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Chronique Focus   

Jason Bieler And The Baron Von Bielski Orchestra – Postcards From The Asylum


Jason Bieler est une sorte d’hyperactif de la musique. C’était l’homme à pratiquement tout faire au sein de Saigon Kick qui a rencontré un succès important aux USA jusqu’à leur séparation en 1999. Malgré une reformation en 2012, le groupe ne s’est plus réellement manifesté. Peu importe pour Jason Bieler, ce dernier s’exprimant désormais par son projet solo, libre et indépendant. Depuis Songs For The Apocalypse (2021), l’œuvre de l’artiste se présente sous le nom de Jason Bieler And The Baron Von Bielski Orchestra. Postcards From The Asylum est sa nouvelle réalisation, sorte d’hybride entre l’album concept et la collection de titres qui cherchent à se démarquer individuellement. C’est surtout un énorme effort collaboratif avant d’être le produit d’un seul homme.

Le baron Von Bielski est à percevoir comme une sorte d’alter ego de Jason Bieler, un personnage qui incarne la facette la plus décomplexée du musicien. Postcards From The Asylum est donc une immersion radicale dans cet univers et Jason n’y tolère pas les entraves. La longueur de Postcards From The Asylum, quinze titres, correspond au désir de son géniteur d’honorer une écoute à l’ancienne, casque sur les oreilles et attention prolongée. Toutefois, Jason a conscience que ce n’est plus à l’air du temps, ce qui explique que les chansons peuvent également s’apprécier séparément. Une sorte de compromis qui s’appréhende aisément au terme de plusieurs écoutes. Les sonorités poussiéreuses de claviers qui ouvrent « Bombay » sont très vite balayées par l’arrivée de guitares tranchantes à la production clinique. Jason Bieler démontre d’emblée son aisance vocale et son sens de l’accroche qui côtoie un côté facétieux, prompt à dégainer des arrangements loufoques. « Numb » tranche avec l’approche directe de son prédécesseur en s’articulant autour de rythmiques percussives avant de gagner progressivement en lourdeur pendant que Jason privilégie un chant aérien. La musique est difficilement prévisible et surtout fascinante de cohérence. Son aspect déluré semble n’être qu’une façade qui cache un véritable savoir-faire en matière de songwriting. Ce qui ne signifie pas que l’orchestre du baron n’a d’intérêt que pour la sophistication et les tirades alambiquées. « Heathens », par exemple, fait immédiatement taper du pied avec un rythme sautillant et un riffing rock burné à l’ancienne qui ravirait Zakk Wylde.

Postcards From The Asylum profite évidemment de l’ingéniosité de ses invités, à savoir – liste non exhaustive – le guitariste Andee Blacksugar (KMFDM, Blondie), les batteurs Edu Cominato (Jeff Scott Soto, Geoff Tate) et Marco Minnemann (The Aristrocrats, Steven Wilson), le claviériste Ryo Okumoto (Spock’s Beard) et le bassiste Todd Kerns (Slash & The Conspirators). C’est en partie ce qui explique l’extrême diversité de l’opus et l’impossibilité de retomber sur des structures génériques. Le calme acoustique de « Mexico » offre une respiration bienvenue qui contraste avec l’explicite « Sick Riff » qui, sourire aux lèvres, cherche à tutoyer les abysses de la distorsion dans un contexte melodic rock. Jason Bieler And The Baron Von Bielski Orchestra peut livrer un metal des plus contemporains et le faire coexister avec une pop typée seventies, à l’instar de « Birds Of Prey », tout en passant par les élucubrations de « Flying Monkeys » portées par les frasques du clavier et que n’aurait pas reniées Haken dans ses élans excentriques, ou encore « Bear Sedatives » et sa rythmique synthétique volontairement « gauche ». « Beneath The Waves » revient sur un chemin plus académique avec une sorte de heavy-rock FM qui fait office d’œuvre sage au sein de l’opus. « Sweet Eliza » est quant à lui un exercice atmosphérique où un tapis de percussions confère au titre un aspect presque chamanique.

Jason Bieler ne permet pas à l’auditeur de réellement anticiper sa musique, ce qui est gage de surprises constantes. Derrière l’aspect désorganisé de son œuvre, Jason livre des chansons à la conception sûre, guidée par son sens mélodique et ses refrains qui servent sans cesse de points de repère. Surtout, Postcards From The Asylum est un rappel que la frilosité sied mal à la musique et que s’éparpiller n’est pas toujours un défaut, tant que l’identité reste.

Album en écoute :

Album Postcards From The Asylum, sorti le 14 avril 2023 en indépendant. Disponible à l’achat ici



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