Si Insomnium cultive toujours la qualité de son death metal mélodique, avec l’opus de 2014 Shadows Of The Dying Sun, et après six albums au compteur, on arrivait vite au constat que la formation finlandaise évoluait peu, et surprenait encore moins. Et il faut croire que ce ressenti a été partagé par le groupe qui a décidé qu’il était temps d’essayer de nouvelles choses. Le résultat, c’est Winter’s Gate, consistant en une seule chanson de quarante minutes basée sur une nouvelle écrite par le frontman Nillo Sevänen il y a près de dix ans.
Et c’est avec celui-ci que nous nous sommes entretenus pour en apprendre plus sur ce défi, certainement le plus poussé qu’Insomnium ce soit imposé jusqu’à présent, même si tout compte fait, à en croire Sevänen, les choses se sont faites sans grand accroc, et malgré le format radicalement différent, Insomnium ne bouleverse pas son univers et apporte juste ce qu’il faut de fraîcheur, au bonheur de ceux qui pouvaient s’inquiéter de tant d’ambition. Il nous parle donc des origines de l’album, sa conception mais aussi sa propre passion pour l’écriture littéraire, forcément moins connue que celle pour la musique qu’il partage avec nous depuis au moins 2002.
« Ça a toujours été un peu notre philosophie de toujours essayer d’évoluer et apporter quelque chose de neuf sur la table et pas seulement faire encore et encore le même album. Mais là, nous avons vraiment fait quelque chose de différent [petits rires]. »
Radio Metal : La musique de Winter’s Gate a été composée autour d’une nouvelle que tu as écrite il y a presque dix ans ; tu as même gagné en 2007 le concours Nova et en 2008 tu as été classé quatrième des meilleurs nouvelles fantastiques et de science-fiction en Finlande aux Atorox Awards. Dans la scène metal, on te connaît surtout en tant que musicien, mais peux-tu nous en dire plus sur ton background en tant qu’écrivain ?
Nillo Sevänen (chant & basse) : Déjà étant gamin, l’écriture était la première chose dont je suis tombé amoureux. Donc j’avais peut-être huit ou neuf ans lorsque j’ai commencé à écrire des choses et des histoires à moi. En même temps, je me suis vraiment intéressé à la littérature fantastique, j’ai commencé à lire des choses comme Le Seigneur Des Anneaux et autre. Donc, écrire était un peu ma première passion quand j’étais petit. Ensuite, lorsque je suis devenu adolescent, la musique est arrivée et a pris le dessus. L’écriture a toujours été là en arrière-plan pendant des années mais ensuite, lorsque j’étais dans ma vingtaine, j’ai fait un genre de retour et j’ai consciemment commencé à me développer en tant qu’écrivain, et depuis lors, ça a été très important pour moi. Il n’y a pas eu beaucoup de temps pour ça parce que le groupe a pris énormément de mon temps libre au fils des années, mais l’écriture a quand même été quelque chose que je voulais pratiquer davantage. J’ai le sentiment que c’est tout aussi important pour moi de faire de la musique que d’écrire. J’espère que j’aurais plus de temps pour l’écriture à l’avenir. Pour le moment, ça semble prometteur. Et bien sûr, c’est quelque chose que tu peux faire même lorsque tu tournes. Si tu trouves un peu de tranquillité [petits rires] dans le tour bus, tu pourrais théoriquement écrire n’importe où. Donc le fait de combiner les deux n’est pas si dur, je suppose.
Peux-tu nous parler du contexte dans lequel tu as originellement écrit l’histoire de Winter’s Gate ?
J’étais étudiant il y a environ neuf ans, j’étudiais l’histoire des cultures et la littérature à l’université. Il y avait un concours de nouvelles auquel j’ai participé une fois ; je pense que je me suis retrouvé quelque part dans le top dix mais j’ai eu encore plus de courage, me disant : « Je vais essayer encore une fois et je vais le gagner ! » Ensuite j’ai écrit Winter’s Gate et je l’ai gagné ! L’année suivante, il y avait les Atorox Awards en Finlande, qui est remis à la meilleure histoire de science-fiction ou fantastique qui ait été publié en Finlande, et Winter’s Gate était quatrième du classement, donc elle a reçu encore plus de reconnaissance. Evidemment, maintenant j’ai essayé de me souvenir à quoi je pensais lorsque l’ai écrite à l’origine il y a neuf ans. Mais je pense que c’était un processus qui s’est fait en douceur. Je l’ai faite pour la compétition, j’avais quelques idées que je voulais relier aux Vikings et la mythologie nordique. C’est un mélange d’histoire et de fiction sur des Vikings, et puis avec certains éléments fantastiques. C’est ainsi que je la décrirais rapidement.
Le folklore et la mythologie scandinaves semblent être très inspirants pour toi…
Bien sûr, toute la mythologie nordique est importante mais ce n’est qu’un aspect. Je suis historien, c’est pour devenir ceci que j’ai étudié, bien que dans les faits, je n’ai pas travaillé en tant qu’historien, bien sûr. Je m’intéresse à tout un tas de cultures et de mythes à travers le monde. Le folklore scandinave n’est qu’une chose parmi d’autres. Mais évidemment, ces mythes vikings sont très connus en Finlande, donc quand j’étais un très jeune enfant, je connaissais déjà bien la mythologie nordique, tous les personnages, ces Dieux, etc. Je vis avec ça depuis longtemps. C’est quelque chose de familier pour moi.
Comment en es-tu arrivé à l’idée de faire une chanson de quarante minutes basée sur cette histoire ? Le communiqué de presse mentionne l’album Crimson d’Edge Of Sanity en tant que point de départ…
Ouais, c’était un point de départ. Evidemment, nous voulons accorder du crédit à Edge Of Sanity et Dan Swanö pour ceci. Nous répétions les chansons de l’album précédent, Shadows Of The Dying Sun, ensuite, le soir, nous étions assis près d’un feu de cheminée, à écouter de la musique, et à un moment donné, quelqu’un a mis l’album Crimson et nous avons commencé à discuter du fait que c’était un classique que nous aimions tous. Nous avons commencé à dire que ce serait cool d’essayer de faire quelque chose d’un peu similaire, juste une très longue chanson, simplement pour voir comment nous pourrions la faire, que ce serait quelque chose de différent et de stimulant. Voilà comment nous avons eu l’idée. Ensuite nous y sommes revenus un peu plus tard, lorsque l’album Shadows était sorti, nous réfléchissions à ce que nous pourrions faire après. Je crois que nous nous sommes tous souvenus de cette conversation, et cette idée de faire une seule longue chanson nous paraissait bonne. Au même moment, je me disais : « Qu’est-ce que je dois faire avec cette vieille histoire, Winter’s Gate ? Est-ce que je devrais la faire traduire en anglais ? Il y a au moins les fans d’Insomnium qui pourraient être intéressé de la lire. » A partir de là, j’ai en quelque sorte combiné les deux choses dans ma tête : « Ok, nous allons faire une très longue chanson, elle a besoin d’une assez longue histoire, quelque chose de pas mal épique. » Alors j’ai eu cette idée : « Pourquoi n’utiliserions-nous pas la nouvelle Winter’s Gate pour cette longue chanson ? » J’en ai parlé avec les autres gars, ils ont trouvé que c’était une idée cool et ensuite nous l’avons traduite en anglais, l’avons montré à la maison de disque, Century Media, ils l’ont beaucoup aimé et ont dit : « C’est vraiment une super idée, faisons ça ! » Voilà comment ça s’est passé.
C’est un peu surprenant, dans la mesure où c’est le genre d’album qui est peut-être un peu plus difficile à promouvoir pour un label…
C’est ça qui est marrant [petits rires]. Car, évidemment, nous étions nerveux de savoir ce qu’ils allaient dire lorsque nous leur avons expliqué : « Ok, nous voulons faire une chanson et un livre. » [Petits rires] Mais ils ont tout de suite donné leur feu vert ! Ils ont vraiment aimé l’histoire et ont dit : « Ce sera cool, c’est quelque chose que personne n’a fait, faisons-le. » Ils nous ont tout du long totalement soutenus. Et bien sûr, nous nous sommes rendu compte que ça allait être différent à promouvoir, faire une vidéo allait être dur, ce genre de choses, mais d’un autre côté, l’idée est tellement unique que je suis assez certain que nous obtenons au moins quelques interviews supplémentaires rien que parce que c’est quelque chose de différent. Et attendons de voir, jusqu’ici les retours ont été très bons. Donc tout semble bien. Je pense que ça ira au final [petits rires] ; ce n’est pas un suicide commercial.
« Dans la musique mainstream, tout tourne autour d’une chanson, d’un hit radio, d’un single, et nous sommes le genre de gars qui veulent que leur musique soit des albums. Nous voulons écouter des albums complets, au moins quarante minutes de musique [petits rires]. »
Avez-vous ressenti un besoin de changement et d’un nouveau défi à ce stade ?
Ouais, c’était une raison pour laquelle nous avons commencé à faire quelque chose comme ça. Nous avions déjà fait six albums normaux, plus ou moins faits de la même façon, avec environ neuf ou dix chansons par album. Nous avons tous eu le sentiment de vouloir faire quelque chose de différent. Evidemment, ça a toujours été un peu notre philosophie de toujours essayer d’évoluer et apporter quelque chose de neuf sur la table et pas seulement faire encore et encore le même album. Mais là, nous avons vraiment fait quelque chose de différent [petits rires]. Evidemment, ça reste Insomnium, je pense. Je suis assez convaincu que nos anciens fans peuvent se rassurer quant au fait que c’est toujours du Insomnium, que nous n’avons pas changé notre style drastiquement, mais nous voulions juste faire quelque chose de différent. La forme est différente mais je dirais que ça reste clairement du Insomnium.
Est-ce qu’il pourrait aussi y avoir une sorte de déclaration derrière le fait de faire un tel album à notre époque, où les gens consomment des chansons isolées plutôt que des albums et ont une capacité de concentration limitée ?
Oui ! Clairement. C’est une déclaration en faveur de l’album en tant que forme artistique, car, comme tu l’as dit, surtout dans la musique mainstream, tout tourne autour d’une chanson, d’un hit radio, d’un single, et nous sommes le genre de gars qui veulent que leur musique soit des albums. Nous voulons écouter des albums complets, au moins quarante minutes de musique [petits rires]. C’est ainsi que nous voulons notre musique. Et clairement, Winter’s Gate est une déclaration en faveur de l’album. Il faut tout écouter, en entier. Tu ne peux pas juste écouter les parties que tu aimes, tu dois l’écouter comme un ensemble. Donc tu as absolument raison, c’est une déclaration pour le format album.
Est-ce la raison pour laquelle vous n’avez sorti que de courts extraits dans des trailers avant la sortie plutôt que des parties complètes ou des versions éditées ?
Exactement. Nous voulions seulement donner… Bien sûr, nous devons donner quelque chose mais nous voulions donner de tous petits bouts [petits rires] de façon à ne pas trop en donner. Je pense que c’était ça l’idée. Car c’est une chose, c’est une chanson, c’est censé être apprécié dans son ensemble. Evidemment, il fallait que nous donnions quelque chose pour que les gens sachent ce qui arrive et s’ils allaient aimer ou pas. Mais nous voulions assurément n’avoir que de très courts aperçus de quelques passages pour que les gens se fassent une idée de « ok, c’est toujours Insomnium. » Mais quand même, tout l’arc dramatique ou même une partie donnée ou n’importe quelle partie resteraient une surprise lorsque les gens l’écouteront pour la première fois.
L’histoire est préexistante, du coup, comment vous y êtes-vous pris pour construire la musique autour ? Quelle était votre approche ?
Du fait que nous avions déjà l’histoire, d’une certaine façon, peut-être inconsciemment, nous avions tous le même type d’idées et d’atmosphère pour le genre de musique qui collerait à l’histoire. Donc lorsque nous avons commencé à composer des choses, nous étions déjà dans la même zone. Chacun a travaillé de son côté, ensuite nous nous sommes réunis et avons commencé à voir quels types de trucs nous avions fait, et c’était assez facile de les combiner ! Ville [Friman] a fait des trucs, Markus Vanhala, moi, nous avons tous fait quelque chose, et assembler le tout a été un processus très fluide. Ça s’est fait très rapidement, genre : « Ceci est le début, ceci est la partie suivante, ceci est la scène de bataille finale, voici une fin évidente… » Des choses comme ça. Evidemment, nous avons essayé de prendre en compte l’histoire et comment elle se déroulait, quels types de scènes avaient besoin de quels types de musiques, et je pense que nous avons plutôt bien réussi à le faire, de façon à garder le même type d’atmosphère que l’histoire originale. Ce n’était pas si dur. Bien sûr, comme je l’ai dit, nous avions tous le même type d’était d’esprit dès le début, et c’était une bonne chose. Ça aurait pu être bien plus difficile [petits rires] si nous tout le monde avait fait des choses complètement différentes ; ça aurait pu être impossible. Nous avons évidemment aussi eu de la chance d’avoir fait des choses similaires, c’était assez facile à combiner. D’une certaine façon, le fait que nous ayons été dans le même état d’esprit a beaucoup aidé, car tout le monde connaissait l’histoire et avait ce même sentiment que ça devait être de la musique froide et sombre. C’est pourquoi nous avions beaucoup d’influences black metal là-dedans, c’est venu assez naturellement.
Est-ce que vous vous êtes inspirés de Crimson ou d’autres chansons épiques, comme Light Of Day, Day Of Darkness de Green Carnation, pour voir comment ils avaient construits ces chansons ?
Non. Ce n’était que l’idée de départ que nous avons eue de Crimson, mais après ça, je pense qu’aucun de nous n’a essayé d’écouter d’autres chansons longues car nous voulions faire quelque chose à nous. Je n’ai même pas écouté Crimson après ça, parce que je ne voulais pas que ça m’influence trop. Nous voulions faire quelque chose qui correspond à Insomnium, qui soit neuf et qui nous ressemble.
« [Dan Swanö qui a mixé l’album] se marrait : ‘Les mecs, vous m’avez envoyé un millier de pistes ! Qu’est-ce que je suis censé faire avec tout ça ?!’ [Rires] »
Y a-t-il des parties de l’histoire qui étaient plus difficiles à mettre en musique ?
Evidemment, écrire les paroles était… Il a fallu que je fasse des choix et que j’adapte l’histoire un peu, car l’histoire originale est écrite sous la perspective de trois narrateurs, chacun donnant sa propre vision de l’histoire. Assez rapidement j’ai décidé que ça n’allait pas fonctionner avec les paroles, et que donc j’allais utiliser seulement une des trois perspectives. Pour cette raison, c’est un peu une adaptation différente de l’originale. Je dirais qu’il y a trois perspectives dans l’original et maintenant, les paroles forment une quatrième perspective. Donc elles vont ensemble. Les gens peuvent d’abord lire les paroles ou lire l’histoire, ça n’a pas d’importance, mais les deux s’interposent et apportent quelque chose de nouveau sur la table. Je ne dirais pas que c’était difficile mais, bien sûr, j’ai dû faire quelques choix sur la façon dont ça allait fonctionner en tant que paroles dans une chanson de death metal. Ce n’est pas la même chose que d’écrire des nouvelles. Donc ouais, c’est un peu différent.
La chanson est évidemment très progressive mais possède aussi une grande diversité musicale. Est-ce que le fait d’avoir l’histoire a offert plus de possibilités musicalement, avec des choses que vous n’auriez pas faites autrement, ou était-ce d’une certaine manière contraignant ? Ou peut-être les deux ?
Je dirais que tout s’est passé de façon fluide, pas du tout forcé. C’était plus ou moins évident de savoir quelles parties colleraient à quels passages de l’histoire. Donc après ce début très violent et agressif, vient cette longue partie progressive calme, par exemple. Ca s’enchaîne et va d’un endroit à l’autre comme un long périple. Ça ne revient pas tellement en arrière, par exemple il n’y a aucun refrain qui apparaît partout dans la chanson, rien de ce genre. Ça ne fait qu’avancer, et certains thèmes réapparaissent plus ou moins sous différents types d’arrangements, mais ils sonnent tellement différemment que je pense que les gens ne se rendront jamais compte que c’est la même idée de base qu’il y a là-dessous. Par exemple, cette partie progressive dont je parlais, qui commence à environ onze minutes, c’est en fait une vieille partie, elle n’avait juste pas trouvé la bonne chanson ou le bon endroit avant. Je crois que cette partie a presque dix ans. Avec une chanson comme ça, qui fait quarante minutes, tu dois maintenir constamment l’intérêt de l’auditeur, il faut de la variété. Je pense que ça laisse plus d’espace pour faire quelque chose de différent, et c’est pourquoi nous avons ce genre de choses là-dedans.
Tu as déclaré que vous revenez « aux années 90 avec cet album, » et que « ça ressemble aux choses que [vous] écouti[ez] lorsque [vous] av[ez] commencé à vous intéresser au metal extrême. » Comment l’expliques-tu ?
Je ne sais pas comment l’expliquer [petits rires] ! Mais pour une quelconque raison, nous avons tous composé des riffs et des parties qui ressemblaient à, ou avaient, ce feeling années 90, ressemblant à Emperor, par exemple, qui pour nous tous est le plus grand groupe de black metal de tous les temps, Dissection aussi, en tant que groupe hybride entre le death et le black metal, ce genre de choses. Mais, comme je l’ai dit, tout est venu de façon assez naturelle et fluide, inspiré par l’histoire, j’espère ; peut-être que simplement ça nécessitait ce genre de feeling et il se trouve juste que ça sonne années 90. Nous n’avions aucun plan du genre : « Ok les gars, faisons un album qui sonne années 90. » Ce n’était pas comme ça. Nous avons simplement commencé à composer des trucs et c’est ressorti comme ça cette fois.
Tout comme pour Shadows Of The Dying Sun, vous avez été enregistrer dans le studio de Teemu Aalto et Kimmo Perkkö. Mais est-ce que le processus d’enregistrement présentait des différences, étant donné le format très différent de l’album en soi ?
Le processus d’enregistrement était plus ou moins le même qu’avec un album normal. Ça n’a pas affecté l’enregistrement parce qu’avec la technologie moderne, quoi qu’il arrive, tu enregistres tes trucs en petites parties, donc tu peux faire un riff à la fois. Je ne suis pas sûr pour le batteur. Probablement qu’il a dû peut-être faire des prises plus longues que normalement parce qu’habituellement on essaie de capturer la batterie en une prise. Mais pour les guitares et le chant, c’est grosso-modo la même chose qu’un album normal, donc tu enregistres tout partie par partie.
Vous avez en l’occurrence choisi de faire appel à Dan Swanö pour le mixage et le mastering. Etait-ce parce qu’il a fait Crimson avec Edge Of Sanity que vous l’avez choisi pour cet album en particulier ?
Ouais, c’était la raison. Dès le début, nous pensions que notre premier candidat pour mixer serait Dan Swanö, car tout ce truc a débuté comme un genre d’hommage à Edge Of Sanity, donc nous avons tous eu le sentiment que ce serait cool que Dan le mixe. Et Markus [Vanhala] avait travaillé avec lui auparavant avec son autre groupe Omnium Gatherum et il avait fait du très bon boulot. Donc il était le premier candidat à qui nous avons demandé et, heureusement, il voulait le faire.
« Maintenant nous sommes encore plus avides d’essayer de nouvelles choses et je pense que nous avons gagné en confiance, donc nous pouvons tout faire ! [Petits rires] »
Penses-tu qu’il pouvait faire un meilleur boulot avec ce genre d’album que d’autres, du fait de son expérience avec les longues chansons épiques ?
C’est difficile à dire, mais il a fait du très bon boulot. Il a trouvé l’équilibre parfait avec chaque partie. Nous lui avons envoyé vraiment beaucoup de choses, et il se marrait : « Les mecs, vous m’avez envoyé un millier de pistes ! Qu’est-ce que je suis censé faire avec tout ça ?! » [Rires] Mais au final, il a fait en sorte que tout ça fonctionne très bien. C’est un mec vraiment professionnel. Il semble aussi beaucoup aimer l’album, ce qui évidemment était important pour nous, et c’était super d’entendre qu’il l’aimait beaucoup. C’était un peu un rêve qui devenait réalité de travailler avec lui, car déjà quand j’avais dix-sept ans, j’écoutais Edge Of Sanity et je ne pouvais même pas m’imaginer qu’un jour je ferais un album avec Dan ! Donc c’était vraiment cool.
Vous avez une fois de plus fait appel à Aleksi Munter pour créer les parties de clavier. Est-ce qu’il y a eu une différence dans son apport cette fois ?
Je disais que c’était à peu près comme l’album précédent. Il fait un boulot incroyable et il est un peu comme le cinquième membre d’Insomnium, depuis de nombreuses années. Nous savons comment travailler ensemble. Il trouve toujours les bons sons et fait des arrangements vraiment cool. Lorsque tu écoutes seulement les claviers, sans la batterie et les guitares, c’est exactement comme une musique de film, ça sonne vraiment classe. Un jour ce serait sympa de sortir un genre de version spéciale de l’album où il n’y aurait que les parties de clavier.
Ca fait depuis 2006 qu’il travaille avec vous. L’année dernière, il nous a dit qu’il n’allait « pas rejoindre le groupe de sitôt, tout du moins, pas tant qu[‘il est] dans Swallow The Sun. » Du coup, n’avez-vous jamais envisagé de demander à un autre claviériste d’intégrer le groupe comme un membre à part entière ?
Non. Personne d’autre. Je pense que c’était il y a peut-être sept ou huit ans quand nous avons discuté entre nous, et aussi avec Aleksi, pour savoir s’il serait intéressé de devenir un membre permanent. Mais déjà à l’époque, il était si occupé avec Swallow The Sun que c’était impossible. Et il est probablement même encore plus occupé maintenant ! Il a son boulot principal, il tourne avec Swallow The Sun, c’est un mec vraiment très occupé… Et nous n’avons jamais pensé à qui que ce soit d’autre. Peut-être que si nous croisons le bon gars, nous pourrions y réfléchir, mais d’une certaine façon, c’est plus facile pour nous de travailler ainsi pour le moment.
L’album est accompagné d’un livre audio récité par toi en anglais. Etait-ce important pour toi que l’histoire soit aussi dans ce format, sans la musique ?
Le livre audio est lu en anglais et ensuite l’histoire est également écrite en Allemand et Finnois. En fait, c’était notre maison de disque qui a suggéré que nous devrions faire ce truc avec le livre audio. Nous trouvions que c’était une idée sympa, donc pourquoi pas. Bien sûr, nous avons réfléchi concernant la question de savoir si nous devions embaucher un acteur pour le lire mais, au final, je m’en suis chargé. Evidemment, c’est toujours cool si le gars qui a écrit l’histoire la lit, donc ça allait. Je pense que le résultat est pas mal. Je suis personnellement satisfait avec la façon dont ça sonne [petits rires].
Etait-ce un défi pour toi de lire l’histoire ?
Ouais, j’étais nerveux parce que je n’avais aucune idée de comment ça allait sonner [petits rires], à quel point je devais faire l’acteur avec les différents personnages, mais ça s’est assez bien passé. Je l’ai d’abord lu une première fois en entier et ensuite l’ingénieur du son a dit : « Reprenons les quelques premiers chapitres, tu étais un peu nerveux. » Ensuite nous avons enregistré certains de ces chapitres une seconde fois. C’était un processus très rapide, peut-être deux heures, environ.
Le livre audio dure à peu près quarante minutes, tout comme l’album…
Oui [petits rires]. C’était une coïncidence ! Complètement une coïncidence.
Penses-tu que cette expérience vous a ouverts de nouvelles portes pour l’avenir ? En combinant d’autres nouvelles à de la musique ?
Je suis assez convaincu que maintenant nous sommes encore plus avides d’essayer de nouvelles choses et je pense que nous avons gagné en confiance, donc nous pouvons tout faire ! [Petits rires] Voyons ce que nous trouverons pour la prochaine fois, mais je suis certain que ceci a d’autant plus ouvert le spectre, et nous pouvons essayer ce que nous voulons maintenant et ce sera bien, ce sera cool. Ça nous a clairement donné confiance pour essayer de nouvelles choses.
Interview réalisée par téléphone le 14 septembre 2016 par Nicolas Gricourt.
Retranscription et traduction : Nicolas Gricourt.
Photos promo : Jussi Ratilainen.
Site officiel d’Insomnium : www.insomnium.net
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