Jamais Iron Maiden n’avait pris autant de temps entre deux sorties. L’homérique Book Of Souls fête déjà ses six années d’existence et les Britanniques étaient pressentis pour enregistrer une nouvelle œuvre en « profitant » du confinement. En réalité Iron Maiden s’était déjà attelé à la tâche en 2019 pour ciseler son dix-septième album studio sans compromettre son ambition. Senjutsu – grossièrement « tactique et stratégie » en japonais (le terme revêt d’autres significations comme la magie dans certains contextes) – est le deuxième double album de la formation d’une durée excédant les quatre-vingts minutes. Iron Maiden persiste et signe : son principal moyen de progression est la recherche méticuleuse de l’épique et de la grandiloquence. Comme s’il essayait de se battre à son propre jeu à chaque nouvelle création.
Iron Maiden est avant toute chose un acharné de travail. Lorsque le groupe effectue une pause dans son agenda gargantuesque, il en profite pour réaliser un nouvel opus. Senjutsu a été conçu lors d’un break de la tournée Legacy de 2019. Senjutsu a bien entendu subi les retards liés à la pandémie, mais l’essentiel de la musique était déjà présent. Iron Maiden a décidé d’enregistrer de nouveau au studio Guillaume Tell en France avec Kevin Shirley de retour aux manettes, fidèle au poste depuis Brave New Word (2000). Le groupe a conservé sa méthode éprouvée : l’écriture, la répétition forcenée de la chanson et l’enregistrement immédiat pour profiter de la spontanéité. Un tour de force lorsqu’on constate les durées des titres. Le clip vidéo déluré de « The Writing On The Wall », aux couleurs bluesy voire country parfaitement assimilées, prépare efficacement à l’appréhension de l’opus. Chaque chanson est une narration en soi, reposant sur des mélodies fortes, une dynamique portée par les envolées de Bruce Dickinson et des pics d’intensité qui s’incarnent via les soli. « The Writing On The Wall » reprend à cet effet ces leads mélodiques de guitare chantants si chers au groupe d’une manière presque scolaire. L’ouverture « Senjutsu » profite du sens de la théâtralité des Anglais, trop heureux de multiplier les artifices en live. La résonance des percussions de Nicko McBrain constitue une entrée en matière immédiate. Ce dernier s’illustre par un jeu martial complété par la solennité de Bruce avant d’être rejoint progressivement par des guitares qui s’entremêlent. « Senjutsu » mise sur une succession de paliers à franchir et une mélodie presque langoureuse par endroits. De quoi contraster avec l’introduction in medias res plus traditionnelle de « Stratego » et des triolets galopants de basse si chers à Steve Harris.
Iron Maiden se permet parfois de dévier légèrement de sa sacro-sainte formule heavy épique. « Days Of Future Past » privilégie un rock plus traditionnel et condensé en misant sur l’efficacité de son riff principal plutôt que sur des développements progressifs. « The Time Machine » utilise quant à lui des arrangements de guitare folk qui évoquent la stylistique de Led Zeppelin, conjugués au heavy et aux mélodies conquérantes typiques d’Iron Maiden. Ce sont ces quelques incartades qui font le sel de Senjutsu : si Iron Maiden propose toujours le même itinéraire depuis des années, il évite presque toujours de tutoyer la monotonie. Surtout, Senjutsu mérite qu’on lui accorde du temps étant donné la richesse de la plupart de ses compositions. La pseudo-ballade « Darkest Hour » ravira les nostalgiques de « Wasting Love » avec ces arpèges de guitare à la réverb intemporelle. Le triptyque de fin, « Death Of The Celts », « The Parchment » et « Hell On Earth », a de quoi rassasier les fidèles les plus zélés pour les années à venir. Le plus aguerri des auditeurs (et Dieu sait qu’Iron Maiden en compte) reconnaîtra des gimmicks déjà exploités auparavant – par exemple l’atmosphère de « Death Of The Celts », avec ses touches celtiques, résonne par instants en écho à « Blood Brothers » ou « Dance Of Death ». Peu importe. Ce qu’on attend d’Iron Maiden est une aventure galvanisante à chaque instrumentation. Senjutsu en a parfaitement conscience. On peut gloser sur l’univers, le prétexte thématique ou les semblants de tentative d’innovation : Iron Maiden ne pourra s’empêcher de faire du lead accrocheur sa seule et unique raison d’être.
Senjutsu reprend là où The Book Of Souls nous avait laissés : un heavy grand spectacle avec toutefois quelques légers développements a priori « inédits ». Évaluer s’il parvient à se transcender est anecdotique. En définitive, Iron Maiden existe surtout pour nous permettre de nous plonger dans des fresques épiques, aussi poussiéreuses soient-elles. Plus de quarante ans que l’on scande les refrains et mime les soli de Maiden : une tradition que Senjutsu va sans aucun doute faire perdurer.
Chanson « Stratego » :
Clip vidéo de la chanson « The Writing On The Wall » :
Album Senjutsu, sortie le 3 septembre 2021 via Warner Music Group. Disponible à l’achat ici
pour ma part, je ne m’en lasse pas 🙂
à voir si dans quelques mois ou années j’éprouverai encore la même opinion, à force d’écoutes et de repos entre les écoutes, mais pour l’instant ce Senjutsu me plait énormément. The Book Of Souls (TBOS) avait fini par me lasser pour certaines chansons, je trouvais notamment qu’hormis Shadows Of The Valley et Empire Of The Clouds, le second disque de TBOS faisait inégal comparé au disque n°1 où je ne trouvais clairement rien à jeter.
Pour Senjutsu, en l’écoutant sur différents canaux et en divers moments de la journée – en voiture, au casque chez moi, sur la chaine hi-fi en faisant quelques tâche ménagères – je le trouve carrément massif dans le son. Dire que Steve Harris pèse dans un album de Maiden c’est une évidence bien sûr, mais je suis cette fois encore impressionné par l’ensemble de l’habillage musical. Outre la basse, Harris a été généreux avec le clavier. Je trouve que tout s’agglomère mieux et plus naturellement que sur TBOS (bon album quand même au demeurant).
Vive Maiden.
« Aussi poussiéreuses soient elles » je sens un petit dédain generationnel
Le problème pour certains et cela semble miner leur vie( je pense à la chronique pitoyable et ridicule de neogeofanatic sur YouTube), c’est qu’à plus de 60 ans Harris prouve une nouvelle fois qu Iron Maiden est le plus grand groupe de heavy metal et écrase toute concurrence. Les stone n’ont pas pondu un très bon album depuis sticky fingers , AC/DC on va rester muet par politesse, Metallica a oublié ce qu’est la création artistique, soad gère ses problèmes dego et de drogue, rammstein fait n’importe quoi . A la différence des légendes, Maiden ne vit pas grâce à ses acquis et montre sa maestria exceptionnelle avec ce nouvel album. C’est juste impressionnant et j’imagine que cela dégoûte ceux qui veulent nous faire passer des vessies pour des lanternes avec un tas de prétendues relèves. On n’imagine pas la chance que nous avons d’avoir Maiden en activité, à un tel niveau.
Encore merci à Harris de terminer l’album avec une chanson démentielle ce qui n’était plus le cas depuis final frontier
Je ne changerai pas un seul mot de ce commentaire.
Dans la liste des piliers peu inspirés je rajouterai malheureusement Deep Purple et Whitesnake , deux combos dont je suis pourtant un fan absolu.
Revenons au sujet de ce nouvel album : l’ennui ressenti à l’écoute de « The Book of Souls » a complètement disparu.L’ensemble est bien plus accrocheur. Les titres signés Smith/Dickinson ont ma préférence notamment « The Writing on The Wall » et son coté biblique annonciateur de très mauvaises nouvelles et le génial « Darkest Hour » qui semble sortit tout droit de la période hyper-créative de la collaboration des deux artistes pendant l’épopée solo de Bruce.Les 3 derniers titres sont des pavés mais ils passent bien l’épreuve de la longueur.
La version triple vinyl rouge et noir marbré est en cours de livraison.
@ Django :
« Maiden ne vit pas grâce à ses acquis « .
??? Mais là, il ne faut pas avoir écouté l’album pour taper un truc pareil. On est A BLOC dans du Maiden balisé, fait et refait. La presse et le groupe promettait des « pseudo-surprises »… je suis désolé, je n’en vois aucune.
PILOTAGE AUTOMATIQUE complet. Morceaux au développement prévisible. Plans et ambiances vus et revus, pour du Maiden.
Si certains n’ont pas l’impression d’un recyclage éhonté(même pas habile tellement les ficelles sont grosses), grand bien leur fasse.
Bonne nouvelle :il y a du Brave New World dans ce Senjutsu c’est ce qui m’a réconcilié avec la vierge de fer, alors que je m’étais endormi entre deux chapitres du Book of Souls ! Pour faire court : sur le CD 1 je garde The Writing on the wall, le reste est oubliable et hormis le longuet Hell on Earth ,les titres du CD 2 risquent de devenir des standards du groupe, ce qui module un peu ma note… sont pas foutus les vieux !!!
A la première écoute, drôle d’impression, toujours le style étincelant, les solos fluides de Murray et son legato, et Dickinson qui ne faiblit pas. Mais le plus déstabilisant est le tempo général de l’album, vraiment très lent, voir mollasson, à se demander si ce n’est pas calibré pour la batterie de Nicko, qui a clairement du mal à tenir la cadence depuis plusieurs années déjà.
Très réussi, mais trop soft.
Quand est sorti Killers il y a 40 piges,je jubilais du rouleau compresseur de tempo rapide ..fatigue ou pas ,le tempo mi lent du nouvel album me semble plutot une respiration pour ressentir la musicalité d Iron Maiden..des passages à la bolero de Ravel exotique et ainsi s’ eviter la méthode fatigante d un Malmsteen « du toujours plus vite des années après » pour en mettre plein la vue et…tourner en rond..toit est question de ressenti d emotion du moment à chacun..merci Iron Maidon pour son oeuvre pleinement réussie malgré les années passées qui peuvent suciter lassitude naturellement
Toutes les décennies ont leur Maiden ! Le pilier encore debout du metal ! Pour moi c’est Piece of mind! Et 4 fois en live !
L Adn d Iron maiden est bien dans cet album avec de » petits variants » pour le plaisir d ‘écouter ce nouvel album du groupe mythique. Bruce semble avoir rajeunit (mieux retrouvé) sa voix après sa période délicate du crabe…il ne manque plus que les concerts pour apprécier pleinement
Je l’écoute alors que j’écris ces lignes, du très très TRÈS… lourd.
C’est bien t’arrives a faire deux choses en même temps !
Et oui ! Même si c’est dur à assimiler pour ton cerveau de péquenaud Torion, y’a des gens qu’arrivent à être multitâches.
C’est bien de défendre son petit copain ! Et c’est confirmé vous êtes multitâches ??
Ah! Le péquaure est en manque d’arguments donc il attaque sur la prétendue sexualité de ses adversaires.
J’avais déjà vu des types pathétique sur le net, mais toi tu gagne la palme Torchion.
J’apprécierai que tu ne projette pas tes fantasmes sur moi Torion.
Vous habitez ensemble ou c’est le même qui a deux pseudos !
T’as fini de faire des suppositions à la mord-moi l’noeud ? Sérieusement t’as rien d’autre à faire que de venir me casser les roustons avec tes histoires ? J’ai autre chose à foutre.
T’as raison vas cirer tes paraboots !
Si jamais le meilleur moyen de lutter contre les trolls est de juste les ignorer. ?
(Bon dans ce cas ce n’est pas ce que je suis en train de faire je vous l’accorde)
Depuis « The Final Frontier », ça tourne un peu en rond…quand même hâte de les revoir en live !
C’est le moins qu’on puise dire. Jamais je n’ai eu autant l’impression de recyclage chez eux. Il y en a toujours eu, ce qui donnait parfois un côté rassurant, stable, l’assurance que la boutique était tenue et le cap maintenu… sauf que là ça sent la redite et l’effet de surprise est NUL. Mais alors NUL. D’innombrables passages que l’on a déjà l’impression d’avoir entendus, des gimmicks usés, des intros peu originales, des plans archi-prévisibles, un clavier sirupeux omniprésent…
J’ai mal à mon Maiden !! :-(((
Ca sent de plus en plus le manque d’inspiration de la part du taulier (Harris), parce que dès que Smith et Dickinson s’y collent, il y a déjà un peu plus de surprises et de niak.
Bien sûr le groupe a toujours enregistré des albums « rapidement », cette fois il s’est jeté là dessus entre 2 tournées sans se douter du délai astronomique avant sa sortie. Avec la marge qui a malheureusement été offerte par le COVID, il n’aurait pas été inutile de laisser décanter l’album et de rectifier les LONGUEURS qui le parsèment.
Et c’est un fan éternel du groupe qui tape ça. :-(((((
Je suis vraiment en train de me dire que Maiden sort maintenant des albums avec à peine 3 ou 4 bons titres et le reste en remplissage. Je ne ressors jamais Final Frontier, ni the Book of souls… mais alors ce Senjutsu risque d’être le champion des strates de poussière.
Je devine aussi la scène sans surprise, puisque s’il y a UN domaine où le groupe est encore plus en pilotage auto, c’est bien le live. Il n’y a plus aucune surprise avec la Vierge de Fer. Parfois il faut savoir faire une pause… ou remettre l’ouvrage sur le métier pour proposer quelque chose à la hauteur de sa réputation, BORDEL !
Je comprends la semi-desillusion de 6trouille: mais quand on fait le tour de la production de tous les « grands » du métal,le constat que tu fais est toujours un peu le même : il est extrêmement rare qu’un groupe de 40 ans d’âge arrive à sortir un album globalement irréprochable : si tu écoutes le dernier ACDC, le dernier Deep Purple ( sans s’endormir !)ou Helloween, fatalement on retombe sur des riffs clonés, des mélodies très similaires et des solos de guitare un peu transparents… c’est tout le paradoxe des grands groupes : ils font et refont ce qu’ils savent faire le mieux en essayant de ne pas se parodier : équation impossible à résoudre ! Le public de Maiden veut du Maiden,donc la vierge de fer fait du Maiden, c’est d’ailleurs pour ça que le public achète les CD et les places de concert..donc il faut accepter d’avoir du »déchet »dans chaque album, c’est comme ça, même les grands peintres ont pondu des quiches, alors soyons tolérants..
Il est simplement excellent ce disque
40 ans après ils sont capables de nous faire encore plaisirs.
Je sais que je vais encore me faire des amis mais après trois écoutes je n’accroche pas à Senjutsu. Ça ne s’envole jamais comme Maiden devrait le faire. Bruce a l’air de s’emmerder à chanter. Il n’y a qu’aux solos de guitare qu’on se souvient qu’on écoute du Maiden et pas un copycat lambda. Rien que la longueur des morceaux… Sur Hardwired, Metallica avait placé des morceaux de 6’45 en moyenne, et on regardait souvent sa montre. Les morceaux de Senjutsu font 8’11 en moyenne. The book of souls m’a bien plus fait rêver.