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Chronique   

Incantation – Sect Of Vile Divinities


L’immobilisme peut être une vertu. C’est d’une certaine manière ce que prône Incantation. Depuis plus de trente ans, le groupe originaire de Pennsylvanie perpétue l’héritage death traditionnel. Le chanteur-guitariste John McEntee est un exemple de régularité, ayant contribué à forger le son d’Incantation dès les premières heures sans jamais chercher à renouveler sa formule, juste à la parfaire, en dépit des critiques. La particularité d’Incantation : osciller entre les extrêmes du death brutal et du doom death, le tout avec un son « sourd » et des growls caverneux. Sect Of Vile Divinities, son onzième opus et deuxième depuis son retour chez Relapse Records, ne sera pas celui des grands changements. Incantation reste fidèle à lui-même.

La production et le mix ont été une nouvelle fois assurés par Dan Swanö, à l’instar de Profane Nexus (2017). Incantation conserve tout ce qui fait son charme : il faut imaginer un son de guitare death typique qui aurait délaissé son tranchant pour gagner en épaisseur. La garantie de voir sa méthode de composition fonctionner, à savoir l’alternance de riffs agressifs qui trouvent leur respiration dans des passages plus lourds. Rien d’inédit, le tout réside dans l’efficacité des agencements. « Ritual Impurity (Seven Of The Sky Is One) » est une entrée en matière retentissante, Incantation ne s’embarrasse aucunement d’introduction à proprement parler. Il se présente sous ses aspects les plus violents avec une batterie effrénée et les dissonances continues de ses guitares. John McEntee témoigne de son état de forme convaincant : son timbre n’a subi aucune altération. Très vite Incantation aboutit sur des rythmiques moins expéditives avant de redoubler d’intensité et de livrer un solo en apparence désordonné. Le confort par excellence. « Propitiation » répète le même fonctionnement en l’inversant. Le groupe démarre lentement, laissant transparaître ses influences doom, avant de donner un grand coup d’accélérateur.

Ce qu’Incantation parvient raisonnablement à réaliser, c’est de ne pas confondre routine et facilité d’écriture. Si le groupe peut parfois donner l’impression d’évoluer selon un rythme de croisière inamovible, il touche parfois à l’excellence dans ses deux extrêmes. L’atmosphère lugubre de « Shadow-blade Masters Of Tempest And Maelstrom » bénéficie grandement des leads languissants et prolongés de Sonny Lombardozzi. La seconde moitié de « Black Fathom’s Fire » expose une ritournelle que n’aurait pas reniée Nile, de même que la fournaise de « Chant Of Formless Dread » et ses plans de guitare en cascades de notes ultra-rapides. L’introduction « mélodique » d’un « Scribes Of The Stygian » carrément agonisant honore le doom gothique de Paradise Lost et My Dying Bride et doit beaucoup aux phrasés presque nus de John McEntee qui revêt son plus beau growl d’outre-tombe. Les deux facettes d’Incantation sont présentées via leurs extrêmes sur des titres tels que « Shadow-blade Masters Of Tempest And Maelstrom » et « Unborn Ambrosia » qui évoluent entre rythmiques plombées et accélérations fulgurantes. Même la conclusion de l’opus, « Siege Hive », ne déroge pas à sa méthode avec à nouveau ce death à deux visages. Incantation ne s’écarte jamais du sentier qu’il a tracé. Il y a quelque chose de réconfortant dans la musique d’Incantation. Certes, après trente ans de carrière certains peuvent se lasser ou y verront de la paresse. Pour les autres, Incantation se veut la vitrine adéquate d’un genre et d’un savoir-faire. Incantation laisse le choix.

Sect Of Vile Divinities délivre un discours familier. Si l’on s’y attarde vraiment, tout juste observera-t-on des influences doom, gothiques et dark plus présentes (« Entrails Of The Hag Queen », « Scribes Of The Stygian », l’intro de « Guardians From The Primeval », etc.). Pour le reste, il s’avère que parfois, les mêmes arguments bien présentés suffisent. Sect Of Vile Divinities a ce qu’il faut dans sa construction et sa production pour emporter l’adhésion. Et puis, difficile de considérer ce conservatisme autrement que comme quelque chose de touchant. Incantation veut juste jouer du death – son death –, et qu’on lui fiche la paix. Il le fait très bien depuis longtemps, merci pour lui.

Clip vidéo de la chanson « Entrails Of The Hag Queen » :

Clip vidéo de la chanson « Fury’s Manifesto » :

Lyric vidéo de la chanson « Propitiation » :

Album Sect Of Vile Divinities, sortie le 21 août 2020 via Relapse Records. Disponible à l’achat ici



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