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Interview   

KMFDM : l’art industriel dans tous ses états


KMFDM, une des formations fondatrices du metal industriel, est un de ces groupes qui trouve, en partie, son moteur dans l’indignation et la colère. On pourrait croire, de ce fait, que son leader Sascha Konietzko est un homme amer. Mais pas du tout. C’est un homme qui n’hésite pas à se questionner sur ce qui se passe dans nos sociétés et à partager ses sentiments pour sensibiliser et faire réfléchir ceux qui veulent bien l’écouter. Et pourtant, comme il l’avoue lui-même, KMFDM c’est aussi, surtout, beaucoup de fun.

Voilà l’ambivalence, cette liberté de ton, à laquelle il fait référence en nommant son nouvel album Kunst, soit « art » en français. L’art qui peut prendre des formes très diverses. Preuve en est le contenu varié de l’album, à l’image de la discographie du groupe. La musique de KMFDM se veut avant tout stimulante, que ce soit physiquement ou intellectuellement : KMFDM veut faire réagir l’auditeur, le poussant à secouer la tête sur les rythmes industriels infectieux, et le faire cogiter sur ce qui se passe autour de lui.

Ce qui est certain, c’est que Konietzko est avant tout un homme curieux et désireux de comprendre le monde. A la fin de l’interview qui suit, il s’est mis à inverser les rôle pour nous questionner sur la politique française. N’y voyez pas de notre part, dans la restranscription de ce dialogue, une volonté de politisation – nous avons été les plus neutres possibles – mais il est intéressant de voir les réactions de l’homme à nos réponses.

« KMFDM est pour moi un groupe qui appartient à un cercle artistique où il s’agit d’être franc et direct. Je n’y peux rien, c’est ma personnalité. »

Radio Metal : La dernière fois que nous avons discuté, tu m’as dit qu’il allait y avoir deux groupes pour accompagner KMFDM, un pour l’Europe et un pour les États-Unis. Tu m’as aussi dit que les deux participeraient à l’album. Comment les choses se sont mises en place, concrètement ? Comment as-tu organisé le groupe pour cet album ?

Sascha Konietzko : Je pense que ma déclaration à l’époque a été un peu prématurée parce que quelques jours après qu’on ait discuté au Motocultor, j’ai dû virer tout le groupe parce qu’ils devenaient tous un peu dingues [rires] ! Maintenant, c’est retour à la case départ avec le line-up d’origine et le groupe allemand n’existe plus.

OK, mais tu m’avais dit que tu avais pris la décision d’avoir deux groupes parce que le groupe américain était épuisé…

Le problème avec le groupe américain, c’est que ça aurait coûté très cher de tous les faire venir ici juste pour un concert par-ci par-là. Je me suis demandé comment faire au mieux et j’ai commencé à mettre un groupe européen sur pied, mais malheureusement, ça n’a pas fonctionné.

Est-ce que ça signifie qu’à cause de ça, vous allez moins tourner en Europe ?

Non, ce qu’on va faire, c’est qu’on va effectivement tourner en Europe de temps en temps avec un set électronique. On est seulement trois, donc on n’a pas besoin de faire venir tout le monde à chaque fois. On va jouer un set totalement différent, complètement électronique.

À propos de l’album Kunst : la première chanson – qui donne son titre à l’album – signifie « art » en allemand. Elle contient énormément d’allusions à d’anciens hits de KMFDM comme « Juke Joint Jezebel », « A Drug Against War », « Attak/Reload » etc. Est-ce qu’on doit voir ça comme une célébration de la musique de KMFDM ?

Je ne sais pas, ça s’est juste fait comme ça. Je n’y ai pas trop réfléchi. Une fois fini, j’ai écouté l’album et je me suis dit : « Aha, c’est un mélange de choses très éclectiques. » J’ai regardé ma liste de cinq titres, et je me suis dit que « Kunst » était le meilleur. Ce n’est pas si sérieux que ça, tu sais ? KMFDM a toujours l’air de se prendre très au sérieux, mais en fait on fait aussi ça pour s’amuser.

La plupart des albums de KMFDM contiennent une chanson dans laquelle le nom du groupe est mentionné, comme « Krank » ou « Sucks » par exemple. Quel est le but ? Est-ce que c’est une manière de se présenter ou d’invoquer le groupe, quelque chose comme ça ?

C’est juste une vieille tradition stupide qui a commencé dans les années 80. C’est juste du name-checking. Ça fait des années qu’on fait des allusions à nos chansons. Certaines personnes trouvent ça très chiant, d’autres trouvent ça très drôle [rires]. Je fais partie du second camp : je trouve ça drôle parce que plus personne ne fait ça. C’était à la mode à l’époque du rock old-school, les gens disaient leur nom pour qu’on sache ce qu’on était en train d’écouter. Je pense que c’est de là que m’est venue l’idée. Ensuite, c’est devenue une tradition au sein de KMFDM.

Dans la chanson « Kunst », il y a un passage qui dit « KMFDM: Kill MotherFuckin’ Depeche Mode » [KMFDM: Tue ces putain de Depeche Mode]… On dirait une référence à la chanson « Sucks » et à l’une des interprétations que vos fans ont donné de l’acronyme du nom du groupe. Est-ce que c’est pour rendre la question encore plus floue ou est-ce que c’est au contraire une révélation sur le nom du groupe ?

Non, « KMFDM: Kill MotherFuckin’ Depeche Mode » a été la première traduction, ou plutôt interprétation de l’acronyme KMFDM. On a commencé à l’utiliser aux États-Unis parce que c’était trop compliqué d’expliquer aux gens :« Bon, c’est en quelque sorte de l’allemand mais c’est grammaticalement incorrect et donc ça ne veut pas dire ce que vous croyez. » Au lieu de raconter tout ça, on a juste dit « Ce que ça veut dire ? Oh, Kill MotherFuckin’ Depeche Mode ! » Et bien sûr, l’idée d’en faire une chanson est arrivée après et je n’y ai pas vraiment réfléchi.

Et vous avez vraiment quelque chose contre Depeche Mode, ou ?…

Non, pas du tout ! C’est juste marrant. Les gens se demandaient : « Qu’est-ce que ça veut dire, KMFDM ? », on répondait : « Kill MotherFuckin’ Depeche Mode », et ils étaient là : « Vraiment ? Cool ! »

Est-ce que tu penses que les mecs de Depeche Mode pourraient mal le prendre ?

Oh, je n’en sais rien, je me fous ! [rires]

« Le meilleur quand on est créatif : toucher une limite, faire demi-tour et essayer quelque chose de complètement différent et radical. »

Sur la pochette de l’album, on voit une femme avec les seins à l’air en train de découper une croix chrétienne avec une tronçonneuse. Entre ça et la chanson « Ave Maria », l’album a l’air d’être une grosse provocation contre le Christianisme. Pourquoi ?

Le but n’est pas d’énerver les Chrétiens, c’est juste quelque chose qui est vraiment arrivé. Est-ce que vous avez entendu parler du groupe Pussy Riot, de Moscou, qui s’est fait envoyer en prison il y a quelques mois de ça ? Vous vous en souvenez ?

Oui…

Il y a un groupe féministe ukrainien qui s’appelle Femen, et c’est ce qu’on fait les Femen : il y avait cette fille sans T-shirt qui coupait cette croix gigantesque à la tronçonneuse. Vous pouvez trouver ça partout sur Google. C’est juste un hommage aux Pussy Riot [rires].

Est-ce que tu n’as pas peur de la censure, et notamment de pressions de la part d’associations chrétiennes ? Je sais que Facebook a censuré la pochette de l’album, par exemple…

Je n’ai pas peur de la censure, je m’en fous pas mal de ce genre de truc. Je veux dire, c’est quelque chose qui s’est réellement passé, ce n’est pas quelque chose que quelqu’un a inventé juste pour emmerder des gens. C’est un fait avéré, c’est vraiment arrivé. Par exemple – même si ce n’est pas une très bonne comparaison – si vous, les Français, vous voyez une photo d’Adolf Hitler sous l’Arc de Triomphe, est-ce que ça vous énerve ? Ça s’est vraiment passé, il n’y a rien à y faire ! Si des Chrétiens se sentent offensés par cette image, je ne peux rien pour eux.

Je sais que tu es contre les religions établies en général, mais on dirait que tu t’attaques surtout au Christianisme. Est-ce que tu critiquerais l’Islam de la même manière, ou est-ce que tu penses que ce serait plus difficile ?

L’Islam est une culture dont je ne connais pas du tout le fonctionnement. Je n’y ai pas été confronté, je ne peux donc pas vraiment la critiquer puisque je ne la connais pas. Par contre, j’ai grandi dans un environnement chrétien et je connais les excès qui ont été causés par le Christianisme. Il faut en parler, et si des gens veulent adhérer fanatiquement à leur religion, c’est une chose. Mais le soi-disant monde occidental est le monde où des gens se sont intéressés au progrès et ont fait de véritable révolutions scientifiques ; à partir du moment où tu ne penses plus à Dieu, le monde est entre les mains de l’humanité. Si les gens préfèrent s’en tenir à des trucs religieux et à une idéologie, je ne peux rien pour eux. Par contre, j’appelle mes camarades, les gens qui font partie de la même culture que moi, à ouvrir les yeux et à commencer à penser par eux-même. Je ne suis pas un missionnaire, tu vois ce que je veux dire ?

Comme tu l’as dit, la pochette est une référence aux Pussy Riot. Il y a aussi une chanson intitulée « Pussy Riot ». Est-ce que tu te sens particulièrement concerné par ce qui leur est arrivé ?

Je trouve que c’est terrible que dans une société comme la Russie, qui se considère comme un pays moderne et ouvert de nos jours, une bande de filles ne puissent pas sauter dans tous les sens et faire une petite carrière dans le punk. C’est terrifiant. Ça montre où en est le champ des libertés en Russie de nos jours. Elles sont devenues des icônes et ce que j’admire le plus chez elles, c’est qu’elles ne se sont pas contentées de rester chez elles à se plaindre, elles ont vraiment mis les problèmes au grand jour, elles sont passées à l’action puis ont assumé les conséquences comme des hommes, si tu vois ce que je veux dire.

En France, on a beaucoup entendu parler de Pussy Riot entre autres parce que l’un de nos acteurs les plus connus, Gérard Depardieu, s’est plus ou moins exilé en Russie, or beaucoup de Français désapprouvent, notamment à cause de ce qui est arrivé aux Pussy Riot en Russie…

Ça montre seulement à quel point Gérard Depardieu est devenu un vieux gros lard inutile. Quel gâchis de toute façon. Avant, je l’aimais bien, mais je l’ai vu dans Astérix & Obélix et je me suis dit : « Oh mon Dieu, c’est vraiment plus ce que c’était. » Vous voyez de quoi je parle ?

Est-ce que tu ne crains pas que soutenir Pussy Riot ne vous cause des problèmes en Russie, voire vous empêche de tourner là-bas ?

La Russie n’est pas ma destination favorite en tournée parce qu’à chaque fois qu’on y est allé, on s’est fait embrouiller par quelqu’un. Je n’ai pas vraiment besoin d’aller là-bas. Si ça veut dire que je ne pourrai plus aller en Russie, soit.

Puisque le titre de l’album signifie « Art », considères-tu que le rôle de l’artiste est de provoquer et d’attirer l’attention sur certains sujets ?

Je ne pense pas que le rôle d’un artiste soit complètement limité à attirer l’attention sur certaines causes ; certains artistes préfèrent faire des peintures de petits paysages de campagne… Je ne sais pas. Il y a toutes sortes d’art. J’ai choisi le titre « Kunst » parce qu’il a un éventail très large de connotations. Par exemple, pendant le régime nazi en Allemagne, il y avait un terme, « Entartete Kunst », qui voulait dire « art dégénéré ». Tous ceux qui n’étaient pas allemands ni aryens étaient définis comme dégénérés, comme des artistes dégénérés. L’art, c’est quelque chose qu’on ne peut pas vraiment appréhender. C’est un concept qui peut se manifester de milliers de manières différentes. J’aime beaucoup cette ambivalence. J’aime pouvoir dire beaucoup de choses sans avoir à les dire directement, et beaucoup de choses que je dis sont à trouver entre les lignes. Pour répondre à ta question, KMFDM est pour moi un groupe qui appartient à un cercle artistique où il s’agit d’être franc et direct. Je n’y peux rien, c’est ma personnalité, pourquoi je ne ferais pas ça ? L’art peut être un miroir, d’une certaine manière. Au cours du XXe siècle, beaucoup d’artistes sont devenus des miroirs de la société et se sont battus pour ce qu’ils ressentaient et ce qu’ils voulaient dire, ce qui se manifestait dans leur art. C’est une super tradition.

Ta musique semble souvent motivée par ton esprit critique et par ta colère…

Je crois que c’est un vieux truc, je ne sais pas si ça existe en français mais en allemand on dit « à ventre plein, esprit vide », ce qui signifie que si tu as tout ce que tu veux, alors tu n’es plus motivé pour faire quoi que ce soit. Je crois que, en fin de compte, c’est une bonne chose d’être critique et de se tenir au courant. C’est une source d’inspiration pour ce que je fais. Si je passais mon temps assis à bailler aux corneilles, je ne serais sans doute pas aussi créatif, d’une certaine manière. Je pense que j’ai besoin que les choses soient comme ça pour être vraiment créatif.

Sur cet album, on peut aussi entendre la liberté artistique – et par liberté, j’entends aussi un peu de folie – qu’on entendait déjà sur d’autres albums. Est-ce que ces albums ont été une référence quand tu travaillais sur Kunst ?

Je pense que la liberté artistique, c’est très bien, parce qu’imagine que la maison de disque nous dise tout ce qu’on doit faire : ce serait terrible. Dans KMFDM, on peut faire tout ce qu’on veut, vraiment, tant que KMFDM veut le faire ! [rires] Et en ce qui concerne la folie, je ne sais pas trop… C’est comme ça ! J’ai passé quatorze mois en studio à essayer de trouver quelque chose qui soit le produit final. En même temps, tu arrives un peu au bout, tu atteins tes limites et tu te dis : « Merde, ça ne va nulle part, il faut que j’essaie quelque chose de complètement différent ». C’est le meilleur quand on est créatif : toucher une limite, faire demi-tour et essayer quelque chose de complètement différent et radical.

« Al Jourgensen m’a invité aux États-Unis en 1989 pour que KMFDM fasse la première partie de Ministry. C’est ça qui a vraiment amorcé la carrière de KMFDM aux États-Unis, et sans ça, on n’en serait sûrement pas là où on en est. »

William Wilson apparaît à nouveau sur l’album, il a aussi tourné avec KMFDM. Est-ce que tu te sens proche de lui ?

À partir du moment où ce genre de relation est entamée, c’est quelque chose qui souvent se poursuit sur plusieurs albums. Il m’est arrivé de travailler pendant longtemps avec le même collaborateur par le passé : on fait un album ensemble, et puis pour celui d’après, on re-travaille ensemble parce que ça nous a plu de le faire la première fois. William a travaillé pour nous sur la première date de notre tournée aux États-Unis en mars, et je ne sais pas, il y a même des chances qu’il vienne en Europe cette fois-ci.

Est-ce que tu le considères comme un membre du groupe, ou au moins  comme un membre de la famille KMFDM ? C’est l’impression qu’on a en tout cas en le voyant vous rejoindre pour certaines chansons en live…

C’est complètement un membre de la famille élargie KMFDM. Je n’irais pas jusqu’à le considérer comme un membre permanent, mais on est très proches, on est de bons amis, on aime travailler ensemble et c’est chouette.

Le groupe suédois Morlocks participe aussi à l’album. En quoi a consisté cette participation exactement ?

Morlocks est l’un de ces groupes que j’ai découvert de mon côté et qui m’a beaucoup plu. Je suis entré en contact avec eux et la dernière fois qu’on est allé en Suède, on les a rencontrés, on a traîné ensemble, on s’est dit : « La prochaine fois qu’on fait quelque chose, on devrait faire une collaboration ! », et c’est ce qu’on a fait. On a écrit une chanson ensemble et ça a donné « The Mess You Made ».

Il y a souvent des collaborations sur vos albums. Est-ce que c’est important pour vous que des personnes extérieures au groupe s’impliquent dans votre musique ?

Oui, je pense que ça a toujours fait partie de KMFDM parce que quand on travaille avec un groupe de deux, trois ou cinq personnes, il y a toujours un moment où ça s’essouffle un peu. Une collaboration, c’est une bouffée d’air frais. Tu sais, il y a des collaborations qui ne se passent pas hyper bien et pour lesquelles après coup on se dit : « Bon, ça ne l’a pas trop fait donc il vaut mieux s’arrêter là », mais pour d’autres, je trouve que travailler avec d’autres personnes est rafraîchissant et inspirant.

Je sais que tu travailles souvent sur plusieurs projets en même temps. Est-ce que tu en as en ce moment ?

Non, j’ai travaillé sur Kunst jusqu’à novembre 2012 et depuis, je me suis consacré à la préparation de nos tournées à venir. Comme vous le savez peut-être déjà, on va faire une tournée d’un mois aux États-Unis et une tournée de deux semaines en Europe, et parfois, juste organiser ce genre de chose prend un temps fou : il faut réserver un bus, voir combien on sera, qui va dormir où, ce que chacun veut manger, veut boire… En fin de compte, je connais tous les aspects d’une tournée, donc je peux m’en occuper, c’est juste que ça me prend beaucoup de temps. Honnêtement, ne plus être en studio ne me manque pas après avoir passé tant de temps sur Kunst. Quatorze mois, c’est long. À vrai dire, en ce moment-même, je suis au studio en train de travailler sur la setlist pour nos concerts…

KMFDM est l’un des pères fondateurs du metal industriel et de l’indus en général. Qu’est-ce que tu penses de la nouvelle génération de groupes comme Combichrist qui sont très populaires en ce moment ?

Combichrist est l’un de ces groupes en lesquels je crois beaucoup, on est sur le même label aux États-Unis et j’aime beaucoup ce qu’ils font. Ils ont assuré la première partie de KMFDM en 2006 et je suis très heureux du fait que ça ait lancé leur carrière, d’une certaine manière. Évidemment, nous sommes de très bons amis. Enfin, je ne sais pas si c’est évident, mais nous sommes de très bons amis ; à chaque fois qu’on se croise, c’est comme si on partageait un passé commun, c’est génial. J’adore avoir l’occasion de faire de KMFDM une rampe de lancement pour d’autres groupes. On l’a déjà fait plusieurs fois, et c’est ce qui est arrivé à KMFDM : Al Jourgensen m’a invité aux États-Unis en 1989 pour que KMFDM fasse la première partie de Ministry. C’est ça qui a vraiment amorcé la carrière de KMFDM aux États-Unis, et sans ça, on n’en serait sûrement pas là où on en est et on ne serait pas en train de discuter par téléphone en ce moment même. On leur rend la pareille, en quelque sorte.

Comment imagines-tu le futur de l’indus, qui est déjà un style futuriste à la base ?

Je ne sais pas et je m’en fiche un peu parce que je ne me considère pas comme faisant partie d’un quelconque genre. Les gens disent que KMFDM est un pionnier de ceci ou de cela et peut-être que c’est vrai, ça me va, mais à l’époque, on n’avait franchement pas l’impression d’être des pionniers. On faisait seulement ce qui nous plaisait, et on le faisait du mieux qu’on pouvait. Maintenant, c’est comme si on avait fait un truc énorme et c’est chouette, mais je n’ai pas souvenir qu’on ait vraiment fait tout ça avec un objectif précis. Je me contentais de faire de la musique, puis de faire des tournées pour défendre cette musique. Avec le temps, on est devenu plus populaires et maintenant KMFDM – je déteste dire ça – est devenu presque légendaire parce que pour toutes sortes de raisons, il n’y a pas beaucoup de groupes qui ont eu une carrière similaire dans ce style musical. C’est assez bizarre parce que l’indus n’a pas vraiment changé depuis la fin des années 70 et le début des années 80. L’indus existe toujours, c’est toujours populaire mais ça n’a pas énormément évolué, d’une certaine manière. C’est très étrange parce que la plupart du temps, les courants musicaux vont et viennent, on a eu les années wave, la techno, la trance, la house, des styles qui ont eu quelques années de gloire puis ont disparu. Maintenant, c’est quelque chose d’autre, le dubstep par exemple, et je suis à peu près sûr que dans quelques années, on n’en parlera plus non plus. L’indus n’a jamais eu le succès de ces styles, mais étrangement, c’est toujours là. Mais je ne peux pas vous dire de quoi le futur sera fait pour l’indus, je n’en sais rien du tout.

« C’est peut-être parce que je suis plus vieux que la plupart des gens qui écoutent du dubstep, mais je ne trouve pas ça très innovant. »

Qu’est-ce que tu penses du dubstep, qui est considéré comme la nouvelle génération de musique électronique ?

C’est peut-être parce que je suis plus vieux que la plupart des gens qui écoutent du dubstep, mais je ne trouve pas ça très innovant. Ça ressemble vraiment à des choses que j’ai déjà entendues, tout particulièrement venant de Londres au milieu des années 80. Je ne dis pas que je n’aime pas, je dis seulement que je ne le vois pas comme la plupart des gens ont l’air de le voir, comme « le son le plus récent ». Pour moi, ça sonne surtout comme du reggae et de la drum’n’bass énormément ralentis [rires].

Donc on n’entendra pas de dubstep dans KMFDM à l’avenir ? Je dis ça parce que pas mal de groupes de metal et de rock ont intégré du dubstep dans leur musique, comme Korn ou Muse par exemple…

Je me demande si c’est parce que cette nouvelle tendance les intéresse sincèrement ou si c’est juste pour eux une manière d’avoir un son plus moderne. Je pense que c’est plutôt la deuxième option. Quand j’ai entendu parler de ce nouvel album de Korn incluant des éléments de dubstep, je me suis dit : « Oh merde, ils sont en panne d’inspiration à ce point-là ? » Je n’ai rien contre Korn, vraiment, mais c’est assez stupide [« corny » en anglais, NdT] [rires].

Vous allez jouer à Paris, au Divan du Monde le 16 avril prochain, est-ce que ce sera un show électronique du coup ?

Non, en fait ça va être notre premier concert avec le groupe au complet. Ils vont venir de Seattle à Paris.

OK, et ce sera le seul concert en France ?

Je ne dirais pas que ce sera le seul mais ce sera le premier, oui.

D’autres suivront ?

J’espère ! Je suis en train de travailler à caler d’autres dates. En tout cas, à ce moment-là ça fera un an et demi depuis notre dernier concert à Paris. Le temps passe vite !

Alors, qu’est-ce que les Français pensent de ce truc militaire au Mali ? Ils vous le présentent comme une bonne ou une mauvaise chose ? Qu’est-ce que disent les médias ?

Il semblerait que l’opinion soit assez largement favorable. Ils disent qu’on se bat contre des terroristes. Combattre le terrorisme est une bonne chose mais rien ne dit que l’on nous donne toute l’histoire…

C’est vrai. Ça dépend toujours de qui a décrété que c’étaient des terroristes au départ [rires]. Ce que je veux dire, c’est que peut-être que KMFDM sera considéré comme terroriste, un jour, qui sait ?

Tu es contre ?

Non, je ne suis pas contre. Juste avant que vous n’appeliez, j’étais en train de lire un article dans un grand magazine allemand où ils disent que l’armée française est en fait très efficace et qu’il aura seulement fallu dix jours pour chasser les « terroristes » du pays. Ce qui est une bonne chose : il y a toute une population dans la campagne qui aurait été terrifiée s’ils avaient débarqué et coupé les mains de tout le monde et ce genre de conneries qu’ils font.

Certains pensent que c’est bien pour notre président parce que ça lui donne un peu plus de stature présidentielle, ce qu’il peinait à avoir aux yeux de nombreux Français jusqu’à présent…

Oui, il est coincé entre Treirweiler et Royal… Qu’est-ce que vous en pensez, vous, de ses deux maîtresses ? Les Allemands ne se lassent pas de rire du fait qu’il ne touche plus terre à cause de ses deux copines.

Ça nous fait bien rire aussi… A la télé, les humoristes s’en donnent à cœur joie !

Est-ce que vous l’aimez plus que Sarkozy ?

L’ancien président n’était pas très populaire à la fin de son mandat mais il faut croire que la cote de popularité de Hollande est en chute libre également. On entend souvent dire qu’il n’est pas vraiment capable de prendre des décisions tranchées et difficiles.

Je ne suis pas sûr non plus. On verra !

A priori, Sarkozy s’entendait mieux avec Angela Merkel…

Oh mec, il faut qu’elle se casse celle-là, elle est horrible.

[Rires] C’est ce que tous les Allemands me disent, donc je suppose que c’est vrai !

C’est la version allemande de Margaret Thatcher. Elle est horrible. Je prie pour qu’on arrive enfin à s’en débarrasser.

Tu sais, en France tout le monde dit qu’il faut prendre exemple sur l’Allemagne, que tout se passe bien chez vous, l’économie se porte bien, les gens sont heureux…

[Rires] Oula, je ne sais pas. Tout ce truc politique est devenu complètement dingue ces derniers temps. Je suppose que c’est parce qu’on est beaucoup plus informés. À l’époque où on n’avait que les journaux, c’était différent, mais maintenant, chaque information, même la plus petite, se retrouve directement dans notre salon. On passe nos journées sur des ordinateurs, à envoyer des e-mails et à checker les infos. On ne peut plus y échapper.

Paradoxalement, il faut parfois faire un certain effort pour avoir accès à une information neutre et non orientée, et c’est sans compter les informations tronquées…

Quand ce n’est pas un édito mais que c’est censé être vraiment de l’information, c’est ça ? De l’information brute, oui. C’est complètement fou, mais c’est le monde qu’on s’est construit, et maintenant, il faut y vivre. Est-ce que je vais vous voir à Paris, du coup ?

Peut-être mais si vous venez à Lyon, c’est sûr on y sera ! Est-ce que vous avez des festivals prévus pour cet été ? Le Hellfest par exemple ?

On n’a pas été invité a priori… On y a été il y a quelques années de ça.

Je suis surpris.

On s’amuse beaucoup au Hellfest, mais au Motocultor aussi ! [rires] Ça aura été une journée légendaire, ça c’est sûr !

Interview réalisée par téléphone en février 2013
Retranscription et traduction : Chloé

Site internet officiel de KMFDM : www.kmfdm.net

Album Kunst, sorti le 26 février 2013 via KMFDM Records



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  • Une blague cette interview. Il soutient les Pussy Riot, groupe féministe, payé en sous-main par les USA, qui baisent dans les musées et se foutent des poulets dans la chatte. Et aussi les FEMENS, ex-putes ukrainiennes et française, financées par un milliardaire allemand.

    Et attaquer le christianisme ? Ouah ! C’est tellement provocateur, c’est vrai que personne l’a jamais fait. Un chrétien meurt à cause de sa foi toutes les 30 secondes dans le monde, c’est la communauté religieuse la plus persécutée au monde. Va scier un croissant vert ou une étoile juive, quand on fait de la provocation, faut y aller jusqu’au bout.

    Encore un artiste qui se croit engagé.

    • Et encore un internaute qui s’estime philosophe et clairvoyant, je suppose… 😀

    • Nous t’écoutons ô grand penseur objectif et omniscient !

    • Tu es un troll, un illuminé complotiste réactionnaire ou simplement un monsieur je-sais-tout qui nous défèque sa petite morale?

    • EEEH MAIS… J’y pense… Käpt’n K c’est bien le titre que s’est auto-décerné Sascha Konietko, non ? Rhaaa, « k », sacrée vieille fripouille, tu auto-trolles ta propre interview en fait !!! 😆

      KMFDM Forever Sucks !

    • Twisted_Skyline dit :

      Théorie du complot… je respecte les Pussy Riot. Certains diront que ce qu’elles font est blasphématoire mais faut pas oublier que le clergé orthodoxe soutien Poutine. Je pisse sur cette Église corrompue, au service des puissants.
      ce groupe m’a accompagné depuis toujours, et je suis aussi dans un questionnement permanent du monde qui m’entoure et de ses travers. Sans pour autant être dans la paranoïa conspirationniste…

  • Red Hot Chili Peppers @ Lyon
    Queens Of The Stone Age @ Lyon
    Kiss @ Lyon
    Skid Row @ Lyon
    Hollywood Vampires @ Paris
    Depeche Mode @ Lyon
    Scorpions @ Lyon
    Thundermother @ Lyon
    Ghost @ Lyon
    Spiritbox @ Lyon
    Metallica @ Saint-Denis
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