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Chronique   

Host – IX


Host est un nom familier pour les fans de Paradise Lost : l’album qui porte ce nom a fait couler de l’encre et a divisé le public à la fin des années 1990. Il faut dire qu’en prenant le parti de proposer une musique sombre et mélancolique mais pop, électronique, plus proche de Depeche Mode et à vrai dire largement dépourvue de metal, les Anglais n’avaient pas fait les choses à moitié. Clivant à l’époque, réhabilité aujourd’hui, finalement suite presque logique de One Second (1997) plus qu’un écart de conduite, il était l’aboutissement d’une évolution pour le groupe, qui allait ensuite petit à petit revenir sur ses pas, jusqu’à réembrasser depuis The Plague Within (2015) certains penchants plus extrêmes. En choisissant d’intituler son nouveau projet Host, le guitariste Greg Mackintosh se place explicitement dans la lignée ouverte par l’album de 1999, d’autant plus qu’il est accompagné par nul autre que son comparse Nick Holmes au chant. En plus de Paradise Lost, les deux musiciens ont eu ces dernières années l’occasion d’explorer leurs racines death avec Vallenfyre et Strigoi pour Mackintosh et Bloodbath pour Holmes : restait donc à donner corps à la facette la plus synthétique, la plus désaturée de leur palette. C’est ce que se propose d’accomplir IX, le premier album de ce groupe, fruit en partie de la pause imposée par la pandémie de Covid-19, et de la créativité décidément prolifique de ses deux membres.

La guitare acoustique en ouverture de « Wretched Soul », très dépouillée, ne doit pas nous induire en erreur : c’est bien dans un monde foisonnant de sonorités électroniques que nous plonge IX, d’abord en arrière-plan, puis sur le devant de la scène avec « Tomorrow’s Sky », le premier single de l’album. Avec son introduction clignotante qui rappelle « Our Darkness », le tube d’Anne Clark, et sa boîte à rythmes dansante, il remonte le temps jusqu’à la source de l’album comme du projet Host : les boîtes de nuit des années 1980 dans lesquelles les musiciens ont passé leurs jeunes années. On entend du Sisters Of Mercy dans la rythmique de « A Troubled Mind » et la basse vrombissante d’« Inquisition », un séquenceur très new wave en ouverture de « My Only Escape », et beaucoup de Depeche Mode évidemment, notamment dans « Years Of Suspicion » avec sa longue introduction très cinématographique et son chant où Holmes se rapproche parfois vraiment de Dave Gahan : ambiances tamisées voire obscures, longues nuits et mélancolie… Plus qu’un son, c’est une époque et un état d’esprit jamais vraiment oubliés que ressuscitent les deux musiciens. Mais pas de fétichisme rétro pour autant : Host incorpore les progrès technologiques et les nombreux revivals accumulés entre-temps (il suffit de voir le choix des artistes de la reprise et des remix en bonus : A Flock Of Seagulls, Lustmord et GosT, sorte d’histoire accélérée de la musique synthétique des années 80 à nos jours), et les met au service de la sensibilité particulière de Mackintosh, et de son don pour les numéros d’équilibriste entre mélodies entêtantes et tristesse qui brille tout particulièrement dans « Hiding From Tomorrow ».

IX est en effet un album sur le fil, à la fois électro, gothique et rock, où la froideur des synthétiseurs est rehaussée à l’occasion de batterie – au cœur de « My Only Escape » par exemple –, d’arpèges de guitare plus ou moins saturée – « Inquisition » –, mais aussi de cordes discrètes qui émaillent tout le disque, notamment « Divine Emotion ». Le côté accrocheur des refrains n’est que la surface de paysages sonores arrangés de manière méticuleuse, riches et nuancés. Les frictions entre machines et humanité, froideur et émotions irriguent toute la tradition musicale dans laquelle s’inscrit IX, avec sa pochette glacée et ses mannequins mélancoliques et abîmés : Mackintosh explique que le titre IX évoque tant les neuf morceaux de l’album que « I, X » (« Moi, X »), individu au bord de la dépersonnalisation dans une société de moins en moins humaine. Difficile de ne pas voir dans Host un chemin de traverse, une sorte de Paradise Lost dédoublé, ce que le groupe aurait pu être s’il avait continué dans la direction ouverte par l’album du même nom. IX prouve que libéré des attentes de son public, le duo a toutes les ressources nécessaires pour être un grand groupe de synthpop, et mieux encore, permet aux fans d’avoir à la fois le beurre et l’argent du beurre…

Lyric vidéo de la nouvelle chanson « My Only Escape » :

Clip vidéo de la chanson « Hiding From Tomorrow » :

Clip vidéo de la chanson « Tomorrow’s Sky » :

Album IX, sortie le 24 février 2023 via Nuclear Blast. Disponible à l’achat ici



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