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Chronique   

In Flames – Foregone


Avec le très bon Days Of The Lost (2022), The Halo Effect a rappelé à tous les valeurs du death-mélodique made in Sweden, et ce sans complexes, en comptant cinq ex-membres de diverses périodes d’In Flames. De quoi contester la suprématie et surtout la pertinence de ce dernier, qui s’est attelé ces dernières années à varier ses approches – démarche louable – avec un résultat artistique mitigé (qui n’a pas entravé son succès commercial). Il est assez plaisant d’imaginer que la réussite de The Halo Effect ait redonné du poil de la bête à In Flames pour son dernier-né Foregone, même si en réalité les compositions ont dû être échafaudées bien avant. Reste que le storytelling en profite grandement. Foregone en revient largement à un In Flames tranchant, concentré sur ce qui a fait sa renommée auparavant : des riffs accrocheurs blindés de cosmétiques avec une vraie agressivité. Il sonne presque comme une injonction : finie la récréation et retour aux affaires.

Quatorzième opus du groupe, Foregone est la deuxième réalisation qui implique le bassiste Bryce Paul et le batteur Tanner Wayne et le premier avec l’ancien guitariste de Megadeth Chris Broderick. Le tout a été produit par le célèbre Howard Benson, déjà à l’œuvre sur les deux précédents albums. Pour le frontman Anders Fridén, c’est l’alchimie parfaite pour proposer le meilleur In Flames qui soit, porté par la débauche d’énergie de Tanner Wayne et les soli de Broderick qui viennent contraster avec le vocabulaire habituel de Björn Gelotte. Si l’introduction en arpèges acoustiques et cordes « The Beginning Of All Things That Will End » a comme principale vertu de renouer avec l’influence folk des débuts et d’accroître l’anticipation, le riffing haché et martelé qui ouvre « State Of Slow Decay » corrobore les dires du groupe. Très vite celui-ci dévoile un tempo extrêmement rapide, en présentant d’emblée toute la philosophie de Foregone : puissance et refrains hymniques. On en parvient presque à une sensation d’inédit tant In Flames a eu tendance à délaisser son sujet depuis plus d’une décennie (deux, rétorqueront les plus anciens fans). « Meet Your Maker » ne fait que hausser le ton en alourdissant les guitares et les rythmiques. Anders se racle la gorge et écarte toute forme de sensiblerie sans perdre cette capacité à fédérer. « Bleeding Out » conserve le même entrain en accentuant les ressorts mélodiques plus contemporains du groupe mais sans devenir insipide.

Foregone prend ainsi très vite des allures de rappel brutal : In Flames en a encore sous la pédale et ne s’est pas montré aussi déterminé depuis des années. Le diptyque « Foregone Pt.1 » et « Foregone Pt.2 » explore différentes sensibilités (de frontales à plus ambiancées), comme une sorte de condensé, sans se laisser aller aux progressions pompeuses qui ont parfois entravé l’écriture du groupe. Le riff, la mélodie et le talent de Fridén sont au cœur de la proposition – à raison – qui s’échine à créer sans cesse de la dynamique. Même le retour à l’exercice de la composition langoureuse aux mélodies subtiles comme une armoire normande, via « Pure Light Of Mind » ou le refrain lumineux de « Dialogue In B Flat Minor » (qui contraste avec la noire lourdeur de ses couplets), a davantage de cachet cette fois-ci. « Cheesy » certes, mais pas au point de devenir ennuyeux. Le groupe paraît même avoir peur que l’auditeur cherche le moment où il lèvera le pied. « The Great Deceiver » se charge très vite d’en revenir aux haltères et à la sueur tatouée en empruntant légèrement au registre punk. « In The Dark » s’amuse de sa rythmique plombée – de quoi accentuer la surprise à l’arrivée d’un des refrains les plus entêtants de l’album – et fait presque preuve de facétie avec ses leads démultipliés. « Cynosure » fait apprécier la qualité de production des guitares sur cet accord ouvert qui devient la colonne vertébrale du riff principal, tout en laissant un basse-batterie très « toolien » sous le feu des projecteurs. Même la conclusion « End The Transmission » ne veut pas transiger : In Flames transpire jusqu’au bout et Anders Fridèn renoue avec les abysses.

Foregone peut s’appréhender comme un retour tonitruant après quatre ans de silence discographique. Les mastodontes suédois en reviennent à l’essentiel et avec talent. Exit les hybridations maladroites et le riffing apathique, sans pour autant sonner passéiste. Foregone semble avoir pour mission de rappeler que l’un des patrons du death mélodique est toujours In Flames, à l’heure où ses anciens membres s’épanouissent justement en rendant hommage au genre. Long time no see.

Clip vidéo de la chanson « Foregone Pt. 2 » :

Clip vidéo de la chanson « Foregone Pt. 1 » :

Vidéo de la chanson « The Great Deceiver » :

Clip vidéo de la chanson « State Of Slow Decay » :

Album Foregone, sortie le 10 février 2023 via Nuclear Blast. Disponible à l’achat ici



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