Les filles de L7 annoncent la couleur avec le titre de leur nouveau morceau, « I Came Back To Bitch » : elles sont revenues pour râler. Mais aussi, comme le précise Donita Sparks en interview, pour proposer des prestations plus sérieuses, solides et puissantes. Ambitions louables pour un groupe qui revient sur le devant de la scène après quelques temps d’inactivité. Deux nouveaux titres les accompagnent actuellement dans ce retour, « I Came Back To Bitch » donc, et le politisé « Dispatch From Mar-A-Lago » inspiré par Donald Trump. Les filles bénéficient par ailleurs d’un répertoire existant contenant quelques brûlots.
Avant de vérifier la solidité et la puissance de la prestation des Américaines, intéressons-nous à Black Moth, formation anglaise, qui ouvre le bal ce soir et dont le dernier disque, Anatomical Venus, est sorti en février dernier. Une naissance au début des années 2010, deux filles, trois garçons, trois albums à classer plutôt côté stoner, voilà pour un bref aperçu de leur histoire. Le reste est à découvrir sur scène, là, tout de suite. Ouvrez donc vos oreilles, le son de ce soir, porté par une majorité de femmes, devrait leur faire du bien si elles apprécient ce qui râpe.
Artistes : L7 – Black Moth
Date : 13 juin 2018
Salle : La Cigale
Ville : Paris [75]
En entrant dans la salle du boulevard de Rochechouart, le premier constat est que la salle a connu meilleur taux de remplissage. En effet, le balcon est fermé. Le retour des Américaines ne fait donc pas le plein. Soit. Le nouvel album prévu en Février 2019 permettra peut-être au groupe de récupérer de nouveaux fans. En attendant, charge à Black Moth de défendre son nom et son nouvel album. Les Anglais investissent la scène peu après 19H30 et leur musique se révèle intéressante dès le premier morceau. Variée, envoyée avec conviction, elle est reçue par un public calme et attentif mais plutôt satisfait de ce qu’il entend. Et de ce qu’il voit. Car même si Dave Vachon, le bassiste, est curieusement de profil la plupart du temps, il se dégage une certaine énergie de la scène où le groupe fait preuve d’une bonne présence.
En trois petits quart d’heure, Black Moth a bien défendu son nom et a ouvert de belle manière cette soirée de fin de printemps. Une soirée indéniablement placée sous le signe de la femme comme Harriet Bevan dédiera le titre « Sister Of The Stone » aux femmes, ses sœurs.
Setlist :
Istra
Looner
Lovers Hate
Moonbow
Severed Grace
Tumbleweave
Sisters Of The Stone
Blackbirds Fall
Pig Man
Désormais, les spectateurs peuvent admirer en fond de scène un magnifique drap reprenant le logo du groupe. Bon, en fait, la vérité est légèrement ailleurs car le drap est flanqué d’un logo L7 ultra simple, basique, naïf et…relativement moche. Donita Sparks aura même l’occasion de plaisanter à son sujet ! Le logo est repris sur la grosse caisse de la batterie. Clairement, pas vraiment d’artifices scéniques à prévoir ce soir. La salle est désormais bien remplie et les lumières qui s’allument sur le public déclenchent quelques cris. Et le concert de démarrer autour de 20H45 avec « Pussy Control » de Prince et les L7 qui arrivent en dansant. Démarrage dans la décontraction assuré ! Dee Plakas se présente bras droit recouvert d’un élégant plâtre rose ; le groupe avait annoncé début juin sur les réseaux sociaux que leur batteuse s’était cassée le bras quelques heures avant leur départ pour leur tournée européenne ! Dee n’assurera donc pas la batterie ce soir mais participe à la fête à sa manière. « Andres » ouvre les débats de belle manière. « Fast And Frightening » tout comme « Everglade » qui suivent secouent la Cigale. Et son sol de bouger au rythme des sauts de la fosse.
« We are L pussy control seven from Los Angeles California ! » annonce Jennifer Finch histoire de présenter le groupe. Avant « Monster », très bon titre, la chanteuse explique que Dee Plakas s’est cassée le bras – ce que les fans ont compris dès l’arrivée des filles sur scène. Du coup un homme œuvre derrière les fûts ! Il s’agit de JoDee Locks. Donita demandera aux fans « Isn’t he doing great? ». « Scrap » arrive et le sol de la salle bouge à nouveau comme la chanteuse invite le public à sauter. Sol qui continuera de bouger sous l’excellent « Fuel My Fire ». Les spectateurs, au taquet sur ce morceau, entonnent les « hey ! hey ! hey ! » du titre. Assez jouissif. Ce classique des Américaines remporte logiquement un gros succès. « Slide » qui suit déclenche les premiers pogos. A ce sujet, on aurait pu s’attendre à une fosse plus remuante. A tort, le pogo n’est pas le roi ce soir et ne manque pas vraiment. Les filles – et le batteur – développent une grosse énergie sur scène, headbanguent, sont là pour offrir une prestation rock’n’roll qui mélange son et sueur. Le public apprécie, applaudit. On sent un réel plaisir de la part du groupe d’être sur scène et un vrai plaisir de la part des fans. Pour preuve de l’enthousiasme de ces derniers, l’accueil chaleureux qu’ils ont réservé à « Off The Wagon » par exemple. Encore un gros succès.
« Slide » est chanté par Suzi Gardner et voit Donita et Jennifer prendre la pose, dos à dos, devant la scène au plus près du public. Plutôt agréable cette capacité des filles à varier les tableaux. « Bloodstains », plus tard, sera chanté par la bassiste. « Must Have More » débarque avec son introduction bien lourde, plombée et poisseuse. A ce moment-là du concert, on perd peut-être un peu de la folie du démarrage avec des titres plus lents. Tout le monde doit respirer ! Mais « I Came Back To Bitch » remet une dose d’énergie et de punch et balaie tout doute quant au rythme de la prestation. Les filles établissent tout au long du concert un très bon contact avec leur public. Physique tout d’abord, en étant toujours en devant de scène. En termes de communication ensuite. Chacune aura en effet l’occasion de s’adresser aux fans, Donita, la majeure partie du temps, mais aussi Suzi quand elle introduit « Slide ».
Jennifer leur fera répéter les paroles de « Bloodstains », les motivera à coup de grosse caisse – la bassiste se plaçant à la batterie -, ou encore en leur disant qu’elle les aime. Sympa, elle remerciera Black Moth et invitera les spectateurs à scander « Black Moth rocks ! ». Bel hommage pour la première partie. Mais la palme du contact revient à Donita qui se paiera deux slams sur « Dispatch From Mar-A-Lago », continuant à jouer de sa guitare portée par les premiers rangs. Pendant les rappels, « Pretend We’re Dead » reçoit un gros succès mérité – le titre est très efficace – et « Shitlist » termine vers 22H05. Une affaire rondement menée. Un concert pied au plancher, un peu court tout de même si on voulait ergoter. Mais l’important est que la prestation de ce soir ait été solide, généreuse et appréciée du public présent. Souhaitons qu’en plus de râler, les filles soient aussi revenues pour durer !
Setlist :
Andres
Fast And Frightening
Everglade
Monster
Scrap
Fuel My Fire
One More Thing
Off The Wagon
Slide
Crackpot Baby
Must Have More
Drama
I Came Back To Bitch
Shove
Deathwish
Dispatch From Mar-A-Lago
Rappels :
Bloodstains
Pretend We’re Dead
Shit List
Report et photos : Loïc « Lost » Stephan.