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Live Report   

High Hopes Night #1 : Naïve revient en force


Toulouse. Vendredi 20 octobre 2017. Quelques jours après la déferlante d’Alestorm qui a fait salle comble dans la salle mythique du Bikini, le public de la ville rose panse encore ses plaies et ses oreilles endolories. L’occasion était donc idéale pour se rendre au Metronum qui accueille ce soir en son sein Hipposonik, Scritikall ainsi que le grand retour des Toulousains de Naïve dans le cadre de la soirée High Hopes Night première du nom, initiée par notre fine équipe et organisée par School’s Out. Tout comme l’émission du même nom dédiée à l’émergence des nouveaux talents sur l’antenne RM, le but avoué de ce concert est d’offrir une visibilité scénique aux jeunes pousses désirant se faire connaître auprès du public, sous la houlette d’un artiste confirmé.

Carte blanche était donc donnée aux Montalbanais d’Hipposonik (composé de membres de Sidilarsen, 9mm et Punish Yourself), aux Stéphanois de Scritikall ainsi qu’aux Toulousains de Naïve pour faire (re)découvrir leur musique.

Artistes : NaïveScritikallHipposonik
Date : 20 octobre 2017
Salle : Le Metronum
Ville : Toulouse [31]

A ce titre, dire que Naïve était attendu ce soir comme le messie est un doux pléonasme. En effet, le dernier concert du trio remonte à un an et demi environ (c’était ici-même, au Metronum, en compagnie de Lizzard et d’Evrst) et le silence radio des locaux depuis de très longs mois n’était guère rassurant sur l’avenir de la formation, d’autant plus que l’une des dernières informations communiquées fin mai 2016 concernait le départ du bassiste Rico, remplacé temporairement par Mika (Eryn Non Dae, Drawers, Zubrowska). Ainsi, malgré la mise en ligne d’un teaser vidéo laissant entrevoir la gestation d’un nouvel album en septembre 2016, il aura fallu attendre dix mois (juillet 2017) pour que Naïve annonce officiellement sur les réseaux sociaux la reprise des concerts avec une première date fixée… au 20 octobre 2017. Autant dire que ce vendredi était à marquer d’une pierre blanche pour tous les fans du groupe (et même les autres), car c’est ce soir que Naïve a décidé de remettre pour de bon le pied à l’étrier, chez lui, dans son antre du Metronum.

La soirée démarre avec Hipposonik dans une salle déjà bien remplie. La musique du groupe sent bon les années 90, entre rock alternatif et grunge. Si questions compositions on ne parlera pas ici de musique révolutionnaire, néanmoins avec Hipposonik on passe toujours un excellent moment en live. D’une part, parce que sa musique parfois très Rage Against The Machine est éminemment accrocheuse et d’autre part parce que le charisme de Nino J au chant est impressionnant. Plein de vigueur, ce dernier transmet une énergie positive qui donne la pêche et est idéale pour chauffer une assemblée. Même si les trois styles pratiqués par les groupes du soir étaient tous différents, le fait de commencer par Hipposonik aura été la mise en bouche parfaite avant le set plus sombre de Scritikall et celui plus planant de Naïve. Un bon moment.

Scritikall

Avec Draft, leur premier effort sorti en avril 2017 chez Doweet Productions et salué par la critique, les musiciens de Scritikall avaient à cœur de bien faire devant le public Toulousain. En effet, même si le groupe reste encore dans le peloton de la jeune garde hexagonale, il se bouge pour avancer comme le souligne ses concerts à la force du poignet, notamment en première partie d’Arch Enemy en 2015 ou de The Arrs l’année dernière. Dès son entrée sur les planches sur un tonitruant tapping initié par le chanteur/guitariste Soufièn Daïr, le groupe stéphanois va directement tailler dans le lard en envoyant un death metal technique très fouillé aux accents parfois écorchés. L’ensemble est bien en place et délivre une bonne dose d’énergie brute, bien amenée et qui fait tout de suite mouche.

Même si on entend bien vite que Scritikall convoque dans ses compositions les influences de ses illustres aînés que sont Gojira (période Magma), Dagoba ou bien Machine Head, il faut bien avouer que le quartet maîtrise parfaitement son sujet et fait preuve d’une créativité (d)étonnante, notamment dans le chant puissant de Soufièn ou les gimmicks du guitariste Kevin. Dans cette même optique, il est intéressant de noter que le jeu de lumières volontairement épuré – voire même minimaliste – soutient bien les ambiances post rock que Scritikall se plaît à incorporer dans ses compositions.

Scritikall

On sent que ces musiciens-là sont très professionnels dans leur démarche afin de donner une véritable personnalité à leur projet qui, sur le plan musical, doit malgré tout s’éloigner de l’influence de Gojira. Dans le public on entendra même des « Oh Joe ! » en référence à l’attitude scénique de Soufièn qui, peut-être même parfois sans le vouloir, dégage vraiment des similarités avec le chanteur de Gojira Joe Duplantier (dans la façon de se tenir, de poser son pied sur son retour, de tenir sa guitare, etc.). Du côté du son, le groupe distille des morceaux très bien ficelés avec des gros riffs qui tâchent et de nombreux changements de rythmes plutôt bien amenés (« Still Intact »).

D’ailleurs, le nouveau batteur Duncan, flanqué en hauteur sur une petite structure, fait un travail remarquable au travers d’une prestation impressionnante d’efficacité et de technique et ce, malgré pas mal de triggers. Et de technique, Scritikall n’en manque pas ! En effet, les Stéphanois rivalisent de prouesses sur certains plans, sans jamais sacrifier le groove et la mise en place sur l’autel de la technicité pure et dure, à l’image de l’accrocheur « Draft ». Après un peu plus de quarante-cinq minutes plutôt intenses, le quartet quittera la scène sous les applaudissements avec la satisfaction du devoir accompli.

Naïve

Après un rapide changement de plateau sur scène, c’est au tour de Naïve d’investir les planches sous les acclamations d’un parterre déjà conquis d’avance, tout heureux qu’il est de retrouver le trio après plus d’une grosse année de silence. Dès l’opener « Elevate / Levitate » issu d’Altra (2015), on se (re)trouve tout de suite dans le bain : comme à son habitude, Naïve délivre une musique sans concession qui joue beaucoup sur les contrastes instrumentaux aussi bien dans ses ambiances que dans ses approches. Ainsi, c’est au travers de morceaux construits sur des structures à tiroirs que le trio laisse entrevoir son univers complexe aux multiples facettes (« Monument Size », « Yshbel » ou l’excellent « Surge »).

L’auditeur se laisse alors transporter au gré d’un setlist solide qui cristallise le Naïve mouture 2017, notamment au détour d’« Inertia », une nouvelle composition issue du futur album. A la fois surprenantes, entêtantes et ô combien efficaces, les sonorités du groupe se dévoilent au travers de constructions alambiquées où s’entrechoquent rythmes hypnotiques, passages oniriques empreints d’émotion(s) et riffs puissants sur lesquels se pose la voix claire de Jouch. Ainsi, le trio canalise sans peine une musique singulière et poétique, aux accents oppressants, mais toujours d’une rare finesse (« Transoceanic », « Luna Militis »).

Naïve

Le public lui, est pris dans une sorte d’invitation au voyage intérieur, aux confins de l’introspection à l’image de « Phosphenes » ou de « Demons », des titres inédits qui seront sur la prochaine réalisation des Toulousains. Il est d’ailleurs à noter que les trois nouvelles compositions dévoilées ce soir passent parfaitement l’épreuve du live et annoncent par là-même un disque dans la droite lignée de ce qu’on peut attendre de Naïve : l’équilibre parfait entre émotion et musique. Comme toujours, il est assez difficile de définir ce qu’est le son de Naïve, tant le groupe se plaît à perdre l’auditeur dans des univers sans cesse changeants… et même si l’expression est souvent galvaudée, force est de constater qu’un concert de Naïve n’est pas quelque chose qui se raconte, mais qui se vit véritablement ! C’est d’ailleurs pourquoi le groupe a toujours choisi de jouer en live dans une obscurité quasi absolue – un cauchemar pour les photographes –, et de projeter des images et des vidéos en arrière-plan, afin de permettre au public de s’immerger totalement dans la musique et de s’y perdre corps et âme…

Au final, Naïve a su encore une fois faire montre d’une généreuse et implacable maîtrise : ses ambiances à la fois chaotiques et introspectives ont trouvé écho au sein d’un public tout acquis à sa cause, comme hypnotisé par cette musique aux multiples facettes et aux prismes de vision sans cesse mouvants. Nul doute que le prochain effort de Naïve qui devrait sortir d’ici peu – et dont nous avons eu un tout petit aperçu ce soir au travers des nouveaux titres –, happe encore une fois l’auditeur dans les méandres de ses propres émotions…

Naïve

Setlist :

Elevate / Levitate
Inertia
Monument Size
Transoceanic
Luna Militis
Phosphenes
Demons
Surge
Yshbel

Report et photos : Vincent BN.



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