Ce qu’Helloween a accompli avec la tournée Pumpkins United et qu’il poursuit désormais sous la forme d’un album n’a aucun équivalent. En 2016, après quinze années d’un line-up stable, les citrouilles ont décidé qu’il était temps de faire la paix avec son histoire et de convier Kai Hansen et Michael Kiske à la fête, respectivement vingt-sept et vingt-trois ans après leurs départs. Un line-up entériné après près de trois ans de tournée pour faire de Helloween une entité à sept têtes représentant les trois époques de son histoire.
C’est sous cette forme et dans cette idée qu’a été conçu l’album Helloween : que ce soit les échos aux Keepers Of The Seven Keys d’« Out For The Glory », le Helloween plus moderne de « Cyanide », le mélange des époques de « Robot King », les futurs tubes live que sont amenés à devenir le très mélodique « Best Time », le plus rock n’ roll « Mass Pollution » ou le heavy « Indestructible », sans parler du monument « Skyfall » qui, du haut de ses douze minutes, fait honneur à la tradition des longues chansons à tiroirs du groupe.
A l’occasion de deux sessions de conférence de presse d’une heure trente chacune, les sept membres de Helloween (Michael Weikath, Markus Grosskopf, Andi Deris et Sascha Gerstner le premier jour, Kai Hansen, Michael Kiske et Daniel Löble le second jour) se sont prêtés au jeu de la discussion pour présenter l’opus et nous raconter sa conception, et plus encore. Vous retrouverez ci-après le compte rendu de ces trois heures d’échanges, sélectionnés et arrangés par nos soins, et découpés par thématiques.
« Il fallait commencer la tournée pour voir si nous allions nous entretuer ou si ça allait fonctionner, et ça a bien fonctionné, donc c’était une étape naturelle. »
À propos de la décision de faire un album :
Michael Kiske (chant) : Je crois que c’est lorsque nous avons découvert que ça fonctionnait sur le plan personnel [que nous avons décidé de faire un album]. Nous nous entendions très bien. Cette possibilité était de toute façon dans un coin de nos têtes, mais il fallait commencer la tournée pour voir si nous allions nous entretuer ou si ça allait fonctionner, et ça a bien fonctionné, donc c’était une étape naturelle.
Kai Hansen (guitare & chant) : Si nous étions partis en tournée et que nous nous étions détestés tous les jours, pour je ne sais quelle raison, ça n’aurait pas été possible, mais de toute évidence, tout s’est bien passé [rires]. Donc vers la fin de la tournée, nous avons discuté de la prochaine étape et tout le monde a été d’accord pour dire que nous devions faire un album ensemble.
À propos de la direction musicale et du choix des chansons :
Michael K. : Nous n’avons jamais été le genre de groupe capable de définir à l’avance la direction que les albums étaient censés prendre. Tout le monde compose des chansons, nous jouons avec ça et à la fin ça devient ce que ça devient. En tout cas, c’est ma vision. Je ne sais pas si quelqu’un dans le groupe est vraiment en mesure de prévoir une direction. C’est juste qu’on a des idées et celles-ci ont leur propre volonté.
Kai : Nous n’avons pas essayé de recréer un autre Keeper, mais il est évident que cette qualité est ce que nous essayions de viser. J’ai jeté plein d’idées que j’avais pour l’album, sans même travailler plus dessus, et qu’autrement j’aurais peut-être utilisées, parce que c’était soit trop éloigné du cadre d’Helloween, selon moi, soit c’était trop proche de Gamma Ray ou trop moi. Il est clair que je me suis focalisé sur l’âge d’or d’Helloween dont j’ai fait partie. C’est ce que j’ai aimé dans « Skyfall », je me suis dit : « Ok, pour moi, ça c’est Helloween, c’est comme ça que je vois ce groupe sur les plans sonore et musical. » J’ai donc fait cette chanson et le reste est tombé à l’eau. Mais évidemment, il faut être ouvert à tout et nous n’avons rien planifié. Nous nous sommes dit que chaque compositeur allait se poser et composer ce qui lui viendrait, et ensuite que le groupe déciderait si la chanson irait sur l’album ou pas. C’est comme ça que ça a fonctionné.
Michael K. : Aujourd’hui, il y a beaucoup plus de possibilités par rapport à ce que nous pouvons faire dans ce groupe. Quand tu regardes l’histoire de ce groupe, tous ces albums qu’Helloween a faits quand Kai et moi n’en faisions plus partie… Ils ont fait tellement d’albums, ils étaient toujours différents, ce groupe couvre tellement de styles qu’il n’y a rien que nous ne puissions faire. En fait, j’aurais aimé que Kai ne jette pas certaines de ses chansons et qu’il leur laisse une chance, car je crois qu’il n’y a rien que nous ne puissions faire. En tout cas, c’est mon point de vue.
Andi Deris (chant) : En fait, tout d’un coup, nous avions un compositeur supplémentaire, Kai, et tout le monde attendait beaucoup de lui, car nous savions que c’était un grand compositeur, donc il devait forcément y avoir de super compositions pour le nouvel album, mais globalement, Helloween a toujours été un chaos positif. Il y a énormément de compositeurs, énormément d’idées, et la technologie nous aide beaucoup, car dès que nous avons une idée, nous la mettons dans une Dropbox et si quelqu’un dans le groupe adore un truc, alors nous en faisons quelque chose. Avec Helloween, ça a toujours été le chaos niveau composition, car il y a toujours trop d’idées, mais tout le monde est content d’avoir plus d’idées que nécessaire – pour chaque album d’Helloween, nous aurions probablement pu en faire deux. D’un autre côté, c’est important de trouver la bonne mixture et de ne pas se retrouver avec un album ennuyeux. Nous sommes de la vieille école, nous écoutons toujours des albums, de la première à la dernière chanson, c’est comme un petit voyage.
Michael K. : Au départ, j’ai cru que ça allait être un challenge, mais j’ai été surpris de voir que, rapidement, nous nous sommes retrouvés avec plus de chansons que nécessaire. Ça a pris une éternité pour sortir l’album, car nous voulions le sortir l’an dernier mais nous avons dû le repousser, et nous le sortons maintenant parce que personne ne sait combien de temps ça va prendre encore, mais ça m’a étonné à quel point il a été facile à faire. Je ne sais pas pourquoi. Il y avait tout simplement un bon esprit. Je crois en la destinée, pas dans le sens de la fatalité, mais je crois que les choses sont prédestinées et que si on n’essaye pas de les détruire, elles se produisent. Et je crois que les groupes vivent de cet esprit, avec des gens qui se réunissent et essayent de faire quelque chose ensemble – ça crée cet esprit. Donc je ne m’en soucie pas : soit ça se fait, soit ça ne se fait pas. Tu ne peux pas le forcer. Tu peux bosser comme un acharné pour faire un super album, mais si ce n’est pas censé se passer, ça ne se passera pas, et vice versa. Là, en l’occurrence, ça paraissait vraiment être la bonne chose à faire. Je n’ai écrit aucune chanson, donc peut-être que je ne suis pas bien placé pour en parler, mais j’avais vraiment l’impression que ça se faisait très facilement.
« Avec Helloween, ça a toujours été le chaos niveau composition, car il y a toujours trop d’idées, mais tout le monde est content d’avoir plus d’idées que nécessaire – pour chaque album d’Helloween, nous aurions probablement pu en faire deux. »
Kai : J’ai une vision un peu différente, parce que je suis super critique avec tout le monde dans le groupe, moi y compris, et avec la moindre chanson, la moindre partie, etc. Je veux le meilleur et je suis parfois très radical. Si je ne le sens pas, alors ça ne va pas. Je suis toujours comme ça. Encore maintenant, honnêtement, je n’ai pas suffisamment de recul par rapport à l’album pour vraiment le juger. Je l’adore mais je pense ne pas encore pouvoir le juger, car je suis encore submergé par tout le processus. Si j’écoutais l’album maintenant, je serais encore là : « Oh mon Dieu, il y a tellement de choses… Ci et ça devraient être différents. Ça c’est super. » Je suis un peu perdu. Je trouve que l’album est bon, mais j’ai besoin de beaucoup plus de recul, car la finalisation de l’album me semble encore trop récente. J’ai l’impression que c’était hier. Donc je mets l’album de côté. Il m’est arrivé d’écouter des passages ici et là en studio, et je me suis dit : « Ok, tu ne devrais pas faire ça », car je suis encore extrêmement critique avec tout ce qui est sur l’album. A chaque fois que je fais un album, j’ai besoin de temps avant de le réécouter et le juger.
Michael K. : Oui, mais je pense que nous sommes tous comme ça, et c’est normal de vouloir le meilleur. Je parlais plus du processus en tant tel qui a donné naissance à l’album. Nous ne nous sommes jamais confrontés à une pénurie de chansons ou quoi que ce soit. C’était beaucoup plus facile que je ne l’aurais cru.
Sascha Gerstner (guitare) : Après, nous avons quand même pris du temps. Auparavant, il nous fallait deux ou trois mois pour produire un album, or cette fois il nous a fallu du temps pour choisir les chansons, définir lesquelles se mariaient et s’enchaîneraient bien dans un album, et ensuite les finir. Nous avons fait des sessions de jam et des préproductions. Ce processus était beaucoup plus long.
Kai : Pour ce qui est du choix des chansons, nous avions un pot commun de chansons composées par chacun des compositeurs, et ensuite nous avons refait une session d’écoute au studio. Le groupe au complet et les producteurs ont écouté chaque chanson et puis nous avons voté pour savoir si telle ou telle chanson était pour l’album ou pas. Nous avions des catégories A et B. J’avais offert deux chansons supplémentaires mais, comme je l’ai dit, soit elles sonnaient trop comme Gamma Ray, soit elles n’étaient pas suffisamment bonnes, je ne sais pas, et elles ont été écartées, pas de souci. Ça a donc été décidé à la majorité quelles chansons allaient être sur l’album.
À propos de la composition des chansons :
Sascha : Pour composer, il faut vraiment que je sois en mode Helloween. Ce que je ne peux pas faire, c’est partir en tournée et composer en tournée. Certains sont capables de le faire, ce que je trouve génial, mais moi j’en suis incapable. J’ai besoin d’être dans une bulle pour ça. De même, quand il y a un album qui arrive, j’ai besoin d’écouter plus de heavy metal que je n’en écoute normalement. J’écoute des vieux trucs des années 80 pour m’imprégner de l’atmosphère. J’ai besoin d’une atmosphère, car je ne peux pas planifier ou produire délibérément des choses, il faut que ça me vienne naturellement. Ensuite, quand je suis dans cette atmosphère, je trouve tout de suite des idées. Si je fais d’autres musiques, c’est pareil. Si je vais visiter un musée et que je regarde des œuvres d’art, ça peut m’inspirer et ensuite je rentre chez moi et j’enregistre des idées. Il ne faut pas forcément que ce soit de la musique avec de la guitare, mais pour Helloween, j’ai besoin d’être dans cette bulle heavy metal. C’est comme ça que les chansons me viennent.
Markus Grosskopf (basse) : Je connais très bien Sascha après toutes ces années à jouer ensemble, et il vient d’un background très différent, alors que moi, mon background c’est Helloween. Je me mets dans l’ambiance d’Helloween pour écrire, je pense à ce que nous avons fait il y a de ça des années, à ce qu’on peut mettre dedans pour donner à cette musique un nouveau coup de boost et à jusqu’où on peut aller, jusqu’où les gens considèreront ça comme étant Helloween. Ce qui est super à propos d’Helloween avec des morceaux tels que « Dr. Stein », « I Want Out », etc., c’est que nous nous sommes accordé une certaine liberté au sein du cadre heavy metal. Venant de l’extérieur de ce cadre, Sascha est doué pour se placer dedans et apporter de nouveaux arrangements et de nouvelles influences. Moi, je suis plus classique, j’ignore un peu tout ce qui m’entoure et je suis d’emblée en mode Helloween.
« Quand il y a un album qui arrive, j’ai besoin d’écouter plus de heavy metal que je n’en écoute normalement. J’écoute des vieux trucs des années 80 pour m’imprégner de l’atmosphère. »
Sascha : Je suis l’opposé : mon cœur est en partie divisé en secteurs. Je m’intéresse à plein de choses différentes, et pas seulement dans le domaine de la musique. Helloween prend beaucoup de place dans mon cœur, mais je dois toujours ouvrir une porte pour entrer dans cette pièce. C’est le sentiment que ça me donne. Il m’arrive de faire des choses autres que de la musique parce que la vie est courte et que je suis curieux de plein de choses.
Markus : Je suis désolé, mais tu dois chier du Helloween, manger du Helloween, respirer du Helloween, ta vie doit être Helloween pour être Helloween ! [Rires]
Sascha : Justement, pour monter sur scène, être en studio, écrire des chansons, j’ai besoin d’ouvrir cette porte dans mon cœur pour être ce gars. Parfois d’autres choses débordent dans la pièce… Mais je sais qu’Andi est pareil, il est très ouvert d’esprit et curieux.
Markus : Après, si quelqu’un compose une chanson mais que ce n’est pas du Helloween ou à la sauce heavy metal, on peut l’arranger pour en faire un morceau d’Helloween. Nous nous intéressons tous à différents types de musique. J’aime le rockabilly et le blues, mais qui veut entendre un morceau de rockabilly ou de blues de la part d’Helloween ? Tu as une mélodie en tête et tu peux en faire une chanson de blues ou une chanson de heavy metal, que vas-tu faire étant dans Helloween ? Tu vas partir sur du heavy metal.
Michael Weikath (guitare) : Je suis coupable de faire la même chose depuis toujours. J’essaye de trouver des structures qui pourraient être modernes, mais je ne sais pas faire. Donc je reste sur ce que je sais faire, ce que je connais et ce que j’aime. Quand j’écoute des riffs comme [chante « Seven Nation Army » des White Stripes], je me dis toujours : « Ouais, c’est ce qu’on jouait quand on avait treize ans ! » C’est considéré comme étant moderne, mais ça ne l’est pas. En particulier avec cet album, j’étais très soulagé de ne pas avoir à composer « Best Time », en l’occurrence. J’étais tellement content quand Sascha et Andi sont arrivés avec cette chanson, car quelqu’un a dit : « Il vous faut un autre ‘I Want Out’ ou un autre ‘Dr. Stein’. Qui va écrire le single commercial ? » Cette fois, je me suis mis en mode workshop, j’ai dit : « Je vais me poser et faire trois ou quatre morceaux en deux mois et demi. » Et c’est ce que j’ai fait, je me suis posé pendant deux mois et demi, et j’ai simplement fait des morceaux classiques à la Weiki. Je me disais : « Ne fais rien d’expérimental, les gens vont détester. Fais juste ce que tu es censé faire. »
Sascha : J’ai beaucoup aimé faire la chanson « Best Time ». Je l’ai composée avec Andi, nous étions posés à Hambourg dans ma chambre d’hôtel. Quand j’ai amené l’idée de cette chanson, il y a eu une connexion instantanée, et nous avons enregistré le morceau et fait des arrangements de base. Je vois encore Andi quitter la pièce – nous avions complètement terminé la chanson – et se retourner en disant : « En fait, c’était vraiment amusant ! »
Andi : Ça s’est fait de manière très fluide et nous avons arrangé la chanson complète en un temps record ! Il y a aussi des parties dans l’album que j’avais écrites il y a déjà deux ans. Je suis tout le temps en train d’emmagasiner des idées. Par exemple, le refrain de « Mass Pollution » a au moins sept ou huit ans, mais je n’avais jamais trouvé de couplet ou de riff pour aller avec. C’était juste une idée pour un refrain qui pouvait être super une fois que nous aurions un bon couplet. J’ai toute une collection de parties que j’aime mais je n’ai pas les bonnes idées pour les finir.
Michael W. : Il y avait ce film d’Al Gore sur le changement climatique, Une Vérité Qui Dérange. Un jour, j’ai regardé ça sur mon iMac et j’étais là : « C’est quoi cette mélodie ? » Ça m’a inspiré le refrain d’« Out For The Glory ». C’était il y a dix ou quinze ans. Ça traînait sur mon disque dur et j’ai essayé de le travailler parce je n’ai jamais été content de ce refrain et de l’arrangement global, je trouvais que ça sonnait ringard, il fallait que je fasse quelque chose, mais ce refrain est aussi vieux que ça.
« Je n’ai même pas essayé d’écrire de chansons. […] Quand il s’agit de faire des chansons de metal, des gens comme Kai ou Weiki sont bien meilleurs que moi. Les trucs que je compose n’ont pas grand-chose de metal. Il y a des chansons qu’on peut metalliser, mais mes musiques ont toujours été différentes. »
Markus : Je pourrais aussi vous raconter comment j’ai fait mon morceau dans l’album. En fait, j’ai écrit plein de chansons et accumulé plein d’idées dans l’optique du nouvel album. Pour enregistrer ces idées, j’ai installé mon matériel, j’avais mon ordinateur portable, une interface, et puis avec une petite guitare pourrie, j’ai joué ce riff, juste pour vérifier le son. En réécoutant ça, deux semaines plus tard, je me suis dit : « Ça c’est un riff ! Je l’aime bien ! » Je ne m’étais pas rendu compte sur le moment qu’il était si bien et c’est devenu la chanson « Indestructible » qu’on retrouve sur l’album. Toutes les autres chansons avaient été très réfléchies en comparaison de celle-ci, or elles n’ont pas intéressé grand monde. Moralité : il faut rester spontané [rires]. Ça ne marche pas toujours, mais cette fois ça a marché.
Michael K. : Pour ma part, je n’ai même pas essayé d’écrire de chansons. Enfin, je l’ai fait pendant un court moment avec Sascha pour essayer de faire quelque chose, mais je ne m’y suis pas vraiment mis sérieusement, car il y a tellement de compositeurs et quand il s’agit de faire des chansons de metal, des gens comme Kai ou Weiki sont bien meilleurs que moi. Les trucs que je compose n’ont pas grand-chose de metal. Il y a des chansons qu’on peut metalliser, mais mes musiques ont toujours été différentes. Nous avons quand même beaucoup travaillé ensemble, même si je n’étais pas toujours là lorsqu’ils arrangeaient les chansons.
À propos de l’absence de ballade :
Kai : Il manque une ballade. Helloween a toujours eu une ballade mais pas cette fois.
Andi : Nous avons enregistré une ballade mais d’un autre côté, l’album fait déjà plus d’une heure, alors imaginez une ballade en plus ! Mais nous l’avons enregistrée, j’ai chanté dessus, c’est une belle ballade. En fait, nous nous sommes dit qu’il fallait que nous la réenregistrions, parce qu’elle a été enregistrée d’une manière… je cherche le bon terme… d’une manière qui n’est pas Helloween. Alors qu’à l’origine elle sonnait beaucoup plus Helloween qu’actuellement. Si nous présentons une ballade, il faut que ce soit quelque chose dans la veine d’« A Tale That Wasn’t Right » ou « Forever And One », or elle ne sonne pas comme ça, mais elle aurait pu sonner comme ça avec les bons arrangements. Je pense personnellement que les arrangements n’étaient pas les bons. Ça n’aurait pas convenu à l’album. Je crois vraiment que ça aurait été une mauvaise décision de la mettre dans l’album et à la fois, selon moi, ça aurait été dommage de l’inclure en tant que bonus.
Markus : Je me souviens de cette discussion que nous avons eue au sujet de cette ballade. Nous nous disions que c’était une très bonne ballade mais nous avions des idées différentes pour l’emmener dans des directions différentes. C’était assez tard, nous en étions presque au mixage de l’album et nous n’avons pas eu le temps de finir. Mais cette ballade va déchirer si nous travaillons dessus pour en faire une vraie ballade qui fonctionnera pour ce groupe.
Sascha : Nous voulions aussi prendre les choses comme elles viennent, or cette ballade a soulevé des débats et nous ne savions pas comment la terminer comme il faut pour qu’elle convienne à l’album. Ça aurait été la première chanson pour laquelle nous nous serions forcés à la pousser dans une certaine direction ; nous n’avons pas fait ça avec les autres chansons qui, elles, sont venues très naturellement. Ça n’avait pas de sens pour nous de forcer les choses, même si c’est une ballade géniale. Avec un peu de chance, ce ne sera pas le dernier album, et il nous reste encore d’autres musiques que nous n’avons même pas enregistrées. C’est d’ailleurs quelque chose que nous avons déjà fait auparavant sur d’autres albums. Je me souviens qu’un coup, nous avions deux ballades, et pour je ne sais quelle raison, l’album avait un rythme soutenu et donc nous nous sommes dit qu’il n’y avait pas de place pour une ballade à ce moment-là. C’est pareil cette fois : nous voulions que l’album ait le meilleur impact possible. Il faut que ça convienne. Peut-être que ça conviendra beaucoup mieux au prochain album et qu’il y aura de la place pour une ballade ou deux.
Michael W. : On parle là, quand même, de la meilleure ballade qu’Andi ait écrite, en tout cas à mon goût…
Michael K. : Exact, la ballade d’Andi était la meilleure chanson de l’album, or elle n’y est pas et personnellement, je ne comprends pas pourquoi !
« N’être qu’un seul chanteur dans un groupe est probablement plus facile, mais peut-être pas aussi amusant [rires]. »
Markus : C’est juste que nous ne savions pas comment la faire, en ayant plein d’opinions différentes, nous n’étions pas tous en phase avec cette chanson. Elle n’est pas perdue, nous travaillons encore dessus. Je l’adorais telle qu’elle était, mais si quelqu’un a une meilleure idée pour qu’elle soit encore plus puissante, je suis pour. L’avantage d’avoir deux membres supplémentaires, c’est que nous avons d’autant plus d’idées. Par contre, les décisions prennent beaucoup de temps parce que, justement, nous avons plus d’idées. Nous n’enterrons pas cette ballade. Nous avons décidé de travailler dessus jusqu’à ce que tout le monde soit content et il faut plus de temps pour contenter sept personnes que cinq.
Daniel Löble (batterie) : Personnellement, je ne pense pas que nous avions besoin d’une ballade sur cet album, mais c’est un débat interne au groupe [rires].
À propos des trois chanteurs et de la répartition du chant :
Michael W. : Pour ma part, j’imaginais toujours qui pourrait chanter quoi. Curieusement, ça coïncidait souvent avec ce que Charlie Bauerfiend et Dennis Ward eux-mêmes pensaient.
Andi : Je dois admettre quand même que ce n’était pas facile. Michael et moi avons travaillé ensemble dans mon studio pendant ce qui semblait être une éternité. Chacun s’essayait à différentes parties vocales. Au final, nous avons décidé que celui qui se sentait le plus à l’aise avec une partie donnée la chanterait. C’était la bonne manière de procéder car ça nous enlevait un poids. Quatre-vingts pour cent de ce que vous entendez a été fait comme ça. Mais pour ça, je dois dire que nous avons quand même bien galéré car chaque chanteur a tout essayé et c’était dur d’arriver à un résultat. Et puis les jours où je me sentais paresseux, je lui disais juste : « Tu n’as qu’à le chanter » [petits rires], mais ce n’est pas une solution car au final, il venait me voir plus tard dans la soirée en me disant : « Ecoute, je l’ai chanté, mais je n’aime pas ! » Alors je disais : « D’accord, donc si tu n’aimes pas, j’essaye de mon côté. » Voilà pourquoi je parle de quatre-vingt pour cent, car il y avait vingt pourcent où nous avions tous les deux du mal et où parfois, après avoir écouté tout ce que nous avions, il a fallu trouver une solution et laisser le producteur décider. Reste que nous avons eu deux fois plus de travail, car nous avons tous les deux tout chanté ! C’était amusant, car nous nous apprécions beaucoup, nous traînons ensemble en privé également, donc ce n’est pas un gros problème quand tu es avec un ami et que vous essayez de définir qui chante quoi et quand. Sauf que quand vous avez plusieurs chefs en cuisine, vous vous retrouvez avec plein d’opinions différentes et donc il faut essayer plein de choses, et à la fin de la journée, quand il est dix ou onze heures du soir, tu as l’impression que ta tête va exploser ! N’être qu’un seul chanteur dans un groupe est probablement plus facile, mais peut-être pas aussi amusant [rires].
Daniel : Nous avons effectivement passé beaucoup de temps sur ces arrangements vocaux. Il existe une version de « Skyfall » avec des parties de chant alternatives, vous verrez à quel point c’est difficile de trouver une formule qui convient et un équilibre avec ces trois voix.
Markus : C’était une belle surprise pour moi, car je n’étais pas du tout impliqué dans les arrangements vocaux et les décisions pour savoir qui allait chanter quoi. J’ai joué toutes les chansons et je n’étais pas là pendant le mixage ou l’enregistrement du chant. Je connaissais les mélodies mais je ne savais pas qui allait chanter telle et telle partie. Avant nous avions un seul chanteur qui chantait tout et maintenant, nous en avons plusieurs qui se partagent les parties, et la toute première fois que j’ai entendu les arrangements de voix quand le premier mix est arrivé, j’ai trouvé ça très intéressant. Il faut vraiment écouter plusieurs fois pour saisir qui chante quoi.
Andi : Quand j’ai écrit les paroles de mes chansons, pour la première fois, j’ai dû penser à deux voire trois chanteurs. Si vous écoutez « Fear Of The Fallen », par exemple, c’est une chanson super pour deux chanteurs, car ça ne parle pas seulement de ce que je ressens, c’est un thème qui touche tout le monde. D’ailleurs, j’aurais adoré que Kai soit plus présent vocalement, car il avait demandé s’il pourrait chanter plus sur cette chanson, et j’ai dit oui. Au final, il n’a chanté qu’une phrase dans l’intro ! Mais il y a des chansons comme ça, dont les textes nous concernent tous et sont parfaits pour être chantés à plusieurs, et c’était vraiment amusant. Quand il n’y a qu’un chanteur, il doit se charger de tout, y compris de ce qu’il ne peut pas chanter ou qu’il n’aurait pas chanté comme ça, alors que quand on a deux chanteurs, voire trois avec Kai, on a la possibilité de laisser ces passages qu’on n’aime pas trop à quelqu’un d’autre. C’est ce que nous faisons aussi en live : dès que Michael ne se sent pas à l’aise parce que c’est trop dur pour lui ou parce qu’il n’aime pas ce qui doit être chanté, y compris en termes de thématique, pourquoi je ne le chanterais pas ? Ça ne me pose pas de problème. Vice versa, si j’ai un problème avec telle ou telle phrase… Surtout en live, c’est une question d’air, parfois t’es là : « Si je dois chanter cette partie, je vais probablement avoir besoin d’oxygène ! » [Rires] « Du coup, Michael, pourquoi tu ne le chantes pas ? » Sur la dernière tournée, nous avions parfois des concerts de trois heures. Même pour deux chanteurs, c’était parfois un cauchemar, alors imaginez chanter ça seul ! Impossible. Je suis incapable de chanter sur trois heures de concert, probablement que personne ne pourrait le faire, en tout cas pas si tu veux faire un bon concert le lendemain. Pour moi, c’est un avantage d’avoir un Michael Kiske à côté moi, car je ne suis pas obligé de chanter les chansons de Michael Kiske [rires].
« Quand une partie a besoin d’un nain sous acide, c’est probablement pour moi [rires]. »
Daniel : Dans Helloween, on a trois époques et maintenant, on a toutes les voix caractéristiques de chacune de ces trois époques combinées sur un album. C’est ce qui est dingue avec ce nouveau line-up de Helloween : peu importe les chansons que nous créons, nous aurons toujours la voix parfaite pour.
Michael K. : Quand nous étions en train de définir les parties vocales, c’est ce que nous avons cherché à faire : s’il y avait une partie qui sonnait mieux avec un gars qui crie, Andi fait ça beaucoup mieux que moi, donc c’est lui qui s’en chargeait. Si nous avions besoin d’un type de chant dans lequel je suis bon, je m’y essayais.
Kai : Et quand une partie a besoin d’un nain sous acide, c’est probablement pour moi [rires]. Disons que [si je ne suis pas plus présent vocalement], ce n’était pas forcément ma décision, mais je m’incline volontiers face Andi et Michael. Ce sont les chanteurs principaux dans le groupe et moi, je ne suis qu’un acolyte. Je suis Robin, et eux sont Batman. Ça me va. Si j’ai la moindre ambition de chanter davantage, je peux toujours faire un album de Gamma Ray. Je n’éprouve pas le besoin de dire qu’il faut que je chante plus. Evidemment que j’en veux toujours plus, parce que j’aime chanter, mais d’un autre côté, il faut que je pense au live, et là, je suis vraiment content que ce soit eux qui fassent le boulot et de pouvoir mettre toute mon énergie dans la guitare sans avoir à être en permanence hyper concentré.
Sascha : Une chose que j’aimerais ajouter, c’est que c’était un plaisir de voir que nous sommes à une époque du groupe où il ne reste plus beaucoup d’ego pour nous pousser les uns les autres dans une mauvaise direction. Quand on est jeunes, notre ego est tellement gros que tout ce qu’on fait on le fait justement à cause de notre ego, alors qu’avec cet album, nous sommes des adultes. Nous voulons faire des choses qui ont un sens et donner à notre art du poids, et non mettre notre ego en avant. C’est un plaisir de voir que ça se passe sans anicroche. Surtout, en voyant que les chanteurs, Andi et Michael, ont instantanément, dès le départ eu une superbe connexion. Je me souviens de la première fois où nous avons commencé à répéter, ils regardaient les textes et ils étaient là : « Oh, tu veux chanter cette partie. » « Oh, ça c’est mieux pour moi. » C’était très naturel. Il n’y avait pas d’ego, pas de dispute. Il reste suffisamment d’ego pour avoir de la force et de l’énergie, mais nous avons tous tendance à agir pour avant tout donner du poids à la musique. Nous en sommes à un stade de nos vies où nous voulons faire quelque chose qui compte. C’est l’énergie que nous avons mise dans l’album.
À propos de l’équilibre entre les trois guitares :
Markus : Ce n’était pas vraiment facile quand nous avons commencé à répéter pour la tournée avec trois guitaristes. Il faut chercher une troisième harmonie, savoir qui va jouer quelle partie, etc. Ça prend du temps en répétition, mais nous avons pris le temps. Nous savions que ça allait être un travail de longue haleine, que ce n’était pas juste deux semaines de répétitions avant de partir. Sascha, notamment, est un très bon harmoniste et arrangeur pour les guitares.
Kai : Pour l’album, Weiki, Sascha ou moi, quand nous avions composé une chanson, nous jouions la première guitare rythmique. Ensuite, l’un des autres jouait la seconde. En gros, nous avons deux guitares rythmiques de base, donc il y a toujours deux guitaristes différents qui jouent la rythmique. Puis, avec les solos et les overdubs… En gros, nous distribuions les parties solos. Par exemple, quand Andi avait une chanson, il disait : « Voici un solo en harmonie, peut-être que Sascha peut s’en occuper. » Autrement, nous étions ouverts à donner une partie d’overdub et parfois, par exemple, je me retrouvais à faire un million d’overdubs sur une chanson, Sascha idem… Bon, Weiki n’était peut-être pas aussi ambitieux à ce niveau-là, mais à certains moments, nous en avions trop, donc il a fallu retirer des choses. Mais les solos étaient distribués, genre : « Le solo A, c’est pour Sascha, le solo B, c’est pour Kai, etc. » Et pour les solos en harmonie : « Sascha fait la seconde harmonie, Kai fait la troisième, etc. » Nous organisions ça au fur et à mesure. Ce n’était pas très compliqué. Le plus compliqué était cette profusion d’overdubs et de petites parties de guitare qui s’ajoutaient aux chansons, tout le monde avait des idées, et déterminer ce qui était utile ou pas à un instant T ou ce qui était le mieux entre deux options – car parfois tu te retrouves avec quelque chose de différent mais les deux sont valables… C’est là que le producteur entre en jeu pour départager les compositeurs qui sont là : « Non, c’est ma chanson, je veux ça. »
« L’idée était de faire quelque chose de classique, comme si nous nous étions arrêtés au Keeper II pour essayer de reprendre à partir de là. »
Andi : Pour moi, Sascha a quand même fait le gros du boulot d’arrangement. Ce qui restait à faire en studio était relativement facile car presque tout avait été plus ou moins organisé sur le papier. Sans Sascha, nous nous serions probablement entretués. Nous n’aurions eu plus qu’un guitariste, le plus fort [rires].
Sascha : C’est probablement parce que je n’étais pas tout le temps en train de boire [rires].
À propos de l’approche du son :
Michael W. : Nous voulions revenir au son des années 80 mais avec toutes les possibilités qu’on a aujourd’hui, donner l’impression que c’est issu des années 80 mais rafraîchi par la technologie actuelle. La plupart des instruments ont été enregistrés de manière analogique – principalement la batterie – et ça a été transféré dans Pro Tools, afin de re-capturer ce feeling et cette idée que les gens se font de Helloween. L’idée était de faire quelque chose de classique, comme si nous nous étions arrêtés au Keeper II pour essayer de reprendre à partir de là.
Daniel : Tout a été repiqué par des micros, donc ce que vous entendez c’est purement de l’air venant d’un ampli ou d’un véritable kit de batterie.
Kai : Pour la batterie, nous avons enregistré sur un enregistreur vingt-quatre pistes et nous avons utilisé des préamplis analogiques, des compresseurs à tube, etc.
Andi : Il faut savoir aussi que nous avons utilisé la batterie originelle d’Ingo. C’était très intéressant de voir la vieille Sonor d’Ingo toute brillante et prête à resservir.
Daniel : En fait, le dernier concert que nous avons fait pour la tournée Pumpkins United était à Hambourg, donc nous avons fait une after là-bas. Un gars qui s’appelle Mike est arrivé et est venu me parler. Il m’a dit qu’il possédait ou avait acheté ce vieux kit de batterie d’Ingo. Je lui ai dit : « Chanceux ! » Puis, pendant la période avant de nous retrouver, l’idée m’est venue à l’esprit : « Ce serait cool d’avoir cette batterie pour le prochain enregistrement. » Quand nous nous sommes réunis pour écouter les démos en vue de l’album, simultanément, Charlie Bauerfiend, notre producteur, a eu la même idée, car Mike lui avait aussi parlé du kit de batterie. Nous étions donc tous les deux d’accord que ce serait une super idée d’utiliser l’esprit de cette vieille batterie pour retrouver ce vieux son des années 80 que nous recherchions. Et on connaît la suite. Nous avons amené la batterie au studio, nous avons vérifié les peaux, nous avons mis des micros, etc. Au final, le son est super, ça allait bien avec les enregistrements. L’esprit était là. C’est aussi une caractéristique particulière pour un album d’Helloween. Je suis plutôt content du son de batterie, et c’était super d’enregistrer sur cette batterie. Ça n’aurait pas pu être mieux ! Elle est très différente des batteries actuelles.
Andi : Le son de cette batterie enregistrée sur bande analogique, comme nous l’avons fait à Hambourg, c’était fantastique. J’ai ma propre batterie Sonor Designer en bas dans mon studio, mais elle sonne complètement différemment. Elle sonne beaucoup trop moderne – pas de manière positive. Alors qu’avec la vieille Sonor Phonic Plus d’Ingo, j’ai trouvé que c’était magique. Tout d’un coup, tu retrouvais ce bon vieux son de batterie. J’ai adoré.
Markus : Et ça m’a moi-même inspiré à utiliser un très vieil ampli basse Ampeg datant des années 70 que j’ai aussi utilisé dans le temps sur les tout premiers enregistrements. De même, ces dernières années, j’ai acheté de très vieilles basses et cette idée pour la batterie m’a donné envie d’utiliser tout ce matériel vintage.
Sascha : Nous avons cherché à obtenir un côté années 80 pour tout l’album. Utiliser le kit de batterie d’Ingo était magique, puis nous avons enregistré avec des enregistreurs à bande magnétique, nous avons utilisé de vieilles têtes d’amplis Marshall pour les guitares, de vieux effets… Nous n’avons pas utilisé d’effet moderne, nous avons juste utilisé du vieux matériel datant des années 80, car nous voulions avoir ce feeling mais ramené à l’époque moderne. C’était un peu le fil rouge du processus d’enregistrement.
Michael W. : La plupart des effets d’échos et de reverb que vous entendez ont été générés par un processeur d’effet Eventide qui était utilisé au début des années 80. A cette époque, c’était des processeurs d’effets révolutionnaires.
« Je me souviens de l’une des première fois où j’ai rencontré Weiki, il m’a parlé de ce qu’il appelait la description du poste pour Helloween. Première chose : il faut être un bon compositeur. Deuxième chose : ne pas écrire de paroles malfaisantes. »
Sascha : L’idée c’était : comment combiner plus de trente-cinq ans de contributions, ramener ça à l’ère moderne, tout en conservant l’esprit de l’époque ? C’est la raison pour laquelle nous avons procédé ainsi, en utilisant du vieux matériel, mais aussi avec le processus de composition. Nous avons de longues chansons dans l’album et nous nous fichions de composer des morceaux vraiment modernes de trois minutes chrono. C’est ce que les gens font aujourd’hui, ils composent des chansons de trois minutes et utilisent des plugins et des techniques d’enregistrement modernes. Nous, nous voulions combiner tout ça pour obtenir quelque chose d’unique.
Michael K. : Ceci dit, j’ai un petit regret, je n’aurais pas dû prendre un microphone à lampe. Ça m’embête, ça sonne trop doux. J’aurais dû utiliser le Neumann U87 classique que j’utilisais toujours dans les années 80. Ce n’est pas grave, mais mon chant aurait pu avoir un peu plus de puissance. Mais c’est normal qu’après un certain temps, même seulement quelques semaines après avoir fini le mix, quand tu réécoutes, tu as une autre oreille et tu te dis que tu aurais fait les choses différemment.
À propos des textes :
Sascha : Nous avons toujours eu des chansons avec des textes très positifs, et c’est quelque chose j’aime beaucoup. Surtout dans le heavy metal, où il y a beaucoup de thématiques sombres. Je suis content que nous écrivions des paroles positives, en toutes circonstances. Je reçois quotidiennement des messages sur Instagram, et les gens disent que nos paroles leur faisaient du bien quand ils vivaient de mauvais moments. Donner de l’espoir et des ondes positives aux gens, ça fait du bien. Ça va d’autant mieux avec la période actuelle, avec la pandémie où plein de gens galèrent. Je suis content que nous soyons ce groupe qui écrit des paroles positives. Je me souviens de l’une des première fois où j’ai rencontré Weiki, il m’a parlé de ce qu’il appelait la description du poste pour Helloween. Première chose : il faut être un bon compositeur. Deuxième chose : ne pas écrire de paroles malfaisantes. Ça a vraiment du sens, parce que ça donne le sentiment de faire quelque chose qui compte.
Michael K. : On dirait bien qu’il y a un thème général dans l’album. J’ai été surpris en lisant les paroles, on dirait qu’il y a une sorte de thème qui colle un peu à l’esprit dans lequel nous sommes. Je ne pense pas que c’était intentionnel, mais c’était un truc qui planait au-dessus de nos têtes.
Kai : D’une certaine façon, il y a un thème qui est, disons, la pensée critique et l’idiocratie spirituelle. Mais si j’écoute les chansons et lis les paroles, je peux clairement deviner qui a écrit. Andi est plus du genre à dire comment les choses devraient être et quoi faire. Sascha est plus dans une lutte à la recherche de la vérité et dans la vie en général. Weiki est plus dans le fantasme d’être tout-puissant. Et puis il y a moi, je suis toujours un peu dans l’espace. C’est assez drôle de voir ça. Ceci dit, il y a une chose en commun et qui nous unit, c’est cette liberté spirituelle.
À propos du titre d’album :
Michael W. : Il y a quelques cas de groupes qui, au milieu de leur carrière, ont choisi de faire un album sans titre alors qu’ils avaient déjà fait ça au début de leur carrière. D’après mes souvenirs, nous étions en train d’échanger des idées de titres d’album, puis Sascha a suggéré : « Pourquoi ne pas l’appeler Helloween ? » Car c’est ce que c’est : les sept gars réunis et nous avons l’intention de rester ensemble sous cette forme. C’est un nouveau départ, une nouvelle ère.
Sascha : J’en ai eu cette idée parce que je me suis dit que maintenant, ça donnait un sentiment de complétude d’avoir Michael et Kai dans le groupe adjoint au line-up très stable que nous avions avant. C’est une complétude que nous avons aussi ressentie en tournée. C’était une décision logique, c’est Helloween.
« Un live-stream, pour moi, ce n’est qu’une autre séance de clip vidéo, or je déteste les clips vidéo ! Enfin, si le groupe a envie de le faire, il faudra que je le fasse, mais j’espère que nous ne le ferons pas. »
À propos de l’artwork :
Michael K. : J’adore le fait que ce soit une vraie peinture. Je ne me souviens pas exactement, mais la question de l’artwork avait été soulevée lors du meeting où nous faisions un brainstorming sur les démos que nous avions. Nous voulions donner à un artiste l’occasion de nous suggérer des choses, mais je pense qu’il était assez clair que nous voulions quelque chose qui soit peint, quelque chose à l’ancienne.
Daniel : Ça fait bien dix ans que nous parlions d’avoir une peinture en guise d’artwork. Cette fois, nous nous sommes dit que c’était le moment parfait pour faire ce changement et avoir un artwork peint.
Michael K. : Pour être honnête, c’est de loin mon artwork préféré parmi tous ceux qu’a eus Helloween.
À propos du choix de « Skyfall » en tant que premier single :
Andi : Il représente le meilleur mélange, je trouve. On y entend les trois chanteurs et c’est une longue chanson – Helloween est réputé pour ça. Les longues chansons sont typiques des années 80, par opposition aux chansons courtes qui sont la tendance actuelle. Etant un groupe old school des années 80, je pense que nous ne devrions pas suivre cette tendance. Puisque nous revenons avec les anciens membres, je pense qu’il faut vraiment montrer aux gens que c’est du sérieux. C’est sûr que ce n’est pas un tube selon les standard actuels, mais je pense que les vieux metalleux apprécient et peut-être que les nouveaux metalleux apprendront à l’aimer. C’est la chanson la plus honnête qui soit, c’est du Helloween typique, c’est composé par Kai, il y a les trois chanteurs dessus, c’est une bonne chanson, il y a de super mélodies… C’est le bon choix, selon moi.
À propos de la relation d’Helloween avec le label Nuclear Blast :
Markus Staiger (fondateur du label Nuclear Blast) : Je peux dire un petit secret aux journalistes. Nous sommes proches, nous sommes amis, je suis aussi ami avec le management, et je dis toujours à Helloween que si je propose quelque chose, si j’ai une idée, ils peuvent l’écouter, ils peuvent me dire d’aller me faire foutre ou ils peuvent y réfléchir.
Michael W. : C’est ce qui est super avec toi, car il n’y a pas beaucoup de gens sur cette planète qui voient les choses de cette manière. Parfois, tu rentres en conflit avec les gens et ça crée des dommages irréparables. Ce que tu viens de dire, c’est très bien et je t’en remercie.
Sascha : Quand on enregistre un album, on est un peu dans une bulle, on est tellement focalisé sur son travail, et c’est super d’avoir quelqu’un d’extérieur qui écoute les chansons et propose quelque chose. C’était super d’avoir quelqu’un qui fait ça.
Markus : Nous formons une équipe avec la maison de disques et le management. Il faut se poser et discuter de la manière dont les choses seront faites. Nous faisons de la musique mais quand la musique est terminée, je ne suis pas celui qui va décider comment on va la promouvoir. Donc nous nous posons tous ensemble pour prendre des décisions, en nous mettant d’accord ou pas mais au moins nous discutons. C’est bien d’avoir toutes ces personnes. Depuis ces dernières années, tout fonctionne super bien avec le management et la maison de disques. Evidemment, nous avons des discussions et chacun a ses préférences, mais au bout du compte, tout marche comme sur des roulettes.
Michael W. : Tous ceux qui sont impliqués, Markus Staiger, l’équipe de Nuclear Blast, notre management, les membres du groupe ont tous vécu des situations horribles à cause de problématiques d’ego. Nous avons tous appris à quel point l’ego peut être à l’origine de situations horribles. C’est donc bien de ne pas avoir un patron de maison de disques égocentrique, car il est exactement comme il l’a dit, et c’est génial.
Markus Staiger : Une autre chose : je leur ai présenté certaines de mes idées pour l’artwork et Helloween a dit que c’était nul à chier. J’ai dit : « D’accord, pas de problème ! » [Rires] Mais je vous remercie pour ces gentilles paroles. Helloween est le meilleur groupe sur cette planète avec les meilleures personnes sur cette planète, et ceci est le meilleur album que j’ai entendu de toute ma vie !
« Un concert en ligne, c’est comme du whisky avec des glaçons. Ne mettez pas des glaçons dans du whisky ! [Rires] »
À propos des plans pour l’année prochaine :
Andi : On ne peut qu’espérer. Tout a été repoussé à mars et avril l’année prochaine, et nous espérons que ça pourra avoir lieu à ce moment-là. Attendons de voir ce qu’ils décident pour l’année prochaine. J’imagine qu’on pourrait avoir une distanciation d’un mètre ou un mètre et demi. Je me souviens de la première fois que nous sommes allés au Japon, vers 1990, et toutes les salles avaient des chaises, donc les gens devaient restés assis. C’était étrange d’avoir un public assis devant nous, on avait l’impression d’être au cinéma, mais on pouvait quand même faire de super concerts avec des gens assis, donc nous pourrions le faire aujourd’hui, en laissant vide une chaise sur deux. Au final, on n’aurait que la moitié de la capacité de la salle, mais c’est faisable. On verra.
Markus : Je pense que les choses vont revenir à la normale. Peut-être pas maintenant, mais on a déjà connu des pandémies, comme avec la grippe espagnole, et ça a fini par revenir à la normale. Ça prend juste un peu de temps.
Andi : Pour ce qui est des concerts en ligne, pour moi ce n’est pas un vrai concert. Il faut entendre la musique jouée à fort volume, il faut sentir la sueur, il faut voir les gens suer… C’est autre chose.
Sascha : Surtout dans notre style de musique, je n’imagine pas voir un concert depuis chez moi en regardant un écran. L’énergie ne passe pas.
Michael K. : L’énergie provenant du public, c’est vraiment ce qui fait le concert, selon moi. Quiconque s’est déjà retrouvé sur scène devant une grande foule sait de quoi je parle. Quand nous avons joué au Wacken il y a deux ans, l’énergie était tellement énorme que le lendemain je n’arrivais même pas à me souvenir si nous avions joué « A Little Time » ou pas. C’était presque comme si j’étais en autopilote, j’étais porté par le public. On ne peut avoir ça qu’en live avec un public, alors qu’un live-stream, pour moi, ce n’est qu’une autre séance de clip vidéo, or je déteste les clips vidéo ! Enfin, si le groupe a envie de le faire, il faudra que je le fasse, mais j’espère que nous ne le ferons pas. Je n’aime pas ce genre de truc.
Kai : Je l’ai fait avec Gamma Ray. Nous avions ce concert retransmis mondialement. Nous avions des gens dans les salons VIP et heureusement qu’ils étaient là. Ils criaient fort, ils étaient peut-être une centaine. Autrement, ça aurait été très stérile. On peut y arriver si on essaye d’oublier et d’imaginer, mais il est clair que c’est bizarre. Ça donne l’impression de faire une répétition ou un soundcheck avec tout le matos, genre les dernières répétitions avant le grand concert.
Andi : Le heavy metal et le rock, c’est de la musique faite pour le live – du vrai live. Quand je me rends à un concert, pour moi, la meilleure chose, juste après la musique, c’est être avec des gens qui ont les mêmes goûts que moi. Avec un concert en ligne, tu perds complètement ça, c’est comme du whisky avec des glaçons. Ne mettez pas des glaçons dans du whisky ! [Rires]
Markus : Moi je prends ! Dans une période comme celle-ci, allez Andi, ne fais pas ta fine bouche !
Andi : Il va falloir qu’ils trouvent une solution, car la vie sans culture, ça commence déjà à me taper sur le système. Ça me maque vraiment.
Markus : C’est dur, mais on doit tous y faire face. Aucun de nous n’a connu de putain de guerre mondiale.
Michael W. : Arrêtez de pleurnicher et de vous plaindre, tout est super !
Markus : On va survivre à cette pandémie, je vous le dis ! Il faut être positif.
Andi : Je sais que le whisky, ça fonctionne. Un bon verre de whisky par jour éloigne le virus.
Propos recueillis les 12 & 13 mars 2021.
Merci pour ces informations ! c’était super !
Eh merde, je me rends de plus en plus compte que mon compositeur préféré de la bande est probablement Kai Hansen, et dommage qu’il ai jeté quelques une de ses compositions!
En espérant surtout qu’il n’abandonne pas Gamma Ray…..