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Interview   

La décadence et les orgies romaines mènent à l’Ed-Äke !


Le rendez-vous est pris pour le 8 avril, 18h00, metro Voltaire à Paris avec les cinq membres d’Ed-Äke. En pleine promo de Decadence & Poetry, leur album sorti le 22 mars et salué par la critique. Ils sortent à peine d’une séance photo, enchaînent les showcases et les interviews dont celle-ci accordée à Radio Metal. On les sent fatigués mais ils répondront aux questions posées avec une extrême gentillesse, beaucoup de sincérité et une pointe d’ironie et d’humilité histoire de rappeler qu’attraper le melon n’est pas leur genre. Prêts pour une tranche de rock n’roll attitude ? Lisez donc cette interview d’un groupe à qui l’on souhaite de faire sa place au soleil tout près de Téléphone, Trust ou Noir Désir. Et même devant…



« The Arrs sont des potes d’enfance et à l’époque, certains membres d’Ed-Äke étaient dans les mêmes groupes que des gars de The Arrs et donnaient des concerts. Il y a pas mal de groupes avec lesquels nous avons joué et sympathisé. Après, tu connais un groupe, il t’en présente un autre et résultat, il y a une espèce de communauté de groupes sur Paris. »

Radio Metal : Bonjour et merci d’accueillir Radio Metal. Dimitri, tu me disais à l’instant au téléphone que vous sortiez d’une séance photos. La promotion bat son plein en ce moment même ?

Dimitri : Effectivement, c’est le grand rush, le coup de feu de départ et c’est normal, l’album vient de sortir, il y a une équipe qui travaille avec nous sur le développement du groupe et le développement de cet album. Nous courons à droite, à gauche pour faire le maximum d’interviews. Mais cela reste plutôt intéressant à faire !

Decadence & Poetry vient donc de sortir. Etes-vous heureux et satisfaits ?

Nico : Complètement satisfaits. Il y a eu pas mal d’argent investi et que cela soit au niveau du son, des compositions, de l’enregistrement de l’album en général, nous sommes vraiment plus que contents. Nous sommes contents de cette expérience que nous avons vécue et des différents studios visités.

Et comment se passe la composition d’un album chez vous ? Tout le monde donne ses idées ? Vous êtes tout de même cinq.

Fred : Effectivement nous sommes cinq et nous fonctionnons à cinq voire même plus si nous sommes amenés à travailler avec des personnes de l’extérieur. Les réalisateurs de l’album par exemple avec lesquels nous partageons les avis et les idées. Entre nous, en interne, nous composons, écrivons à cinq. Et nous ne nous limitons pas à notre activité soit de chant, soit de guitare ou de batterie. Nous communiquons tous ensemble et l’idée est que tout soit validé par l’ensemble du groupe.

Est-ce cela qui permet d’avoir sur scène quelque chose de cohérent ?

Fred : Tout à fait. Nous sommes cohérents car nous avons plaisir à tout jouer et une envie commune de défendre nos morceaux.

Dimitri : En fait, nous partons toujours du principe que s’il y a le moindre détail, un passage, ne serait-ce qu’une seconde de musique qui ne plaît pas à l’ensemble du groupe, nous le retravaillons jusqu’à ce que tout le monde soit satisfait et dise OK.

Nico : Si nous prenons du plaisir à jouer nos morceaux et à les écouter, nous donnerons du plaisir aux gens et nous prendrons du plaisir sur scène. C’est un plaisir qui sera communicatif et nous pensons que c’est important.

Votre précédent album, In Loving Memory Of A Dead Rock Band, date de 2007. Qu’avez-vous fait depuis 2007 ?

Nico & Fred : Il est sorti en septembre 2007, cela fait à peine deux ans.

Julien : Nous sommes partis défendre l’album sur les routes avec plus de 70 dates en un an et demi. Ensuite nous avons naturellement pris la voie des studios parce que nous avions besoin de composer un nouveau truc tous les cinq d’autant que pour ma part, je suis arrivé en cours de route pour défendre In Loving Memory. Nous avions besoin de créer une nouvelle personnalité après cet album puisque nous avions tous évolué. Donc voilà ce que nous avons fait pendant ces deux ans : tourner et créer un nouvel album.

Justement, à propos de nouvelle identité, on sent une évolution entre les deux albums. In Loving Memory a été qualifié de néo-métal, de stoner abrasif. Avec Decadence, on sent quelque chose de beaucoup plus maîtrisé. Il y a toujours l’énergie mais c’est plus accessible.

Dimitri : Je pense que la mission de chaque groupe est d’évoluer, de ne jamais proposer la même chose à son public. Un public sans cesse nouveau ou en tous les cas que nous espérons nouveau à chaque fois. Evidemment, le temps a passé, nous avons écouté d’autres choses, sommes revenus sur des vieux trucs que nous écoutions depuis un moment, avons écouté plein de trucs sortis ces dernières années. Les Raconteurs ou les White Stripes par exemple. Ce sont des groupes qui nous ont beaucoup inspiré. Foo Fighters aussi a énormément évolué. Ce sont des groupes que nous suivons depuis longtemps et naturellement notre musique a évolué avec cela. Nous avons écouté des trucs plus pop aussi, ce qui nous a assagis, calmés.

Sauf sur scène !

Dimitri : Effectivement. Et comme tu le disais, nous avons gardé ce côté énergique, brut avec ce son qui peut se rapprocher d’un son américain ou anglais.

Il est vrai que des chansons comme «Shot Down In Pieces» ou «Electric Avenue» gardent l’énergie intacte.

Nico : Je voulais rajouter qu’avec le temps et le fait que nous faisons de la musique depuis un moment maintenant, nous avons gagné en expérience et donc au niveau composition, nous savons déjà un peu plus comment composer une chanson. Nous avons appris que plus de simplicité faisait gagner en efficacité. Effectivement, ce que nous écoutons est de plus en plus pop. Voilà ce qui peut expliquer le changement de style mais toujours en composant de façon sincère. A l’heure actuelle, nous jouons à 300 % la musique que nous avons envie de jouer et d’entendre.

Julien : Et puis chacun a évolué dans son rôle. Dimitri est passé un peu plus au piano parce qu’il a des facultés pour cela. Au niveau du chant, il a poussé beaucoup plus loin que ce qu’il savait faire avant. Je trouve qu’il chante carrément mieux. Nico est arrivé à un style plus épuré mais plus énergique. Fred a carrément travaillé ses solos, amené plusieurs compostions. J.B. a mis en avant son côté folk au maximum.

Est-ce qu’en rentrant en studio vous aviez une direction ? Est-ce que vous vous êtes dit l’album précédent était comme cela, ce nouvel album doit être comme ceci ?

Fred : Il n’y a pas eu de choix arbitraire, nous avons juste travaillé différemment. Sur les premiers temps de vie des nouveaux morceaux, nous étions peut-être plus dans des structures ressemblant à In Loving Memory. Nous avons énormément travaillé pour faire de ces chansons des compositions mieux construites et effectivement plus accessibles comme tu le soulignais précédemment. Mais accessibles dans le bon sens du terme. Rien n’a été réfléchi d’avance, nous nous sommes juste demandé comment faire de ces morceaux, qui pour nous avaient un fort potentiel, pas uniquement de bonnes compositions mais de très bonnes chansons donc des airs que tout le monde pourrait apprécier sans avoir besoin d’être pointu dans le rock ou le métal.

Nico : Nous avons aussi été plus professionnels dans notre manière de composer en nous enfermant vraiment dix mois dans un studio, une période assez courte finalement qui a permis de donner une unité plus forte à l’album. Quand nous étions dans l’ambiance d’une chanson, nous restions vraiment dessus et nous la travaillions assez rapidement. Le résultat est que Decadence part moins dans tous les sens.

Et pourtant, il y a une grande diversité avec des tessitures de chansons différentes.

Fred : Cela fait plaisir que tu le soulignes et cela reste notre marque de fabrique. On nous a dit la même chose à propos d’In Loving Memory qui avait été plutôt bien accueilli par la critique, à savoir un album avec une vraie unité mais des différences entre chaque morceaux. Ce qui ressort avec Decadence, c’est que c’est un album que l’on prend plaisir à écouter, qui n’est pas ennuyeux. En tous les cas, c’est ce qui nous est remonté.

Dimitri : Pour rejoindre ta question sur la diversité, c’est le résultat du fait que nous ne nous sommes jamais dit : « Ah, tiens, il faudrait écrire un titre comme ceci ou comme cela ». Chacun s’exprime, propose ses riffs, ses plans et cela donne quelque chose de très varié avec la patte de chacun et des titres comme « Cry Away », acoustique, identifiable à une ballade mais aussi Electric Avenue . (ndlr : qui est plus pêchue).

Julien : Vraiment, nous sommes tous actifs dans la composition. Sur Sold Five $, c’est Fred qui amène le riff de base, sur Electric Avenue, si je me souviens bien, c’est JB.


« Donc il faut essayer de l’utiliser dans le bon sens et ce qui est positif là-dedans, c’est la communication, c’est pouvoir contacter des gens en France, à l’étranger. Et cela aide à tourner. Donc, oui, vu que les disques ne se vendent plus, la vie d’un groupe passe essentiellement par la scène, c’est ce qui va faire vivre le groupe. Et puis cela reste quand même la raison d’être d’un groupe. »

Fred : Comme nous travaillons ensemble, les influences de chacun ressortent et il y a plusieurs couleurs.

Nico : En fait, nous ne partons pas dans le même style à chaque fois puisque chacun de nous porte l’idée de départ et un titre pourra partir dans un style rock californien et un autre ailleurs.

Fred : Evidemment, nous écoutons tous principalement du rock mais pas tous les mêmes groupes. Notre panel va du rock des 60’s jusqu’au rock d’aujourd’hui, voire post hardcore pour certains.

Justement, quand on fait des recherches sur Ed-Äke, on trouve une richesse de références qui vont du MC5 aux QOTSA. Ce ne sont pas n’importe quelles influences non plus.

Fred : Ce n’est effectivement pas n’importe quoi mais ce sont de bonnes références, des groupes importants pour nous, majeurs pour tous ceux qui aiment le rock en général. Après, nous ne nous mettons pas de barrières temporelles du genre : « ce qui était bon, c’était le rock des 70’s ». Certes, nous sommes tous vraiment fan de Led Zep ou des Who. Ce sont des géants, des génies, mais rien ne nous empêche d’aimer les groupes d’aujourd’hui et de les apprécier à leur juste valeur.

Dimitri : Tout comme rien ne nous empêche d’aimer Alain Souchon.

Fred : Et même des trucs plus pops ou d’autres styles de musique comme l’électro, le rap, le r’n’b. Du moment qu’une musique est bonne, prenons-la ! Ceci dit nous sommes quand même ancrés dans les années 90 car c’est l’époque où nous étions minots. L’arrivée de la scène de Seattle est une grosse influence qui, à priori, se ressent dans notre musique. Pour conclure, nous ne nous mettons pas de limites, ni de genre ni temporelles.

Pour ouvrir une parenthèse metal, sur votre site, on voit que vous êtes adoubés par des groupes comme Zuul FX ou The Arrs. Quels liens entretenez-vous avec ces groupes et la scène métal ?

Nico : En fait ce sont des groupes qui sont sur Paris et que nous connaissons. Par exemple, The Arrs sont des potes d’enfance et à l’époque, certains membres d’Ed-Äke étaient dans les mêmes groupes que des gars de The Arrs et donnaient des concerts. Il y a pas mal de groupes avec lesquels nous avons joué et sympathisé. Après, tu connais un groupe, il t’en présente un autre et résultat, il y a une espèce de communauté de groupes sur Paris.

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C’est une émulsion ou une compétition ?

Fred : Certainement pas une compétition puisque nous ne jouons pas dans le même style. Ce sont des gens que nous sommes amenés à rencontrer puisque nous partageons parfois l’affiche avec eux. Nous, nous nous moquons de savoir avec qui nous partageons l’affiche, pop ou autre, tant que nous jouons notre musique.

Nico : C’est vrai que les programmateurs voient parfois en nous un groupe métal, parfois un groupe pop. Du coup, nous sommes programmés aux côtés de groupes aux styles assez divers. Il n’y a pas de compétition. Ce sont avant tout des rencontres, des potes que nous connaissons depuis longtemps. Nous apprécions leur musique, nous allons les voir en concert, ils viennent nous voir.

Julien : D’ailleurs, nous ne sommes pas obligés d’apprécier leur musique pour être potes. Pour la plupart, ce sont des gens intelligents et très ouverts. Les gars de The Arrs font peut-être de la musique extrême mais dans la vie de tous les jours, ils sont très ouverts et nous passons de bons moments avec eux. The Arrs, ce sont nos potes metalleux.

C’est marrant, Radio Metal interviewait Niko de The Arrs il y a peu. Nico : Salut, Niko… de la part de Nico. Pour en revenir à Decadence, d’où tirez-vous l’inspiration pour les textes ? Des titres comme «Radio Jesus» ou «Fix» sont, à première vue, très évocateurs.

Dimitri : C’est vrai qu’à première vue, on pourrait penser que c’est un titre qui parle de Dieu alors que cela n’a rien à voir.

Fred : Le titre du morceau est un peu trompeur. Nous voulions une accroche forte. C’est en fait une chanson qui rejoint ce que nous disions sur nos influences et qui rend hommage aux gens qui ont changé notre vie et celle de beaucoup de personnes en créant leur musique, en faisant leur art, avec tout leur talent et toute leur simplicité. Lennon ou Kurt Cobain par exemple. Des gens qui avec deux accords sur leur guitare et un texte écrit sur un coin de table peuvent transformer la vie de millions de personnes. Voilà le vrai thème de cette chanson.

Parlons d’un autre titre, «Shot Down In Pieces». Sera-t-il votre «Shot Down In Flames» (ndlr : titre d’AC/DC sur Highway To Hell) ?

J.B. : On l’espère bien ! (rires)

Sur la vidéo de «Cakes & Cherries», vous êtes déguisés en ours. Vous avez un rapport particulier avec cet animal ou bien était-ce pour vous protéger du froid ?

Nico : Cela représente l’enfance, l’ours en peluche, le jouet que tout le monde a eu.

Dimitri : «Cakes & Cherries» est une chanson qui parle un peu de la nostalgie de l’enfance, du temps qui passe, de ce que nous accomplissons dans la vie. Les costumes symbolisent tout cela en quelque sorte.

Julien : Notre musique est assez rock, la douceur de la peluche faisait donc un petit contraste. Nous ne voulions pas nous lancer dans des grands scénarios qui nous auraient mis nous-mêmes en avant tels des héros de la musique. Nous voulions faire cela déguisés, qu’on ne voit pas trop nos têtes, histoire aussi de donner un côté intemporel.

Et la signification du titre de l’album, Decadence & Poetry ?

Dimitri : C’est inspiré du contexte dans lequel nous avons enregistré l’album. Nous avons trouvé ce titre un petit moment après avoir enregistré en fait.

J.B. : Le titre vient de la chanson «Happiness» qui représente comme l’a dit Dimitri, l’ambiance de l’enregistrement de l’album.

Nico : C’est aussi la dualité de notre musique qui regroupe des influences rock énervé et rock cool.

Fred : Le titre est issu de la dernière chanson de l’album qui a beaucoup d’importance pour nous et quand nous l’avons trouvé, il s’est imposé. Nous nous sommes dit « bien sûr, c’est ça ! ». Cela représente nos difficultés, nos joies et en même temps c’est la vraie symbolique du rock n’roll. La drogue, la sueur et en même temps la beauté des morceaux, l’émotion, tout ce que l’on peut transmettre à un public, à un auditeur.

Dimitiri : La décadence nous a amenés à la poésie en fait.

Donc sans décadence, pas de poésie ?

Dimitiri : Ce sont des termes qui vont souvent ensemble.

Nico : C’est un sujet de philo !

Fred : Si tu regardes les plus grands artistes et pas uniquement dans le rock, beaucoup sont des drogués finis, des écorchés vifs, des mecs qui ne vont pas bien et qui ont des tas de problèmes. Ils se vautrent dans la luxure et les excès et cela leur permet de créer. Ils ont besoin d’un état bizarre pour créer.

J.B. : C’est ce que l’on appelle le spleen.

Fred : La poésie toute seule tomberait peut-être dans la variété, la mièvrerie.

Il est vrai qu’à priori dans toute création, il y a à la base un certain malaise de la part de l’artiste.

Fred : La vraie création nécessite de ressentir des choses fortes et de les intégrer en soi. Il faut être perméable aux émotions, à ce qui se passe autour de soi. On ressent ces choses-là soit dans des états de joie extrême ou de tristesse extrême ou sous l’effet de la drogue, l’alcool ou je ne sais quoi d’autre. C’est cela qui aide à ressentir les vraies vibrations du monde à un moment donné et qui permet d’écrire de belles choses.

J.B. : Nous, c’était les cacahuètes !

Mais il faut quand même pouvoir tenir le rythme sur scène ?

Dimitri : Après, enchaîner les concerts, cela s’apprend, c’est un rythme. C’est comme la première fois que tu vas courir cinq kilomètres, tu rentres complètement cassé, tu dors trois jours. Quand tu fais cela tous les jours, cela va mieux.

Nico : Nous avons trouvé une technique. Nous jouons les morceaux trente pour-cent plus vite comme cela nous finissons les concerts plus tôt (rires).


« Si tu regardes les plus grands artistes et pas uniquement dans le rock, beaucoup sont des drogués finis, des écorchés vifs, des mecs qui ne vont pas bien et qui ont des tas de problèmes. Ils se vautrent dans la luxure et les excès et cela leur permet de créer. Ils ont besoin d’un état bizarre pour créer. »
Pour revenir à quelque chose de moins poétique et de plus concret, aujourd’hui, en tant qu’artiste, avec Internet, est-ce plus compliqué de vivre de son art au-delà des fenêtres qu’offrent MySpace ou FaceBook ?

Nico : Internet est assez utile à notre niveau et positif pour développer notre notoriété, pour retrouver un maximum de monde en concert. Mais c’est vrai qu’avec le téléchargement illégal, il y a un manque d’argent, un manque à gagner évident pour les artistes.

Dimitri : Si tu mets de côté la vente d’albums qui devient fatalement secondaire même si cela ne nous arrange pas, Internet est assurément quelque chose de bien. Les gens tapent notre nom sur Deezer et peuvent écouter en direct nos deux albums. C’est vrai que cela fait avancer les choses. Et si les gens aiment ce que nous faisons, ils vont vouloir nous voir en concert.

Fred : Il y a vraiment les deux points de vue parce que cela dépend juste à quelle catégorie de personnes tu t’adresses sur le Net. Les jeunes de quinze ans aujourd’hui qui font partie de notre public au même titre que des trentenaires ou des quarantenaires, tous n’auront pas les mêmes réflexes. Tu as ceux qui sont nés avec le Net et le téléchargement.

Dimitri : Point de vue producteurs, cela ne les arrange pas du tout qu’il y ait Internet mais nous en tant qu’artistes qui voulons nous faire connaître, c’est intéressant.

Fred : De toute façon, Internet, tu es obligé de l’utiliser, c’est un outil absolu, incontournable. Si tu passes à côté, c’est fini.

Dimitri : Si tu passes à côté, tu es un con.

Est-ce que cela vous oblige à plus tourner ?

Fred : Oui, tu es obligé. Les choses ne se passent plus par le disque comme le disait Dimitri puisqu’effectivement cela devient anecdotique de vendre des disques à cause du Net. Il y a aujourd’hui un outil qui détruit le business, c’est Internet et il faut donc l’utiliser.

J.B. (en fond) : Ouais, va te faire enculer Internet, Napster, on va te crever !(rires)

(à l’attention de J.B.) : Metallica, Metallica, sort de ce corps !

Fred : Donc il faut essayer de l’utiliser dans le bon sens et ce qui est positif là-dedans, c’est la communication, c’est pouvoir contacter des gens en France, à l’étranger. Et cela aide à tourner. Donc, oui, vu que les disques ne se vendent plus, la vie d’un groupe passe essentiellement par la scène, c’est ce qui va faire vivre le groupe. Et puis cela reste quand même la raison d’être d’un groupe.

A propos de la scène, qu’avez-vous retenu de votre date au Nouveau Casino ? En tant que spectateur, on voyait un groupe foncièrement orienté « live ».

Nico : C’est vrai qu’en live, nous mettons encore plus l’aspect sur l’énergie. Quand nous faisons un album, nous aimons bien profiter des capacités d’un studio et mettre plein d’instruments supplémentaires, peaufiner, travailler les arrangements. Après, en live, forcément, nous ne disposons pas de tous ces instruments et donc nous en profitons pour mettre plus d’énergie, pour être plus directs.

D’autant que les références que vous mettez sur votre site comme les MC5 ou les Who placent la barre haut niveau performances live.

Dimitri : C’est vrai mais ceci dit, mettre des références sur Internet ne veut pas dire que tu te compares à eux. Cela veut simplement dire, nous nous écoutons ça, nous sommes sous l’influence de ces combos. Maintenant, nous aurions très bien pu mettre aussi Alain Souchon car c’est quelqu’un que nous apprécions, que nous avons écouté et que nous écoutons toujours. Sur scène, nous essayons de faire le job et nous aimons que les gens en aient pour leur argent quand ils payent douze euros une place de concert. Cela fait quinze ans que nous faisons de la musique, nous avons vu plein de concerts et trop où nous avons été déçus, où tu mets vingt, trente ou quarante euros dans une place et puis les mecs arrivent, jouent une demi heure et s’en vont comme ils sont venus.

N’était-il pas un peu frustrant de ne pas avoir votre album sorti sur cette date au Nouveau Casino qui devait être importante pour vous ?

Nico : C’était notre première date en fait.

Dimitri : Elle avait été calée il y a un moment et l’album devait sortir ce jour-là.

Et pas le 15 Février comme ce qui avait été annoncé ?

Dimitri : Oui, en fait, cela avait été reculé pour plusieurs raisons, du fait de notre label, par rapport à la production. Et puis, il y a eu un moment où nous n’avions pas ce que nous voulions question mastering et où nous avons trouvé plus sage de reculer le truc. Après, cela n’est pas vraiment un gros problème de reculer la sortie d’un album. Le fait est qu’il devait sortir le jour du Nouveau Casino et que cela ne s’est pas fait mais je ne crois pas que les gens nous en aient tenu rigueur.

Fred : Il était sorti en numérique, sur les plateformes de téléchargement. Ce n’est pas pareil mais au moins il existait déjà un peu.

Dimitri : Pour en revenir à ta question de base, le Nouveau Casino est un super souvenir pour nous. Nous nous sommes vraiment éclatés et les gens étaient quand même au rendez-vous ce qui n’était pas évident, un mardi, pendant les vacances.

Et votre tournée vous emmène jusqu’où ?

Dimitri : Pour l’instant, nous avons quelques dates qui sont tombées, l’album est sorti au mois de mars, cela se construit petit à petit.

Nico : La tournée va en fait démarrer en septembre. Comme nous avons reculé la sortie de l’album, certaines dates n’ont pas été confirmées. Là, nous faisons quelques dates mais la vraie tournée démarrera effectivement en septembre.

Vous faites l’Elysée Montmartre en mai.

Fred : Nous avons effectivement quelques grosses dates en prévision. Là, nous faisons un petit mois avec pas mal de concerts d’acoustique, pas mal de show cases. Nous serons notamment à l’International le 19 Avril pour un set acoustique. Le 14 Mai nous jouons pour la Sabotage Party à Glazart, nous revenons pour l’Elysée et nous aurons fait La Laiterie à Strasbourg la veille, deux grosses dates importantes pour nous.


Vous parlez d’acoustique, c’est quoi pour vous ? Un passage promo obligé ? Une vraie démarche artistique ?

Julien : C’est plutôt une vraie envie que nous avons. Au niveau électrique, même si nous ne sommes pas parfaitement au point, car il y a toujours plein de choses à faire, nous avons un set qui est rodé et qui nous convient. A côté, nous avons envie de préparer un truc acoustique parce que cela nous correspond aussi, que c’est une image que nous avons envie de défendre. Et nous adorons tout ce qui est live acoustique.

Nico : C’est une vraie démarche, un vrai plaisir. Nous sommes tous fans des albums unplugged qui ont été faits par Alice In Chains, Nirvana, Pearl Jam et j’en passe. C’est un vrai plaisir de tourner en acoustique.

Dimitri : Quand on nous a proposé de faire des showcases, nous avons dit oui tout de suite. Même pour l’International, on nous a demandé si nous voulions le faire en électrique ou en acoustique et vu que sur le mois d’avril nous savions que nous serions sur notre lancée acoustique, nous avons voulu le faire en acoustique. Et c’est bien de surprendre les gens surtout que nous avons pas mal joué sur Paris. Et ce sont de nouvelles orchestrations des titres de Decadence & Poetry.

Fred : Cela plaît aux gens même à un public bien rock, donc nous n’allons pas nous en priver d’autant que nous adorons cela. Et puis ce n’est finalement pas une grosse surprise vu que sur l’album précédent, il y avait déjà des entrées acoustiques et sur Decadence…encore plus. C’est donc juste la suite logique.


« Si nous prenons du plaisir à jouer nos morceaux et à les écouter, nous donnerons du plaisir aux gens et nous prendrons du plaisir sur scène. C’est un plaisir qui sera communicatif et nous pensons que c’est important. »
C’est quand même différent de proposer des passages acoustiques au sein d’un morceau et de faire tout un set acoustique.

Fred : Oui et non. C’est déjà une démarche quand tu sais que derrière un morceau très rock, très pêchu, tu as quand même une gratte acoustique, un plan acoustique. La démarche de mettre des guitares acoustiques en soutien montre que la brèche est déjà ouverte.

Nico : Nous ne nous contentons pas de jouer les mêmes parties moins fort. Nous faisons une espèce de recomposition de la chanson.

Dimitri : Nous adorons nous reprendre nous-mêmes ! (rires)

Nico : Au bout d’un moment, quand tu fais des concerts avec les mêmes chansons, tu as envie de changer, de faire une petite pause, de jouer la chanson autrement. Cela fait du bien et après tu as encore plus d’énergie pour jouer en électrique.

Question à chacun d’entre vous, votre meilleur souvenir avec Ed-Äke ?
Dimitri : Trés sincèrement, on nous la pose souvent cette question et je suis incapable de répondre parce que Ed-Äke, cela fait dix ans que le combo existe et c’est un ensemble de grands moments, chaque concert, même quand au début nous jouions devant cinq personnes, cela reste quand même des bons souvenirs parce que nous sortions de là morts de rire. C’est vrai, jouer devant cinq personnes, cela reste des situations qui nous font énormément rire. Assurer la première partie de Superbus et jouer devant un Zénith plein à craquer qui vous accueille à bras ouvert a été aussi un super souvenir.

Nico : A mon avis, tous ensemble, nous pourrions te donner cette réponse en premier. Pour nous tous cela a été un des souvenirs les plus marquants parce que c’était vraiment une salle ultra blindée et les gens qui sont fans de Superbus sont des vrais fans.

Dimitri : Mais il y a eu aussi les concerts avec Aqme à l’Elysée Montmartre, ou la Laiterie et le Nouveau Casino.

Donc plein de bons trucs, tant mieux. Un pire souvenir alors ?

Dimitri (approuvé par le reste du groupe) : La Basse Cour à Nanterre. Donc nous arrivons là-bas et c’est un endroit où ils se foutent vraiment de la gueule du monde. Il n’y avait pas eu du tout de communication ni de promo et il n’y avait juste personne. Nous devions faire la balance, et au lieu de faire la balance, nous avons commencé une chanson, nous l’avons terminée, nous avons enchaîné tout le set, cela a duré une demi-heure et à la fin, nous avons fait « salut bandes de bouffons ! ».

Fred : C’est vrai que parfois nous avons des surprises avec des gens qui prétendent nous caler des dates dans des endroits que nous ne connaissons pas. Par exemple, une fois, nous nous sommes retrouvés dans une espèce de PMU bizarre. Nous commençons à balancer et on nous dit au bout de trente secondes :  » Non, c’est trop fort, ce n’est pas possible ». OK, on remballe et on se casse. Cela arrive au début, quand tu ne connais pas. Par surprise en fait.

Dimitri : Maintenant il y a un tourneur, un manager, des producteurs, donc des gens qui s’occupent de cela.

Fred : C’est clair que cela ne devrait plus nous arriver mais nous sommes aussi contents de l’avoir vécu.

Nico : A part ça, même s’il n’y a que cinq personnes à un concert et que ces cinq personnes sont à fond dedans, cela laisse quand même un bon souvenir parce que tu es avec eux et que cela fait plaisir de partager ta musique.

Dimitri : Ah, j’oubliais, un super souvenir ! Nous avons joué cet hiver à la montagne, aux Arcs, et on nous a fait jouer dehors à neuf heures du soir par moins sept degrés. Mais c’était mortel ! Ils avaient tellement froid aux doigts, Fred, Julien et J.B. qu’ils n’arrivaient plus à suivre et que nos chansons, c’était n’importe quoi. Et puis, moi, j’étais un peu bourré !

Fred : Il n’y a eu que le vin chaud qui a pu nous sauver !

Hors catalogue Ed-Äke, la chanson rock que vous auriez aimé avoir écrite.

Dimitri : Smell Like Teen Spirit de Nirvana. C’est avec cela que j’ai vraiment pété les plombs.

Fred : Je vais attendre la fin du tour.

Nico : Un truc de Slipknot.

J.B. : A Day in The Life des Beatles.

Julien : Won’t get fooled again des Who.

Alors, Fred, le tour est fini…

Fred : Je pensais à Pigs On The Wing que j’écoutais hier. (ndlr : des Pink Floyd). Je me disais que ces mecs sont quand même des purs de génie. C’est incroyable l’âge qu’ils avaient quand ils ont composé ce tube !

Le premier artiste qui vous a marqué et qui vous a donné envie de faire ce que vous faites maintenant.

J.B. : Nirvana & Silverchair.

Dimitri : Iron Maiden.

Fred : Moi cela été Hendrix et Led Zeppelin. J’avais récupéré des veilles cassettes à l’époque.

Tu as écouté le dernier Hendrix ?

Fred : Quelques trucs seulement.

J.B. : Tous les morceaux sont déjà sortis sur des bootlegs.

Nico : Pour répondre à ta question : Les Whos et les Guns’n’Roses.

Julien : Moi, c’est Kurt Cobain. Je me souviens quand mon pote m’a filé Bleach de Nirvana et m’a dit : « Allez, va écouter de la vraie musique ». Quand j’ai écouté ça, mon père est entré dans ma chambre, a pris la cassette et l’a jetée contre le mur. Cela a fait un trou dans le mur !

Le disque que vous emmèneriez sur une île déserte ?

Nico : Ed-Äke…je déconne.

Dimitri : Ed-Äke avec une photo de moi dédicacée par moi. (rires)

Julien : Use Your Illusion I des Guns N’Roses.

J.B. : L’album blanc des Beatles.

Dimitri : L’album de Simon & Garfunkel avec The Sound Of Silence.

Nico : Les Carpenters.

Fred : J’emmènerais peut-être un petit Ramones.

Julien : Parce qu’il fait 60 chansons !

Fred : Au moins j’en ai beaucoup sur un CD.

Le Loco Live ! One, two, three, four, let’s go. (rires)
J’imagine qu’on vous l’a posée dix mille fois mais pour les auditeurs de Radio Metal qui ne vous connaissent pas, quelle est l’origine du nom du groupe ?

Fred : C’est juste pour faire comme Spinal Tap ou comme Mötley Crüe avec les trémas.

Dimitri : Non, sérieusement, l’histoire du nom du groupe est assez simple. Avant que nous nous retrouvions tous à jouer avec Ed-Äke, nous avions des groupes séparés même si nous jouions tous dans le même bled du 94. Forcément, quand tu as quatorze ans et que tu as un groupe, tu joues chez toi, dans ta chambre ou dans ton garage. Et tous les week-ends, nous jouions et pétions la tête à nos parents.

C’est donc vraiment le mal de crâne.

Dimitri : Tout à fait et c’est clairement un hommage à nos parents.

Fred : Le jeu de mot, tout le monde l’avait compris, après nous l’avons écrit comme cela…

Dimitri : …par pure folie !
Fred : Voilà. Cela fait un peu Spinal Tap, suédois, on ne sait pas trop. Cela devient un nom propre.

Pour terminer, que souhaitez-vous dire aux auditeurs de Radio Metal ?

J.B. : Continuez à vous bouger le cul, à acheter des disques, à voir des concerts.

Nico : Droguez-vous. (rires)

Pour faire de la poésie, c’est ça ? (rires)

Fred : Continuez à écouter Radio Metal et courez acheter l’album de Ed-Äke dans votre magasin le plus proche.

Dimitri : Et courez vite ! (rires)

Entretien réalisé le 8 Avril 2010 au Café Le Rey, Paris XIe.



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    Thundermother @ Lyon
    Ghost @ Lyon
    Spiritbox @ Lyon
    Metallica @ Saint-Denis
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