A peine remis de la furya Mass Hysteria, l’Olympia ouvre à nouveau ses portes au metal. A croire que cette salle mythique y prend goût ! Et le plateau de ce soir, avec les Allemands de Helloween et Gamma Ray, s’annonce plutôt remuant. Et intéressant puisque pouvant laisser présager d’un bœuf assez naturel. En effet, Kai Hansen, leader actuel de Gamma Ray, était aux origines de la bande aux citrouilles. Que ceux qui savent déjà ne prennent pas ombrage de ce court rappel historique ; tout le monde ne semblait pas avoir cette information en tête ce soir.
Voilà pour le passé, revenons au présent. Helloween monte sur les planches pour défendre son tout récent Straight Out Of Hell. Gamma Ray vient quant à lui occuper le terrain avec un EP, Master Of Confusion, qui ne contient que deux nouvelles compositions. En lien avec notre époque où les performances live prendraient le pas sur les sorties studio ?
Pour les accompagner dans leur infernale tournée, les Germains sont accompagnés d’une formation brésilienne : Shadowside. Brésil, Allemagne, arrêtez de penser foot ! Nous sommes dans une salle de concert que diable ! Pour prendre notre dose de power metal. Alors, laissez vos crampons aux vestiaires, chevauchez votre plus belle citrouille et pénétrez avec nous au cœur de ce Hellish Tour.
Artistes : Helloween – Gamma Ray – Shadowside
Date : 8 avril 2013
Salle : Olympia
Ville : Paris
19h30, les Brésiliens entrent sur scène. Une fille, trois garçons. Mine de rien, ils existent depuis quelques années maintenant, ont trois albums à leur actif, rien de très récent néanmoins. En effet, leur dernière sortie, Inner Monster Out, d’où seront puisés la plupart des titres de leur setlist date de 2011.
Honnêtement, le groupe n’apporte rien de nouveau à la planète metal côté groupe symphonique / mélodique / « à chanteuse ». Ils y mettent de la conviction, bougent, enchaînent les figures imposées, headbanging et hélicoptères… Mais musicalement, à part peut-être un ‘Hide Away’ qui attire l’oreille, le reste manque d’intérêt. Quant à la reprise du ‘Ace Of Spades’ de Motörhead, elle est à oublier très vite. Le tout étant aussi desservi par un son loin d’être correct. Le public applaudit néanmoins la prestation. Allez comprendre ! Au bout de trente minutes, les quatre Brésiliens saluent le public et quittent la scène. Pas convaincants.
Au suivant, comme dirait Jacques Brel…
Un magnifique et grand backdrop reprenant la pochette du dernier EP de Gamma Ray habille le fond de scène, la batterie est surélevée et les lumières soignées : les Allemands ont fait attention au décor et entament leur concert avec ‘Anywhere In The Galaxy’, un titre du siècle dernier.
Le public, même s’il n’a pas rempli la salle, répond présent et soutient le groupe, applaudit, scande des « Hey ! Hey ! » et autres « Gamma Ray ! » accueillant chaleureusement le nouveau titre ‘Master Of Confusion’.
Côté son, le volume est fort mais la restitution très correcte. Côté scène, les plans guitaristiques se multiplient, de la pose des deux guitaristes côte à côte au solo « doigts sur le manche ». Sur son côté droit, Henjo Richter est parfois entouré par une épaisse fumée blanche. Il est le seul d’ailleurs à bénéficier de cet effet dont ne profite pas son collègue bassiste, à gauche et dont le côté répétitif, un peu bancal, car réduit à un seul côté de la scène, donnant parfois une impression de pétard mouillé quand la fumée disparait aussi vite que ce qu’elle était arrivée, finit par être lassant.
L’introduction calme de ‘Empathy’ offre un beau moment à nos oreilles avant d’exploser vers le heavy que nous retrouvons aussi sur ‘Rise’ et son refrain entrainant et plutôt efficace. Power metal attitude ! Kai s’offrira même un court jeu de guitare avec les dents.
Mais pour l’instant la prestation manque tout de même de fantaisie, d’entrain. Les plans restent les mêmes, répétés à l’envi. Il faut attendre le classique ‘Future World’… de Helloween pour sentir la soirée démarrer enfin. Kai fait durer l’introduction que les fans ont évidemment reconnue, les guitaristes s’amusent un peu, Kai se poste devant la batterie, Henjo et Dirk se mettent sur les côtés. Sauf que le morceau ne démarre pas tout de suite et qu’un rapide solo de batterie permet au batteur de se mettre un court instant en avant. Ses camardes le rejoignent bientôt et le public comme un seul homme chante le premier couplet du titre. Facile ! C’est le moment fort du concert. Les deux guitaristes jouent le même solo en même temps offrant une image très sympa. Le public applaudit, ovationne. Kai apprécie et se prosterne devant ce public qui lui fait chaud au cœur.
‘To The Metal’ bat le fer tant qu’il est chaud, véritable hymne heavy où la voix rappelle Judas Priest, grand pourvoyeur d’hymnes metalliques comme son bien nommé ‘Heavy Metal’. On peut aussi ranger dans cette même catégorie le ‘We Are The metalheads’ de la blonde germanique Doro. Le public applaudit, soutenant le rythme de ce morceau, toujours l’occasion de duos de guitares. Kai fait chanter le refrain au public qui, bras tendu et signe des cornes dressé, est aux anges.
Il est 21h10 quand la courte pause rappel intervient. En revenant Kai s’amuse avec un air de Marseillaise, lance : « Vive la France » en buvant du vin rouge, avant que le groupe ne termine très fort avec un très bon ‘Send Me A Sign’.
Au vu de la réaction du public après cette heure toutes guitares hurlantes, certes répétitive mais appréciée, Helloween a des citrouilles sur la planche.
Setlist de Gamma Ray :
Anywhere In The galaxy
Men Martians And Machine
Spirit
G-Ray
Master Of Confusion
Empire Of The Undead
Empathy
Rise
Future World (reprise de Helloween)
To The Metal
Send Me A Sign
‘For Those About To Rock’ d’AC/DC résonne dans l’Olympia, prémisses de l’entrée d’Helloween, entrée assez spectaculaire sur ‘Wanna Be God’ avec un filet tendu devant la batterie cachant les musiciens alors qu’ils jouent le morceau. Le filet qui tombe laisse voir une scène élaborée. Là aussi un superbe backdrop habille le fond de scène. Décidément, les deux groupes de ce soir soignent le décor et c’est bien agréable pour les yeux. Toujours dans ce registre, Helloween propose aussi des lumières assez élaborées.
Dès les premiers morceaux, on sent un ensemble plus enlevé, plus puissant que le groupe précédent. Avantage indéniable : Helloween a un chanteur entièrement dédié à ce poste. Il est donc plus libre de ses mouvements en plus d’être naturellement charismatique. Très vite, Andi Deris prend la mesure de ce public qui applaudit, montre son enthousiasme et chante sur ‘Straight Out Of Hell’. « Paris, vous êtes fous ! » dira-t-il, manifestement ravi de la réaction des fans qui soutiennent de leurs applaudissements l’introduction de ‘Where The Sinners Go’. La scène se pare alors de rose et bleu, fendue de rais de lumière blancs. Puis les lumières alternent entre éclairage franc et contre-jour. C’est soigné et réussi. Gros morceau, beau moment où le chanteur fait chanter le public. ‘Waiting For The Thunder’ est aussi très efficace avec son refrain imparable.
A la basse, Markus Grosskopf, présent depuis le début tout comme le guitariste Michael Weikath, aime tirer la langue et secouer la tête. En effet, il répétera ce geste très souvent pendant le concert. Au registre des pitreries, Andi s’amusera parfois à faire semblant de donner des coups de poings au bassiste tandis que les guitaristes occupent le devant de la scène avec leur solo, comme pendant ‘Steel Tormentor’ où ils secouent leurs guitares ensemble. En termes de mise en scène, les deux guitaristes iront se poster en hauteur, sur les côtés de la batterie. Au moins, le groupe soigne-t-il l’aspect visuel de leur spectacle et en donne au public pour son argent, public qui applaudit les Allemands.
Des sirènes retentissent dans la salle, suivies de bruits d’avion et de mitraillettes et d’un solo de batterie, très bien habillé visuellement et pendant lequel le batteur harangue le public qui soutient l’exercice. Helloween a la bonne idée de ne pas étirer le solo en longueur et le groupe revient, le bassiste en figure de proue, les deux guitaristes sur leur perchoir pour interpréter le classique ‘I’m Alive’, habillé de rouge et jaune. Les Teutons offrent une variété de tableaux vraiment intéressante.
« Back to the new album ? » propose le chanteur ; et le groupe de lancer ‘Live Now !’, titre assez pompier, où Sascha Gerstner utilise une talkbox. Le public tape des mains à l’invitation d’Andi qui connaît un passage viticole. Le chanteur, armé de vin rouge, discute en français dans le texte : « Paris, tu sais que j’aime le vin rouge de la France ? Salut Paris ! » puis bascule en anglais : « I wish I had some wine like that in Germany ». En vrai leader, le chanteur s’attache à jouer avec le public qu’il divise en deux. La gauche et la droite de la salle. Il fait chanter ‘Live Now !’ à la gauche et des ‘hey, hey’ à la droite, attribue des notes puis inverse les rôles pour un passage plutôt fun et qui fait plaisir à voir. Le sel des prestations live réside totalement dans ce genre d’échange entre le groupe et son public. Encore faut-il que le groupe les initie.
Helloween enchaîne ensuite sur ‘Hold Me In Your Arms’, power-ballad peu intéressante. Dans le genre, d’autres ont largement fait mieux. A commencer par eux-mêmes avec ‘A Tale That Wasn’t Right’ par exemple. ‘If I Could Fly’ suit, salué dès son introduction par le public. Le titre, moins enlevé que les précédents, permet à Michael Weikath un petit jeu de guitare derrière le cou en véritable guitar-hero. L’homme est tout en décontraction et affiche un air goguenard assez décalé finalement et pas déplaisant.
Au registre petit jeu entre musiciens, nous avons vu la simulation de coup de poings entre Marcus et Andi mais que penser du lancer de médiator « helloweenien » où Sascha lance son accessoire à Marcus qui le rattrape avec la bouche avant de le recracher à Sascha qui le récupère pour continuer à jouer ?
23h00. Après une courte pause rappel, le chanteur revient avec un haut de forme et demande au public : « Are you metal ? », avant d’attaquer cet hymne du même acabit qu’un ‘To The Metal’ de Gamma Ray. Le titre est efficace ; le public toujours présent scande des « Hey ! Hey ! Hey ! » ou reprend le refrain à la demande du chanteur. « How are you doing ? Would you like one more song ? » demande le leader des citrouilles avant d’envoyer le classique et excellent ‘Dr Stein’ qui reçoit un chaleureux accueil.
23h15, seconde pause rappel. Le public entonne des « Happy happy Helloween » pour appeler son groupe qui revient avec Kai pour un medley de la grande époque. ‘Hallowen’ et ‘How Many Tears’ rappellent combien ces titres sont efficaces, parmi les plus efficaces de la soirée finalement. Sur scène les autres musiciens de Gamma Ray sont désormais présents, Andi se met même en retrait et laisse Kai sur le devant de la scène. Quel bel esprit ! Ça, c’est du concert ! Dans ces conditions, ‘I Want Out’ est monstrueux. Le public ne s’y trompe pas et chante encore. « Fatigué ? » demande Andi qui veut que le public ait la voix éraillée le lendemain d’avoir chanté à plein poumons à un concert de Helloween. Les deux chanteurs continuent à pousser le public à donner de la voix, ensemble ou à tour de rôle… C’est un superbe final que nous offrent les Allemands réunis avec huit musiciens sur scène.
Même s’il est évident que les premiers morceaux de Helloween sont parmi les plus efficaces de son répertoire, les fans présents auront apprécié cette belle soirée teutonne. A juste titre car les citrouilles ont proposé une vraie prestation live, intense, variée et généreuse. Tout ce que l’on peut attendre d’un concert.
Setlist de Helloween :
Wanna be God
Nabataea
Eagle Fly Free
Straight Out Of Hell
Where The Sinners Go
Waiting For The Thunder
Steel Tormentor
(Solo de batterie)
I’m Alive
Live Now !
Hold Me In Your Arms
If I Could Fly
Hell Was Made In Heaven
Power
Rappels 1 :
Are You Metal ?
Dr Stein
Rappels 2 :
Medley
I Want Out
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Galerie photos du set de Gamma Ray
Galerie photos du concert de Helloween
J’y suis pas allé, le karaoké, les vocalises et le solo de batterie, très peu pour moi…
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