Inespéré. Qui aurait imaginé il y a quelques années les chanteurs Michael Kiske et Andi Deris partager la scène, une chanson, un album, un groupe, Helloween ? Qui aurait imaginé aussi les deux Michael – Kiske et Weikath – qui se sont tant haïs finir par se rabibocher ? Pourtant, les voilà tous réunis avec le guitariste-chanteur-fondateur Kai Hansen, également de retour, lui qui a signé certains des plus grands tubes du groupe et du metal par la même occasion, et le jovial bassiste Markus Grosskopf, sans oublier le guitariste Sascha Gerstner et le batteur Daniel Löbe qui ont contribué à leur manière à faire perdurer la légende des citrouilles.
Une convergence des époques qui se matérialise aujourd’hui dans un nouvel album en forme de synthèse et de nouveau départ, simplement baptisé Helloween. Pour marquer le coup, ce n’est pas une, ni deux, mais trois interviews que nous proposons dans le magazine Radio Metal n° 4 ainsi que dans nos colonnes numériques. Michael Weikath, Michael Kiske et Andi Deris nous ont raconté cette aventure inédite ayant mené à la conception de cet album qui, espérons, ne sera pas le dernier. Les trois musiciens remontent également avec nous le fil de l’histoire pour mieux comprendre les épreuves par lesquelles ils sont passés et ce qu’est Helloween en 2021.
Note : Version sans coupes de l’interview parue initialement dans le magazine Radio Metal n°4.
« Le manageur a demandé si quelqu’un avait une idée sur ce que nous pourrions faire à l’avenir pour rendre tout un petit peu plus excitant. Et j’ai juste dit : ‘Oui, ramenez Michael Kiske !’ Il y a eu un gros silence à table, et je me souviens que le patron de JVC, notre maison de disques, a dit : ‘Hmm. Ouais. Super idée.’ [Rires] »
Radio Metal : Contrairement à Weiki et Markus, tu n’avais jamais joué avec Michael Kiske et Kai Hansen : quel genre de personnalités as-tu découvert à leur retour dans Helloween ?
Andi Deris (chant) : Concernant Michael, il n’y a pas eu de grande surprise parce que lui et moi avons beaucoup traîné ensemble. Au tout début, je l’ai invité à passer près de trois semaines à Tenerife. Nous avons passé du bon temps ensemble ici pendant trois semaines. Je lui ai montré mes restaurants et bars préférés, nous nous sommes éclatés. Nous avons eu beaucoup de temps pour parler de tout, donc pour moi, il n’y a eu aucune surprise avec Michael. Avec Kai, c’était un peu une aventure parce que je ne savais pas à quoi m’attendre. Je ne le connaissais pas très bien à l’époque et il était très pris par sa famille. Comme tu le sais peut-être, il est redevenu père. Il n’avait pas le temps de venir faire connaissance avec moi à Tenerife, même s’il était un peu déçu parce qu’il aurait aimé venir. Il s’est rendu compte que Michael et moi passions des vacances ici, mais quand ta femme est enceinte, tu ne peux pas partir sans avoir une bonne raison. Une bonne raison aurait été une tournée mondiale, mais rejoindre deux chanteurs pour socialiser n’était pas assez important. Mais pour Michael et moi, c’était super important parce que nous devons partager le chant, or c’est probablement encore plus important que le fait de partager les guitares. Au moins pour Michael et moi, c’était essentiel d’apprendre à nous connaître.
Michael nous a raconté qu’avec Kai, tu es celui qui a poussé pour que cette reformation ait lieu…
Oui, au début. Nous étions au Japon avec le management et la maison de disques. Nous avons fait un bon repas le soir, nous avons beaucoup ri. Je crois que le manageur a demandé si quelqu’un avait une idée sur ce que nous pourrions faire à l’avenir pour rendre tout un petit peu plus excitant. Et j’ai juste dit : « Oui, ramenez Michael Kiske ! » Il y a eu un gros silence à table, et je me souviens que le patron de JVC, notre maison de disques, a dit : « Hmm. Ouais. Super idée. » [Rires] Voilà comment l’idée est née. Puis, nous avons prudemment essayé de contacter Michael. Avec Kai, c’était une formalité car nous avions déjà fait deux tournées mondiales avec Gamma Ray. Pour les deux dernières chansons du set d’Helloween, Kai Hansen montait sur scène, donc les gens avaient déjà plus ou moins l’habitude de le voir jouer deux morceaux avec Helloween, « Future World » et « I Want Out ». L’idée que Kai nous rejoigne n’était pas nouvelle. Elle était déjà là grâce à la réaction des fans. Nous voyions que si Kai revenait pour une tournée mondiale, pour un concert entier, ce serait une superbe occasion pour tout le monde. Michael Kiske, c’était l’argument clé. Le fait d’avoir les deux chanteurs et Kai Hansen, ça allait être un rêve qui se réaliserait pour tout le monde. Il a fallu deux ans et demi pour enfin le concrétiser et en discuter avec Michael Kiske, Kai Hansen, le groupe et le management. Nous avons abordé ça avec beaucoup de soin et de sagesse. Nous avons présenté l’idée et appris à nous connaître.
Le plus important, c’était que non seulement Michael et moi devions nous entendre, mais qu’il y avait aussi les vieux problèmes, les raisons pour lesquelles Michael Kiske avait dû quitter le groupe. Michael a eu beaucoup de problèmes avec Michael Weikath dans le passé. C’était ce qu’il fallait résoudre en priorité : est-ce qu’ils se détestaient encore ou bien y avait-il moyen de trouver un terrain d’entente ? Il s’est avéré que tout le monde avait changé. Les deux Michael étaient beaucoup plus ouverts et tout le monde s’est excusé pour son comportement stupide à l’époque. Nous avons avancé étape par étape, nous avons annoncé à tout le monde que nous allions faire une tournée mondiale ensemble mais que l’album suivrait seulement si cette tournée mondiale fonctionnait et si tout le monde s’appréciait. Car en tournée, on doit être ensemble seulement pendant trois heures sur scène, alors que dans le monde du studio, c’est douze heures tous les jours. Maintenant, imagine-toi devoir passer douze heures par jour pendant trois ou quatre mois avec des personnes que tu n’aimes pas, ça serait l’enfer ! Nous avons donc décidé de faire ça seulement si vraiment nous nous entendions, si tout le monde s’appréciait, si nous savions que nous allions nous amuser, autrement nous n’allions pas le faire. Et ça a bien marché !
Tu es celui qui a composé le plus de chansons dans l’album. Est-ce parce que tu es le plus productif d’entre tous ou bien parce que tu es celui qui comprend le mieux ce qu’est Helloween aujourd’hui ?
J’étais probablement celui qui a dû faire le lien. Je me souviens à l’époque où nous avons fait Master Of The Rings, j’ai dû trouver avec Michael Weikath une manière de combiner l’univers des anciens Keeper, celui de Walls Of Jericho, et mon univers. Je n’aimais pas l’idée de revenir au style de Pink Bubble Go Ape ou de Chameleon parce que, pour moi, Helloween était un groupe de metal et pas de pop rock ou de pop metal. Nous avons donc dû trouver le moyen d’ériger un pont, et heureusement, nous avons réussi et les gens l’ont accepté, car Master Of The Rings et The Time Of The Oath ont eu du succès. Je pense que nous savons où nous allons, d’autant plus maintenant que Michael Kiske et Kai Hansen sont de retour dans le groupe, nous avons tous les droits de remonter encore plus loin dans les années 80 pour faire ce qui a fait d’Helloween un grand groupe à l’origine. Pour moi, c’était beaucoup plus facile de composer des chansons pour cet album, car je savais que Michael Kiske pouvait chanter chaque partie qui sonnait comme les Keeper, et que ça sonnerait comme les Keeper parce que justement Michael chanterait dessus. Ça ne pouvait pas sonner à ce point comme les Keeper si je chantais dessus parce que ma voix n’est pas celle de Michael. Il y aurait un côté Keeper, mais ça ne serait pas comme les Keeper parce que ce serait chanté par un chanteur différent. Donc cette fois, c’était un jeu d’enfant quand j’ai composé les chansons. Quand j’ai écrit « Fear Of The Fallen » par exemple, je savais que Michael Kiske la chanterait avec moi, et donc qu’il y aurait un côté à cent pour cent Keeper dès qu’il chanterait. C’était beaucoup plus simple pour moi.
« Quand j’ai intégré le groupe pour Master Of The Rings, pour moi, il était très clair jusqu’où nous pouvions aller dans le côté commercial. Nous pouvons faire des morceaux commerciaux avec Helloween si c’est drôle, mais ne jamais demander à un fan de metal d’aimer de la pop metal sans paroles humoristiques. »
Ça a ouvert tes horizons musicaux étant donné que tu avais à ta disposition une autre voix que la tienne…
Absolument. Ça, et le fait que quand on est deux chanteurs, on peut enfin écrire des chansons où on n’est pas obligé de prévoir des pauses dans le chant. Comme tu le sais, on est parfois obligé de prendre une respiration pour continuer à chanter, mais avec deux chanteurs, ce n’est pas nécessaire de prendre ça en compte. On n’a pas besoin de pause, on peut chanter une phrase et l’autre gars prend le relais. On n’a pas besoin de réfléchir aux placements des pauses pour prendre sa respiration. Pour « Fear Of The Fallen », c’était très facile. Tout d’un coup, j’avais la possibilité d’écrire un refrain sans coupure dans le chant, c’est genre Michael chante, Andi chante, Michael chante, Andi chante, etc. Pas besoin de pause, c’est parfait. Ce n’est certainement pas comme ça pour toutes les chansons, mais pour celle-ci, ça a super bien marché. Si j’avais dû l’enregistrer seul, ça aurait sonné comme une technique de production studio typique où on fait se chevaucher sa propre voix. C’est une manière de faire, mais ce n’est pas aussi naturel que quand il y a deux chanteurs, et on peut aussi le faire en live.
Quand vous aviez sorti l’album My God-Given Right, Weiki avait qualifié cet album de « Helloween typiquement années 80 et Helloween moderne en même temps ». Dirais-tu que ce qui s’est ensuite matérialisé avec la tournée Pumpkins United et maintenant ce nouvel album a un peu commencé, peut-être inconsciemment, avec l’album précédent ?
Je qualifierais My God-Given Right plutôt d’album moderne avec de vieilles influences, mais ça revient probablement au même [rires]. Inconsciemment peut-être, mais aucune préparation n’a été faite en ce sens de façon intentionnelle. Je ne pense pas que ce serait possible d’avoir une chanson typique du Helloween des années 80 sans la voix de Michael Kiske, ce n’est tout simplement pas possible. Je peux essayer autant que je peux de chanter en studio dans son style, mais ça restera la voix d’Andi, donc ce ne sera jamais une chanson à la Keeper. Même si la musique est dans la veine des Keeper, avec ma voix, il n’y aura clairement pas ce feeling. Pour les vieux fans, ce sera toujours différent. Ça pourra peut-être rappeler les Keeper, mais pour vraiment avoir le feeling du glorieux passé, il faut Michael dessus. Comme tu peux le voir sur le nouvel album, si tu prends « Fear Of The Fallen » par exemple, c’est ma chanson, je l’ai composée, mais dès que Michael chante dessus, ça te renvoie à l’époque des Keeper. Ou le refrain de « Rise Without Chains », il faut Michael là-dessus. Quand je chante cinquante pour cent de la chanson aux côtés de Michael, c’est cool, c’est pardonné. Quand Michael est là, j’ai l’impression que les gens comprennent beaucoup mieux ma voix que si je suis seul à chanter. Ça peut paraître étrange, mais Michael ramène avec sa voix le feeling des années 80. Et même si je chante après Michael, je reste dans cette ambiance Keeper parce que Michael a préparé le terrain. C’était étonnamment super. Tu chantes ta propre chanson et tu réalises que c’est encore mieux quand Michael la chante.
Quand tu as intégré Helloween il y a vingt-sept ans, tu as tout de suite participé à la composition et tu es vite devenu l’un des principaux compositeurs du groupe. Venant de Pink Cream 69, un groupe plutôt hard rock, comment es-tu parvenu à t’intégrer si rapidement au style d’Helloween ?
Je connaissais de fond en comble le style de Helloween car j’étais ami avec Weiki depuis l’album Keeper I, donc sans même le savoir, j’ai grandi avec Helloween. J’écoutais toujours les trucs que faisait Michael Weikath et il écoutait toujours les trucs que je faisais avec Pink Cream 69. Nous nous connaissions, non seulement sur le plan personnel, mais aussi musicalement. J’étais dans un univers parallèle, pour ainsi dire. Je faisais Pink Cream 69, mais j’écoutais toujours ce que faisait Helloween et vice versa, il était dans Helloween et il écoutait toujours ce que Pink Cream 69 faisait. Nous nous entraidions et je lui disais toujours quand je n’aimais pas quelque chose. Je me souviens qu’il m’avait passé l’album Chameleon et que je lui avais dit que c’était un super album, mais que ce n’était pas Helloween, que c’était de la pop metal et que les gens n’allaient pas aimer. Il m’a raccroché au nez car ça l’a mis en colère. Deux heures plus tard, il m’a rappelé et s’est excusé [rires]. En conséquence, j’avais bien conscience de ce que devait être Helloween. En tant que personne extérieure, j’avais prédit que l’album Chameleon n’allait probablement pas marcher, et malheureusement, j’avais raison. Donc quand j’ai intégré le groupe pour Master Of The Rings, pour moi, il était très clair jusqu’où nous pouvions aller dans le côté commercial. Nous pouvons faire des morceaux commerciaux avec Helloween si c’est drôle, mais ne jamais demander à un fan de metal d’aimer de la pop metal sans paroles humoristiques, car alors, il doit le prendre au sérieux. La pop ne passe pas très bien dans le metal, à moins que ce soit un morceau stupide avec un message stupide, alors c’est pardonné. Par exemple, « Perfect Gentleman » n’aurait jamais fonctionné avec des paroles sérieuses. Master Of The Rings a démontré que nous savons dans quelle direction aller. C’est du metal et il faut que ça reste du metal. C’est très bien ainsi, pourquoi voudrait-on faire de la pop avec un groupe de metal ? Je ne le comprendrais jamais.
« Selon moi, le chanteur n’est pas si important que ça quand les chansons sont supers. »
Master Of The Rings était le début d’une grande période de renouvellement et de prospérité pour le groupe après une mauvaise passe. Weiki et Michael Kiske ont tous les deux dit que tu avais sauvé le groupe…
Il est probable que peu importe qui aurait rejoint le groupe, du moment qu’il aurait écrit les bonnes chansons, il aurait été le sauveur du groupe. Pour moi, il s’agissait juste de revenir au metal et de laisser les conneries pop derrière nous, et je pense que c’était la bonne décision. Honnêtement, je suis juste content que nous ayons eu les bonnes chansons pour Master Of The Rings. C’était difficile en soi de faire un album de metal, tout en laissant ça suffisamment ouvert avec toutes ces mélodies qui vont droit au cœur à la première écoute. Je pense que c’était ça le secret. Il fallait que nous présentions quelque chose qui soit très rapidement compréhensible parce que tout le monde allait écouter cet album avec un nouveau chanteur en étant très sceptique. Il fallait que ce soit un album avec des chansons très faciles à digérer et à comprendre. Je pense que c’était la clé du succès de Master Of The Rings, car il y avait suffisamment de refrains et de chansons qu’on pouvait instantanément saisir et aimer. Ce n’était pas important s’il y avait un nouveau chanteur, les chansons étaient accrocheuses, c’était le plus important. Selon moi, le chanteur n’est pas si important que ça quand les chansons sont super.
Tu as mentionné l’album Chameleon mais il y a un autre album de Helloween qui était controversé, c’est The Dark Ride. Dirais-tu que Chameleon était une limite et que The Dark Ride était l’autre limite ?
The Dark Ride a en fait attiré plein de nouveaux fans. Tout d’un coup, The Dark Ride est devenu un de ces albums à succès. Les fans purs et durs d’Helloween étaient sceptiques, mais nous avons gagné énormément de nouveaux fans. En tant que single, une chanson comme « If I Could Fly » est entrée dans le top dix dans énormément de pays. Ça nous a ouvert à plein de nouveaux marchés. The Dark Ride a été disque d’or et de platine au bout de quelques années. Il a fallu pas mal de temps pour que les gens l’adoptent, s’y adaptent et l’apprécient. Même les vieux fans d’Helloween, tôt ou tard, ont dit : « En soi, c’est un super album, n’est-ce pas ? » Mais je me souviens effectivement que durant les deux premières années, les vieux fans ont eu beaucoup de mal à l’accepter. C’était évident quand on regardait le public que, soudain, cinquante pour cent des gens étaient des jeunes nouvellement convertis au groupe, et c’était exactement ce que nous voulions accomplir. Nous voulions établir un lien entre le vieux et le nouveau metal, et c’est ce qu’a fait The Dark Ride. The Dark Ride a été libérateur, sans cet album, nous n’aurions jamais pu mêler les vieux éléments typiques d’Helloween à des influences de metal moderne. Je trouve que c’est très important quand on veut évoluer en tant que groupe et ne pas faire du sur-place, il faut adopter de nouvelles influences un peu à droite et à gauche. Ce n’est pas sur toutes les chansons, et puis il y a aussi des morceaux comme « If I Could Fly » ou « Mr. Torture », ce n’est pas qu’un album sombre, mais ce qui est bien, c’est que si nous faisons ça aujourd’hui, personne ne dit : « Oh, ce n’est pas Helloween ! » S’il y a une partie de metal moderne dans une chanson arrangée à la sauce années 80, personne n’est là : « C’est quoi ce bordel ? » Ça nous donne un peu plus de liberté.
Tu as écrit une ballade pour le nouvel album qui, apparemment, était super mais n’a pas été retenue parce qu’elle avait besoin d’être retravaillée pour sonner plus Helloween. D’ailleurs, Michael Kiske a dit qu’il ne comprenait pas pourquoi elle n’était pas dans l’album car il l’adorait et puis, d’après lui, Helloween peut faire à peu près n’importe quoi. N’es-tu pas d’accord avec lui ?
Je suis d’accord avec lui, mais je pense que Michael devrait faire plus certaines chansons et moi plus certaines autres chansons, suivant la direction que nous prenons. En ce qui concerne cette ballade en particulier, elle était dans la veine de « A Tale That Wasn’t Right » et « Forever & One ». J’aimerais vraiment entendre Michael chanter aigu sur le refrain comme c’était le cas sur la démo originelle. Telle qu’elle est maintenant, elle est seulement chantée par moi et plus bas parce que l’équipe de production a voulu que le public chante en chœur sans avoir à crier des notes aiguës qu’il n’est pas capable d’atteindre. Ils voulaient que les gens puissent chanter en même temps, ce que je pense être une super idée, mais ça ne fonctionnait pas sur cette chanson. Elle a trop perdu sans le côté aigu. J’espère que vous pourrez l’entendre dans le futur, et probablement que lors de la prochaine interview, tu me diras : « Oh Andi tu m’as dit des conneries » ou bien « Oh Andi, tu avais raison » [rires].
Ce qui marque cet album, c’est évidemment les batailles vocales entre les trois chanteurs, et en particulier entre toi et Michael. Est-ce que ça a impliqué que vous vous poussiez mutuellement à vous dépasser avec vos prestations ?
Nous étions obligés. Honnêtement, nous pensions que ça allait être un jeu d’enfant en allant au studio, étant deux chanteurs, et parfois trois car Kai chante aussi. Nous pensions que Michael chanterait cinq ou six chansons et que j’en chanterais cinq ou six, et ce serait bon, mais la réalité était tout autre. Nous nous sommes retrouvés au studio à devoir tous les deux chanter pratiquement tout l’album, de façon à ce que les producteurs puissent voir ce qu’ils aimeraient que nous chantions. Au bout du compte, ça a représenté probablement deux fois plus de travail afin de savoir qui chanterait quoi et qui serait le plus à l’aise. Parfois, je ne me sentais pas à l’aise sur une partie et je me disais que Michael sonnerait bien mieux dessus, donc nous essayions. Et parfois il disait : « Non, moi non plus je n’aime pas ! » [Rires] Au final, nous avons chacun dû chanter probablement quatre-vingt-dix pour cent de ce que vous entendez ; Michael a dû chanter mes parties et j’ai dû chanter les siennes. Pendant des semaines, « oh et puis merde, je te laisse décider ! » était la phrase qu’on entendait le plus souvent dans le studio. Quand Michael n’était pas content de sa prestation et que moi non plus je n’étais pas content de la mienne, nous sortions de la salle d’enregistrement en disant : « Oh et puis merde, Charlie, tu décides ! » Charlie, le producteur, devait donc décider. Nous devions trouver le bon équilibre : pas trop d’Andi et pas trop de Michael, de façon à ce que quand on écoute l’album, ce soit bien réparti. C’est Andi et Michael, parfois Andi à la voix principale et Michael à la voix aiguë, parfois Michael à la voix principale et moi en arrangement. C’est beaucoup plus de travail que d’avoir simplement deux chanteurs qui se partagent l’album car il n’y avait pas de plan qui disait dès le début : ceci c’est pour Michael et cela c’est pour Andi. Nous avons dû chanter tout l’album probablement deux fois, mais c’était amusant [rires].
« J’ai eu la vie dure, j’étais tout le temps intimidé ! [Rires] Je galérais constamment et c’est pour cette raison que je n’ai jamais vraiment caché être ravi que Michael Kiske soit revenu dans le groupe. Je ne suis plus obligé de chanter ses chansons ! [Rires] »
Ce n’était pas compliqué de conserver l’intensité de la performance quand il fallait autant chanter ?
Ça prend du temps, mais nous avions tout le temps nécessaire car tous les enregistrements de chant et des guitares de Michael [Weikath] ont été faits ici à Tenerife. Si nous avions besoin de deux ou trois semaines de plus, nous pouvions les prendre. Nous ne voulions pas forcer les choses. Honnêtement, nous avions beaucoup de temps libre entre les séances. Il y a plein de jours où nous n’avons pas chanté et avons été à la plage. Au bout du compte, si Michael avait chanté tout l’album, il l’aurait fait en moitié moins de temps, et vice versa si j’avais chanté tout l’album. Mais être ensemble et voir qui doit chanter quoi, ça prend beaucoup plus de temps que prévu, mais ce n’est pas négatif pour autant, c’était comme ça, c’est tout. Mais il est clair que c’était très amusant. Je ne peux pas imaginer faire ça avec quelqu’un que je n’apprécie pas. Ce n’est probablement faisable et agréable que si on se paye une bonne tranche de rire en le faisant.
Vous êtes deux chanteurs très différents. Si tu devais analyser, quelles sont vos forces respectives ?
Il est clair que Michael est beaucoup plus fort sur les voix claires aiguës. Il est capable de chanter super aigu mais aussi super clair. Quand tu as ces superbes mélodies qui donnent la chair de poule et ces mélodies aiguës romantiques par-dessus une batterie brutale, Michael est le candidat idéal. Je pense que c’est sa plus grande force. Pour ce qui est des voix où il faut un peu plus de brutalité et quelqu’un qui crie à pleins poumons, c’est probablement pour moi [rires]. La combinaison fonctionne parce que quand on écoute les enregistrements live, par exemple, même quand je fais cette voix brutale aiguë par-dessus celle de Michael, ça se mélange parfaitement. Il reste devant avec sa magnifique voix, mais je le soutiens et apporte de la brutalité derrière. J’aime beaucoup ça, c’est une super combinaison. On l’entend très souvent dans l’album, même s’il faut probablement bien écouter la seconde voix sous celle de Michael pour réaliser : « Oh, c’est Andi qui crie comme un malade ! » [Rires]. Ça fonctionne, tout simplement. C’est cool.
Michael avait placé la barre assez haut en tant que chanteur. Au final, l’histoire démontre que tu as assuré, mais quand tu es arrivé dans le groupe, y avait-il une part de toi qui était intimidée à reprendre sa suite et à chanter ses chansons ?
Complètement. C’était tellement dur de chanter les chansons de Michael Kiske que parfois j’aurais vraiment voulu pouvoir les chanter une octave plus bas. A l’époque, quand j’ai commencé à entraîner ma voix sur du Judas Priest ou ce genre de grand groupe, je chantais parfois tout un phrasé une octave plus bas et ça passait très bien. Je pense que ce n’est pas un problème sur les trucs hyper aigus de ne pas pouvoir chanter à la hauteur originelle. Je connais plein de collègues qui ne chantent même pas leurs propres chansons à la vraie hauteur, ils chantent une octave plus bas et ça leur est pardonné. Les fans l’acceptent, ça reste le bon phrasé, c’est juste que ce n’est pas aussi aigu que sur l’album, mais c’est un compromis. Ceci dit, jusqu’à présent, j’ai toujours essayé d’atteindre les notes de Michael Kiske. Parfois j’étais bon et parfois j’étais mauvais. Ça a toujours été une dure bataille, j’ai toujours galéré.
Il y a aussi que je devais combiner les vieux et nouveaux morceaux d’Helloween, ces derniers étant beaucoup plus hard et rock n’ roll. Disons que tu chantes « Power » et qu’après cette chanson plus ou moins rock n’ roll/hard rock, il faut enchaîner sur une voix claire à la Michael Kiske. Pendant les concerts, c’était parfois tout simplement impossible. Ce n’était possible que quand je commençais avec les chansons de Michael Kiske, les trucs plus doux – aigus mais doux, sans trop de puissance –, là ça allait, mais quand je commençais avec mes chansons, les trucs hard, pour ensuite enchaîner à chanter en voix claire façon Michael Kiske, c’était pratiquement impossible. Dès le début, quand nous répétions les morceaux, j’ai réalisé que je pouvais chanter les chansons de Michael seulement quand ma voix était complètement fraîche et si je n’y allais pas trop fort. C’est aussi son secret, il n’y va jamais trop fort avec sa voix, il reste dans un côté heavy-doux, il ne pousse jamais dessus. C’est ce qui lui permet de chanter pendant plus de deux heures. Si on veut chanter les morceaux de Michael Kiske, il faut chanter avec sa technique de chant haut aigu, et ça ne marche que si on n’a pas poussé notre voix avant. Si on pousse notre voix avant avec des morceaux hard et des cris brutaux, alors sa technique n’est plus possible. C’est pourquoi j’ai eu la vie dure, j’étais tout le temps intimidé ! [Rires] Je galérais constamment et c’est pour cette raison que je n’ai jamais vraiment caché être ravi que Michael Kiske soit revenu dans le groupe. Je ne suis plus obligé de chanter ses chansons ! [Rires]
« Je n’ai jamais compris qu’on puisse qualifier de bruit quelque chose qui fait autant de bien à des gens et leur fait passer un aussi bon moment. »
Comme tu l’expliquais, Michael et toi avez travaillé de manière rapprochée sur le chant et il semble que Kai était un peu exclu de ce processus pour les raisons que tu as évoquées plus tôt. Ceci dit, une chanson sur laquelle Kai est très présent, c’est la sienne, le morceau épique de douze minutes « Skyfall ». Comment avez-vous géré le fait d’inclure Kai dans votre dynamique vocale ?
Il y a plein de parties qu’il aurait pu chanter. Théoriquement, il y avait cette phrase que Kai aurait pu chanter, et ensuite ce serait passé à Michael et Andi, mais ça ne s’est pas fait. Il était trop occupé avec sa famille et « Skyfall ». Il s’est totalement concentré sur « Skyfall », en fait, ce qui était bien. Au final, nous ne voulions pas l’arracher à cette chanson et lui demander de venir en avion à Tenerife pour enregistrer son chant. Un vol pour Tenerife, avec les allers-retours, le temps passé à l’aéroport, ça prend toute une journée. Il était avec sa famille, en train de faire « Skyfall », et je pense que c’était beaucoup plus important qu’il finisse ce morceau. Je préfère voir un « Skyfall » tel qu’il est aujourd’hui que trois ou quatre phrases de plus chantées par Kai Hansen.
Tu as écrit la chanson « Mass Pollution », où le refrain dit : « We just love it loud, bang and shout it loud […] We are the heavy nation. » Etait-ce écrit en ayant les concerts en tête ? Est-ce que ça a été conçu pour être un hymne live ?
Il est clair que j’avais le live à l’esprit. J’ai essayé d’y mettre certains ressentis que j’ai quand je suis sur scène. La plupart du temps, tu as cette émotion sensationnelle en montant sur scène, toutes les mains se lèvent et tout le monde est content. C’est génial. J’ai essayé de transmettre ce sentiment que j’ai quand j’écoute du metal et quand je monte sur scène, et ce sentiment qu’on a quand on fait partie de cette armée de fans de metal et qu’on fait une grande fête tous ensemble. Personne ne peut comprendre ce qui se passe quand on n’est pas fan de rock ou de metal. On considère probablement cette musique que nous aimons tant comme du bruit. Je n’ai jamais compris qu’on puisse qualifier de bruit quelque chose qui fait autant de bien à des gens et leur fait passer un aussi bon moment. Il fallait que j’écrive là-dessus. Dans les paroles, j’ai détourné l’expression « armes de destruction massive » et j’ai dit : « Nous ne sommes pas des armes de pollution massive » [rires]. C’est ce grand mensonge qu’on entend comme quoi nous faisons juste beaucoup de bruit et que nous sommes des trous-du-cul brutaux, drogués et alcooliques. Oui, il y a de la drogue et de l’alcool, mais il y en a partout. Ce n’est pas seulement dans le metal. Et nous sommes ceux qui faisons des festivals avec des centaines de milliers de personne sans un seul mort, il n’y a pas de brutalité comme on peut le voir dans d’autres festivals non metal, où ils se frappent à mort ou où des gens meurent d’overdose. Tout le monde s’attend à le voir chez nous, dans la scène metal, alors qu’en fait, dès qu’on entend parler de morts en festival – battus ou par overdose – c’est partout sauf dans le metal, ce qui signifie que notre musique est probablement un meilleur choix. Nous ne sommes pas agressifs car nous avons de la musique agressive. Je pense que c’est ce que tout le monde devrait comprendre. Jusqu’à présent, personne ne le comprend à part nous-mêmes [rires].
Ne penses-tu pas que ce préjugé a un peu changé ?
Plus ou moins. Il y a des reportages à la télévision sur les grands festivals, comme par exemple le Wacken en Allemagne. De plus en plus de gens réalisent que nous, les bêtes de foire brutales qui écoutent du metal, ne sommes pas du tout brutaux. Nous sommes en fait les gars les plus relax qui soient. Oui, nous avons l’air dangereux, nous avons de longs cheveux avec des vestes en cuir. Nous avons l’air dangereux, mais nous ne le sommes pas. Malgré tout, trop de gens pensent que nous sommes des méchants et pas assez réalisent que la musique agressive évacue notre agressivité quotidienne, que ça n’ajoute pas d’agressivité. C’est l’aspect principal que les gens doivent comprendre : si vous avez de l’agressivité en vous, écoutez du metal pour vous calmer.
Le fait d’avoir des paroles positives a toujours été important pour Helloween et ça fait partie de sa marque de fabrique si on compare à d’autres groupes de heavy metal. Mais si on regarde certaines de tes paroles, c’est parfois très sérieux, surtout une chanson comme « Cyanide ». N’y a-t-il pas un conflit parfois entre cette tradition de « joyeux Helloween » et ta tendance à t’engager et à avoir un regard plus amer sur le monde et notre société ?
Les paroles de « Cyanide » parlent d’un sujet qui me gonfle vraiment. Il faut que ce soit dit. Ce n’est clairement pas du « joyeux Helloween », mais je pense que c’est quelque chose qui nous touche tous. Ça parle du système dans lequel on vit. Par exemple, quand tu vas chez le médecin, on te dit que tu as besoin d’une opération, or je me rends compte qu’aujourd’hui, on ne sait même pas si on a vraiment besoin d’une opération ou si c’est juste pour se faire de l’argent. La société exploite chaque personne. C’est le cyanure qu’ils essayent de vous vendre et qui vous empoisonne un peu plus à chaque fois vous revenez, si on prend l’exemple du médecin. C’est cette théorie du complot qui existe depuis des années. D’ailleurs, j’en ai été témoin avec mes propres amis et mes propres parents. On les incitait à prendre des médicaments ou subir des opérations, et après plusieurs années, tu apprends que l’opération n’était pas nécessaire ou que les médicaments n’étaient pas bons car ils te donnaient une autre maladie. Telle est notre société aujourd’hui. On verra quelle société on aura dans le futur, après la pandémie, mais à mon sens, ça ne peut pas être pire qu’aujourd’hui. J’ai donné cet exemple avec la santé, parce que c’est très facile à comprendre, mais on voit ça partout. Tu vas au supermarché et tu payes deux fois plus cher des produits bio, et quand tu es chez toi, tu regardes la petite étiquette et tu réalises que c’est un autre E12, E100, chimie, chimie, chimie, et au final tu sais que tu t’empoisonnes avec cette merde. C’est un gros mensonge. C’est dur de faire le tri entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas aujourd’hui.
« Trop de gens pensent que nous sommes des méchants et pas assez réalisent que la musique agressive évacue notre agressivité quotidienne, que ça n’ajoute pas d’agressivité. C’est l’aspect principal que les gens doivent comprendre : si vous avez de l’agressivité en vous, écoutez du metal pour vous calmer. »
On regarde tous la télévision, on consomme tous des médias, des fils d’actualité, etc. mais c’est très difficile de trouver des informations honnêtes et la vérité parce que tout ce qu’on entend est seulement motivé par l’argent. Donc avec n’importe quelle information, il faut se demander si c’est vrai ou si c’est simplement quelque chose qui va rapporter de l’argent à quelqu’un. Aujourd’hui, j’ai l’impression que tout est fait pour gagner plus d’argent, y compris les informations. Pour tout, il a autre message derrière la soi-disant vérité. Honnêtement, j’en ai marre de n’entendre que des demi-vérités parce que la plupart du temps, une partie de la vérité est un gros mensonge. Si tu n’entends pas toute la vérité, pourquoi dis-tu que tel gars ou tel produit est mauvais ? Dis-moi pourquoi, dis-moi toute l’histoire, pas seulement une partie. Je pourrais te dire que cette année est la pire année de tous les temps parce que la météo est merdique aujourd’hui. Or je ne t’ai pas dit que durant les deux cents derniers jours avant ce jour merdique il faisait beau. Au final, ce n’est pas une mauvaise année, c’est seulement aujourd’hui. C’est la moitié de la vérité et j’en ai marre de ça. C’est ça le message sous-jacent : on bouffe tous du cyanure.
Ça me rappelle la une du Time Magazine qui disait que 2020 était la pire année de tous les temps…
Et c’est des conneries. Si tu compares l’année 2020 avec le reste du livre d’histoire, elle n’est pas si mauvaise que ça. C’est comme lorsqu’ils donnent le nombre de personnes qui sont mortes cette année, ça paraît affreux, et ils disent que c’est la pire année de tous les temps. Je me souviens quand ils ont dit que nous avons eu le plus fort taux de mortalité dans le monde en 2018. Si on compare avec le reste des années, tu te rends compte que clairement plus de gens sont morts en 2018 qu’en 2012, par exemple. Seulement, ce qu’ils ne nous ont pas dit est qu’en 2012, il y avait des centaines de millions de gens de moins sur la planète qu’en 2018. Certainement que plus de gens sont morts en 2018 qu’en 2012 parce qu’en 2018, il y avait des centaines de millions de gens en plus sur la planète. Ils ne nous disent pas le pourcentage, ils disent seulement le nombre. Le nombre induit en erreur quand on ne le met pas en perspective. C’est un autre grand mensonge. Ces mensonges constants me tapent sur les nerfs. Donnez-moi les pourcentages. Les pourcentages disent qu’en 2012, il y avait deux cent trente millions de gens en moins sur la planète, et disons qu’un virgule huit pour cent sont morts. En 2018, tout d’un coup le pourcentage était d’un virgule quatre pour cent. Donc 2018 n’était pas la pire année.
C’est comme avec la pandémie, c’est un autre calcul que l’on doit faire maintenant. Si tu me dis qu’en 2020, tant de gens sont morts par rapport à 2012, c’est peut-être vrai, mais ne me dis pas le nombre de personnes qui sont mortes, dis-moi le pourcentage parce que je suis relativement certain qu’en 2020, il y avait beaucoup plus de gens sur la planète qu’en 2012. C’est clairement quelque chose que j’aimerais entendre. Ce serait intéressant. Peut-être que 2020 n’était pas la pire année de pandémie et peut-être qu’en mettant les choses en perspective, d’après les pourcentages, plus de gens sont morts en 2012 qu’en 2020. Mais il ne faut pas le dire trop fort quand on veut garder son journal [rires].
D’après Kai, il semble qu’il y ait un thème général, qui serait la pensée critique et l’idiocratie. Penses-tu que ce soit un terrain d’entente pour vous dans le groupe ?
Ça en fait clairement partie et c’est clairement quelque chose que nous adorons [rires]. Je pense qu’Helloween a toujours, quatre-vingt-dix-neuf pour cent du temps, dissimulé le côté politique et les critiques sociales, au sein de l’univers Keeper par exemple. Nous avons toujours pu replacer ça dans un monde fantastique, en faire un genre de conte de fées, dans lequel il y a toujours une part de vérité. Si tu cherches à sortir ça de l’univers fantastique et à le mettre dans notre monde, alors tu trouveras probablement la vérité qui se cache derrière. Par exemple, « The King For A 1000 Years » parlait d’une situation politique grave et nous l’avons placée dans l’univers Keeper, mais on peut facilement appliquer cette chanson à notre vie quotidienne. Nous faisons souvent ça, comme dans « Fear Of The Fallen », « Skyfall » ou « Rise Without Chains », et parfois nous ne le faisons pas, c’est à découvert, comme dans « Cyanide ». Parfois, nous parlons aussi de trucs stupides. Il y en a plein dans « Skyfall », mais en fait je trouve que ce n’est pas si stupide que ça. On peut le transposer dans notre monde normal car parfois on a l’impression d’être un extraterrestre sur cette putain de planète. Il faudrait demander à Kai quelle part du conte de fées de « Skyfall » vient d’une réalité dans son monde.
« J’ai commencé ma carrière de musicien en rêvant de voyager dans le monde et de le conquérir avec mes amis. Je suis probablement trop naïf, mais les amis ne devraient pas nous trahir. »
D’un autre côté, vous avez ces morceaux très positifs comme « Best time » et « Indestructible » : est-ce que ça traduit ce que ressent le groupe à propos de lui-même ?
Clairement pour « Indestructible ». Markus en a écrit les paroles, il est toujours très fier de ce que nous avons accompli ; tout le monde l’est, mais Markus l’a exprimé au travers de ces paroles. Dès qu’il arrive à sa huitième ou neuvième bière, il devient très euphorique et positif, et on se retrouve avec une chanson comme « Indestructible ». Il est fier du groupe, tout simplement. Parfois, il parle du passé, il a été témoin de tous les hauts et les bas. Il dit : « Peu importe ce qui passe, on dirait bien qu’on est indestructibles ! » Voilà comment cette chanson est née. C’est typique de Markus, c’est très positif. J’aime beaucoup cette chanson. « Best Time » c’est probablement autre chose. Les paroles ont été écrites par Sascha. De ce que j’ai compris, car je j’ai aidé avec les paroles et j’ai écrit certaines parties de la chanson, l’idée de « Best Time » est qu’il a découvert qu’il vivait déjà le meilleur moment de sa vie et qu’il le compromettait en faisant certaines choses avec certaines dames. Il s’est finalement rendu compte qu’il préférait éviter parce que, justement, il vivait déjà le meilleur moment de sa vie, qu’il devrait chérir ce qu’il a et ne pas jouer avec le feu. La clé c’est la conscience. Mais il y a une fin heureuse [rires].
Roland Grapow est le grand absent de cette reformation, vu son implication passée dans le groupe. Est-ce que vous avez toujours de la rancune à son égard ?
Non, plus maintenant. En fait, il a eu un meeting avec Weiki et il m’a parlé de la reformation et nous avons joué cartes sur table. Il n’y a plus de rancune, mais il fallait qu’il comprenne que nous ne lui faisions plus confiance. Honnêtement, la décision était de faire venir les membres principaux du groupe. Roland n’a jamais écrit beaucoup de chansons. Il a dû en faire trois durant toutes ces années. Il n’était pas suffisamment important pour qui que ce soit. Il aurait dû composer beaucoup plus de chansons s’il voulait vraiment avoir sa place dans le groupe et il n’aurait pas dû faire certaines choses. Il a volé une grande quantité d’argent au groupe. Je ne sais pas si tu continuerais à travailler avec des gens qui te volent de l’argent. Dans mon monde, le groupe devrait être avec des gens qui s’apprécient, qui voyagent à travers le monde et apprécient le fait que nous avons réalisé un rêve. J’ai commencé ma carrière de musicien en rêvant de voyager dans le monde et de le conquérir avec mes amis. Pourquoi demanderais-je à jouer dans un groupe si ce n’est pas mon rêve ?
Je suis probablement trop naïf, mais les amis ne devraient pas nous trahir. Un ami avec qui je parcours le monde, avec qui je partage tout, mes pensées, mes cigarettes ou peu importe ce que j’ai… Je partage tout avec mes amis, y compris l’argent que je gagne avec mes chansons, car quand j’écris une chanson, je ne prends pas tout l’argent pour moi, je le partage équitablement avec mes collègues. C’est ça un groupe. Autrement, si on ne fait pas ça, chacun est obligé d’écrire des chansons pour gagner sa vie. Dans ce cas on se retrouverait probablement avec un tas de mauvaises chansons dans l’album parce que tout le monde doit se battre pour survivre. Alors que si on partage nos chansons avec tout le monde dans le groupe, personne n’est obligé de se battre pour des chansons potentiellement mauvaises juste pour une question d’argent. Quand tu as ce gars, avec qui nous partagions tout, qui soudainement prend tout l’argent du groupe alors que j’étais – et je le suis toujours – l’un des principaux compositeurs, c’est comme un coup de pied dans les couilles. Ça fait très mal.
As-tu eu l’occasion d’écouter son album Pumpkings où il reprend des morceaux de Helloween du temps où il était dans le groupe et qu’il a sorti à peu près au moment de la tournée Pumpkins United ?
Honnêtement, j’ai trouvé ça embarrassant et je ne l’ai pas écouté. Peut-être que c’est super, ou peut-être pas, j’ai juste trouvé ça embarrassant.
Interview réalisée par téléphone le 23 avril 2021 par Nicolas Gricourt.
Retranscription : Emilie Bardalou.
Traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Martin Häusler (1, 3, 5, 8), Fabio Augusto (2), Franz Schepers (7).
Site officiel d’Helloween : www.helloween.org
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Je m’ttendais pas du tout a une partie 3 ! Y aura t’il une partie 4 du coup !?
[Reply]
T’es sérieux, c’est indiqué dans le préambule, qui est le même que dans les 2 autres interviews…
Arf, désolé, je les lis rarement en entier :p
Ca me pompe ces préambules parfois, comme les critiques d’album dont je ne lis que la conclusion -et encore- tellement le style d’ecriture ne me conviens pas, mais là j’ai d’excuses -_- désolé.