Il y a vingt ans Grand Magus voyait le jour. JB et sa bande sont donc désormais de vieux loups de mer. Œuvrant d’abord dans un registre plutôt doom, ils font désormais partie des gardiens de la tradition heavy metal, grossissant progressivement sa meute de fans, attirés par les hymnes, le sens de l’authenticité ou encore la voix chaude du frontman. La tendance n’est pas près de changer avec Wolf God, à la fois fidèle à la formule désormais bien rodée de Grand Magus, mais changeant son fusil d’épaule en matière de processus : ici, interaction, spontanéité et honnêteté ont été les maîtres mots de ces sessions de jam et d’enregistrements live, comme nous l’explique JB dans l’entretien qui suit.
La figure du loup étant récurrente dans la carrière de Grand Magus, nous sommes par ailleurs revenus sur sa symbolique, pour mieux comprendre la fascination du frontman pour cette dernière, qui en réalité cache une fascination plus large pour la nature et un imaginaire fort dans son esprit. Mais il est également question, pêle-mêle, de gloire, de Game Of Thrones, des débuts du trio ou encore de corrélation entre succès et visuel.
« Même s’il y a une toute petite erreur, ce n’est pas un problème tant que la bonne énergie est là. […] Pour notre musique, c’est important d’avoir le feeling plus que d’avoir une double grosse caisse parfaite à cinq cents coups par minute. Ça, ce n’est pas notre musique. »
Radio Metal : A propos de Wolf God, tu as déclaré que vous aviez « décidé de laisser tomber la philosophie actuelle qui consiste à d’abord enregistrer la batterie, puis la basse, puis la guitare, etc. » Cette fois, vous vous êtes retrouvés, avez jammé et créé ensemble dans le but d’enregistrer les pistes de base en live. Pourquoi avoir opté pour une nouvelle façon de travailler pour cet album ?
Janne « JB » Christoffersson (chant & guitare) : Pour plusieurs raisons. La raison principale est que la façon dont nous avons enregistré, au moins, les trois derniers albums commençait à m’ennuyer. Je veux dire que j’aime ces albums et nous avons passé de bons moments pendant leurs enregistrements, mais ça fait trois fois d’affilée que nous faisions ça et j’avais vraiment envie que nous jouions la musique ensemble, comme nous le faisons en live. Afin de pouvoir faire ça, il faut répéter la musique et faire tout le travail avant d’aller au studio, au lieu de passer du temps après les enregistrements à assembler les morceaux. Mon idée était d’essayer d’aborder ça comme nous l’avons fait sur notre tout premier album en 2001. Je voulais réessayer. Et pour moi, c’était vraiment amusant de procéder de cette façon. Grace à ça, la musique paraît plus vivante, et c’est naturel, car il n’y a aucune machine impliquée dans ces enregistrements, pas de piste de click ou quoi que ce soit de ce genre, tout est authentique.
Tu dis que la façon dont vous enregistriez commençait à t’ennuyer : penses-tu que vous étiez tombés dans une routine ?
Non, les routines ne me dérangent pas ; en réalité, elles peuvent être très bénéfiques. Ce qui devient ennuyeux, c’est lorsque tu enregistres la batterie, donc les pistes de batterie sont faites, puis tu joues la basse par-dessus la batterie, et ensuite, quelqu’un d’autre, en l’occurrence moi, joue la guitare par-dessus la batterie. Là, tu passes toute une semaine à ne faire que jouer de la guitare rythmique pour faire toutes les pistes. Après ça, tu fais les solos, et après ça, tu fais le chant, et après ça… On se sent seul et on s’ennuie, parce que ça prend des mois à faire un album comme ça, bout par bout ! Je me suis demandé : « Pourquoi on fait ça ? » Je crois que la raison principale est que nous n’avions pas suffisamment bien planifié les choses. Car si tu dois enregistrer live, comme je l’ai dit, tu dois faire le boulot avant d’entrer en studio. Je me suis dit : « Prenons plus de temps pour jammer sur les chansons, les répéter, les écrire, et ensuite on ira en studio, pour faire les prises et jouer la chanson autant de fois qu’il faudra pour avoir une prise complète, ensuite passer à la suivante. On fait toute la chanson, les pistes de base, la batterie, la basse, les guitares, et ensuite on passe à la suivante. » Donc, c’est ce que nous avons fait, nous avons travaillé avant d’aller en studio, et quand nous avons été en studio, nous avons d’abord répété avec le son que nous allions avoir dans les oreilles au moment de presser sur le bouton d’enregistrement. Ceci afin de s’habituer au son, car évidemment, on joue avec des casques, car autrement, toute cette mise en place ne marcherait pas. Ensuite, les enregistrements en tant que tels ont pris treize jours pour l’ensemble. Nous avons fait les pistes de base en trois jours pour toutes les chansons. Donc nous avons fait trois chansons par jour pour la batterie, la basse et la guitare, et généralement la première prise était la bonne, et ensuite le chant. Ça faisait donc treize jours d’enregistrement, alors que les trois derniers albums avaient pris deux mois. Ça fait une énorme différence, je trouve, et c’était aussi gratifiant de savoir que nous nous étions améliorés en tant que musiciens depuis notre premier album il y a vingt ans [rires].
Est-ce que l’idée n’était pas aussi que l’énergie live du groupe n’était pas réellement représentée dans votre ancienne façon de travailler ?
Ouais, peut-être. D’un autre côté, ces albums sonnent super bien. Je n’ai aucun regret car on peut assurément le faire aussi comme ça. Et je pense que surtout quand on est un trio, c’est facile. J’ai un grand contrôle sur le produit final, étant donné que je suis le chanteur et que je fais aussi toutes les guitares, et nous ne sommes que trois, donc c’est facile d’être en place et de s’assurer que c’est bien. Mais j’ai quand même le sentiment que notre nouvelle méthode est plus agréable et ça s’entend dans la musique. Même si c’est dur d’identifier exactement ce que c’est, il y a quelque chose là-dedans qu’on ne peut obtenir en faisant autrement.
Comme tu disais, la majorité des chansons ont été enregistrées dès la première prise. Au-delà de la méthode de travail, y avait-il un désir spécifique de ne pas trop travailler les chansons et conserver la spontanéité et l’honnêteté de l’instant ?
Ouais, exactement. C’est tout le but parce que même s’il y a une toute petite erreur, ce n’est pas un problème tant que la bonne énergie est là. Généralement, la bonne énergie, on la trouve peut-être à la première prise si on a de la chance mais plus probablement à la troisième prise, car alors, on n’est pas super tendu mais on a encore suffisamment d’énergie à donner. Arrivé à la dixième prise, c’est probablement mieux de dire : « Peut-être qu’on devrait passer à une autre chanson. » Car on n’a pas envie de quelque chose de très bien joué mais qui n’a pas de couilles ou d’énergie. C’est mieux qu’il y ait quelques erreurs. Souvent, ce qui est cool dans une chanson… Je veux dire que le metal avec lequel j’ai grandi était enregistré sans piste de click, sans quantification ou ce genre de chose. C’était pur. Je parle du heavy metal des années 70 et du début des années 80. C’était bien avant que ce soit même possible d’enregistrer comme le font la plupart des gens aujourd’hui. Ce n’est pas avant le milieu des années 80 que certains groupes ont commencé à utiliser la technologie, comme les boîtes à rythmes, les pistes de click, etc. Dans les années 70 et début des années 80, ce n’était pas le cas standard. On enregistrait sur bande deux pouces, on pouvait faire des overdubs mais on ne pouvait pas manipuler ce qu’on faisait comme on peut le faire aujourd’hui. Oui, il se peut que les tempos varient, qu’il y ait des cordes qui résonnent à vide sur la guitare alors qu’elles ne devraient pas, qu’un des coups sur la caisse claire soit légèrement étouffé parce que le batteur n’a pas bien frappé la peau ou quelque chose comme ça : c’est ça qui fait que la musique respire et qui lui donne vie.
Du coup, tu ne te vois pas comme un perfectionniste ou un maniaque du contrôle ?
Je suis à fond un maniaque du contrôle ! Mais je le suis sur d’autres aspects. Pour moi, utiliser des machines n’a rien à voir avec le fait d’être un perfectionniste, ou un maniaque du contrôle. Ça a plus à voir avec… autre chose, je ne sais pas quoi [rires]. Enfin, je pense que pour nous c’est mieux. Les autres groupes peuvent faire ce qu’ils veulent. Pour notre musique, c’est important d’avoir le feeling plus que d’avoir une double grosse caisse parfaite à cinq cents coups par minute. Ça, ce n’est pas notre musique.
« La nature est ce qui se rapproche le plus d’un dieu pour moi. La nature, et Ritchie Blackmore [rires]. »
Nous avons récemment parlé à Joel Ekelöf, le chanteur du groupe de metal progressif Soen, et il nous a dit qu’« il faut accepter qu’il doit y avoir un esprit dans la musique qu’on crée », et ce qu’il veut « dire par esprit, c’est le fait de ne pas contrôler chaque élément de notre musique. On n’est pas obligé de tout contrôler, car sinon on fait fuir l’esprit. » Est-ce ce que vous essayez d’accomplir avec Wolf God : essayer de ne pas tout contrôler afin de conserver l’esprit ? Peut-être l’esprit du Dieu Loup…
Ouais, je pense qu’il a absolument raison. Dans le passé, même si nous avons utilisé diverses méthodes d’enregistrement, je pense quand même qu’il y a également un esprit fort dans ces albums, car cet esprit ressort dans le chant et dans tout le reste. Evidemment, le chant a également été rajouté après coup sur cet album car on ne peut pas chanter en restant à côté de la batterie si on enregistre live. Mais il a complètement raison, et c’était aussi la raison pour laquelle nous avons fait ça. Ecoute Jimi Hendrix : c’est de la musique vraiment vivante, elle a une âme, elle a un esprit, exactement comme le gars de Soen l’a dit. Si Jimi Hendrix avait essayé de faire comme les débuts de la musique disco, avec les toutes premières boîtes à rythme, alors laisse tomber, ça aurait été complètement différent de ce qu’on connaît de Jimi Hendrix aujourd’hui.
L’album a été enregistré avec le producteur Staffan Karlsson. Quel a été son rôle dans ce processus ?
Il a travaillé en tant qu’ingénieur et coproducteur. Ça signifie qu’il était impliqué dans les décisions, que ce soit pour savoir si une prise était bonne, si elle avait la bonne énergie, ce genre de chose. Il apportait son grain de sel sur la prestation vocale, les leads, etc., tout l’ensemble. Et puis il a aussi mixé l’album. En gros, c’était notre bras droit, pour ainsi dire. Il a beaucoup participé au résultat final.
Les percussions sur certaines chansons, en particulier sur « Dawn Of Fire », sonnent énormes et appuient la puissance des chansons. Comment êtes-vous parvenus à ce résultat ?
C’est juste une batterie naturelle que nous avons enregistrée dans une grande pièce. Nous n’avons pas utilisé de trigger ou autre. Dans « Dawn Of Fire », en l’occurrence, ou au début de la chanson éponyme et à quelques autres endroits, il y a quelques sons de batterie qui effectivement sonnent vraiment puissants, et ça vient simplement de la réverb appliquée sur le son de la batterie. Ce n’est pas un effet sonore en soi ; c’est une variation sur le degré de déclin de l’effet sur la batterie. Je me suis toujours dit que pour le type de musique que nous faisons, une batterie naturelle sans trigger ou sans sample sonnait mieux. Il faut juste travailler un peu plus avec le placement des microphones. Si on a un bon batteur qui peut frapper la batterie comme il faut, avec une bonne technique, ça sonnera vraiment mieux que n’importe quel sample, car autrement, il y aura toujours un côté artificiel qui ressortira, en tout cas c’est ce que j’entends.
L’image du loup est récurrente dans l’univers de Grand Magus, et par le passé, tu nous as dit que tu as « toujours été fasciné par cet animal ». Qu’est-ce que tu trouves si fascinant chez le loup ?
C’est difficile d’identifier pourquoi on est fasciné par quelque chose. Une des grandes raisons est que j’ai grandi en étant fasciné par la nature et j’ai toujours une attache émotionnelle avec la nature. Non seulement les animaux, mais aussi les arbres, les lacs, la mer… Avec cette fascination vient aussi une fascination pour certains animaux qui, de toute évidence, fascinent les hommes depuis des millénaires. Par exemple, la souris n’est probablement pas un animal très caractérisé dans la mythologie, alors que le loup, oui, beaucoup, dans des cultures partout dans le monde. La relation et la mythologie entre l’homme et le loup, le lien entre l’homme et le loup, la rivalité entre l’homme et le loup, et la haine entre l’homme et le loup sont super fascinants. Il s’agit de l’animal mais aussi de la connexion historique entre l’homme et le loup.
Vu que l’album s’intitule Wolf God, il y a une dimension spirituelle derrière ça. Je ne sais pas si tu es croyant et, si oui, quel genre de croyant tu es, mais est-ce que le loup serait ce qui se rapproche le plus d’un dieu pour toi ?
Je dirais que la nature est ce qui se rapproche le plus d’un dieu pour moi. La nature, et Ritchie Blackmore [rires]. Sérieusement, je dirais la nature. Plus je vieillis, plus je réalise ce que nous faisons et ce qu’est vraiment la musique pour moi, et ce qu’est vraiment notre musique. J’en suis arrivé à la conclusion que la plupart des choses, voire toutes, que nous avons faites se basent purement sur l’intuition, l’émotion et l’imagination. Pour moi, le mot « loup » déclenche immédiatement des images dans ma tête, dans mon esprit. Ça stimule mon imagination. Si je dis « lune », ou que j’y pense, c’est pareil, ou si je dis « la forêt », c’est pareil. Donc presque tous mes textes sont très intuitifs, très émotionnels et très personnels. Pour être honnête, je ne suis pas certain de ce qu’ils signifient ou de ce qu’ils sont. Je suis également réticent à dire ce qu’ils représentent pour moi, car les groupes de heavy metal avec lesquels j’ai grandi n’avaient jamais de questions leur demandant : « Donc, Mr. Halford, qu’est-ce ‘Jawbreaker’ signifie ? » ou « De quoi parle la chanson ‘Metal Gods’ ? » Il n’y avait jamais de réponse. J’ai donc fait appel à ma propre imagination pour des chansons comme « Metal Gods » ou « The Last In Line » de Dio. De quoi ça parle ? Je n’en sais rien. Honnêtement, je crois que personne ne le sait mais c’est quelque chose qui suscite vraiment l’imagination. Pour moi, « Wolf God », c’est genre : « Wow, bordel, c’est cool ! » [Petits rires] J’ai la chair de poule rien qu’en le prononçant. Je peux difficilement être plus spécifique que ça.
Ce pourrait-il que tu aies été un loup dans une vie passée ? Je ne sais pas si tu crois en la réincarnation…
[Rires] Je ne sais pas. Et c’est aussi une chose que j’ai apprise en vieillissant : tu en sais de moins en moins chaque jour qui passe. Tout devient de plus en plus complexe à mesure que tu vieillis. Il faut donc être humble. Est-ce que la réincarnation existe ? Je ne sais pas. Je n’en ai aucune preuve, mais je n’ai pas non plus de preuve que ça n’existe pas. Donc peut-être !
« Je me souviens très rarement des concerts. […] Je ne me souviens pas du concert quand nous avons joué devant dix mille personnes à Wacken il y a deux ans. Je me souviens que c’était génial et que je me suis éclaté, mais je ne me souviens d’aucun détail. Peut-être que j’ai eu un blackout et que je suis devenu JB le loup-garou [rires]. »
Dirais-tu que le loup symbolise la part animale en toi qui ressort quand tu t’exprimes à travers la musique ou quand tu montes sur scène ? Je veux dire que de nombreux artistes rock ont un alter ego, le plus connu étant Alice Cooper, donc c’est un peu comme le concept du loup-garou : humain durant la journée, et ensuite tu deviens un genre de monstre le soir sur scène.
Excellent ! [Rires] On se métamorphose, ouais ! Exactement. Je peux au moins dire que je me souviens très rarement des concerts. Tu montes sur scène, et ensuite tu te retrouves en coulisse, et tu as des émotions en toi, mais plus tard, quand tu y repenses… Je ne me souviens pas du concert quand nous avons joué devant dix mille personnes à Wacken il y a deux ans. Je me souviens que c’était génial et que je me suis éclaté, mais je ne me souviens d’aucun détail. Peut-être que j’ai eu un blackout et que je suis devenu JB le loup-garou [rires]. L’idée du loup-garou est quelque chose qui m’a beaucoup intéressé depuis que je suis enfant. Ça coïncide aussi avec toute la mythologie du loup et de la relation entre le loup et l’homme que j’ai mentionnée plus tôt. Qui n’aimerait pas être un loup-garou ? Ce serait génial !
Penses-tu que les gens devraient plus souvent libérer leur part animale, dans le bon sens du terme, c’est-à-dire être plus instinctifs et moins calculateurs ?
Je crois assurément qu’on a une tendance à essayer de faire comme si on n’était pas des animaux. Il y a beaucoup de choses qu’on fait et qu’on a du mal à accepter et à trouver soit logiques, soit morales. Un exemple est que nous réagissons tous de façon instinctive aux gens que l’on rencontre. Je parle de la première impression qu’on a de quelqu’un. C’est très primitif et instinctif. Ensuite, cette première impression peut changer quand tu as l’occasion de connaître la personne ou d’en apprendre plus sur elle, mais nous tous, partout sur le globe, on a toujours une première réaction très instinctive quand on voit quelqu’un ou son visage. On a nos propres préférences vis-à-vis des choses au sujet desquelles on ne sait rien. C’est très animal, et ça nous pose problème, car ça rentre en conflit avec notre idée de ce qu’est une société. D’un autre côté, ce serait terrible si on laissait notre côté animal ressortir de telle façon qu’il blesserait d’autres gens, ce qui arrive dans les guerres, quand on se bat pour notre survie, quand on meurt de faim, etc. Je ne voudrais pas du tout d’une telle société. Je crois qu’une des meilleures capacités que l’on a en tant qu’être humain, c’est celle de se contrôler et contrôler ses instincts. Pour répondre à ta question, selon moi, ce que les gens devraient davantage faire, c’est embrasser la nature et en apprendre plus sur elle, car on perd progressivement le respect pour la nature, ainsi que notre connexion à elle. Quand on en arrive là, je crois qu’on est foutu. Et là, je parle du soi-disant « monde civilisé ». Evidemment, il y a plein de gens partout sur la planète qui ont une connexion extraordinaire avec la nature, et je ne pense pas qu’ils aient de problème avec des sentiments de désespoir ou de manque de sens à leur vie, se demandant « quel est mon but dans la vie ? » et ce genre de chose. Pour eux, ils font partie de quelque chose de génial.
Est-ce que tu vas toi-même puiser de l’énergie et de l’inspiration dans la nature ?
Oui. Aussi souvent que possible. Ces dix dernières années, j’ai vécu en dehors de la grande ville ici, à Stockholm. Je vivais près de la mer, et je n’avais qu’à ouvrir ma porte et faire quelques mètres pour atteindre la forêt. J’ai donc passé beaucoup de temps à me promener à cette époque. Maintenant je suis revenu dans la ville, mais je reste très proche de la nature. C’est quelque chose je j’adore depuis que je suis enfant, et j’en ai besoin. Ça me procure la paix et ça fait marcher mon imagination. Je saisis la moindre occasion d’aller dans la nature, tout seul – même si je n’y vais pas pour me poser dans la forêt et jouer de la guitare [rires], ça je le fais chez moi.
As-tu parfois l’impression de faire partie d’une meute avec les membres de ton groupe voire avec les fans ?
[Petits rires] Ouais, peut-être, parfois il y a ce sentiment de convivialité, pour utiliser un mot sympa. Il est certain que nos auditeurs très fidèles ressentent ça quand nous nous rencontrons en live. C’est clairement comme une coopération entre nous et le public. Donc ouais, je crois que tu as mis le doigt sur quelque chose.
L’album se termine sur la chanson « Untamed » (indompté, NdT). Vous n’avez jamais suivi les modes et avez toujours joué selon vos propres règles. Du coup, dirais-tu que ce mot est celui qui définit le mieux Grand Magus ?
Merci beaucoup ! (En français dans le texte, NdT.) Il est certain que je l’espère, exactement pour les raisons que tu viens de mentionner. Je crois que, surtout, nous avons toujours été vraiment honnêtes et nous n’avons jamais fait partie d’un quelconque mouvement ou d’une quelconque mode. Au final, je pense que c’est la seule façon de faire. Je déteste les modes. Dès que quelque chose devient branché, même si j’aime bien, je suis là : « Non, je n’en veux plus ! » [Rires]
Alors j’espère pour toi que le heavy metal ne sera jamais à la mode…
[Rires] Bon, j’imagine qu’il est un petit peu à la mode. Mais ça disparaîtra, ne t’inquiète pas ! Dans quelques années, tout le monde sera là : « [Soupir d’ennui] Oh, le heavy metal ! C’est tellement dépassé ! Tellement cliché ! » [Rires] Tout ceci est vrai mais c’est pour ça qu’on l’adore.
J’imagine que ce qu’il y a de bien avec les modes est qu’elles ne durent jamais très longtemps.
Exactement. Comme Internet [rires]. Quelqu’un avait dit ça : « Internet n’est rien d’autre qu’une mode. »
Est-ce que des gens ont déjà tenté de te dompter ?
En fait, je ne l’ai jamais ressenti. Je pense que nous avons beaucoup de chance depuis le début. Nous avons pris pour acquis que nous pouvions faire n’importe quel type de musique que nous voulions, que nous pouvions voir les choses comme nous le voulions et que nous pouvions être qui nous voulions. Ça a toujours été ainsi durant toute notre carrière en tant que groupe. Peu importe le label sur lequel nous étions signés, au fil des changements d’époque, etc. je n’ai pas souvenir d’un seul cas de figure, en dehors d’autres gens, comme les auditeurs qui disent : « Oh, pourquoi ne sonnez-vous pas comme sur Monument ?! » ou « La première démo était la meilleure » et ce genre de choses [rires]. Mais non, personne ne nous a jamais dit quoi faire.
« Nous n’avons jamais fait partie d’un quelconque mouvement ou d’une quelconque mode. Au final, je pense que c’est la seule façon de faire. Je déteste les modes. Dès que quelque chose devient branché, même si j’aime bien, je suis là : “Non, je n’en veux plus !” [Rires]. »
Dans la chanson « Brother Of The Storm », tu chantes à propos d’un « frère, qui te teste et te guide ». qui serait ce « frère de la tempête » pour toi ?
Je n’en suis pas vraiment sûr. C’est comme ce que j’ai dit plus tôt : ce que nous faisons est en grande partie basé sur les émotions et l’intuition. C’est très dur d’expliquer exactement de quoi il s’agit dans ce que nous chantons. Souvent, je ne le sais pas moi-même mais je ressens une certaine émotion quand je chante ça, tout comme quand je l’ai écrit. Quand je ressens quelque chose de fort, je me dis que ça peut aussi se projeter sur l’auditeur afin qu’il puisse imaginer dans son esprit des choses qui l’emmènent ailleurs. Donc je n’ai pas envie d’être trop précis au sujet de qui est ce frère et ce qu’il fait. Mais il est certain que ça a à voir avec la nature, d’une certaine façon. Je cherche des conseils et j’essaye de me rapprocher au plus près de ce sentiment que j’ai lorsque je sors, pour observer les animaux et interagir avec eux, avec les arbres, etc.
La notion de gloire est quelque chose qui revient souvent dans votre musique. Dans le nouvel album, vous avez deux chansons basées là-dessus : « Gold And Glory » et « Glory To The Brave ». Qu’est-ce que la gloire pour toi ?
Je pense que c’est plus un sentiment qu’autre chose. Je peux le ressentir parfois quand nous jouons en concert et le voir dans les yeux des gens, tu ressens un accomplissement. Tu te sens vraiment heureux et fort. Donc, encore une fois, c’est quelque chose de très émotionnel. Ça ramène également à l’idée de l’homme qui s’efforce d’atteindre un idéal ou un état d’esprit parfait, mais c’est à double tranchant. Quand tu es heureux et ressens du bonheur à propos de quelque chose, tu sais que ça ne va pas durer. C’est très rapide. Le bonheur éternel n’existe pas et c’est ce qui le rend si précieux. Car, tout du moins pour ma part, je m’efforce toujours d’aller vers ceci. Il faut se rappeler ces moments où on l’a ressenti. Je pense que la musique est un moyen d’y parvenir. Quand on essaye de communiquer ce sentiment, on peut toujours revenir à telle chanson pour essayer de retrouver ce sentiment. C’est comme ça que j’ai toujours utilisé la musique dans ma vie et j’espère que les gens peuvent eux-mêmes utiliser notre musique à cet effet.
Quel a été ton moment le plus glorieux dans ta vie ou ta carrière ?
Je ne m’en souviens pas ! [Rires] Bon, il y a certains concerts, je pense, qui m’ont laissé une marque très profonde. Quand tout semble parfaitement fonctionner, et tu peux voir que les gens sont vraiment heureux et avec nous. En l’occurrence, quand nous avons joué à Wacken la dernière fois, je ne crois pas que je pourrai oublier ce concert. Nous étions dans une de ces énormes tentes, et je crois qu’il y avait plus de dix mille personnes là-dedans et tout le monde chantait la mélodie de « Hammer Of The North ». Ils chantaient tellement fort qu’ils couvraient le son du groupe ! Je pense que tous ceux qui étaient présents se souviennent de ce jour. Et nous avons connu quelques cas comme ça dans notre carrière.
Le titre de l’introduction « Gold And Glory » fait écho aux paroles de « Forged In Iron ». Y a-t-il un lien ?
C’est une bonne question parce qu’il y en a un, en effet ; un lien qui n’est pas très évident. Pour Sword Songs, l’album précédent sur lequel apparaissait « Forged In Iron », nous avons travaillé avec Nico Elgstrand, qui a produit nos quatre albums précédents, à partir de Hammer Of The North. Donc, après cet album, quand nous l’avions fini, nous planifions nos prestations live. Jusqu’à cette époque-là, nous utilisions la musique de Conan Le Barbare, le film de 1982, en tant qu’intro live. Ça faisait de nombreuses années que nous l’utilisions et puis, tout d’un coup, nous avons découvert que nous n’étions pas le seul groupe à faire ça, donc nous avons voulu avoir notre propre morceau original en guise d’intro. Donc Nico nous a écrit une intro afin de nous mettre dans l’ambiance des concerts. Nous avons cherché un titre pour ce morceau et, comme nous venions de faire Sword Songs, j’ai suggéré : « Appelons ça ‘Gold And Glory’, car ça donne l’impression d’être lié. » Voilà pourquoi ça s’appelle « Gold And Glory ». Ce n’est pas forcément connecté à Wolf God, l’album, mais nous pensions : « Ce serait sympa d’avoir une bonne intro instrumentale pour l’album, juste pour montrer que c’est un album et pas juste un recueil de chansons. » Je la trouve belle et émotionnelle. Je trouve qu’elle crée un joli contraste avec le reste des chansons, et bref, ça colle bien.
Elle sonne vraiment dans la veine du célèbre générique de Game Of Thrones…
Je crois que tu as raison, ça sonne un peu comme Game Of Thrones [rires]. C’est Nico Elgstrand qu’il faut blâmer pour ça car, comme je te disais, c’est entièrement sa composition. Je ne suis pas sûr s’il soit fan de la série, mais je pense qu’il est au moins fan de la musique.
Et toi, regardes-tu cette série ?
Ouais, absolument. Ecoute, c’est la preuve de ce dont on parlait plus tôt : quand c’est sorti et que tout le monde disait que c’est génial, j’étais là : « Pouah ! Jamais ! » J’ai regardé cinq minutes du premier épisode, et ma petite amie et moi, nous étions là : « C’est de la merde ! » [Rires] Et puis trois ans plus tard, je m’y suis remis, j’ai regardé le premier épisode et j’étais là : « Wow ! » [Rires]
Ça fait vingt ans que le groupe Smack a changé de nom pour devenir Grand Magus. Quel est ton sentiment sur ces deux décennies de Grand Magus ?
Ça a été extrêmement gratifiant, car quand nous avons débuté, notre seul objectif était de faire une démo [petits rires]. Ensuite, notre objectif a été d’essayer d’obtenir un contrat avec une maison de disques. C’était énorme à cette époque d’y parvenir. Ensuite, notre objectif était de faire un album, et à partir de là, l’objectif était simplement de continuer. Nous n’avons jamais arrêté. Nous n’aurions jamais pu rêver d’atteindre la reconnaissance que nous avons aujourd’hui. D’un autre côté, nous avons passé beaucoup de temps à faire ça, et je crois que nous l’avons fait pour les bonnes raisons. Selon moi, ça explique en partie notre longévité. Quand nous avons commencé, l’idée était juste de jouer du metal. Smack était un peu le prototype de Grand Magus, mais nous avons réalisé que le nom ne nous convenait pas, car il ne collait pas du tout à la musique. Donc nous avons trouvé le nom Grand Magus, et à partir de là, tout d’un coup, la musique est également devenue plus heavy metal et « correcte ». Mais je suppose que j’ai toujours eu cette envie d’écrire de la musique et d’en jouer. Je ne sais pas d’où c’est venu ! [Petits rires]
« Il y a plein de très gros groupes aujourd’hui mais c’est ça le truc, justement : il y a tellement de gros groupes que personne ne retient l’attention pendant aussi longtemps et de façon aussi intense que Led Zeppelin, Black Sabbath ou Deep Purple pouvaient le faire en le temps. »
Au début, Grand Magus était plus un groupe de doom metal, surtout sur vos deux premiers albums, mais vous vous êtes ensuite progressivement transformés afin de devenir un groupe de heavy metal traditionnel – je dirais que Iron Will est l’album qui a plus ou moins achevé la transition. Comment cette transition s’est-elle produite ?
Je suis assez d’accord avec ça. Je pense que ça a toujours été là, mais nous sommes apparus à une époque où le doom metal était un peu à la mode, d’une certaine façon. Nous étions sur Rise Above Records, qui évidemment était géré par Lee Dorian, qui est une légende du doom avec Cathedral. Nous avons tourné avec Orange Goblin, Cathedral et Electric Wizard. Nous étions influencés par tous ces groupes. Mais le premier album, selon moi, est plus dans la veine de Black Sabbath que de Candlemass ou Cathedral, ce genre de groupes. Black Sabbath nous influence encore beaucoup aujourd’hui, mais je pense qu’à cette époque, quiconque sonnait comme Black Sabbath était qualifié de doom metal [petits rires]. Car il y avait une résurgence de doom et de stoner rock, avec des groupes tels que Fu-Manchu et Kyuss, ces groupes américains. Mais nous avons aussi toujours eu des trucs à la Judas Priest et Manowar dans le tas. Ce qui s’est vraiment passé, il me semble, est qu’après avoir fait le second album, Monument, dont la plupart des chansons étaient vraiment heavy et très lentes, quand nous jouions en live, nous trouvions que c’était plus marrant de jouer le metal plus mid-tempo et parfois légèrement plus rapide. Nous sommes un peu revenus à nos racines. Je pense que Wolf’s Return était notre première grande transition et ensuite, avec Iron Will, nous avons solidifié ça. Encore une fois, c’était plus basé sur l’intuition et l’émotion que ça n’était planifié. Nous avions envie d’écrire davantage de choses dans la veine des musiques avec lesquelles nous avions grandi, à la place de cette musique vraiment lente que nous faisions au départ, donc nous sommes partis là-dessus.
On a parlé aux gars de Candlemass il n’y a pas longtemps et ils disaient que, même s’ils ont donné au doom son nom, ils ne se reconnaissaient plus vraiment dans le doom d’aujourd’hui. Pour eux, ils jouent plutôt du heavy metal en comparaison.
[Petits rires] Ouais, je suis assez d’accord. C’est un sujet un peu délicat et difficile parce qu’on entre dans la description de styles. « Est-ce que c’est du thrash metal ou bien du speed metal ? Hmm, c’est quoi la différence ? » Je ne sais pas vraiment, mais il y en a une [rires]. Pour moi, si tu dis doom metal, c’est clairement ce que Candlemass a inventé. C’est une musique vraiment lente et sombre mais il y a clairement du heavy metal dedans aussi. Alors que, en l’occurrence, Electric Wizard, c’est vraiment du doom sludge super heavy, super cru, sans chant lyrique ou truc mélodique. C’est très difficile de dire ce qu’est tel ou tel groupe, mais oui, Candlemass est plus metal que ce qu’on appelle doom aujourd’hui, c’est sûr.
A un moment donné, tu nous avais dit que tu voulais que le groupe devienne aussi gros que possible. Mais la dernière fois qu’on s’est parlé, tu nous as aussi dit que tu ne pensais pas qu’« un quelconque groupe, avec la façon dont tout fonctionne aujourd’hui, sera aussi influent et gros » que Motörhead, Iron Maiden, Judas Priest, Deep Purple, etc. l’ont été. Mais ce qu’on remarque aujourd’hui, c’est avec quelle rapidité des groupes tels que Ghost, Powerwolf ou Avatar gagnent en popularité, et ce qu’ils ont tous en commun est qu’ils ont très fortement développé leur côté visuel, et ils l’ont fait très tôt. Il semblerait donc qu’il y ait une vraie corrélation entre le succès et le visuel, ce qui n’est pas si nouveau quand on regarde à quel point les groupes de heavy metal d’antan sont réputés pour leur scénographie et leur imagerie. Est-ce quelque chose que vous pourriez vous-mêmes développer ? Car quand on voit Grand Magus en live, c’est très dépouillé…
[Rires] Oui, c’est extrêmement dépouillé ! Ce n’est même pas dépouillé, c’est juste rien du tout à part nous [rires]. Bon, je ne crois que pas que nous soyons ce genre de groupe. Il y a toujours eu des groupes avec des visuels forts. C’est presque un style en soi. A la fois, il y a toujours eu des groupes sans… Je veux dire que Metallica, par exemple, ou même Slayer, on pourrait presque retirer tout ce qu’ils ont rajouté plus tard dans leur carrière et ça resterait Slayer ou Metallica. Ces deux groupes étaient très épurés par rapport à Kiss, Mötley Crüe et ce genre de groupes très visuels. Je pense qu’il y a de la place pour les deux types d’imagerie et je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’avoir plein d’effets spéciaux pour devenir gros. D’un autre côté, c’est très cool d’avoir un grand spectacle visuel. Je veux dire que moi-même j’adore ça. Je ne crois pas que l’un soit mieux que l’autre. Il y a de la place pour les deux approches. Mais quand je dis que « aucun groupe n’atteindra ce niveau d’influence », je crois toujours que c’est vrai. Je veux dire qu’il y a plein de très gros groupes aujourd’hui mais c’est ça le truc, justement : il y a tellement de gros groupes que personne ne retient l’attention pendant aussi longtemps et de façon aussi intense que Led Zeppelin, Black Sabbath ou Deep Purple pouvaient le faire en le temps, car la capacité de concentration des gens était plus élevée qu’elle l’est aujourd’hui. A l’époque, il n’existait pas tant de groupes à ce niveau, point barre. C’est la raison principale, à mon avis. Il y a plus de groupes aujourd’hui qu’il n’y en a jamais eu, c’est clair.
On dirait pourtant que Ghost parvient à conserver l’attention des gens.
Ouais, mais ils ont une énorme capacité de séduction grâce à leur mélange de styles. On n’a pas besoin d’être un irréductible fan de metal extrême pour aimer Ghost. Ils écrivent des chansons que tout le monde peut apprécier parce qu’ils attirent un vaste panel de gens. Il y a clairement du metal là-dedans mais il y a aussi plein d’autres choses. Si tu veux vraiment devenir gros, évidemment, il faut atteindre plein de gens de différents backgrounds, différents goûts musicaux, etc. Je comprends totalement pourquoi tant de gens accrochent à Ghost. C’est une musique super bien fichue. Alors que si tu joues quelque chose de vraiment extrême, c’est très dur pour plein de monde d’apprécier.
On peut remarquer que vous n’avez jamais fait d’album live avec Grand Magus. Ce n’est pas dans vos plans ?
J’ai un peu un problème avec les albums live de nos jours. Dans les années 70 et 80, un album live était quelque chose de très spécial, c’était une déclaration musicale en soi. C’était aussi une façon de faire des choses qu’on ne pouvait pas faire en studio. A l’époque, le plus grand défi pour les gens quand ils enregistraient sur album était de capturer l’énergie live du groupe. C’est la raison pour laquelle Made In Japan de Deep Purple a eu tant de succès ; ça sonnait tellement mieux et tellement plus explosif que tout ce qu’ils avaient mis sur album. De nos jours, les techniques d’enregistrement sont si avancées que si tu faisais un vrai enregistrement live sans aucune tricherie, ça sonnerait assez faible par rapport à l’album [petits rires]. Donc je ne vois pas vraiment l’album live comme ayant survécu. Si j’étais un fan de Grand Magus, le fait d’entendre de la nouvelle musique et un nouvel album m’intéresserait plus que d’entendre un album live, pour être honnête, et je préférerais aller voir le groupe en live.
Interview réalisée par téléphone le 20 février et 6 mars 2019 par Nicolas Gricourt.
Retranscription : Adrien Cabiran.
Traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Jens Rydén.
Site officiel de Grand Magus : www.grandmagus.com
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