Inespéré. Qui aurait imaginé il y a quelques années les chanteurs Michael Kiske et Andi Deris partager la scène, une chanson, un album, un groupe, Helloween ? Qui aurait imaginé aussi les deux Michael – Kiske et Weikath – qui se sont tant haïs finir par se rabibocher ? Pourtant, les voilà tous réunis avec le guitariste-chanteur-fondateur Kai Hansen, également de retour, lui qui a signé certains des plus grands tubes du groupe et du metal par la même occasion, et le jovial bassiste Markus Grosskopf, sans oublier le guitariste Sascha Gerstner et le batteur Daniel Löbe qui ont contribué à leur manière à faire perdurer la légende des citrouilles.
Une convergence des époques qui se matérialise aujourd’hui dans un nouvel album en forme de synthèse et de nouveau départ, simplement baptisé Helloween. Pour marquer le coup, ce n’est pas une, ni deux, mais trois interviews que nous proposons dans le magazine Radio Metal n° 4 ainsi que dans nos colonnes numériques. Michael Weikath, Michael Kiske et Andi Deris nous ont raconté cette aventure inédite ayant mené à la conception de cet album qui, espérons, ne sera pas le dernier. Les trois musiciens remontent également avec nous le fil de l’histoire pour mieux comprendre les épreuves par lesquelles ils sont passés et ce qu’est Helloween en 2021.
« J’ai envie d’en dire un maximum pour les jeunes groupes qui lisent ceci. C’est toujours une bonne idée de rester soudés […]. De nombreux groupes se séparent à cause de piètres raisons. »
Radio Metal : Kai Hansen et Michael Kiske ont vécu près de trois décennies d’expériences avant de réintégrer Helloween. Quel genre de musiciens et de personnes as-tu trouvé à leur retour, comparé à trente ans en arrière ?
Michael Weikath (guitare) : C’était vraiment excitant, surtout quand on voit comment les choses fonctionnent. Tout le monde a eu des carrières séparées et intenses, comme Kai Hansen avec Gamma Ray, qui a aussi fait l’album XXX pour lequel il m’a demandé de faire un solo sur la chanson « Fire And Ice ». On gagne en expérience avec l’âge, après des années et des décennies à faire prospérer nos projets musicaux. Puis tu rassembles toutes ces expériences en réunissant les sept gars, c’est fou ! D’abord, nous avons répété pour la tournée, puis nous avons enregistré le morceau « Pumpkins United ». C’était intéressant, excitant et positif. C’est magique la tournure que les choses peuvent parfois prendre. Tout le monde met ses connaissances à profit et y met tout son cœur et toute son âme dans l’intérêt de tous. C’est vraiment agréable quand ça se passe comme ça. Nous avons accompli tellement de choses, il y avait tellement à faire, mais ça fonctionne quand on a un minimum de temps pour répéter. Ça a été possible grâce aux plannings de chacun ; ça aurait été presque impossible avant avec différents managements et les emplois du temps de Kai Hansen et Michael Kiske. Il faut quelqu’un pour organiser ces choses et quand c’est fait comme il faut, c’est très appréciable.
En comparaison, dans le temps, nous avions des ego. Tout le monde voulait accomplir quelque chose et avoir plus de succès. Parfois, c’était agréable quand nous travaillions ensemble, mais c’était aussi un vrai cauchemar quand nous nous mettions des bâtons dans les roues. Il y a des moments à l’époque où nous ne savions pas expliquer ce qui se passait et pourquoi nous étions d’aussi mauvaise humeur, c’était un cercle vicieux. Peut-être que c’était un mauvais sort ou je ne sais quoi. Désormais, nous sommes des adultes et entre-temps nous avons réfléchi. On s’en veut d’avoir mal parlé à untel et au final, on y réfléchit. C’est comme Kai Hansen qui a aussi dit : « J’aurais plutôt dû traiter untel comme ça, peut-être que j’ai été trop dur. » Des choses se passent, ça crée des désaccords et naturellement, tu es allongé dans ton lit ou assis sur ton canapé, et tu y réfléchis sérieusement : « Pourquoi ai-je fait ça ? » ou « Pourquoi a-t-il fait ça ? » Tout le monde réfléchit à ce qui se passe, ça vaut pour tous ceux qui sont impliqués dans des groupes de musique ou même des groupes de travail.
Dans le temps, nous n’avions pas un bon management comme aujourd’hui. Aujourd’hui, les problèmes sont identifiés et résolus parce que nous avons une équipe de gens très instruits et qui agissent dans l’intérêt général. Dans le passé, nous n’avions pas ça. Nous avions des gens qui se disaient manageurs, et je ne sais pas si nous étions parés à cette situation ou si nous traitions avec les bonnes personnes. C’est différent aujourd’hui. Il faut aussi assumer ses responsabilités face aux autres. Dans le temps, nous avions énormément à prouver, nous avions une renommée, des contrats et tout, la situation était parfois dure. Chacun était convaincu qu’il y avait une meilleure façon de faire les choses et parfois, ça nous menait dans le mur. Il n’y avait pas de manuel qui expliquait comment gérer ce genre de situation. J’aurais apprécié par exemple si les gars de Scorpions avaient écrit un livre, du genre : « Comment maintenir l’unité d’un groupe de rock allemand. » Comme je l’ai dit, le management était incapable de calmer le jeu, nous étions plus ou moins livrés à nous-mêmes, il n’y avait pas de solution. Aujourd’hui, nous avons des gens dans le mangement qui nous connaissent tous très bien depuis longtemps.
Je suis désolé, je m’attarde un peu sur le sujet, mais c’est parce que c’est important. J’ai envie d’en dire un maximum pour les jeunes groupes qui lisent ceci. C’est toujours une bonne idée de rester soudés, et d’essayer d’éradiquer ces autres trucs que notre cerveau veut faire et qui sont mauvais pour l’unité d’un bon groupe. De nombreux groupes se séparent pour de piètres raisons.
« Michael a fait preuve de clémence en se disant : ‘J’accepte de travailler avec Weikath, même si nous nous sommes fait beaucoup de mal par le passé.’ C’est aussi un travail à faire avec ses tripes. »
Vous êtes sept dans le groupe maintenant, ce qui est clairement un nombre spécial pour Helloween…
C’est un numéro magique. Le sept a toujours été assez important, mais ça s’est fait naturellement, sans trop y penser. Tout d’un coup, il y a sept personnes dans le groupe, il y a sept clés, il y a aussi le sept en tant que nombre biblique… Ça vient comme ça, on ne peut pas y faire grand-chose, personne n’a fait exprès. Il y a juste un truc avec le numéro sept. Il n’y a pas que nous, mais c’est global, c’est un genre de marque divine.
Etant sept personnes dans le groupe aujourd’hui, ça ne complexifie pas trop le processus de prise de décision, que ce soit sur le plan créatif ou sur les sujets liés au business ?
Totalement. Même si nous ne nous occupons pas tellement de l’aspect business. Nous avons notre management – Jan Bayati, Kosta Zafiriou et Sasa Erletic – qui sont des professionnels avec beaucoup de sensibilité pour ça. Ils organisent les choses et trouvent des solutions, et ils sont peut-être aussi bons dans leur domaine que nous sommes bons en tant que guitaristes, chanteurs ou bassiste. Ça vaut aussi pour l’aspect psychologique, autrement on ne peut pas manager un groupe. Ça faisait longtemps que nous cherchions et il se trouve que c’est l’ancien management de Pink Cream 69. Kosta Zafiriou était le batteur de Pink Cream 69 et il a aussi joué la batterie dans Unisonic. Dennis Ward a aussi coproduit l’album cette fois, il connaît très bien toutes les personnes impliquées. Ensuite, on a aussi Charlie Bauerfeind qui a travaillé sur les albums solos de Michael Kiske, Gamma Ray et Helloween depuis The Dark Ride. C’est un peu une dream team ! Tommy Hansen joue aussi de l’orgue sur « Robot King ». Pour travailler avec lui, il voulait que nous enregistrions au Danemark là où il vit, mais nous ne voulions pas faire ça. Il n’y a pas de ressentiment. C’est compréhensible parce qu’il a énormément voyagé dans sa vie de producteur, on ne peut pas s’attendre à ce qu’il vienne à nous juste parce que nous le voulons. De toute façon, il aurait été le troisième producteur… En tout cas, il n’y a aucune négativité car il sait quoi faire et nous ne sommes pas en colère pour quoi que ce soit. Nous avions simplement besoin d’accomplir cette charge de travail et c’était super.
Evidemment, cette reformation implique de grandes attentes de la part des fans. J’imagine que ça a mis une certaine pression sur vos épaules. Comment avez-vous géré cette pression ? Penses-tu que ça a servi de moteur plus que ça n’était intimidant ?
C’est un moteur, un défi, une motivation et un encouragement. Il faut le voir de manière positive, car nous savons ce que les uns et les autres savent bien faire ou pas. Il y a tellement de gens talentueux qui sont doués pour quelque chose qu’il faut les laisser faire leur truc et combiner les forces. C’est plus ou moins automatique parce qu’au bout d’un moment, nous savons ce que chacun sait faire, c’est juste que c’est rassemblé, assimilé, connecté et ajouté pour obtenir ce qu’on entend dans l’album. Tout le monde a été profondément impliqué dans le projet sur une longue période de temps, et c’est ce qui a rendu cet album possible. Je pense, par exemple, que ça aurait été une idée très étrange de faire appel à un producteur complètement nouveau qui n’a aucune idée de nos caractères. Ça aurait été une très mauvaise idée.
Je suis sûr que tout le monde dans le groupe a un haut niveau d’exigence. Comment ça s’est traduit quand vous avez travaillé sur les chansons ?
Nous avons fait les préproductions au Home Studio d’Hambourg, qui s’appelait auparavant Château Du Pape et où nous avons enregistré par le passé. Le nom a changé mais c’est le même studio ; c’est juste qu’il appartient à une autre personne maintenant. Nous avons passé deux mois là-bas avec tout le monde pour les sessions de préproduction. Puis, nous avons fait du brainstorming sur les arrangements et les accordages. Nous avons plusieurs accordages différents dans l’album, il y a de l’accordage en Mi classique et des morceaux où nous sommes accordés en Ré. Tout ceci a été réfléchi pendant presque deux mois, chaque jour. Il fallait se familiariser avec les autres morceaux qui ont été sélectionnés, de façon à ce que tout le monde puisse faire au moins un enregistrement grossier des guitares, ce qui allait servir de base pour que Dani enregistre sa batterie. Il y avait des versions à trois guitares, du chant basique et une ligne de basse qui allait être finalisée plus tard. Ça s’est fait sur deux mois, avec des meetings, en prenant des sandwichs et en faisant du brainstorming. C’était dur et nous avions beaucoup à faire, mais tout le monde était présent.
« Je trouve que ça fait quelque temps que ça va trop vite [avec la technologie]. Personne ne s’occupe de légiférer là-dessus. Ça fait quelques décennies que c’est le Far West. Tout le monde peut tenter tout ce qu’il veut et il n’y a aucune règle ou loi contre quoi que ce soit là-dessus. C’est assez étrange. »
Tu as expliqué que le groupe avait délibérément essayé de revenir au son des années 80 et de faire en sorte qu’on ait l’impression que vous vous étiez arrêtés au Keeper II et aviez repris à partir de là. T’es-tu mis, en tant que compositeur, dans l’état d’esprit de cette époque ?
Je pense que tout le monde s’est mis dans cet état d’esprit, d’une certaine façon, mais c’est juste ce à quoi les gens s’attendent de la part d’Helloween. Chacun a essayé de faire de son mieux. C’était une sorte d’indication pour l’enregistrement des guitares, ainsi que pour le son global et le mix. Charlie Bauerfeind a réalisé le mix final, mais il y avait quelques décisions à prendre, comme le type d’amplis que nous devions utiliser pour les guitares. Nous avons dit que nous aimerions revenir à une amplification typée Marshall, façon British, alors que pour la plupart des albums que nous avons faits avec Charlie, nous avons utilisé des amplis ENGL. Ce sont des amplis allemands et ils ont un son complètement différent. Afin de recréer ce feeling années 80, nous avons globalement voulu revenir à ce type d’amplification Marshall, que ce soit Blackstar ou autre chose dans cette veine. C’est un autre type de distorsion. Des groupes comme Judas Priest utilisent aussi ENGL aujourd’hui, alors qu’avant, ils jouaient toujours sur Marshall. Ça sonne assez différent et ça participe aussi à la manière dont on réalise le mix après, car ça dépend du type de fréquences et de son qu’on a.
Nous avions clairement les années 80 dans un coin de notre tête. Nous avons utilisé une unité d’effet Eventide datant des années 80 pour presque l’ensemble des enregistrements. Nous l’avons utilisé pour les guitares, les chants, les effets spéciaux et presque tout ! Au début des années 80, il y avait ces technologies et autres trucs numériques révolutionnaires, des réverbs, etc. Eventide était une utilité polyvalente pour créer des effets en 16-Bit, ce qui correspond au débit binaire sur un CD. C’était parmi les toutes premières unités d’effets polyvalentes et novatrices, et c’était du bon matos. Si vous en possédez une, vous avez le même matériel qui a créé tous les effets de l’album, en plus d’autres chose qu’on trouve dans Pro-Tools ou ailleurs, mais principalement, nous avons utilisé cet Eventide qui est très années 80.
En termes de composition, quand on entend « Out For The Glory », une chanson que tu as composée, c’est très dans la veine des Keeper…
Oui, mais c’est Helloween en général. C’est parce que Michael Kiske chante sur cette chanson, ça lui donne une couleur différente si on compare à lorsque Andi Deris chante. Michael Kiske a voulu en faire une chanson signature parce qu’il trouvait que chaque détail était dans une veine très années 80 et proche de l’époque des Keeper, à l’exception du côté Judas Priest. Je me serais attendu à ce qu’Andi Deris chante sur les ponts, mais Michael Kiske a demandé à en faire un morceau signature où ce serait lui qui chanterait principalement – il y a juste Kai Hansen qui fait la partie « iron minions ». Mais pour les autres morceaux, on a généralement deux chanteurs voire les trois.
Kai était ton principal partenaire de composition dans le temps, vous avez tous les deux composé la majorité des trois premiers albums. Sur le nouvel album, il n’a cependant écrit qu’une seule chanson, « Skyfall », mais quelle chanson ! Quelle a été ta réaction quand il t’a présenté ce monument épique ?
Il avait proposé d’autres morceaux avant, mais ça n’a pas abouti ou été accepté, et « Skyfall » est venu à la toute fin. Il a d’ailleurs conçu et enregistré la majorité de la chanson après les sessions de préproduction que nous avons faites à Hambourg parce qu’il n’était pas sûr du type de morceau qu’il voulait faire pour l’album. Il devait d’abord se décider, savoir ce qu’il allait offrir à l’album Helloween, et ça lui a pris un peu de temps. Ce morceau a donc été conçu à la fin parce qu’il voulait avoir une vue d’ensemble pour pouvoir dire : « D’accord, je vais faire un long morceau épique. » Après avoir collecté toutes les parties, il a décidé de travailler de manière intensive sur le morceau. Combiner toutes ces parties pour obtenir un bon résultat, ça demande énormément de boulot. C’est aussi le genre de boulot que j’ai fait sur « Robot King ». Parfois, tu n’as pas envie d’en faire trop, sauf quand tu sais exactement ce que tu vises et que tu as toutes les bonnes parties pour aller avec, autrement créer un tel morceau peut vite devenir un cauchemar si tu ne sais pas comment t’y prendre. Heureusement, Kai l’a fait, tout comme il a fait le morceau « Pumpkins United ». Il faut se mettre en mode atelier de composition si on veut faire quelque chose comme ça.
« C’était très intelligent de la part de l’Eglise de fidéliser les gens au travers de la liturgie. C’est là que Helloween et Judas Priest sont semblables, car nous connaissons ces vieilles mélodies religieuses. »
Il n’y a pas beaucoup de coécriture dans l’album. Pratiquement chaque chanson est le résultat d’un unique compositeur et parolier…
Le truc, c’est que nous avons beaucoup collaboré dans le passé parce que nous étions obligés. Aujourd’hui, nous avons ces systèmes informatiques modernes qui permettent de créer énormément de choses. Dans le temps, nous n’avions pas ça, nous avions seulement des machines d’enregistrement quatre pistes. Parfois, il fallait que nous nous remémorions mutuellement les parties et nous les enregistrions du mieux possible pour ne pas les oublier. Mais généralement, nous répétions quotidiennement, à l’exception des dimanches. Parfois, il nous arrivait de nous réunir même les dimanches pour boire des bières et nous saouler ! C’était du travail intensif, on ne peut pas continuer comme ça éternellement car arrive un moment où on a aussi une famille, une petite amie ou d’autres choses à se soucier. Donc c’était vraiment intense au début. Plus tard, quand nous avons eu l’environnement technique nécessaire pour travailler seuls, nous avons commencé à faire ça. Evidemment, nous vivons dans des endroits géographiques différents. Quand nous étions un quatuor ou quintet basé à Hambourg, nous étions tous à Hambourg, alors que maintenant, ça a évolué et nous sommes éparpillés à travers l’Europe. Donc on apprend à utiliser les outils techniques à notre disposition pour enregistrer en démo la batterie, la basse, etc. et obtenir une production proche de la qualité studio. Ensuite, on peut présenter le résultat au groupe de façon à ce que, par exemple, Markus écoute la basse que j’ai faite ou que Kai Hansen a faite sur la démo, et décide quelles parties il veut garder, apprendre et jouer et lesquelles il veut faire à sa manière.
C’est la splendeur de ces configurations d’enregistrement qu’on a de nos jours. Dans le temps, il aurait fallu aller dans un studio huit-pistes et dépenser un paquet d’argent pour le temps passé à enregistrer ou que le producteur nous aura consacré. Il fallait avoir ces machines à l’époque et elles coûtaient cher. Aujourd’hui, quand on ne peut pas se payer ça et qu’on a un minimum d’expérience, autant opter pour le numérique et faire que tout soit prêt sur l’ordinateur. D’abord, il faut apprendre ; ces applications, c’est comme Photoshop, Word ou je ne sais quoi, elles offrent plein de possibilités. Il faut une grande expérience pour travailler sur ces environnements. C’est en travaillant dessus qu’on s’y fait. Mais dans une certaine mesure, qu’on soit un spécialiste ou un idiot médiocre, on peut toujours faire des démos pour les présenter.
En revanche, Michael Kiske n’a composé aucune chanson, et il l’a lui-même expliqué en disant que ce qu’il compose n’est généralement pas très metal. Etait-ce hors de question de finir avec un autre album dans le genre de Chameleon ?
Je ne sais pas, c’était sa décision – heureusement, peut-être. Peut-être que c’était parce qu’il ne voulait pas créer de problème. Avec cet album, il s’agit de montrer qui nous sommes aujourd’hui. C’était sa décision de laisser tomber la composition cette fois parce que ce n’est pas ce qu’il avait en tête à ce moment-là, il aurait peut-être été obligé de se forcer. Je trouve que c’est une décision sage parce qu’il savait qu’il y avait déjà beaucoup de travail à faire avec ce qu’il devait chanter. Il voulait aussi déménager, il s’est trouvé une maison. Vu la situation, il ne pouvait pas tout faire. Il s’est aussi lié d’amitié avec Andi Deris, ils ont passé énormément de temps ensemble pour apprendre à se connaître et obtenir le meilleur de leurs prestations et capacités respectives, c’était un processus très intense. Je pense qu’il a pris du temps pour lui-même, pour Deris et pour le projet. Michael a aussi fait preuve de clémence en se disant : « J’accepte de travailler avec Weikath, même si nous nous sommes fait beaucoup de mal par le passé. » C’est aussi un travail à faire avec ses tripes. Je pense que l’idée de cet album, c’était de ne pas trop expérimenter. C’est aussi pourquoi je n’ai même pas essayé de faire de single, à la « Best Time », car ça implique beaucoup de stress et de travail ; si une de tes idées commerciales ne plaît pas à la moitié des gens, alors t’es mal barré. Je me suis contenté de faire des morceaux de heavy metal classiques et j’ai laissé quelqu’un d’autre se charger de faire un single de metal commercial.
« [Markus Grosskopf] était le sage au milieu du chaos. […] Nous avions cette petite plaisanterie récurrente sur les décisions merdiques, car il devait toujours trancher toutes les décisions merdiques que nous avions à prendre. »
Daniel a joué sur le kit de batterie d’Ingo pour enregistrer cet album. Je ne sais pas à quel point tu es spirituel ou crois au mystique, mais y avait-il des moments où tu as ressenti la présence d’Ingo, d’une façon ou d’une autre, durant ces sessions ?
Je ne suis pas sûr pour ces sessions, mais une fois j’ai fait un rêve. Nous étions en train de répéter pour l’album Master Of The Rings – c’était étrange, peut-être que je l’ai rêvé plus tard, c’est bien possible – et tout d’un coup, nous étions en train de jouer « Where The Rain Grows ». Ingo était là debout contre le mur – je m’en souviens, il y avait l’échelle dans la salle de répétition –, il écoutait et a dit : « C’est bien. Vous n’avez pas besoin de moi. Je vais bien. » C’était très réel, comme s’il était là. Markus m’a dit qu’il avait fait quelques rêves sur lui, pareil pour Kai Hansen et Michael Kiske. Je ne sais pas quel lien Dani avait avec Ingo, je ne lui ai jamais demandé et il ne m’en a jamais parlé. Je sais que Dani a beaucoup étudié le travail d’Ingo sur les anciens enregistrements, car quand il a commencé à devenir batteur, il s’est familiarisé avec ces albums d’Helloween, sans savoir que plus tard, il deviendrait le batteur du groupe. Il connaît pas mal de choses sur les approches, les techniques et les plans d’Ingo. Je ne sais pas quel est leur lien spirituel ou s’il a déjà vu des apparitions, je ne lui ai jamais posé la question, mais je devrais.
La chanson « Robot King », que tu as écrite, parle d’un scénario apocalyptique où la technologie éradique l’humanité. A quel point est-ce que ça traduit une authentique peur de la technologie de ta part ?
Je trouve que ça fait quelque temps que ça va trop vite. Personne ne s’occupe de légiférer là-dessus. Ça fait quelques décennies que c’est le Far West. Tout le monde peut tenter tout ce qu’il veut et il n’y a aucune règle ou loi contre quoi que ce soit là-dessus. C’est assez étrange. Habituellement, ils font des lois pour tout, mais dans certains domaines il n’y a aucune loi parce que des gens censés être responsables au Parlement ne font pas leur boulot. On peut lire depuis quelque temps déjà sur le stockage de la conscience humaine ou de n’importe quel genre de conscience dans un système informatique. La prochaine étape, c’est d’intégrer ça dans une unité technique et lui donner un corps pour en faire un robot autonome ayant sa propre conscience, que ce soit la copie de celle d’une personne ayant existé ou une pure intelligence artificielle qui a appris par elle-même à marcher avec son corps mécanique. Il y a eu de nombreuses expériences là-dessus et ce n’est pas très clair à quel stade de développement ils en sont dans ce domaine. La chanson en soi raconte une histoire, celle d’une personne qui se réveille à l’hôpital dans un autre corps, elle regarde ses jambes et réalise : « Ce n’est pas mon corps, ce n’est pas moi. » Il est doté d’un cerveau positronique qui lui dit de trouver d’autres gens comme lui et ensuite, ils font de lui leur chef. Alors ils prennent le contrôle du monde via internet et éradiquent l’humanité, qui s’éteint. Il n’y a plus que des automates qui vivent dans le futur. C’était juste une histoire d’horreur à raconter. Après tous les morceaux que j’ai faits par le passé, arrive un moment où je ne sais plus quoi raconter d’autre aux gens.
Il y a dans l’album des genres d’hommages à d’autres artistes, par exemple Judas Priest dans « Out For The Glory », mais aussi Ronnie James Dio et David Bowie dans « Skyfall ». On peut même entendre une référence au Hangar 18 qui peut faire penser à Megadeth…
C’est le vrai Hangar 18, ça n’a pas été inventé par Megadeth, il y a un Hangar 18 qui a existé. Il y a aussi un vieux film des années 80 qui porte ce nom avec un vaisseau spatial extraterrestre. On pouvait y voir ces gars qui rappellent un peu Udo Dirkschneider d’Accept. Mais il y a effectivement des références, et dans « Skyfall », il y a aussi John Mayall, The Alan Parsons Project, Raven, et d’autres trucs comme The Sweet et The Six Teens. Nous essayons de rendre hommage à nos idoles et influences du passé de façon à ce que si on présente ça aux fans, ceux qui connaissent puisse dire : « Cette partie, c’est exactement ‘Space Oddity’ de Bowie ! », tandis que les fans plus jeunes qui n’ont jamais entendu parler de David Bowie pourront peut-être le découvrir. C’est une bonne chose, car peut-être qu’ils vont aimer. C’est comme quand Paul McCartney est apparu dans un clip de Kanye West, les plus jeunes disaient parfois : « Qui c’est ce mec ? » On peut faire de petites choses pour rendre hommage à nos idoles. J’ai essayé d’apporter un côté à la Deep Purple ou Rainbow et certaines parties de « Robot King » sont principalement inspirées par Scorpions quand Uli Jon Roth y jouait encore de la guitare. J’ai essayé de faire un riff dans cette veine. A la fois, au tout début, c’est censé sonner comme du vieux Judas Priest, mais ensuite, tu ajoutes une seconde harmonie et tu obtiens Uli Jon Roth qui joue avec Scorpions. Nous avons aussi fait un refrain qui me rappelait l’album In The Beginning de Malice. Le but, c’est que les gens trouvent ces petites perles, pour comprendre d’où tout ceci provient et découvrir de vieux albums qu’ils apprécieront peut-être.
« Tout d’un coup, nous étions dans une sale situation et il fallait que nous nous séparions. A ce jour, je ne peux toujours pas expliquer comment c’est arrivé. »
Je sais que Rob Halford a été important pour Michael Kiske, mais quelle importance a eue Judas Priest pour toi ?
Pour moi, ce groupe représente la manière optimale de présenter de magnifiques mélodies hymniques combinées avec des guitares heavy metal distordues. Judas Priest a toujours été le meilleur dans ce domaine depuis le début. D’abord, ils ont eux aussi eu besoin de trouver leur identité musicale. Halford a chanté des chansons comme « Come All Ye Faithful » et fait cet album de Noël avec des chansons catholiques et anglicanes. A minima Rob Halford – si ce n’est les autres gars dans Judas Priest – connaît ces vieilles chansons religieuses, tout comme moi parce que ma mère avait l’habitude de me traîner à l’église tous les dimanches. Ces mélodies nous font ressentir quelque chose, elles sont généralement hymniques, elles font du bien et elles donnent de l’adrénaline aux gens qui les chantent, y participent, y assistent ou les écoutent. C’était très intelligent de la part de l’Eglise de fidéliser les gens au travers de la liturgie. C’est là que Helloween et Judas Priest sont semblables, car nous connaissons ces vieilles mélodies religieuses.
Parfois, on se retrouve à faire des parties parce que ça nous rappelle ces chansons d’église, ou alors on est influencés par nos idoles metal et hard rock et on essaye de combiner tout ça dans quelque chose d’impressionnant. L’idée est que le fan qui écoute le morceau ne l’oublie pas, mais peut-être aussi il peut l’aimer ou ça peut lui donner de l’adrénaline et lui faire du bien. C’est une manière de faire qui est très forte et positive, c’est très important pour tout le monde et pour la santé mentale, qu’on puisse prendre du plaisir, plutôt que de véhiculer un message négatif, du genre : « Bute tout le monde, débarrasse-toi des gens, tabasse ceux que tu n’aimes pas. » C’est une autre manière de proposer de la musique aux foules et ça a aussi eu du succès, mais ce n’est pas vraiment ma vision du divertissement – autant regarder un film d’horreur. Tout dépend de ce qu’on veut transmettre en tant que groupe et de ce qu’on veut faire de son argent, si on veut choquer les gens, si on veut prouver à quel point on est dur et sans pitié, ou si on a quelque chose de positif à offrir à l’humanité grâce à ce qu’on fait.
Penses-tu que même quand on a une carrière aussi longue et riche qu’Helloween, c’est important de ne pas oublier d’où on vient et quelles sont nos influences originelles, comme Judas Priest pour toi ?
Absolument et il y a encore d’autres trucs. Nous parlons même de Queen, The Sweet, Slade, Hello, voire Bay City Rollers ou Suzi Quatro et tous ces trucs avec lesquels nous avons grandi, quand les chansons de hard rock étaient en tête des classements, comme « Easy Livin’ » de Uriah Heep, Deep Purple, Black Sabbath, Led Zeppelin et tous ces héros de l’époque. On entend de moins en moins de choses de la part de ces musiciens au fil des décennies. Peut-être que ça intéresse les gens de les connaître et de faire des recherches sur eux, ou alors peut-être qu’ils veulent juste entendre ce qui est nouveau parce qu’ils n’aiment pas écouter de l’orgue Hammond – mais moi, j’adore l’orgue Hammond [rires].
Markus et toi êtes les deux seuls membres de ce groupe à avoir été là depuis le début il y a trente-sept ans et à avoir tout traversé. Pour tout dire, on dirait que Markus a toujours été ce gars au milieu qui essayait de calmer les situations et d’apaiser les tensions…
Oui, c’était le sage au milieu du chaos. Il déteste l’agressivité, moi non plus je n’aime pas ça. Il devait toujours être au centre des prises de décision. Nous avions cette petite plaisanterie récurrente sur les décisions merdiques, car il devait toujours trancher toutes les décisions merdiques que nous avions à prendre. Ça fait un moment que nous nous connaissons tous les deux. Nous avons joué ensemble dans un autre petit groupe à Hambourg qui s’appelait Black Furnace, où il était le bassiste et moi l’un des guitaristes. C’est comme ça que nous nous sommes connus. Ensuite, nous avons abandonné ce groupe et nous avons rejoint Kai Hansen dans Iron Fist qui allait devenir Helloween. Nous sommes restés ensemble depuis lors.
« [Après Chameleon,] soit il fallait revenir à la musique que les fans attendaient de notre part, soit il fallait leur apprendre par la force, ce qui était la proposition de Michael Kiske. »
Nous avons un lien particulier. Il y a eu quelques incompréhensions et peut-être aussi des déceptions, mais la vraie question est de savoir si la confiance est là ou pas. Quand il y a de la méfiance ou si on a la preuve que l’autre a voulu intentionnellement nous causer du tort, on ne peut pas avancer. Heureusement, nous avons toujours pu clarifier les situations lorsque ce qu’il se passait n’était pas clair ; peut-être que nous avions le nez dans le guidon, la situation était stressante ou il nous manquait des informations – parfois on se retrouve dans de mauvaises situations simplement parce qu’il nous manque un petit bout d’information. Des choses simples peuvent mener à de mauvaises situations. Donc si quelque chose n’est pas clair, il faut le clarifier et trouver la vérité, mais parfois, avec Markus, nous n’avons même pas besoin de faire ça parce que nous pouvons compter l’un sur l’autre. Il y a des gens sur qui on ne peut jamais compter et il faut constamment clarifier les intentions, et on a ce doute qui nous fait dire que peut-être ce n’est pas la bonne personne pour ce groupe ou peu importe, mais avec Markus, nous avons ce réconfort et ce lien parce que ça fait très longtemps que nous collaborons, parfois ça compte plus que tout. Nous nous faisons profondément confiance. Nous essayons toujours de dire à l’autre à quel point nous l’aimons et nous échouons à chaque fois, mais nous savons. Est arrivé un moment où j’ai compris que Markus était l’une des meilleures personnes au monde.
Michael Kiske nous a dit que tout le monde avait évolué et s’entendait très bien maintenant, en précisant que tu étais « beaucoup plus con » dans le temps…
Tout le monde l’était ! J’essayais juste de nous forcer à avancer ensemble, mais il y avait des opinions divergentes sur la manière d’y parvenir. Pour revenir à ce que je disais au début, c’était parce que nous n’avions pas de management capable de nous diriger positivement et de façon à ce que le groupe puisse coexister et avancer. Tout ce que nous avions, c’était des gens qui ne s’intéressaient pas au groupe que nous formions, avec la force et le talent que nous avions tous ensemble. Il y avait tout simplement des entités qui ne voulaient pas que nous réussissions et qui agissaient contre notre intérêt, et ça a obscurci beaucoup de choses. Tout le monde a été con, sauf Markus ! Encore une fois, Michael Kiske a développé une clémence et une sagesse, il est beaucoup plus calme. Il essaye de s’entendre avec des gens comme moi, en l’occurrence. Tout ça c’est parce qu’il est compréhensif, il se fiche des vieilles conneries du passé. Nous ne savons même pas comment tout ça a pu arriver. Personne dans le groupe ne peut le dire. Tout d’un coup, nous étions dans une sale situation et il fallait que nous nous séparions. A ce jour, je ne peux toujours pas expliquer comment c’est arrivé, et lui non plus ne peut pas expliquer pourquoi il a agi comme il a agi à l’époque. Aujourd’hui, la situation est différente grâce à cette clémence qui lui permet d’être à mes côtés et vice versa.
Avec le recul, que penses-tu de l’album Chameleon qui a marqué la fin de l’ère Michael Kiske et reste probablement l’album le plus controversé d’Helloween à ce jour ?
C’était intéressant et il y avait des raisons pour le faire. La majorité des fans n’ont peut-être pas voulu l’accepter, donc ça a posé problème. Soit il fallait revenir à la musique que les fans attendaient de notre part, soit il fallait leur apprendre par la force, ce qui était la proposition de Michael Kiske. On entre rapidement dans un cercle vicieux si on veut continuer, et tout dépend de ce qu’on veut sortir. C’est là que nous avons rencontré un gros problème et que ça s’est dégradé au sein du groupe. Ceci dit, c’était une expérience très intéressante, ça aurait pu marcher. Ça n’a pas marché parce qu’on n’était plus dans les années 70. On pouvait faire ce genre de chose dans les années 70, mais c’est avec l’expérience qu’on apprend ce qu’on peut ou ne peut pas faire en tant que groupe. Queen aurait pu faire ce genre d’album, mais nous, nous n’avions pas le droit, personne n’en a voulu.
Je pense quand même que nous aurions pu faire mieux, mais l’album a été fait sous une grosse pression et la situation n’était pas idéale avec les problèmes psychologiques qu’Ingo traversait. Nous étions dans un environnement cauchemardesque et difficile. Nous pouvions essayer de positiver, mais il y a des limites à la réalité, à notre propre esprit et à jusqu’où on peut aller. Nous étions contents d’avoir fait cette production avec Tommy Hansen, qui était la bonne personne pour faire ce genre d’album. Mais je suis content aussi que cette période soit terminée, car la tournée qui a suivi était un cauchemar. Seul le quart des places s’est vendu dans les salles où nous jouions. Ça montrait clairement qu’il n’y avait pas suffisamment d’intérêt pour ce genre de musique. Nous aurions pu essayer de faire une mixture, mais on sait comment ça s’est passé ensuite ! Je pense que nous aurions pu faire un meilleur album avec Chameleon, mais il y avait trop d’obstacles en termes de sentiments personnels, et peut-être que c’était le destin. Ça reste quand même un super album.
« Si tu as envie de transformer le groupe en quelque chose de complètement différent parce que tu n’es pas convaincu de ce qu’était et est Helloween en tant que groupe, alors ça me pose un problème. »
Après ça, Helloween est revenu avec Master Of The Rings. C’était le début d’une nouvelle ère avec Andi au chant, mais aussi en tant que compositeur. A quel point a-t-il redynamisé le groupe ?
Il fallait que nous réagissions. Je ne voulais pas continuer sur l’approche que nous avions eue avec Chameleon, car les gens ont réagi et l’ont clairement rejeté. Michael voulait continuer à faire ça jusqu’à ce qu’ils s’y fassent, mais j’ai dit que selon moi, ça n’allait jamais arriver. Il y avait donc cette difficulté et nous avons dû nous séparer. C’est triste parce que nous aurions pu – nous aurions dû – continuer ensemble, mais alors que ce serait-il passé ? Je nous imaginais plus tard jouer dans de toutes petites salles. Donc Andi Deris est arrivé et nous a sauvé la mise à ce moment-là. Il y avait beaucoup d’adrénaline et nous étions convaincus de la direction à prendre. Il s’était brouillé avec Pink Cream 69 au même moment. Nous avions évoqué l’idée qu’il rejoigne Helloween avant, mais il est resté dans son groupe jusqu’à ce qu’il se sente trahi ou ne comprenne pas où ça allait. A ce moment-là, il était prêt à nous rejoindre, mais avant ça, il refusait. C’est quelqu’un d’intègre, il soutenait ses gars dans Pink Cream 69. Il n’avait pas de raison de les quitter tant qu’il n’avait pas ce sentiment de trahison ou de confusion quant à la direction musicale de Pink Cream 69 ; c’était peut-être aussi à cause de la manière dont ils l’ont traité en tant que compositeur principal. Il en parle dans les paroles de « Where The Rain Grows ».
C’est comme ça, parfois les choses sont exposées devant nous et il faut réagir, ou alors dire : « Je quitte tout ce truc pour travailler dans un bureau. » Parfois, on n’a que quelques options qui s’offrent à nous et il faut choisir, ou alors on doit faire les choses à notre manière et les forcer dans une certaine direction. Quand on a de super personnalités et talents, il faut qu’ils restent unis et c’est ce que certains n’apprendront jamais. Les jeunes groupes doivent rester soudés, c’est la chose la plus importante, et pourtant tout le monde trahit ce principe. Il y a toujours la motivation de l’ego, genre : « Je veux prouver à quel point je suis génial, j’ai toutes les connaissances et je sais comment gérer. » Il y a des gens qui essayent de se neutraliser mutuellement et c’est l’une des choses les plus stupides à faire, mais on apprend avec le temps. On peut essayer de se mettre d’accord avec l’autre parce que peut-être on a gagné en sagesse et on a conscience de nos faiblesses, et peut-être que quelqu’un d’autre peut nous aider ; on peut accepter cette aide, être modeste et de bonne volonté, au lieu de vouloir compliquer la situation.
Roland Grapow et Uli Kusch n’ont pas participé à cette reformation, mais l’idée de les faire intervenir sur cet album, ne serait-ce qu’en tant qu’invités, vous a-t-elle traversé l’esprit ?
Je ne sais pas. Je pense qu’il y avait suffisamment de choses à prendre en compte et ça aurait été un détail supplémentaire auquel peut-être personne ne voulait penser. A un moment donné, nous nous sommes demandé si nous voulions impliquer des personnes en plus et le consensus était que nous avions suffisamment à faire. C’est peut-être aussi lié à la vision qu’ils avaient tous les deux de l’identité d’Helloween. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont dû quitter le groupe. Ce qu’ils voulaient faire n’était pas la musique qu’Helloween était censé faire. Nous avons fait The Dark Ride à la fin et une tournée, ce n’était pas exactement Helloween. Je n’ai pas tellement apprécié cette période, comme vous pouvez le savoir. Si tu as envie de transformer le groupe en quelque chose de complètement différent parce que tu n’es pas convaincu de ce qu’était et est Helloween en tant que groupe, alors ça me pose un problème.
Le nouvel album, qui s’appelle donc Helloween, évoque clairement l’idée de nouveau départ voire d’une renaissance. Penses-tu que ce sera le Helloween ultime ? Penses-tu que ça va durer ?
J’espère ! A partir de là, si tout se passe normalement, y compris sur le plan humain, il faudra une tournée et essayer de faire un autre super album. Je ne sais pas quel est le plan ou ce que la Providence nous réserve. D’une certaine façon, je crois au destin. Même si je pense qu’on peut aussi changer le destin, mais très rarement. Le destin c’est le destin et à un moment donné, on peut voir ce qu’il en est.
Interview réalisée par téléphone le 22 avril 2021 par Nicolas Gricourt.
Retranscription : Emilie Bardalou.
Traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Martin Häusler (1, 3, 6), Franz Schepers (2) & Fabio Augusto (8).
Site officiel d’Helloween : www.helloween.org
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The dark ride est pourtant une de leurs meilleur réussite hummm … bon après le groupe a 8 ou 9, aurait été effectivement été compliqué.
Pour info, Andi Deris en dit plus dans le mag n°4 à la fois sur The Dark Ride et sur Roland Grapow.
« Michael Kiske nous a dit que tout le monde avait évolué et s’entendait très bien maintenant, en précisant que tu étais « beaucoup plus con » dans le temps… »
Oh les fouteurs de merdes 😀 😀 😀
Oh yeaaahhh ! digibook acheté ce soir grâce à une chef de rayon conciliante. Grâce lui soit rendue ! :-)))
Superbe présentation et petite surprise vraiment cool dans le livret. Je ne vous gâcherai pas le plaisir mais c’est vraiment original et ludique. Jamais vu ça en 30 ans d’achats de CD, pour ma part.
Je vais écouter cet album fébrilement au casque. Tellement longtemps que j’attendais le retour de Kiske !!