En fait l’occasion s’est présentée d’elle-même. Comme nous nous trouvions dimanche dernier à Colmar pour le festival de la Foire aux Vins et que Judas Priest a tenu une conférence de presse avant son concert, nous avons sorti notre Smartphone pour la filmer. Forcément le son n’est pas à la hauteur, du coup on vous a traduit l’intégralité de ces onze minutes d’échanges entre le groupe – enfin plutôt Rob Halford (chant) et Glenn Tipton (guitare) qui parlent plus que les autres membres – et les journalistes.
Généralement, dans les conférences de presse, les médias ont droit à beaucoup de poncifs en provenance des artistes et n’ont finalement pas grand chose à se mettre sous la dent. Dans ce cas précis, on notera tout de même que Glenn Tipton affirme (avec le sourire certes, mais quand même…) vouloir continuer à faire de la musique avec Judas Priest pendant cinq années. Le groupe paraît en tout cas être assez loin d’arrêter définitivement sa carrière. Par conséquent, comme cette conférence de presse donnée dans le cadre de l’Epitaph Tour est à la hauteur, nous la partageons avec vous ci-dessous en vidéo et à l’écrit.
La New Wave Of British Heavy Metal est apparue il y a environ vingt ans (ndlr : à la fin des années 70, nous parlerons donc plutôt de trente ans), et vous étiez au cœur de cette scène. Que pouvez-vous en dire aujourd’hui ?
Rob Halford (chant) : Pour être plus précis, nous sommes apparus un peu avant la New Wave Of British Heavy Metal. Et près de quarante ans plus tard, Priest est toujours au cœur du mouvement. C’est notre plus grande fierté, nous sommes ravis d’être encore là. Comme vous le savez, nous sommes au milieu d’une énorme tournée mondiale. Mais nous partageons la scène mondiale avec tous les autres, tout le monde est important, tout le monde a une valeur. En ce qui concerne la phase NWOBHM, ce n’était que la première vague de ce qui est ensuite devenu un phénomène mondial. Ça a commencé au Royaume-Uni, mais le metal appartient à tous. Cela dit, c’est sympa de se dire que c’est de là qu’est parti le mouvement, parce que c’est aussi de là que vient Priest.
Vous assurez actuellement une longue tournée. Allez-vous sortir un CD ou un DVD live ?
Glenn Tipton (guitare) : Nous avons déjà filmé un concert. Je ne sais pas si on en filmera d’autres. Et on enregistre régulièrement. J’imagine donc qu’il y aura un album à un moment ou à un autre, basé sur la tournée Epitaph. Nous n’avons encore rien décidé, mais je suis sûr qu’il finira par y avoir un album. C’est plus que probable.
Vous jouez beaucoup d’anciennes chansons, mais aussi des nouvelles. Qui décide des titres qui seront joués ?
Rob Halford : Les chansons elles-mêmes, d’une certaine manière ! Évidemment, on en discute entre nous. Pour la tournée Epitaph, ce que nous avons essayé de faire, c’est produire une setlist intéressante. C’est une liste de titres très diversifiée et exhaustive, ce qu’on essaie de toute façon de faire en permanence. Généralement, quand un groupe part en tournée, il fait la promotion de son dernier album. L’an prochain, quand le nouvel album sortira, on donnera peut-être quelques concerts pour faire la promotion des nouveaux titres. Mais aujourd’hui, nous célébrons simplement tout ce que nous avons fait dans notre carrière. Ce ne serait pas juste de dire que tel titre est plus important qu’un autre. Ces chansons nous paraissent seulement plus significatives.
Glenn Tipton : On joue un peu de chaque album studio, ce qui veut dire 17 albums en tout.
Une question pour Richie : il y a eu quelques changements dans le groupe, peux-tu en parler ? (ndlr : allusion au remplacement de KK Downing par Richie)
Richie Faulkner (guitare) : Je ne vois pas de quoi vous parlez. Quels changements ? Il n’y a aucun changement ! (rires) Si je peux en parler ? En gros, l’ancien est parti et le nouveau est arrivé. Ce qui s’est passé a déjà été raconté. Le groupe a simplement pris la décision de continuer avec un petit nouveau plutôt que de ne pas continuer du tout. Pour moi, en tant que fan, c’était une décision importante à prendre. De mon point de vue, les choses se passent très bien. De plus en plus de fans ont l’occasion de voir le groupe avec le petit nouveau, et les choses vont de mieux en mieux.
Nous avons entendu dire que vous jouerez plus de deux heures, ce soir. S’agira-t-il du même show que celui que vous avez donné au Graspop, quand vous avez remplacé Ozzy ?
Rob Halford : Plus ou moins. Si vous avez vu le show, qui est disponible gratuitement sur YouTube, vous savez que c’était un spectacle complexe, avec la musique, les lasers… Beaucoup de gens ont travaillé dans l’ombre là-dessus. Ce n’est pas si facile que ça. Et comme l’a dit Glenn, étant donné qu’on essaie de jouer un extrait de chaque album, coordonner tout ça risque d’être un peu difficile.
Scott Travis (batterie) : (il sort son smartphone) Attendez, on vient de me dire qu’on ne pourra pas utiliser les lasers ce soir en France. Ce n’est pas de notre faute !
Glenn Tipton : On vient de lui dire ! Pas de lasers ce soir…
Scott Travis : C’est une restriction de la part des Français…
Rob Halford : Dommage. Donc ce sera un show différent !
Scott Travis : Mais si vous présentez votre billet, vous pourrez accéder au camion, on allumera les lasers et on organisera une petite rave party ! (rires)
Question pour Richie, mais vous autres pouvez répondre également. En tant que plus jeune membre du groupe, comment as-tu réussi à trouver ta place dans une formation si liée et avec une telle expérience ?
Richie Faulkner : C’est génial d’être dans une position où on peut apprendre tellement. Ils ont beaucoup plus d’expérience que moi, beaucoup plus de bouteille, et avoir des gens comme ça pour modèle, c’est super. Pour ce qui est de trouver ma place… J’ai grandi avec ce style de musique, j’ai été nourri au heavy metal et au hard rock, et comme je l’ai dit, j’étais fan du groupe. Ça n’a pas été difficile de m’intégrer, c’est venu presque naturellement. Au fur et à mesure, je découvre de nouvelles expériences et de nouvelles choses à apprendre. Ces gars-là sont les meilleurs profs du monde.
Vous avez parlé d’un nouvel album pour l’an prochain. À quel stade du processus en êtes-vous ?
Rob Halford : Il est plus ou moins terminé. Ce ne serait pas parole d’évangile que de dire que l’album sortira l’an prochain, mais on fait de notre mieux pour que ce soit le cas. Mais la plus grande partie est déjà écrite.
Glenn Tipton : Oui, on a encore le temps. Notre emploi du temps est costaud, en ce moment : on tourne jusqu’à Noël, puis on fait une pause et on repart sur les routes l’an prochain. Quand on tourne autant, on a besoin de se vider un peu la tête avant d’entrer en studio. Donc on boucle la tournée, et on retourne en studio. Tout ça doit être fait correctement. Il faut faire venir Scott, on n’a encore rien décidé avec Richie… Il y a énormément d’options, on ne sait pas dans quel ordre on va organiser tout ça. Mais ce qui nous occupe pour le moment, c’est la tournée, parce que le programme est très chargé. Mais dès qu’on aura la possibilité d’entrer en studio, on le fera.
S’agit-il vraiment de votre dernière tournée ?
Glenn Tipton : C’est notre dernière tournée mondiale, on l’a toujours dit. Une tournée comme ça s’étale sur un an ou dix-huit mois, c’est un programme très lourd. Ça occupe un sacré bout de votre vie. Mais nous n’allons pas renoncer à donner des concerts. Si certaines occasions nous semblent bonnes, si on peut donner une série de concerts pour la bonne cause, on le fera. Mais c’est la dernière fois que nous faisons une tournée mondiale. Ça peut durer indéfiniment, on pourrait faire ça pendant cinq ans. (sourires)
Rob Halford : Pour nous, ce qui importe, c’est l’héritage de Judas Priest. Il faut savoir quand s’arrêter, quand se retirer du circuit. Pour nous, chaque concert est important. Nous sommes de vrais pros dans notre domaine. Plus on vieillit, plus ça devient partie intégrante de notre processus de réflexion. Par exemple, après le concert de ce soir, nous partons à Berlin. Même Richie commence à ressentir cet état d’esprit ! Soir après soir, on a ça dans le sang. Ce qu’on essaie de faire, c’est de préserver quelque chose. En nous faisant plus discrets et en donnant moins de concerts, on peut préserver Judas Priest beaucoup plus longtemps que si on continuait à faire ce qu’on faire depuis trente ans. Pour nous, il est logique de continuer à donner des concerts, mais pas au même rythme que maintenant.
Dans ce cas, quel sens donner au mot « Epitaph » ?
Rob Halford : Ça devient assez évident en regard de ce qu’on essaie de faire.
Glenn Tipton : En gros, c’est une déclaration finale. On a toujours affirmé que ce n’était pas la fin de Judas Priest. C’est le début de la fin et ça peut encore prendre un moment.
Rob, as-tu des projets avec le label Metal God et Halford, ton projet solo ? Des concerts, un enregistrement d’album ?
Rob Halford : Comme je l’ai toujours dit, Priest est ma priorité. J’ai la chance de pouvoir m’adonner à des activités en solo, toutes très indépendantes, en dehors de Judas Priest. Si j’en ai la possibilité, je ferai quelque chose. Mais Priest est un formidable monstre metal qui consume tout sur son passage, et c’est là que mon cœur et mon implication vont en premier.
Conférence de presse donnée au Festival de la Foire aux Vins de Colmar le 7 août 2011
Traduction : Saff
Site Judas Priest : judaspriest.com
Du beau boulot pour la traduction !
Bravo !
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