Pour notre plus grand plaisir, une tournée réunissant Pillorian et Inquisition est proposée. L’occasion pour la France de voir débarquer des line-up de très hauts niveaux. Certaines villes auront même la chance de voir les sensationnels The Great Old Ones se greffer à cette jolie affiche. Mais pour Paris c’est Valborg et Cobalt qui se présentent à nous. Des groupes différents mais qui auront tous la volonté de nous faire vivre des moments violents, extrêmes avec du carnage et de la mélancolie au programme.
Et ça démarre de manière très extrême avec Cobalt (qui rejoindra la tournée de Oranssi Pazuzu par la suite). Très punk dans l’esprit, la prestation est énergique. Et heureusement que les membres du groupe mettent beaucoup d’énergie et d’investissement dans leur jeu scénique car la technique seule n’aurait pas suffit.
Artistes : Inquisition – Pillorian – Valborg – Cobalt
Date : 24 avril 2017
Salle : Le Glazart
Ville : Paris [75]
Cobalt
Tout le set est baigné d’une seule et même lumière jaune qui rend le concert forcément un peu linéaire. En espérant que le public n’ait pas été trop dérangé par la prestation du chanteur qui prendra son rôle très à cœur (peut-être trop ?) en passant la majeure partie de son temps les bras levés pour chanter tout en pointant énergiquement son majeur vers le public ! Et pour une (désagréable) touche finale, le frontman plantera même son micro de longues secondes dans son retour afin qu’un énorme larsen repousse le public. Une attitude spéciale… mais surtout pas nécessairement la meilleure manière de divertir sa propre audience.
Ajoutons à cela que notre ami fera souvent tourner le fil de son micro en frappant régulièrement le premier rang du public. Tout le groupe a en tout cas l’air très énervé et concentré, ce qui rajoute encore plus de violence à leur set. Mais le chanteur paraît simplement fou et incontrôlable à tel point qu’on est même tenté de reculer de peur qu’il nous frappe avec une bouteille ! Pourtant la musique de Cobalt vaut le coup d’être entendue et partagée. Leur dernier album, Slow Forever (un titre très contradictoire avec la musique du groupe), est une des meilleures productions pour le moment cette année. Avec des relents blues rock et un chant punk, le rendu est vraiment surpuissant et procure à l’écoute un véritable plaisir. Si l’on devait comparer leur musique à un tableau, cela serait Le Cri de Munch. Un fond envoûtant pour une voix perçante à souhait.
Valborg
Valborg a récemment proposé un dernier album très doom qu’on peut qualifier de calme et reposant. Alors les voir sur l’affiche parmi des groupes aussi violents n’était pas forcément très attendu. Mais comme le dit le groupe : « On ne jouera que les morceaux les plus rapides pour vous ! ». Fort heureusement car même si l’on voit bien le groupe partager l’affiche avec Pillorian, c’est par exemple moins le cas avec Cobalt. Plus sombre, plus doom, mais toujours très punchy, les Allemands sont efficaces et bien accueillis par le public du Glazart. Peut-être que la formation est, elle, moins satisfaite de l’accueil du Glazart à voir le bassiste se plaindre régulièrement du son de sa basse et demandant des modifications (comme d’autres membres des groupes ce soir) alors que du côté du public le rendu sonore est plutôt correct. Le trio fait tout de même son travail pour contenter les Parisiens et leur lourde musique ne laisse pas indifférent. Mais peut-être aurait-il été mieux d’avoir un mélange avec des morceaux plus calmes afin de mieux s’accommoder avec le set de Pillorian qui suivait ? Le public semble en tout cas bien dissipé. L’audience criera en effet souvent des choses hors propos durant ce concert, nous éloignant de l’ambiance initiale souhaitée par ces quatre groupes.
Pillorian
Ancien frontman d’Agalloch, John Haughm décide de poursuivre sa passion de la musique dans un autre projet. Agalloch ne le satisfaisant plus, il arrête le groupe et créé Pillorian qui sort l’album Obsidian Arc. S’assurant déjà de solides tournées avec ce projet, l’américain est là pour interpréter ce disque en intégralité. La performance proposée est solide et le tout baigne dans une lumière agréable et chaude pour poser l’ambiance. Le groupe joue d’une traite l’album sans faute et musicalement il n’y a franchement rien à redire. Mais demeure toujours un souci technique : en l’occurrence la voix. Cette dernière était malheureusement très mal mixée et tout ce qui était chanté n’était qu’un murmure comparé à l’énergie des guitares. Le frontman crie pourtant toute son âme dans le micro, toute sa passion, tout en restant à la fois concentré sur sa guitare. La prestation est sobre mais efficace. Ce black metal, saupoudré de folk et de mélancolie, est vraiment toujours aussi jouissif en live.
Néanmoins c’est une vraie déception que d’avoir assisté pratiquement à un concert instrumental avec ces mauvaises balances vocales. Une déception qui se verra d’ailleurs sur le visage du leader lorsqu’il faudra ranger le matériel, sûrement déçu de ne pas avoir pu offrir à son public une prestation correcte. Car chez John Haughm, il y a une aura qui se dégage et c’est comme si cette dernière nous confiait « même devant une seule personne dans une petite salle, je jouerai, je partagerai ». En espérant qu’il nous livrera très bientôt un autre album nous emportant avec lui dans des forêts éloignées.
Inquisition
Inquisition sait parfaitement bien s’entourer. À la Cigale Avec Behemoth et Abbath ; en novembre dernier avec Rotting Christ et Schammasch à Petit Bain. Cette affiche du soir ne déroge pas à la règle. Et au niveau de la setlist on n’est pas dépaysé car il s’agit grossièrement de la même que lors de leur dernier passage à Paris mais jouée dans un autre ordre. Alors évidemment on démarre avec un iconique « From Chaos They Came », de leur magnifique dernier album et la setlist se poursuit avec « Command Of The Dark Crown ». Les morceaux étant régulièrement entrecoupés de breaks musicaux afin que le groupe prenne une pause, et qu’Incubus, le batteur, aille se plaindre régulièrement du son de sa batterie et de son retour. On regrette juste l’absence de titres comme « Inverstion Of Etheral White Stars », « The Flames Of Infinite Blackness », « Mystical Blood » ou encore « Astral Path To Supreme Majesties ». Cependant la discographie de ces deux américano-colombiens est tellement vaste qu’il faudrait bien deux heures de concert pour contenter tout le monde…
C’est durant leur set que le public commence enfin à bouger comme il le faut, compressant la salle sur les morceaux les plus rapides. Une bien belle salle où fusionne les éclairages bleus et rouges et où sur la scène réduite, Dagon (guitare/chant) s’efforce de faire des aller-retour entre ses deux micros. Afin de nous faire profiter de sa voix si unique, caverneuse, creusant très loin en lui (même si on sait qu’il utilise un modificateur vocal sur son micro). On ressort clairement lessivé d’un set d’Inquisition mais, par la suite, on revient systématiquement les voir car ce groupe est unique dans le paysage black metal. Alliant mélodie, violence, profondeur, rapidité, etc., le groupe incarne une singularité toujours appréciable comme l’aura prouvé cet excellent set donné au Glazart.
Inquisition
Setlist :
From Chaos They Came
Ancient Monumental War Hymn
Dark Mutilation Rites
Hymn For A Dead Star
Infinite Interstellar Genocide
Vortex From The Celestial Flying Throne Of Storms
Desolate Funeral Chant
Master Of The Cosmological Black Cauldron
Astral Path To Supreme Majesties
Command Of The Dark Crown
Embraces By The Unholy Powers Of Death And Destruction
A Magnificient Crypt Of Stars
Reports et photos : Matthis Van Der Meulen.