ENVOYEZ VOS INFOS :

CONTACT [at] RADIOMETAL [dot] FR

Interview   

Jon Schaffer : retour au purgatoire


Il y a trente ans, un groupe de Tampa, en Floride, du nom de Purgatory – non, malgré les apparences, ils ne jouaient pas de death metal ! –, emmené par un certain Jon Schaffer, devenait Iced Earth. Que de chemin parcouru pour cet incontournable du heavy/power metal américain, réputé pour ses riffs parmi les plus tranchants et précis de la scène. Mais il y a trente ans, tout était encore à faire, même si les bases étaient déjà là. Et qu’il est bon parfois de se replonger dans les balbutiements de certaines formations, afin de se rappeler avec une pointe de tendresse que même les plus grands professionnels furent un jour des groupes d’ados grattouillant dans un garage.

C’est ce qu’a fait justement Jon Schaffer lui-même, mettant la main sur une vieille boîte à souvenirs poussiéreuse réveillant sa nostalgie. Un concours de circonstances plus tard, le voilà reprenant contact avec le chanteur Gene Adam qu’il n’avait pas vu depuis des décennies, puis réenregistrant certaines vieilles chansons de Purgatory pour sortir aujourd’hui un EP sous le nom de Jon Schaffer’s Purgatory (afin d’éviter d’éventuelles confusions avec d’autres groupes de même nom).

Ci-après, Jon Schaffer nous explique comment il en est arrivé à se remettre dans la peau de l’ado intrépide et arrogant qu’il avoue avoir été, revenant sur ses premiers pas dans ce qui deviendra une longue et fructueuse carrière. Et pour finir, il nous donne quelques nouvelles de Demons & Wizards, son projet avec le chanteur Hansi Kürsch (Blind Guardian), qui prépare actuellement un troisième album.

« La moindre économie que nous faisions, nous l’investissions là-dedans, nous construisions nos propres accessoires de scène, nos machines à faire de la fumée, etc. Nous faisions tout nous-mêmes. […] Nous parvenions à faire des choses qui avaient de la gueule pour un groupe qui jouait dans de petits bars. »

Radio Metal : Cette année marquait les trente ans du changement de nom de Purgatory à Iced Earth. Qu’est-ce qui t’a poussé à célébrer ça avec un EP ?

Jon Schaffer (guitare) : Je suis tombé sur une boîte d’archives dans un entrepôt où sont stockés un paquet de souvenirs, de photos, de tout un tas de choses me rappelant l’ancien temps. Ça faisait dans les vingt-sept ans que je n’avais pas été en contact avec Gene, et ce qui était étrange, dans les jours qui ont suivi, après que je sois tombé sur cette boîte, je me demandais comment allaient tous les gars que je n’avais pas vus depuis un bail… J’ai fini par voir une interview de Gene sur un podcast exclusivement consacré à Iced Earth. Je l’ai regardé et ça m’a permis de prendre contact avec lui. Nous avons parlé au téléphone et il s’est avéré que j’allais me rendre à Tampa dans la semaine. Nous nous sommes retrouvés, nous avons dîné et beaucoup ri, parlant du bon vieux temps. A la fin de la soirée, j’ai dit : « On devrait enregistrer quelques chansons de Purgatory, rien que pour s’amuser. » Les gars étaient choqués que je veuille faire ça. Et puis ça s’est fait ! C’était un enchaînement d’événements assez dingue. A partir du moment où j’ai trouvé la boîte, dans les deux semaines, je me suis retrouvé à dîner avec Gene et Bill, et deux mois plus tard, nous enregistrions. C’est fou !

Quels sont tes souvenirs du groupe et du contexte il y a trente ans ?

J’en ai des tas ! C’était le tout début. C’était une époque folle. Nous n’avions vraiment rien à perdre, donc nous étions assez dingues. Nous n’étions pas très bons, bien que nous pensions l’être. Nous ne faisions que commencer, nous étions des débutants, nous n’avions aucune idée de ce que nous faisions en studio, mais nous avions quelques bonnes idées, et nous avions clairement le tempérament pour faire avancer le groupe. Nous essayions de mettre en place le meilleur spectacle sur scène que nous pouvions, alors que nous étions des adolescents complètement fauchés. La moindre économie que nous faisions, nous l’investissions là-dedans, nous construisions nos propres accessoires de scène, nos machines à faire de la fumée, etc. Nous faisions tout nous-mêmes. Nous savions bien nous servir de nos mains. Gene était menuisier. Greg [Seymour] et moi étions couvreurs. Bill était électricien. Donc nous nous débrouillions pour construire des trucs. Avec l’aide de quelques amis à nous, nous parvenions à faire des choses qui avaient de la gueule pour un groupe qui jouait dans de petits bars. Nous nous amusions bien, mec ! C’était une époque folle !

Vu que le groupe s’appelait Purgatory et était basé à Tampa, en Floride, durant l’âge d’or du death metal, ça peut paraître surprenant que vous jouiez du power metal mélodique. Malgré tout, est-ce que la scène death metal floridienne a eu un quelconque impact sur toi et le groupe ?

Tout d’abord, je n’ai pas commencé en Floride, j’ai commencé dans l’Indiana ; c’était en janvier 1985, le 20 exactement, le début officiel de Purgatory. Le groupe que j’avais fondé avant ça s’appelait The Rose, et ce n’était purement qu’un groupe de garage. C’était vraiment plus une idée qu’un groupe, ça allait un peu nulle part, mais si tu voyais le vieux logo de The Rose, tu pourrais voir que c’est ce qui est ensuite devenu Purgatory, qui a au final mené à Iced Earth. La forme des lettres que j’avais dessinées était similaire, d’une certaine façon. Mais ça a démarré dans l’Indiana et ensuite Greg Seymour et moi avons déménagé en Floride. Nous avons jammé avec plusieurs personnes là-bas mais rien ne s’est vraiment passé avant que nous rencontrions Gene et Richard, et puis Bill. Ils étaient sérieux, ils voulaient faire quelque chose et nous avions une bonne alchimie, tous les cinq.

Le death metal n’est vraiment apparu qu’un peu plus tard. Enfin, il y avait deux ou trois groupes qui jouaient de la musique extrême mais ça n’avait pas d’importance, et ça n’avait aucune influence, parce que ça ne m’a jamais intéressé. Etant le moteur du groupe, j’avais des idées très définies sur la direction que prendrait la musique. Je veux dire que, plus tard, je pouvais voir que le death metal était en train de devenir à la mode à Tampa, et c’était plus vers l’époque où nous avons changé le nom de Purgatory à Iced Earth ; c’était en 88 que le death metal a commencé à décoller. Quand Purgatory a commencé à jouer là-bas, disons en 86, il y avait un groupe qui s’appelait Nasty Savage qui marchait bien dans la région, et Savatage, bien sûr, était là, Powersurge, Oblivion… C’était surtout du metal mélodique, en fait. Et puis, quelques années plus tard, vers 88, on commençait à voir que le death metal prenait de l’importance dans le coin, mais je m’en fichais parce que je faisais les choses à ma manière. Ça ne m’a jamais intéressé de suivre qui que ce soit. Ce qui m’intéressait, c’était l’art de créer des chansons, je suivais la vision que j’avais en tête. Quel que soit le résultat que ça pouvait donner, je m’y consacrais totalement, et c’est toujours le cas aujourd’hui. Donc peu importe les modes qui vont et viennent, ça ne m’a jamais préoccupé, ou ça ne m’a jamais intéressé de les suivre.

« Je me fichais royalement de ce que les gens pensaient. Et tu sais ce qui est marrant ? Je suis encore globalement ce gars. Je pense que je suis un petit peu plus détendu, c’est sûr, et assurément plus humble. Je pense que quand on est jeune et plein de cette énergie et attitude, l’humilité ne fait pas vraiment partie de l’équation [rires]. »

Durant les années Purgatory, vous portiez des costumes et aviez un côté théâtral, qui était certainement influencé par certains de tes groupes préférés comme Kiss ou Iron Maiden. Pourquoi n’avoir pas continué à développer ce côté théâtral plus tard avec Iced Earth ?

Parce que la composition a pris un autre chemin. Enfin, ça restait très sombre… En fait, la première période de transition, si tu voyais les photos sur la démo Enter The Realm, nous portions toujours des costumes. Donc ça a continué mais pas longtemps. Après, les chansons et les thématiques sont devenues plus complexes. Et puis nous avions déjà donné dans les costumes, la pyrotechnique et tout ça pendant quelques années, donc je pense que ça faisait partie du développement. C’était marrant de faire tout ça mais la plupart des textes… Les chansons de l’époque Purgatory, au niveau des textes, étaient presque toutes basées sur des films d’horreur. Je veux dire que les textes d’Iced Earth sont quand même très sombres et très contestataires, mais pour je ne sais quelle raison, ça paraissait être une progression plus naturelle. Ce n’était pas vraiment une décision consciente de dire : « Hey, on ne va plus faire ce genre de truc. » Ça s’est fait tout seul. En changeant de nom, avec le changement de la scène musicale, etc., nous sommes sortis de ça, en partie.

Ta carrière, tout comme le monde globalement, a beaucoup changé en trente ans depuis Purgatory. Ressens-tu de la nostalgie pour cette époque ?

Oui, bien sûr, je ressens beaucoup de nostalgie aujourd’hui. Je suppose que le truc le plus cool concernant tout ce projet était le fait de retrouver de vieux amis et de faire ceci juste pour le fun, par pur plaisir, parce que je suis quelqu’un d’assez occupé, il y a plein de choses qui se passent et Gene et Bill étaient… Ils ont cinq ans de plus que moi, donc quand j’ai dit ça, ils étaient là : « Mec, on a vraiment envie de le faire ! Il faut qu’on le fasse rapidement parce qu’on devient vieux ! » De mon côté j’étais là : « Ouais, mon emploi du temps se libérera dans deux ans et là on pourra le faire. » Mais eux disaient : « Ah, ça sera trop long ! On ne sait pas ce qui va se passer d’ici là. » Donc j’ai dit : « D’accord, j’ai deux semaines de libres entre la tournée européenne et celle aux Etats-Unis… » C’était en janvier, nous avons fait une courte tournée en Europe et ensuite nous avons eu une tournée en Amérique du Nord en février et mars, et ensuite j’avais deux semaines, donc nous avons fait toute la production en neuf jours, l’enregistrement, le mixage, tout. C’était donc une production très rapide.

Mais c’était vraiment pour s’amuser que nous l’avons fait. Comme je l’ai dit, il y avait de très bonnes idées dans ces chansons, dont certaines qui sont devenues des parties dans des chansons d’Iced Earth et de Demons & Wizards. Mais toute l’idée de revenir… Maintenant je sais parfaitement ce que je fais en studio, évidemment, je sais comment faire des albums, comment produire et faire ressortir le meilleur des musiciens avec qui je travaille, mais à l’époque, quand nous avions dix-huit ans, je ne savais pas comment faire ça ! C’est donc un processus de développement. C’était donc très marrant à faire. Si les gens aiment, il se peut que nous en fassions plus. Nous avions environ vingt-huit chansons originales quand nous étions Purgatory. Donc nous avons pris certaines des plus vieilles, comme « Jack », « Burning Oasis » et « In Jason’s Mind », ce sont les toutes premières choses que nous avons faites ensemble. « Dracula » est venu un peu plus tard, je crois que c’était en 1987 que nous l’avons composée et enregistrée. « In Your Dreams » était aussi de 87 mais un peu plus tard. Mais il y avait plein de chansons ! Donc qui sait ce qui arrivera ? Je ne voulais pas que ça devienne un business, parce que ce n’était pas le but, mais les labels ont apprécié. Il y avait plusieurs personnes qui étaient intéressées pour sortir ça. Donc voilà ce qu’il en est, on verra.

As-tu de quelconques regrets sur ces trente ans de carrière avec Iced Earth ?

Non, pas vraiment. Evidemment, il y a toujours des décisions qui auraient peut-être pu être prises différemment ou mieux, mais honnêtement, mec, c’est comme ça qu’on apprend, et j’ai tellement appris ! Enfin, suis-je fier de tous les contrats que j’ai signés ? Non. Mais tout ça fait partie de l’expérience. Je ne suis pas du genre à vivre dans le regret, carrément pas. Je regarde tout ça comme une vaste expérience d’apprentissage. Je continue à apprendre quelque chose tous les jours et c’est une bonne chose.

Comment décrirais-tu le Jon Schaffer d’il y a trente ans ?

J’étais, clairement, complètement intrépide et j’avais un fort tempérament. Je me fichais royalement de ce que les gens pensaient. Et tu sais ce qui est marrant ? Je suis encore globalement ce gars. Je pense que je suis un petit peu plus détendu, c’est sûr, et assurément plus humble. Je pense que quand on est jeune et plein de cette énergie et attitude, l’humilité ne fait pas vraiment partie de l’équation [rires]. Nous étions imbus de nous-mêmes, crois-moi. Je ne parle pas que de moi mais de nous tous. Quand c’était Purgatory et même quand c’était Iced Earth, nous étions convaincus que nous allions conquérir le monde. Donc à cet égard, ça s’est un peu détendu, mais ça a été une très bonne carrière, très épanouissante. Et ce n’est pas fini ! Il y a plein de belles choses qui arrivent aujourd’hui au niveau du processus de composition pour Demons & Wizards, donc tout va bien.

Qu’est-ce que le jeune Jon Schaffer penserait de toi aujourd’hui, de ta carrière ?

Je pense qu’il serait choqué, possiblement, que ça ait duré si longtemps et que ça ait été une telle réussite au fil de toutes ces années, vu où ça a commencé. Car ça a commencé dans une position très difficile. Donc avec ce que ce jeune gars a traversé il y a trente ans, ou même plus – c’était il y a trente-trois ans –, depuis les débuts de Purgatory jusqu’à ce qui a perduré et s’est produit au cours de toutes ces années, je pense qu’il serait putain de fier.

« Quand je m’investis dans quelque chose, je fais en sorte que ça se produise, je me donne des objectifs pour y arriver, au quotidien, de manière hebdomadaire, annuelle, et j’atteins toujours ces objectifs. Presque toujours. J’ai un taux de réussite extrêmement élevé en ce qui concerne les objectifs que je me fixe. »

As-tu toujours le même rêve aujourd’hui qu’il y a trente ans ou bien l’expérience a-t-elle altéré certaines illusions que tu entretenais peut-être quand tu étais jeune ?

Evidemment, l’expérience a changé… Les jeunes artistes ont la tête remplie d’illusions et ensuite, quand tu rentres dans le business de la musique, tu apprends que c’est radicalement différent de ce qu’étaient tes illusions, mais ça n’entache pas pour autant la motivation. Je veux dire que je suis toujours quelqu’un d’extrêmement motivé. Quand je m’investis dans quelque chose, je fais en sorte que ça se produise, je me donne des objectifs pour y arriver, au quotidien, de manière hebdomadaire, annuelle, et j’atteins toujours ces objectifs. Presque toujours. J’ai un taux de réussite extrêmement élevé en ce qui concerne les objectifs que je me fixe. Tout ça est une question de motivation et de détermination.

L’EP est constitué de cinq vieilles chansons de Purgatory, dont trois qui, si l’on en croit leurs titres, semblent être de toutes premières versions de chansons enregistrées plus tard avec Iced Earth…

En fait, les trois chansons n’ont jamais été enregistrées avec Iced Earth. Ce sont juste les titres qui sont les mêmes ; les chansons elles-mêmes sont à cent pour cent différentes, rien n’a été utilisé. Donc « Jack », « Burning Oasis » et « Dracula », ce sont des titres, c’est tout. Si on écoute les chansons, il n’y a rien de ne serait-ce que similaire. Dans la version de « Dracula » par Purgatory, il y a une partie de basse que Dave Abell a trouvée à l’époque et que nous avons réutilisée plus tard dans une chanson qui s’appelle « Diary » sur Burnt Offerings, mais c’est tout. Sur les autres, il n’y a rien d’autre. C’est donc ce que je voulais dire, il y a des petits bouts de chansons de Purgatory, des trucs qui n’ont même pas été enregistrés professionnellement, qui sont devenus des parties de chansons d’Iced Earth, mais aucune de ces chansons n’a été refaite. Ces trois dont tu parles, la seule ressemblance est le titre, c’est tout.

Ce sont les premières chansons que tu enregistres avec le chanteur Gene Adam depuis le tout premier album d’Iced Earth. Tu as dit que tu n’avais pas été en contact avec lui depuis vingt-sept ans. Comment se fait-il que vous vous soyez perdus de vue toutes ces années ?

Il n’y a eu aucune relation parce qu’évidemment, quand on se sépare ou quand des membres quittent un groupe, que ce soient eux qui partent d’eux-mêmes ou qu’on leur demande de partir, ce n’est généralement pas quelque chose de très drôle à vivre pour qui que ce soit. Donc je pense que ça a été douloureux pour Gene, et ça a été douloureux même pour moi (Gene aurait été remercié du groupe après avoir refusé de prendre des cours de chant, NDLR). Nous nous sommes perdus de vue, nous nous sommes éloignés. Il y a trente ans, il n’y avait pas de Facebook et tous ces trucs. Nous n’avons pas vraiment grandi avec ça, c’est totalement différent pour notre génération. Nous avons donc pris des chemins différents, Gene avait sa propre vie, j’avais la mienne, et quand j’ai vu l’interview qu’il a donnée, comme je l’ai mentionné plus tôt, je l’ai regardée parce que je me suis toujours beaucoup soucié de Gene. Nous étions proches, nous vivions tous ensemble. Nous avons vécu beaucoup de merdes ensemble, certains des pires moments que les gens peuvent imaginer et certains des meilleurs moments. Des choses vraiment dingues, des fêtes complètement folles, des conneries que… Il y aura un livre un jour ! Les gens hallucineront quand ils sauront ce qui s’est passé avec ce groupe qui est devenu Iced Earth. C’est incroyable ! Il y a donc un lien fort qui s’est créé au-delà du groupe. Et quand j’ai parlé à Gene au téléphone, on pouvait ressentir que tous les mauvais côtés étaient partis, les ressentiments et toutes ces conneries appartenaient au passé. Nous nous parlions comme de vieux amis. Quand nous nous sommes retrouvés, nous avons passé toute la soirée à rire et nous raconter des histoires, et je n’ai pas eu besoin de le convaincre de revenir dans Purgatory. C’était juste un commentaire que j’ai fait : « Hey, on devrait enregistrer certaines de ces vieilles chansons ! » Et évidemment, les gars étaient immédiatement intéressés pour faire ça. Pourquoi ne l’auraient-ils pas été ? Et je n’étais même pas sérieux quand je l’ai dit ! J’étais juste là : « Bon sang, ça serait cool ! » Et puis c’est devenu quelque chose de relativement sérieux.

Les autres musiciens participant à cet EP ont tous plus ou moins, de près ou de loin, une histoire avec Purgatory et Iced Earth. Mais pourquoi eux en particulier, alors que l’histoire de ce groupe a connu tant d’autres membres ?

Purgatory n’a pas vraiment eu tant d’autres membres. Il s’agissait surtout de pouvoir faire une production en neuf jours. Il faut des gens qui soient vraiment solides sur leurs capacités en studio. Certains des anciens membres de Purgatory n’ont pas joué depuis… Comme Greg Seymour, il n’a pas joué de la batterie depuis des années, il n’a même plus de kit. On ne peut donc pas aller en studio, faire un album dans une courte fenêtre de temps comme ce que j’avais, faire venir quelqu’un comme ça pour jouer de son instrument et s’attendre à ce que ça fonctionne d’emblée. Il faut des musiciens de session professionnels. Voilà pourquoi j’ai impliqué Mark Prator qui n’a rien à voir avec Purgatory, mais il a joué de la batterie en tant que musicien de session sur quelques albums d’Iced Earth et sur le premier album de Demons & Wizards. C’est un vieil ami à moi, un ingénieur d’enregistrement fantastique et un batteur de session extraordinaire – un batteur extraordinaire, tout simplement –, il sait comment faire le boulot en studio. Donc nous savions que la batterie serait l’affaire d’un jour et demi. Si tu fais venir quelqu’un qui n’a pas beaucoup d’expérience d’enregistrement ou qui n’a pas joué depuis quinze ans, alors tu peux t’attendre à rencontrer des problèmes en studio et tu ne pourras pas finir à temps.

« Nous étions proches, nous vivions tous ensemble. Nous avons vécu beaucoup de merdes ensemble, certains des pires moments que les gens peuvent imaginer et certains des meilleurs moments. Des choses vraiment dingues, des fêtes complètement folles, des conneries que… Il y aura un livre un jour ! Les gens hallucineront quand ils sauront ce qui s’est passé avec ce groupe qui est devenu Iced Earth. »

Et Ruban Drake a joué sur mon projet Sons Of Liberty, il a joué quelques chansons sur le second album de Demons & Wizards, c’est un bassiste et musicien de session en studio de classe mondiale. Ce sont deux musiciens avec lesquels tu sais que les choses seront faites et que la qualité sera au top en très peu de temps. C’est ce dont nous avions besoin. Quand on a neuf jours de production, on a intérêt à avoir des gens qui assurent, qui sont capables d’aller vite. Et Jim Morris a été ingénieur et coproducteur pour Iced Earth depuis Dark Saga, par intermittence au fil des années. C’est un super guitariste, il a joué des solos sur les albums de Demons & Wizards et sur certaines musiques de Sons Of Liberty, et même sur quelques chansons d’Iced Earth. Ça paraissait logique de faire ça à Tampa parce que c’est là où tous les autres gars sont localisés ; ça aurait été compliqué et plus cher de faire venir tout le monde en avion dans l’Indiana dans mon studio pour faire quelque chose là-bas. Nous avons donc fait ça au Morrisound. Enfin, j’ai enregistré toutes mes pistes de guitares chez moi, mais nous avons fait tout le reste de la production au Morrisound.

Purgatory pourrait-il devenir un groupe parallèle à Iced Earth à l’avenir ou cet EP restera-t-il quelque chose d’exceptionnel pour cet anniversaire ?

Ça ne deviendra pas un groupe qui tourne. C’est très, très peu probable. Entre Iced Earth et Demons & Wizards, j’ai suffisamment de pain sur la planche. Ça ne sera pas un véritable groupe, mais il se peut quand même que nous enregistrions d’autres chansons car ça fait partie de notre histoire et c’est amusant à faire. Gene et Bill ont cinquante-cinq ans, j’en ai cinquante, j’essaye de me simplifier la vie, et non de la complexifier, donc je ne vois pas l’intérêt de faire quelque chose comme ça. Nous passons simplement de bons moments à nous retrouver en tant qu’amis et frangins. Nous avons fait de la musique ensemble, et si les gens aiment et que j’ai un trou dans mon emploi du temps plus tard, alors peut-être que nous en ferons plus, mais il est clair que je ne cherche pas à en faire une machine de tournée.

Tu as annoncé des concerts dans des festivals l’année prochaine avec Demons & Wizards, dont le Hellfest, ainsi qu’un possible nouvel album. Quel est le statut actuel de ce troisième album ?

Nous avons des chansons en cours de travail et elles sont très bonnes, et après les fêtes, nous nous remettrons à l’enregistrement. Nous allons passer pas mal de temps pendant la première partie de l’année sur l’enregistrement. Nous devons aussi nous préparer pour les gros concerts. Nous sommes en tête d’affiche le vendredi soir au Wacken et nous avons quatorze ou quinze concerts, dans de grands festivals pendant l’été et quelques dates plus petites en tête d’affiche. On verra pour le nouvel album. En fait, c’est très peu probable qu’il sorte en 2019. Je pense que nous allons viser début 2020. Nous ressortons les deux premiers albums et nous avons des chansons bonus pour le second, c’est sûr, et des nouveaux visuels. Beaucoup de choses vont se passer en très peu de temps. Hansi et moi sommes très touchés et reconnaissants des retours, étant donné que nous n’avons rien fait… Nous n’avions même pas de page Facebook avant il y a quelques semaines et les gens sont dingues ! Jusqu’à présent, les réactions à l’idée que nous fassions un nouvel album sont extrêmement positives. Nous sommes surexcités. Les chansons prennent forme pour devenir quelque chose de plutôt spécial. J’ai un très, très bon feeling par rapport à ça.

Incorruptible, le dernier album d’Iced Earth, est sorti il y a un an et demi. As-tu commencé à penser à son successeur ou même à composer des chansons ? Ou bien as-tu trop de pain sur la planche pour le moment ?

J’ai un million d’idées de chansons, donc ce n’est jamais un problème. C’est toujours qu’une question de travailler sur les arrangements et faire qu’elles prennent vie. Là tout de suite, Iced Earth est en pause, donc nous ne nous focalisons pas vraiment là-dessus. Avec Demons & Wizards, je n’ai pas une minute pour autre chose. C’est à ça que je vais consacrer au moins toute l’année prochaine.

Comment ne t’emmêles-tu pas les pinceaux entre Demons & Wizards et Iced Earth quand tu composes ? Le processus est-il très différent ?

C’est assez différent parce que les chansons que je compose pour Iced Earth, quand il s’agit d’une des chansons pour lesquelles j’écris les paroles et les mélodies de chant, ça me vient généralement très tôt, presque immédiatement. Si j’entends les parties de chant, alors ça sera une chanson que je vais composer pour Iced Earth ou peut-être même Sons Of Liberty, mais c’est quelque chose que je fais faire pour moi. Si c’est un morceau de musique vraiment cool dont les parties vocales ne me viennent pas tout de suite, alors c’est typiquement le genre de truc que je donnerai à Hansi, car il fera quelque chose avec, il entendra quelque chose et l’emmènera ailleurs, et c’est vraiment ça qui crée le monstre. Si je me mettais à écrire les mélodies de chant dans Demons & Wizards, ça sonnerait trop proche d’une chanson d’Iced Earth, et ce n’est pas ce que nous voulons faire. Je fais la composition musicale et les arrangements, et ensuite Hansi ajoute ses mélodies de chant et ses textes, et c’est ce qui crée la marque de fabrique de Demons & Wizards. J’aide Hansi avec les textes s’il le souhaite de temps en temps, mais ça reste largement à sa charge. C’est sa contribution au processus d’écriture. C’est différent. C’est une autre façon de faire.

Interview réalisée par téléphone le 7 décembre 2018 par Philippe Sliwa.
Fiche de questions, introduction, transcription et traduction : Nicolas Gricourt.

Site officiel d’Iced Earth : icedearth.com

Acheter l’album Purgatory.



Laisser un commentaire

  • J’attends ça avec impatience !
    Je dirais même plus avec la patience d’un rhinocéros obsédé sexuel sous mauvais acide comme dirait Terry Pratchett.

    [Reply]

    Thorpedo

    En fait, je pensais surtout au troisième album de Demons & Wizards, pas tellement à Purgatory.

  • Arrow
    Arrow
    Ghost @ Lyon
    Slider
  • 1/3