Passé Disarm The Descent (2013), l’album du retour de Jesse Leech, chanteur originel du combo, la pression n’est pas retombée chez Killswitch Engage. Bien au contraire. « A ce stade dans nos carrières, compte tenu de là où nous en sommes, il faut tout donner ou sinon, pourquoi même se fatiguer ? » Voilà l’état d’esprit qui anime aujourd’hui le frontman et qu’il nous relate dans l’entretien qui suit. Et à croire ses propos, la conception de cet opus n’a pas été une partie de plaisir pour lui de part l’exigence qu’il s’est imposé à lui-même. Mais il faut parfois savoir ne pas se reposer sur ses lauriers et se faire violence pour obtenir un résultat qui soit à la hauteur. Ce résultat, c’est l’album Incarnate qui, justement, incarne le meilleur de Killswitch Engage.
S’il y a bien deux termes qui résument une bonne partie de l’interview qui suit, c’est bien « confiance » et « humilité ». Car au-delà de comprendre d’où vient ce nouvel opus, nous avons voulu rebondir sur ces notions qui semblent aujourd’hui – car, de son propre aveux, ça n’a pas toujours été le cas – avoir beaucoup d’importance aux yeux de Jesse Leech. Il nous en parle, donc, en puisant dans sa propre expérience.
Par ailleurs, pour ceux qui avait été séduits par le projet Times Of Grace, monté par Leech avec son compère guitariste Adam Dutkiewicz, sachez qu’ils préparent un second album dont le chanteur nous donne quelques infos à la fin de nos échanges.
« Pour pouvoir créer une musique plutôt authentique, il faut avoir mal. Pour pouvoir créer de l’art qui soit valable, qui ait du sens, auquel les gens peuvent s’identifier, il faut que ça vienne d’expériences difficiles et sombres. »
Radio Metal : J’imagine que la conception de Disarm The Descent a été accompagnée de pas mal de pression, du simple fait que c’était l’album de ton retour. Du coup, qu’est-ce que ça a fait d’être libéré de cette étiquette d’ « album du retour » cette fois, avec le nouvel album Incarnate ?
Jesse Leach (chant) : Ouais, l’étiquette d’ « album du retour », c’est bien de ne plus l’avoir. Mais je dirais que je me suis mis plus de pression pour celui-ci, car je voulais faire le meilleur album possible. Donc autant c’était bien de passer à autre chose, autant la pression était plus grande encore pour moi pour cet album.
Apparemment, l’idée derrière le titre de ce nouvel album, Incarnate, c’est d’ « avoir une forte conscience de qui [vous êtes] en tant que groupe. » Peux-tu nous en dire plus sur ce processus qui a mené à cette conscience et, au final, cet album qui, d’après une de tes dernières déclarations, représente vraiment qui vous êtes aujourd’hui ?
Ouais, c’est vrai qu’il représente vraiment qui nous sommes. Le fait de tourner à travers le monde avec un groupe te change ta vie pour le meilleur et parfois pour le pire. Donc vivre ce processus ensemble en tant que groupe, côté à côte, passer de bons moments, de mauvais moments, des triomphes ou des tragédies, ça aide énormément à grandir en tant que personne. Ça a changé ma vie. Aussi, ça a instillé de la confiance en qui nous sommes en tant que groupe, et de la confiance en moi-même en tant que chanteur. Devoir chanter tous les deux soirs, améliorer sa technique, apprendre à s’occuper de soi, tout ça a joué un rôle dans le rendu de cet album, en terme de technique et d’état d’esprit. Mais pour revenir sur la pression que je me suis mis pour cet album, c’était parce qu’après toutes les tournées et avoir vu tout types de gens et de groupes partout dans le monde, ça m’a fait prendre conscience à quel point cet album est important pour nous et notre carrière mais aussi, simplement en tant que compositeurs, ça nous a donné envie de faire un meilleur travail. Il a donc fallu que je me remette beaucoup en question et, ouais, je me suis mis énormément de pression pour donner le meilleur de moi-même en terme de paroles et de son et je pense réellement que j’y suis parvenu.
Comment définirais-tu qui vous êtes en tant que groupe aujourd’hui ?
Confiant, c’est certain, mais aussi nous nous connaissons bien. Nous savons que nous avons de la marge pour évoluer en tant que groupe. C’est génial, pour nous tous, après tant d’année, de pouvoir reconnaître et avoir l’humilité de dire que nous pouvons encore grandir en tant que groupe, que nous pouvons encore gagner de nouveaux fans, que nous pouvons encore aller à des endroits où nous n’avons jamais été. C’est donc un très bon sentiment parce qu’il y a une confiance mais il y a aussi de l’humilité.
Tu as déclaré que l’album t’as « littéralement rendu fou » et que tu t’es « perdu au cours du processus. » Peux-tu nous en dire plus sur ton implication dans ce processus et comment ça a pu te rendre fou ?
Ca a à voir avec comment je voulais écrire les meilleures paroles possibles et ne pas dupliquer quelque chose que j’avais fait auparavant mais vraiment parler selon où je me trouve aujourd’hui. Et je n’avais pas de réponse à ça. J’ai écrit quelques chansons qui me satisfaisaient, et ensuite je me souviens être en train de travailler sur une chanson et écouter ma démo, tout seul, avant même de l’envoyer aux gars et me dire : « C’est nul ! Ce n’est pas au niveau que ça devrait être. » Et au lieu de la fignoler ou peu importe, j’ai détruit les paroles, j’ai détruit ce que j’étais en train de faire, j’ai effacé toutes les pistes et j’ai dit : « Il faut que je donne plus que ce que je donne actuellement. » Je suis allé chez Adam [Dutkiewicz] pour enregistrer et il s’en rendait compte, il était là : « Tu peux faire mieux que ça, qu’est-ce qu’il se passe ? » Et comme nous sommes amis, nous avons brièvement parlé et il a dit : « Je pense que tu devrais prendre un peu de temps pour comprendre où tu en es avec tes paroles et ton esprit. » Ce que j’ai donc fait, j’ai pris quelques semaines de pause qui ont conduits à de nombreuses nuits d’insomnies, beaucoup d’anxiété et de remise en question. Au final, ça m’a mis dans un état très sombre. Mais j’en suis ressorti avec un nouveau langage, un nouveau point de vue sur la vie. Je pense que c’est ce que reflète des chansons comme « Just Let Go » et « It Falls On Me » où je me questionne beaucoup, des questions que je ne m’étais jamais posé auparavant. Ça m’a amené aujourd’hui à un tout autre état d’esprit, où je me rends compte que j’ai encore énormément de choses à apprendre à propos du monde. C’est profond mais c’est aussi difficile à mettre des mots là-dessus, c’est juste un sentiment. Ça ne fait qu’effleurer là où j’en suis dans ma tête. Je pense que, pour pouvoir créer une musique plutôt authentique, il faut avoir mal. Pour pouvoir créer de l’art qui soit valable, qui ai du sens, auquel les gens peuvent s’identifier, il faut que ça vienne d’expériences difficiles et sombres. Il faut trouver un équilibre entre « je veux encore avoir de l’espoir lorsque j’écris une chanson, je veux que les gens aient un bon feeling » et le fait d’admettre la part sombre et laide qui est en chacun de nous.
Pourquoi t’es-tu mis autant de pression pour cet album en particulier ? Pourquoi était-il si important ?
Tu sais, sur « Disarm The Descent », c’était comme si je faisais mes preuves vis-à-vis de moi-même, du groupe et des fans, et maintenant, j’ai l’impression que c’est le palier suivant, il faut que ce soit d’un autre niveau, il faut que ce soit… mieux, je suppose, ou… tu sais… empli de passion ! Il faut que ce soit ainsi. Car à ce stade dans nos carrières, compte tenu de là où nous en sommes, il faut tout donner ou sinon, pourquoi même se fatiguer ? Nous sommes dans une position aujourd’hui qu’on ne peut pas prendre pour acquise. Tu ne peux pas juste dire : « Ah, on va leur donner cet album, ça ira bien. » Je ne voulais pas ça. Je voulais un album qui… Il faut qu’il soit super. Il faut qu’il soit tout ce qu’il doit être. Et c’est aussi pour les fans ! Nous le devons à nos fans.
« Je sais que j’ai l’occasion de changer quelqu’un ou quelque chose, ce qui en retour pourrait indirectement changer le cours des choses dans le monde. Et je dis ça de façon positive et avec de l’espoir, pas avec de l’égo ou une posture. »
As-tu le sentiment d’avoir un plus grand sens de la responsabilité vis-à-vis de ce que tu proposes aux fans aujourd’hui qu’auparavant ?
Ouais. Il y a plus de gens qui écoutent. Les messages et commentaires, lorsqu’effectivement je lis les commentaires, ce qui n’arrive pas très souvent, car j’essaie de me tenir à l’écart des commentaires sur les réseaux sociaux, mais avec ceux qui me parviennent, il m’est évident que les gens sont touchés par mes paroles. Et la musique a été un sauveur pour moi, ça a été une thérapie. Donc le moins que je puisse faire, c’est écrire en ayant ceci en tête et avec un peu de chance, en me livrant totalement, ils peuvent s’y identifier et en tirer quelque chose qui affectera leur vie. J’ai l’impression que c’est une responsabilité que je me donne en tant qu’artiste parce que les gens écoutent et parce que ça leur importe. C’est ça la musique, pour moi. Il faut que ce soit réciproque. Ce que j’obtiens de la musique et l’amour que j’en ai, il faut que ça se retrouve dans ce que je fais pour les gens.
La musique de Killswitch Engage a toujours été un mélange d’agressivité et de mélodies, mais on dirait qu’avec Incarnate tu as choisi de te concentrer plus sur les mélodies et l’accroche. Pourquoi ?
Tout d’abord, je voulais être sincère par rapport à qui je suis. Je vais être honnête avec toi, il y aurait eu plus de chant clair [petits rires] si Adam n’avait pas été là : « Il faut que nous fassions bien attention à équilibrer, » et je suis content qu’il ait fait ça, c’est pour ça que c’est lui le producteur. Mais pour ma part, je voulais apporter une émotion à cet album qui ne peut simplement pas être captée avec des cris et hurlements. Il y a avait une certaine vulnérabilité que j’avais besoin de montrer aux gens et qui, à certains égards, devait venir d’une voix plus douce, avec un son plus vulnérable, comme lorsque tu parles de toi et que tu te sens perdu ; tu peux soit le crier et le faire vraiment bien ou le dire calmement à quelqu’un, avec un certain regard. Et je voulais faire parler une voix plus douce là où les cris ne pouvaient pas. C’était donc important pour moi qu’il ait plus de mélodie. Et pour ce qui est du côté accrocheur, chanter lorsque tu as des gens qui chantent avec toi, pour moi, c’est magique. Il n’y a rien de comparable en ce monde. Si la dernière fosse de concert que j’étais amené à voir était remplie de gens qui chantent en chœur, je serais heureux. Car ça signifie qu’un lien s’est établi. C’est donc important pour moi. Et en dehors de ça, j’adore les accroches lorsqu’elles sont bien faites sans sonner mielleuses et pop. Lorsque tu écris de la musique accrocheuse, il y a une étroite limite où soit les gens vont apprécier, soit ils diront : « Oh, je n’arrive pas à me sortir ça de la tête, ça craint ! » [Rires] Donc je ne voulais pas écrire quelque chose qui en arrive là mais je voulais aussi que les gens puissent chanter en chœur, que ça les suivent, et j’étais très précautionneux avec les mots que je choisissais pour rendre ça accrocheur, pour qu’avec un peu de chance ça devienne un mantra positif pour les gens. Lorsque ça reste en tête, c’est qu’il y a quelque chose qui est dit, ce n’est pas que des conneries abrutissantes comme la musique pop.
On dirait qu’un des thèmes principaux sur cet album c’est le fait de surmonter la négativité et trouver la confiance, avec des chansons comme « Strengh Of The Mind », « Embrace The Journey… Upraised » ou « We Carry On ». Est-ce que ces paroles ont été alimentées par des expériences personnelles ?
C’est un mélange d’expériences personnelles et d’observations de la vie d’autres personnes dans mon cercle de proches amis et familial ainsi que des fans ; il y a une chanson pour une fan, à propos de son vécu de violence conjugale et de sa survie à la maltraitance. Ça vient donc de plusieurs sources. Ce n’est pas que moi, mais c’est aussi ma perception de comment les gens ont géré leur vie, ce qu’ils ont traversé, les regarder et me mettre à leur place, observant et me demandant : « Est-ce qu’ils ont pensé ça ? Qu’est-ce qu’ils ont pensé ? » Ce genre de curiosité en tant que parolier, et pouvoir écrire d’une telle façon que l’auditeur peut tirer ses propres conclusions et créer sa propre histoire. J’ai donc fait attention à trouver de l’inspiration dans différentes choses.
Tes chansons ont toujours des messages forts à partager avec les fans. Pourquoi est-ce si importante de les partager ?
Ce sont des messages qui véhiculent des sentiments généraux, oui, mais je n’aime jamais être trop spécifique avec le message, car ça pourrait gâcher la connexion personnelle et l’interprétation de l’auditeur. Donc je pourrais écrire une chanson où je pourrais dire : « Cette chanson parle de ça, et seulement ça » et l’auditeur pourrait l’écouter et dire : « Oh, moi, lorsque je l’écoute, c’est plutôt ça. C’est ça que ça veut dire pour moi. » Cette connexion directe qu’ils ont avec ma musique est souvent plus puissante que le sujet lui-même sur lequel j’écris. Je fais donc très attention à être ambiguë, où je peux par exemple dire : « Cette chanson parle de violence conjugale. » Je n’entrerais pas trop dans les détails parce ça ne parle pas que de violence conjugale, il y a d’autres facteurs qui font l’histoire, et je pense que c’est ça la beauté de l’art et de la musique, c’est de ne pas trop expliquer les choses.
Dans le clip vidéo pour la chanson « Strengh Of The Mind », on te voit écrire à la main sur un calepin les paroles de la chanson. Est-ce ainsi que tu trouves la force de l’esprit (« strengh of the mind », NDT), à travers l’écriture ?
Ouais, ça en fait partie. L’écriture, la médiation, en étant complètement seul, et les montagnes et le désert ; je suis en paix dans ce type d’endroits. Et ensuite il y a les gens dans ma vie, le fait d’avoir des conversations, être honnête avec quelqu’un à propos de quelque chose de vraiment profond, et ensuite obtenir les retours des gens, aller chercher de l’aide, si tu veux, que ce soit via la psychothérapie ou bien un ami. Toutes ces choses m’ont un peu aidé à trouver la force de l’esprit.
« Je dirais qu’avant j’étais un petit trou du cul pompeux et suffisant. J’avais beaucoup à apprendre ! »
A propos de cette humilité que tu as mentionné, qu’est-ce qui t’a fait prendre conscience que tu avais besoin d’être plus humble ?
Le fait d’avoir parcouru le monde. Voir le monde, rencontrer des gens venant des quatre coins du monde. De petites choses comme le fait de se retrouver en haut d’une montage dans un temple bouddhiste, à écouter le chant des moines, tout en sachant qu’ils font ce genre de choses depuis plus de cinq cent ans. Le fait d’avoir une discussion avec un Africain qui a vécu l’Apartheid et qui sait ce que ça fait d’être l’esclave de quelqu’un. Toutes ces choses te changent et te font vraiment prendre conscience de tout ce que l’on vit en tant qu’humains, à quel point j’ai de la chance de faire ce que je fais, d’avoir l’opportunité de voyager à travers le monde et vivre la vie que je vis. Autant je lute avec certaines maladies mentales, addictions et peu importe ce que j’ai à gérer, autant par rapport à d’autres personnes ça paraît dérisoire. Tu ne sais jamais à qui tu parles, tu ne sais jamais de qui tu es entouré, et bien se connaître et être humble, c’est très important parce que c’est ainsi que tu apprends des choses, c’est véritablement comme ça que tu apprends, pour devenir un réceptacle à humanité. Je sais que je suis un musicien, je ne suis pas quelqu’un qui peut… Comment exprimer ça… Je suis humble par rapport à ma position mais je sais que j’ai l’occasion de changer quelqu’un ou quelque chose, ce qui en retour pourrait indirectement changer le cours des choses dans le monde. Et je dis ça de façon positive et avec de l’espoir, pas avec de l’égo ou une posture.
Lorsque tu es un artiste populaire, tu peux facilement devenir arrogant. Comment parviens-tu à maintenir cette humilité ?
Je pense que c’est juste par de l’introspection et une conscience de soi, et en s’examinant – tu sais, c’est ce qu’on dit aux States : « fais-toi examiner la tête, va te faire examiner. » Je crois que ça vient simplement du fait d’écouter les gens lorsqu’ils te parlent, prêter attention lorsque tu fais une erreur et que tu blesses quelqu’un ; de petites choses. La clef c’est d’être attentif, de savoir. Tu n’apprendras rien si tu ne te pointe pas d’abord toi-même du doigt dans une situation donnée. Au lieu de blâmer tous les autres, il faut vraiment que tu restes en contact avec qui tu es. Ça se fait au quotidien, tu sais. Tout le monde a des moments où il perd le contrôle, où il perd la perspective sur les choses mais, tu vois, j’essaie toujours de me recentrer. Il se peut que j’emprunte telle ou telle voie mais j’essaierais toujours de trouver mon équilibre.
Plus généralement, comment comparerais-tu le Jesse Leech qui a démarré le groupe en 1999, celui qui l’a quitté en 2002 et celui que tu es aujourd’hui ?
[Rires] Sans y réfléchir en détail, je dirais qu’avant j’étais un petit trou du cul pompeux et suffisant. J’avais beaucoup à apprendre ! Tu sais, lorsque tu sors de l’adolescence, que tu entre dans ta vingtaine et que tu crois tout savoir, je pense que j’étais un peu comme ça sans même m’en rendre compte. Et je n’étais pas confiant, j’avais un grand manque d’assurance. J’ai laissé mon manque d’assurance prendre le meilleur de moi-même, car je n’avais pas la force ou les outils pour le surmonter. Poliment, je dirais qu’il fallait que je grandisse encore pas mal, et il fallait que je fasse l’expérience de la vie, et il fallait que je traverse des trucs assez durs pour en arriver où j’en suis. Il fallait que je traverse tout ça. J’ai dû traverser des trucs vraiment merdiques pour en arriver où j’en suis. Donc aucun regret. Mais ouais, je suis bien dans ma peau maintenant. Ce qui n’était pas le cas à l’époque.
Quels conseils donnerais-tu aux jeunes musiciens pour qu’ils trouvent, à la fois, la confiance et l’humilité ?
Travaillez dur, travaillez très dur. Ne vous relâchez pas. Ne prenez rien pour acquis. Lorsque vous pensez que ça marche pour vous, revenez à la réalité et rendez-vous compte qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire. Mais aussi sachez vous aimer, trouver du plaisir dans ce que vous faites. Acceptez de faire des erreurs. Toutes ces choses. C’est un périple. Et c’est différent pour tout le monde. Ce ne sera pas pareil pour toi que pour quelqu’un d’autre. Donc essaie de garder ça en tête lorsque tu as à faire à des gens qui ne sont pas sur la même trajectoire de vie que toi, et essaie de ne pas les juger. Et accepte les gens qui s’inquiètent pour toi et qui veulent te donner des conseils, soit ouvert à ce genre de chose. Voilà de façon générale ce que je dirais. Souffrez pour votre cœur aussi, laissez-le vous détruire aussi, je pense, si vous voulez en ressortir quelque chose qui compte. N’ayez pas peur d’aller dans cette part de votre cerveau qui vous effraie.
Peux-tu nous donner des nouvelles de Times Of Grace ? Je sais que vous travaillez sur un successeur à Hymn Of A Broken Man. Quel est le statut actuel de ce projet ?
Il y a environ six démos en cours mais là tout de suite, avec la sortie de cet album et la tournée, je ne sais pas quand nous aurons du temps de travailler dessus, mais nous sommes surexcités à l’idée de sortir quelque chose de très différent de l’album précédent et qui soit tout aussi ambitieux, je dirais, au niveau acoustique et aussi de la lourdeur. Mais nous essayons sciemment de ne pas avoir beaucoup de cris, voire pas du tout, pour créer un style différent et faire en sorte que ça s’éloigne plus encore de ce que les gens connaissent dans Killswitch Engage. En dehors de ça, difficile à dire. Je n’ai entendu les démos qu’une seule fois parce qu’Adam est très secret par rapport à ça [petits rires], mais de ce que j’ai entendu, c’est bluesy, c’est acoustique, il y a des chansons qui sont vraiment épiques, énormes et ouvertes, et il y a plein d’arrangements atmosphériques à la guitare. Ce sont donc des trucs atmosphériques lents et un peu funèbres qui côtoient d’autres trucs bluesy, mélancoliques et plus ou moins acoustiques.
As-tu d’autres projets dans les tuyaux ?
Il y a un album d’Empire Shall Fall que j’essaie de faire depuis ces trois dernières années, environ, [rires] mais, tu vois, entre le syndrome de la page blanche et toutes les tournées, c’est un peu tombé à l’eau pour le moment. Mais je pourrais toujours y revenir plus tard. Et j’ai aussi quelques trucs solo en cours, mais ce n’est clairement pas metal [rires], c’est très loin du metal. Ce sont des trucs dans une veine trip-hop dub atmosphérique. C’est vraiment le genre de trucs que j’adore mais tu n’entendras jamais ça dans un album de Killswitch Engage [rires].
Interview réalisée en face à face le 18 janvier 2016 par Valentin Istria.
Fiche de questions : Philippe Sliwa et Nicolas Gricourt.
Retranscription : Valentin Istria.
Traduction et introduction : Nicolas Gricourt.
Site officiel de Killswitch Engage : www.killswitchengage.com.
Excellente interview, on en apprend beaucoup de ce grand homme qu’est devenu Jesse Leach. Il me tarde d’écouter le prochain Killswitch Engage, ça annonce du lourd !
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très sympa cette interview!!!
il a l’air d’être à la fois humble et torturé, ce mister Leach.
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