Jeune groupe lancé en 2020, Inherits The Void résonne dans le microcosme de la scène black metal underground. Ce one-man band a forcément quelques atouts pour séduire, côtoyant notamment l’influence des mastodontes de la scène extrême mélodique suédoise avec les indémodables Dissection ou encore Sacramentum. Même si on décèle une certaine volonté de retrouver la flamme d’antan, le Français ne se mure pas uniquement dans un sentiment nostalgique puisqu’il associe aussi subtilement sa musique à une production plus moderne et massive en s’inspirant de ce qui se fait de mieux chez nous sur ce terrain, en citant notamment Regarde Les Hommes Tomber. Ce ne sont pas évidemment pas seulement ses influences qui nous permettent de mettre une piécette sur la future portée du projet qui nous semble assez prometteur, mais bien la solidité du deuxième album The Impending Fall Of The Stars qui est à mettre dans les bonnes oreilles des amateurs de la scène extrême et mélodique, autant chez les acharnés des années 90 que ceux qui ont plus d’affinités avec la nouvelle vague…
Déjà signé chez Avantgarde Music pour qui le compositeur Antoine Scholtès a une grande admiration, le musicien a de bonnes raisons de rêver loin à en croire les bonnes chroniques qui ont couvert la sortie du deuxième opus en début d’année. Cependant, se frayer un chemin à l’heure où les bons albums sont facilement noyés avec le flux constant de sorties – et surtout dans la sphère du black metal – est loin d’être évident. Mais pour l’heure Inherits The Void avance étape par étape, et si le premier album Monolith Of Light avait déjà titillé l’oreille du (mal)saint patron de Radio Metal à sa sortie en 2021, le deuxième a convaincu l’équipe de discuter avec la tête pensante du groupe pour connaître son parcours, ses ambitions et l’idée globale derrière cette formation.
« Quand j’ai commencé Inherits The Void, je voulais quelque chose d’un peu plus moderne, et vu que j’étais un grand fan notamment de groupes de la scène française, j’avais envie de me lancer là-dedans pour voir si j’étais capable de composer un peu dans ce style. Ça a commencé comme ça et finalement, très vite, je me suis rendu compte que mes premiers amours étaient toujours là, donc le death mélo ou le black mélo suédois. »
Radio Metal : Inherits The Void est un jeune projet créé en 2020, année de la pandémie, avec déjà deux albums à son actif publiés chez Avantgarde Music. Tu les décris comme inspirés du black metal mélodique, notamment de la scène suédoise des années 90, mélangée avec le metal extrême actuel, surtout le post-black en prenant des groupes français en référence qui sont plutôt actuels et modernes. Est-ce que tu savais sur quoi tu voulais partir à la création du projet ou est-ce que ça s’est affiné avec tes écoutes personnelles ?
Antoine Scholtès : Je sors d’un groupe qui était dans le death metal mélodique aussi très inspiré par la scène suédoise des années 90. A la base, quand j’ai commencé Inherits The Void, je voulais quelque chose d’un peu plus moderne, et vu que j’étais un grand fan notamment de groupes de la scène française, comme Regarde Les Hommes Tomber, Déluge ou The Great Old Ones, j’avais envie de me lancer là-dedans pour voir si j’étais capable de composer un peu dans ce style, car c’est un style que j’affectionne beaucoup. Ça a commencé comme ça et finalement, très vite, je me suis rendu compte que mes premiers amours étaient toujours là, donc le death mélo ou le black mélo suédois. Même si sur le premier album, Monolith Of Light, ces influences sont un peu plus discrètes, quand j’ai composé le deuxième, j’ai voulu me faire plaisir et faire quelque chose qui me collait complètement en termes de goûts et d’influences.
Quels étaient les défis et les enjeux pour toi pour réussir à combiner ces influences de la scène suédoise, du death mélo de la première vague avec des éléments plus modernes dans ta musique ?
La difficulté que j’ai ressentie, c’est que dans la scène moderne, il y a quand même une grosse part d’ambiance avec des breaks qui peuvent parfois être inspirés de styles post-hardcore ou même sludge qui n’ont rien à voir avec ce que proposent les groupes de black ou death mélo traditionnels. J’ai donc essayé d’incorporer ces breaks très atmosphériques à une musique un peu plus rythmée et mélodique, plus traditionnelle. C’était ça, pour moi, la plus grosse difficulté, le fait d’associer de façon efficace et naturelle ces deux aspects parfois un peu opposés.
Pour évoquer quelques groupes, tu évoques Sacramentum, Dawn, Vinterland, mais aussi Eucharist ou encore Regarde Les Hommes Tomber. Nous avions aussi pensé à Dissection mais aussi à …And Oceans. Tu en rajouterais quelques-uns à la liste avec le recul ? Et que voulais-tu « saisir » de ces projets ?
Je vais commencer par la fin de ta question. Ce que je voulais attraper, ce que je voulais essayer de retranscrire avec ces projets des années 90, c’était vraiment l’aspect mélodique voire épique de la mélodie, avec des mélodies que, étant fan de ce style, je trouve assez bien travaillées et très belles. C’était vraiment cet aspect-là que je voulais essayer de toucher. Après, par rapport aux références que tu cites, il y en aurait d’autres. Je pense notamment à Emperor. C’est classique. Même si je n’ai pas de part de clavier à la Dimmu Bordir, j’ai quand même une grosse part de synthé et de nappes atmosphériques. Je lorgne donc aussi un peu vers ce style de black metal. Je pourrais aussi citer Odium pour les atmosphères que les claviers peuvent apporter, mais dans un second temps et un peu en arrière. Ce n’est pas ce qui prime dans ma musique.
Tu composes toute la musique seul. Comment procèdes-tu et de quelle base instrumentale pars-tu pour développer tes compositions ?
Pour l’écriture, j’avoue que c’est parfois peut-être un peu anarchique comme façon de faire. Je brode une mélodie, puis j’essaye de la travailler et de fil en aiguille, les riffs s’enchaînent. Il faut savoir que pour le deuxième album, je me suis entouré d’un batteur. Je lui ai proposé une base rythmique et je l’ai laissé retravailler à sa sauce pour avoir quelque chose de vraiment organique et véritable pour toucher au mieux cette ligne-là. Après, pour la compo en tant que telle, c’est vraiment la guitare – je suis guitariste à la base – qui prime, et une mélodie en amène une autre.
Le communiqué évoque les influences et les sensibilités de membres session. Je ne sais pas s’ils sont plusieurs, mais comment ont-ils contribué à l’album et comment les as-tu choisis ?
Alors, ils sont deux. Il y a un batteur, Tom, et un claviériste, parce que sur l’album, j’ai quand même voulu mettre quelques lignes de clavier un peu plus compliquées que de simples accords. Pour Tom, je l’ai choisi parce que c’est quelqu’un de proche de moi, même s’il n’est pas forcément dans le metal. C’était un peu un challenge pour lui d’essayer de composer ça. C’est quelqu’un qui écoute plus des groupes comme Soundgarden, qui vient d’une autre scène et pas vraiment une scène extrême, donc pour lui ça a été un challenge. Et pour Valérien, le claviériste, c’est aussi une connaissance. Je lui ai proposé. J’avais composé les lignes moi-même et il les a un peu arrangées pour que ça colle bien à un claviériste. Là, ce ne sont que de vrais instruments. Nous restons un groupe plus qu’amateur, donc c’est du fait maison, nous avons essayé de faire ça comme nous pouvions, mais j’ai vraiment tenu à avoir quelque chose de véritable, qu’il y ait un musicien derrière chaque instrument, et lorsque je ne pouvais pas le faire moi-même, de proposer à des connaissances et à des amis de le faire pour moi.
« Dans le projet, ce qui m’avait motivé à la base – le nom du groupe en est inspiré – c’est une thématique assez environnementale, sur ce qu’on va laisser. Ça me parle d’autant plus maintenant que j’ai des enfants. »
Même si c’est du fait maison, comme tu dis, et qu’il y a une approche DIY, il y a quand même une grande exigence sur le son…
Oui. Pour la batterie, j’ai bossé avec lui pour le mixage. Après, pour le reste, c’est vrai que j’ai passé un certain temps à mixer et à faire des versions 1, 2, 3, 4, 5, etc., pour essayer d’obtenir quelque chose qui me plaisait le plus en termes de rendu. Maintenant, avec le recul, il y a encore des choses à améliorer… A la base, ce projet c’est aussi pour m’éclater. J’ai découvert le mixage sur le tas, mais oui, il y a une exigence, bien sûr. Surtout avec la signature avec Avantgarde qui implique quand même certaines responsabilités.
On voit une différence importante dans la production entre le premier et le deuxième album. Sur The Impending Fall Of The Stars, Frédéric Gervais est crédité pour le mastering. Est-ce que tu avais entièrement produit le premier album ?
Non. J’avais mixé le premier album et le mastering avait été envoyé à quelqu’un. Vu que je débarquais, je ne connaissais pas trop. Avec le recul, bien sûr, il faudrait retravailler un peu tout ça. La signature avec Avantgarde et les contacts que j’ai pu avoir entre-temps m’ont permis d’avoir des pistes et des connaissances qui m’ont orienté vers Frédéric Gervais qui est d’ailleurs une personne adorable et super sympa en termes de conseils et de travail. Le premier, Monolith, avait été fait en partie par moi, et en partie par une autre personne.
Les deux sorties sont assez rapprochées, entre décembre 2020 et janvier 2023. Est-ce que tu avais déjà composé une bonne partie de tout ça dans le même cycle ou est-ce qu’au contraire, il s’agit bien de deux moments distincts ?
C’est vrai que The Impending Fall a été composé dans la foulée. Je crois qu’il s’est passé deux ou trois mois entre la fin de la compo et de l’enregistrement de Monolith et le début de la composition de The Impending. Je ne sais pas trop si c’était deux processus de composition, mais ce que je peux dire, c’est que, comme je l’évoquais au début, j’ai très vite voulu repasser à quelque chose qui me plaisait. J’adore composer, donc avec The Impending, j’ai très vite voulu repasser à quelque chose qui me collait vraiment cent pour cent. Ce qu’il faut savoir, c’est que juste avant que je compose The Impending, donc à l’été 2021, Avantgarde m’avait contacté pour me signer et, je dois avouer, ça m’a mis un sacré coup de boots pour essayer de faire quelque chose d’autre, en partie différent, et de plus abouti.
Cette prise de contact avec Avantgarde, comment s’est-elle effectuée ? Ce sont eux qui sont tombés sur ton travail ou tu les avais démarchés ?
Je les avais démarchés quand Monolith Of Light était terminé. J’avais eu quelques autres réponses, mais Avantgarde ont pris contact avec moi dans les vingt-quatre heures après les avoir contactés pour me proposer quelque chose dans les quarante-huit heures. Etant un grand fan de leur back catalogue des années 90, et même actuel, je n’ai pas trop réfléchi. C’était un peu un rêve de gosse qui se réalisait.
Pour en venir au noyau thématique, on devine que tu évoques les liens entre le vide, la mort, les astres et peut-être aussi la mythologie. La lumière et la nuit, le soleil, la chute, ce sont des choses qui reviennent un petit peu dans ce qu’on peut percevoir de tes textes. Qu’est-ce qui t’inspire dans l’ensemble de ces thématiques ?
Des fois, je pars dans des trucs un peu alambiqués… C’est mon esprit malade [petits rires]. Non, on va dire que ce qui m’inspire, c’est que chaque personne, même si c’est quelqu’un qui a une grande bonté, va avoir un côté négatif, un côté noir qui peut ressortir d’une façon ou d’une autre suite à un évènement. Dans le projet, ce qui m’avait motivé à la base – le nom du groupe en est inspiré – c’est une thématique assez environnementale, sur ce qu’on va laisser. Ça me parle d’autant plus maintenant que j’ai des enfants. C’est la question : quel monde va-t-on laisser, quand on voit qu’on part dans des crises écologiques, socio-économiques, humanitaires de plus en plus importantes et récurrentes ? Bien sûr, il y a ce que tu as évoqué, la part de lumière et la part d’ombre, mais c’est aussi centré sur ça. Qu’est-ce qu’on fait ? Où va-t-on ? Qu’est-ce qu’on va laisser aux générations futures ?
T’inspires-tu parfois d’autres arts – de la littérature, du cinéma, de la peinture – ou développes-tu tout toi-même ?
Pour l’instant, j’ai souhaité écrire moi-même, essayer de mettre des mots sur mes idées, sur la façon dont je percevais un peu tout ce que j’évoquais. Après, pour le prochain – je suis déjà en train de réfléchir aux thématiques –, je pense qu’il va y avoir une part d’influence de la littérature, notamment la littérature française du XIXe siècle qui va être un peu plus importante. C’est à peaufiner, mais je pense que j’aurais beaucoup plus de références littéraires qui interviendront et qui m’aideront à poser des mots sur mes textes.
« C’est moins facile de faire sortir quelque chose, alors qu’à l’époque, je me dis que si tu avais un groupe comme Sacramentum qui arrivait, qui était signé sur Adipocere et qui sortait Far Away From The Sun, ça devait quand même être quelque chose à découvrir dans un fanzine. »
La musique d’Inherits The Void est ambivalente, c’est-à-dire qu’elle est agressive mais elle est aussi très lumineuse par son côté mélodique. Du coup, ton message est-il pessimiste ou est-ce qu’il y a une lueur d’espoir ?
Oui, je comprends. Il y a un peu des deux. C’est ce côté « c’est le bordel », très noir, très négatif, très pessimiste. Je pense que ça se ressent assez bien dans la musique. Et puis, malgré tout, je veux garder un espoir qu’il y ait des solutions qui soient apportées. Il y a des groupes, majoritairement jeunes, qui essayent de faire bouger les choses d’une façon ou d’une autre, donc je me dis que tout n’est pas foutu, tout n’est pas perdu, et qu’il y a peut-être de l’espoir malgré tout dans ce climat de crise.
Par contre, tu ne voulais pas passer par un discours un peu trop direct, tu voulais quand même passer par des métaphores, parce qu’il y en a énormément dans Inherits The Void.
Oui, complètement. Ça vient des groupes qui m’ont influencé. Je reviens encore sur la scène suédoise, des groupes comme Dark Tranquillity ou In Flames – je n’en cite que deux, mais il y en a d’autres –, leurs paroles sont très métaphoriques quand tu lis. J’aime bien. Il faut que les textes soient un peu romancés. La voix et les textes qu’on propose font partie d’une musique, donc il faut essayer de proposer quelques chose d’intéressant, bien sûr sans paraître trop péteux. Il ne faut pas être trop frontal non plus. En tout cas, c’est ma vision des choses. J’aime bien tout ce qui est métaphore, donc j’ai essayé de le faire à mon niveau.
Ton premier EP, Mémoires, semblait pourtant aller vers une autre esthétique, d’autres thématiques. Est-ce que le projet doit refléter pour toi ce qui est important sur le moment ?
Oui, complètement. Je pense qu’il pourrait y avoir des détracteurs, parce que certains pourraient penser qu’un groupe doit avoir une ligne et s’y tenir, mais en tant que projet solo, ce qui m’intéressait aussi, c’était, tout en gardant quand même une ligne directrice, de pouvoir proposer quelque chose en fonction de mes volontés du moment. Donc l’évolution qu’on ressent entre cette démo que tu as évoquée, Mémoires, et le dernier album vient de là. Il est possible que, tout en restant sur la même base, il y ait encore quelques évolutions sur le prochain. Ce ne sera peut-être que par petites touches par-ci par-là, mais il y aura sûrement une évolution sur d’autres aspects.
Avec certaines thématiques, nous avions un peu fait le rapprochement avec la philosophie « sataniste anti-cosmique » déployée par Dissection ou Watain. Est-ce qu’on est loin de ça ou est-ce que ça te parle ?
Je pense que je ne vais pas être sur la même ligne que les gars de Dissection ou de Watain qui sont quand même un cran au-dessus, mais oui, le côté nihiliste et misanthrope peut intervenir aussi. Ça ne va pas être sur une ligne sataniste, parce que je ne me sens pas trop concerné par ces aspects religieux, satanisme, chrétienté, islam, peu importe la religion. Ça va être un aspect nihiliste, mais sur le fait que l’homme fait n’importe, qu’il mérite de retourner au néant par moments. Bien sûr, ce n’est pas ce que je pense tous les jours, je vous rassure, mais c’est pour évoquer les thématiques et les idées qui peuvent parfois intervenir dans les paroles.
Concernant les artworks de tes albums, est-ce que le contact avec les artistes s’est fait facilement ? Est-ce que tu avais donné des consignes particulières par rapport à la musique de Inherits The Void ?
Tout à fait. Pour Monolith Of Light, c’était la période où je découvrais un peu comment fonctionnait le monde musical. Je suis tombé un peu par hasard sur le catalogue d’un artiste et je l’ai contacté en lui soumettant des idées, mais ce n’était pas aussi abouti que ce qu’il s’est produit avec The Impending Fall Of The Stars, où j’ai contacté Matthias de Macchabée Artworks. Je connais son travail depuis un certain temps et j’étais assez fan de ce qu’il pouvait produire. Je l’ai contacté. Là, nous avons bien travaillé ensemble sur une thématique particulière. Je lui ai soumis des idées, il a travaillé, retravaillé les idées en fonction de ce que je pouvais apporter comme précisions et ça s’est fait comme ça. C’était un travail beaucoup plus abouti pour le dernier album que j’ai aimé faire, parce que Matthias est quelqu’un de très professionnel, et c’était très agréable de travailler avec lui.
Par rapport à ce que nous avons dit en début d’entretien, te sens-tu nostalgique de cette période glorieuse de la scène extrême mélodique ou, en tout cas, vu que tu es assez jeune, l’idéalises-tu ?
Oui. Je suis de 92, donc autant te dire que je ne connaissais même pas le metal à l’époque. C’est peut-être plus du fantasme sur l’esprit qui pouvait régner avec le tape trading et avec la découverte de groupes. Comme tu l’as évoqué précédemment, en ce moment, du fait des one-man band, surtout dans le black metal, il y a énormément de sorties qui se font quotidiennement. C’est moins facile de faire sortir quelque chose, alors qu’à l’époque, je me dis que si tu avais un groupe comme Sacramentum qui arrivait, qui était signé sur Adipocere et qui sortait Far Away From The Sun, ça devait quand même être quelque chose à découvrir dans un fanzine. C’est peut-être plus du fantasme que de l’idéalisation.
« Dans un groupe, il y en a toujours un ou deux qui peuvent prendre le relais. C’est vraiment un partage des tâches qui est intéressant. En tant que one-man band, c’est compliqué d’avoir tout sur ses épaules. Il y a des moments où tu as envie de te reposer et de penser à autre chose. »
Tu as parlé à plusieurs reprises de la scène extrême française, tu as évoqué quelques groupes. Quel rapport as-tu avec cette scène ?
Je n’ai pas vraiment de contacts avec les personnes qui sont dans ces groupes, mais j’aime beaucoup la scène française. Je trouve que Véhémence a réussi à sortir de très bons albums. Plus proche de chez moi – je suis de Clermont –, il y a Aorlhac qui a sorti fin 2021 un super album, selon moi. Dès qu’il y a un groupe français, c’est vrai que je vais avoir tendance à jeter une oreille et souvent, j’accroche parce que je trouve que la scène française – enfin, pas forcément pour Véhémence ou Belore – arrive à faire des croisements musicaux qui sont très intéressants. Je suis toujours assez fan de ce qu’ils peuvent proposer. Le catalogue des Acteurs De L’Ombres, notamment, en a pas mal. Je suis les sorties françaises avec peut-être plus d’assiduité que les sorties extérieures.
Tu as déjà des pistes pour le troisième album, tu sais déjà vers quoi tu veux t’orienter thématiquement ou ne serait-ce qu’au niveau de la mélodie, ce que tu veux faire évoluer ?
Je pense que soixante-quinze pour cent de l’album s’ancrera dans le même moule que les deux précédents. J’avais commencé un peu à composer et il y a des pistes qui commencent à sortir. J’aimerais des mélodies et des arrangements un peu plus épiques par moments, sans non plus lorgner sur du black médiéval à la Véhémence ou à la Belore. Je voudrais un côté épique plus développé par moments, qui s’éloigne en partie de la façon dont écrivaient les métalleux suédois que nous avons évoqués, mais qui se rapprocherait peut-être plus du courant français – vraiment que sur l’aspect musical, bien sûr. Je médite là-dessus, je ne sais pas trop pour l’instant. On verra, c’est une piste parmi d’autres.
Concernant la portée que tu voulais pour ce projet, on voit que tu es assez discret sur les réseaux sociaux. Comptes-tu un peu sur l’engagement naturel du public ?
C’est une bonne question. En fait, je suis très mauvais en communication. J’essaie, mais je ne suis vraiment pas quelqu’un qui aime me mettre sur le devant. La communication est quelque chose qu’il faut que je travaille. Le côté discret de ma présence sur les réseaux vient de là, je pense. Après, je suis content de voir qu’un engagement est en train de se faire avec l’album qui est sorti. Il faut que j’essaie de l’alimenter un peu, mais ce n’est pas trop mon truc.
Tu n’as pas peur que l’album se noie dans la masse de sorties black metal ?
Si, c’est sûr. C’est une crainte, mais c’est vrai que, ne sachant pas trop comment faire, je ne le fais pas. Ce n’est pas volontaire, c’est juste que concrètement je ne sais pas quoi dire, à part poster un truc ou deux de temps en temps. C’est vrai qu’il faut que je bosse là-dessus. Vous avez bien raison.
D’un autre côté, les retours sont assez élogieux. Est-ce que ça te conforte dans l’idée que tu tiens quelque chose avec ce projet ?
Oui. Même si ce projet, à la base, était vraiment fait pour pouvoir continuer à faire de la musique quand je voulais, le fait d’avoir des retours comme j’ai pu avoir sur cet album fait chaud au cœur. C’est vraiment agréable à lire ou à écouter. Ça conforte dans le fait que, même si ce n’est pas toujours facile, j’ai envie de continuer, d’aller plus loin et de proposer d’autres choses.
Dans un futur plus ou moins proche, envisages-tu de porter le projet en live ?
Pour l’instant, c’est un peu compliqué, mais oui, ça me trotte dans la tête de plus en plus. Je me dis qu’on n’est pas à l’abri [que ça se fasse]. J’ai des amis proches qui sont de très bons musiciens, donc à voir par la suite. Peut-être pas dans l’année mais peut-être en 2024 ou 2025. De plus en plus, ça me donne envie.
Tu es devenu jeune papa il n’y a pas très longtemps. Est-ce que ça a mis le projet en sursis dans ton esprit, alors que tu es en plein développement ? Est-ce que tu t’es posé des questions par rapport ça ?
Bien sûr, je me suis dit que ça allait mettre le projet sur pause pendant quelques mois, mais je compte continuer par la suite. C’est l’adaptation. Il faut savoir que c’est mon deuxième enfant qui est né, j’en ai déjà eu un premier, et à la base, j’ai créé Inherits The Void pour continuer à faire de la musique seul tout en élevant mon fils. C’est donc ainsi que le projet a mûri. C’était un projet pour rester à domicile pour m’occuper de mon enfant et continuer ça, parce qu’avant, j’étais dans un groupe, c’était assez chronophage. Je ne pouvais plus suivre l’intensité des répètes ou des concerts. Je me dis que pour le deuxième, bien entendu c’est mis en pause pour le moment, mais on verra. J’essayerai de me dégager du temps pour continuer.
Cette expérience de groupe où ce n’est pas toi qui mènes le tout, ce n’est pas quelque chose que tu voudrais refaire à l’avenir ? Tu trouves ça plus confortable d’être le seul compositeur ?
Oui et non. Mine de rien, quand on est en groupe, ce qui est bien, c’est que chacun est bon dans un domaine. Moi, je ne suis pas bon en communication, par exemple, je le reconnais. Dans un groupe, il y en a toujours un ou deux qui peuvent prendre le relais sur ça. C’est vraiment un partage des tâches qui est intéressant. En tant que one-man band, c’est compliqué d’avoir tout sur ses épaules. Il y a des moments où tu as envie de te reposer et de penser à autre chose. Ça peut avoir tendance à devenir un peu oppressant de devoir gérer tout ce qui tourne autour, mais bon, si je le fais, c’est que je m’en sors quand même et que j’aime bien ça, d’une certaine manière. Mais un retour en groupe, avec un partage des tâches, oui, pourquoi pas, mais pas tout de suite.
Interview réalisée par téléphone le 27 mars 2023 par Jean-Florian Garel & Erik Melkhian.
Retranscription : Julie Dubreuil.
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