Le bassiste Nick Oliveri a quitté Kyuss Lives!. C’est simple, c’est clair, c’est aussi une première : celui qui a plus souvent l’habitude de se faire virer des groupes dans lesquels il joue (sauf le sien, Mondo Generator, évidemment), a décidé de partir la tête haute tant que c’est encore possible. Avec le procès que vient de se prendre la bande, « les rats quittent le navire », diraient certains. Il part avant d’être envoyé en taule (bon, en taule, c’est sans doute exagéré), avons-nous même pensé, avouons-le, un instant en apprenant la nouvelle.
En tout cas, à l’entendre en interview avec le site Antiquiet.com qui a eu l’exclusivité de ses confidences sur son départ, il est parti au bon moment, non pas, justement, à cause des problèmes cités ci-dessus mais pour la meilleure raison qu’on puisse invoquer : quand on n’a plus l’envie, quand ce n’est plus un plaisir, pourquoi continuer ? « En étant dans Kyuss, si je ne passe pas un bon moment, c’est comme… Quand j’étais gosse, j’ai vécu des choses supers en faisant ça. C’était nul de ne plus en faire partie. Je ne veux plus être viré d’aucun groupe… encore. Je me suis dit que m’en aller la tête haute et faire mon propre truc était quelque chose de respectable. et je pense que j’ai besoin de faire ça. »
Et par « faire son propre truc », Oliveri entend retourner à son propre groupe : Mondo Generator, avec lequel il prévoit de sortir un quatrième album cette année. Un album produit au studio de Josh Homme, le Thunder Underground à Palm Springs, en Californie, et dont on peut déjà entendre un morceau, « Hang ‘Em High », au bas de l’interview sur Antiquiet. D’ailleurs, comme il l’explique, il n’était pas vraiment prévu que Kyuss Lives! devienne une priorité, cela devait aussi être un moyen de parler des projets de chacun : « L’idée de John [Garcia, chanteur de Kyuss], quand, au début, il m’a demandé d’en faire partie, c’était qu’on allait faire une tournée et faire la promo de nos groupes solos. De voir John le faire déjà avec Garcia Plays Kyuss à un si haut niveau m’a fait me dire : ‘Wow, mec, on pourrait vraiment attirer beaucoup de monde vers nos projets solos de façon honnête et en jouant les morceaux pour lesquels on est respecté et qu’on aime aussi. A la base, c’est ce que je fais, à la fin de la journée. Je tire ma révérence et je fais du Mondo Generator parce que c’est ce que je suis censé faire à l’origine. »
Mais, évidemment, avec de plus en plus de dates de concerts, de festivals, plus le projet d’entrer en studio pour enregistrer un album de Kyuss Lives!, Oliveri a dû craindre ou devait pressentir qu’on allait de plus en plus lui demander de s’occuper de ce groupe-là et de moins en moins de son propre projet. En tout cas, c’est une chose qui semble l’avoir mis assez mal à l’aise : pour lui, les principaux compositeurs du groupe étaient Josh Homme et John Garcia. Et même s’il respecte ce dernier, sans le guitariste, ce n’est pas vraiment pareil.
Mais, encore, ce qui a aussi l’air de l’avoir pousser vers la porte de sortie (ou ce qui lui a fait trouver celle-ci de plus en plus attirante), c’est un changement relativement récent de management avec lequel il n’est vraiment pas à l’aise ; notamment dans les affaires d’argent, en particulier quand on vend à 100$ aux fans une rencontre avec le groupe, qu’on leur offre un T-shirt, mais qu’on leur fasse quand même payer en plus leur place de concert après ; ça, pour Oliveri, qui trouve la rencontre avec les fans naturelle, en faire un produit monnayable, ça le met mal à l’aise.
Enfin, concernant les affaires judiciaires, les siennes et celles de Kyuss Lives!, il avoue d’un côté, dans cette histoire de violence conjugale avoir déconné : « Je ne devrais pas en parler car le procès a lieu le mois prochain, c’est ce que m’a conseillé mon avocat. J’ai vraiment un très bon avocat qui prend grand soin de moi. Le truc, c’est que j’ai merdé parce que je n’ai pas… Quand la police est venue chez moi, une de nos amies les a appelés après qu’on ne lui ait pas ouvert la porte. Et elle a appelé la police – c’est absurde. […] Mais, pour faire simple, à la fin de la journée, je n’ai pas ouvert la porte. Je me disais : ‘Je ne vais pas ouvrir cette porte, je n’ai pas à l’ouvrir.’ […] Un robot est venu et a défoncé à ma porte. [rires] » Résultat : on l’a accusé de résistance à agent et possession d’arme à feu : « C’est le fusil que mon père m’a donné, il était sous le lit. […] Je n’allais pas leur dire : ‘Une minute, je vais chercher mon flingue.' »
Concernant le procès opposant Josh Homme à Kyuss Lives! et son management (que, on l’a vu plus haut, Oliveri ne peint pas vraiment en rose), il dit : « Quand les gens se poursuivent les uns les autres, on peut être sûr que ce groupe ne rejouera plus jamais ensemble. C’est garanti : ces gens ne pourront plus jamais jouer de nouveau dans la même pièce. Je suis ami avec les deux partis mais je suis aussi, en même temps, en désaccord avec chacun, je suis vraiment dans une position bizarre. »
Au moins, dans tout ça, l’avenir d’Oliveri semble bien tracé : Mondo Generator est sa priorité et c’est loin d’être une mauvaise nouvelle. Par contre, on doute beaucoup qu’un long destin attende Kyuss Lives! car Oliveri parti, par qui le remplacer ? Scott Reeder ? Pas gagné puisqu’il est l’un des plaignants dans cette affaire de droit sur le nom « Kyuss » et, comme le dit Oliveri : « Quand les gens se poursuivent les uns les autres, on peut être sûr qu’ils ne rejoueront plus jamais ensemble. » En tout cas, pas si tôt. Et avec un bassiste qui n’aurait pas fait partie d’un des line-up historiques du groupe, Kyuss Lives! ne serait plus qu’un « Garcia Plays Kyuss feat. Brant Bjork ». On peut donc parier que les jours de Kyuss sont comptés et on ne peut pas dire que ce soit un « happy ending » ou une fin glorieuse.