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Live Report   

Kreator et ses trois apôtres de l’Apocalypse


Difficile pour les premiers concerts de l’année de rêver meilleure affiche ! En effet, ce n’est pas seulement un concert avec Kreator en tête d’affiche puisque les trois groupes qui les accompagnent sont loin d’être des inconnus. Aborted, Soilwork et Sepultura : des noms qu’il n’est plus nécessaire de présenter. La présence de Kreator rappelle par ailleurs l’affiche dans la même salle en 2014 où le groupe était venu accompagné d’Arch Enemy, Sodom et Vader. Et ce soir, avec Aborted en guise d’apéritif, on ne peut que s’attendre à un moment de violence pure lors de cette nuit à guichets fermés.

C’est une longue histoire d’amour entre les Belges d’Aborted et la France, alors quand on apprend que le groupe ouvre la soirée on ne peut être que ravi. Toutefois on l’est un peu moins lorsqu’on apprend que le groupe ne jouera que vingt-cinq petites minutes ! On connait néanmoins l’intensité en live du groupe (ses performances font partie des plus violentes de la scène), du coup c’est l’occasion pour la seule formation francophone de la soirée de nous plonger dans son univers plus qu’agressif. Pas de temps à perdre, les Belges arrivent sur scène un peu avant 18H sous l’ovation des fans. Et c’est un show aux lumières épileptiques que propose Aborted dans une intensité folle.

Artistes : Kreator – Sepultura – Soilwork – Aborted
Date : 26 février 2017
Salle : Le Bataclan
Ville : Paris [75]

Aborted

Au chant, Sven De Caluwe dégage une énergie jouissive. Lors de ses vingt-cinq minutes de set, la formation nous promet de ne pas prendre de repos et de tout donner. Et comme prévu, cela n’aura pas duré longtemps avant que la foule ne se déchaîne sur ces rythmes brutaux. Le groupe est certes très différent des autres à l’affiche, mais pour motiver une salle on ne peut rêver de meilleur choix si on apprécie le mélange entre brutalité et technicité. Aborted, lors de cette soirée du 26 février dernier, c’était un peu le feu vert, le signal pour le public et les autres groupes disant : « C’est bon, vous pouvez y aller et faire ce que vous voulez avec le public : ils sont prêts. ».

Setlist :

Divine Impediment
Cadaverous Banquet
Meticulous Invagination
Retrogore
Coffin Upon Coffin
Termination Redux
Bit By Bit

Soilwork

Une courte installation et c’est au tour de Soilwork de monter sur les planches du Bataclan. Pas d’album dont il faut faire la promo, la sortie la plus récente du groupe étant Death Resonance, une compilation de raretés. Cependant les Suédois restent très attendus et proposent un set bourré d’énergie. Notamment lorsque Speed (chant) vient en fin de concert sur les barrières retenant le public pour être beaucoup plus proche de ses fans. Ou alors lorsqu’il annonce un wall of death sans même avoir le temps de commencer le décompte puisque le public était déjà parti au choc ! Un constat qui rassure encore plus quant à la motivation de l’audience de faire trembler la salle comme jamais. Mais l’action du public est sûrement focalisée dans son expression corporelle car quand il s’agit de crier les paroles des morceaux, l’audience se fait beaucoup plus discrète. Il est d’ailleurs compréhensible qu’un public paraisse mieux réagir à l’instant de la musique que sur l’apprentissage par cœur des morceaux d’un groupe comme Soilwork, qui n’était pas la tête d’affiche du soir et dont la discographie est finalement assez riche et vaste.

La virtuosité du groupe est par ailleurs incontestable, comme le prouve sur scène le talent de ses solistes à la guitare qui se font plaisir durant les neuf chansons du set. Soit dit en passant, on note trois nouveaux visages : Bastian Thusgaard à la batterie qui a prit place sur le siège de son professeur Dirk Verbeuren, et s’en sort avec les honneurs étant donné l’ampleur de la tâche, puis Ronny Gutierrez à la guitare et Taylor Nordberg à la basse, remplaçant temporairement, respectivement, David Andersson et Markus Wibom – l’un par empêchement professionnel, l’autre en raison d’un congé paternité. Probablement du fait des nombreux groupes présents, la balance sonore n’était pas de grande qualité ce soir-là et on le sent notamment durant ce set de Soilwork où certains instruments passent totalement au second plan (à l’instar de la voix). Alors, heureusement que, plus globalement, l’énergie des compositions des groupes et du public étaient présents pour que ces soucis de son passent au second plan. Au niveau des lumières, là où Aborted compensait ses couleurs pauvres par un show épileptique, comme des groupes tels que Meshuggah peuvent l’offrir en live, Soilwork n’a lui pas profité de très belles lumières. On se contente donc de savourer les hits du groupe, et notamment le trio infernal qui conclu ce set, à savoir « Two Lives Worth Of Reckoning », « Late For The Kill, Early For The Slaughter » et « Stabbing The Drama ».

Setlist :

The Ride Majestic
Nerve
Rise Above The Sentiment
Bastard Chain
Living Infinite I
The Chainheart Machine
Two Lives Worth Of Reckoning
Late For The Kill, Early For The Slaughter
Stabbing The Drama

Sepultura

Le dernier concert français de Sepultura avait eu lieu pour la tournée des trente ans et une seule date était prévue à Savigny-Le-Temple, dans une salle réduite, ce qui nous avait laissé un peu sur notre faim pour un groupe d’une telle envergure. Cette fois-ci, le combo vient pour promouvoir son nouvel album sorti en début d’année : Machine Messiah. Sous une intro musicale rappelant les éléments les plus psychédéliques des bandes sons de 2001, L’Odyssée De L’Espace et Orange Mécanique, les membres de la formation brésilienne font au fur et à mesure leur apparition sur scène. Derrick Green, toujours aussi impressionnant physiquement, sourit au public à l’instar d’Andreas Kisser (guitare). Sepultura n’a jamais choisi n’importe qui à la batterie et c’est donc Eloy Casagrande qui s’installe derrière les fûts, montrant ses muscles, impressionnant à voir en action autant qu’à entendre, tandis que celui accompagnant le groupe depuis le plus longtemps, Paulo Jr, le bassiste, reste lui plus discret.

La moitié de la setlist choisie par Sepultura ce soir est consacrée à Machine Messiah, avec des titres tels que « Phantom Self », « Resistant Parasites » ou « I Am The Enemy ». Durant les longs passages instrumentaux présents dans les morceaux, Derrick reste sur scène à se déhancher de droite à gauche alors que d’autres chanteurs auraient préféré rejoindre les coulisses. Des passages qui sont tout de même assez nombreux, ce qui a pour conséquence de faire plonger une partie de la salle, notamment ceux les moins familiers avec la dernière période de Sepultura, dans un certain ennui. Les solos de Sepultura n’étant, qui plus est, pas les plus mélodieux de la scène. Mais pour la foule, il est à signaler que le gros du concert se sera concentré sur les trois derniers morceaux de la setlist. Il est d’ailleurs presque triste de dire que, finalement, la setlist d’un groupe avec une telle réputation ne motive vraiment la foule que pour la fin du show… Ces morceaux étant les cultes « Refuse/Resist », repris en cœur le public, « Ratamahatta » où Derrick s’amuse à frapper sur sa grosse caisse, et bien évidemment l’un des hymnes du metal, le grand classique « Roots Bloody Roots », qui conclu le set en dent de scie des brésiliens.

Sepultura

Car bien que cela soit toujours plaisant de voir le groupe actif, et que le dernier opus du groupe marche bien en live, ce n’est pas la claque espérée car ce set s’est avéré un peu mou si l’on compare à ce qu’ils nous ont déjà offerts. On sera passé d’une certaine lassitude au cours du show à chanter en chœur en suant de partout « Chaos A.D ! » La transition était peut-être trop brusque mais il a été en tout cas impressionnant de voir le public crier à l’unisson, et la rage au ventre, « Roots, bloody roots ! » Le temps est maintenant venu de nettoyer la scène et de faire partir cette grosse batterie qui n’a pas laissé beaucoup d’espace à Sepultura, expliquant peut-être pourquoi la performance des brésilien soit resté assez statique.

Setlist :

I Am The Enemy
Phantom Self
Choke
Desesperate Cry
Alethea
Sworn Oath
Inner Self
Resistant Parasites
Refuse/Resist
Ratamahatta
Roots Bloody Roots

Kreator

Si le public est venu en masse au Bataclan, c’est grâce à l’affiche éclectique mais également par la promesse d’une tête d’affiche importante, Kreator, qui a récemment sorti son excellent album : Gods Of Violence. Les longs tubes que l’on aperçoit devant la scène vont enfin servir à quelque chose. Et cela ne va pas durer longtemps avant d’en découvrir l’utilité car dès que le groupe entre en scène et joue les premiers accords, une pluie de confettis est projetée par ces canons et recouvre le Bataclan. « Hordes Of Chaos » met tout le public d’accord très vite, et les premiers rangs se retrouvent déjà écrasés contre les barrières, rappelant l’efficacité du dernier passage de Slayer au Zénith. Des fumées projetées depuis la scène, les confettis volent, les lumières donnent un ton rouge qui sied si bien au groupe, et les membres ont l’air de vivre pour le thrash et par le thrash. Le public chante à l’unisson « Everyone Against Everyone, Chaos ! » C’est une des manières les plus efficaces de commencer un concert : avec un titre au refrain que tout le monde connait et qui met dans l’ambiance le plus vite possible. D’ailleurs sur les dix-neuf (!) titres joués lors de ce dimanche soir, pas de réelle fausse note sur la setlist, car de toute manière dans la discographie de Kreator rares sont les titres ne provoquant pas un headbang violent et sincère.

L’accent est évidemment mis sur Gods Of Violence, et plus légèrement Phantom Antichrist, mais comment rechigner face à des titres de ces deux albums de choix ? Le reste de la setlist pioche dans la plupart des albums du quatuor. Si un excès de réverbération est à noter dans la voix de Mille au départ du set, cela s’arrange néanmoins vite (même si le son restera globalement de qualité moyenne). Les slams restent bien évidemment nombreux tout au long de la soirée pendant que Kreator livre son thrash brutal. Jusqu’au dernier moment, sur le rappel « Pleasure To Kill », les écrans présents sur scène affichent des visuels de l’album, ce qui nous en apprend un peu plus sur les influences graphiques du groupe, parmi lesquelles le jeu vidéo Doom. Durant la piste d’intro de « Gods Of Violence », deux hommes déguisés en démons, munis de leurs tambours font leur entrée pour jouer ce morceau d’introduction.

Kreator

Mais les écrans ne sont pas exploités uniquement à ce moment-là, car avec un morceau tel que « Hail To The Hordes », le groupe en profite pour présenter visuellement les membres de l’équipe de Kreator, une sorte de making-of des tournées. Ou durant « Fallen Brother » (comme sur le clip qui a été mis à disposition) qui propose des images des grandes légendes de la musique qui reçoivent un hommage (David Bowie, Cliff Burton, Chuck Schuldiner ou encore Prince). On sent chez Kreator un respect de la musique et du public. Kreator en live veut en mettre plein les yeux : notamment avec cette scène en hauteur où l’on voit régulièrement les membres du groupe se rendre, afin de donner une autre dimension au concert. Des écrans, de la fumée, de nombreux confettis, Mille sortant un pistolet fumigène pour « arroser » le public ou agitant un drapeau (le célèbre « Flag Of Hate ») : on a eu droit à un vrai show, largement monté en niveau par rapport aux tournées précédentes. Le chanteur dit d’ailleurs à l’audience que, malgré le nombre de fois où ils ont joué à Paris, cette nuit-là est la meilleure. Ce genre de message semble toujours forcé et on n’arrive pas toujours à décider s’il est sincère… mais cela a un effet immédiat sur le public (et au final c’est probablement tout ce qui compte). Mille ne se prive pas de crier régulièrement au public « circle pit ! Paris style » et à la fin il ouvre un dernier wall of death pour la soirée.

Kreator nous dit adieu après un « Pleasure To Kill » repris en chœur ainsi que des riffs qui ne s’arrêtent jamais, comme si le groupe avait du mal à quitter la scène. On sort en conséquence du concert épuisé mais heureux d’avoir pu assister à la réunion en une seule soirée de quatre groupes de haut rang et relativement variés dans le style avec à la fois un public très participatif. Le tout pour un moment éprouvant mais dont on ressort avec le sourire et quelques bleus.

Kreator

Setlist:

Hordes of Chaos
Phobia
Satan Is real
Gods Of Violence
People Of The lie
Total Death
Phantom Antichrist
Fallen Brother
Army Of Storms
Enemy Of God
From Flood Into Fire
World War Now
Hail To The Hordes
Extreme Agression
Civilisation Collapse
Violent Revolution
Flag Of Hate
Under The Guillotine
Pleasure To kill

Live reports : Matthis Van Der Meulen.
Photos : Nicolas Gricourt (Grenoble) et Joel Ricard (Toulouse).



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  • Excellent, le coup du feu vert donné par Aborted 😉

    [Reply]

  • Très bon concert !
    Mais la longue queue à l’entrée (fouilles obliges) m’aura fait rater Aborted (un set de 25 minutes aussi… tss)
    Sepultura : tout à fait d’accord, grosse lassitude lors des solos de Kisser, sans guitare rythmique ça fait baisser l’intensité dommage…
    Kreator : l’efficacité teutone, pas de répit, que du plaisir.

    [Reply]

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