Au final, rien n’est jamais vraiment identique avec Klone. La volonté d’éviter la répétition et la monotonie transparaît à chaque opus, des accents sombres de Black Days (2010) aux variations progressives et sous-accordages ponctuels de The Dreamer’s Hideaway (2012). Leur nouvel album, Here Comes The Sun, contribue lui aussi à faire de leur musique une entité quasi « organique » en constante évolution. Klone n’a pas l’angoisse de dérouter l’auditeur ou de s’inscrire dans une lignée musicale unique et de l’affûter à outrance. Il délivre sincèrement sa musique et nous laisse le soin d’appréhender ce qui est proposé, hors de notre zone de confort. D’emblée, Here Comes The Sun est limpide sur un point : il refuse la paresse.
Une forme de délicatesse crépusculaire persiste tout au long de l’écoute. Aucune composition ne vient ternir l’atmosphère proposée par Klone, au contraire, chacune l’échafaude. Celle-ci est sans cesse mouvante, parfois empreinte d’une forme de légèreté à l’image de « Gone Up In Flames », composition léchée, addictive et aux allures de single potentiel qui rappelle indéniablement l’esprit de The Police, notamment dans le placement du chant de Yann Ligner qui fera facilement penser à ceux très caractéristiques de Sting et de ces harmonies sophistiquées sous un emballage pop. D’autres ambiances plus graves lui succèdent à l’instar de « Grim Dance », « Nebulous » et le bien nommé « Immersion » se clôturant toutes trois par des riffs plus « cathartiques ». Pour répondre à l’exercice malaisé de la catégorisation, Here Comes The Sun semble puiser ses influences dans le rock progressif : « Gleaming » et sa ligne de basse fait écho à Porcupine Tree lorsque le pont de « Fog » remémore davantage les œuvres solo de Steven Wilson. L’intensité de « The Last Experience » ou l’ambiance post-rock d’ « Immersion » s’assimilent à celles délivrée par Isis ou encore Cult Of Luna.
La question de « l’intensité » est justement ce qui fera sans doute jaser futilement les détracteurs du groupe et dérangera au premier abord les habitués de sa musique. Here Comes The Sun laisse la part belle aux constructions mélodiques, en évinçant le recours aux distorsions. Est-ce pour autant un choix qui altère la puissance des compositions ? Absolument pas. C’est la cohérence globale de l’œuvre qui lui donne son cachet, à l’image d’un album de Pink Floyd ou de Tool. Here Comes The Sun démontre que Klone excelle dans cet exercice, sans jamais se dénaturer et perdre en originalité.
Issu du financement participatif, Here Comes The Sun pourrait se faire étendard de ses mérites. Ainsi, Klone a pu nous le proposer et l’on s’en délecte. Où est la pertinence de la critique de ces méthodes lorsqu’elle est accompagnée par la transparence et qu’elle n’est au final motivée que par certains préjugés ? Here Comes The Sun est un album gracieux, délicat, en constante recherche de l’exquisité et qui parfois, se paie le luxe de l’atteindre. Klone ne se moque de personne.
Ecouter « Nebulous » et « Immersion » :
Excellent article qui reflète bien la puissance tranquille de cet album que je qualifierai personnellement de chef d’oeuvre! Je ne peux tout simplement plus faire autrement que de l’écouter en boucle et je ne suis pas prêt de m’en lasser! J’ai été frappé par « Gone up in flames » et je me suis dit bordel ils remettent The Police au goût du jour! Si ses détracteurs lui reprochent son manque de distorsion c’est qu’ils n’ont rien compris car il est aussi puissant que subtile. Un vrai bonheur.
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