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Live Report   

Joe Satriani : un guitar hero dans l’Amphithéâtre


joe satriani shockwave tourGrandiloquent et un brin désuet, le titre de Guitar Hero n’est peut-être pas encore tout à fait vide de sens. Si aujourd’hui Joe Satriani n’est plus aussi hype qu’à la fin des années 80, il n’en demeure pas moins l’un des guitaristes solo les plus respectés, tant pour sa technique instrumentale que pour son influence sur des milliers de gratteurs de manche. Armé de Shockwave Supernova, son dernier album plutôt bien accueilli par les fans et la critique, Satch était de passage dans toute la France à l’automne dernier et une nouvelle fois le virtuose a fait halte dans la capitale des Gaules, plus précisément dans l’imposant et confortable Amphithéâtre de la Cité Internationale, preuve que son public n’est désormais plus tout jeune et dispose d’un certain pouvoir d’achat.

La question était donc de savoir si le show et l’ambiance seraient au rendez-vous dans cette salle plus habituée aux ballets d’opéra qu’aux transpirations rock‘n’roll.

Artistes : Joe SatrianiMarkus James
Date : 22 septembre 2015
Salle : Amphithéâtre / Cité Internationale
Ville : Lyon [69]

Markus James

Nombreuses étaient ce soir les personnes à n’avoir jamais entendu parler de Markus James. Et pour cause, l’artiste américain dispose d’une notoriété toute relative en dépit de son talent de bluesman évident. Il faut reconnaître que la musique du bonhomme est plutôt atypique, mélangeant sonorités et rythmes soul-blues-rock africano-redneck. La sauce auditive prend facilement et accroche rapidement l’auditoire visiblement réceptif. Caché sous son chapeau et ses lunettes noires qui pourront rappeler un certain Walter White et muni de sa guitare trois cordes de la taille d’une boite à chaussures, Markus James intrigue et impose son style. A la batterie, l’on ne peut plus expressif Marlon Green maintient la cadence avec un grand sourire, que cela soit avec ses fûts ou ses joues (oui, ses joues) le percussionniste déborde de groove et apporte beaucoup de chaleur à la prestation. Pertinente et entraînante, cette première partie remplira donc parfaitement sa mission et donnera l’envie même d’en entendre un peu plus sur le groupe.

Satch et sa bande

Après une courte pause, la salle (pas tout à fait remplie) replonge dans l’obscurité pour mieux lancer la vidéo d’ouverture à base de dessins tribaux et autres têtes de mort mi-kitschs mi-glauques qui pourront laisser perplexe. Mais qu’importe, Satch et sa bande débarquent et envoient « Shockwave Supernova », probablement le titre le plus accrocheur du dernier opus. Bien qu’enfoncés dans leur fauteuils, les fans font une belle ovation à l’ « alien » qui, décidément, résiste plutôt bien à l’épreuve du temps. En effet l’on peine à croire que le divin chauve (non, pas Barthez) arrivé sur ses soixante piges. A l’image de sa musique, le guitariste parait être resté dans sa bulle spatio-temporelle. Du point de vue technique, soyons clairs, le monsieur en a toujours autant sous le capot. La dextérité affichée, notamment vue des premiers rangs, fait mal. Très mal. Qu’elles soient rouges, violettes fluo ou noires, les Ibanez de sortie sont honorées ce soir.

Ceci dit, qui dit gros niveau technique, dit grosse concentration. Et qui dit grosse concentration, dit communication limitée. En effet, même si Satriani a gratifié le public de quelques petites allocutions, force est de reconnaître que le dialogue avec l’auditoire est plutôt contenu. A l’abri derrière ses éternelles lunettes de soleil noires, Satch semble parfois dans sa dimension, hors de la salle. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le musicien joue et s’adresse au public en ayant très souvent les yeux fermés. Sur ses morceaux les plus calmes, « Butterfly And Zebra », « All Of My Life », « Always With Me, Always With You », le phénomène est flagrant, Joe s’envole sur sa planète, même ses musiciens paraissent alors très loin.

Joe a vu une mouche.

Ceci étant dit et hormis en ces rares occasions, l’échange avec les autres protagonistes sur scène est réel. Joe a beau être un guitariste solo, ses partenaires sont bien mis en valeur et auront tous leur moment bien à eux pendant le concert. Il faut dire que les bonhommes ne sortent pas de nulle part… Le batteur Marco Minnemann effectuera son habituel (et monstrueux) solo tandis que Mike Keneally lancera un bœuf de grande classe saupoudré de solos bien sentis. Le groupe se rassemblera ainsi plusieurs fois autour de la batterie, notamment à la toute fin du concert, se lançant dans des improvisations et démontrant un jeu collectif organique et créatif. Apportant du relief et du relâchement, ces apartés sont véritablement bienvenus dans un concert centré avant tout sur un seul instrument, et c’est sans compter sur le fait que Minneman et le bassiste Bryan Beller se connaissent très bien, œuvrant ensemble dans le trio The Aristocrats, le groove s’en ressentant.

Concernant la setlist, pas de grosse surprise ni de déception particulière. Peut-être aurait-on souhaité encore plus de morceaux rentre-dedans, plus propices à faire bouger un public déjà un tantinet ramolli par le confort de la salle. Heureusement, le combo de rappel « The Extremist » / « Surfing With The Alien » provoquera un beau sursaut des spectateurs qui se lèveront (enfin !) et envahiront le devant de scène pour se rapprocher au mieux de Satch, visiblement ravi de ce mouvement de foule. Le tout s’achèvera dans un grand boeuf zztopien bien groovy (où l’on aurait bien vu Markus James s’incruster) qui permettra aux différents musiciens de faire flamber leur manche à qui mieux mieux pour finir dignement ce show.

Il serait donc exagéré de bouder son plaisir, même s’il manquait peut-être un tout petit grain de folie ce soir (la faute à la salle ?), Joe Satriani et sa bande ont délivré une prestation de haut niveau qui rassure sur un point : les guitar heros ne sont pas encore morts.

Setlist (sous réserve) :

Shockwave Supernova
Flying In A Blue Dream
Ice 9
Crystal Planet
Not Of This Earth
On Peregrine Wings
Friends
Time
If I Could Fly
Butterfly And Zebra
If There Is No Heaven
Cataclysmic
Crazy Joey
All Of My Life
Luminous Flesh Giants
Always With Me, Always With You
God Is Crying
Goodbye Supernova
Satch Boogie
The Extremist
Surfing With The Alien

Live report : Alexandre Covalciuc.
Photos : Nicolas Gricourt.

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  • Alors c’est sur, le look chauve, c’est intemporel. On ne voit plus vraiment si tu as 30 ou 65 ans, surtout les yeux cachés derrières de grosses lunettes de soleil.

    La photos « Joe a vu la mouche » très bien sentie me fait penser que Satriani est un peu le Canteloup de la guitare. Physiquement déjà, et après, qualitativement, le mec est assez bon, mais super lisse.
    Il y a tant de bons guitaristes qui ont une expression musicale supérieure. S. Vai est l’élève qui a dépassé le maitre depuis bien longtemps. Lui nous emmène dans le cosmos quand J. Satriani approche tout juste les nuages.
    Kiko Loureiro est aussi très bon avec un feeling incroyable (Fireworks d’Angra) et un registre très étendu. Son album solo « Universo Inverso » beaucoup plus jazzy/brazil est excellent. Dave Mustaine ne s’y est pas trompé. Après reste à entrendre la plage de liberté qu’il lui aura laissé.

    En tous cas les zicos qui accompagnaient Joe sur cette tournée valaient aussi le déplacement.

    [Reply]

  • selon moi Satriani ,c’est le messi de la guitare électrique depuis 30 ans:j’ai vu une dizaine de ses concerts et jamais une « fausse » note
    Ses mélodies envahissent ma voiture sur les long trajets et son dernier album méritait d’être dans le top 50 2015 dans son genre

    [Reply]

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