Ils en ont tellement parlé qu’il fallait bien faire quelque chose pour qu’ils ne se soient pas donné du mal pour rien, avec leurs recherches, leurs discours illuminés, leur battage médiatique, leurs campagnes marketing, etc. La fin du monde, c’est aujourd’hui et c’est sur Radio Metal que ça se passe !
D’un côté, si à la fin de cette journée la destruction de la Terre, et donc de l’humanité, survient réellement, vous n’aurez pas à subir bien longtemps ce que nous sommes sur le point de vous infliger. Ainsi, nous ferons de l’Apocalypse une forme de délivrance. Tout du moins pour la part d’humanité qui a eu la supériorité d’esprit d’écouter Radio Metal jusqu’au jour du Jugement Dernier. Et si l’Apocalypse tarde à se lancer voire si la prédiction se révèle totalement erronée, nous donnerons tout de même à cette dernière une part de raison par la catastrophe que nous préparons. Tous les efforts pour se préparer à ce jour du 21 décembre 2012 ne seront pas en vain. La fin prématurée du calendrier Maya n’aura pas été qu’un navrant manque de vision à long terme. Les médiums pourront se féliciter, pour une fois, de ne pas s’être totalement trompé. C’est décidé, la 183ème prédiction de fin du monde, sera celle qui se réalisera, ou tout du moins qui sera le plus proche de le faire.
Vous auriez dû écouter les intégristes religieux, la musique metal c’est le mal, c’est la perversité, c’est la déchéance humaine faite bruit. La preuve : ses adeptes sont capables d’aller jusqu’à se saborder pour donner une raison d’être aux ténèbres. Mais il est trop tard pour vous repentir. La bande à Fred Durst est déjà en route.
Oui, le suspense est brisé, vous l’avez bien compris : à dater de ce jour, après une campagne de propagande de plusieurs années de la part du patron de Radio Metal pour imposer son mauvais goût caractérisé auprès de son directeur des programmes, et malgré la résistance héroïque de ce dernier, Limp Bizkit vient de rejoindre la playlist de Radio Metal. Mené par l’icône de ce qu’il y a de plus bête en l’humanité – les Anglo-saxons parlent de « douche bag » pour l’évoquer, soit une poire à lavements pour les parties intimes des dames, le principal intéressé en a d’ailleurs fait une chanson sur son dernier album – ce groupe est le symbole de l’opportunisme musical et du goût douteux. Arrivé en 1997 avec un premier album, Three Dollar Bill Yall$, Limp Bizkit surfe sur la vague néo-metal et rap metal qui a déferlé peu avant le milieu des années 90 et en fait une caricature. Effet de mode oblige, à cette période, les disques de Limp Bizkit s’écoulent comme des petits biscuits, le groupe profitant de jeunes gens qui n’ont pas encore construits leurs repères dans la vie. Ces jeunes gens ont donné par la suite des adultes déboussolés, en particulier lorsqu’il s’agît d’apprécier une œuvre artistique (ou pas). On a beau leur montrer le vrai visage qualitatif du genre rap metal, avec Rage Against The Machine, Stuck Mojo ou Clawfinger, rien n’y fait, Limp Bizkit s’accroche à eux comme le parasite qu’il est. Alors, en tant que responsable des programmes, je cède mais le fait à une date clé qui offre l’espoir de voir cette ineptie ne pas durer.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, deux autres chantres du mauvais goût ont été intégrés à la playlist de votre radio préférée (mais plus pour longtemps) suite à des réclamations répétées, cette fois-ci de la part d’auditeurs. Après tout, c’est l’apocalypse ou ça ne l’est pas ! C’est le moment de mettre le paquet !
Le premier est Korpiklaani, groupe représentant ce que le folk metal a de plus décérébré. Il y a des musiques qui gagnent à être écoutés dans un contexte donné. Par exemple, j’ai souvent pensé que c’est en ayant fumé un bon gros joint que les qualités du reggae se révélaient. Malheureusement, je ne fume jamais de joint. Pour Korpiklaani, c’est sensiblement pareil, à ceci près que c’est ivre mort qu’il faut sans doute être pour ne pas se retrouver insupporté par son écoute. Un chanteur à la voix monocorde de crécelle enrouée, des flutiaux qui peinent à sauver l’œuvre d’un marasme mélodique, une batterie d’une linéarité abrutissante et des titres bâclés qui puent l’alcoolisée conception. D’ailleurs, l’alcool est l’un des principaux thèmes abordés par ses textes (« Beer Beer », « Vodka », « Tequila », etc.) ce qui tend à valider l’analyse précédente. A cet égard, le mal de crâne généré par l’écoute d’un de leur disque se place lui-même dans le concept. Quelque part il y a du génie dans cette cohérence. Alors, oui, ce genre de musique peut être rigolo en soirée lorsque nous nous trouvons particulièrement éméché car, dans cet état, nous rigolons de la moindre stupide chose, mais de véritables mélomanes continuent-ils à écouter, par exemple, les chansons de Patrick Sébastien après avoir décuvé ? On peut en douter. Or, Korpiklaani est le Patrick Sébastien du metal. Bref, en l’occurrence, certains semblent avoir dû mal à décuver – espérons que ça les aidera à appréhender la fin du monde – au vu de la popularité stupéfiante de cette formation. La vox populi a parlée, même si le peuple ne sait définitivement pas ce qui est bon pour lui, et Korpiklaani se voit dès aujourd’hui octroyé les moyens de vous saouler sur Radio Metal.
Le troisième chantre du mauvais goût est sans doute celui que j’appréhendais le plus mais qui au final m’a offert quelques bonnes surprises. Anaal Nathrakh est appréciable pour de bon riffs testostéronés ici et là et une certaine ampleur épique massive… lorsqu’il ne fait pas preuve d’un jusqu’au-boutisme dans l’excès de brutalité qui le rend parfaitement insupportable, c’est-à-dire, malheureusement une bonne moitié du temps (on notera qu’il tend à se calmer avec l’âge). C’est d’ailleurs, tristement, pour cette dernière caractéristique que Anaal Nathrakh est reconnu, donnant à ce groupe l’étiquette de « plus brutal de la terre ». La belle affaire. Il est surtout le symbole de la ruée vers les extrêmes d’artistes qui ne parviennent plus à innover autrement qu’en poussant le bouchon plus loin que le voisin, quitte à produire un résultat unidimensionnel et perdre tout caractère artistique. N’est pas Strapping Yound Lad qui veut. Ainsi, Anaal Nathrakh est le résultat pervers d’une tendance qui voit de plus en plus de gens davantage écouter la musique pour ses caractéristiques que pour ses qualités. « Ouais, c’est génial parce que c’est übber brooootal ! » Comme nous sommes là pour représenter le metal dans son ensemble, y compris ses dérives et ses excès, et qu’il fallait bien un vrai artiste de destruction massive pour représenter l’apocalypse, Anaal Nathrakh aura à présent l’honneur de vous sulfater les conduits auditifs sur Radio Metal.
A part ça, ce sont quand même près de 5000 nouveaux titres qui vont intégrer notre playlist aujourd’hui, avec notamment une cinquantaine de groupes qui n’y étaient pas représentés jusqu’à présent.
Sur ce, bonne fin du monde et à la semaine prochaine.
NB : Certains propos dans cet article ont été rédigés de manière intentionnellement exagérée dans un but dramatique et de provocation. Veuillez donc laisser à l’auteur la vie sauve, au moins jusqu’à la fin des temps, ce qui ne devrait tarder.
Qu’est-ce que vous appeler « faire entrer dans la playlist » ? Je me souviens avoir entendu du Korpi déjà sur RM (Tequila, pour être précis et rester dans l’alcoolisé).
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Si on met de coté le tsunami médiatique qu’a pu être ce groupe (et qui à du en énerver plus d’un, ce que je conçois), et si on se concentre uniquement sur la musique, toute personne se disant un tant soi peu « sensible » au rap métal ne peut dénigrer le fait que « le biscuit mou » à pondu certaines pièces maitresses du style … Avec son lot de flows, riffs, et originalités qui vont bien … Comme pour n’importe quel groupe, le tout est de mettre la galette dans le lecteur sans a priori et bien écouter l’album en entier plutôt que de couper à la seconde 34 du premier titre … Sinon on peut aussi écouter du limp bizkit en étant bourré et s’essuyer le vomi au coin de la bouche avec son t-shirt Anaal Nathrakh !!
bizuu
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Je soutiens profondément Spaceman dans sa lutte héroïque contre le mauvais goût.
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Petite question: est ce que vous avez du Gorod dans votre playslist?
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Oui il y en a. 😉
ah, je n’en ai pas encore entendu, pas de bol faut croire ^^
et merci pour ta réponse 🙂
Limb Bizkit c est de la merde en barre mais je suis bien content de voir arriver korpiklaani
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bah moi j’adore Korpiklaani SANS avoir consommé d’alcool. Et toc.
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Ouais… Moi je pense pas qu’on puisse vraiment aimer Korpi sans être, enfin un minimum, quelque part, d’une certaine façon, au moins en partie, à l’occasion, même un tout petit peu, sur les bords, un putain de gros ivrogne. Ceci dit, moi aussi j’aime beaucoup Korpi.
Une incontestable victoire (personnelle)… ^^
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Moi de même, mais pas pour le même groupe.
Est-ce que vous avez intégré du Blue Öyster Cult ?
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Malheureusement non car j’attendais de me procurer le box set avec les 17 CDs (les albums Columbia) remasterisés. Donc très certainement à la prochaine vague.
Ah d’accord. Moi aussi j’attends ce coffret avec impatience mais sur le site de la fnac il n’arriverait qu’au mois de Février prochain.
Pour un prix très abordable pour un coffret de ce type environ 60euros.
Vu ici: http://musique.fnac.com/a4828083/Blue-Oyster-Cult-Complete-Columbia-albums-collection-CD-album
J’adore Korpi même quand je suis pas bourrée, et j’ai acheté 2 albums de Limp Bizkit jadis, quand j’étais jeune. Mais j’assume complètement.
Pasque, de temps en temps, du metal joyeux et pas prise de tête, c’est bien, aussi.
Bravo Spaceman pour cet ultime effort, allez, la fin est proche ^^
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Si la discographie de Korpiklaani est fastidieuse, il y a quand même une petite brochette de titres réussis, assez convaincants pour être écoutés même à jeun.
Toutefois j’aurais quelque chose de mieux (et d’encore plus décérébré) à suggérer dans le genre folk festif : Trollfest et son dernier bébé en date, « Brumlebassen »! Le top du top.
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La meilleure playlist, tous sites confondus.
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« Korpiklaani est le Patrick Sébastien du metal », celle ci elle est magnifique mes enfants… magnifique.
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