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Interview   

La dynamique d’Evanescence


Amy Lee est un rayon de soleil, une de ces personnes à la jovialité contagieuse. A son contact, même téléphonique, on attrape immédiatement le sourire et la bonne humeur. Elle est polie, gentille, volontaire et sincère dans ses réponses.

A l’occasion de la sortie, le 10 octobre prochain du nouvel album éponyme d’Evanescence, nous nous sommes donc entretenus avec sa chanteuse et avons, entre autres sujets, abordé la genèse de ce disque, qui aura tout de même mis deux ans à sortir. Elle nous décrit notamment une toute nouvelle dynamique de groupe, brisant l’idée reçue qu’Evanescence serait le projet solo d’Amy Lee. Quant aux paroles, elles représentent un exutoire thérapeutique qui lui permet de faire la paix avec les moments les plus sombres de sa vie.

Réalisé deux jours avant le triste anniversaire des attentats du World Trade Center, cet entretien aura permis à Amy Lee d’exprimer sa grande émotion vis-à-vis de cet événement.

Entretien.

« Il est possible que je fasse quelque chose en solo ou une sorte de side-project à l’avenir. »

Radio Metal : Comment ça va ?

Amy Lee (chant) : Je vais bien et toi ?

Ça va, merci. C’est la fin de la semaine donc ça va !

Ouais, la fin de la mienne aussi ! Ça fait presque deux semaines que je fais cette tournée promotionnelle et c’est le dernier jour.

Deux semaines ? Ca doit être ennuyeux à force…

Ouais, mon cerveau est grillé ! J’ai dit les mêmes choses tellement de fois, je ne sais même plus ce qu’elles veulent dire (rires)

Oui, j’imagine… Dans ce cas je m’excuse par avance si je pose des questions auxquelles tu as déjà répondu…

Oh non ! Merci à toi d’aider à promouvoir cet album. J’en suis très, très fière.

D’accord, alors allons-y. D’après ce qu’on peut lire sur le web, vous êtes entrés en studio en février 2010 avec Steve Lillywhite, mais apparemment l’orientation plutôt électronique n’a pas plu à votre label qui a demandé au groupe de recommencer l’album à zéro. Pourquoi avoir accepté de vous soumettre à leurs exigences ?

Ce n’est pas comme ça que ça s’est passé. Tu ne devrais pas prendre toutes tes informations d’internet, tu sais ? (rires) Voici comment ça s’est passé : en 2007, on a terminé la tournée avec The Open Door et je n’avais pas de projet. On n’avait pas en tête de faire un album en particulier. J’étais tout juste en train de me marier et j’ai pris du temps entièrement pour moi, j’ai même envisagé de ne pas faire d’album du tout. Mais tu sais, j’adore la musique, donc j’ai recommencé à écrire juste comme ça, je ne savais pas pour quoi c’était. C’était juste pour moi. Naturellement, j’ai écrit des chansons que j’aime vraiment mais certaines étaient plus pour Evanescence et d’autres non. Je pense qu’au bout du compte, pour que ce soit du Evanescence, il faut que ça envoie. Je ne pouvais pas le faire toute seule. Mais lorsqu’on est entré en studio pour la première fois ça n’était tout simplement pas fini. Ça n’a rien à voir avec le label. Ça ne collait pas avec le producteur. C’était vraiment sympa mais ça ne collait pas et encore plus important, je me suis vraiment rendue compte que c’était trop tôt, on n’avait pas fini d’écrire. Nous n’avons pas recommencé à zéro. Il y a toujours sur l’album certaines des chansons qu’on avait à l’époque.

Certaines de ces chansons electro qui n’ont pas fini sur le disque sortiront-elles un jour d’une manière ou d’une autre ?

Oui, je pense. Il y en a qui vont dans d’autres directions musicales, un peu plus comme Björk je suppose, mais pas tout à fait… C’est difficile à décrire. Ces chansons étaient globalement plus simples, juste moi et un piano, parce que je compose beaucoup comme ça. Je ne sais pas exactement ce que je vais faire des morceaux mais il y en a que j’aime vraiment beaucoup… Elles ne collaient pas à cet album. Je pense qu’il est possible que je fasse quelque chose en solo ou une sorte de side-project à l’avenir.

Tu as déclaré qu’avec cet album, c’est la première fois que le groupe travaillait collectivement. Est-ce la raison pour laquelle c’est un album éponyme ? Une sorte de nouveau départ pour le groupe ?

Oui, c’est la raison principale pour laquelle l’album porte le nom du groupe, t’as tout compris. (rires) C’est un album orienté vers le groupe. C’est devenu de plus en plus important pour nous et je pense qu’on sonne plus que jamais comme un groupe. C’est le même line-up que lorsqu’on faisait la tournée de The Open Door et je me souviens, à la fin de cette tournée, avoir dit « Wow, nous n’avions jamais fait aussi bien. Musicalement le groupe n’a jamais été aussi carré. ». J’ai évolué en tant que musicienne. Je suis une meilleure musicienne que je ne l’étais à 21 ans lorsqu’on faisait notre première tournée, du moins je l’espère ! Et c’est exactement le groupe que je voulais et je suis vraiment contente que tout le monde soit encore là et soit encore plus impliqué. Ils sont tous de très bons musiciens. Ils apportent tous quelque chose de vrai et d’unique à l’ensemble et j’adore ça. Dans cet album, tu peux vraiment entendre chaque membre du groupe, entendre leur style transparaître.


« On sonne plus que jamais comme un groupe. »

En regardant vos albums précédents, penses-tu qu’ils aient souffert du fait que ce n’était pas un effort collectif ?

Hum… Eh bien, je ne pense pas qu’ils aient souffert… C’était juste une autre époque.

Les paroles et les titres des chansons sont généralement très tristes sur cet album. Il y a des chansons comme « My Heart Is Broken », « End Of The Dream », puis des chansons comme « Erase This », « Never Go Back »… On dirait que ce disque parle de surmonter les moments les plus sombres de notre vie, comme des ruptures ou la mort de proches et parle du fait de tourner la page et d’aller de l’avant. Es-tu d’accord avec cette analyse ?

Eh bien tu as raison à propos de ces chansons. C’est marrant, j’ai fait une autre interview aujourd’hui et le gars m’a dit : « J’ai trouvé que cet album est beaucoup moins déprimant que vos autres albums. Il est vraiment joyeux » et je me suis dit « Vraiment ? ». Je pense qu’on entend tous l’album de façons différentes, ce qui est une bonne chose. Il y a un peu de tout. Je pense que l’album est très dynamique. Il y a ces chansons très sombres, comme tu l’as dit, qui parlent de surmonter les moments les plus sombres de nos vies. C’est ce qui m’inspire. Je trouve que ce sont généralement les choses les plus douloureuses que j’ai ressenti qui me poussent à écrire une chanson et à me libérer. Parvenir à transformer un moment difficile de ta vie en une belle chanson permet vraiment d’être en paix avec la situation.

Parles-tu de ta propre vie dans cet album ? As-tu vécu des moments difficiles avant de l’écrire ?

Bien-sûr, oui, mais pas non plus de gros drames. La vie est pleine de hauts et de bas émotionnels. Il n’y a pas de « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Je suis mariée et je vais très bien, je suis heureuse mais la vie peut être difficile parfois et je garde toujours ça en tête.

Est-ce que cet album est une façon d’expliquer ce que tu as ressenti ou est-ce aussi une manière de donner des conseils à l’auditeur pour qu’il puissent surmonter ses problèmes ?

Tu sais, c’est marrant. Je pense que cet album fait les deux, naturellement, mais à titre personnel j’écris pour moi-même. Ce n’est pas intentionnel, j’essaie juste de décrire ce que je ressens et souvent, au bout du compte, ça sonne comme un discours de motivation, comme si je disais « hey, voici ce que tu devrais faire de ta vie ». Mais c’est à moi que je m’adresse. Je me dis comment m’améliorer, je me console, je me guéris, je me punis et j’essaie toujours de trouver le bonheur. C’est toujours ce que je fais lorsque je compose une chanson. Et nos fans l’entendent et ont les mêmes pensées apaisantes à travers la musique lorsqu’ils vivent un moment difficile.

C’est donc une sorte de thérapie.

C’est ça. C’est vraiment le cas pour moi.

« Parvenir à transformer un moment difficile de ta vie en une belle chanson permet vraiment d’être en paix avec la situation. »

Appeler cet album Evanescence, est-ce aussi une façon de dire « c’est du Evanescence pur et dur » et pour prouver qu’Evanescence peut exister sans Ben Moody ?

Je pense qu’on a prouvé ça il y a longtemps. Vraiment. Je pense qu’on a prouvé ça avec The Open Door.

Par curiosité, as-tu écouté les chansons de son nouveau projet We Are The Fallen ?

A vrai dire, non, je n ai pas écouté.

Ton batteur, Will Hunt a toujours un paquet de projets parallèles différents. Est-ce que ce côté mercenaire te dérange ?

Non ! Non, je l’adore, il a tellement de talent. Il sera toujours là pour nous. Il fait partie intégrante d’Evanescence. Il est batteur de session pour beaucoup de groupes parce que c’est fun ! Ses pensées fusent de partout et il faut qu’il s’occupe, il faut qu’il continue de jouer, il adore ça. Donc lors des périodes entre nos albums, je l’ai encouragé à faire tout ce qu’il voulait faire, comme les autres. Mais il dit toujours qu’il se sent chez lui, que c’est le groupe qu’il considère vraiment comme le sien.

Le clip de la chanson « What You Want » raconte un peu l’histoire du groupe et vous montre en concert dans des petites salles. Est-ce que ces concerts intimistes te manquent ?

Parfois oui, je vois exactement ce que tu veux dire. Lorsqu’on a tourné ce clip, ça avait l’air vrai. De vrais fans sont venus pour être dans la vidéo et on se serait vraiment crus à nouveau à un de ces petits concerts. J’ai vraiment eu des pensées nostalgiques. J’aime ça, l’énergie est vraiment géniale quand tu es aussi proche des fans mais j’adore également les grandes scènes, où tu peux amener plus d’instruments et de matériel et sortir le piano à queue. A l’époque de ces concerts, on devait soit jouer sans piano du tout soit jouer sur un clavier et… ce n’est pas la même chose (rires). J’aime avoir la place pour courir dans tous les sens et avoir tous les moyens de production qu’on aime avoir et qui collent vraiment bien à notre musique.

Ça te manque de jouer dans des petites salles ? Récemment, le groupe Muse a déclaré que ce type de concerts leur manquait et qu’ils aimeraient jouer dans des petites salles pour leur prochaine tournée. Que penses-tu de cette idée ? Aimerais-tu fais quelque chose comme ça ?

Je pense que c’est très intéressant. On fait des concerts de taille variée. La première tournée qu’on fera en octobre et en novembre… ce ne sont pas des arènes ! Je ne sais même pas si on pourrait le faire. On fait des petites salles exprès pour avoir ce côté intimiste pour notre retour sur les planches avant de faire de plus gros concerts l’année prochaine je l’espère.

Evanescence a fait beaucoup de reprises, surtout sur scène. Peut-on s’attendre à de nouvelles reprises pour votre tournée à venir ?

A vrai dire, à l’heure actuelle on se concentre vraiment sur nos propres morceaux. Maintenant on a tellement de chansons… On jouerait toute la nuit (rires) ne serait-ce qu’en essayant de jouer toutes nos chansons préférées d’Evanescence. Donc je pense que pendant quelque temps on ne fera pas de reprises. On fera seulement notre musique cette fois.

(A propos des attentats du 11 septembre) « On ne s’imagine pas voir ça arriver chez nous, et je ne pensais pas que ça pouvait arriver à New York comme ça. C’était assez incroyable. Je me souviens lorsque c’est arrivé, ça ne semblait pas vrai. »

Lors de vos débuts, vous avez sorti un album intitulé Origin. Ce qu’est ce disque n’est pas tout à fait clair et certains se posent toujours la question si vous avez sorti 3 ou 4 albums. Qu’est-ce qu’Origin pour toi, est-ce une démo ou un vrai album ?

Ce n’était pas un vrai album, on l’a fait à la maison. C’était l’album qu’on vendait à nos petits concerts à l’époque, à Little Rock et dans les environs. Donc c’est marrant, les gens nous demandent « alors c’est votre quatrième ou cinquième album ? » et je réponds « non, c’est notre troisième ! » mais ouais, les gens ont d’abord découvert notre musique grâce à internet. Je pense qu’il y a beaucoup de copies de vieilles démos et autres sur lesquels les gens ont collé un logo et l’ont fait passer pour un album alors que ce n’est pas le cas.

Dernière question : les événements du 11 septembre se sont déroulés il y a 10 ans. As-tu des pensées à partager là-dessus ?

Wow, je ne sais pas quoi dire… c’est vrai. C’est un événement qui a tout changé. Des choses horribles se passent partout sur Terre à chaque instant. Je suppose qu’on ne s’imagine pas voir ça arriver chez nous. Et je ne pensais pas que ça pouvait arriver à New York comme ça. C’était assez incroyable. Je me souviens lorsque c’est arrivé, ça ne semblait pas vrai. On aurait dit un film horrible. C’était une énorme perte et c’était totalement terrifiant et dévastateur. Je pense que l’ensemble des Etats Unis a vécu dans la peur depuis. J’espère que l’on va réussir à guérir un peu et ne pas rester terrifiés à jamais. C’est nul. C’est terrible parce que je ne comprends pas l’intérêt. Pourquoi aller tuer un tas de gens que tu ne connais même pas ? C’est un gâchis total.

Tu as l’air très émue, cet événement semble t’avoir vraiment touché…

Je suppose que je suis quelqu’un de très émotionnelle en général (rires). Lance-moi sur quelque chose de sérieux et j’en écrirais une chanson !

C’était ma dernière question, désolé, c’est un peu triste comme fin d’interview ! (rires)

Je sais ! (rires) Donc pour finir : ÇA ME FAIT PLAISIR D’ETRE DE RETOUR !

Tu vas enfin pouvoir te reposer après cette tournée d’interviews.

Tu sais, je le ferai mais ce soir il y a une autre fête… J’ai déjà fait la fête hier soir…

Voilà pourquoi tu es si fatiguée !

Est-ce que j’ai l’air fatiguée ? Non, j’ai juste dit que je l’étais… Hier soir c’était la fête du label, j’y suis donc allée et je suis restée beaucoup trop longtemps, j’ai beaucoup trop bu. Puis aujourd’hui on a fait toute cette promo et ce soir il y a la fête pour les fans, ce que je préfère. Je vais pouvoir rencontrer un paquet de fans à nouveau et écouter le nouvel album avec eux. Ils vont entendre les nouveaux morceaux pour la première fois, donc je suis vraiment, vraiment excitée à l’idée de faire ça.

Interview réalisée vendredi 9 septembre 2011 par phoner
Retranscription : Chloé
Traduction : Stan

Site Internet d’Evanescence : www.evanescence.com



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  • J’adore Evanescence et la chanteuse est d’une beauté…

    [Reply]

  • par contre « Hier soir c’était la fête du label, donc j’y ai été »

    c’est plutôt « donc j’y suis allé » ^^

    [Reply]

  • Interview sympa, même si j’ai beaucoup de mal avec Evanescence…

    Ah, et un point de syntaxe : la phrase « Est-ce la raison pour laquelle c’est un album éponyme ? » est fausse.

    « éponyme » veut dire « qui donne son nom à ». Or, dans ce cas, c’est le groupe qui donne son nom à l’album, pas l’inverse. Il faut donc parler d’album homonyme.

    [Reply]

    Mais je crois que dans le cas d’un album ayant le même nom que le groupe on dit bien éponyme, peut être on fait une exception dans ce cas là. Je n’ai jamais entendu dire que le black album était un album « homonyme ».

    je plussoies Nicroz
    c’est peut-être faux orthographiquement à cause de la définition de la racine du mot, mais c’est le terme qu’on emploie toujours en ce qui concerne un album
    c’est probablement une utilisation propre à la musique

    Shymio

    « Est-ce la raison pour laquelle c’est un album éponyme ? »

    Contexte : on parle du groupe Evanescence.

    La phrase est une question. « album » est un nom dont le groupe complément est « éponyme », ce groupe complément est simplement en partie sous-entendu car préciser « c’est un album éponyme [réalisé par le groupe Evanescence] »(ce dont on se doute) serait plutôt redondant.

    Ainsi, le rédacteur a usé d’une astuce pour alléger la structure de son article et permettre une lecture plus agréable.
    En espérant vous avoir éclairé.

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