de métal ou pas? je sais plus moi. Est ce aussi important que cela?
j’y vais pour l’ambiance, un peu pour la nostalgie du temps écoulé, le dépaysement, la nouveauté, la curiosité, la complicité des autres festivaliers et en toute franchise surtout pour la Musique et boire de la bibine!!! Ecouter de la musique celle que j’écoute depuis l’age de 15 ans à aujourd’hui ! et je me fous royalement qu’il n’y ai pas Metallica (et pourtant ce qui m’empêchera pas de les voir aux 3 dates françaises malgré que tu me fous le doute de savoir si je suis un vrai passionné de métal ou pas).
Alors être un vrai passionné ou pas… entre nous… on s’en fout.
Le Métal est une grande famille et le principal s’est de passer un bon moment, de profiter d’un lieu que des VRAIS passionnés (eux!) nous mettent à disposition pendant ces 3 jours et d’écouter la musique que l’on veut ou que l’on aime.
A bon entendeur…
Moi je suis très content du festival et je le crie sur Internet ! (On se voit dans 2 mois les gars)
Une putain d’interview de malade ! Bravo. Toujours cette énergie et ce discourt sans langue de bois. Très heureux de soutenir ce fest depuis des années, d’acheter ma place les yeux fermés et de profiter de la fête pendant quelques jours ! Un grand merci !
Merci pour cette interview!
Merci pour ce long entretien (il faut en effet quasi une heure pour le lire) qui permet de mieux comprendre ce qu’est la réalité de l’organisation d’un festival aussi important que le Hellfest.
Il y a peu de chances que cela fasse taire les rageux mais pour ma part j’ai trouvé cette interview instructive et le franc parler de Ben Barbaud fait plaisir à lire.
Et j’ai encore plus hâte d’être en juin!
« Et je pourrais t’en donner d’autres des anecdotes en loges, backstage, etc. C’est à mourir de rire. »
Allez, balance, on veut rire 😀