Cela faisait six ans que Khold était en hiatus avant de publier cette année Til Endes, son nouvel album, en raison de la création de Sarke par le batteur du groupe Thomas « Sarke » Berglie, qui prête son pseudo à ce projet, et du chanteur issu de Darkthrone Nocturno Culto, avec qui trois albums ont été produits dans le laps de temps. Un hiatus qui faisait lui-même suite à une précédente pause de deux ans, de 2006 à 2008 en raison de la résurrection de Tulus, groupe qui a vu le jour en 1991 et sur les cendres duquel Khold avait été formé en 2000. Et en l’occurrence, aller vaquer dans différents projets et prendre du recul sur le groupe était certainement un bon moyen pour les musiciens de recharger leurs batteries. « Certaines pauses viennent naturellement » explique Sarke, fondateur du combo, et puis « c’était mieux [de se relancer] quand Khold a eu un nouveau management et aussi désormais une nouvelle maison de disque. Les choses semblent bien aller et c’est aussi plus professionnel maintenant. »
Khold se démarque certainement de ses congénères de la scène black metal par un son qui lui est propre. Lorsque – pour schématiser – les groupes de black metal traditionnel jouent vite avec un son plutôt maigre, Khold se caractérise par des chansons heavy plus mid tempo avec du groove. La basse est d’ailleurs très présente dans le mix. « C’est ainsi que nous voulons que la musique sonne », explique Sarke. « Une musique sombre et groovy. Nous ne copions pas d’autres groupes et n’essayons de sonner comme quelqu’un d’autre. C’est pourquoi nous faisons toujours notre propre truc. Il est normal que nous ne puissions pas entendre la basse dans beaucoup de groupes, mais pour nous la basse est très importante. Nous utilisons aussi toujours une batterie acoustique. Pas de trig. Pas de copie de riffs de guitare, etc. C’est purement le jeu des musiciens que l’on entend d’un bout à l’autre. » Un groupe profondément attaché à l’authenticité d’une « vraie musique pour de vrais gens, » avec un album enregistré en deux jours à peine, allant à contre-courant de la course à la perfection qui a fait rage ces dernières années. « C’est stérile » nous dit-il. « Beaucoup de feeling se perd. Certaines musiques sont fabriquées de manière à ce qu’elles soient 100% justes. Mais ce que je veux dire, c’est que le rock et le metal devraient être authentiques. Lorsque j’écoute un album et que j’écoute le batteur, n’est-ce pas super d’entendre vraiment ce qu’il joue, plutôt que d’écouter une boite à rythme ? Je sais que beaucoup de gens se foutent de ça et ça ne me pose pas de problème, je le comprends. Mais moi, j’aime que notre groupe soit ainsi. » Et comment cela se traduit concrètement lors de l’enregistrement de leurs albums ? « Lorsque nous avons enregistré Hundre år gammal, nous avons enregistré tout le groupe en live. Mais cette fois-ci nous avons joué un à un, mais nous avons quand même joué comme si nous étions en live. Nous conservons beaucoup de premières prises. Nous ne nous inquiétons pas du tout des petites erreurs, tant que la prise sonne bien. »
Ceci dit, pour revenir à la particularité du son de Khold, « ne pas copier » ne signifie pas « ne pas s’inspirer », et des sources d’influences, Khold, évidemment, en a, surtout dans les grands classiques du thrash, du heavy, du black et du death. C’est ainsi que Sarke nous balance un listing de groupes dont la plus plus grande majorité provient de ses jeunes années, lorsqu’il s’est mis en premier lieu au metal : « Kreator, Sodom, Exodus, Testament, Sepultura, Slayer, King Diamond, Mayhem, Darkthrone, Obituary, Death, Candlemass, Black Sabbath, Motorhead, et plus encore. » Et Celtic Frost bien sûr, une référence évidente à l’écoute de la musique de Khold. Le batteur nous en parle plus en détail : « J’ai partagé la scène avec Tom Warrior et c’était un grand honneur. Il sait comment créer de l’excellente musique sombre et il est resté fidèle à ça. Il a très bon goût en matière de riffs. » D’ailleurs, pour ce qui est des références, l’album contient une petite surprise par la présence d’une reprise modelée à la sauce Khold du vieux classique de Sepultura « Troops Of Doom » : « Nous avions l’habitude il y a longtemps de jouer cette chanson et nous avons commencé à la rejouer ces derniers temps. C’est une super chanson qui nous va bien et nous nous sommes juste dit qu’elle ajouterait un plus à l’album. » Naturellement, nous lui avons demandé ce qu’il pense de l’incarnation actuelle de Sepultura avec Derrick Green au chant : « Je trouve qu’il fait du bon boulot. » Et naturellement nous lui avons demandé ce qu’il pense de ce que Max Cavalera a fait ces dernières années : « Je ne sais pas ce qu’il a fait ces dernières années. » On discernerait comme un parti pris…
Dans la biographie fournie avec l’album, il est spécifié que « les paroles sont toutes écrites en vieux norvégien pour, de manière parfaitement poétique, renforcer le concept des chansons. » Sarke explique alors que « nous aimons conserver la langue norvégienne à l’ancienne. Les paroles parlent du thème de la mort. Il n’y a pas de lien direct [entre le choix du vieux norvégien et] le concept. Nous voulions juste que les paroles soient un peu différentes. » Puis explique un peu plus le choix du thème : « La seule chose certaine dans la vie, c’est la mort. Khold est un groupe de black metal, alors nous devons écrire à propos de choses sombres. » D’où le titre de l’album Til Endes, qui signifie « jusqu’à la fin ». Puis il tempère : « Je n’écris pas les paroles, donc je n’ai pas à m’impliquer personnellement dans les thèmes. Je ne suis pas particulièrement fasciné par la mort. » Et pour cause, c’est Hilde « Hildr » Nymoen, la femme du chanteur Sverre « Gard » Stokland, qui depuis toujours a la charge d’écrire des mots sur la musique de Khold. « Elle écrit aussi les paroles de Tulus depuis que nous avons débuté, c’était donc naturel pour nous de faire aussi appel à elle pour Khold. Ça s’est juste fait comme ça. […] Elle sait quel type de paroles nous voulons, donc ce n’est pas un souci. Elle fait ça bien mieux que nous, donc nous lui faisons confiance pour cet aspect. Parfois, nous avons des idées à propos desquelles écrire. Lorsque nous commençons à travailler sur un album, elle commence en même temps à écrire les paroles. Alors j’essaie d’intégrer les paroles à la musique de la meilleure façon possible. » Mais elle n’est pas, selon Sarke, pour autant un cinquième membre du groupe, comme on pourrait le croire, « mais elle est très importante pour Khold. Nous aimerions que ça reste ainsi. »
Pour finir et savoir ce à quoi on peut s’attendre de la part du groupe et ses projets satellites, Sarke affirme qu’aujourd’hui tout le monde dans le groupe se « concentre sur Khold. » « Tulus ne fait rien de spécial en ce moment », en revanche « Sarke est en pleine activité. Un nouvel album est prévu pour l’année prochaine. »
Interview réalisée par email le 21 octobre 2014 par Metal’O Phil.
Traduction et texte : Spaceman.
Page Facebook officielle de Khold : /www.facebook.com/Khold.official.