
Pour un groupe parti d’une blague, on peut dire qu’aujourd’hui, ils ne font plus vraiment rire !
En effet, Chasing The Grail, le nouvel album de Fozzy est dans les bacs et force est de constater que c’est une bombe. Un power metal gras, aux facettes multiples et emprunt de la magie de Rich « The Duke » Ward, guitariste des redoutables Stuck Mojo. Mais c’est surtout par le biais de son frontman que Fozzy à entretenu depuis le début le buzz : il s’agit de la star de catch Chris Jericho, devant qui on ne peut que s’incliner pour ses capacités vocales. Et de toutes manières il nous mettrait une tarte, alors autant obtempérer.
Fozzy, à l’origine, c’est une grosse farce. Une blague qui portait le nom de Fozzy Osbourne avant d’être raccourcie à Fozzy. En 2000, lorsque l’album éponyme sort, Fozzy est un groupe de reprises : on y retrouve des titres de Dio, Krokus, Twisted Sister, Iron Maiden, etc. Mais tout ceci c’est sans compter sur l’humour débordant de Chris Jericho, Rich Ward et leurs acolytes qui s’inventent des personnages et une histoire satyrique. Le synopsis est le suivant : jusqu’alors, le groupe connaît la gloire au Japon où ils sont vénérés comme des dieux. Malheureusement, à cause d’un mauvais contrat signé avec une maison de disques peu scrupuleuse, ils sont retenus dans le pays sans pouvoir partager leur musique avec le reste de monde. Durant 20 ans Fozzy se fait voler ses titres grâce auxquels d’autres groupes rencontrent un succès international : Iron Maiden, Scorpions, Mötley Crüe, Judas Priest, etc.
Libérés de leur contrat ils sont à présent fermement décidés à restaurer la vérité et faire exploser la légende de Fozzy au grand jour. Fozzy, c’est : Moongoose McQueen (Chris Jericho – chant), Duke LaRüe (Rich Ward – guitare), Shawn « Sports » Pop (basse), The Kidd (guitare) et KK LaFlame (batterie).

Pour son second album Happenstance, sorti en 2002, Fozzy en profite même pour réaliser un film documentaire de 30 minutes sur un CD-ROM – devenu aujourd’hui collector – narrant l’histoire fictive du groupe. Outre des scènes cocasses et hilarantes dignes de Spinal Tap, on retrouve les témoignages de musiciens de renom qui se sont prêtés au jeu : Dee Snider, Zakk Wylde, Mike Portnoy et Sebastian Bach.
Voici ce que l’on peut lire dans le livret de la version promotionnelle de Happenstance :
« Fozzy sont d’énormes rock stars et ont été reconnus comme les inventeurs du Heavy Metal et du nouveau genre que l’on appelle Nu-Metal. » Ainsi l’affirme McQueen. « Ceci est le plus gros pavé de pur metal que nous ayons jamais réalisé, il contient quelques un de nos plus majestueux tubes ainsi que nos meilleures nouvelles compositions (qui ne nous ont pas encore été volées) ! Fozzy propulse le metal dans le nouveau millénaire et toutes les poulettes nous adorent ! Nous sommes de grandes stars du rock ! »
Sur la biographie officielle du groupe, Chris Jericho explique d’où leur est venue l’idée de mettre en place une histoire pour accompagner la musique : « […] Rich et moi avons constaté qu’il existait un million de groupes de reprises dans le monde et qu’il n’y avait pas besoin d’en faire un nouveau… à moins qu’il n’y ait un rebondissement. Et c’est là que nous avons décidé d’intégrer une histoire à la Blues Brothers/Spinal Tap/Traveling Wilburys, dans laquelle nous adopterions tous des rôles et prétendrions que les chansons que le groupe reprend sont réellement nos titres et qu’ils nous ont été volés alors que nous étions enfermés au japon a cause d’un mauvais contrat. »
Le groupe savait qu’il ne pourrait pas continuer à ne proposer que des reprises s’il souhaitait avancer. C’est la raison pour laquelle Happenstance contient cinq titres orignaux, parmi lesquels l’excellent « With The Fire », qui a fait l’objet d’un clip rempli d’auto-dérision.
Sur ces titres, le savoir-faire et le génie de Rich Ward (guitare/chant) – qui sévit déjà au sein du groupe de rap metal sous testostérone Stuck Mojo – est immédiatement reconnaissable. Mais plus encore, Happenstance prouve que l’alchimie prend. Il est donc temps de passer à la vitesse supérieure.
En 2005, avec son troisième album All That remains, Fozzy abandonne l’histoire et les personnages et devient un véritable groupe. L’album confirme son talent avec des titres imparables tels que « Wanderlust » sur lequel Zakk Wylde exécute un solo remarquable, « It’s A Lie » où l’on entend le rappeur Bone Crusher (l’ombre de Stuck Mojo n’est d’ailleurs pas loin) ou le single « Enemy ». D’autres invités sont aussi de la partie : Marty Friedman (rien d’étonnant pour un groupe soit disant enfermé au Japon) et les membres d’Alter Bridge Myles Kennedy et Mark Tremonti.
Fozzy est donc de retour cette année avec Chasing The Grail, annoncé par le groupe lui-même comme un très grand album. Non, Fozzy n’est pas retombé dans les travers de la parodie mais est bel et bien conscient de tenir quelque chose de spécial entre ses mains. A juste titre. On retrouve bien entendu des brûlots aux gros riffs adipeux tels que sur l’irrésistible « Martyr No More » (qui fut utilisé comme thème pour le WWE Royal Rumble de 2010), le single « Let The Madness Begin » ou « God Pound’s His Nail ». Mais Fozzy innove également avec la magnifique ballade « New Day’s Dawn » et un titre progressif et raffiné de 14 minutes intitulé « Wormwood » qui ne se prive pourtant pas pour envoyer le bois aux moments opportuns. A noter qu’aujourd’hui, Chris et Rich sont accompagnés du batteur Frank Fontsere, un ancien de Stuck Mojo et du bassiste Sean Delson, encore actuellement dans Stuck Mojo.
En attendant un éventuel clip vidéo et pour finir de vous convaincre, voici le tube « Let The Madness Begin » :
Fozzy est dans la place. Il va falloir s’y faire et, à ce rythme, peut être finirons t-ils par réellement devenir des rockstars internationales ?