En lançant Jours Pâles, Spellbound a sans doute flairé que tout irait très vite et que ce groupe demanderait bien plus d’énergie que ce qu’il a pu délivrer auparavant, sur les plans artistique et personnel. La qualité d’exutoire du projet est, pour lui, naturellement le moteur de cette dynamique, qui amène à ce que Tensions survienne moins de deux ans après Eclosion. Indubitablement, des tensions, il y en a eu dans la genèse de ce deuxième disque. Déjà parce que le musicien a dû faire une croix sur la dimension internationale de son line-up aux petits oignons, pour lui redonner une dimension locale, de manière à pouvoir porter ses mélodies sur scène, là où cela était quasiment inenvisageable au moment de l’élaboration du premier opus. Ensuite parce que le musicien voulait pousser Jours Pâles bien plus loin, sur l’ouverture musicale mais aussi sur une exécution plus technique inhérente à sa propre progression à la guitare. Enfin, comme il nous le confie dans l’entretien qui suit, parce que la vie personnelle de l’artiste est chamboulée de part et d’autre. La faute peut-être, et il le reconnaît à plusieurs reprises, à une certaine habitude de mettre sa vie en danger.
Quand nous avons contacté Spellbound pour réaliser cet entretien, il a souhaité profiter d’un moment où il pouvait être totalement seul, entièrement en phase avec lui-même, pour pouvoir discuter sereinement, connaissant notre appétence à approfondir certaines questions, étant désormais habitué de l’exercice avec notre média. Le Cantalien livre à nouveau ses impressions, ses doutes et ses questionnements – tout ce qui façonne le noyau conceptuel de Jours Pâles, en somme –, en élargissant le spectre pour évoquer davantage le monde qui l’entoure que ses tourments personnels avec ce nouveau cycle.
« Ces clins d’œil à Aorlhac sont voulus. Il y a celui à ‘Sant Flor, La Cité Des Vents’ avec ‘Saint-Flour Nostalgie’. Et il y a ‘Ode À La Vie (Chanson Pour Aldérica)’ parce qu’il y a eu, entre Éclosion et Tensions, la naissance de ma fille Aldérica – tu vois jusqu’où va la musique dans ma vie. J’ai aimé faire cette sorte de lien entre les deux projets. »
Radio Metal : L’album Tensions, deuxième album de Jours Pâles, est sorti il y a déjà quelque temps. Quels sont les retours que tu as eus sur cet album-là ?
Spellbound (chant & claviers) : Je suis plutôt satisfait pour l’instant. Nous devons être à une dizaine ou une quinzaine d’interviews tout confondu : radios, magazines, webzines, donc c’est plutôt chouette. Le label m’envoie pas mal de trucs à faire, j’ai pas mal de boulot à ce niveau-là. Je pense qu’il doit y avoir une bonne vingtaine de chroniques pour l’instant, et que j’oscille entre huit, cinq et neuf sur dix généralement au niveau des notes. Je ne peux pas me plaindre ! Pour l’instant les retours sont vraiment classe et l’album a l’air de plaire, donc c’est cool.
Accordes-tu une importance à ce que peut dire la presse spécialisée ?
Sincèrement, pas vraiment. Je fais ça en priorité pour moi, et bien entendu pas que. L’idée est aussi d’intéresser le public, et la presse pourquoi pas. C’est vrai que si les retours sont cool, c’est bien. Je sais qu’il y aura des chroniques de merde ou des gens à qui ça ne plaira pas. Les chroniques c’est cool, ça flatte toujours l’ego, c’est très sympa. Quand c’est profond, qu’il y a des choses qui ressortent et dans lesquelles tu te reconnais quand tu les lis, c’est bien. Mais c’est vrai que, parfois, les chroniqueurs – certains en tout cas – ont tendance à se faire plaisir quand ils écrivent. J’ai l’impression qu’ils écrivent aussi pour eux de temps en temps. Mais globalement, je n’ai pas à me plaindre, et pour répondre à ta question, j’y prête une attention, oui, quand ça sort, tu es taggé de partout sur Facebook et sur les réseaux maintenant, donc tu ne peux pas trop louper. Quand les chroniques sortent, tu es tout de suite au courant ! Si ça plaît, tant mieux. J’ai vu des commentaires assez négatifs sur YouTube ou une chronique par-ci par-là qui a été moins bonne que les autres, et je ne vais ni répondre ni m’en soucier particulièrement. Je laisse couler le truc. Je fais la promo parce que j’ai envie que l’album soit écouté et qu’on en parle, mais je ne vais pas faire une crise si ça parle en négatif. Chacun pense ce qu’il veut, je m’en branle un peu.
Pour parler un peu de ce nouvel album, il commence par le titre « Jour De Pluie, Jour De fête ». Il y a un côté transition, voire presque passage de flambeau, entre Éclosion et Tensions. On retrouve le même champ lexical sur ce morceau et sur le premier opus – je pense notamment au mot « dysthymie » qui n’est pas très fréquent dans le langage courant. Est-ce que ce pont était voulu ou ça s’est fait naturellement ?
Je pense que ça s’est fait naturellement. Éclosion sort en février 2021 et Tensions le 2 décembre 2022. Il n’y a pas énormément d’espace-temps entre les deux, donc il y a forcément une sorte de continuité. Ce n’était pas voulu, je ne réfléchis pas trop. Au niveau de la pochette, il y a une grosse fracture. Musicalement, je pense qu’il y a une évolution, mais je trouve que c’est bien – et c’est peut-être inconscient ou pas, ce n’est pas vraiment réfléchi – qu’il y ait quand même une sorte de continuité. Je n’allais pas passer d’un album comme Éclosion à l’inverse avec Tensions. Je pense que c’est vraiment cool qu’il y ait une patte, une identité et un lien entre les albums.
Cela nous fait aussi penser au titre épilogue de Tensions, « Les Feuilles Tombent », qui évoque lui aussi une ouverture tout en allant plus vers ce que tu disais : une réactualisation des motifs déjà présents au sein de l’album précédent. Je pense particulièrement aux paroles : « Le pétrichor ne devrait plus tarder / Je pourrais alors sentir la nature encore enivrée ». Nous avons l’impression que tu cherches à avoir ta propre dialectique, ton propre vocabulaire pour Jours Pâles.
Oui. Il y a toujours un petit peu Aorlhac en toile de fond, dans le sens où les gens me connaissent peut-être encore plus par rapport à ce projet-là qu’à Jours Pâles qui est un petit peu plus émergent. Aorlhac a des thématiques très ancrées, très « bornées », nous avons un univers. Là, je m’en suis départi complètement dans le sens où c’est très personnel, donc j’essaie de faire remonter à la surface ce qui personnellement me parle. Ça se traduit par ce vocabulaire un petit peu particulier, certains mots un petit peu oublié. Ça fait partie de l’aventure Jours Pâles. Dans les textes, il y a effectivement cette ramification par rapport à Éclosion, peut-être plus encore au niveau des thématiques et des textes qu’au niveau musical. Il y a vraiment ce lien. Je pense que j’ai une petite patte et un monde à moi au niveau des textes. Encore une fois, ce n’est pas vraiment recherché, ni voulu. Je pense que c’est cool qu’il y ait cette continuité et cette sorte de marque, de patte.
« On parle de liberté d’expression, mais c’est juste une blague. Il y a tellement de sujets que l’on ne peut pas aborder, il y a même des lois qui sont créées pour ça. Il y a tellement de trucs qu’on ne peut pas dire. »
Le rapport entre Jours Pâles et Aorlhac semble aussi un peu renforcé car, déjà thématiquement, tu fais des allusions au lieu où tu vis avec « Saint-Flour Nostalgie ». Mais là, par contre, tu traites ça de manière beaucoup plus personnelle. Est-ce que c’est important d’évoquer ça, sans le côté historique que vous avez sur Aorlhac, et d’avoir ton regard à toi ?
Par contre, ces clins d’œil à Aorlhac sont voulus. Il y a celui à « Sant Flor, La Cité Des Vents » avec « Saint-Flour Nostalgie ». Et il y a « Ode À La Vie (Chanson Pour Aldérica) » parce qu’il y a eu, entre Éclosion et Tensions, la naissance de ma fille Aldérica – tu vois jusqu’où va la musique dans ma vie. J’ai aimé faire cette sorte de lien entre les deux projets. Comme tu le disais, il y a le fait que j’en parle de manière beaucoup plus personnelle. Ça change un petit peu la manière d’aborder le truc.
Même musicalement, les titres sont plus longs et plus progressifs, encore une fois comme Aorlhac. Tu nous avais dit au Satanas Ebrietas Conventus que tu avais gagné en technique à la guitare, mais as-tu appris aussi auprès de NKS avec qui tu évolues dans Aorlhac pour en apporter les mêmes dynamiques sur Jours Pâles ?
C’est marrant parce qu’on a dit d’un morceau sur le dernier Aorlhac qui débute par un arpège, « Nos Hameaux Désespérés », que ça sonnait un peu Jours Pâles, ce à quoi j’ai répondu que je n’avais pas le monopole des arpèges dans le monde du metal. Mais c’est vrai qu’il est un peu ressorti ce côté Jours Pâles dans l’introduction de ce morceau, et là, tu me parles de cette sorte de rapport. Je ne crois pas avoir tiré de leçons auprès de NKS qui fait un boulot merveilleux en termes de composition au sein d’Aorlhac. Pour la longueur des morceaux, il y a quasi trois morceaux qui font entre huit et dix minutes sur cet album, et effectivement, la plupart des morceaux sont beaucoup plus longs que sur Éclosion, mais encore une fois rien n’est véritablement prévu à l’avance. C’est venu comme c’est venu et j’ai trouvé ça génial que je puisse développer des compositions, et que je trouve des structures qui amènent un morceau à être aussi long. Ça veut dire que j’ai été prolixe. Pour moi, c’est vraiment cool d’avoir pu développer des thèmes et d’avoir pu faire fonctionner des morceaux qui durent aussi longtemps. Mais je n’ai pas voulu me dire : « Tiens, je vais vraiment essayer de faire des compositions plus longues. » Il n’y a vraiment pas cette idée-là. Les morceaux qui sont très longs sur cet album se sont développés de manière naturelle. Il n’y a pas vraiment de rapport avec le reste.
Si on ressent que Jours Pâles reste un projet intime et personnel, il semble plus se tourner vers l’extérieur, ou en tout cas vers un regard qui n’est plus seulement introspectif mais qui semble présenter une vision sur le monde, sur un quotidien, avec ses ancrages et ses lieux. Ça peut être dans les paroles, comme avec la présence de Saint-Flour, notamment, mais aussi avec les samples ou les riffs qui font écho au passé de Jours Pâles et Aorlhac. Est-ce que pour toi, c’est une évolution naturelle, comme si après l’éclosion il y avait l’inévitable redécouverte du monde ?
C’est très intéressant comme question. Quelqu’un m’a fait une remarque en disant qu’effectivement il y avait « l’éclosion et ensuite les tensions ». Comme si, après la naissance et la découverte du monde, il y avait cette sorte d’évolution et de fait qu’inévitablement on ne peut que faire face qu’à des tensions et des problématiques. Il y a plus de textes qui sont tournés vers le monde dans lequel je vis parce que je ne sais jamais trop comment l’aborder sans être trop extrême. Des fois, je me retiens. On parle de liberté d’expression, mais c’est juste une blague. Il y a tellement de sujets que l’on ne peut pas aborder, il y a même des lois qui sont créées pour ça. Il y a tellement de trucs qu’on ne peut pas dire. C’est une frustration énorme de savoir que si tu parles de certaines choses, tu vas pouvoir tomber sous le coup de la loi. Mais malgré tout, je fais des petites références parce que c’était un besoin irrépressible de faire quelques clins d’œil et quelques passages où je veux dire : « Ça et ça, ça me pose véritablement problème. » Ça reste très personnel parce que c’est juste ma vision sur le monde qui m’entoure et dans lequel je ne me reconnais absolument pas. Comme tu le disais, on sort un petit peu des problématiques d’addiction, de vie personnelle, etc. Même si ça reste globalement très centré là-dessus, il y a cette volonté aussi de parler un peu plus de ce que je ressens sur le monde dans lequel j’évolue.
Il y a une chanson qui s’appelle « Dose(s)» dans ton album et qui semble faire écho directement à la gestion de la crise de la Covid-19 et à son aspect le plus contraignant pour le citoyen avec l’obligation vaccinale. Qu’est-ce que tu voulais vraiment traiter par cette musique ?
C’est ce qu’on a vécu tout simplement, la période, ce que j’en ai pensé, comment ça a été géré – l’absurdité, pour moi, avec laquelle ça a été géré. Je pense que quand tu lis le texte, c’est évasif, sans trop l’être non plus. Je critique assez directement certaines choses et j’avais besoin de lâcher ça. Le riffing était très rock et se prêtait énormément à un texte un peu vindicatif, donc c’était la bonne occasion de déverser un petit peu cette colère. Pour ne rien cacher, pendant la période de composition, et encore plus pendant l’enregistrement de Tensions – l’album porte vraiment bien son nom – j’ai été dans des galères personnelles infinies et infernales, donc ça a été le moyen de me lâcher sur certains sujets un peu plus précis. En l’occurrence, je sais que c’est un sujet clivant. À l’heure actuelle, si quand tu fais du metal extrême, il t’est impossible de parler de sujets « extrêmes », de dire des choses un petit peu extrêmes… Les gens qui vont être choqués de ça, il faut qu’ils écoutent une autre musique !
« À l’heure actuelle, si quand tu fais du metal extrême, il t’est impossible de parler de sujets ‘extrêmes’, de dire des choses un petit peu extrêmes… Les gens qui vont être choqués de ça, il faut qu’ils écoutent une autre musique ! »
L’album s’appelle donc Tensions : quelles sont les différentes tensions que tu y évoques ?
Elles sont déjà personnelles, comme je viens de le dire précédemment. J’ai vécu une période extrêmement tendue dans ma vie pendant toute la période de composition et encore plus d’enregistrement. J’étais beaucoup plus en danger sur cet album, à tous les niveaux, que sur Éclosion. Je pense qu’on arrive à une sorte de point final – en tout cas, en ce qui me concerne, c’est ce que je pense – du monde dans lequel j’évolue et les tensions sont partout. Je pense que de plus en plus de gens l’aperçoivent. Sans forcément entrer dans les détails, j’étais vraiment dans des galères pas possibles. Certaines personnes disent que l’album est limite plus lumineux ou différent par rapport à Éclosion, mais pour moi, c’est l’inverse. J’ai été beaucoup plus en danger sur cet album, encore une fois, à tous les niveaux : la consommation d’alcool était assez énorme, j’ai été plusieurs fois en rupture, j’ai eu des soucis… A la base, « Ode À La Vie (Chanson Pour Aldérica) » est une chanson hommage pour la naissance de ma fille, mais je la raconte d’une manière qui dit que j’espère que sa vie sera meilleure que la mienne, donc c’est une ode à la vie un peu particulière. Il y a eu beaucoup de choses, donc les tensions étaient partout.
Nous avons effectivement ressenti que, au-delà de la mélancolie et de la lassitude, cet album a une forme d’aigreur, de colère, de rébellion qu’il peut y avoir face à ce monde que tu représentes davantage qu’auparavant, mais qui se mêlent quand même à une forme d’espoir, voire presque d’espérance mystique. Est-ce que ce sont ces tensions personnelles, sociétales, qui ont amené la variabilité dans ta musique ou, contraire, ce sont les variations dans tes styles de musique qui t’ont permis d’exprimer autant de choses thématiquement ?
Je pense que c’est d’abord un ressenti personnel qui a fait émerger ces nouvelles compositions et cet état d’esprit qui se retrouve dedans. On dit que « c’est cathartique, ça permet d’extérioriser », et c’est vrai que sur le moment ça fait beaucoup de bien. Quelque part, quand tu fais juste la musique, que tu ne penses pas encore aux paroles, même si les deux sont liées, tu es tellement dans ta bulle que ça permet d’oublier énormément de choses. Cette ivresse musicale est fabuleuse. C’est pratiquement le seul moment où je me reconnecte avec moi-même véritablement, quand je suis perdu dans cet état d’esprit musical et d’envie de composer. Ça ressort toujours de l’intérieur, tout part de là. Après, bien sûr que les choses extérieures ont compté aussi, mais tout part de là. Au départ, c’est vraiment la manière dont je me sens à un instant T qui va faire que je vais me diriger vers tel ou tel style de riffing. C’est une bonne représentation de l’état d’esprit que j’ai au moment où je le fais.
Nous venons d’évoquer la diversité musicale qu’il y a dans Tensions, qui va peut-être encore un peu plus loin. Qu’est-ce qui, justement, t’a mis en confiance pour aller encore plus loin d’un point de vue musical ?
Je ne me mets aucune barrière. Sincèrement, je n’en ai rien à faire des étiquettes. Il y a vraiment deux côtés, car certains pensent qu’il faut définir un style. Je pense pouvoir dire que Jours Pâles est du metal mélancolique, du metal extrême, par les vocaux, par le riffing. Par pas mal d’aspects, ça reste basé sur le metal, Il y a une sorte de « code » que l’on voit bien, mais je n’ai pas de barrière. Il y a aussi eu le fait que j’ai pas mal bossé la gratte – même si je suis toujours incapable de jouer proprement tout ce que je compose, et c’est pour ça que je dis un grand merci aux musiciens qui m’entourent. Mais c’est vrai qu’il y a eu un petit peu d’amélioration et de travail sur l’aspect guitaristique. Je pense que c’est aussi ça qui a porté les compositions un peu plus haut. En tout cas, c’est mon avis. J’aime beaucoup l’album Éclosion, mais je trouve que c’est cool que l’on ressente cette évolution au niveau technique, car les guitares sont encore un peu plus techniques que sur Éclosion, et je pense que c’est par là que je me dirige aussi. Parfois, aussi, tu vas partir sur un riff qui est très simple et efficace, je ne cherche pas coûte que coûte à complexifier quoi que ce soit, mais je pense que ça joue aussi dans le fait que j’ai amené ces compositions à ce niveau-là.
Selon toi, le fait que l’on n’arrive plus à ranger une musique dans telle ou telle case fait partie de l’évolution musicale, et notamment du metal ? Par exemple, quand Cult Of Luna a commencé, personne n’a dit « c’est du post-metal atmosphérique, etc. », on ne savait pas le classer.
Est-ce que tout a été fait avant Jours Pâles, avant Cult Of Luna, avant tout le reste ? Oui et non. Une guitare ça n’a que six cordes… Bon, il y a des douze, huit, sept cordes, très bien, mais est-ce que l’on peut vraiment réinventer ? Non, on ne peut pas. Les puristes diront que le metal est mort après tel ou tel album, après telle ou telle période. Dans Jours Pâles est retranscrit le fait que je ne mets pas vraiment de barrière et que je ne pense pas à me dire que je vais composer un album de black metal. Après, ne pas pouvoir catégoriser la musique c’est chiant aussi quelque part, c’est vrai que l’on aime quand même pouvoir comparer, se dire qu’il y a des influences de ci et ça… Je suis le premier à le faire ! Même si je n’aime pas forcément le faire, tu te dis toujours : « Tiens, ça me fait un peu penser à tel groupe. » Il y a eu tellement de sorties depuis toutes ces années… Je ne veux pas ne pas être catégorisable juste pour pouvoir dire que je me démarque. Ça n’a aucun intérêt. C’est juste spontané. J’aurais presque préféré faire un truc plus reconnaissable, mais pour moi, rester cohérent tout en ne pouvant pas forcément être classifié dans quelque chose, ça reste une bonne chose, même si ce n’est pas réfléchi avant. Pour répondre à la question, c’est compliqué à dire parce que tu as tellement de gens et de puristes, surtout dans le metal, qui vont « penser que… ». Il faut un peu arrêter avec toutes ces étiquettes, il faut s’ouvrir un petit peu là-dessus.
« On dit que ‘c’est cathartique, ça permet d’extérioriser’, et c’est vrai que sur le moment ça fait beaucoup de bien. Quelque part, quand tu fais juste la musique, tu es tellement dans ta bulle que ça permet d’oublier énormément de choses. Cette ivresse musicale est fabuleuse. »
Après, les puristes, ça fait longtemps qu’on n’entend plus trop leur avis. À l’époque ils disaient bien que Dimmu Borgir ne faisait plus de black metal quand ils ont mis plus de clavier [rires].
C’est ça, et si tu t’arrêtes à tout, qu’est-ce que tu fais ? J’essaye juste de livrer la musique la plus sincère possible. Moi qui suis un petit peu extrême sur pas mal d’idées, et très arrêté sur beaucoup de choses, là c’est un domaine où je me permets de me dire : « Fais ce que tu as envie de faire, étiquette ou pas, on sent fou. » Tant qu’il y a des émotions qui passent et que ça me ressemble, c’est le principal.
Nous avons remarqué que dans les crédits de la musique, à la composition, c’est ton nom complet, Florian Lecomte, qui apparaît et pas ton pseudonyme – en tout cas, dans le dossier de presse des Acteurs De L’Ombre. Est-ce qu’il y a une symbolique derrière ça, d’insister peut-être sur un côté davantage personnel et de poursuivre cet exercice de mise à nu au-delà de la musique ?
Encore une fois, ce n’est pas quelque chose de vraiment réfléchi. Je me présente comme Spellbound quand il s’agit du milieu artistique. Je suis très attaché à la langue française et je traîne ce pseudo depuis que j’ai dix-sept piges. Je ne l’ai jamais changé parce que je déteste changer en cours de route. Ça reste mon identité musicale et on me connaît sous ce nom-là. Mais non, il n’y a pas eu de volonté de dire : « Je me mets plus à nu, regardez comment je m’appelle vraiment. » Il n’y a pas de lien. Ça a été présenté comme ça, notamment dans le dossier presse comme vous le signifiez, mais il n’y a pas de volonté particulière ou de message derrière ça.
Le cycle est un élément qui est important dans Jours Pâles, nous en avons déjà parlé. Le cycle de la dysthymie, de l’espoir et du désespoir, des symboles et symboliques ou même de la composition perpétuelle. Tu nous avais confirmé l’été dernier avoir déjà entamé la composition d’une suite à ce nouvel album pour continuer perpétuellement la composition. Et pourtant, s’il y a bien une tension perceptible dans tes travaux, c’est celle de toujours devoir avancer, de devoir dépasser le présent. Comment conjugues-tu ces deux mouvements qui ne sont pas forcément compatibles ?
Je crois que j’ai toujours envie de sortir le plus d’albums possible parce que ma vie est tellement intense et, quelque part, un peu en danger, que je me dis que je peux crever demain. Sans bâcler le travail. Il est hors de question que je sorte un album dont je ne suis pas satisfait, mais il y a quand même cette envie. Je parlais de composition perpétuelle, effectivement, je ne m’arrête quasiment jamais de composer. Pourquoi ? Parce que c’est peut-être aussi le seul élément dans lequel je me reconnais et me sens bien. Même si la musique, c’est aussi l’enfer. Les gens ne se rendent pas forcément compte de ce que ça représente de travailler sur un album quand tu mets tes tripes dedans et que tu es sincère comme ça. Je pense que les gens ne réalisent pas toujours les efforts quotidiens, ce que ça implique dans ta vie, là où ça peut t’amener dans ta vie. Ça peut être salvateur comme ça peut être complètement destructeur. Malgré tout, Jours Pâles s’arrêtera le jour où je vais crever, et en attendant, je compile le maximum d’idées possible parce que ça reste un des seuls trucs dans lesquels je me reconnais complètement. C’est cliché, tu peux dire ce que tu veux : « Le mec dépressif qui fait de la musique », je m’en branle, mais c’est vraiment ça. Tout m’ennuie, pratiquement, à part ça. Forcément, tu cherches ce grâce à quoi tu te sens vivant. Pour moi, c’est la musique. C’est très difficile de tout concilier, mais pour autant, je vais faire ça parce que c’est ça qui me fait me sentir vivant.
La musique t’aide ou elle t’enfonce ?
Ça dépend des périodes. L’environnement musical, les concerts, les fans, etc. font que tu es dans une sorte d’ivresse qui est parfois compliquée à gérer. Alors oui, parfois ça va t’apporter du bon, et parfois, effectivement, quand tu as comme moi une tendance de base assez autodestructrice, que pas grand-chose ne t’intéresse, que tu as déjà une sorte de lassitude permanente sur beaucoup de choses, il m’arrive de voir la musique comme un putain d’ennemi, je ne le cache pas. Il y a des fois où je me dis : « Putain, mais il faudrait que tu arrêtes ça. » Pendant la composition et l’enregistrement de Tensions, j’avais deux choix : soit je vivais comme un miséreux avec ma musique, je lâchais tout et je ne faisais que ça, soit – et ça je ne l’ai compris qu’après coup – j’essayais de compartimenter un peu les choses dans ma vie, sachant que la musique ne remplit pas non plus tout le temps mon planning de huit heures à vingt-trois heures le soir. Ça a été très compliqué.
Nous avons l’impression, parfois, que tu parles de la musique comme tu pourrais parler de l’alcool ou d’une drogue.
Oui, parce que c’est comme ça que je le vis. Tout est lié. Quand je te dis que je retranscris ma vie dans ce projet, c’est les bons et les mauvais aspects. Donc parfois, je la déteste. Parfois, je trouve qu’elle est injuste, elle ne me renvoie pas ce que j’y mets. C’est compliqué. Tu te dis parfois que ça c’est l’ingratitude totale. Pour autant, je l’aime plus que je ne la déteste, je pense, donc voilà pourquoi elle est toujours là.
« Je crois que j’ai toujours envie de sortir le plus d’albums possible parce que ma vie est tellement intense et, quelque part, un peu en danger, que je me dis que je peux crever demain. »
Le logo du groupe représente un Ouroboros qui boit une bouteille, et vu la forme, ça ressemble à du whisky. Que veux-tu illustrer avec ce serpent qui se mord la queue ? Est-ce qu’il y a aussi cette idée de cycle que nous avions déjà évoquée tout à l’heure ?
Oui, c’est le cercle perpétuel des addictions et de l’humain qui répète toujours les mêmes erreurs, tout simplement. C’est représenté par une bouteille de whisky. Je crois qu’il y a un groupe qui s’appelle Totalselfhatred qui avait représenté ça avec un flingue au bout de l’Ouroboros. Mon message c’est cette perpétuelle autodestruction. C’est symbolisé par la bouteille, mais celle-ci peut symboliser plein d’autres choses. Ce n’est pas le whisky pour le whisky. C’est une addiction globalement, et du fait de ne jamais apprendre de nos erreurs. On tourne en rond dans les mêmes cercles perpétuellement.
Un album de Jours Pâles n’aurait pas été tout à fait au complet sans un titre avec du chant féminin. Ici, c’est Natalie Koskinen qui participe au titre « Ode À La Vie (Chanson Pour Aldérica) ». Comment s’est passée cette collaboration ?
Comme à chaque fois qu’on me le demande, je tiens à préciser que je suis vraiment touché, honoré et fier de cette collaboration, comme je l’ai été avec Graf et Ondine ainsi que tous les gens qui ont bien voulu participer à mon projet. Mais là particulièrement parce que Shape Of Despair, c’est vraiment une musique qui me touche profondément. Je l’avais contacté il y a quelques années, mais ça n’avait pas donné grand-chose. Puis, quand j’ai eu du matériel et que j’ai commencé à travailler sur cette chanson, je me suis dit qu’il fallait du chant féminin sur ce morceau, et j’ai vu et entendu la voix de Natalie Koskinen sur ce passage. On sait à quel point les réseaux sociaux régissent nos vies de manière terriblement lamentable, mais pour le coup, ça a aussi certains avantages, dont le fait que j’ai pu la contacter. Quand elle a écouté la démo, elle m’a dit à quel point elle avait été touchée par la démarche et par le morceau, donc elle a volontiers accepté de poser ses voix gratuitement – je le précise parce que certains demandent un billet parfois. Je me souviens de Graf qui, pour le deuxième feat, m’avait demandé un billet de cent balles – ce sont des Lari en Géorgie – et du coup il avait pu s’acheter pas mal de clopes et de bouteilles de vodka avec ça. Mais elle n’a rien demandé, elle a fait ça le plus simplement du monde et en plus, nous avions eu des discussions assez intéressantes et profondes qui ont largement dépassé le cadre de Jours Pâles, ç’a été une très belle expérience.
Tu reviens avec un nouveau line-up qui est plus local et qui te correspond plus. Est-ce que ça te permet d’avancer le projet et de le voir évoluer ?
Oui, complètement. C’est vrai qu’au départ, il y a eu Asphodèles avec des musiciens d’un peu partout. Au premier Jours Pâles, il y avait James Sloan d’Amérique du Sud, Christian Larsson de Suède… Comment faire ? Comment faire pour que ce soit viable géographiquement ? C’était impossible. À moins de faire une date unique et spéciale où tout le monde vient et nous nous éclatons avec un super concert… Ça s’est fait naturellement parce qu’ils se sont tous barrés les uns après les autres, car Christian Larsson et James Sloan n’avaient tout simplement plus le temps. James Sloan a Uada et Christian Larsson a Gloson depuis quelques années, donc ils sont vachement occupés. Ce n’est même pas une question de « ça ne me plaît plus ce que tu fais », c’était vraiment : « Mec, ça a été un plaisir, mais là, malheureusement, on n’a vraiment plus le temps de s’investir comme on voudrait pour continuer à enregistrer de manière qualitative. » Je remercie énormément Alex, le bassiste d’Aorlhac, qui est maintenant à la basse dans Jours Pâles en studio et en live, et qui m’a dégoté deux guitaristes complètement dingues, qui sont assez méconnus de la scène, mais qui font un travail de fou. Le batteur vient de Lyon, donc il se tape à chaque fois deux heures et demie de route pour les répétitions, mais sinon les deux guitaristes, le bassiste et moi-même sommes dans un secteur géographique proche, et ça a changé beaucoup de choses.
Maintenant, nous pouvons faire des concerts, nous pouvons répéter. Nous sommes un vrai groupe, nous nous voyons régulièrement, nous jouons ensemble, nous répétons en vue des concerts et donc ça a tout changé. Il y a aussi la barrière de la langue. Je suis capable de tenir des discussions en anglais à l’écrit et à l’oral, c’est cool, mais il y avait certaines barrières en plus de la barrière géographique. Quand tu veux expliquer un truc précis musicalement parlant en anglais, parfois c’était un peu chaud. C’était un peu des prises de tête là-dessus, mais je ne renie rien, c’était génial d’avoir pu bosser avec ces mecs, parce qu’en plus ce sont des types qui n’ont pas que ça à foutre. Uada vivent de ça chichement mais ils en vivent quand même, donc ils sont tout le temps soit en album, soit en tournée, donc c’était vraiment excellent de collaborer avec James. Mais là, c’est vrai que ça permet de faire évoluer le projet dans le bon sens. Jours Pâles ne s’est jamais aussi bien porté que depuis que nous avons relocalisé le line-up et que nous pouvons enfin penser en termes de groupe, plutôt que moi avec des gars.
« Quand tu as comme moi une tendance de base assez autodestructrice, que pas grand-chose ne t’intéresse, que tu as déjà une sorte de lassitude permanente sur beaucoup de choses, il m’arrive de voir la musique comme un putain d’ennemi, je ne le cache pas. »
Pour la petite anecdote, nous avons croisé ton batteur live, donc également batteur pour Catubodua, au concert de Sylvaine il y a quelques semaines, et il nous a dit qu’il « pleurait du sang » [rires], à apprendre les parties de batterie studio…
Je parlais des musiciens, ils ont un rôle primordial, que ce soit Alex et Alexis pour le studio, mais aussi Stéphane qui complète la guitare pour le line up et Romain qui fait la batterie pour le live, merci à tous ces gars-là ! D’ailleurs, je le dis dans le livret, mais bien entendu qu’il faut les remercier, qu’il faut penser à eux parce que sans eux Jours Pâles n’est rien. C’est vrai que Ben, qui a été le batteur studio pour Jours Pâles, c’est extraordinaire ce qu’il a fait. Je ne connaissais pas ce mec, d’ailleurs nous nous sommes rencontrés au Sobrietas Ebrietas Conventus, et le courant est tellement bien passé… Il a fait un truc de fou. Je vante complètement son jeu, il faut que les gens s’intéressent aux parties de batterie sur cet album. C’est hyper carré, franchement il n’y a pas eu de retouche. Sur Éclosion, j’étais en studio avec un batteur – un de mes plus proches amis à l’époque d’Éclosion, avec qui je ne suis plus en contact maintenant, mais peu importe –, il y a eu pas mal d’édition, il y avait le stress d’être dans le cadre d’un vrai studio avec juste deux jours pour enregistrer, avec des parties un peu techniques et tout. Mais là, sur Tensions, il y a eu zéro editing. Ben est un fou. Il y a du groove, il y a du blast, le mec est hyper complet. Franchement, par rapport à ce qui a été composé initialement, il a changé la couleur de certains riffs de guitare, parce que rythmiquement il a changé pas mal de trucs. Il a redonné une nouvelle saveur à pas mal de riffs et les morceaux sont devenus encore plus intéressants grâce à lui. Il y a donc eu un très gros travail de fond au niveau de la batterie sur cet album.
Puisque tu parles des colorations de l’album, tu nous avais déjà parlé de ton appréciation pour Dark Tranquillity et c’est Niklas Sundin de Mitochondrial Sun et ancien guitariste de Dark Tranquillity qui a réalisé l’artwork. Comment se sont passées la mise en contact et la réalisation de l’artwork ?
C’est comme pour Natalie de Shape Of Despair. Le metal, en tant qu’auditeur, avant même d’être musicien, c’est une énorme passion. Nous l’avions peut-être déjà évoqué à l’époque d’Éclosion, mais c’est Mikael Stanne de Dark Tranquillity qui m’a fait mettre au chant. Dark Tranquillity a donc été pour moi une énorme découverte et encore maintenant certains titres me transportent, même s’il y a eu une évolution, notamment au niveau de la voix de Mikael Stanne, tu ne peux pas gueuler pendant trente ans sans t’abîmer les cordes vocales, il a fallu qu’il réapprenne à chanter. J’écoutais une interview de lui il n’y a pas longtemps, et il racontait à quel point les premières années il y allait en mode « bas les couilles » et il s’est abîmé les cordes vocales avec ça. Il a donc été obligé d’appréhender d’une autre manière son chant et ça a été une vraie problématique. Bref, pour en revenir à Niklas Sundin, étant fan de Dark Tranquillity, je me suis dit que pour la pochette, il n’y avait pas dix mille solutions. Je suis assez à l’aise pour composer, mais je suis assez mal à l’aise et nul sur tout ce qui va concerner les logos et le graphisme. On ne peut pas être bon partout – si tant est que je sois bon pour composer, ça dépendra des appréciations. J’ai un peu du mal à faire passer des idées au niveau visuel. Sur Éclosion j’ai eu la chance que le label me rancarde sur Onodrim et ça a été génial. Et là, je me suis dit que, puisqu’il y a une évolution en termes de musique, pourquoi ne pas aller vers une cassure aussi visuelle ? Ça allait être raccord. Sans grande surprise, je n’avais pas le numéro personnel de Niklas Sundin, donc c’est une nouvelle fois passé par les réseaux sociaux. Je suis allé sur sa page ou j’ai dégoté son mail, je ne me souviens plus exactement. Je lui ai écrit un mail et quelques jours après, il m’a répondu en me disant à quel point le projet était cool et qu’il était partant. Je lui ai tout expliqué, le concept, etc. Je l’ai un petit peu guidé, expliqué les thématiques, et donc il a accepté de faire cette pochette, moyennant finances bien entendu – je remercie Les Acteurs De L’Ombre d’avoir géré à ce niveau-là. Ça s’est passé aussi simplement que ça.
Nous l’avons dit plusieurs fois, nous nous sommes croisés au Satana Ebrietas Conventus cet été, et nous t’avions parlé entre tes deux sets : Jours Pâles et Aorlhac. Il y a quelques photos et nous pouvons deviner que tu avais l’air un peu fatigué [rires]. Est-ce que c’est une expérience que tu réitérerais ou était-ce trop intense d’enchaîner deux sets ?
Je te parlais de Mikael Stanne qui se détruisait la voix tous les soirs sans avoir de technique, quelque part j’en suis encore un peu là, même si, fort heureusement, j’ai appris à gérer ma voix. Je suis maintenant capable de faire plusieurs concerts, plusieurs jours d’affilée. Et je suis aussi capable de faire deux sets en une journée, comme c’était le cas à l’événement dont tu parles. Mais c’est vrai que dans un coin de ma tête, il traîne quand même l’idée que ce serait cool que je prenne des cours de chant pour la colonne d’air, pour apprendre à ne pas forcément me péter la voix comme cela a pu être le cas à certains concerts. Après ce genre de concert, je suis obligé de ne plus véritablement parler, sauf que c’est quasiment impossible parce que tout le monde vient t’aborder, tu discutes, tu bois des bières, etc. Mais c’est vrai que j’ai appris à gérer ma voix et je suis content. Jours Pâles est un projet qui, dans l’ensemble, par rapport à Aorlhac, m’explose moins la voix. Il y a plus de passages clairs et de passages que je peux modifier en live pour faire en sorte que ça ne me nique pas trop la voix. Pour revenir à ta question des deux concerts le même jour, je ne ferais pas ça tous les jours quand même. Nous sommes censés partir sur une tournée avec Jours Pâles en février, c’est cinq dates d’affilée, trois en Allemagne – Munich, Stuttgart et Ulm – et deux en France – Colmar et Lyon. Il me tarde de vivre cette expérience pour voir comment tout ça va se dérouler. Je préfère limite ça à avoir deux sets le même jour. Deux concerts le même jour c’est chaud quand même, je ne le cache pas. C’est intense. Même si Jours Pâles est moins agressif que Aorlhac et demande moins de performance vocale, je me défonce quand même bien aussi. C’est assez contraignant de faire deux concerts le même jour. Pour info, nous avons aussi d’autres plans en cours, des super festivals sur lesquels nous allons pouvoir jouer en 2023. Je suis super content des trucs en open air, ça va vraiment être chouette.
Interview réalisée par téléphone le 28 décembre 2022 par Jean-Florian Garel & Eric Melkiahn.
Retranscription : Aurélie Chappaz.
Facebook officiel de Jours Pâles : www.facebook.com/jourspales
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