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Interview   

Klogr : la conscience des contrastes


On ne peut pas dire que Klogr ait chômé depuis sa formation en 2011. Après un premier album, Till You Decay (2012), un EP, Till You Turn (2013), les Italiens – dont le patronyme se prononce kay-log-are, en référence à la loi de Weber-Fechner comme nous l’expliquait le leader Rusty il y a un an – reviennent en ce début d’année avec un second opus intitulé Black Snow, sorti le 11 mars dernier, et une tournée de 23 dates en compagnie des Américains de Prong. Mais le nouveau guitariste Eugenio, fraîchement arrivé dans le line-up en septembre 2013 mais déjà très impliqué et concerné que nous avons rencontré récemment, avoue que « l’enchaînement rapide des albums s’est plus fait de manière naturelle que du fait d’une volonté véritable d’aller vite. » Pas de plan sur la comète donc, et même s’il l’espère, le groupe ne saurait dire s’il suivra cette cadence et si le troisième opus verra le jour en 2015. Leur tête est désormais tournée vers les shows à venir, « enthousiastes et impatients de faire découvrir leur musique en live aux gens », dont celui de Paris le 4 avril prochain.

Et c’est d’ailleurs là que les difficultés commencent : Klogr est un projet, réunissant les musiciens de Timecut et le chanteur Rusty, dont les membres ne sont pas tous, comme pour beaucoup de formations, des musiciens à plein temps. « C’est en fait la raison pour laquelle, malheureusement, Giampi (l’autre guitariste) et Ste (le batteur) ne prendront pas part à la tournée », nous explique le guitariste. « En fait, le line-up de Black Snow est composé de cinq personnes alors que sur la tournée nous devrons être quatre. Je prendrai la place de l’autre guitariste et Rusty jouera la guitare et, bien sûr, chantera, alors que la batterie sera prise en main par un batteur de session (Maicol). » « Ça a été difficile pour ceux qui ont des boulots » déplore-t-il, avant de clarifier son cas : « Personnellement, j’investis toute ma vie dans la musique, y compris dans ce projet, exactement comme le fait Rusty. C’est une question de choix. Chacun a ses propres priorités dans la vie. » Mais il précise : « Deux gars ne feront pas cette tournée mais ils font toujours partie de Klogr. »

Car l’essentiel pour Klogr, ce qui les réunis véritablement, reste la création musicale. « D’un point de vue musical, chaque musicien apporte sa propre influence et contribution au projet » nous explique Eugenio. « Les paroles, elles, sont plus un concept personnel de Rusty. Il a des paroles qu’il avait écrites il y a un bout de temps et d’autres qu’il a écrites tout juste au moment d’enregistrer. Le contenu des paroles provient donc principalement de Rusty mais aussi de Todd Allen, un ancien bassiste de Klogr qui vit aujourd’hui à San Diego, en Californie. Mais pour ce qui est de la musique c’est un travail vraiment collectif. En général Rusty et Ste se rencontrent au studio pour jammer sur des idées et des riffs. Rusty apporte ces derniers et Ste rajoute son groove par dessus. Ensuite toutes les chansons sont transmises à Giampi et Joba, respectivement l’autre guitariste et le bassiste, qui apportent leurs contributions personnelles. Pour ma part, je suis arrivé en septembre donc j’ai dû m’adapter. » En sus, Eugenio confirme que le fait que Rusty soit producteur, en plus d’être chanteur, guitariste et compositeur, est un véritable atout. Ses compétences permettent ainsi au groupe à la fois de gagner en maîtrise de son propre son et ne pas reproduire certaines erreurs.

Difficile de mettre véritablement une étiquette sur la musique de Klogr. Rock alternatif, grunge, néo metal ? Peu importe, c’est de la musique ! Et « tout se fait très naturellement » affirme Eugenio. « Nous écoutons tous différents types de musique mais nous avons aussi une ligne directrice. Il y a des groupes que nous aimons tous, comme Alice In Chains, peut-être Staind, Soundgarden, Tool, A Perfect Circle, Metallica ou Led Zeppelin. Il est donc facile d’écrire de la musique lorsque nous avons le même état d’esprit mais n’importe qui peut aussi mettre un peu d’épice dans le processus d’écriture, dans la mesure où chacun de nous écoute des genres de musique différents. »

Encore une fois ce sont des sujets de fond sur la société et la nature humaine qui servent de base à la musique de Klogr. Et, à ce titre, Black Snow pourrait bien paraître encore plus sévère que ne l’était Till You Decay. Rusty avait notamment déclaré que « ce qui était supposé être une évolution s’est révélée être une pollution environnementale et intellectuelle menant à l’auto-destruction. » Pourtant, selon Eugenio, il y a de l’espoir pour notre société et notre planète. D’ailleurs, l’album « contient autant de positif que de négatif », comme peut l’attester la musique souvent lumineuse dans ses refrains, contrastant avec des couplets et riffs plus sombres. Ce n’est pas un « album globalement agressif ou négatif, c’est plus un avertissement par rapport à la situation de notre planète qui est actuellement polluée. » Et avec ce titre d’album, Black Snow, l’idée était de dénoncer et réveiller les consciences sur le fait « que cette pollution pouvait noircir même quelque chose d’aussi pur et innocent qu’un flocon de neige. »

Il n’est donc pas étonnant de voir la formation à nouveau soutenir l’action de Sea Shepherd, ONG maritime vouée à la protection des créatures marines, dont nous parlait déjà Rusty l’année dernière. La chanson d’ouverture de Black Snow, « Zero Tolerance », a été écrite justement en soutien à Sea Shepherd et son titre provient du nom de l’une de leur mission. « Cette mission a été organisée il y a un an ou deux – je ne sais plus exactement – dans la baie de Taiji au Japon » nous explique Eugenio. « Le fait est que chaque année les dauphins sont massacrés. Donc « Zero Tolerance » est un hommage à cette mission. Klogr soutient de manière très active Sea Shepherd en simplement partageant le message. Il n’est pas question de dire aux gens comment vivre leur vie car tout le monde peut faire ce qu’il peut. C’est juste une question de dire « hey mec, tu viens à nos concerts, tu aimes notre musique ? C’est bien ! Dans ma musique je te dis que à cet endroit, ces gens font des choses horribles, ils tuent les dauphins et les requins. » Je pense que ce n’est pas bien mais je partage simplement l’information et c’est de cette manière que Klogr soutient Sea Shepherd. »

Klogr, voilà donc un groupe qui allie habilement le plaisir d’un metal/rock très actuel avec les prises de conscience sur l’avenir de notre planète et nos sociétés. Et s’il parvient à affiner et affirmer sa musique, et vaincre les difficultés qui se dressent sur sa route, Klogr pourrait devenir une force sur laquelle compter à l’avenir. Il en a en tout cas la détermination.

Interview réalisée par téléphone le 11 mars 2014 par Metal’O Phil.
Article rédigé par Spaceman.



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