Sept jours de festivités et plus de trois cent cinquante groupes au programme avec Metallica en guise de bouquet final : le Hellfest a fait très fort pour son édition, ou plutôt sa double édition, de l’année prochaine. Pour mieux comprendre ce qui a conduit le festival à vouloir faire trembler Clisson pendant deux week-ends de suite, nous nous sommes rendus dans les locaux du Hellfest avec un objectif précis, celui de refaire le monde avec son directeur Ben Barbaud. Le tout pour un entretien forcément riche et instructif.
Ce dernier se décompose en deux parties : le premier volet traite de l’affiche 2022 et s’inscrit en complément de la longue et intéressante interview accordée par Ben, il y a quelques semaines, au magazine Rock Hard France. Le second volet s’intéresse lui à l’histoire personnelle du programmateur du festival et à sa vision d’entrepreneur.
« Nous sommes toujours contents d’avoir des groupes comme Slayer mais il y a cette rareté en moins […] Lorsque quelque chose sort de l’ordinaire [comme la venue de Metallica], ça excite les gens. »
Radio Metal : L’édition 2022 du Hellfest est étendue sur deux week-ends et le programme est composé de 350 groupes avec Metallica en tête d’affiche. Est-ce une forme d’aboutissement pour toi ?
Ben Barbaud : Je ne dirais pas “aboutissement” : nous n’avions pas prévu d’arriver à un format de deux week-ends, ce sont la situation et les opportunités qui ont fait que. Après la première annulation, nous autres organisateurs avons réfléchi à une manière d’y faire face en prenant en compte les gros risques financiers. Nous devions essayer de trouver des solutions salvatrices pour le festival. Est venue l’idée de proposer un second Hellfest, qui aurait dû être réalisé en 2021, pour aller chercher le manque à gagner vu l’importance de Hellfest Productions. Sur quatre jours, le budget dépasse les 25 millions d’euros et énormément de frais ont été engagés. Nous étions encore en friction avec notre assurance, encore dans le flou, et nous ne savions pas comment nous allions pouvoir nous en sortir financièrement. Au niveau des aides octroyées aux acteurs comme nous, il y a vraiment eu deux phases dans cette crise. La première année, l’État nous a proposé de nous endetter via des PGE et il y a eu le chômage partiel. Après l’annulation de 2021, les aides ont largement été revues à la hausse et ont été, en ce qui nous concerne, à la hauteur de nos charges. Nous n’avions pas tout ceci la première année. Il a donc fallu réfléchir à la manière de combler le manque et à comment se maintenir la tête hors de l’eau. Cela n’a pas été simple. Et puis, après en avoir discuté avec les agents, l’idée du deuxième week-end est venue. Nous devions nous assurer d’avoir une manne artistique suffisamment importante pour justifier un deuxième week-end et nous devions évidemment avoir l’autorisation des collectivités. Nous les avions eues pour 2021, année où nous avons malheureusement connu le même sort qu’en 2020. Maintenant nous sommes en 2022 et le projet va se réaliser. Donc, je ne parlerais pas d’aboutissement car l’idée du “double festival” n’était pas prévue et sans la pandémie, nous aurions gardé le même format. Je comprends que le retour de Metallica (http://www.radiometal.com/category/galerie-photos?tag=metallica) soit un aboutissement pour certains. Ils vont fouler nos planches après dix-sept ans et je sais ô combien ce groupe est important aux yeux de nombreux amateurs et passionnés de metal, donc nous sommes heureux pour eux et aussi pour le festival. Metallica fait partie des groupes que nous n’avions pas réussi à accrocher et nous sommes toujours contents quand un groupe d’un certain calibre, ou d’une certaine renommée, vient pour la première fois au Hellfest.
Cela doit tout de même représenter une certaine fierté…
Je ne dis pas que nous sommes blasés par notre boulot mais ça fait plus de 20 ans que je programme des festivals et quand un artiste n’est jamais venu, nous sentons les retours enjoués du public. Nous sommes toujours contents d’avoir des groupes comme Slayer mais il y a cette rareté en moins et quand nous proposons un événement, nous allons au-delà du concert, nous fonctionnons selon un principe de réunion et lorsque quelque chose sort de l’ordinaire, ça excite les gens comme ça nous excite. Nous avons conscience qu’il s’agit d’une “édition du siècle” : nous avons Metallica, la reformation des Guns (http://www.radiometal.com/category/galerie-photos?tag=guns-n-roses) et Nine Inch Nails (http://www.radiometal.com/article/nine-inch-nails-rock-en-seine-parc-de-saint-cloud-france-24082013,125354) – sur lesquels nous lorgnons et que nous essayons d’avoir depuis des années – sur la même affiche, dans le cadre d’un format exceptionnel qui n’était pas un projet de longue date mais plus une solution pour combler un manque. J’aurais pu parler d’aboutissement si nous nous étions fixé un objectif et que nous y étions arrivé tandis que là, ça a clairement été un enchaînement de situations et d’opportunités. La programmation de Metallica s’est faite sur le fil du rasoir : juste avant l’annonce, nous avions prévu deux week-ends de trois jours en format classique… Et Metallica m’a appelé pour me dire qu’ils allaient potentiellement être sur la route en 2022 mais qu’ils ne pouvaient venir que le dimanche. Notre affiche du deuxième week-end était déjà calée et il a fallu trouver un arrangement pour que Scorpions (http://www.radiometal.com/category/galerie-photos?tag=scorpions) puisse décaler au jeudi. C’est pour cela que ce deuxième festival est sur quatre jours. Rien n’était calculé mais nous avions conscience de l’opportunité que c’était d’avoir Metallica sur l’affiche, aussi bien pour nous que pour un nombre important de festivaliers qui les attendaient depuis longtemps.
Et quelle a été ta réaction lorsque Metallica t’a contacté ?
Au départ, j’ai dit que ce n’était pas possible. Nous avions déjà booké notre affiche et quand le manager m’a appelé, je lui ai dit : “Écoute, je connais un peu la manière de fonctionner des groupes, avec les problèmes d’égo et c’est extrêmement compliqué de faire comprendre à une tête d’affiche que tu as une opportunité plus grosse. C’est très dur de demander à des groupes de bouger parce que des plus gros vont prendre leur place.” J’avais peur que Scorpions, que nous connaissons bien maintenant, réagisse comme ça. Finalement, nous avons réussi à trouver un compromis : ils ont accepté de décaler mais ça a nécessité beaucoup de travail, ils avaient peur que la journée du jeudi soit un peu discount, qu’ils ne partagent pas l’affiche avec des groupes importants, que la journée ne se vende pas bien, etc. J’ai essayé de les rassurer et j’ai bien fait : les quatre jours du festival sont complets, ils joueront pour autant de monde que s’ils avaient joué le dimanche, d’autant que ce n’est pas la journée la plus facile, je pense que beaucoup de gens vont finir sur les rotules. Ça s’est donc fait et j’en suis évidemment très content : après deux ans sans Hellfest, un certain nombre de gens sont frustrés par l’absence de réunion, de gros festivals et nous revenons avec une double formule, avec un certain nombre d’artistes qui ne sont pas passés au Hellfest. Ça excite un peu tout le monde et c’est chouette.
« Pouvoir proposer un double festival nous permet de faire énormément d’économies et donc […] d’aligner Nine Inch Nails sur une date unique en Europe, les Guns et Metallica. »
En ce qui concerne l’organisation du festival et sa gestion, est-il compliqué d’expliquer aux agents que Metallica arrive au dernier moment ?
Ça dépend comment tu le présentes. Peu de groupes peuvent nous permettre de passer à côté de Metallica. Il faut expliquer aux agents et aux intermédiaires l’opportunité que c’est d’avoir un groupe que nous n’avons jamais eu et ce que ça représente pour l’image du festival. Nous pouvons avoir affaire à des agents ou à des managers réticents par mauvaise foi ou par ego tandis que d’autres sont à l’écoute. Nous avons avec certains une relation privilégiée car c’est grâce au Hellfest qu’ils ont réussi à propulser un certain nombre de groupes sur le devant de la scène – ce qui n’arrivait pas forcément souvent avant. Donc beaucoup d’agents et de managers sont reconnaissants. Maintenant, je pense pouvoir dire qu’en grande majorité, nos relations sont gagnantes-gagnantes. Nous avons connu des premières années où nous n’étions pas en positon de demande et ce n’était pas forcément simple. Quand un festival émerge, il y a des doutes sur le sérieux de l’organisation et si les organisateurs ont les reins assez solides. Les agents se méfient et ce n’est pas facile de faire son trou. Il a fallu attendre longtemps avant que les agents aient toute confiance en le Hellfest. Aujourd’hui, je pense que le festival peut se targuer d’être une place forte dans le circuit des musiques extrêmes à l’international. Nous ne sommes plus obligés de faire des courbettes aux artistes pour qu’ils acceptent de venir et vice-versa. Quand les groupes viennent jouer au Hellfest, ils savent qu’il y a de l’argent en jeu, qu’il y a un public à satisfaire. Ça reste du business mais un business agréable.
Par le passé, tu as dit que faire venir Metallica au Hellfest était compliqué car cela allait remettre en cause la diversité de l’affiche. Qu’est-ce qui a rendu leur venue possible ? Est-ce que la pandémie l’a facilitée ?
Ça a été un concours de circonstances. Organiser deux festivals à la suite va permettre aux associations et au festival de faire des économies d’échelle énormes. Aujourd’hui, il coûte extrêmement cher de monter un festival “ville”. Pouvoir amortir tous les frais de structure, et ceux de location sur deux billetteries plutôt qu’une, nous permet de faire des économies énormes. C’est ce qui a permis de dégager du budget supplémentaire pour avoir Metallica, je ne m’en cache pas. Je suis incapable d’aligner Nine Inch Nails sur une date unique en Europe, les Guns et Metallica sur un modèle de quatre jours. Il faudrait faire un trait sur énormément de groupes plus en-dessous mais ça n’a jamais été notre politique. Pouvoir proposer un double festival nous permet de faire énormément d’économies et donc, de pouvoir tutoyer ce genre de cachets. Cela aurait été impossible dans un format classique de trois ou quatre jours.
Si tu avais organisé un festival “normal” de trois jours, il aurait donc été impossible d’avoir ces trois têtes d’affiche ?
Impossible. Nous aurions fait face à énormément de questions d’ordre budgétaire. Il aurait fallu soit faire exploser le prix de la place – nous nous y serions refusé -, soit faire des choix en réduisant drastiquement le nombre de groupes, ce qui n’est pas du tout dans l’ADN du festival. Cela nous permet de rester sur le même modèle et, je pense, sur la même qualité de programmation artistique sur l’ensemble des scènes et sur les deux week-ends, avec des têtes d’affiche importantes. Mais ce sont les économies qui nous le permettent. Tu t’imagines bien que nous allons payer un seul montage-démontage pour les grandes scènes. Par contre, je vais avoir la possibilité de vendre deux fois les tickets, ça nous fait faire d’énormes économies et ça nous permet d’avoir un budget artistique beaucoup plus important. Les gens viendront critiquer en demandant pourquoi le paquet a été mis sur le deuxième week-end. C’est à cause d’un malheureux concours de circonstances : nous avons perdu System Of A Down sur le premier weekend. Ils ont décidé de ne finalement pas faire leur tournée alors qu’ils avaient accepté en 2020 et en 2021… Je ne connais pas les raisons réelles de l’annulation de cette tournée mais nous avons conscience que cela allège le premier week-end. Comme je l’ai dit, Metallica avait la possibilité de ne venir que le dimanche 26 juin, alors que nos deux week-ends étaient bookés. Donc oui, nous avons constaté la grosse différence en termes de têtes d’affiche. J’ai toutefois entendu des gens plus intéressés par les petites scènes dire que le premier week-end était plus intéressant, mais je sais que malgré tout, les gens regardent ce qui brille. Car même si on ne va pas à un événement pour les têtes d’affiche, dire qu’on ne les regarde pas serait mentir. Le premier week-end brille évidemment moins que le second et je comprends ce que le public peut ressentir. Mais c’est malheureusement un concours de circonstances qui a fait que. Nous n’avons pas mis Metallica au deuxième week-end pour vendre plus. L’année dernière, tous les groupes avaient accepté de revenir et d’un coup, nous perdons System Of A Down au premier week-end alors que le groupe n’était jamais venu, merde ! NIN et les Guns sont en tête d’affiche du deuxième week-end donc avec SOAD sur le premier, ça aurait été à peu près équilibré. Le concours de circonstances a fait qu’un dimanche matin, je reçois un appel du manager de Metallica, ça a été une opportunité en or pour nous mais il persiste et il signe : le groupe ne peut venir que le 26, impossible de décaler la date. Nous avions même envisagé d’organiser une soirée spéciale entre les deux week-ends mais ça n’a pas été possible… Nous voulions vraiment équilibrer l’affiche mais les choses ont fait que et voilà le résultat.
« [Les gars d’AC/DC] arrivent à un certain âge où ils n’ont plus la force de faire des festivals […]. Ce n’est pas une priorité pour nous de les avoir et nous n’arriverons pas à les convaincre. Mais les choses peuvent changer. »
Aujourd’hui, les deux plus gros groupes de la scène sont Metallica et AC/DC. Est-ce qu’un groupe de cette ampleur peut venir au Hellfest seulement si quatre jours sont assurés ? Ou est-ce qu’un budget de trois jours vous permet d’inviter de telles têtes d’affiche ?
Oui, à l’image de certains festivals. C’est surtout une question d’amortissement avec ce qui coûte le plus cher, à savoir le matériel, les infrastructures et les hommes qui les montent / démontent. Les gens doivent se rendre compte que sur un budget de 25 millions d’euros, l’artistique ne coûte que 7 ou 8 millions, ce n’est pas du tout la plus grande partie de l’économie de notre festival. Et ces pourcentages se retrouvent dans à peu près tous les types d’événements au moins aussi importants que nous. Les grosses têtes d’affiche sont possibles au détriment de l’accueil du public – ce qui est inconcevable. Je connais un certain nombre de festivals qui font ce pari et qui sont souvent déçus. Pour moi, le succès d’un festival réside dans la fidélisation du public et elle doit obligatoirement coïncider avec un accueil. J’ai été le premier à en faire les frais pendant les premières années du festival : nous n’avions pas les moyens de nos ambitions et notre politique allait plutôt dans le sens d’une grosse affiche pour attirer du monde et concrétiser l’achat, au détriment d’une organisation pas du tout à la hauteur des attentes du public. Nous nous sommes tirés une balle dans le pied en reproduisant cette erreur l’année d’après, avec une affiche alléchante et encore plus importante, mais les gens ont hésité en se plaignant d’avoir été traité comme du bétail l’année d’avant. Nous avons réalisé que nous allions devoir complètement changer notre politique, y aller à tâtons, faire en sorte que l’affiche progresse mais que l’accueil du public puisse également progresser et ça s’est fait naturellement. D’autres décident de faire autrement et c’est leur choix. Maintenant, nous arrivons sur un modèle où des artistes capables de remplir des stades comme AC/DC, Metallica ou les Guns demandent des cachets extrêmement importants et il est difficile d’imaginer les cumuler pour en produire deux ou trois par week-end. Tu as justement évoqué AC/DC, je t’avoue ne pas en avoir parlé avec eux mais ils n’aiment pas le format festival, ils n’en ont pas envie, ce qui n’est pas le cas de Metallica. Aujourd’hui ils sont un groupe de stade à l’instar de Rammstein mais ils reviennent de temps en temps vers les festivals. Économiquement, c’est bon pour eux : nous nous chargeons de mettre en place toute la production et ils n’ont pas à construire leur scène dans un stade.
Penses-tu que ce sont les musiciens d’AC/DC qui n’aiment pas l’ambiance des festivals ?
Je pense, oui. Après je ne suis pas dans leur tête mais je pense qu’ils arrivent à un certain âge où ils n’ont plus la force de faire des festivals, à cause des efforts d’adaptation que ça demande. Et puis, ils ont un rythme généralement très calé sur la sortie de leurs albums : quand ils en sortent un, une tournée des stades s’en suit et puis ils font une pause. Metallica fait les choses différemment. Après une sortie d’album, les groupes de leur importance tournent avec leurs propres moyens : ils font leurs propres salles, leurs propres stades et c’est normal vu les décors qui vont avec les albums. Néanmoins, il y a des périodes creuses où Metallica revient vers les festivals. Cela leur permet de tourner et de se faire de l’argent, on ne va pas se le cacher. Je pense d’ailleurs que l’économie des festivals leur rapporte plus que l’économie des tournées vu qu’ils n’ont rien à prévoir. Des groupes comme Metallica sont peut-être moins fatigués qu’AC/DC par le fait d’être tout le temps sur la route… Je pense qu’à 70 ans, les gars d’AC/DC veulent y aller plus calmement. Après, les choses peuvent changer, il peut toujours y avoir des opportunités : c’est possible que demain, AC/DC nous annoncent leur venue. Leurs deux derniers festivals ont été Coachella et le Download, et ils n’ont pas aimé. Ce n’est pas une priorité pour nous de les avoir et nous n’arriverons pas à les convaincre. Mais les choses peuvent changer. Évidemment que si nous avons l’opportunité de les avoir, pour le public et pour l’image du festival, nous le ferons. Après, est-ce que ce serait dans le cadre d’une quatrième soirée exceptionnelle qui nous permettrait d’amortir plus facilement le cachet ? Je ne sais pas.
Vu le côté très événementiel de l’édition 2022, appréhendes-tu certaines choses ?
La fatigue. La fatigue qui amènerait des dysfonctionnements. C’est un format inconnu pour nous tous, je parle au nom des permanents, des intermittents, des bénévoles, etc. Il y a l’envie, de l’excitation, et après deux ans sans rien, nous sentons que ça pousse derrière : tout le monde a envie d’y aller. Mon inquiétude se base surtout sur les potentiels dysfonctionnements liés à des abandons de postes parce que ce serait trop compliqué physiquement. Je vois dans quel état physique et psychologique sont les gens après trois ou quatre jours de festival : nous sommes tous sollicités, tous sur les rotules. Même moi qui pendant quatre jours n’ai pas grand-chose à faire à part serrer des mains et discuter, je finis malgré tout claqué parce que je suis extrêmement sollicité. C’est pareil dans tous les festivals, du plus petit au plus grand rôle. Nous allons essayer d’être attentifs et de faire beaucoup de prévention vu à quel point tout le monde est excité par cette “édition du siècle”. Ils vont enchainer à mort, nous allons leur dire de faire attention et de prévoir une bonne gestion de la fatigue. C’est comme si un coureur habitué à faire 10 ou 20 kilomètres allait tenter un marathon. En tant qu’organisateurs, notre rôle est de faire en sorte que tout se passe bien durant ces dix jours pour éviter les désistements. Je pense qu’il va falloir faire beaucoup de prévention et que les gens prévoient de doubler les postes s’ils ne sont pas sûrs de tenir. Une grosse partie des gens veulent faire les deux week-ends mais j’ai des doutes. Mieux vaut être dans la prévention et dans l’alerte en mettant en évidence les risques liés à l’accueil d’autant de monde. Il faut que la qualité de l’accueil soit équivalente d’un week-end sur l’autre. Il est donc nécessaire que certains prennent des jours de repos entre deux pour pouvoir vraiment revenir à 100 %. S’ils reviennent à 50 %, nous risquons d’avoir des problèmes.
« Malgré tous les signes extérieurs de richesse que peut arborer le Hellfest d’aujourd’hui, nous restons attachés au modèle associatif. Chaque centime gagné est investi dans l’accueil public ou des salariés. »
D’autant plus qu’il peut y avoir un certain nombre d’inconnues…
Oui, imagine un mauvais temps qui vient encore plus fatiguer les troupes… Après, j’ai hyper confiance en les personnes qui travaillent autour du Hellfest. Je sais qu’ils sauront prendre les bonnes décisions. Des salariés aux bénévoles, nous sommes une équipe solide maintenant, ce n’est plus comme il y a 15 ans, nous sommes rodés. Mais c’est vrai qu’il y a l’inquiétude d’avoir perdu quelques acquis : nous avons passé deux ans sans festival et nos habitudes d’organisations ont changé. En interne, ça fait dix-huit mois que nous balbutions notre travail, des automatismes ont dû se perdre et il va falloir les retrouver. Nous allons être vigilants. A contrario d’autres collègues, nous n’avons plus cette pression de devoir réussir socialement : les deux événements sont complets, c’est déjà une charge importante de stress en moins. Maintenant, à nous d’être focus sur tout ce que nous allons pouvoir anticiper. Je préfère être dix fois plus prévoyant et précautionneux, peut-être même de trop pour que nous puissions être zen. J’ai bien conscience qu’après deux ans sans festival, toutes les équipes vont êtres euphoriques, surtout avec le point d’orgue que sera Metallica : les gens vont vouloir vivre le moment et je les comprends. Ça va être à nous de leur dire que ça ne sert à rien de partir à donf, comme un coureur pendant les dix ou vingt premiers kilomètres du marathon pour se retrouver épuisé et devoir arrêter. Ce serait préjudiciable pour nous. Nous n’avons jamais travaillé sur ce genre de format mais quelques rares festivals le proposent déjà depuis plusieurs années comme Coachella ou Tomorrowland. Ils arrivent à le faire donc nous devrions y parvenir aussi. Mais eux ont l’habitude, tandis que c’est une première pour nous. Le moindre changement peut provoquer beaucoup de dysfonctionnements dans une machine comme la nôtre et en l’occurrence, il ne s’agit pas d’un petit détail : nous multiplions le festival par deux ! Nous devons y être préparé et j’ai une super confiance en l’équipe pour que tout soit au top.
Tu as dit ne pas vouloir imposer deux festivals de la sorte à la ville de Clisson et que ce serait vraiment exceptionnel. Peut-on imaginer ce type de festival ou même un Hellfest “normal” dans d’autres pays ?
La question s’est posée mais j’ai du mal à imaginer que le concept actuel du Hellfest – ce pour quoi les gens sont attachés au festival, à son image, etc – soit transposable ailleurs. La fidélisation s’est en premier lieu faite grâce à l’affiche artistique mais depuis plusieurs années, je pense qu’elle s’est aussi faite grâce au décorum, à la scénographie, à l’ambiance, aux aménagements, etc. Vu l’investissement que nécessitent ces types d’aménagements, je ne vois pas comment ça peut être transposé. Certains collègues s’y sont déjà essayé : le Wacken au Brésil, le Tomorrowland aux USA… C’est compliqué et pas forcément rentable. La construction du Hellfest s’est faite de façon associative, nous avons commencé à deux et ça a évolué. Aujourd’hui, quelqu’un qui voudrait investir dans je ne sais quel pays pour reproduire le Hellfest va vouloir le festival tel qu’il le connaît maintenant et à moins de tomber sur un fou multimillionnaire qui voudrait investir à mort, je ne vois pas comment ce serait réalisable. Il faudrait accepter de perdre beaucoup d’argent pendant les cinq premières années, au moins. Il faudrait investir des sommes phénoménales pour recréer ce qu’il y a à Clisson mais c’est impossible de tout acheter comme ça : on ne peut pas acheter l’implantation qui s’est faite autour du territoire grâce au bénévolat, aux associations, etc. Il faut des années et des années de travail… Je ne te parle même pas de la création des décors : ce sont des dizaines de millions d’euros qui ont été investis pendant ces dix dernières années. C’est impossible, sinon ça aurait déjà été fait. Plusieurs personnes ont essayé et ont renoncé en voyant ce que ça allait coûter. C’est comme un club de foot finalement : le Qatar arrive au PSG et injecte des sommes absolument incroyables en vue d’un plan à long terme, mais pour combien de millions perdus au début ? Qui, dans le milieu du spectacle, a les reins pour faire ça ? Même des boites comme Live Nation en sont incapables, parce qu’ils se projettent sur une rentabilité à court ou moyen terme. Passé deux ou trois ans, ils baissent les bras en se disant que ça ne vaut pas le coup. Nous l’avons vu avec le Download : ils ont investi pendant 3 ans, ont vu que ça ne marchait pas et on tout mis à la poubelle.
En quelque sorte, votre fonctionnement est-il resté proche du modèle associatif ?
Exactement. À l’instar des Vieilles Charrues et d’autres, c’est une histoire associative qui a construit et adapté le Hellfest, en fidélisant un public au fur et à mesure des années. Notre politique est complètement différente de celle de grosses boites d’investisseurs cotées en bourse qui espèrent un rendement à plus ou moins court terme : après avoir acheté, les actionnaires ne veulent voir que le résultat final. Ils se sont vite aperçu que les festivals pouvaient être une manne mais il faut de la patience, être ancré localement et ces boites n’y arrivent pas parce que ça nécessite trop de temps. Ils ne pourront jamais avoir notre politique. Lorsque tu montes un festival de ce type, il faut se mettre en tête que le succès n’est pas un objectif mais une conséquence… Pour Live Nation, le succès est l’objectif. Nous avons monté le Hellfest petit à petit et aujourd’hui, le succès nous dépasse parce que nous y avons mis énormément d’énergie et de passion. Nos décisions ont plu et la fidélisation s’est faite. Nous avons réussi à construire ce modèle et quand nous en parlons aux grosses sociétés, elles disent n’avoir ni le temps ni l’énergie de le faire. Quand j’ai inventé le festival, tu crois que je m’imaginais vingt ans après, dans 1200 m2 de bureaux ? Non ! Je me souviens de ma première paye en 2003, Yoann n’était même pas encore arrivé : je gagnais le petit SMIC et j’étais l’homme le plus heureux du monde en m’imaginant pouvoir m’y maintenir en faisant ce métier. Les choses ont évolué maintenant, elles se sont faites petit à petit mais nous n’étions pas dans l’idée de monter quelque chose avec un gros budget parce que nous devions faire tant d’argent. Malgré tous les signes extérieurs de richesse que peut arborer le Hellfest d’aujourd’hui, nous restons attachés au modèle associatif. Chaque centime gagné est investi dans l’accueil public ou des salariés mais il n’y a pas de redistribution de dividendes : je ne vais pas me faire un chèque de 2 millions d’euros pour m’acheter un yacht parce que le festival a bien marché. Après, nos salaires sont évidemment bien plus importants qu’il y a vingt ans, je ne dis pas le contraire : c’est une belle structure qui fonctionne bien sur le plan commercial, je n’en ai pas honte. Mais nous restons sur le même système qu’auparavant et c’est certainement ça qui a fidélisé autant de monde. Tout l’argent gagné a été réinvesti, je ne suis pas sûr que les grosses sociétés l’auraient fait. Si j’avais opté pour un modèle classique de société commerciale, aurais-je investi dans tout ceci ? N’aurais-je pas pris une part pour ma gueule ? Et si je l’avais fait, est-ce que le festival aurait eu un tel succès ?
« Quand Slipknot a explosé dans ma jeunesse, il était de bon ton de leur cracher dessus quand on se disait connaisseur, en disant que c’était pour les gamins parce que ça allait faire des couvertures de magazines. Mais ils continuent à faire des albums aussi violents que le premier et c’est la même chose pour le Hellfest. »
Sur le plan du développement économique, as-tu cherché à évoluer étape par étape depuis 2006-2007 ?
Oui ! J’ai toujours cherché le break even, le point de chute, c’est-à-dire de finir à zéro. C’était ça l’objectif des premières années. À l’époque, nous ne finissions pas à zéro mais dans le négatif. Nous avons toujours bataillé pour arriver à zéro et à partir de 2014, la balance a commencé à s’inverser. En remontant au FuryFest, tu t’imagines qu’entre 2002 et 2014, une fois que le festival de l’année était fini, l’objectif était d’arriver au point de chute l’année suivante. Il a fallu 12 ans d’investissement pour en arriver là. Aujourd’hui, le Hellfest représente 25 millions d’euros de budget, presque le double des Vieilles Charrues qui sont à 15 millions ! J’ai souvenir qu’en 2006/2007, le Hellfest se traînait la réputation de pire festival et nous en étions conscients ! À l’époque, nous n’avions pas les moyens de nos ambitions, ni suffisamment d’hommes qui travaillent à nos côtés car nous ne pouvions pas les payer. Nous avons tout monté avec peu de moyens et nous avons eu la chance d’avoir énormément de gens qui ont rejoint le projet par passion. Ben Barbaud tout seul n’aurait rien réussi. Il y a eu un tournant vers 2008/2009, nous avions compris qu’uniquement se concentrer sur l’affiche artistique n’était pas une solution. Au-delà de cette affiche, il fallait proposer une expérience plus globale, en mettant en place une scénographie et en créant un univers. Aujourd’hui, quand les festivaliers sortent d’un festival, leur sentiment général dépend de beaucoup de choses en dehors des concerts : les rencontres, l’ambiance, le temps, la nourriture, la boisson, etc. Si un festivalier a du mal à atterrir en rentrant chez lui et que sa première idée est de revenir l’année prochaine, nous avons réussi notre coup… Mais ce n’est pas possible seulement avec une affiche. Tu auras beau avoir les meilleurs groupes et les meilleurs concerts du monde, les gens ne vont pas s’attacher si tout le reste est plat.
Penses-tu que le Hellfest doit donc une grande partie de son succès à ce côté “entertainment” ?
Je sais que c’est une pensée à contre-courant puisque des gens viennent nous reprocher d’être trop “Disneyland” et je peux complètement le comprendre. D’autant plus que notre politique tarifaire a changé et de plus en plus de curieux viennent – certainement à cause de la scénographie, je ne dis pas le contraire – mais ça a été un vrai choix de notre part. Selon moi, c’est grâce à cette politique que nous avons réussi à pérenniser le festival. D’autres ont essayé en faisant des affiches parfois bien plus grosses que les nôtres et ils ont pris cher, donc nous continuons sur cette lancée et je t’avoue que ça nous fait triper ! Que ça ne corresponde plus à une frange du public, je peux l’entendre : du haut des mes 40 ans et vu mes goûts musicaux, je ne m’imagine même pas être un client régulier du Hellfest. Si j’étais du coin, je viendrais sûrement avec des potes mais pas dans l’idée d’aller voir tel ou tel artiste. Je comprends complètement les gens qui préfèrent aller les voir dans des conditions de salle, dans des endroits plus intimistes et qui préfèrent voir maximum trois artistes par soirée. Nous avons notre créneau et vu à quel point les billets partent, il convient à une certaine frange du public mais je n’aime pas quand les gens disent qu’il n’y a plus que des touristes, il faut arrêter d’exagérer. Nous avons des photographes et la télé tous les ans mais les types à cheveux longs et aux vestes à patchs restent majoritaires. Il n’y a pas que des gens lambda. Des curieux, ok, mais qu’il y en ait des capables de dépenser 250 balles, plus le logement, plus le trajet, plus la nourriture, etc., juste parce qu’un copain y va, je ne suis pas sûr qu’il y en ait tant que cela. Nous avons été curieux de voir ce qui se fait à Coachella et à Tomorrowland mais je n’irai jamais payer pour faire la queue pendant des heures juste pour aller à un festival qui peut m’impressionner visuellement. Et n’étant pas fan de David Guetta et consort, je ne vais pas y aller. C’est un peu facile maintenant que nous sommes devenus énormes en France. Quand Slipknot a explosé dans ma jeunesse, il était de bon ton de leur cracher dessus quand on se disait connaisseur, en disant que c’était pour les gamins parce que ça allait faire des couvertures de magazines. Mais ils continuent à faire des albums aussi violents que le premier et c’est la même chose pour le Hellfest.
Si le Hellfest 2022 est annulé pour une raison ou une autre liée à la crise sanitaire, quelles seront les conséquences ? Est-ce que vous pourriez rebondir ?
C’est difficile pour moi de répondre à cette question. Je n’ai pas du tout envie de me mettre ça dans le crâne. Si nous voulons attaquer dans de bonnes conditions et anticiper au mieux pour vraiment que l’édition soit réussie, nous ne devons pas partir en imaginant qu’une épée de Damoclès tourne au-dessus de nos têtes. Je suis quand même responsable de salariés et en charge de quelque chose qui n’est pas anodin. Mon rôle est aussi de voir plus loin que le bout de mon nez. Te dire aujourd’hui comment je réagirais, je n’en ai aucune idée. Cette pandémie nous a réservé tellement de surprises, il y a tellement eu de changements à cause des décisions du gouvernement… Je suis malgré tout rassuré par le pass sanitaire : même si certaines personnes peuvent le critiquer, il nous a permis de contrer la pandémie et reprendre notre métier. Je ne sais pas s’il sera encore en vigueur l’été prochain, ce n’est évidemment pas moi qui vais en décider mais s’il le faut, nous l’imposerons et j’ai tendance à croire qu’il sera encore en place l’année prochaine. Nous aurons beau faire des manifs, ça ne changera pas grand-chose. Après, nous avons tous vécu 18 mois que personne n’aurait pu anticiper ou imaginer. Si demain l’arrivée de je ne sais quel variant fait tout foirer, je réagirai en fonction de la situation et de la gravité des choses. Nous pourrions refermer à cause d’un variant qui s’attaquerait à nos enfants mais ce serait un scénario catastrophe où l’anticipation ne servirait pas à grand chose. J’en ai déjà discuté avec des collègues du métier, si la situation 2020/2021 se répète en 2022, oui, des questions existentielles sur l’avenir de notre métier vont sûrement se poser. Comme je te l’ai dit, une annulation en 2022 serait justifiée par l’apparition d’un variant destructeur qui s’attaquerait aux moins fragiles avec un taux de mortalité encore plus important, avec le vaccin qui ne fonctionne plus et ce serait la panique mondiale, à mon avis. Si ce scénario catastrophe se réalise, je ne saurai même pas comment réagir. C’est difficile de se projeter et je ne veux pas imaginer le pire. Nous avons la solution du pass sanitaire et peut-être qu’entre-temps, des avancées sur les traitements pourraient permettre de retrouver une pleine liberté, même pour les non-vaccinés et pour les anti-pass sanitaire. Nous n’avions pas cette carte en main l’année dernière, nous étions dans l’attente de solution et nous en avons une, aujourd’hui. Grâce au pass et à certaines conditions d’entrée, si le festival devait commencer dans quinze jours, nous pourrions l’assurer. L’inconnue reste la pleine réouverture des frontières pour que les artistes – surtout Anglo-Saxons et Américains – puissent venir librement en Europe. Mais la communauté européenne prend généralement des décisions assez calquées… Si l’Angleterre rouvre, même si elle ne fait officiellement plus partie de l’UE, l’Europe rouvre, et vice-versa. Donc je ne suis pas vraiment inquiet pour l’année prochaine.
« C’est bien différent de certains entrepreneurs qui se fixent un objectif et font tout pour y arriver. Dans mon cas, cela s’est fait naturellement grâce à un mélange de naïveté, d’inconscience mais aussi grâce à une paire bien accrochée et d’autres choses qui ont contrebalancé. »
Peu de gens connaissent véritablement ton histoire personnelle. D’où te viennent cette détermination et cet acharnement ?
Mes parents n’étaient pas entrepreneurs, donc, je ne sais pas, ça doit être le côté créatif de ma personnalité. Je ne vais pas dire que j’aime prendre des risques… car ça reviendrait à dire que je les calcule. J’en ai plus pris par naïveté et par rêve. J’ai toujours été d’un tempérament positif, à aller de l’avant sans me poser de questions. Et je pense que, malgré la naïveté, je dois avoir une fibre d’entrepreneur. Je me vois plus comme un créateur que comme un gestionnaire. D’ailleurs, les gars te le diront : je ne sais pas me dicter beaucoup de choses, j’aime réaliser une idée que j’ai sur le coup. J’ai maintenant la gestion du Hellfest à ma charge, après que nous ayons connu l’expérience malheureuse du FuryFest. A l’époque, j’avais ce tempérament, cette envie de créer, mais j’avais délégué la gestion car, sur ce sujet, je ne me pensais pas à la hauteur. J’ai donc délégué à un truand qui a tout fait foirer et ça m’a servi de leçon ! J’avais des idées mais il fallait que j’assume la gestion, l’un ne va pas sans l’autre. Vouloir créer en ayant un gestionnaire qui va essayer de te raisonner ne va pas marcher. Des premières années jusqu’à aujourd’hui, quand j’ai une idée, quand je veux investir dans telle ou telle chose, tout le monde me regarde avec de gros yeux en pensant que je délire !
Maintenant que j’ai 40 ans, et un peu plus d’expérience que quand j’en avais 20, je ne pense pas reprendre de tels risques. Je ne pense même pas que j’aurais l’énergie de repartir à zéro, mes décisions seraient quoi qu’il en soit plus raisonnées. Mais d’un autre côté, aucun risque ne sera pris si toutes les décisions sont concentrées sur la gestion. Je ne suis pas un calculateur. Le succès est une conséquence mais n’a jamais été un objectif. C’est bien différent de certains entrepreneurs qui se fixent un objectif et font tout pour y arriver. Dans mon cas, cela s’est fait naturellement grâce à un mélange de naïveté, d’inconscience mais aussi grâce à une paire bien accrochée et d’autres choses qui ont contrebalancé. Si j’étais uniquement naïf et inconscient, je ne suis pas sûr que le Hellfest en serait là où il est. J’ai aussi bien su m’entourer de gens passionnés, dont je savais en les rencontrant qu’ils allaient pouvoir apporter quelque chose de bénéfique au festival. Cela ne s’est pas contre-vérifié : nous en sommes à la dix-septième année et j’ai dû virer une seule personne. Yoann (Le Névé ; Direction partenariats) est arrivé en tant que stagiaire à l’époque du FuryFest, il est devenu mon bras droit pour monter le Hellfest, idem pour Eric (Perrin ; responsable communication) – lui aussi ancien stagiaire… Tous les gens que nous avons rencontrés ont apporté des choses au festival et ont contribué à le faire grossir.
Un des écueils courants de l’entrepreneur est parfois de camper sur ses idées et de ne pas suffisamment écouter les gens. As-tu appris à être à l’écoute ?
Quelqu’un qui veut la jouer complètement solo va dans le mur, je suis entièrement d’accord. Je suis de nature impulsive et quand j’ai quelque chose en tête, j’y vais et je peux donner l’impression de n’écouter personne et de foncer tête baissée… Mais j’ai tout de même du recul. Cela demande parfois du temps mais je ne suis pas du genre à partir dans des choses inconsidérées. Comme je te l’ai dit, nous n’en serions pas là si je n’étais qu’une personne naïve et inconsciente. J’ai un peu plus de capacité d’analyse et de gestion que d’autres. J’en connais qui vivent sur une autre planète, comme par exemple ce gars de Beauvais qui avait inventé son propre festival !
Est-ce que des événements marquants de l’histoire du Hellfest, analysés comme des échecs ou des crises, t’ont servi pour passer des caps ?
Carrément ! J’ai monté ce festival en 2002 dans ma piaule, sans aucun objectif, en n’ayant aucune expérience de quoi que ce soit. J’étais juste un gars passionné par ces musiques (plus punk hardcore à l’époque), piètre musicien et incapable d’écrire dans des fanzines. Mais je voulais une place dans la scène, je ne voulais pas être un simple spectateur, sûrement à cause de cette fibre d’entrepreneur et cette volonté de bouger. J’ai commencé à organiser des petits cafés concerts, à coller des affiches A3 imprimées au bureau du coin sur des structures EDF du centre de Nantes… Ça a commencé comme ça et ça me plaisait bien : ça m’a permis d’être en contact avec des artistes, surtout grâce à Internet. C’était beaucoup plus compliqué pour des collègues bien plus anciens que moi. Car, au fond, c’était extrêmement simple : tu prenais un putain de CD, tu ouvrais le livret et tu avais le contact. Je ne prenais évidemment pas le contact de Metallica à l’époque, tu t’en doutes bien, mais dans les petits groupes de punk, de hardcore que j’appréciais bien, j’avais parfois directement affaire au chanteur ! J’envoyais des mails un peu naïvement et le contact s’installait. Ce métier me branchait vraiment alors que je n’y connaissais rien ! Du temps de la première édition du FuryFest en 2002, je ne savais même pas ce qu’était un régisseur. Je suis arrivé, j’ai ouvert la salle, j’ai installé les groupes, on m’a demandé si j’avais un régisseur, des intermittents, des secouristes… moi je pensais juste que les copains étaient prêts à faire un bandage si un type se faisait mal ! Je ne connaissais rien du tout et j’étais prêt à recevoir 3 000 personnes. Yoann est ensuite arrivé en stage. Il a rapidement pris une partie de mon travail que j’avais du mal à digérer, comme la comptabilité, alors qu’il n’y avait jamais été formé. Mais il avait cette envie de faire, il voulait être dans l’orga. Nous nous sommes faits petit à petit, sur le tas.
« J’ai été pris pour un idiot pendant plusieurs années. J’ai souffert de ma jeunesse face à des gens qui ont souvent la mainmise. […] Ils étaient parfois dédaigneux face à un petit trou-du-cul de Clisson. »
Parfois, dans l’industrie de la musique, on peut sentir dans les discours des décisionnaires un certain côté hautain. L’as-tu senti à tes dépens au cours de tes expériences ?
J’ai été pris pour un idiot pendant plusieurs années. J’ai souffert de ma jeunesse face à des gens qui ont souvent la mainmise… Pas tellement dans le milieu punk underground néanmoins, car les producteurs parisiens ne s’y intéressent pas. Il faut vraiment aller chercher les connaisseurs, si on est soi-même ni passionné ni fan de la scène, on ne touche personne. Mais quand j’ai commencé à tâter le milieu metal, du hardcore et du punk plus populaire, j’ai commencé à me frotter à des gens en place depuis extrêmement longtemps. Et oui, ils étaient parfois dédaigneux face à un petit trou-du-cul de Clisson. Mais ça a vraiment été une source d’énergie ! J’avais des idées, j’étais sûr qu’elles étaient bonnes, mais je n’avais ni les moyens humains ni les moyens financiers de les concrétiser. J’ai donc travaillé d’arrache-pied pour gagner la confiance de ces gens-là. J’ai plus facilement eu celle des intermédiaires étrangers que celle des Français. Pour eux, le FuryFest et le Hellfest, c’était de la merde. À un moment, ça a commencé à les titiller, certains ont essayé de m’entuber et plusieurs ont réussi, certainement parce que j’étais trop naïf. Ils voulaient profiter de notre travail pour s’en octroyer la gloire et les intérêts financiers. Nous sommes tombés dans le panneau plusieurs fois mais à un moment, j’ai décidé que ça devait s’arrêter et maintenant, nous sommes premiers. Quand nous avons fait un communiqué en janvier de l’année dernière pour presser la ministre de réagir à la situation, tous mes collègues des autres festivals m’ont appelé pour me dire « merci ». Ils savaient qu’ils n’avaient pas la portée pour le faire. Même des syndicats m’ont remercié alors que nous sommes l’un des rares festivals non syndicalisés… Une semaine après le courrier, nous avons fait des réunions de travail et ça avançait. Nous nous sommes rapidement rendu compte que c’était foutu pour nous, à cause du cadre imposé par la ministre, là où d’autres modèles de festivals étaient adaptables, chacun a pris ses décisions et certains ont réussi, d’autres non.
Je te dis cela parce que l’économie que génère le festival, et la popularité de la marque, nous permet d’être pris plus au sérieux sans pour autant être dans les cercles parisiens un peu m’as-tu vu de type « j’ai tout vu, tout fait », etc. Nous sommes bien dans notre campagne ! Je ne te cache pas que nous avons eu plaisir à voir certaines initiatives de grosses sociétés se viander bien comme il fallait. Nous avions tout de suite vu que ça n’allait pas marcher alors que certains se pensaient capables de cramer le Hellfest. Après, je ne me regarde pas tous les jours devant ma glace en disant « on les a tous eus ! ». Derrière l’image de paysans du Hellfest, il y a quand même cette marque de respect qui s’est construite après des années et des années. Après 20 ans. Maintenant j’en ai 40, si je voyais un petit de 20 ans arriver avec la même naïveté que moi, je lui dirais peut-être de se calmer un peu… Je n’en veux pas à la terre entière et, à quelques rares exceptions près, je m’entends avec l’ensemble des gens du milieu. Fut un temps où les intermédiaires français ne souhaitaient pas me vendre des groupes car ils ne nous prenaient pas au sérieux. Nous devions lutter avec les intermédiaires étrangers pour les faire accepter et mes premiers accords ont été faits en direct avec l’étranger. Aujourd’hui, le Hellfest est devenu une grosse machine. Il faut qu’un maximum de gens puisse en profiter dans l’industrie du spectacle vivant, alors nous travaillons avec tout le monde… sauf exceptions.
Dans l’interview que tu as accordée il y a quelques semaines à Rock Hard France, tu as dit beaucoup voyager, même si cela a changé. Peux-tu décrire ton quotidien ?
Depuis 18 mois, nous avons 1 200 m2 de bureaux et j’étais plus ou moins tout seul, c’était un peu glauque. Aujourd’hui, la majeure partie de mon travail est de faire du management. Je suis le seul à avoir gardé, et devoir garder, un œil sur tout ce qui se déroule. Ce n’est pas pour ça que je ne délègue pas mais je suis encore très présent dans la façon dont le festival communique, dans toutes les questions financières, de gestion et d’administration. Également dans la relation avec les intermittents, les bénévoles, etc. Certaines personnes s’imaginent que c’est bon dès que les artistes sont bookés, pas du tout ! Je suis encore très présent dans la technique, même dans l’entretien des pelouses… je suis multi-casquettes. Dans d’autres organisations de festivals, tous les rôles sont définis et répartis, mais moi j’aime encore toucher à tout : la scénographie, l’administration, la communication, la gestion des bénévoles, les relations avec les partenaires, tout m’intéresse. C’est parfois compliqué de passer du coq à l’âne… mais j’ai besoin de prendre un maximum d’infos.
Si tu imaginais ta vie sans le Hellfest, tu te verrais faire quoi ?
Je ne sais pas ! Quelque chose dans le pinard je pense… j’ai fait mes études dedans et je reste un passionné. Peut-être caviste, sommelier, je n’en sais rien. Aujourd’hui, le Hellfest a les reins suffisamment solides pour que nous ayons une vision à plus long terme et c’est une chance. Pendant les dix premières années, je voyais tout année par année. Au sortir du FuryFest en 2005, nos amis étaient partis avec la caisse, Yoann était prêt à tout lâcher pour rentrer en Bretagne. C’était très dur psychologiquement et nous étions repartis sur un nouveau challenge sans une caillasse, au chômage et en 2006, nous avons perdu entre 200 000 et 300 000 euros. J’ai réussi à le convaincre de retenter. Nous avons réussi à récupérer notre trou après avoir fait 2007 mais à quel prix ? Notre organisation a été déplorable, tout le monde est reparti avec l’image du pire festival… mais si c’était une erreur à refaire, si ça se trouve, je la referais. Si nous n’avions pas réussi à récupérer ces 200 000 – 300 000, l’histoire aurait été finie, nous aurions mis la clé sous la porte. Yoann serait rentré chez lui et j’aurais sûrement été pointer avec mon CV pour bosser dans le pinard. 2007 a été une étape nécessaire : il fallait récupérer cet argent. À l’époque, le budget de l’association était peut-être d’1,5 million, une perte de 200 000 – 300 000, c’est lourd ! Nous sommes arrivés en 2007 avec notre affiche mais le prix à payer a été horrible : pas assez de personnel, 3 toilettes pour 11 000 personnes… Après 2007, nous sommes repartis d’une feuille blanche, sans dettes et la politique a changé : le ratio des investissements allait être cohérent pour bien accueillir le public. Nous ne pouvions pas refaire une année à la 2007 sous peine de définitivement griller le projet et tout ce qui allait avec. J’ai senti que nous avions trouvé le bon équilibre à partir de 2008. Les têtes d’affiche étaient Motörhead et In Flames, nous ne pouvions pas taper dans une suite Slayer, Slipknot… Le Graspop avaient 10 ans d’avance mais nous voulions y aller petit à petit et nous avons bien fait. L’édition s’est bien passée, nous avons commencé à fidéliser, l’édition de 2009 a été un peu plus grande, etc.
« Un curieux a exactement les mêmes droits d’accès que n’importe qui. Je dirais même que le curieux est souvent beaucoup moins relou que le connaisseur parfois hyper acerbe. »
Dans l’histoire du Hellfest, quels sont les premiers exemples où la fidélité du public t’a estomaqué ?
Nous avons été complets pour la première fois en 2014, grâce à notre affiche dantesque (Black Sabbath, Aerosmith, Iron Maiden). Nous avons vraiment vu les gens s’arracher les billets en un temps record ! J’ai vécu des années où je ne dormais pas à 15 jours du festival parce que j’étais encore loin du fameux break even, là j’ai changé de dimension. Tout a été vendu avant, ça a été un confort de travail énorme : depuis 2014, nous enchaînons complet sur complet, nous sommes très à l’aise psychologiquement, nous travaillons sur des acquis. Le changement de site en 2012 a fait que nous avons commencé à investir dans la scénographie, dans un lieu mieux pensé avec des scènes à thèmes pour que les gens puissent s’identifier à l’intérieur du festival. Je sais que les fans de musiques extrêmes ont malgré tout ce besoin : t’es punk, il te faut un endroit pour ta passion punk, pareil si t’es blackeux. Tout regrouper sur une même scène va forcément amener du public mais, malgré tout, dès l’époque où j’ai commencé à écouter ces musiques-là, j’avais besoin d’être identifié par les gens extérieurs. Quand on est attiré par ces musiques-là, je pense que ça fait partie du parcours. Il y a un besoin de s’identifier chez les jeunes, d’avoir une personnalité forte et un look marqué, j’ai essayé de séparer tout ça au mieux à l’intérieur du festival sans pour autant sectoriser ! Il y a une fosse commune, un lieu de vie commun, mais les gens ont aimé le concept et nous avons commencé à investir dans de la scéno pour passer à l’étape supérieure.
En 2014, en plus de tous les efforts que nous avions faits pour l’accueil du public, l’affiche a permis au festival d’exploser, nous avons été complets et ça s’est enchaîné. 2015 a été une belle année et j’ai commencé à comprendre que nous avions passé un stade où l’affiche est primordiale pour la santé du festival, mais le nom du festival a commencé à prendre le pas sur ce que nous proposions artistiquement. La fidélisation du public ne se fait plus uniquement grâce à l’affiche mais aussi grâce à ce que représente la marque. Des gens s’identifient à tel ou tel artiste et certains ont commencé à être fans du Hellfest. Je situerais cette réussite aux alentours de 2012 avec le changement de site et le point d’orgue en 2014. Mais je suis assez anxieux malgré tout ! Et cette facette me permet d’équilibrer mon inconscience. Mon côté anxieux a fait que, même cette année, j’ai douté… avec Nine Inch Nails, Scorpions, les Guns, vont-ils accepter de faire deux weekends ? Est-ce que c’est financièrement compatible ? Sur les 60 000 pass 3 jours 1er weekend, 35 000 ont pris les deux, donc la moitié du public va potentiellement faire les deux weekends. Alors je sais que des gens vont revendre le premier, je sais que les 35 000 ne vont pas assister aux deux mais c’est déjà ça, ce n’était pas gagné au début. Sans Metallica, j’avais des doutes, j’étais un peu stressé mais là depuis 7 ans, je vois la fidélisation. Dans la rue, des gens qui n’ont pas l’air d’être de grands aficionados de musiques extrêmes connaissent le Hellfest. Même un plombier qui vient réparer le robinet en a entendu parler. Et puis il y a toutes les émissions à la radio, à la télé, je vois l’ampleur que le festival a prise.`
Penses-tu qu’il y a un parallèle à faire avec la réussite du Wacken Open Air en Allemagne ? As-tu Thomas Jansen, le créateur du Wacken, régulièrement au téléphone ?
Thomas est un très bon ami avec qui je discute beaucoup, nous avons d’ailleurs pas mal échangé pendant la crise : nous nous tenions au courant de ce qui se faisait en France et en Allemagne. À l’instar de nous, Thomas a bien été traité en Allemagne durant la crise sanitaire, ce qui n’est pas du tout le cas de collègues en Italie, en Angleterre ou en Espagne. Car ils ont été un peu plus laissés à l’abandon. Je ne suis jamais allé au Wacken, donc c’est difficile pour moi de savoir quelle est l’empreinte de ce fest dans la ville mais je suppose que c’est du même ordre que nous. Même si nous ne partageons pas le même délire esthétique, je pense que ce fest a la même force d’impact. Le boulanger de Wacken et tous les villages alentour doivent connaître le fest comme ici, à Clisson. Le Hellfest fait partie du patrimoine maintenant ! Même si le festival s’arrête l’année prochaine, on en parlera encore dans 50 ans. Le Wacken doit être aussi important mais je t’avoue n’en avoir jamais vraiment parlé avec lui. Sa façon d’organiser est différente : il a beaucoup moins de bénévoles que nous mais nous avons la même vision, nous avons fait grandir notre festival de la même manière, avec beaucoup de patience, en nous disant que le succès n’est pas l’objectif mais une conséquence.
Je pense que c’est comparable mais il faudrait que j’aille à Wacken pour m’en rendre compte. De même, il faut aller à Clisson pour se rendre compte de l’ampleur qu’a le Hellfest sur le territoire. Tu dois avoir la vision de ce que ça représente pour les metalleux, pour les fans mais nous avons aussi cette vision vis-à-vis des locaux et nous nous rendons compte que tout le monde en France connaît, même au détour d’une plage paumée dans le Sud… et tant mieux ! Nous parlions des gens qui nous reprochent la trop grande présence de curieux au Hellfest mais je me dis qu’un néophyte a autant le droit d’y assister qu’un connaisseur. Et grand bien nous fasse si demain le festival permet au néophyte d’apprécier les choses, de développer sa culture. Quand j’étais plus jeune, ma mère détestait ma musique et maintenant, elle se ballade avec des T-shirts Hellfest, Nightwish et compagnie mais elle est plus assidue. Nous avons tous eu à un moment l’opportunité et la chance de pouvoir découvrir les musiques extrêmes, je ne suis pas du tout dans le discours sectaire de certains mais il existe depuis toujours. Je me souviens des forums de l’époque où j’organisais des concerts de hardcore, il y en avait toujours pour grincher. Mais il y a toujours plus connaisseur que soi et ça ne doit pas donner des privilèges. Je l’ai répété en interview : je ne vais pas faire un questionnaire de connaissances pour donner accès à la billetterie à untel ou untel, c’est n’importe quoi. Un curieux a exactement les mêmes droits d’accès que n’importe qui. Je dirais même que le curieux est souvent beaucoup moins relou que le connaisseur parfois hyper acerbe.
Interview réalisée en face à face le 22 septembre 2021 par Amaury Blanc.
Retranscription : Natacha Grim.
Photos : Radio Metal
Site officiel du Hellfest : hellfest.fr
De mémoire post covid…aucun festival n’a pu gérer sanitairement 50 à 60 mille débiles par jour sur 3 ou 4 jours…je voudrais faire partie des optimistes et me frotter à vos sueurs et odeurs corporelles, mais ce fest c’est surtout devenu un souci économique pour ceux qui en vive…aient??? Bon courage à eux…vraiment.
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tres bonne interview , chapeau au journaliste
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Je suis pas vraiment d’accord sur une chose.
Les « curieux », sont mal nommés. Je les appellerais plus « touristes ». Parce que venir parce que hellfest sans avoir conscience de ce qu’est l’affiche…
Enfin, certains groupes, death dta, vreid qui joue 1184 de windir, ou encore tool pour la dernière édition (avec les gens qui se demandaient qu’est-ce que ça foutait en TA) ou le groupe hellhammer putain, teeeellement improbable, mercyful fate, ce genre de groupes extrêmement rare (dommagep pour soad d’ailleurs). Pour nombre d’entre nous, c’est l’occasion ou jamais de les voirs ! Rien que helloween le jeudi, c’est soit le HF, soit paris, soit Barcelone et / ou madrid pour moi. On peut pas forcément le faire pour chaque groupe ! Certains de mes amis se le permettent, mais en même temps, ils vont voir 2 concerts par ans x).
Oui je suis ce genre de fan acerbe qui est deg que des touristes prennent sa place et qu’ils n’aient pas conscience de l’affiche qu’ils ont. Apres ils vont prendre du plaisir ça c’est certain, mais heureusement x).
J’ai dévoré l’entrevue par contre. La modestie de ben est tout a son honneur.
[Reply]
Dommage que vous n’avez pas évoqué la polémique Rage Tour, ca aurait été pertinent d’avoir le point de vue de Ben Barbaud sur le sujet.
[Reply]
METALLICA passe au hellfest pour la première fois et c’ est très bien , dont acte !!! mais de la à monter grave le truc en épingle , comme si ils n’ avaient plus fait de concerts en France , depuis 15 ans … il faut démythifier un tant soit peu la nouvelle , plus très neuve d’ ailleurs !!!
[Reply]
Quel intérêt de diffuser aujourd’hui cette interview finalement devenue hors sujet puisqu’elle date de septembre..?
[Reply]
Y’a eu quoi depuis septembre ?
Toujours très intéressant de connaître le bussiness vu de l’intérieur .C’est clairement un métier. Bravo pour le résultat, peu importe les grincheux, dommage pour la vente des billets en moins de 3 secondes. Donc sans moi cette année pourtant si particulière.
[Reply]
Et j’espère que ma place 2020 va pas me servir en 2023 !
Ah, moi qui croyais que toutes les places de 2022 avaient été vendues lors de la pré-vente la veille en exclusivité pour les détenteurs de places de 2020, ce qui était somme toute logique …